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1527 - Le traité de Cognac - François 1er et la Sainte Ligue

samedi 14 février 2009, par Pierre, 3336 visites.

Cela se passe à Cognac : un embrouillaminis qui mêle les états italiens, le pape, les cantons Suisses, les Habsbourg, l’Angleterre et la France, avec un mariage arrangé par le Pape, les enfants du roi de France pris en otages en Italie dans l’attente de rançon, et la Bourgogne donnée par la France aux Habsbourg. ce qui en fâcha beaucoup, mais ne se réalisa pas.

Pour en savoir plus sur cet épisode des relations complexes entre les états européens au début du XVIe siècle voir Septième guerre d’Italie (Wikipédia)

Source : Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules Tome 9 - G. Daniel S.J. - Paris - 1755 - Books Google

22 mai 1527 – Le traité de Cognac

Ainsi les envoyés des deux puissances conclurent le vingt-deuxième de Mai la ligue avec le roi. Elle fut appellée la sainte ligue, parce que le pape étoit à la tête ; en voici les principaux articles.

- Que cette ligue, entre le pape & les Vénitiens, & le duc de Milan, ne seroit que pour la sureté & la liberté de l’Italie

- Que l’empereur, l’archiduc Ferdinand, & le roi d’Angleterre pourraient y entrer, s’ils le jugeoient à propos, & que le roi d’Angleterre y seroit reçu non-seulement comme contractant, mais encore, s’il l’agréoit, comme protecteur de la confédération ; que l’empereur n’y seroit admis qu’à quatre conditions. La première, de rendre les deux fils de France qu’on lui avoit donnés en otages, & de se contenter d’une somme d’argent convenable pour leur rançon ; la seconde, de laisser le duc de Milan en possession paisible de son état, aussi-bien que les autres princes d’Italie ; la troisieme, de ne venir en Italie pour se faire couronner, qu’avec une suite telle que le pape, le duc de Milan, & la seigneurie de Venise croiraient convenir à la sureté du pays, & a la dignité de Sa Majesté Impériale : la quatrième, de payer au roi d’Angleterre les sommes qu’il lui devoit par divers traités précédens.

- Que les confédérés lèveraient à communs frais une armée de trente mille hommes de pié, de deux mille cinq cents hommes d’armes, & de trois mille de cavalerie légère ; avec une artillerie proportionnée. Dans cet article étoit marqué ce que chacun devoit fournir pour son contingent ; & dans un autre, le nombre des Vaissaux & Galères que chacun devoit équiper ; & ces armées devoient toujours demeurer complettes, jusqu’à ce que les perturbateurs du repos d’Italie en fussent chassés, ou mis en état de ne la plus troubler.

- Que le roi ferait diversion contre ceux-ci sur les frontières de ses états, par mer & par terre avec ses armées.

- Que les confédérés lèveraient incessamment des troupes chez les Suisses, & que le roi les aiderait à cette levée, par le crédit qu’il avoit chez les Cantons.

- Que les confédérés envoyeroient incessamment leurs ambassadeurs à l’empereur, pour obtenir de lui la délivrance des deux princes de France.

- Que le roi n’inquiéterait jamais le duc de Milan pour son état ; mais que le duc, en dédommagement des droits ou prétentions de la France sur ce duché, conviendrait d’une somme qui ne ferait pas au-dessous de cinquante mille écus d’or payables par lui tous les ans au roi ; & de plus qu’il se chargeroit de l’entretien de son frère Maximilien, auquel depuis plusieurs années le roi faisoit une grosse pension en France.

- Que le duc épouseroit une princesse du sang de France au choix du Pape ; & que le roi interposeroit son autorité auprès des Cantons Suisses, pour les engager à la défense du duché de Milan, aux mêmes conditions qu’ils étoient obligés de le défendre, lorsque Sa Majesté le possédoit, & que pour cela elle les déchargeroit des obligations qu’ils avoient contractées avec elle à cet égard.

