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1089-1399 Éphémérides historiques de La Rochelle revisitées

jeudi 16 avril 2020, par Pierre, 255 visites.

Les Éphémérides historiques de La Rochelle, publiées par J-B Jourdan en 1861, sont une véritable mine d’informations sur l’histoire de cette ville. Cet ouvrage essentiel est composé de 847 notices sur les événements du riche passé de cette ville. Pour chacune de ces notices, les sources d’archives sont mentionnées, et l’auteur compare les sources, leurs éventuelles contradictions.
Un ouvrage qui est aussi déconcertant pour le lecteur, puisque les événements y sont classés du 1er janvier au 31 décembre, toutes années confondues, ce qui rend impossible d’y retrouver la chronologie sous-jacente.
Nous avons "revisité" cet ouvrage en reclassant les 847 notices dans leur ordre chronologique du 21 mars 1089 au 12 novembre 1858.
Réalisée en période de confinement, propice aux travaux au long cours, cette nouvelle présentation facilitera, nous le pensons, les recherches des amateurs de l’histoire de cette ville au riche passé.
Nous avons conservé l’intégralité du contenu des 847 notices, avec leurs notes de bas de page. Pour faciliter la lecture, ces notes suivent immédiatement le texte principal de chaque notice.

Table alphabétique des matières Page suivante

ÉPHÉMÉRIDES ROCHELAISES.
Tout le monde sait que ce fut par un édit de Charles IX , donné à Roussillon, en Dauphiné, le 9 août 1564, que le premier jour de l’année fut fixé pour l’avenir au 1er janvier. Antérieurement dans l’Aquitaine , dont faisait partie la Rochelle, l’année commençait le 25 mars, contrairement à l’ancienne coutume de France, qui fixait le premier de l’an au jour de Pâques. Toutefois, l’année municipale rochelaise continua de s’ouvrir le jeudi après la Quasimodo, jour de l’installation du Maire, dont l’élection avait lieu chaque année le dimanche de la Quasimodo.


1080
1089 03 21. — Don fait à l’église de Sainte-Radegonde de Poitiers, par Ebles, seigneur de Châtelaillon , d’un terrain situé sur le bord de la mer dans un lieu appelé le Plomb , Plumbus, pour y bâtir une église. (D. Fonleneau.) - Il est fait mention des pêcheries du Plomb dans un titre de 972. Là où on ne voit aujourd’hui qu’une côte presque déserte, et une petite fosse , où ne pourrait tenir à flot le plus petit navire , existaient jadis un riche prieuré, autour duquel était groupée une population nombreuse , et un port très fréquenté, communiquant par un canal avec le petit port de Nieul, et dans lequel, en 1505, quoique depuis longtemps déjà il fut envahi par les vases, pouvait entrer encore un navire comme la Fleur de Bordeaux, qui ne comptait pas moins de 100 à 120 hommes d’équipage (Reg. du présid.) ; port enfin où peu s’en fallut qu’en 1685 on n’établit le port de l’Etat, qui fut définitivement créé à Rochefort. (V. Arcère.)
1090
1100
1110
1120
1130
1137 08 01. — Le fils aîné de Louis-le-Gros venait à peine d’épouser Aliénor, la fille et unique héritière du dernier duc d’Aquitaine, quand la mort de son père le fit monter sur le trône de France, sous le nom de Louis VII. L’Aquitaine, dont fesait partie la Rochelle et qui depuis plusieurs siècles formait un état presque entièrement indépendant, se trouva dès lors réunie à la France. L’impolitique divorce, qui permit à Aliénor de se remarier avec Henri Plantagenets, devait l’en détacher de nouveau , et créer un éternel sujet de luttes et de guerres entre la France et l’Angleterre. ( V. 28 mars).
1140
1141 08 10. — Les troubles que le Dauphin avait suscités dans le royaume ayant fait comprendre aux Rochelais la nécessité de mettre leur ville à l’abri de toute surprise, en réparant et augmentant les fortifications de la Rochelle, et les ressources financières de la ville ne pouvant suffire à une pareille dépense, Charles VII, à leur demande, les autorise à percevoir, au profit de la commune, l’impôt des 12 deniers par livre, mis sur le vin vendu en gros et sur toutes autres marchandises, et leur abandonne la moitié des aides levées dans la ville. (A. Barbot. — Invent, des privil.)
1150
1152 02 19. - La ruine de l’antique ville de Châtelaillon et surtout les privilèges dont le duc d’Aquitaine , Guillaume X et sa fille Aliénor, avaient successivement doté la Rochelle, érigée en commune par le premier (1), avaient rapidement accru l’importance de la jeune cité et augmenté sa population par le nombre d’étrangers, qui de toutes parts étaient venus s’y fixer. Les habitants n’ayant d’autre église que Ste-Marie-de-Cougnes (Notre-Dame), avaient sollicité et obtenu d’Eble de Mauléon et de Geoffroy de Rochefort, neveux et héritiers d’Isambert de Châtelaillon, leur ancien seigneur, l’abandon d’un terrain, situé près du vieux port et de la porte du Petit-Comte (nommée depuis Porte-Neuve) et qu’on appelait le champ de Guillaume de Syré, afin d’y édifier, sous l’invocation de saint Barthélémy, une seconde église dans l’enceinte même des nouvelles murailles de la ville. Les moines de l’Ile-d’Aix, fondateurs et patrons de Sainte-Marie-de-Cougnes, se chargèrent de cette construction et confière1580nt à Pierre de Mougon, l’un des religieux, la direction des travaux. Mais à peine avait-il mis la main à l’œuvre que l’évêque de Saintes, Bernard , fit défense au moine-architecte de continuer le pieux édifice. L’abbé de la célèbre abbaye de Cluny, dont dépendait le monastère de l’ile d’Aix, prit alors le parti d’aller lui-même se plaindre au pape de l’opposition de l’évêque et obtint d’Eugène III des lettres apostoliques, datées de Segni, le 10 des calendes de mars (19 février), par lesquelles il était enjoint à Bernard de n’apporter aucun empêchement à la construction de l’église de la Rochelle. (Charte de fondation de St-Barth ;)- Malheureusement, de cette antique basilique, dont l’entrée principale se trouvait dans la petite rue de l’Evéché , et qui fut détruite, en 1569, par les ordres de Sainte-Hermine (V. 10 février), il ne reste plus rien, si ce n’est peut-être quelques futs de colonnettes, surmontés de chapiteaux bizarres et encastrés dans le pied du clocher, qui est évidemment d’une date beaucoup moins ancienne.

(1) Je crois avoir établi, dans un mémoire lu devant le Congrès scientifique de la Rochelle , que c’était à tort que nos historiens attribuaient a Aliénor l’établissement de la commune , qu’ils ne font dater que de 1199 et qui remonte, selon mon opinion, vers 1130


