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1258 - 1259 - Le Traité de Paris entre Louis IX et Henri III Plantagenet

samedi 6 décembre 2008, par Pierre, 8310 visites.

Ce traité de paix, favorable aux intérêts du roi de France, aura des conséquences lourdes pour la Saintonge, coupée en deux moitiés théoriquement en paix l’une avec l’autre. Une étape essentielle d’une histoire dont les effets se feront sentir jusqu’à la Révolution.

Un document écrit dans une langue française à découvrir, avec un commentaire, un glossaire et une carte pour faciliter sa compréhension.

Source : Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie - Tome XVI - Année 1852 - Books Google et BNF Gallica

On trouvera successivement sur cette page :
- le texte du traité de paix de Paris du 28 mai 1258
- le texte de sa ratification par Henri III Plantagenêt, le 13 octobre 1259. Ce second texte éclaire le premier.
- une carte montrant l’évolution des possessions anglaises de 1154 (Henri II Plantagenêt) à 1258 (Henri III Plantagenêt)

Henris par la grâce de Dieu, rois d’Angleterre, sires d’Illande et dux de Aquitaine, nous faisons à savoir
Manuscrit de la ratification du traité par Henri III
Henri III Plantagenêt
Louis IX (Saint Louis)

Le 28 mai 1258, le roi d’Angleterre Henri III Plantagenêt signe avec Louis IX, le traité de Paris, qui est ratifié le 4 décembre 1259 avec l’hommage de Henri III à Louis IX.

Louis IX rétrocède à Henri III la suzeraineté sur le Limousin, le Périgord, la Guyenne, le Quercy, l’Agenais et la Saintonge au sud de la Charente. Mais le roi d’Angleterre s’engage, pour ces possessions, à rendre au roi de France l’hommage féodal dû au suzerain.

Le roi de France conserve par ailleurs la Normandie et les pays de Loire (Touraine, Anjou, Poitou et Maine). Ces riches provinces ont été confisquées par son aïeul Philippe Auguste au père de Henri III, le roi Jean sans Terre.

Par ce traité équitable, tissé de concessions réciproques et appuyé par les victoires des armées françaises à Saintes et Taillebourg, le roi de France apparaît comme le monarque le plus puissant d’Occident.

Le traité de Paris met fin à ce que l’on appelle parfois la première guerre de Cent Ans. Ce conflit entre la France et l’Angleterre avait débuté au siècle précédent avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et du futur roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt.

Source : Wikipédia

 Traité de Paris, 28 mai 1258

Texte original Commentaire et glossaire
C’est la forme de la pais qui est devisée entre les rois de France et de Angleterre. pais : paix

devisée : convenue (c’est le devis avant la ratification qui aura lieu en 1259)

Li rois de France dorra au roi de Angleterre toute la droiture que li rois de France a et tient en ces III esvechiez è ès citez, c’est à dire de Limoges, de Caors et de Pierregort, en fiez et en domaines, sauf l’omage de ses frères se il aucune chose i tienent dont il soient si home, et sauves le choses que li rois de France ne puet metre hors de sa main par letres de lui ou de ses ancesseurs, lesqueus choses li rois de France doit purchacier à bone foi vers ceus qui ces choses tiennent que li rois d’Engleterre les ait dedenz la Toz Sains en I an, ou faire lui eschange avenable à l’esguart de prodes homes qui soient nomez d’une part et d’autre, le plus convenable au profit de li parties. li rois : le roi

dorra : donnera

toute la droiture : tous les droits

Caors : Cahors - Pierregort : Périgord

ancesseurs : ancêtres, prédécesseurs

purchacier : acheter ou racheter ?

Toz Sains : la Toussaint

en I (chiffre 1 romain) an : dans l’année à venir.

prodes homes : ce sont des "prud’hommes", arbitres indépendants et dignes de foi.

