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1075 (c) - 1792 - Histoire de l’abbaye Saint-Etienne de Vaux (Vaux-sur-Mer 17)

samedi 7 mars 2009, par Pierre, 2459 visites.

Une petite abbaye bénédictine rattachée à celle de Maillezais, au parcours plutôt tranquille, et aujourd’hui presqu’oubliée. Elle nous a toutefois laissé un cartulaire de 73 chartes, publiées en 1871 par Théodore Grasilier.

Source : Cartulaires inédits de la Saintonge par l’abbé Théodore Grasilier - Niort - 1871
- T. 1 : Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Etienne de Vaux, de l’Ordre de Saint-Benoit, suivi des chartes du prieuré conventuel de Notre-Dame de la Garde en Arvert, de l’Ordre de Granmont
- T. 2 : Cartulaire de l’abbaye royale de Notre-Dame de Saintes, de l’Ordre de Saint-Benoit.

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 I Notice historique sur l’Abbaye de Vaux

Un jour (c’était environ soixante ans après l’entière expulsion des Normands), Guillaume-le-Bon, comte de Bordeaux, voulant bâtir un monastère, avait assemblé ses gens pour les consulter sur le choix de l’emplacement. Un jeune gentilhomme dit alors au comte : « Il ne conviendrait pas qu’une si belle province fût privée du secours des moines. J’ai ouï dire à des vieillards qu’il y avait anciennement, hors la ville, un monastère détruit par les païens. J’ai hérité ce lieu de mes ancêtres. Je le cède volontiers, pour qu’on y rebâtisse ce monastère. » La proposition fut agréée, et Sainte-Croix de Bordeaux fut rétablie.

Nous empruntons ce récit au Cartulaire de la célèbre abbaye [1]. Il nous montre d’abord comment les biens des églises, après les ravages de barbares, étaient venus entre les mains des gentilshommes, parce que personne ne se présentait pour les réclamer. Un document de la même époque dit que, pour cette même raison, les chevaliers de Taillefer de Léon entrèrent en jouissance de tous les revenus des églises de l’île d’Oleron qu’ils avaient reconquise sur les Normands [2].

Ce fait nous fournit en second lieu un exemple de la dévotion du XIe siècle, pour la reconstruction des monastères, et de l’estime qu’on faisait alors des services des moines.

Tels furent probablement les motifs qui déterminèrent, vers l’an 1075, deux chevaliers de la maison des princes de Mortagne-sur-Gironde, à fonder une abbaye là où déjà avait existé un monastère détruit par les barbares.

Ce lieu situé près de l’Océan, dans le ressort de la châtellenie de Royan, se nomme Vaux (les Vallées, Valles), à cause de la configuration du sol un peu plus accidenté en cet endroit qu’il ne l’est d’ordinaire sur nos côtes.

L’un de ces chevaliers, appelé Pierre Gémon ou Gammon, mourut peu après ; son frère Arnaud Gémon, pour procurer au défunt et à ses ancêtres le secours de la prière et des bonnes œuvres, exécuta le projet, et adjoignit à l’église de Vaux une abbaye de l’ordre de saint Benoît. Il obtint de l’abbé de Maillezais des religieux dont un, nommé Martin, fut le premier abbé du nouveau monastère. Arnaud Gémon, pour faire approuver sa fondation par l’évêque Boson, se rendit à Saintes où un concile était réuni sous la présidence de l’archevêque de Bordeaux. Le duc d’Aquitaine s’y trouvait avec Hugues de Lusignan, Audebert, comte de la Marche, Géraud de Rançon et les princes de Mortagne et de Didonne. Ces deux derniers, de qui la terre de Vaux relevait, avaient approuvé la fondation avec l’agrément du duc d’Aquitaine. L’évêque accepta, et le concile sanctionna l’érection de la nouvelle abbaye sous le vocable de saint Etienne. Se sentant sans doute trop faible dans son isolement, Saint-Étienne de Vaux renonça de bonne heure à son indépendance, pour se placer spontanément sous le puissant patronage de Maillezais.