1152 03 18. — Le concile de Beaugency-sur-Loire , prononce le divorce du roi Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine, dépouillant ainsi la maison royale de France, des vastes états que lui avait apportés la fille unique du puissant duc d’Aquitaine, Guillaume X, et qui passèrent bientôt à la couronne d’Angleterre, par le nouveau mariage qu’Aliénor ne tarda pas à contracter avec le jeune Henri Plantagenets , déjà duc de Normandie et d’Anjou, qui, deux ans après, réunit le royaume d’Angleterre à ses magnifiques domaines de la Gaule. La Rochelle devint alors une ville anglaise et ne fut rendue à la France que soixante-dix ans après, par la conquête du roi Louis VIII. (H. Martin, Hist. de France.)
1160
1170
1174 05 26. — Une vieille coutume , dont malheureusement il reste encore des traces chez certaines populations maritimes, autorisait, en cas de naufrage , le premier occupant ou plutôt le seigneur du lieu à s’emparer par droit d’aubaine des débris du navire et de tout ce qui pouvait en être sauvé. Henri II, d’Angleterre, par une charte à cette date. abolit sur toutes les côtes de l’Aunis et du Poitou cet usage barbare, et ordonna que toutes les fois qu’un homme échappé au naufrage gagnerait la terre, tout le chargement demeurerait la propriété de ceux qui justifieraient y avoir droit, et que, dans le cas ou tout l’équipage aurait péri, le seigneur du lieu serait tenu de confier la cargaison à quatre prudhommes, chargés de sa garde pendant trois mois et de la remettre à ceux qui, dans ce délai, justifieraient de leurs droits. Ce temps expiré sans réclamation , les objets sauvés devaient appartenir au Roi. (Rymer.)
1180
1190
1199 07 08. — Charte par laquelle Jean-Sans-Terre, qui venait de succéder à son frère Richard-Cœur-de-Lion sur le trône d’Angleterre, confirme, à l’exemple de sa mère Aliénor d’Aquitaine , à ses amés et féaux bourgeois de la Rochelle le droit d’avoir une commune, avec toutes les libertés et libres coutumes qui en dépendent, et leur confirme en outre les franchises et libres coutumes, dont ils ont joui sous le règne de son père Henri II et de ses autres prédécesseurs. ( Privilèg. de la Roch. — Gallant. — Chenu, etc.) Nos historiens, sans parler de cette charte, ont attribué à Aliénor le mérite d’avoir institué la commune Rochelaise ; mais la charte de cette princesse, qui ne porte d’autre date que celle de l’année 1199, n’est, d’après ses termes et ceux de la charte de son fils, qu’une charte de confirmation et non d’institution , et la Rochelle jouissait du droit de commune non-seulement sous Henri II d’Angleterre , mais dès le temps de ses prédécesseurs, Louis VII et le duc de Poitou, Guillaume X, véritable fondateur de la commune Rochelaise. (V. 19 février).
1199 12 26. — La Rochelle n’était, avant 1130, qu’une pauvre bourgade de pêcheurs et de serfs fugitifs, comprise dans la paroisse de Sainte-Marie de Cougnes. Elle fesait partie des vastes domaines des riches barons de Châtelaillon, possesseurs de la plus grande partie de l’Aunis. Lassé de l’esprit d’indépendance et des fréquentes révoltes de ces puissants vassaux , le duc d’Aquitaine et comte de Poitou, Guillaume X , père d’Aliénor, avait, à cette époque, résolu de châtier Isambert, alors seigneur de Châtelaillon. Marchant contre lui avec des forces considérables, il l’avait forcé de se rendre , s’était emparé de presque toutes ses possessions et avait complètement ruiné l’antique et forte cité de Châtelaillon ; puis , frappé de l’heureuse situation de la Rochelle, il avait conçu la pensée d’en faire la ville principale de l’Aunis. A cet effet, il y avait fait construire un château-fort, et avait concédé à ses habitants, avec le droit de commune , de nombreux et grands privilèges. A son décès, le vaste duché d’Aquitaine et le comté de Poitou avaient été réunis à la couronne de France , par le mariage d’Aliénor avec le fils de Louis-le-Gros ; mais l’ancien baron de Châtelaillon étant mort, ses héritiers, Eble de Mauléon et Geoffroy de Rochefort, avaient revendiqué , les armes à la main, les domaines enlevés par Guillaume à Isambert, et Louis VII, alors absorbé par les préparatifs d’une croisade, ne s’était pas trouvé en position de repousser leurs prétentions (V. 19 février.) Cependant ils n’avaient pas joui longtemps de cette concession ; car Aliénor, répudiée par Louis VII, ayant épousé Henri de Plantagenets, qui ne tarda pas à monter sur le trône d’Angleterre , celui-ci reprit la Rochelle en prenant possession de la riche dot de la duchesse d’Aquitaine. Après la mort de Richard-Coeur-de-Lion , Raoul de Mauléon, profitant de la nécessité dans laquelle se trouvait la vieille reine Aliénor d’attacher les seigneurs d’Aquitaine au parti de son plus jeune fils, Jean-Sans-Terre, sur la tête duquel elle voulait faire passer la couronne d’Angleterre , au détriment d’Arthur de Bretagne, s’était empressé de réclamer la restitution des anciens domaines de sa famille , et par une charte , datée de Loudun (1), le lendemain de la fête de Saint-Vital, (V. 29 avril 1199 ) Aliénor avait consenti à lui rendre le château de Tallemond ; mais comprenant toute l’importance de la Rochelle, elle avait refusé de lui abandonner la possession de cette ville et lui avait donné en échange le château de Benon et ses dépendances. Toutefois, Raoul n’étant pas seul héritier des barons de Châtelaillon , un nouveau contrat fut passé, au mois de décembre suivant, le lendemain de la nativité de notre Seigneur, entre cette princesse et Raoul, Guillaume et Savary de Mauléon. Par ce traité, ceux-ci renonçaient à tous leurs droits et prétentions sur la Rochelle, et Aliénor, outre 10,000 sols de rente annuelle, à prendre sur la prévôté de la Rochelle, leur cédait le Talmondais, Courson , Moutiers-les-Maufaits , Benon et ses dépendances. C’est ainsi que la Rochelle cessa irrévocablement d’appartenir, en fait et en droit, à ses anciens seigneurs particuliers, et tit désormais partie des domaines de la couronne d’Angleterre jusqu’à sa conquête par Louis VIII. (V. 15 juillet et 3 août.) (Charte de fond. de St-Barth. — .A. Barb. — Invent. des privil. — Arch. du royaume. — Le Cointre-Dupont, etc.)
1200
1200 01 31. — Les bourgeois de la Rochelle prennent de Jean Sans-Terre la ferme des impôts de leur ville, pour 40,000 sols Angevins et vingt coupes d’argent, chacune du poids d’un marc. C’est, dit M. le Cointre Dupont, dans un mémoire inséré dans le Recueil des Antiquaires de l’Ouest, un des premiers exemples d’une commune traitant avec le prince pour s’affranchir des exactions de ses officiers.
1202 01 28. — Jean Sans-Terre, roi d’Angleterre, qui déjà avait encouragé les efforts d’Isambert, maître des écoles de Saintes, pour la construction d’un pont de pierre sur le canal Maubec , (vis-à-vis des rues de Saint-Sauveur et de Sant-Nicolas), en ajoutant 2,000 livres aux dons particuliers offerts à l’habile architecte pour cette entreprise, prend sous sa sauve-garde et protection spéciale les propriétaires des maisons construites sur ce pont et les déclare libres et exempts de tout autre impôt que celui de cinq sols de rente annuelle, qui devaient être consacrés aux réparations du pont et à son éclairage pendant la nuit, dans l’intérêt des bonnes mœurs et de la sécurité des passants. (Rot. litter. Patent).
1203 08 05. — Charte du roi Jean-Sans-Terre , confirmant l’exemption de taille octroyée par les Rois ses prédécesseurs aux bourgeois et habitans de la Rochelle, moyennant le paiement, entre les mains du receveur royal, de 10 sols par faîte de maison. (invent. des privilèges. )
1206 04 26. — Charte du roi Jean Sans-Terre , qui fixe à un an et un jour seulement la durée de la prescription , à la faveur de laquelle les bourgeois rochelais devenaient propriétaires incommutables des meubles et immeubles qu’ils avaient acquis régulièrement et de bonne foi. (Aug. Gallant. —A. Barbot).
1206 07 09. — Jean-Sans-Terre, plongé dans l’orgie et les plus méprisables excès, s’était à peine ému de l’arrêt de la haute Cour, devant laquelle l’avait fait citer Philippe-Auguste, et qui, en le condamnant à mort par contumace , pour crime d’assassinat sur la personne de son neveu Arthur de Rretagne, avait en même temps prononcé la confiscation de tous ses fiefs. Les rapides conquêtes de son heureux rival, qui lui avait arraché une à une presque toutes ses belles possessions continentales : le Maine, l’Anjou, la Touraine, la Normandie, l’Angoumois , le Poitou, presque toute la Saintonge, n’avaient pas suffi pour le tirer de son honteux engourdissement. La Rochelle seule était restée fidèle au fils d’Aliénor , et pendant une année entière avait courageusement résisté aux forces françaises. Cependant une réaction favorable à sa cause s’étant manifestée dans la province de Poitou, Jean se réveilla enfin de sa longue torpeur, et, le 9 juillet 1206, à la tête d’une puissante armée et de nombreux vaisseaux richement chargés, il vint débarquer à la Rochelle, aux acclamations des habitants, qui se vouèrent solennellement à la défense de son parti. Le Poitou se révolta aussitôt contre Philippe Auguste , aux chants de guerre de ses troubadours. Jean alla bientôt bloquer Poitiers , reprit Angers et entra en Bretagne , où il prit plusieurs places. Mais la chevalerie française étant alors accourue en masse, le roi d’Angleterre, pris d’une terreur soudaine, n’osa risquer la bataille, et reculant toujours, revint à la Rochelle, où il se rembarqua pour la Grande-Bretagne. (Math. Pâris. — Rad. Coygesh. chron. — Guil. le Breton. — Rigord. — H. Martin, etc.)
1206 08 29. - Charte par laquelle Jean-Sans-Terre, en confirmant de nouveau les franchises et libertés des Rochelais, les exempte du droit de fétage (de festagiis), de toutes tailles, impositions et péages, tant à la Rochelle qu’ailleurs dans toutes ses possessions , aussi bien sur mer que sur terre, sauf les droits d’ost et de chévauchée qu’ils lui doivent. (Privil. de la Roch. — Chenu.)
1210
1215 12 08. - Charte de Jean d’Angleterre, par laquelle il informe les Maire et prud’hommes de la Rochelle ( ainsi appelait-on parfois les membres du corps de ville) qu’il a autorisé Emery, son monétaire , à faire fabriquer sa monnaie poitevine à la Rochelle., en leur ordonnant de lui prêter leur concours à cet effet. ( Rotuli litter. patent. ) — V. 8 août.
1220
1222 12 04. - Charte par laquelle le Roi d’Angleterre, auquel appartenait encore la Rochelle, ordonne d’y faire un port, pour la fortifier davantage contre l’attaque dont elle était menacée de la part de Louis VIII, qui devait en effet s’en emparer dix-huit mois après. ( V. 15 juillet et 3 août.) C’était le guerrier-troubadour Savary de Mauléon , son sénéchal du Poitou, qui lui avait donné ce conseil, et ce nouveau port devait s’étendre depuis les moulins du Perrot, appartenant aux Templiers et placés sur le canal de la Verdière, jusqu’au Châtelet, petite forteresse située en dehors de la première enceinte de la ville et vraisemblablement à l’endroit où fut construit depuis le fameux boulevard de l’Evangile, vers l’extrémité Nord-Ouest de la rue des Trois-Cailloux (1). (Arch. de la tour de Londres.)

(1) V. ma dissertation sur cette charte, insérée dans les annales de l’Académie de la Rochelle, année 1859.


1224 07 15. — Commencement du siège de la Rochelle , par Louis VIII, successeur de Philippe-Auguste, dont il paraissait, résolu de poursuivre les conquêtes contre les Anglais, inspiré sans doute par l’héroïque reine Blanche, sa femme, et par sa rancune-contre ceux qui, après lui avoir mis sur la tête la couronne d’Angleterre , l’en avaient dépouillé quinze mois après. S’il fallait en croire Nicolas de Braïa , qui a chanté en vers latins les gestes de Louis VIII, ce serait les Rochelais qui auraient été la cause de la rupture de la paix entre l’Angleterre et la France. « Agités par l’aiguillon de la fureur, les chefs de la ville auraient, selon lui, porté le pillage et l’incendie chez leurs voisins, sujets du Roi de France, pénétrant de vive force dans les châteaux, chargeant de fer leurs ennemis ou les plongeant dans les cachots, fesant subir aux uns les plus affreuses mutilations, ou fesant mourir les autres de faim, &. » Les panégyristes ont toujours de faciles prétextes à la disposition des conquérants. Ce qui est certain , c’est que Louis VIII envahit d’abord les terres du vicomte de Thouars , enleva ensuite le chastel de Niort, et après avoir pris St-Jean-d’Angély, se tourna vers la Rochelle, dans laquelle s’était retiré Savary de Mauléon, avec deux ou trois cents chevaliers et d’innombrables serviteurs , et assiégea cette ville avec une nombreuse armée et de puissantes machines de guerre. (1) La Rochelle avait déjà une grande importance, car Nie. de Braïa en parle ainsi : « Sur la pente des rivages de l’Océan, est une ville noble et célèbre dans le monde entier, la Rochelle, puissante par ses antiques richesses et fière de sa population. « Il signale ensuite ses fortes murailles, ses tours élevées, ses portes défendues par d’épaisses barrières. Les Rochelais avaient fait de grands préparatifs de défense (2) ; les principales communes de l’Aquitaine et de la Gascogne anglaise, leur avaient envoyé des renforts ; mais pour payer tous ces hommes d’armes, ils comptaient sur l’argent que leur devait envoyer le roi d’Angleterre. Un navire anglais arriva bien, ayant à bord de lourdes huchès, que l’on cuidoilpleines de deniers ; mais quand on les ouvrit, elles ne contenaient que du son et des pierres. Cette amère dérision d’un monarque, qui avait tant d’intérêt à ménager les Rochelais, les seuls de ses sujets qui dans ces contrées lui fussent restés fidèles, servit puissamment la cause des partisans du Roi de France. Les pierriers et mangonneaux de l’armée royale, qui chaque jour fesaient crouler sous leurs coups redoublés quelque pan de murailles, les promesses du roi Louis de respecter et confirmer les privilèges et franchises de la Rochelle, et peut-être aussi cette argument, dont Philippe de Macédoine vantait tant la puissance (3), devaient bientôt faire le reste. (Nie. de Braïa. — Gesta Ludov. Franc, reg. — Guil. Guyard. — Chron. de St-Denis. — Math. Pâris. — Le père Daniel, &.)

(1) Louis avait établi ses quartiers à Dompierre. On a de lui une charte, datée du 15 juillet, in castris apud Dompere, prope Rupellam. (Cartul. de l’abbaye de St-Jean-d’Ang.) , ",

(2) « Le peuple prévoyant rassemble des denrées, remplit ses greniers, amasse toutes ses provisions. des fossés sont creusés, les places sont entourées de palissades , les murailles de retranchements ; de robustes barrières sont placées devant les portes , et derrière les remparts s’élèvent des amas de pierre pour repousser les assauts des ennemis. » (Nic. de Braïa.)

(3) Rex Francorum, Ludovicus obtulit civibus non modicam pecuniarn ut villam suam ei reddentes , fidelitatem sibi facerent... (Math Paris.)