E uncore li devant diz rois de France dorra à roi d’Engleterre la value de la terre de Agenois en deniers chacun an, selonc ce qu’elle sera prisée à droite value de terre par prodes homes nomez d’une partie et d’autre ; et sera la paie faite au Temple à Paris chacun an à la quinzainne de l’Acension la moitié et à la quinzainne de la Toz Sainz l’autre ; è s’il avenoit que cette terre eschaist de la contesse Johanne de Poitiers au roi de France o à ses oirs, il seroit tenuz ou ses oirs de rendre la au roi d’Engleterre ou à ses oirs, è rendue la terre il seroit quittes de la ferme ; è, s’ele venoit à autres qu’au roi de France è à ses oirs, il dorroit au roi d’Engleterre lo fié de Agenois ovec la ferme devant dite ; è, s’elle venoit en demaine au roi d’Engleterre, li rois de France ne seroit pas tenuz de rendre celle ferme ; è, se il estoit egardé par la cort le roi de France que por la terre de Agenois deust li rois d’Engleterre metre ou rendre aucuns deners par raison de gagiere, li rois de France rendrait ces deners, ou li rois d’Engleterre tendret è auroit la ferme tant qu’il eust eu ce qu’il auroit mis por celle gagiere. eschaist : échoie

oirs : héritiers

lo fié : le fief

deners : deniers, de l’argent

auroit la ferme : l’aurait en fermage

gagiere : engagement, obligation

De rechief. il sera enquis en bone foi è de plain à la requeste le roi d’Engleterre par prodes homes à ce esleuz d’une part et d’autre, se la terre que li cuens de Poitiers tient en Cahorsin de par sa fame fu do roi d’Engleterre donée ou ballliée ovec la terre de Agenois par mariage ou par gagere o tot ou partie à sa suer qui fu mère le conte Raymond de Tholose dairréenement mort ; é s’il estoit trové qu’il eust einsi esté, è celle terre eschaoit au roy de France ou à ses hoirs do décès la contesse de Poitiers, il la donroit au roi d’Engleterre ou à ses hoirs ; è s’elle eschait à autre, è il eut trové par celle enqueste totevoies que elle eust esté einsi donée ou baillie cum il est dit desus, après le décès la contesse de Poitiers, il donroit le fié au roi d’Engleterre é à ses hoirs, sauf l’omage de ses frères, se il aucune chose i tenoient, tant cum il vivroient. cuens : comte

suer : sœur

dairréenement : dernièrement, récemment

hoirs : héritiers

De rechief, après le décès le conte de Poitiers, li rois de France ou ses hoirs roi de France dorra à roi d’Engleterre ou à ses oirs la terre que li cuens de Poitiers tient ores en Xanttonge outre la rivère de la Charente, en fiez è an domaines qui soient outre la Charante, s’elle eschaeit au roi de France o à ses hoirs ; è s’elle ne li eschaoit, il porchacera en bone manere par eschainge ou autrement, que li rois d’Engleterre et ses hoirs l’aient, o il li fera avenable eschange à l’esgart de prodes homes qui serunt nomé d’une part è d’autre. ores : maintenant

il prochacera : il poursuivra ? plutôt rachètera

Le sort de la Saintonge se joue dans ce paragraphe : la Charente va servir de nouvelle frontière entre les deux royaumes. La Saintonge est donc coupée en deux : la moitié nord au roi de France, la moitié sud au roi d’Angleterre.

E de ce que li rois de France dorra à roi d’Engleterre è à ses hoirs en fiez et en demainnes, li rois d’Engleterre è si oir feront homage lige au roi de France et à ses hoirs rois de France, è ausi de Bordiaus, et de Baionne, et de Gascoigne, et de tote la terre que il tient deçà la mer d’Engleterre en fiez et en demaines, é des illes, s’aucune en i a que li rois d’Engleterre tiengne qui soient du roiaume de France ; è tendra de li comme pers de France et dus de Aquitaine ; è de toutes ces choses devan dites fera li rois d’Engleterre servises avenables juqu’à tant que il fust trové queus servises les choses devroient, et lors il seroit tenuz de fere les tieus cum il seroient trové ; de l’omage de la conté de Bigorre, de Armeignac è de Faiançat, soit ce que droiz en sera. pers de France : pair de France

dus de Aquitaine : duc d’Aquitaine

Faiançat : Fézensac (en Armagnac)