- Que le comté d’Ast seroit restitué au roi, comme un domaine qui avoit appartenu depuis un très-long-temps à ses ancêtres, ou que du moins le gouvernement en seroit donné à son fils le duc d’Orléans, & à quiconque il choisiroit pour y commander, jusqu’à ce que ce prince fût en âge de le gouverner lui-même.

- Que la souveraineté & le titre de seigneur de Gènes seroient restitués au roi, en y conservant pour doge le seigneur Antonio Adorne, s’il prenoit le parti des confédérés, & qu’on en regleroit le gouvernement d’une manière propre à conserver la sureté de l’Italie.

- Que si l’empereur refusoit d’accorder la liberté aux deux fils de France, la possession du Milanès au duc de Milan, & le reste de ce qui est contenu dans le second article, & que les armes des confédérés chassassent ses troupes du duché de Milan, en sorte que la guerre parût finie à cet égard, on iroit au royaume de Naples, pour l’attaquer ; & qu’en cas que l’on s’en rendît maître, il demeureroit à la disposition du pape : mais à cette condition, que celui qui en seroit mis en possession & ses successeurs, seroient obligés de payer tous les ans au roi très-chrétien, à cause des prétentions qu’il y avoit, une somme d’argent qui ne seroit pas moindre que soixante & quinze mille écus d’or au soleil ; que si cela ne se faisoit pas, ce prince rentreroit dans tous ses droits.

- Que la famille des Medicis seroit maintenue à Florence avec tous ses droits & prérogatives par les confédérés ; & que pareillement la république de Florence ne feroit rien contre les intérêts de la sainte ligue.

- Que le roi d’Angleterre, défenseur de la foi, qui avoit exhorté les confédérés à faire leur confédération, en seroit le protecteur, & en seroit regardé comme un des membres, & qu’en récompense, & par reconnoissance, on lui donneroit pour lui, pour son fils , & leurs successeurs, un domaine au royaume de Naples avec le titre de duché, ou de principauté, du revenu de trente mille ducats, & au cardinal, archevêque d’Yorc [1], à qui la république chrétienne avoit beaucoup d’obligation, un autre domaine de dix mille ducats de revenu pour lui & pour ses successeurs.

Ce furent là les principaux articles du traité de Cognac, qui fut fait dans le temps que le [2] viceroi de Naples étoit à la cour de France, & à son insû, n’ayant tout au plus que quelque soupcon en général, qu’il se passoit quelque chose contre les intérêts de son maître, à cause de la présence des envoyés du pape & de Venise, & des fréquentes audiences qu’ils avoient des ministres.

La chose demeura secrette jusqu’au moins de Juin, que les députés des états de Bourgogne arrivèrent à Cognac, pour faire au roi leurs remontrances contre l’article du traité de Madrid qui les regardoit.

Il leur donna audience en présence de tous les princes, de tous les prélats, & de tous les grands seigneurs qui étoient en grand nombre à la cour. Le viceroi, le duc de Trajete, Alarcon, & don Hugues de Moncade, qui étoit arrivé depuis peu, pour voir l’état des choses avant que d’aller vers le pape où l’empereur l’envoyoit, y assisterent. Les députés représenterent au roi que sa qualité de souverain, non seulement n’avoit pu lui donner le pouvoir de faire une aliénation aussi considérable de son domaine, qu’étoit celle du duché de Bourgogne, mais même qu’elle lui imposoit une obligation contraire, & que la chose étoit contre les sermens faits à son sacre. Ils ajoutèrent plusieurs autres raisons pour appuyer leur remontrance, & conclurent en disant, que si le roi persistoit à vouloir les mettre sous une domination étrangère, ils en appelleroient aux états généraux du royaume, à qui il appartenoit de juger de leur droit à cet égard.


[1C’est le cardinal de Volfei.

[2L’empereur l’avoit envoyé au roi à la tête d’une nouvelle ambassade.

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