Pendant les siècles qui suivent, les chroniqueurs de l’abbaye n’auront eu à enregistrer que des donations et les transactions qui terminent de fréquents démêlés avec les seigneurs du voisinage. Dans ses démêlés interviennent parfois l’évêque de Saintes, des légats du Saint-Siège ou des princes temporels. Tels sont les événements les plus saillants qui viennent interrompre l’uniformité de la vie modeste et laborieuse des moines de Vaux, dont on voit les uns, comme le prieur de Saint-Augustin-sur-Mer, instruire les fils du pauvre à côté de ceux du seigneur du lieu ; d’autres, donner à l’agriculture une salutaire impulsion, et nourrir l’indigence du fruit de leurs labeurs. Enfin, des libertés fort appréciées alors, les consolations et les secours de la religion, la douceur du régime paternel des abbés et la charité des moines attirent autour de l’abbaye une population florissante.

Les guerres du XIVe et du XVe siècle sont venues troubler cette existence modeste, mais féconde en bienfaits. A peine en avons-nous trouvé une trace dans un document de cette époque malheureuse relatant l’épisode bien vulgaire d’un abbé de Vaux, invitant à sa table un commandeur du Breuil du Pas et un seigneur voisin, pour ménager entre eux un accommodement au sujet d’une dette de ce pauvre seigneur devenu insolvable.

Quand des jours meilleurs furent rendus à la France, l’abbaye se releva un peu de ses ruines, et fut possédée par des abbés commandataires jusqu’au moment où les guerres civiles et religieuses du XVIe siècle replongèrent notre pays dans des calamités sans remède. Vaux eut le sort des autres monastères. Ses biens, occupés pendant plus de quarante ans par les réformés, passent en 1584 entre les mains de Marguerite de Navarre, duchesse de Bar, sœur de Henri IV, à laquelle ils ne coûtent que la peine d’en faire prendre possession en son nom, par son intendant Belsagiay. Des abbés commandataires, dont nous donnerons ci-après les noms, en ont repris et conservé la jouissance jusqu’en 1793.

Il ne reste de l’église abbatiale que des fragments offrant tous les caractères de la plus belle architecture romane de la fin du XIe siècle ; abside remarquable par ses proportions et ses belles colonnes à chapiteaux historiés d’un beau style.

 II - Nomenclature des abbés.

- I. Martin , moine de Maillezais, envoyé pour fonder le monastère en 1075, est remplacé en 1083, par le suivant.

- II. Bon, abbé, de 1083 à 1098.

- III. Renaud, présenté à Ramnulfe, évêque de Saintes, par Geoffroy, abbé de Maillezais, où il était profès, quand l’abbaye de Vaux se plaça sous le patronage de ce monastère. Son nom figure dans des chartes des années 1098 et 1104.

- IV. Pierre I, dit Saure ou de Saint-Sauveur, de 1107 à 1141.

- V. Foulques Bon ou Bos, inconnu aux auteurs du Gallia christiana, qui font
commencer à l’année 1135 le gouvernement du suivant, figure comme témoin dans la charte d’accommodement conclu à Charroux le 9 février 1147, par Geoffroy, archevêque de Bordeaux, entre les moines de Saint-Martial de Limoges et les religieuses de Saintes, au sujet de Saint-Silvain, en Périgord. Cet abbé a dû remplir la lacune soupçonnée par M. de Beaumont, entre Pierre I et le suivant [3].

- VI. Seguin, en 1150 et 1151, peut avoir été abbé jusqu’en 1166.

- VII. Pierre II, dit Guillaume, en 1167 et 1170.

- VIII. Gombaud, en 1174.

- IX. Pierre III, dit le Roux, avait succédé à Gombaud dès l’année 1174, et était encore abbé en 1188.

- X. Guillaume I Funeu ou Funel, abbé en 1108, gouvernait encore le monastère en 1221.

- XI. Etienne, de 1227 à 1237.

- XII. Robert, de 1263 à 1270. Les noms de ses successeurs, jusqu’en 1419, nous sont inconnus. Le Gallia christiana indique les suivants, d’après les titres authentiques de la bibliothèque du roi :

- XIII. Guillaume II d’Auleigne, en 1419.

- XIV. Jean I Lortelier ou Lortelot, de 1455 à 1464.

- XV. Guillaume III d’Aleigne ou d’Auleigne, de 1466 à 1473.