Derechief, li rois de France dorra au roi d’Engleterre ce que Vc chevalier devroient couster raisonablement à tenir II anz, à l’esgart des prodes homes qui seront nomez d’une part et d’autre , è ces deners sera tenus à paier li rois de France à Paris au Temple à VI paies par II anz : c’est à savoir à la quinzainne de la Chandeleur qui vient prochainement la première paie, c’est à dire la sisiesme partie, è a la quinzainne de l’Ascension ensuiant l’autre paie, è à la quinzene de la Toz Sainz l’autre, è ausi des autres paies en l’an ensuiant ; è de ce dourra li rois de France ses lettres pendenz et lo Temple ou l’Ospital ou ambdeus emsemble em pleige ; è li rois d’Engleterre ne doit ces deners despendre fors queu u servise Deu ou de l’iglise ou au profit du roiaume d’Engleterre, è çe par la veue des prodes homes de la terre esleuz par lo roi d’Engleterre et par les hauz homes de la terre. ce que Vc chevalier devroient couster à tenir II anz : Le prix de 2 années d’entretien de 500 chevaliers. Cette somme fut fixée à 134,000 livres tournois. Pour le paiement de cette somme, on trouve plusieurs quittances de Henri III copiées au Tr, des Ch., reg. XXX, n°. IIIIcXXX - IIIIcXXXVIII.

pleige : garantie. Les sommes sont à payer aux Templiers de Paris, selon le calendrier indiqué ici.

E par ceste pais fesant quittera li rois d’Angleterre et si dui fit à roi de France è à ses enceseurs et à ses hoirs et à ses frères se li rois d’Angleterre ou si anciseur aucune droiture ont ou orent unques en chose que li rois de France tiengne ou tenist unques ou si anciseur ou si frère, c’est à savoir en la duché è en tote la terre de Normandie, en la conté et en tote la terre d’Anjo, de Turaine et du Maine, è en la conté et en tote la terre de Poitiers ou aillors en aucune part du roiaume de France, è ès illes s’aucune en tiennent li rois de France ou si frère on autre d’eus, è touz arrérages ; è ausi quittèrent li rois d’Engleterre et si dut fil à tot ceus qui de par le roi de France ou de par ses anciseurs ou de ses frères tiennent aucune chose, par don, par eschange, ou par vente, ou par achat, ou par accenssement, ou en autre semblable manière, en la duché et en tote la terre de Normandie, en la conté et en tote la terre d’Anjo, et de Torene et dou Maine, et en la conté et en tote la terre de Poitiers ou aillors en aucune part ou réaume de France ou ès illes desus dites, sauve au roi d’Engleterre è à ses hoirs lor droiture ès terres dont il doit faire au roi de France homage lige par ceste pais, si cum il est desus devisez, è sauf ce que li rois d’Engleterre puisse demander sa droiture, si la cuide avoir en Agenois, et avoir la se la cort le roi de France le juge, è ausi de Cahorsin. si dut fil : ses deux fils

Anjo, et Torene : Anjou et Touraine

Ce paragraphe définit les territoires que la couronne d’Angleterre restitue à la France : le duché de Normandie, les comtés d’Anjou, de Touraine, du Maine et du Poitou, ainsi que, sous des conditions particulières, les comtés d’Agen et de Cahors.

Ces provinces étaient déjà tenues par le roi de France depuis leur confiscation à Jean-sans-Terre par Philippe Auguste, en 1202. Le traité de Paris entérine leur retour à la couronne de France.