1224 08 03. — Le siège de la Rochelle par Louis VIII durait déjà depuis dix-huit jours, raconte la chronique de Saint-Denis (V. 15 juillet) ; le clergé, les religieux et le peuple de Paris s’en émurent et allèrent solennellement en procession, nus pieds et en chemise , de l’église Notre-Dame à l’abbaye de Saint-Antoine, pour prier Dieu d’envoyer la victoire au Roi de France (1). Le seigneur des vengeances ne tarda pas à exaucer leurs soupirs et leurs larmes, car dès le lendemain (3 août) les Rochelais députaient à Louis-le-Lion dix vieillards, pour lui offrir leur soumission, sauves les franchises de la ville, et sous la condition que les personnes et les biens seraient respectés. Le Roi promit de confirmer les donations, libertés et coutumes dont ils avaient joui jusque là ; de ne jamais détacher leur ville de la couronne de France, ni détruire ses murailles ; de leur accorder dans ses domaines les mêmes franchises que celles que leur avaient octroyées les souverains d’Angleterre dans leurs possessions ; de prendre sous sa sauvegarde quiconque trafiquerait avec la Rochelle, en accordant même vingt jours de répit à ceux qui seraient d’une nation en guerre avec la France : tous engagements dont le connétable Mathieu de Montmorency jura l’observation sur l’âme du Roi. Après avoir reçu des otages en garantie de la paix et de la fidélité de ses nouveaux sujets, Louis fit son entrée solennelle à la Rochelle, entouré d’une foule de grands seigneurs, parmi lesquels, outre le connétable, on remarquait les comtes de Champagne, de Boulogne, de Saint-Pol, de Blois, de Bourbon, etc. Il permit aux Anglais de se retirer ; et avant de quitter la ville , il y établit des officiers royaux et mit une garnison dans le Château. La chûte de la Rochelle entraîna la soumission immédiate des communes et des seigneurs de la Saintonge, de l’Angoumois, du Limousin, du Périgord et de la moitié du Bordelais. (Chron. de Saint-Denis. — Nic. de Braïa. - Mathieu Pâris. — Vie de Louis VIII. — H. Martin, etc.).

(1) « Et fusrent à ceste procession trois roynes, madame Ysemburge ; jadis feme le roys Phelippe ; madame Blanche, feme le roys Loys , madame Bérengere, feme le roys de Jérusalem. » (Chron. de Saint-Denis). que nul des trois n’ot chemise., ajoute G. Guyard, dans son poëme , la branche aux royaux lignagers.


1224 08 12. — Ce fut le 12 août 1224 que les bourgeois et habitants la Rochelle, ayant atteint l’âge de majorité, prétèrent individuellement serment à Louis VIII, leur nouveau souverain, au nombre de 1,749. Leurs noms nous ont été conservés sur le rôle original qui existe aux archives de l’empire, ainsi que la charte qui constate cette prestation de serment et à laquelle pend encore le sceau de la commune (1). Chose digne de remarque, ces 1,749 citoyens, classés par seigneurie, se divisaient ainsi : les neuf dixièmes, 1,572 étaient hommes du Roi ; 144 avaient pour seigneurs propres les Templiers , auxquels la rue du Temple doit son nom ; 14 seulement, les Hospitaliers, qui possédaient le quartier Saint-Jean-du-Perrot, et 17 enfin, les religieuses de Sainte-Catherine, dont une de nos rues portait naguères le nom , maladroitement remplacé par celui d’Arcère. (2) — V. 15 juillet et 3 août. (1) Il est de forme ronde et a de diamètre environ 75 millimètres ; il représente d’un côté un homme à cheval, le Maire sans doute , la tête nue, brandissant de la main droite un glaive, ou plutôt un bâton noueux, et tenant la bride de l’autre , avec cette légende : Sigillum Majoris de Rochella ; et de l’autre côté un navire, emblème de la Rochelle, voguant à pleine voile sur une mer agitée , et dont l’unique mât est surmonté d’une croix avec cette légende : Sigillum communie de Rochella.

(2) V. ma XVe Lettre Rochelaise.


1230
1240
1242 06 28. — Charte d’Henri III d’Angleterre, qui accorde à ses prudhommes de l’île de Ré, tant qu’ils resteront ses sujets, l’autorisation de se former en commune, avec un Maire et des jurés. (Rymer.)
1243 04 07. — Traité entre Saint-Louis et Henri III d’Angleterre, par lequel ce dernier abandonne au Roi de France la possession de l’Ile-de-Ré. (H. Martin.)
1246 06 03. — Alphonse, comte de Poitou, auquel Saint-Louis, son frère, avait donné la Rochelle en apanage, renonce au sixte du vin qu’il avait droit de percevoir sur toutes les vignes du grand fief d’Aunis, moyennant une redevance fixe de douze sols deux deniers tournois par quartier. (1) (Dom. et droits dit Roy, de Barreau.)

(1) Le quartier était alors de cinquante-deux carreaux et le carreau de quatre-vinqt-huit pieds carrés.


1250
1260
1270
1271 02 01. — Mort à la Rochelle du savant et éloquent moine franciscain, célèbre sous le nom de Jean de la Rochelle. (1) (Arcère.)

(1) L’abbé Cholet, curé d’Aigrefeuille , est parvenu à réunir la plus grande partie des œuvres de notre illustre Rochelais , restées jusqu’ici inédites et dispersées dans un grand nombre de lieux. Grâce à ses courageux et intelligents efforts, elles vont, après huit siècles , bientôt être publiées.


1280
1281 10 25 - C’est le jour de la fête de Saint-Crespin, patron des cordonniers. Monteil prétend qu’au XIVe siècle, la France était presque toute en sabots , et qu’elle ne se chaussa en souliers qu’au XVe siècle. La Rochelle eût alors singulièrement devancé sur ce point le reste de la France, car, dès 1281, il existait une corporation de cordoaniers, dont le corps de ville sanctionnait les statuts. ( Jaillot.) Si ce vieux réglement n’est pas parvenu jusqu’à nous, nous possédons celui qui fut adopté en 1468 , pendant la mairie de Jean Mérichon , les anciens statuts, y est-il dit, ne se pouvant bonnement garder ny tenir, obstant la mutation du temps. Une simple analyse même de ses longues dispositions n’est guères possible ici ; il suffira d’en noter quelques particularités. Les maîtres cordonniers, qui n’étaient pas moins de vingt-quatre (1), et les corroyeurs (seulement au nombre de cinq), formaient une seule maîtrise. Tous devaient chaque année prêter , entre les mains du nouveau Maire, le serment de bien et loyalement garder et entretenir les ordonnances de leur métier. Ils nommaient ensuite quatre gardes-jurés, qui visitaient tous les cuirs et les marquaient du poinçon de la ville, avant qu’ils ne fussent employés, et inspectaient de même les chaussures, pour s’assurer qu’elles étaient bien confectionnées et conformes aux règlements, qui entraient à cet égard dans les plus minutieux détails. Outre ces inspecteurs, ils devaient élire encore un Roy de la corporation, dont les attributions ne sont pas bien déterminées ; nous voyons, seulement, que par suite des grandes charges qu’il luy convient supporter, il était exempt, durant Vannée de sa royauté, de faire le guet et de monter la garde aux portes de la ville, et qu’il était tenu d’acheter, à ses frais, le May de la corporation, que tous les maîtres étaient obligés de chevaucher (accompagner à cheval) (2). Le chef-d’œuvre imposé à celui qui voulait être reçu maître-cordonnier, consistait à tailler, sans forme ni patron, un soulier lacé , une botte à cougnons ei un soulier de femme. Après son admission, prononcée par le Maire, il devait donner un dîner convenable à tous les maîtres de la corporation , sans pouvoir y dépenser plus de trois écus. Il était défendu de vendre les souliers ou bottes fabriqués hors de la Rochelle ailleurs que sur le pont de Saint-Sauveur, et avant qu’ils eussent été visités et marqués par les regardes-jurés. Tous les cuirs devaient aussi être portés au marché du Cordouan, dans la rue de ce nom, et nul n’en pouvait acheter avant que les cordonniers fussent suffisamment approvisionnés. Les armoiries des cordonniers rochelais , peintes sur leur bannière, étaient d’argent à un compas de cordonnier de gueules. ( Livre des statuts. — Titres de la Roch. — Hist. des Franc, des divers étais.)

(1) En 1727, leur nombre était de soixante maîtres. (Mém. de M. de Tigné.) Il résulte d’un acte du notaire Boutin qu’en 1424, les souliers d’homme se payaient, à la Rochelle , six sols la paire, et ceux de femme, trois sols, quatre deniers.

(2) M. Cheruel dit que les orfèvres de Paris étaient, à peu près à la même époque , dans l’usage d’élire parmi eux deux princes dit mai, et que , chaque année , le premier jour du mois consacré à la Vierge , ils offraient à l’église Notre-Dame un arbre vert, nommé mai-verdoyant, qu’ils accompagnèrent plus tard d’un tabernacle ou de tableaux votifs. Probablement il existait quelque chose d’analogue pour le mai des cordonniers rochelais. (Dict. histor.)


1286 04 06. — Confirmation des privilèges de la Rochelle par Philippe-le-Bel, qui se trouvait alors à Saint-Jean-d’Angély. (Aug. Gallant.)
1290
1292 09 29 - Saint-Michel, dont on célèbre ce jour-là la fête, était le patron des pâtissiers, dont la corporation fut très anciennement érigée en maîtrise à la Rochelle, sans que leurs statuts soient parvenus jusqu’à nous. Jaillot, dans ses titres de la Rochelle, cite cependant un règlement de 1292 , qui établit qu’à cette époque, ils étaient au nombre de douze et qu’il leur était interdit d’avoir plus de trois valets, l’un pour le jour, les deux autres pour le criage de nuict ; ce qui annoncerait qu’alors leurs pâtisseries se criaient le soir ou la nuit dans les rues. En effet les oublies, gâteaux qu’ils vendaient en plus grande abondance, ce qui les avait fait généralement appeler oublayers , se se mangeaient chauds. Ils avaient pour enseigne une lanterne transparente, ornée sur toutes ses faces de figures bizarres et qui, éclairée le soir, produisait les effets les plus fantastiques. De diverses décisions du corps de ville, il résulte que les pâtissiers tenaient en même temps une sorte de taverne publique, dans laquelle il n’était permis de vendre et débiter que du vin récolté dans la banlieue, et du crû des bourgeois. (De Berrandy. — Cheruel.) — V. 4 Mai.
1294 10 15. — Une rixe sanglante, qui avait eu lieu l’année précédente, à Bayonne, entre des marins anglais et normands, avait été pour les habitants des côtes de France et d’Angleterre le signal d’une véritable guerre maritime, à laquelle les gouvernemens des deux pays étaient restés étrangers. Le 15 octobre 4294, des corsaires anglais débarquèrent en grand nombre à l’île de Ré , portant partout le fer et le feu, et ne l’abandonnèrent qu’après avoir incendié la plus grande partie de l’île et égorgé une multitude d’habitans (1). (Ms. de Maillezais. H. Martin.)

(1) Fuit insula de Re igne cremata, et illic multitudo gentium maxima spiritus exhalaverunt. » (Ms. de Maillezais.)


1298 03 01. - C’est.la date d’un titre précieux, dont la copie nous a été conservée, ’par lequel Johan de Forras, bourgeis de la Rochele, Nicholas et Guillaume de Forras, ses filz, vendent au prix de 920 livres tournois, à Guillaume Evrart, adoncques Maire de la commune de la Rochele, aux esquevins (échevins), conseillers et pers, au proffict de tout le commung de ladite ville, cinq maisons. et les vergers qui y appartiennent, dont trois situées dans la rue de Pierre ( de l’Hôtel-de-ville ), devant les maisons de Johan Sudre (le Maire de 1300) et de sire Johan Aimery (le Maire de 1270) ; la quatrième, dans la rue de la Pelleterie ( actuellement de la Grille), et la cinquième enfin, dans la rue des Grandes-Tendes (à l’extrémité de la rue des Gentils-Hommes, du côté de la rue des Merciers). - A ces confrontations, il est facile de reconnaître l’emplacement sur lequel, deux siècles plus tard, fut commencée la construction de l’Hôtel-de-ville actuel, dont l’enceinte extérieure date de 1486. Avant même cette acquisition, l’échevinage était placé dans une maison contigue à celles vendues par la famille de Forras, et ce fut sans doute pour l’agrandir que la commune acheta ces cinq nouvelles maisons. (Inv. des priv. — Baillette de 1282. - A. Barbot.)
1300
1310
1312 03 21. — Reconnaissance par Philippe-le-Bel, du droit qu’avait depuis un temps immémorial le corps de ville de la Rochelle, d’inspecter les aunes, poids et mesures de toutes sortes, (1) d’en établir de nouveaux et de punir ceux qui employaient de faux poids et mesures et vendaient de mauvaises viandes. (Privilèges de la Rochelle.)