- XVI. Jean II Maillot, docteur en théologie, abbé en 1474.

- XVII. Aimery Moreau, 1477-1494.

- XVIII. Antoine Gouyet, 1501-1528.

- XIX. Martin II Dyesse, 1546.

- XX. Jean III Macon, chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, en 1566.

- XXI. Guillaume IV de Bahun, mort en 1584.

- XXII. N... de Lallion, du diocèse de Bordeaux, mort en 1618.

- XXIII. Nicolas Ceretani, italien, abbé en 1618.

- XXIV. Guy Lanier, de la famille des seigneurs de Laffretière, de l’Anjou, chanoine de Saintes, puis d’Angers où il fut archidiacre, devint ensuite archidiacre de Brie, dans le diocèse de Paris, et prieur de Courron ; fut député à l’assemblée du Clergé de France en 1635. Il mourut le 20 octobre 1681.

- XXV. Jacques de la Brunetière, seigneur de la Marselaye, neveu du précédent, frère de l’évêque de Saintes [4], doyen de Saint-Pierre de la même ville, et abbé de Vaux en 1681.

- XXVI. Jean-Baptiste Néret, nommé en 1721 [5].

- XXVII. N... de Termes, nommé en 1751 [6].

- XXVIII. Castin de Guérin de la Madeleine, nommé en 1777, était chanoine de Saintes depuis 1772 ; il était en 1789 vicaire-général et official. On dit qu’il émigra en Espagne où il mourut [7].

 III - Organisation.

- 1. — Constitutions et personnel.

L’abbaye de Vaux, comme nous l’avons dit, suivait la règle de saint Benoit, telle qu’on l’observait à Maillezais.

Dix religieux y habitaient avec leur abbé et y faisaient le service divin en même temps qu’ils desservaient la paroisse.

D’anciens pouillés du diocèse de Saintes nous apprennent qu’il n’y avait point à Vaux de dignités, mais seulement des offices ou administrations [8].

Le premier officier était le Prieur claustral. Il n’avait à sa disposition aucun revenu fixe, mais seulement ce que l’abbé jugeait à propos de lui donner. Venaient ensuite le Sacriste dont l’office, estimé à 22 livres tournois, était taxé à 10 sols d’imposition due au pape ; puis enfin l’Infirmier dont l’office n’était point taxé et valait 16 livres tournois.

Tels étaient les seuls offices de ce monastère. L’abbé n’y nommait que sur l’avis et avec le consentement du chapitre ; il ne pouvait, sans la même formalité, admettre aucun nouveau religieux dans la communauté.

La portion de nourriture et de vin de chaque moine n’était point déterminée. L’abbé, en bon père de famille, les pourvoyait du nécessaire. On voit figurer parmi eux plusieurs membres des maisons des princes de Didonne, de Mortagne et de Talmont, et autres seigneurs du voisinage.

Les obédiences ou églises dépendantes de l’abbaye étaient confiées à des religieux choisis par l’abbé et institués par l’évêque. Ils étaient ordinairement deux pour chaque paroisse : l’un était le prieur ou obédiencier, l’autre le curé ou chapelain. Les prieurs étaient tenus d’assister au chapitre général qui se réunissait aux deux fêtes de saint Etienne, celle d’été (3 août) et celle d’hiver (26 décembre). Chacun payait une taxe à cette occasion, et devait, en venant au chapitre du 26 décembre, apporter un cent d’œufs.

Les chartes ne fournissent pas d’autres renseignements sur le personnel religieux de l’abbaye. Quant au personnel laïque, il se compose d’officiers de justice, de receveurs ou prévôts des dîmes, du valet de l’abbé et d’autres serviteurs.

- 2. — Privilèges spirituels et temporels.

Le fondateur avait confié à l’évêque de Saintes le soin de maintenir les droits de l’abbaye, mais seulement en ce qui était du ressort de sa châtellenie. Plus tard, en 1170, le pape Alexandre III plaça ce monastère sous la protection du Saint-Siège. C’est probablement depuis cette époque que les papes nommaient les abbés dont l’élection appartint au chapitre jusqu’à ce que le Concordat de 1616 vint conférer ce droit au roi.