E dorra li rois d’Engleterre au roi de France les letres qu’en dit que il a du roi Richart, son frère, de quitance de toutes ces choses par eschange que il en ot, se il puet ces letres trouver ou avoir ; è s’il ne les puet avoir ne trover, il dorroit ses lettrez pendenz au roi de France è des barons et des prelaz et des prodes homes qui i furent, de tesmongnage de la quintance que li rois Richart en fist. se il puet : s’il peut

Le roi d’Angleterre s’engage à fournir au roi de France les titres qui vont avec ces territoires.
E aura encore ou serement è ès letres pendens le roi d’Engleterre, que puis celle quitance nulle droture il ne li dona en nulle de ces choses, è ceste meisme quittance au roi de France è aus autres devan diz fera li rois d’Engleterre ferre à sa suer, la contesse de Leicestre, pro (sic) soi et por ses hoirs et les enfanz meismes de ceus qu’il en requerra. letres pendens : lettres patentes (pendens semble indiquer le sceau)
E li rois de France clamera ausi quitte au roi d’Engleterre se il ou si anceseur li firent onques tort de tenir son fié sanz li faire homage et sanz li rendre son servise, et touz arrérages. Allusion au refus de Jean-sans-Terre, père de Henri III, de faire hommage au roi de France.
E pardunrunt et quitterunt li uns à l’autre touz mautalanz de contenz et de guerres et touz damages et toutes mises qui ont fait ou faites de cà ou de là en guerres ou en autres manières. mautalanz de contenz : cause de contentieux
E por ce que ceste pais fermement è establement sanz nulle enfraingnance soit tenue à torjors, li rois d’Engleterre et si II fil et sa soeer, la contesse de Leicestre, et si anfant jurront ces choses à tenir tant comme à chascun apartendra ; è à ce tenir obligeront eus et leur oirs par leur letres pendenz ; è de ce dorra seurté li rois d’Angleterre des chevaliers des terres devan dites meismes que li rois de France li dorra, et des villes, selonc ce que li rois de France l’en requerra , et la forme de la seurté des homes et des villes por le roi d’Engleterre sera tele : Il jurrunt que il ne donrunt ne consuel, ne force, ne aide, par quoi li rois d’Angleterre ne si hoir venissent encontre la pais ; è s’il avenoit (que Dex ne vuelle ) que il venissent encontre, è il ne le vossissent amender puis que li rois de France ou si oir rois de France les en auroient fet requerre, cil qui la seurté auroient fete, dedenz les III mois que li rois de France les en auroit fait requerre seroient tenu d’estre aidant au roi de France è à ses oirs contre le roi d’Engleterre et ses oirs, juques à tant que ceste chose fust amendée souffisaument à l’esgart de la cort le roi de France ; è sera renovelée ceste seurté de X anz en X anz à la requeste du roi de France ou de ses hoirs rois de France. si II fil : ses deux fils

sa soeer : sa sœur

E ausi de ceste pais tenir li rois de France obligera soi et ses hoirs par ses letres pendanz è jurera, li et ses filz ainnez ou si II fil ainzné la pais à tenir en bone foi tant cum à chacun apartendra. seurté : sûreté, garantie

si II fil ainzné : ses deux fils ainés.

Original scellé des sceaux d’Eude, archevêque de Rouen, et de Raoul, archevêque de Tarantaise, au Trésor des Chartes, Angleterre, III, n°. 4 , carton J. 629.

Un vidimus et confirmation de ce traité, par Henri III, le 20 mai 1259 , se trouve dans la nouvelle édition de Rymer ; mais on y cherche vainement le texte de la ratification que nous allons publier ci-après

La ratification de saint Louis a été publiée en latin et en français, dans cette même collection, et en français par M. Bonnin , Reg. visit. archiep. Rothum., p. 763. La transcription de ce document dans le registre d’Eude Rigaud témoigne la part qu’il prit à la conclusion de cet important traité. L’apposition du sceau de ce prélat à l’acte qu’on vient de lire en est une preuve. Enfin ce fut lui qui le 3 décembre 1259 lut publiquement à Paris, dans le jardin du roi, le texte définitif du traité. Reg. visit., p. 349)