(1) Ce droit est mentionné dans une charte de 1282. (A. Barbot.)


1320
1330
1331 11 22. — Louis, comte de Flandre , de Nevers et de Rethelois, octroie aux Rochelais d’importans privilèges commerciaux dans ses Etats. ( A. Barbot. — Invent. des privil.)
1335 03 22. — Philippe de Valois fait don à la commune d’une grande prairie située vis-à-vis le Château, entre la Porte Neuve et celle de Rambaud. (A. Barbot).
1338 10 03. — Les Rochelais obtiennent du Roi d’Angleterre des lettres de sauvegarde, les autorisant à trafiquer librement dans toutes les possessions anglaises malgré la guerre qui existait entre les deux couronnes de France et d’Angleterre. (A. Barb.)
1340
1345 03 12. — Lettres patentes de Philippe de Valois, qui octroient au corps de ville de la Rochelle le droit d’établir et de nommer des courratiers-jurés. (A. Barbot.) Nul doute que ces premières charges de courtiers durent être vendues au profit de la commune. Le documents postérieurs il résulte que les titulaires avaient la faculté de présenter un successeur, qui devait être agréé par le corps de ville. S’il était admis, il payait à la commune le quart denier sur le prix de son office , et prêtait entre les mains du Maire serment de garder et observer les statuts et ordonnances concernant l’état de courtier (serment qui devait être renouvelé chaque année à l’installation du nouveau Maire) (1). Quand un courtier mourait sans avoir disposé de son office, celui-ci fesait retour à la commune, qui le vendait à son profit ; toutefois si la famille du défunt était dans le besoin , le corps de ville lui abandonnait la totalité ou une partie du prix, ou autorisait la veuve à vendre elle-même la charge. (Reg. du corps de ville.) 1684. - Naissance du Rochelais Théophile Désaguliers, tout à la fois mécanicien, mathématicien, astronome et surtout physicien d’un grand mérite. Fils d’un ministre protestant, il suivit dès sa plus tendre enfance son père en Angleterre, où la révocation de l’édit de Nantes avait forcé celui-ci de chercher un refuge. Il y devint l’ami et le collaborateur du grand Newton , dont il s’appliqua à expliquer et à populariser l’immortel système, et eut l’honneur de compter plus d’une fois des têtes couronnées parmi les auditeurs qui se pressaient à ses doctes leçons. Reçu ministre anglican, il fut fait chapelain du duc de Galles, son élève. Il était membre de la société royale de Londres, et publia un grand nombre d’ouvrages théologiques et scentifiques. ( Arcère, d’après une note communiquée par la famille Désaguliers.)

(1) Le registre de la Mairie de 1571 constate la prestation de serment de huit courtiers.


1348 01 08. — Date de l’acte de fondation de l’hôpital SaintJames ou Saint-Jacques, par Henri de Nochoue et Jehanne, sa femme. Il formait l’angle des rues de la Verdière et des SaintsPères, et fut démoli, en 1557, pour la construction de la citadelle projetée par Henri II (1). (Arch. de l’hôpital Saint Barthelemy). (1) Voir la XIXe lettre rochelaise.
1350
1350 06 01. — La plus grande partie du commerce par terre de la Rochelle se faisait alors par Marans, dont Régnault de Pressigny était seigneur. Les Rochelais s’étant plaints des droits exorbitants que ses officiers exigeaient pour le passage des marchandises, Régnault de Pressigny leur accorda, à cette date, des lettres d’exemption de tous droits sur leurs denrées et marchandises, à l’exception toutefois de huit deniers par fardeau d’écarlate. (A. Barbot. — Invent. des privil.) 1551. (1) — Installation du présidial par Me Almanoy-Bouchard, maître des requêtes ordinaire de l’hôtel du Roi. ( Bruneau.) Le présidial avait été créé par l’édit du mois de mars de la même année, au grand mécontentement du corps de ville, dont il devait restreindre les attributions judiciaires et avec lequel il fut sans cesse en lutte. Il se composa d’abord de sept conseillers, d’un lieutenant-général et d’un lieutenant particulier. Six ans après, le lieutenant-général, Claude d’Angliers, fut nommé président ; et comme ces charges judiciaires se vendaient, on porta successivement à trente le nombre des magistrats, bien moins dans l’intérêt du service que pour se procurer de l’argent. Le présidial tint d’abord ses séances dans l’auditoire royal, situé sur l’emplacement même où est construit le palais de justice actuel. Son premier sceau se composait de l’écu de France , à six fleurs de lis, entre deux tours battues des flots, représentant sans doute celles de l’entrée du port. On lisait au-dessous de l’écusson la date de 1553, et cette légende à l’entour : Sigillurn sedis presidialis Rupellensis (sceau du siège présidial de la Rochelle). Sa circonscription comprenait, outre la ville de la Rochelle , quatre-vingt-sept paroisses composant le gouvernement d’Aunis ; en 1705 , on en détacha plusieurs, pour former le siège royal de la nouvelle ville de Rochefort. (2) (V. 26 avril et 6 mai.)

(1) Bruneau donne la date de 1552, qui est nécessairement erronnée ; l’enregistrement de l’édit étant du 6 avril 1551, on ne s’expliquerait pas pourquoi on eut attendu plus d’un an pour l’installation des magistrats ; mais nous avons vu d’ailleurs que la terrible sentence , rendue par le présidial contre Couraud et ses deux co-accusés, était du 10 mai 1552 : l’installation avait dû nécessairement la précéder.

(2) On trouvera de plus grands détails sur le présidial dans ma XXe Lettre Rochelaise.


1354 04 24. — Lettres patentes du roi Jean, par lesquelles, considérant que, selon la coutume de la Rochelle, tout héritage pour lequel le cens dû au Roi n’a pas été payé, pendant trois années consécutives, devient la propriété du prince , et que plusieurs maisons et emplacements de la ville se trouvent dans ce cas et sont restés depuis longtemps inoccupés et vagues , il donne l’ordre de les vendre à son profit. (Arch. de l’hôp. Saint-Barthélémy).
1356 08 09. — Le prince de Galles, qui devait faire bientôt prisonnier le Roi de France à la funeste bataille de Maupertuis, était débarqué, l’année précédente, à Bordeaux, avec le fameux Jean Chandos et beaucoup d’autres chevaliers de renom. Après avoir ravagé le Languedoc, il avait formé le téméraire projet de gagner la Normandie par la Touraine et le Maine. Pendant qu’il pillait, brûlait et saccageait tout ce qui se trouvait sur son passage , un corps d’anglo-gascons avait pénétré dans l’Aunis et surpris, le 6 août,, le bourg de Salles, place très forte de murs et de fossés et qui paroît encore, dit Amos Barbot, avoir esté bien flanquée pour les armes du temps. A cette nouvelle, le Maire s’était empressé d’y envoyer les milices de la ville et des paroisses voisines pour les en chasser ; mais la nuit, qui était survenue, avait permis aux ennemis de se cantonner dans l’église, qui était fortifiée , et il fallut les y assiéger à force ouverte. Après avoir fait avertir le sénéchal de Saintonge, le Maire fit charger sur des charrettes trois engins appelés béliers, pour sapper lad. église, qui furent placés el dressés par les habitais envoyés de ceste ville. Auquel lieu de Salles, led. sénéchal estant arrivé le mardy (9 août) , avec sa compagnie de gens d’armes, fust par ses troupes , les habitans de ceste ville et dit plat pays, lad. église investie et battue desd. machines et engins jusqu’au jeudy ; à laquelle (église) bresche ayant esté faite, comme on y vouloit donner assault, les Anglois se rendirent et laissèrent la place. (A. Barbot.)
1356 09 05. — Après avoir chassé les Anglais du bourg de Salles (V. 9 août), les Rochelais songèrent à les expulser du château de Rochefort, dont ils s’étaient rendu maîtres et d’où ils interceptaient, au grand détriment de la Rochelle, le cours de la Charente. Une heureuse circonstance favorisa l’exécution de ce projet. A la fin du mois d’août, il était arrivé à la Rochelle neuf galères venant d’Aragon et commandées par le chevalier François de Pilleux. Le corps de ville traita avec lui et il s’engagea , au prix de 9,000 écus d’or, à conduire ses galères et ses gens devant le château, pendant que les Rochelais l’attaqueraient du côté de la terre. Les béliers, qui avaient déjà servi au siège de l’église de Salles, battirent si rudement la place, qu’au bout de six jours, et le 5 septembre, les Anglais, après plusieurs assauts, demandèrent à capituler. (A. Barbot.)
1360
1360 05 08. — Date de la signature du funeste et honteux traité de Brétigny, qui, pour racheter la liberté du roi Jean, rendait et au-delà, à Edouard d’Angleterre, son heureux vainqueur, l’antique et riche héritage d’Aliénor d’Aquitaine, libre même de tout lien de vassalité envers la couronne de France. Après avoir été française pendant près d’un siècle et demi et avoir donné à sa nouvelle patrie non moins de preuves de dévouement qu’à son ancienne duchesse et à ses fils, la Rochelle frémit de douleur à la pensée de redevenir anglaise. « Ceux de la Rochelle ne s’y voulurent accorder, dit Froissard, et s’en excusèrent par trop de fois et furent plus d’un an qu’oncques ne voulurent laisser entrer Anglois dans leur ville, et se pourroit-on esmerveiller des doufces et aimables paroles qu’ils escrivoient au Roy de France, en le suppliant pour Dieu qu’il ne les voulsist mie quitter de leur foy, n’eux esloigner de son domaine et mettre es mains des estrangiers et qu’ils avoient plus chien à estre taillés tous les ans de la moitié de leur chevance que ce qu’ils fussent ès mains des Anglois. Le Roy de France qui voyoit leur bonne voulenté et loyaulté et oyait leurs excusations, avoit grand’pitié d’eulx ; mais il leur mandoit et escrivoit affectueusement qu’il leur convenoit obéir (qu’il était convenable qu’ils obéissent) ou aultrcment la paix seroit enfreincte et brisée ; laquelle (infraction) seroit en trop grand préjudice au royaulme de France. Si que (si bien que quand ceulx de la Rochelle virent ce, et qu’excusances de paroles et prières qu’ils fissent ne leur valoient rien , ils obéirent, mais ce fust à trop grand’dureté, et dirent bien les notables gens de la ville nous aourerons (honorerons) les Anglois des lèvres, mais les cœurs ne s’en mouveront pas. » Nous verrons plus tard que les deux souverains récompensèrent à l’envi leur soumission par les plus grands avantages et les plus beaux privilèges.

(1) Il s’appelait jadis Montmirail, mons mirabilis ; situé naguère dans la commune de Saint-Maurice, il fait aujourd’hui partie de celle de Laleu. (Titres de l’hôp. St-Barth.)