Exempte de la juridiction ecclésiastique de l’ordinaire, l’abbaye de Vaux l’était aussi de la juridiction seigneuriale. L’abbé exerçait seul le droit de justice et autres droits féodaux sur les hommes du monastère, en vertu de privilèges souvent contestés, mais toujours démontrés à l’aide de titres irréfragables.

L’indépendance temporelle de l’abbaye était si bien reconnue, que l’interdit ayant été lancé un jour sur les terres du seigneur de Didonne, à la requête du prieur de Saujon, les juges ecclésiastiques, chargés de l’exécution de la sentence, déclarèrent qu’elle ne pouvait atteindre l’abbaye placée hors des domaines du seigneur excommunié. Les fondateurs, en effet, ne s’étaient rien réservé de ce qu’ils lui avaient donné, si ce n’est la moitié des oiseaux qu’on prenait dans le marais adjacent à l’église. Un de leurs successeurs, manquant de foin, obtint des moines qu’on lui en enverrait annuellement deux brassées, sa vie durant (Ch. 55). En cas de guerre, le seigneur de Didonne pouvait appeler sous les armes les hommes de Vaux, pour la défense du pays. Comme dans toute châtellenie, les chefs de familles du bourg, appelés pour cela burgenses, étaient tenus à divers travaux pour le service de l’abbaye. Le nombre de journées d’hommes ou d’animaux employés à la culture de la vigne, au coupage et transport du bois ou à la vendange, est stipulé dans un règlement fort curieux d’un archiprêtre d’Arvert que l’abbé et ses hommes avaient choisi pour arbitre de leur discussion à ce sujet. L’abbé, en reconnaissance, devait à chaque maison un biscuit le jour de Noël.

Ce règlement contient une disposition fort singulière. Chaque année, l’abbé et son couvent ont le monopole du vin pendant deux mois consécutifs, à compter du lendemain de Pâques. Alors toutes les tavernes devront être fermées. Tout ce qu’il y a de vin à vendre est réuni dans un ou plusieurs tonneaux et forme ce qu’on appelle l’étang de vin (stagnum vini). Ce vin, sans être du meilleur, ne devra cependant pas être du plus mauvais, mais marchand (probabile). S’il vient à se gâter, on en fera du vinaigre. Il sera mesuré à la mesure de Vaux, et vendu au prix où il se vend à la taverne. Tout ce qui reste, après les deux mois, est distribué entre les habitants, par les soins d’experts qui assignent à chacun la part qu’ils le jugent capable de vendre. Les indigents et les pauvres femmes qui ne récoltent pas de vin n’ont point part à cette distribution. Enfin, après un délai déterminé, chacun vient verser, entre les mains de l’abbé, le prix de la mesure de vin dont il a été chargé de procurer le placement.

En vertu de ce même règlement, quand l’évêque de Saintes ou autres prélats descendaient à l’abbaye, chaque famille devait fournir une poule pour aider à acquitter le droit de procuration imposé au monastère en cette circonstance (Ch. 1).

L’abbé jouissait d’un droit semblable quand il allait à Arces, dans sa tournée annuelle. Le prévôt des dîmes de cette paroisse était tenu à foi et hommage lige rendus à Vaux, à l’avènement de l’abbé. De plus, il devait recevoir ce dernier une fois l’an avec toute sa suite. A cette occasion, il était obligé de faire une pêche et des approvisionnements ; car la suite de l’abbé se composait de dix hommes à cheval et de six valets de pied. A leur arrivée, ils devaient trouver l’écurie suffisamment pourvue d’avoine et de foin ou d’herbe suivant la saison. Le cheval de l’abbé avait droit à un boisseau d’avoine, les autres à un demi-boisseau. Le prévôt de la dîme servait à l’abbé et à sa suite du pain et du vin de bonne qualité en abondance, avec du porc, du bœuf et des poulets rôtis et lardés, arrosés de la sauce que le valet de l’abbé avait déterminée ; puis enfin le meilleur poisson qu’on avait pu se procurer. Le soir, les logements devaient être pourvus convenablement de vin et de chandelles.

- 3. — Revenus et charges.