En jaune : les possessions anglaises en 1154
Bordé de rouge, le domaine anglais de 1258

 Ratification par Henri III, le 13 octobre 1259

Henris par la grâce de Dieu, rois d’Angleterre, sires d’Illande et dux de Aquitaine, nous faisons à savoir à touz ceaus qui sunt et qui à venir sunt, que nous, par la volenté de Dieu, ovec nostre chier cousin le noble roi Loeys de France avons pais faite et affermée en ceste manière : c’est à savoir, que il done à nous et à noz hoirs et à noz successors toute la droiture que il avoit et tenoit en ces trois eveschiés et ès citez, c’est à dire de Limoges, de Caorz et de Pierregort, en fiez et en demaines, sauf l’omage de ses frères, se il aucune chose i tiennent dont il soient si homme, et sauves les choses que il ne puet metre hors de sa main par letres de lui ou de ses ancessors, lesqueles choses il doit porchacier en bone foi vers ceus qui ces choses tiennent que nous les aions dedenz la Touz Sainz en un an, ou faire nous eschange couvenable à l’esgart de prodes homes, qui soient nonmez d’une part et d’autre, le plus couvenable au profit des deus parties.

Et encore li devant diz rois de France nous dorra la value de la terre de Agenois en deniers chascun an, selonc qu’elle sera prisiée à droite value de terre de prodes homes nomez d’une part et d’autre ; et sera faite la paie à Paris au Temple chascun an à la quinzainne de l’Ascension la moitié, et à la quinzainne de la Touz Sainz l’autre ; et s’il avenoit que celle terre eschaist de la contesse Jehane de Poitiers au roi de France ou à ses hoirs, il serait tenuz ou ses hoirs de rendre la nos ou à noz hoirs, et rendue la terre il serait quite de la ferme ; et se ele venoit à autres que au roi de France ou à ses hoirs, il nous dorroit le fié de Agenois ovec la ferme devant dite ; et s’elle venoit en demaine à nous, li rois de France ne serait pas tenuz de rendre celle ferme ; et se il estoit esgarde par la court le roi de France, que pour la terre de Agenois avoir deussiens metre ou rendre aucuns deniers par raison de gagiere, li rois de France rendrait ces deniers, ou nouz tendrions et aurions la ferme tant que nos eussiens eu ce que nous aurions mis pour cele gagiere.

De rechief, il sera enquis en bone foi et de plain, à nostre requeste, par prodes homes d’une part et d’autre à ce elleuz, se la terre que li cuens de Poitiers tient en Caorsin de par sa fame, fu dou roi d’Engleterre donee ou bailliée ovec la terre de Agenois par mariage ou par gagiere, ou tote ou partie, à sa suer qui fu mère le conte Raymon de Tholose darréenement mort ; et s’il estoit trouvé qu’il eust ainsi esté, et celle terre li eschaoit ou à ses hoirs dou décès la contesse de Poitiers, il la donroit à nous ou à noz hoirs ; et se elle eschaoit à autre, et il eit trouvé par celle enqueste totevois que elle eust einsi esté donée ou baillie si conme il est dit desus, après le décès la contesse de Poiliers il donroit le fié à nous et à nos hoirs, sauf l’omage de ses frères, se il aucune chose i tenoient, tant conme il vivroient.

De rechief, après le décès le conte de Poitiers, li rois de France ou ses hoirs rois de France donra à nous et à noz hoirs la terre que li cuens de Poitiers tant ores en Xantonge outre la rivière de la Charente en fiés et en demaines qui soient outre la Charente, s’elle li eschaoit ou à ses hoirs et se elle ne li eschaoit il porchaceroit en bone manière ou autrement que nous ou noz hoirs l’aions, ou il nous feroit avenable eschange à l’esgart de prodes homes qui seront nomez d’une part et d’autre.