1360 10 29. — Les Rochelais avaient appris avec une profonde douleur la cession de la Rochelle , faite par le roi Jean à son heureux vainqueur, par le traité de Brétigny. (V. 8 mai.) Le 8 juin , Jean leur avait écrit, de Londres, où il était prisonnier, pour qu’ils eussent à lui envoyer, à Calais, trois ou quatre députés , auxquels il ferait connaître les stipulations faites avec le roi d’Angleterre, et comment il entendait qu’elles fussent exécutées. Les Rochelais n’ayant pas tenu compte de cette injonction, il leur avait adressé, le 8 juillet, une nouvelle lettre plus pressante que la première, et cette fois ils s’étaient décidés à lui députer cinq des principaux membres du corps de ville. En vain ceux-ci protestèrent contre une cession contraires à leurs privilèges et supplièrent le roi Jean , à genoux et avec larmes, de ne pas détacher la Rochelle de la couronne de France, offrant de se soumettre aux plus grands sacrifices pécuniaires pour ne pas devenir Anglais, tous leurs efforts furent inutiles. Pour vaincre leur résistance , les deux monarques octroyèrent aux Rochelais les plus importants privilèges : Jean s’engagea à les laisser jouir dans ses possessions, comme par le passé, de toutes leurs libertés, franchises et immunités, les prenant sous sa sauve-garde spéciale, et promettant qu’en cas de guerre entre la France et l’Angleterre, ils ne seraient nullement inquiétés ; de son côté Edouard, en confirmant tous leurs privilèges, leur permit de trafiquer librement dans tout le royaume d’Angleterre ; établit à la Rochelle un juge suprême, pour connaître, en dernier ressort, des affaires sujettes à appel ; réunit l’île d’Oleron et le grand fief d’Aunis au ressort judiciaire du sénéchal de la Rochelle ; abandonna aux Rochelais, pour une année, le produit des tailles et autres impositions perçues dans la ville et banlieue et, à perpétuité, la moitié du droit de monnayage sur les pièces d’or, d’argent ou de cuivre qui seraient fabriquées à la monnaie de la Rochelle, etc. Après de si grandes concessions , qui étaient bien de nature à adoucir les regrets de leurs concitoyens, les députés se déterminèrent enfin, le 29 octobre, à prêter, pour la commune de la Rochelle, serment de fidélité au roi d’Angleterre, sur l’hostie et sacrement de la messe. (Invent. des privil. — Delaurière. — A. Barbot.Bu mer. — Froissart, etc.)
1360 12 06. - Prise de possession de la Rochelle , au nom du Roi d’Angleterre , par Bertrand de Montferrant, qu’Edouard avait nommé gouverneur de la Saintonge. (V.29 octobre). Les commissaires du Roi de France, chargés de lui remettre la ville, étaient J. le Maingre, dit Boucicault, maréchal de France, et Guichard d’Angle , sénéchal de Saintonge. Ils arrivèrent, dans la soirée, à la porte de Cougnes , accompagnés d’un grand nombre de chevaliers-escuyers, tant françois que anglois, Le Maire, Louis Buffet, les y attendait avec l’évêque de Saintes, l’abbé de Châtres et plusieurs autres gens d’église, les membres du corps de ville et les principaux bourgeois. Aux sommations qui lui furent faites successivement par les commissaires des deux Rois , le Maire répondit qu’il était prêt à mettre en possession de la Rochelle le commissaire du Roi de la Grande-Bretagne, aussitôt que lecture aurait été donnée de ses pouvoirs et qu’il aurait promis de maintenir et garder les privilèges, libertés et franchises que le Roi Edouard leur avait accordés. Ces formalités accomplies, il prit de Montferrant par la main , et fesant ouvrir les portes de la ville, il lui dit : « En nom du Roy d’Angleterre, nostre seigneur, et comme son commissaire en ceste partye, je vous metz, pour moy et pour mon commun (ma commune), en saisine et possession de ceste ville de la Rochelle réallement et de faict. » Il l’invita ensuite à le suivre jusqu’à la porte des Deux-Moulins, point le plus éloigné du lieu où ils étaient, et ils traversèrent toute la ville à cheval, en se tenant toujours par la main et escortés d’un nombreux cortège ; puis le Maire l’accompagna jusqu’à l’hôtel de Jehan Poussart, situé au canton des Petits-Bancs, où avait été préparé le logement de Montferrant. (Livre de la Paterne.)
1360 12 07. — Le lendemain de leur arrivée, le maréchal Boucicaut et de Montferrant firent chanter une messe à l’église des Frères-Prêcheurs « . et. firent retenir le corps de Jésus-Christ sacré, afin de-faire les sermens que les Maire, bourgeois et habitans estoient tenuz de faire aud. seigneur de Montferrant. » (V. 6 décembre.) Après la messe, le maréchal réclama du garde du scel royal et du garde de la prévôté la remise des sceaux de leur charge, et les donna à de Montferrant, qui les confia aux nouveaux titulaires, avec ceux du Roi d’Angleterre. Ensuite , le Maire , les membres du corps de ville et plusieurs notables prêtèrent, entre les mains du commissaire anglais, serment de fidélité à leur nouveau souverain , en mettant la main sur le corps de Jésus-Christ, sur le messal et sur la croix. Le chef de la commune requit alors le gouverneur de prêter à son tour , à l’exemple de ses prédécesseurs, le serment de garder les droitz, privilèges , usages, coustumes, franchises et libertez de la commune avant qu’il s’entremist en rien du faict de la jurisdiction ; ce qu’il fit, la main sur les saints évangiles et en la présence du peuple. — Le lendemain, au temple de. lad. ville (1) firent le serment en la. manière dessus dicte tous les plus anciens habitans ou la plus grande partie de lad. ville , religieux et autres, en la présence de noble homme Me Guillaume Dureton, cappitaine de Bergerac, ad ce commis par led. sire de Montferrant. (Livre de la Paterne.)

(1) Le mot Temple est évidemment employé ici pour église , et il faut sans doute substituer le pluriel au singulier, les habitants ayant dû prêter serment dans l’église de chacune des paroisses.


1360 12 24. — « En ceste année et le XXIVe décembre, écrivait A. Barbot, les Maire , eschevins et pairs acquirent, par eschange , des religieux, abbé et couvent de Notre-Dame de Moureilles, la place et maison qui appartenoient ausd. abbé et religieux , près le temple de Saint-Saulveur, qui est le lieu où de présent est construite la tour appelée de Moureilles autrement des privilèges. » Et plus loin il ajoute, sous l’année 1399 : fust commencée à bastir la tour de Moureilles, où est de présent le thrésor et titres de ceste ville. et ne fust toutefois lad. tour parachevée que l’an 1400. » C’est 1410 qu’il faut lire : un travail de cette importance n’aurait pu être achevé dans une seule année, et notre chroniqueur a rectifié son erreur quelques pages plus loin. Nous avons précédemment indiqué la position exacte et les diverses destinations de cette tour. (V. 29 janv.- 2 avril et 16 novemb.) Masse, qui nous en a conservé le dessin, nous apprend qu’elle était de forme circulaire, et avait cinquante-cinq pieds de hauteur jusqu’au chemin de ronde bordé d’une ceinture de trente-sept mâchicoulis, que surmontait une seconde tour plus petite, terminée par un faîte d’ardoise ; ce qui portait son élévation totale à seize toises. Les murs de la grosse tour n’avaient pas moins de quinze pieds d’épaisseur. Les deux pièces principales, celles du rez-de-chaussée et du premier étage, étaient de forme octogone avec des voûtes ogivales , dont les nervures reposaient, dans l’une, sur d’élégantes colonettes, dans l’autre, sur des consoles sculptées. C’est là que se trouvaient les deux grants archiefs (coffres) dans lesquels étaient soigneusement conservés les privilèges octroyés à la commune par les rois et les princes, les registres des conseils du corps de ville, et les livres et comptes des trésoriers de la ville et receveurs des hôpitaux ; le tout dans des cassettes de bois bien closes, cotées par lettres alphabétiques. (A. Barbot. — Bruneau. — Masse.) — V. 9 mars et 2 sept.
1362 06 19. — Edouard d’Angleterre cède à son fils, le prince de Galles, ses possessions de Guyenne et de Gascogne avec la ville et le gouvernement de la Rochelle, où ce prince arriva quelques mois après. (Invent. des priv.) — V. 8 Mai.
1363 08 27. — Edouard, fils aîné du Roi d’Angleterre, prince d’Aquitaine, duc de Galles et de Cornouailles, et comte d’Exeter, auquel son père avait, l’année précédente , cédé l’Aquitaine jusques à la Rochelle, débarque en cette ville, dont le comte de Warvick lui donne l’investiture au nom d’Edouard III. (Invent. des privil.) « Si tost que Messire Chandos entendit nouvelles que le prince venoit, dit Froissard, il s’empartist de Niort où il se tenoit et s’en vinst à belle compagnie de chevaliers en la Rochelle, où ils festoyèrent moult fort le Prince, la Princesse et toute la compagnie., et y séjournèrent par quatre jours entiers. » — V. 19 juin.
1363 08 28. — Le lendemain de l’arrivée du prince de Galles à la Rochelle, les Maire, échevins et pairs et les habitants lui prêtèrent serment de fidélité dans l’église des Frères mineurs ou Cordeliers. (A. Barbot.) — V. 27 août.
1370
1370 04 21. — Election à la mairie de Jehan Chauderer, Chauderier, Chauldrier ou plus communément Chaudrier (1). D’une très-ancienne famille municipale , puisque dès 1269 , selon Brumeau, l’avocat Mathieu Chauderer aurait été Maire, c’était la quatrième fois que Jehan Chaudrier était appelé à gouverner la commune. Froissard, dont Massiou a accueilli l’assertion sans la contrôler, prétend que ce fut pendant sa mairie, et grâce à l’heureux stratagème auquel il eut recours, que les Rochelais ( qui, depuis que leur ville avait été abandonnée aux Anglais par le honteux traité de Brétigny (1360), ne leur avaient obéi que des lèvres,. restant toujours Français par le cœur) , s’emparèrent du château où les Anglais tenaient garnison et les expulsèrent à tout jamais de la Rochelle. De nombreux documents établissent que ce grand évènement eut lieu en 1372, et sous l’administration de Pierre Boudré. Mais si Chaudrier n’était plus alors à la tête de la commune, la considération et l’influence dont il jouissait permettent très bien d’admettre qu’il ait pu concevoir et exécuter même la ruse, plus ingénieuse que loyale, à laquelle la Rochelle dût sa délivrance, et lui sa popularité. Toutefois, quoi qu’en ait dit Ronsard, qui se fait honneur de descendre des Chaudriers, ce n’est pas en mémoire du service rendu à sa patrie par Jehan Chaudrier qu’une rue à son los (louange) porte le nom de luy (2) ; car la rue Chaudellerie, à laquelle fait allusion notre ancien prince des poètes, et dont on regrette que l’administration municipale n’ait pas depuis longtemps rétabli le véritable nom, si ridiculement défiguré par le temps, s’appelait déjà rue Chauderié en 4256 , et rue aux Chauderers en 1271. C’est que l’hôtel des Chaudriers, devenu plus tard l’hôtel de Baillac, était situé dans la petite rue du Palais actuelle, au coin de la rue des Augustins, le long de laquelle s’étendait le verger ou jardin qui en dépendait. C’est sur son emplacement et non, comme on le croit généralement, sur celui de l’hôtel de Mérichon, qu’a été construite la jolie maison, dite de Henri II ou de François Ier, l’un des plus curieux et plus gracieux spécimens d’architecture que possède notre ville. (TT. 8 avril.) it 19 Avril.