Diverses sortes de cultures, les carrières de Ratipeau, les bois de l’Odefez, des dîmes et redevances et autres droits féodaux formaient, avec les offrandes des fidèles, le revenu du monastère. Il jouissait aussi du droit fort avantageux de prendre le bois pour le chauffage et de faire pacager ses porcs dans les forêts de Salis et de Courlay.

Sur ces revenus, l’abbé entretenait ses moines, traitait ses hôtes selon leur rang, assistait les pauvres et subvenait aux frais du culte et d’entretien des meubles et immeubles. L’emploi de certains dons était quelquefois déterminé par le donateur ; ainsi tel revenu était destiné à l’entretien d’une lampe de l’église, tel autre aux honoraires d’une chapelle.

Du reste, le temporel de l’abbaye, comme nous l’avons vu, était libre de toute redevance. L’abbé de Vaux devait seulement à celui de Maillezais foi et hommage rendus par lui en personne, à Maillezais. De son côté, ce dernier monastère payait annuellement à celui de Vaux une rente de 20 sols. Cette rente était autrefois payée à Vaux par le prieuré de Sully en Touraine, qui en dépendait primitivement, depuis son érection en abbaye incorporée plus tard à Maillezais.

Au XVIIe siècle et jusqu’en 1789, le revenu de Saint-Étienne de Vaux était évalué de 1500 à 1700 livres, et l’abbé était taxé à 150 florins.

- 4. — Domaines et dépendances.

Les chartes font à peu près connaître l’étendue du domaine de l’abbaye. C’est environ le territoire de la commune actuelle. Dans ce domaine se trouvaient des villages jouissant des mêmes franchises que le bourg, tels que celui de Puyraveau et celui qu’on nomme le Cimetière. Dans le lieu de ce nom, se trouvaient non-seulement les sépultures des habitants, mais encore des terres et des édifices, puisque nous voyons un obédiencier ou prieur de Saint-Augustin y acquérir des terres, et Bernard, évêque de Saintes, excommunier Benoît de Mortagne, pour avoir envahi et incendié le cimetière de Vaux.

Dans les dépendances de l’abbaye, nous devons aussi compter les églises dont l’abbé était collateur. Les plus anciens pouillés du diocèse de Saintes indiquent les suivantes : Saint-Palais-sur-Mer (alias d’Arvert ou de Bren) ; Saint-Sulpice-de-Mandulfe (alias près Mornac) ; Saint-Augustin (sur-le-Barbareau) ; Saint-Martin d’Arces, dans le diocèse de Saintes, avec celles de Grayan et de Langoiran , dans celui de Bordeaux.

Un relevé qui paraît avoir été fait à la fin du XIIIe siècle et qui est l’avant-dernière pièce du Cartulaire, ajoute à la liste que nous venons de donner, les églises de Saint-Cybard, de Saint-Sulpice de Banelle, située dans une île, et de Saint-Sordolin (Saturnin), sur le rivage de la mer. Ces églises, voisines de Vaux, ont disparu, et il ne reste pas même le nom des deux premières : celui de ln troisième est encore donné à la baie, au fond de laquelle elle était construite. Quant à Saint-Martin-du-Bois, mentionné dans le bref d’Alexandre III (Ch. 64), nous ignorons où il était situé.

 Le cartulaire de l’abbaye de Vaux.

Le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Étienne de Vaux, manuscrit sur vélin du XIIIe siècle, est conservé à la Bibliothèque impériale, fonds latin, n° 10, 124. Il a dû y être déposé dans les premières années du règne de Louis XV, à qui sans doute il fut cédé par Jean-Baptiste Néret dont il porte la signature et qui avait été nommé abbé commandataire de Vaux en 1721.

Ce manuscrit forme un volume in-octavo, relié en basane, avec dos rouge semé de fleurs de lis d’or. En haut et en bas sont deux LL couronnées et entrelacées. Il se compose de quarante-neuf feuillets.

Le recto du premier feuillet porte cette note : XLIX fuiles contient le pancarta, avec la signature : Anthoynius Gouyetus humilis abbas. Sur ce même recto, le manuscrit étant mis la tête en bas, on lit : Pour le Roy n° (Sire), et au-dessous : Le Mayre de Tell. Le deuxième feuillet, en vélin très-ferme, contient au recto le titre du Cartulaire : Titulorum omnium, etc. Au-dessus, une main récente a écrit l’avertissement : Ce Cartulaire contient, etc. Plus bas se trouve la notice mise par M. Muraire, bibliothécaire. Enfin au verso du même feuillet, une autre main peu habile a tracé les lignes suivantes : Ce liure appartient à Mr Néret, abbé de Vaux. Ce liure est une copie de l’abbaye de Vaux.