Et de ce que il donra à nous et à noz hoirs en fiez et en demaines, nos et nos hoirs li ferons homage lige et à ses hoirs rois de France, et ausi de Bordiax , de Baionne et de Gascoingne , et de toute la terre que nous tenons delà mer d’Engleterre en fiez et en demaines, et des illes s’aucunes en i a que nos teignons qui soient du roiaume de France ; et tendons de lui comme per de France et dux de Aquitainne ; et de toutes ces choses devant dites li ferons nos servises avenables jusques à tant que il fust trouvé queus servisez les choses devroient, et lors nous serions tenu de fere les lex comme il seroient trouvé.

De l’onmage de la conté de Bigorre, de Armeignac et de Foiensat, soit ce que droit en sera. Et li rois de France nous claime quite se nous ou nostre anceseur li feismes onques tort de tenir son fié sanz li fere homage et sanz lui rendre son servise, et touz arrérages. De rechief, li rois de France nouz dorra ce que cinq cenz chevaliers devroient couter raisonablement à tenir deus anz à l’esgart de prodes homes, qui seront nomez d’une part et d’autre ; et ces deniers sera tenuz à paier à Paris au Temple à sis paies par deus anz : c’est â savoir, à la quinzaine de la Chandeleur qui vient prochainement la première paie, cest à dire la sisiesme partie, et à la quinzaine de l’Ascension ensuivant l’autre paie, et à la quinzaine de la Touz Sainz l’autre, et ausi des autres paies en l’an ensuivant ; et de ce dorra li rois de France le Temple ou l’Ospilal ou anbedeus ensemble en plège ; et nos ne devons ces deniers despendre fors que u servise Dieu ou de l’yglise ou au profit dou roiaume de Angleterre, et ce par la veue des prodes homes de la terre esleuz par le roi d’Angleterre et parles hauz homes de la terre.

Et par ceste pais faisant avons quité et quitons, du tot en tot, nos et nostre dui fil, au roi de France et à ses ancessors et à ses hoirs et à ses successors et à ses frères et à leur hoirs et à lor successors, pour nous et pour noz hoirs et pour noz successors, se nous ou nostre ancessor aucune droiture avons ou eusmes onques en choses que li rois de France tiengne ou tenist onques ou si ancesor ou si frère, c’est à savoir en la duchée et en tote la terre de Normendie, en la conté et en toute la lerre d’Anjou, de Tourainne et dou Mainne, et en la conté et en toute la terre de Poitiers et aillors en aucune partie du roiaume de France, ou ès illes s’aucunes en tient li rois de France ou si frère ou autres de par eus, et touz arrérages.

Et ausi avons quitté et quittons, nous et nostre dui fil, à touz ceux qui de par le roi de France ou de par ses ancessors ou de ses frères tiennent aucune chose, par don ou par eschange, ou par vente, ou par achat, ou par ascensement, ou en autre semblable manière, en la duchée et en toute la terre de Normendie, en la conté et en toute la terre d’Anjou, de Touraine et dou Maine , et en la conté et en tote la terre de Poitiers ou ailleurs en aucune partie dou roiaume de France ou ès illes desus dites, sauf à nous et à noz hoirs nostre droiture ès terres dont nos devons fere homage lige au roi de France par ceste pais, si comme il est desus devisé, et sauf ce que nous poissiens demander nostre droiture, se nous la cuidons avoir en Agenois, et avoir la se la court le roi de France le juge, et ausi de Caorsin.

Et avons pardoné et quitté, li uns à l’autre, et pardonons et quittons touz mautalanz de contanz et de guerres et touz arrérages et toutes issues qui ont esté eues ou qui purent estre eues en toutes les choses devant dites, et touz domages et toutes mises qui ont esté fait ou faites de cà ou de là en guerres ou en autres manières.

Et pour ce que ceste pais fermement et establement sanz nulle enfraignance soit tenue à touz jorz, li rois de France a fait jurer en s’ame par ses procureurs especiax à ce establiz, et si dui fil ont jure ces choses à tenir tant comme à chascun apartendra, et à ce tenir ont obligié eus et leur hoirs par leur letres pendanz.