(1) Son nom se trouve écrit de ces différentes manières dans des actes contemporains.

(2) Du costé maternel, j’ay tiré mon lignage
de ceux de la Trimouille et de ceux du Bouchage,
Et de ceux des Réaux et de ceux des Chauldriers,
Qui furent en tout temps si vertueux guerriers ,
Que leur noble vertu , que Mars rend éternelle ,
Reprind sur les Anglois les murs de la Rochelle,
Où l’un de mes ayeux fust si preux qu’aujourd’huy
Une rue à son los porte le nom de luy. (Élégie XXe.)


1372 06 22. — L’habile politique de Charles V et les succès du vaillant connétable Duguesclin menaçant de plus en plus les possessions anglaises d’Aquitaine, Edouard III s’était décidé à expédier une flotte, sous le commandement du comte de Pembroke, qui devait débarquer à la Rochelle. Le Roi de France, exactement informé du projet des Anglais , s’était empressé de réclamer l’appui de son allié le Roi de Castille, qui avait envoyé vers les côtes d’Aunis quarante grosses nefs et treize barges, bien pourveues de bretesche et commandées par les amiraux Bocca-Nigra , Cabeza de Vaca et Ruy Diaz de Roja , auxquelles vinrent se joindre une douzaine de navires Français. La flotte Franco-Espagnole, arrivée la première, se rangea de l’un et l’autre côté des deux pointes qui terminent le golfe, et aussitôt que l’amiral anglais parut dans la rade de Chef-de-Bois, le jour de devant la vigile de St-Jehan-Baptiste, la flotte alliée fondit avec impétuosité sur ses vaisseaux. Surpris par cette attaque, les Anglais ne lardèrent pas cependant à se préparer au combat et, pleins d’ardeur, se battirent avec un admirable courage. Bien qu’ils n’eussent que trente nefs, de beaucoup moins hauts bords que les vaisseaux Espagnols, et que ceux-ci fussent pourvus de canons et de terribles engins , oncques gens ne se tiendrent plus vaillament, et la nuit seule put mettre fin au combat. Les Rochelais, qui détestaient les Anglais, se contentèrent d’assister à la bataille du haut de leurs murailles ; en vain le gouverneur anglais, Jean Harpedanne, fit tous ses efforts pour les déterminer à monter sur leurs navires, afin d’aller au secours de la flotte anglaise, ils s’en défendirent en disant : « qu’ils avoient leur ville à garder, qu’ils n’estoyent mie gens de mer, ne combattre se savoyent aus Espaignols. » Le lendemain , l’action recommença plus sanglante et terrible. Les Espagnols employèrent avec succès les brûlots , moyen de destruction encore peu connu, et, profitant du désordre causé par l’incendie, cramponnèrent les vaisseaux anglais, à l’aide de grands crochets de fer, et les attachèrent aux leurs avec de fortes chaînes. Dans le combat corps à corps, qui s’engagea alors, l’avantage du nombre devait l’emporter. Le comte de Pembroke, dont le vaisseau avait été assaiili par quatre grosses nefs Espaignoles, voyant plusieurs de ses navires consumniés par les flammes, le sien faisant eau de toutes parts, ses meilleurs chevaliers tués ou blessés, rendit son épée à Cabeza de Vaca , en lui demandant de faire cesser le carnage. « La nef anglesche, où la finance, qui devoient payer les souldoyers en Guienne estoit, fust périe et tout l’avoir qui dedans estoit. » (Froissard.) Les Rochelais se réjouirent d’autant plus de ce désastreux échec des Anglais, qu’ils apprirent qu’on avait trouvé dans leurs vaisseaux non-seulement des lettres-patentes royales, qui remplaçaient par des officiers Anglais les Rochelais revêtus de fonctions de judioature, mais encore des chaînes pour ceux qui s’étaient montrés les plus hostiles à la domination étrangère. On ajoutait même que le projet d’Edouard était de les chasser de leur ville et d’y établir une colonie anglaise. « Les Espagnols enchaisnèrent leurs prisonniers des mesmes chaisnes que ceux-ci avoient destinées pour les Rochelois. » (Froissard. — Polyd. Vergil. — Ane. mém. sur Duguesclin. - A. Barbot. - H. Martin, &.)
1372 08 15. (1)— La flotte espagnole qui, au mois de juin précédent, avait écrasé les vaisseaux du comte de Pembroke (V. 22 juin), était revenue devant la Rochelle, après avoir transporté son butin et ses captifs en Espagne. Elle était commandée cette fois par l’amiral don Rodrigo le Roux et par Owen de Galles, descendant de ces princes Gallois, que les rois d’Angleterre avaient dépouillés et égorgés en fesant la conquête de leur patrie. L’intention de ces chefs était de bloquer cette ville par mer, pendant que Duguesclin, qui était dans le Poitou, l’attaquerait du côté de terre. Toutefois les Rochelais s’étaient mis secrètement en rapport avec Owen de Galles, en lui fesant connaître que leur plus grand désir était de secouer le joug des Anglais, mais qu’ils ne se pouvoyent tourner françois tant que le chastel fust en la possession des Anglois. Cependant Jehan d’Evreux, que les barons Anglo-Gascons, ayant à leur tête le captal de Buch, avaient peu de temps auparavant nommé sénéchal de la Rochelle, venait de partir avec quelques gens d’armes pour aller au secours de Poitiers, laissant la garde du château à Philippe Mancel, brave capitaine, mais pas trop malicieux. L’ancien Maire Chaudrier résolut de profiter de ces circonstances pour s’emparer par ruse du château. Après s’être concerté avec ceux qui estoyent plus François qu’Anglois, « il manda led. Phelippe et luy donna à disner bien et grandement, et à aulcun des plus grans bourgeois de la ville , qui estoyent de son accord, et y parlèrent des besongnes du roy d’Angleterre. Après disner, fist le Maire (2) apporter une belle lettre, scellée du grand sceau du roy d’Angleterre, pour mieux faire croire led. Phelippe, qui point ne scavoit lire, mais bien cogneut le scel. Si lisoit le Maire la lettre et ordonnoit paroles à sa voulenté, qui point n’y estoient escriptes ; puis dit à Phelippe : « Chastelain, vous voyez et oyez comne le roy , nostre sire , me mande que je vous ordonne, de par luy, que vous fassiez demain vostre monstre (revue) , et qu’aussy nous fassions la nôstre. Celuy chastelain , qui n’y entendoit que tout bien , dit qu’il le feroit très voulentiers et se partist. » Le lendemain, 15 août, avant le jour, Chaudrier plaça sa troupe, composée de gens sûrs et bien armés, en embuscade près du château , derrière de vieilles murailles. Toutes les milices bourgeoises furent ensuite réunies, au son de la cloche du betIroi. Mancel de son côté sortit du château avec la garnison. Aussitôt qu’ils en eurent passé le pont-levis, les hommes placés en embuscade s’emparèrent du pont et des portes, et quand les Anglais, voyant qu’ils étaient trahis, voulurent forcer le passage, Chaudrier accourut avec les milices. « Les Anglois ainsy assaillis devant et derrière furent tous prins et se rendirent sauves leurs vies. » Les quelques hommes qui étaient restés dans le château ne tardèrent pas à le remettre aux mains des Rochelais , à la condition qu’eux et leurs compagnons seraient conduits par mer à Bordeaux, aux frais de la commune. Après avoir ainsi reconquis seuls leur liberté, les Rochelais voulurent profiter de leur position , et refusèrent l’entrée de leur ville à Duguesclin et aux princes qui l’accompagnaient, jusqu’à ce que le roi de France eut souscrit aux conditions qu’ils mirent à leur soumission. (Froissart. — A. Barb. — H. Martin, etc.)

(1) Arcère avait adopté dans son histoire la date du 8 septembre , donnée par A. Barbot ; mais dans ses notes il établit que cette date est nécessairement erronée et que ces événements devaient s’être passés à la fin de juillet ou au mois d’août. J’ai emprunté la date précise du 15 août à l’Histoire de France d’Henri Martin.

(2) Froissart donne à tort à Chaudrier, qu’il appelle Candorier., le titre de Maire : le temps de sa mairie était expiré depuis un an (V. 21 avril), et c’était Pierre Boudré, qui était à la tête de la commune.


1372 08 26. — La soumission de la Rochelle à Charles V (V. 15 août) devait nécessairement entraîner bientôt celle des îles voisines. (1) Jean de Rié et Morelet de Montmaur étant descendus avec leurs troupes aux îles d’Aix, de Ré et de Loix, les habitans, après quelque résistance, demandèrent à parlementer. Ils objectèrent bien d’abord qu’ils étaient sujets de M. de Craon et de Mad. de Tiiouars , sa femme, et de l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm , et qu’à ce titre ils leur avaient fait serment de fidélité, sous l’obéissance du roi d’Angleterre ; mais ils finirent par déclarer qu’ils étaient prêts à se soumettre à l’obéissance du roi de France, aux conditions suivantes : que Charles V les relèverait du serment qu’ils avaient prêté à leurs seigneurs, et accorderait une amnistie entière pour tous les faits passés ; qu’ils seraient maintenus dans leurs privilèges et franchises ; qu’il ne serait mis aucun capitaine, ni garnison dans les forteresses des dites îles, si ce n’est en cas de nécessité , pour leur défense , et avec l’assentiment des habitans ; qu’ils ne pourraient être soumis à aucun impôt sans leur consentement et avant qu’il eût été voté dans la sénéchaussée de Saintonge ; qu’ils ne pourraient être contraints à faire host ne chevauchée hors du païs, par mer ni par terre, si non selon la coustume ancienne desd. ysles ; enfin , que capitaines , sénéchaux ou autres officiers ne pourraient lever aucune denrées, ni provisions, sans en payer exactement la valeur. Jean de Rié et Morelet de Montmaur ayant souscrit à ces conditions, acte en fut passé le 26 août, et le Roi les ratifia au mois de décembre suivant. (Laurière, ord. des rois de France. )

(1) Massiou a commis une erreur en disant qu’il s’était écoulé une année entre l’un et l’autre de ces évènemens.


1373 01 08. — Lettres patentes de Charles V, qui déterminent les limites de la banlieue de la Rochelle. Elle comprenait alors 37 paroisses, sans compter celles de la ville ; la paroisse de Ciré y fut annexée plus tard. (A. Barbot). - Autres lettres du même monarque, qui, en récompense des preuves de fidélité que les Rochelais avaient données à la France, en chassant les Anglais de leur ville et en se soumettant à l’obéissance du roi, confèrent à perpétuité le droit de noblesse héréditaire au maire et aux 24 échevins de la commune de la Rochelle et à leurs successeurs. (Delaurière).
1373 01 22. — Lettres-patentes de Charles V, qui séparent l’Aunis de la Saintonge, pour en former un gouvernement distinct. A dater de ce moment, la Rochelle qui, jusqu’à sa cession par le roi Jean à la couronne d’Angleterre, se trouvait comprise dans la sénéchaussée de Saintonge, eut un gouverneur ou sénéchal particulier, qui connaissait en appel des causes jugées en première instance. (Delaurière). Autres lettres patentes , à la même date, par lesquelles Charles V s’engage à n’exercer aucune poursuite à l’occasion de la démolition du château de Vauclerc, que les Rochelais s’étaient empressés de raser, aussitôt après l’expulsion des Anglais de leurs murs. Le roi se réserve seulement les quatre tours , qui subsistaient encore, pour en faire des prisons , et promet, pour lui et ses successeurs, qu’il ne sera jamais , à l’avenir, élevé à la Rochelle aucun autre château ni forteresse. (Idem). (1)

(1) V. ma Ille lettre Rochelaise.