Les feuillets 3, 4, 5, 6, 7 et la moitié du 8me contiennent trois chartes qui paraissent écrites de la même main, quoique la dernière soit en bien plus gros caractère. Mais cette main n’est pas celle qui a écrit le Cartulaire ; le parchemin est moins ferme ; les majuscules diffèrent surtout notablement. Ces premières pièces ne sont pas précédées de titres en rouge comme les autres chartes. Les lettres majuscules n’y sont pas doublées en encre rouge, non plus que les dates.

C’est au verso du 8me feuillet que commence le corps du Cartulaire écrit de la main la plus ancienne. Chaque charte est précédée d’un titre en rouge interligné ou mis en marge. Les lettres initiales également en rouge, atteignent quelquefois une grande dimension, et sont chargées d’ornements. Presque toutes les dates sont traversées par un trait rouge. Le recto du feuillet 42 contient le monogramme Bene valete, au bas du bref d’Alexandre III.

Les quatre dernières chartes qui occupent les folios 44 v° et 46 r° et que M. Muraire attribue à une autre main, nous semblent différer peu des trois pièces qui les précèdent, et nous les croyons de la même main, mais écrites à une autre époque.

L’énumération des rentes dues à l’abbaye, par les prieurs de son obédience, est d’une écriture plus récente.

Le feuillet 47 contient le brouillon, recommencé par trois fois, de la pièce dont les premiers mots sont : Anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimoy mense Marcii, accidit in vico de Vallibus. Elle est d’une écriture toute différente de celle des précédentes. Au bas se trouve un certificat relatif à un procès, en date du 26 juillet 1674 et signé Daroux.

Cet original a été entre les mains des Bénédictins, à l’époque où ils rédigeaient le tome II du Gallia christiana. Ils en donnent des extraits et en reproduisent jusqu’à huit chartes [9].

Ducange l’a également utilisé pour son Glossaire, ainsi qu’on le voit parles citations qu’il en fait aux mots : Brosasta, Perchauchare, Talleata, etc., qui ne sont pas les moins barbares de cet immense ouvrage.

M. de Beaumont, évêque de Saintes, y a également puisé beaucoup de documents pour ses savantes recherches généalogiques. Il en avait fait transcrire plusieurs chartes. Les annotations de la copie que possède la bibliothèque de Saintes rappellent trop le style du docte prélat, pour ne pas autoriser à croire quelle lui a appartenu. Ce qui confirme notre conjecture, c’est que cette copie provient de l’ancien séminaire de Saintes, auquel M. de Beaumont avait légué sa riche bibliothèque, dont une grande partie venait de Fénelon, son oncle.

C’est sur cette copie que la nôtre a été faite. Elle a été révisée ensuite sur le manuscrit original.


[1Cart. de Sainte-Croix de Bordeaux, ms. Bibl. imp.

[2Peigné de Lacour. Les Normands dans le Soissonnais. — Chronicon

[3Copie ms. du Cart. de Vaux. — Tables.

[4Guillaume de la Brunetière du Plessis de Gesté, évêque de 1677 à 1702.

[5Almanach royal.

[6Almanach royal.

[7L’abbé Bonnerot, Statistique du diocèse de Saintes en 1796 ; ms. inéd., archives de l’evêché de la Rochelle. — Claude-Furcy Legrix, Journal imprimé dans les actes de la Commission des arts et monuments de la Charente-Inférieure.

[8Ms. Biblioth. imp. S. Germain-Latin, n° 580. Polleare Diœcesis Sanctonensis, f° 562, v°.

[9Gallia christ. T. II. Col. 381, 461, 463, 473, 474. 475, 476, 1113, 1114, 1115. Ces huit chartes sont les ch. 18, 21, 53, 55. Les fragments cités sont extraits des ch. 11, 23, 29, 57, 62.

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