Et nos de ces choses tenir sonmes tenuz de doner seurté au roi de France des chevaliers des terres devant dites meismes que il nous done, et des viles selonc ce que il nous requerra.

Et la forme de la seurté des homes et des villes pour nous sera telle : il jurrunt qu’il ne donront ne conseil ne force ne aide, par quoi nos ne nostre hoir venissen encontre la pès ; et s’il avenoit (que Dex ne vuelle) que nous ou nostre hoir venissen encontre, et ne le vousisson amender puis que li rois de France ou si hoir roi de France nous en auroient fet requerre, cil qui la seurté auroient faite, dedenz le trois mois que les en auroient fet requerre, seroient tenu d’estre aidant au roi de France et à ses hoirs contre nous et nos hoirs, jusque à tant que ceste chose fust amendée soufisanment à l’esgart de la court le roi de France ; et sera renouvelée ceste seurté de dis ans en dis anz à la requeste du roi de France ou de ses hoirs rois de France.

Et nous ceste pais et ceste composicion, entre nous et le devant dit roi de France afermée, et toutes les devant dites choses et chascune, si conme elles sunt desus contenues, prometons en bone foi, pour nous et pour noz hoirs et pour nos successors, au devant dit roi de France et à ses hoirs et à ses successors laiaument et fermement à garder, et que nous encontre ne vendrons, par nous ne par autre, en nulle manière, et que riens n’avons fait ne ne ferons par quoi les devant dites choses, toutes ou aucune, en tout ou en partie, aient mains de fermeté.

Et pour ce que ceste pais fermement et establement sanz nulle enfraignance soit tenue à touz jourz, nous à ce oblijons nous el noz hoirs, et avons fait jurer en nostre ame par noz procureurs en nostre présence ceste pais, si conme ele est desus devisée et escrite à tenir en bone foi tant conme à nous apartendra, et que nous ne vendrons encontre, ne par nous ne par autre.

Et en tesmoignage de toutes ces choses, nous avons fait au roi de France ces letres pendanz seelées de nostre seel. Et ceste pais et toutes les choses qui sont desus contenues par nostre conmandement especial ont juré Eddward et Eadmont, nostre fil, en nostre présence, à garder et à tenir fermement, et que il encontre ne vendront par els ne par autre.

Ce fu doné à Londres le lundi prochain devant la feste saint Luc l’evangeliste , lan de le Incarnation Nostre Seignour mill CC cinquante nuevisme, et mois de octouvre.

(Original scellé au Tr. des Ch., Angleterre, III, n°. 8, carton J. 629. Copie dans le reg. XXX, n° IIIIcXXVII.)


La lettre de Henri III fut ratifiée le même jour par plusieurs des barons anglais. Le texte de cette ratification se trouve, mais bien incorrect, dans la nouvelle édition de Rymer, I, I, 390. L’original scellé en est conservé en double exemplaire au Tr. des Ch., Angleterre, III, n°. 10 et 10 bis. Les noms des barons sont ainsi orthographiés sur cet original : « Boneface , arcevesque de Cantorbir, primaz de tote Angleterre ; Walt’, evesque de Wirecestr’ ; Simon de Monfort, conte de Leicestr’, Rich’ de Clare, conte de Glocestr’ et de Hertfort ; Rog’ le Bigot, conte de Norfolch et mareschal de Angleterre ; Humfroi de Boun, conte de Herefort et de Essex’ ; Guillaume de Forz, conte de Albemall’ ; Jehan de Plessiz , conle de Warewik ; Hug’ le Bigot, justice de Angleterre ; Pierres de Savoie ; Rog’ de Mortemer ; Jehan Mansel, trésorier de Everwik ; Ph’ Basset ; Rich’ de Grey ; James de Aldithee. et Pierres de Monfort : conseillers nostre seignor le roi de Angleterre. »


Voir en ligne : Base Archim du Ministère de la Culture : le Traité de Paris

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