1373 06 13. — Il y avait déjà plus de soixante ans, qu’entre l’évêque de Saintes et les curés des paroisses de l’Aunis d’une part, les Maire et bourgeois de la Rochelle et les habitants de ces paroisses d’autre part, s’agitait cette grande et importante question des dîmes, qui devait durer un siècle. Ces derniers prétendaient être exempts de payer aucune dîme, en vertu d’un privilège octroyé par Charles-Martel à leurs pères, en récompense de la courageuse assistance qu’ils lui avaient prêtée, pour expeller et bouter hors les Sarrazins et mécréans, qui avaient envahi la Saintonge et autres pays de France. Les ecclésiastiques se prévalaient d’une sentence qu’ils avaient obtenue <3e la cour de Rome, en 1310, par laquelle les habitants de l’Aunis avaient été condamnés à leur payer le dixième de tous les fruits de leurs terres et du sel de leurs marais. Ceux-ci répliquaient qu’ils avaient formé opposition à cette décision rendue par défaut, par suite du meurtre de leur procureur, occis en chemin par leurs ennemis, disaient-ils, au moment où il se rendait à Rome. Mais les curés n’en continuaient pas moins de poursuivre l’exécution de la sentence rendue à leur profit, sans reculer devant l’emploi de la force ou la voie de l’excommunication. Les habitants ayant adressé de vives plaintes au roi, Charles V manda au gouverneur de la Rochelle, le 13 juin 1373, d’enjoindre à l’évêque de Saintes et aux autres gens d’église d’avoir à cesser toutes leurs exactions et entreprises ; et le Pape, auquel ils avaient envoyé des députés à Avignon, suspendit de son côté l’exécution des sentences d’excommunication, et manda à l’abbé de la Grâce-Dieu d’absoudre ceux contre lesquels elles avaient été lancées. Les gens d’église n’en tinrent aucun compte : Charles V fut obligé , l’année suivante, de déclarer ennemis du repos public, rebelles el désobéissants au roy, ceux qui contreviendraient à ses commandements, en autorisant à courir sus. (Invent. Des privil. — Man. de la bibliothèque 1107. — A. Barbot.) Nous verrons plus tard comment se termina ce grand procès.
1373 06 17. — Lettres patentes de Charles V, ordonnant que les matériaux provenant du château de la Rochelle , lequel auroit esté desmolly de nouveau, fussent emploiés à l’édification et aléance du nouvel mur, qui a esté commencé en ladite ville. (Invenl. des privil). — (V. 22 janvier) Ce mur, destiné à clore la petite rive du côté de la mer, est celui qu’on a appelé depuis la muraille du Gabut. Comme les charrettes qui transportèrent les pierres durent traverser le canal de Maubec sur le pont de Saint-Sauveur ou de Mouclerc, on en fit ce dicton populaire : Par dessus le pont Mouclerc a passé le château Vauclerc.
1374 11 24. — Charte écrite en latin , par laquelle Charles V réunit à perpétuité, tant pour la juridiction que pour la perception des impôts, son château de Benon (avec la châtellenie et le ressort qui en dépendent), le château et la châtellenie de Rochefort, et enfin le baillage de Marennes au gouvernement de la ville de la Rochelle, important port de mer, dit-il, dont il avait à cœur d’assurer par ce moyen la conservation et la sécurité. Par cette annexion, le sénéchal de la Rochelle, bien que Benon fût une châtellenie et eût son ressort propre (1), et que le baillage de Marennes fùt du ressort de Saintes, devait connaître des premiers appels et des autres causes du ressort de la circonscription des lieux annexés , et le receveur royal de la Rochelle percevoir les revenus et impositions appartenant au Roi dans l’étendue des mêmes lieux. (Ordon. de Secousse.— Arch. de la ville de Tours. — Chenu, etc.) (1) Le comté de Benon ne comprenait pas moins de soixante et quelques paroisses dans sa juridiction. (Ms. de la bibliothèque.)
1380
1382 03 31. — Le corps de ville, renouvelant un statut de 1301, décide que nul ne pourra être nommé pair de la commune, s’il n’est pas né de légitime mariage, de bonnes vie et mœurs, bourgeois de la commune, demeurant en la ville ou dans la banlieue, y étant propriétaire et chef de maison et n’étant entaché d’aucune maladie contagieuse, comme de lèpre, de morbo caduco (mal caduc ou épilepsie) ou autres, dévoué aux intérêts de la commune et prêt à en supporter toutes les charges. (Statuts du corps de ville.)
1382 08 07. (1)— Clémentine ou bulle du Pape Clément VII, approuvant et confirmant le règlement fait par Charles V, dans la grande question des dîmes, qui divisait depuis si longtemps le clergé et les habitants de la Rochelle et de la banlieue. (V. 13 juin.) Le Pape, auquel le roi avait soumis l’affaire, en avait abandonné la décision à Charles V, qui avait appelé toutes parties devant lui ; mais elles n’avaient pu s’entendre et avaient déclaré seulement s’en rapporter à ce qu’il lui plairait de décider. Le roi avait alors (1377) envoyé comme commissaires à la Rochelle , Grégoire Langlois, chantre du Mans et maître des requêtes de l’hôtel du Roi, depuis archevêque de Sens, et Louis Passot, président des requêtes du palais à Paris. Après plusieurs jours de séance au couvent des Jacobins, ils décidèrent que l’évêque diocésain n’aurait droit qu’au centième du blé, du vin et du sel récoltés dans l’Aunis, et recevrait en outre une somme de 12,000 francs d’or, une fois payée, (2) dont la moitié serait fournie par les parties en cause, 2,000 par le Roi, sur la recette du grand fief d’Aunis, et les quatre autres mille francs par les paroisses, qui n’avaient pas été parties au procès, mais qui voudraient accéder au concordat. Enfin 600 livres de rentes, dont se chargerait le Roi, étaient réparties entre tous les curés, dont le plus favorisé, celui de Notre-Dame-de-Cougnes, devait recevoir 16 livres, et le moins bien traité , celui de Vérines, 3 livres seulement. C’est cet arrangement accepté par Charles V (1380) que ratifiait la bulle du Pape. Malgré cette double sanction , les troubles ne furent entièrement pacifiés qu’en 1405. (Ms. 2107-145. — Arcère)

(1) La date du 11 août attribuée par Arcère à cette bulle parait fausse. L’inventaire des privilèges et Barreau, dans le manuscrit intitulé Droits et Domaines du Roy sont d’accord pour lui donner celle du 7 août.

(2) Ce qui est assez singulier, c’est que ce fut le Pape qui toucha les 12,000 francs d’or adjugés à l’évêque de Saintes, pour tous fruits, arrérages, dommages-intérêts, courtages, missions et dépens. Arcère dit qu’il y a apparence que l’évêque abandonna cette somme au nouveau Pape, lequel avait besoin d’argent pour se soutenir contre Urbain, son compétiteur. Mais il est difficile de ne pas se rappeler , à cette occasion, la fable de l’ Huître et les Plaideurs.


1389 09 08. — Lettres patentes de Charles VI, ainsi conçues : « Les gardes et maistre particulier de nostre monnoye de la Rochelle nous ont donné entendre que comme ils eussent faict plusieurs réparations nécessaires en l’hostel où l’on faict nostre monnoye, lequel hostel est aux religieux de Saint-Jean dehors-les-murs de la dicte ville, pour ce que les dicts religieux estoient refusans de faire faire lesd. réparations , jaçoit que led. hostel nous est loué par eulx chascun an 60 livres tournois ; lesquelz religieux ne veulent prendre en compte lesd. réparations sur le loyer dudit hostel, injonction est faicte auxdits religieux de prendre le montant de ces réparations en déduction du loyer du Roy. » (Laurière, Ordon. des rois de France.) — V. 8 août.
1390
1390 10 11. — « Lettres (patentes) du roy Charles VI, par lesquelles il veut et ordonne que tous marchands, tant estrangers que autres, de Flandre, Normandie, Picardie, Bretagne ou pays plus loingtains, et autres régnicoles de France tratiquans à la Rochelle, jouissent de l’exemption des droits d’entrée pour les marchandises qui viendront à la Rochelle et se vendront en gros. » (Invent. des privil.) Cette franchise commerciale , accordée à la Rochelle, devait être d’un intérêt immense pour le développement de ses relations et de ses richesses.
1394 08 08. - Charles VI informé de l’état de chômage où se trouvait depuis quelque temps la monnaie de la Rochelle, tant par l’absence d’un maître particulier que par la faute des changeurs et marchands de la ville , qui portaient ailleurs le billon, qu’ils étaient tenus de verser à la monnaie de la Rochelle , mande à son général des monnaies de se rendre en cette ville pour remédier à cet état de choses et punir ceux qui l’avaient occasionné. (Laurière, Ord. des Rois de France.) Quelques auteurs ont écrit et beaucoup de personnes croient que rétablissement de la monnaie de la Rochelle fut l’un des bienfaits dont Charles V gratifia les Rochelais quand, après avoir chassé les Anglais de leur ville, ils la remirent entre ses mains. C’est une erreur ; le roi de France ne fit qu’accorder à la monnaie de la Rochelle les privilèges dont jouissait celle de Paris. L’abandon même qu’il fit à la commune de la moitié des bénéfices sur les espèces qui seraient frappées , en l’autorisant à y préposer à cet effet un contre-garde, n’était que la confirmation du privilège qu’Edouard III d’Angleterre leur avait octroyé en 1360 (1). La monnaie de la Rochelle date du XIIe siècle ; car dans l’acte de 1199, par lequel Aliénor d’Aquitaine cédait à Raoul de Mauléon le château de Benon et autres domaines en échange de ses droits sur la Rochelle, elle lui accordait le droit de percevoir annuellement, sur la prévôté , cinquante sols de la monnaie de ladile ville. Le marc de la Rochelle , dit d’Angleterre, qui pesait 13 sols 4 deniers esterlins, était même vers cette époque une sorte de type régulateur de la valeur des autres monnaies. (Reg. de la Cour des comptes ap. Ducange.) — Au XIVe siècle, l’hôtel de la monnaie était établi dans une maison (2) , appartenant aux religieux de St-Jean-Dehors, située près de Ste-Catherine, et sur l’emplacement de laquelle se trouve actuellement la salle d’Asile. Il fut transporté ensuite sur la place du Château, près de la chapelle Sainte-Anne. On le démolit en 1689, pour agrandir cette place, et on acquit pour le remplacer la maison de Pierre Thaumeur, dans la rue royale des Carmes (aujourd’hui rue de la Monnaie), qui, reconstruite et considérablement augmentée , est restée l’hôtel de la monnaie jusqu’au moment où la monnaie de la Rochelle a été supprimée.

(1) « Volumus quod Major, scabini ac burgenses Rupellœ capiant, per se vel per deputatos eorum, medietatem monetagii ac monetœ Rupellœ aureœ , argenteœ et nigreœ in predictâ villa futuris temporibus fabricandœ. » (Rymer.)

(2) « Et in prœtoratu de Rupella dedimus et similiter L solidos de rnoneta ejusdem villœ sibi et heredibus suis annuatim percipiendos. »


1394 12 23. — « Comme il y avoit plusieurs places , au droit des pavés des rues, sises en la ville de la Rochelle, que l’on ne sçavoit à qui elles estoient, et convenoit que les Maires et eschevins payassent ce que coustoit à faire et construire lesd. pavez d’entre lesd. places, et aussy avoit plusieurs rues qu’il estoit moult nécessaire estre pavées pour le bien de la chose publique, pour ce que elles estoient ès lieux où il n’y avoit que trop peu de maisons et habitations , et n’estoient que places vuides et gastées, et ne sçavoit-on à quy elles estoient, les Maire et eschevins ayant obtenu du Roy permission de les faire décréter et vendre , l’adjudication s’en feist à diverses personnes. le lundy , 23 décembre 1394. » (1) (Ms. de la famille Guiton de Normand., ap. Massiou.) — V. 28 juillet.

(1) L’inventaire des privilèges mentionne l’adjudication faite au mois de novembre 1388, à un sieur Phelipon de Marennes, d’une place vide, cryèe à la requeste dit procureur de la ville, pour avoir payement du pavé qui avoit esté fait devant lad. place.


1395 07 01. — Traité de commerce passé entre les Maire, eschevins, pairs, bourgeois , manans et habitans de la Rochelle, et les bourgmestre, eschevins, conseillers et bourgeois de la ville de Damme (en Flandre), relativement aux courtiers, tailles , rentes, eschanges , ouillages et délits et forfaitures de jaugeage des vins, &. (invent. des privil.- A. Barbot.) Depuis les temps les plus reculés, la Rochelle fesait avec la Flandre et les Pays-Bas un commerce fort important, particulièrement en vins. On trouve dans le même recueil un privilège , daté du mois de juin 1262 , par lequel Marguerite , comtesse de Flandre et de Hainault, prend sous sa sauvegarde les marchands de la Rochelle et leurs facteurs, leur permet de trafiquer en toute liberté dans les pays de son obéissance, et leur concède de très grands avantages pour l’importation de leurs vins, et aussi plusieurs confirmations des mêmes privilèges par ses successeurs et par les ducs de Bourgogne. « On avait construit à Damme, dit Pardessus, de vastes entrepôts pour les vins de France, dont les Flamands s’approvisionnaient à la Rochelle. Ce commerce était devenu si considérable que , pendant une guerre entre les Flamands et les Anglais, ceux-ci arrêtèrent en mer des navires flamands , qui portaient neuf mille muids de vin de la Rochelle. » De très anciennes lois maritimes de Damme, de Westcopelle et de Wisby, mentionnent spécialement la ville de la Rochelle. (Collect. des lois maritimes.)
1398 04 15. — C’était comme cette année le dimanche de la Quasimodo, le jour consacré depuis un temps immémoral à l’élection annuelle du Maire de la Rochelle (1). Dès le lever du soleil, le gros seing (cloche) du beffroi, appelé la tour de Mallevault (2), avait annoncé cette grande solennité et devait continuer de sonner jusqu’à ce que l’élection fut achevée (3). Les portes de ville étaient fermées, pour éviter toute surprise, et le guetteur veillait sur l’échauguette du beffroi. L’église de Monseigneur saint Berthomme ne pouvait suffire à contenir la foule qui. s’y pressait en ses habits de fête. Dans le chœur étaient rangés les sièges des échevins, conseillers et pairs dans l’ordre de leur dignité et de leur réception au corps de ville. (V. 27 mars 1541.) Après la célébration de la grand’messe, par les chapelains Dieu servans de saint Berthomme , sire Estor Lombart, le Maire dont les fonctions étaient expirées, M1 Robert de Vair, Maire de l’année précédente, et l’aumônier ou gouverneur de l’hôpital Saint-Berthomme (aujourd’hui d’Auffrédy), prirent place autour d’une table, recouverte d’un riche tapis rehaussé de broderies d’or, sur laquelle était ouvert le livre des évangiles magnifiquement relié. Près d’eux et devant une table plus petite, s’assit le clerc ou greffier de la ville, chargé de procéder à l’appel de chacun des membres du corps de ville et d’inscrire les votes. Le Maire ouvrit la séance par une petite harangue dans laquelle, après avoir rendu compte de son administration et remercié le corps de ville de son loyal concours, il exhorta tous ses collègues à faire une bonne, vraye et saincte eslection qui fust à la louange de la benoiste trinité, au proffict du Roy, de la ville et de la chose publicque et aussy à l’honneur des élizans et à élire à cet effet trois bons prud’hommes, saiges, prudents, riches et puissants , sans se préoccuper d’intérêts particuliers, ni de considérations d’affection ou de parenté. Il prêta ensuite serment, ainsi que les autres membres du bureau, de recueillir les suffrages en toute loyauté et discrétion. Après quoi, chacun des membres du corps de ville, à l’appel de son nom, vint jurer à genoux, la main sur l’évangile, que les noms qu’il avait écrits ou fait écrire sur son bulletin étaient, selon sa conscience, ceux qu’il jugeait les plus dignes et qu’il ne s’y étoit pas porté lui-même et déposa ensuite son vote dans un petit sachet (4), tenu par l’un des scrutateurs. Le vote terminé , le dépouillement donna le plus grand nombre de voix à honorable homme et saige maistre Jehan Bernon ou Bernoin (5), seigneur des fiefs Boisseaux , à Me Olivier Brivet et à sre Claude Maugiron , dont les noms furent proclamés devant le peuple, par le Maire, à la porte du chœur. Après avoir brûlé les bulletins et les feuilles de dépouillement des votes, le bureau alla présenter la liste des trois coélus au sénéchal, en l’absence du Roi ; et Pierre de Vilennes, seigneur de Malicorne, sans profiter du délai de deux jours qui lui était accordé par l’usage, fit choix immédiatement de Jehan Bernon , pour exercell la mairie pendant l’année municipale 1398-99. On alla chercher alors le nouveau chef de la commune, qui prêta serment entre les mains du sénéchal « de garder la ville au Roi et à son hoir mâle, de maintenir les droits de la sainte église et de rendre justice à tous, au pauvre comme au riche. » Pierre de Vilennes l’ensaisina aussitôt de la garde et gouvernement de la ville, en lui remettant le sceau de la commune, qu’il avait reçu des mains de l’ancien Maire. (Statuts du corps de vlle.-Bruneau.)

(1) L’ordonnance de Saint-Louis, de 1256, qui prescrivait de nommer tous les mayeurs (Maires) de France le lendemain de la fête de saint Simon et de saint Jude (28 octob.), ne fut jamais exécutée à la Rochelle.

(2) Elle était située à l’extrémité Ouest de la rue des Bouchers , un peu ayant le point où celle-ci rencontre la rue des Cloutiers. La construction du marché couvert en a fait disparaître les derniers vestiges.

(3) Plus tard , ce fut la cloche de l’échevinage qui remplaça celle de la tour de Mallevaut. (V. 15 mars.)

(4) En 1510, le Maire fit faire une boite d’argent qu’on nommait scrutine, pour déposer les bulletins de vote. (Liv. de la paterne.) Jusqu’en 1388 , le vote avait été oral ; ce ne fut qu’à cette époque qu’on commença de voter par bulletin secret. (Livre des statuts.)

(5) Son nom est écrit ainsi dans un titre de 1100. Il fut procureur du Roi en Saintonge et bailli du grand fief d’Aunis. Les Bernon prétendent descendre de lui, dit Arcère, en constatant l’ancienneté de cette famille, dont les descendants existent encore à la Rochelle.


1398 04 19. — Après la solennité de l’élection du maire, le jour de la Quasimodo (V. 15 avril ), venait, le jeudi suivant, la cérémonie de l’installation du nouveau maire et de l’élection des nombreux officiers de la commune , dont les fonctions étaient aussi annuelles. Tout le corps de ville, convoqué au son de la cloche, se réunissait dans la grande salle de l’échevinage où n’étaient admis que les membres du corps municipal et leurs parents. Le maire dont l’année était expirée prenait place sur un siège élevé nommé protribunal, ayant à ses côtés le nouvel élu et les coffrets contenant les sceaux de la commune. Les échevins, conseillers et pairs étaient assis sur des bancs selon leur dignité et ancienneté. L’ancien maire prenait le premier la parole pour rendre grâce à Dieu et au corps de ville de l’avoir aidé et soutenu dans l’exercice de sa charge, et demander pardon à ses collègues s’il avait démérité en quelque chose ; il promettait ensuite, en reconnaissance de l’insigne honneur qu’il avait reçu par son élévation à la première charge de la commune, de se vouer à jamais, corps et biPns, aux intérêts de la ville , et terminait son discours par un long éloge de son successeur. Après que lecture avait été donnée des principaux statuts municipaux, il fesait prêter au nouveau maire et à tous les membre du corps de ville, la main sur l’Evangile, un long serment, dont les principaux engagements étaient de garder la féauté au Roi, et de vivre et mourir dans sa vraie obéissance, de sauvegarder les droits de la sainte église, de respecter et faire respecter par tous les établissements, privilèges, franchises et libertés de la commune. Il cédait ensuite son siège au nouveau maire qui commençait son discours par « regrâcier Dieu le père omnipotent de tout son cœur , la benoiste vierge Marie, sa douce mère et tous les saints et saintes du Paradis de la grâce par luy reçue, celuy jour, d’estre venu à telle dignité et honneur comme d’eslre maire de la Rochelle » ; puis, après avoir rendu à son prédécesseur les éloges qu’il en avait reçus, il remercioit très humblement le Roi , le gouvernement et tout le collège de l’honneur qu’ils lui avaient fait de l’élever à de si hautes fonctions, en les suppliant de lui accorder leur utile concours et de suppléer à son ignorance ; il s’applaudissait d’avoir de si dignes coélus et invitait, en terminant, le corps de ville à ne choisir, pour les divers offices de la commune auxquels ils allaient pourvoir, que de bonnes gens, dignes et suffisans. On lui remettait alors les clefs des sceaux, dont il confiait la garde aux deux coélus. Après quoi, il était procédé, par les cent membres du corps de ville, à l’élection des candidats, parmi lesquels le maire choisissait le sous-maire ou juge de la mairie, le clerc ou greffier de la ville, le procureur de la ville, chargé de veiller à l’exécution des règlements et à la défense des intérêts communaux , les trésoriers ou receveurs des deniers communs , les maîtres des œuvres, auxquels étaient confiées la direction et la surveillance des travaux de la ville et des fortifications, les capitaines ou gardes des tours de St-Nicolas et de la Chaîne (1) et le désarmeur des nefs, dont les fonctions consistaient à faire mettre à terre, avant l’entrée de tous navires dans le port, les armes et munitions qu’ils avaient à bord. (2). Le maire se transportait ensuite, accompagné d’un nombreux cortège, à chacune des portes de la ville pour prendre ainsi possession de la cité. Cette journée si remplie se terminait par un festin , donné par le chef de la commune aux membres du corps de ville et aux principaux fonctionnaires. (Statuts de la commune).

(1) Ils étaient tenus d’habiter dans les tours mêmes avec leur famille. (Statuts de la commune).

(2) En 1468, il fut décidé par le corps de ville que le capitaine de la tour du Garot ou de la Lanterne exercerait en même temps les fonctions de désarmeur, et résiderait dans cette tour, qui venait d’être construite. (Ibid.).


1399 05 16. — Un des hérauts d’armes envoyés par le Roi d’Angleterre , Richard II , dans les principales bonnes villes de France, proclame par tous les carrefours de la Rochelle les joutes et combats solemnels qui doivent avoir lieu à Dublin , le 16e jour après la Saint-Michel, à l’occasion de son mariage avec Isabeau de France, fille du Roi. (A. Barbot.) Mais pendant que Richard était en Irlande , pour présider aux apprêts de ces fêtes, ses sujets révoltés firent passer la couronne d’Angleterre sur la tête d’Henri de Lancastre.
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