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1576 - 02 Recueil en forme d’histoire - François de Corlieu - Dédicaces et préface

Dédicaces et préface

mercredi 23 mai 2007, par Pierre, 1160 visites.

Sur cette page :
- Dédicace de la 1ère édition (1576)
- Dédicace de la 2ème édition
- Préface de la 2ème édition

Introduction Page précédente Page suivante

 DÉDICACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION.
A MONSIEUR M. F. NESMOND, CONSEILLER DU ROY ET LIEUTENANT GÉNÉRAL D’ENGOUMOIS,
F. DE CORLIEU, PROCUREUR DU ROY A ENGOLESME,

Entre les choses pour lesquelles nous sommes naiz, et qui se attribuent quelque part en nostre estre et origine, nostre patrie, ie ne sçay par quelle douceur et mémoire agréable de son nom, nous induit et convie à l’aimer , et par tous offices de piété nous acquitter du deuoir que nous auons à elle. Ainsy lisons-nous que plusieurs, pour le bien de leur païs, ont oublié leurs inimitiés priuées : autres ce sont exposez volontairement à la mort. Quelques-uns (comme Homère raconte d’Vlysse) ont mieux aimé retourner en leur païs pauures et souffreteux, que d’estre faictz demidieux et immortels auecques Calypso, c’est à dire demeurer ailleurs en abondance de tous biens et honneurs. Et finalement infinis hommes ont trauaillé pour l’honneur et décoration du lieu de leur naissance, tant est forte chose l’amour que nous luy portons. Or cela m’a faict souuent déplorer le peu d’heur des siècles passez et de ce nostre païs d’Engomois, voïant que de luy n’estoit encores sorty homme, qui eust recommendé sa mémoire à la postérité, de manière que de son estre et antiquité il ne restoit presque aucune trace, et encores ce peu qui s’en trouuoit espars en tant de lieux et diuers autheurs, que le plus savant en nostre histoire n’eust peu dire comme les choses auoient passé entre nous cent ans arrière. Toutes fois, il ne m’estoit venu en volonté d’en rien mettre par escript que après les troubles de l’an 1562, que je voy presque tout ce qui restoit des antiquitez de ce païs, conserué auparauant es thresors et librairies des églises et monastères, auoir este reduict en cendre par la fureur de la guerre ciuille. Lors (comme nous tenons plus cher ce que nous craignons perdre), ie me mis à ramasser les pièces de nostre naufrage : et au commencement ne pensois que les mettre à part pour ma mémoire, n’estimant mon labeur digne d’estre veu d’autres que de moy. Mais adueint que l’an 1572 , François de Belle-forest, homme de grande lecture, voulut faire imprimer sa Cosmographie, et feit prier les bourgeois d’Engolesme de luy enuoyer le pourtraict de leur ville, et quelques mémoires s’ils en auoient de leur antiquité. Qui me feit penser que ie ferois comme ceux qui s’eulx ne s’osent mettre à chemin, et ayant trouué compagnie hazarday de faire passer auec les mémoires des autres villes de France , vn bref sommaire de ce que i’auois recueilly de la nostre, pensant bien par là estre quitte de mon deuoir enuers ma patrie, comme i’eusse peu estre, si Belle-forest n’eust encores trouué mon sommaire trop long, et ne l’eust r’acourcy, y changeant beaucoup de choses, et y adjoustant quelques-unes du sien. Or, ce peu qu’il en auoit mis par escript, n’a servy que d’appétit à ceux qui nous desiroient cognoistre, mesmes à vous, Monsieur, et autres mes amys, qui iamais n’auez cessé que n’aiez tiré le reste de mes mains, et m’auez comme contrainct, auecques le péril de mon honneur, d’en mettre l’euure entier en lumière, Lequel, pour cette cause, ie vous dédie et à mes concitoïens. Auec le péril, dis-ie, de mon honneur ; car, comme ie pense estre le premier qui ha traitté cet argument, aussi sçay-ie bien que ie n’auray pas peu d’affaire à me deffendre de ceux qui diront ce discours estre pour la plus part manqué et défectueux, mesmes n’y adiousteront aucune foy, si ie ne leur monstre à toute heure mes garandz , d’autant que je ne suis vieil ny venu de loing, pour me faire croire de ce que je dy, ains escris à mon peuple chose que ie n’ay veu et à luy incognues. Mais il faut qu’ilz sachent que celluy encores a beaucoup faict, qui de comme rien a faict quelque chose, et a peu assembler tant de pièces en vn corps composé, comme ie cuide, d’autant de parties que furent iadis ceux de Democrite faictz par la concurrence des atomes. Car tout ce que i’ay peu trouuer auoir esté dict à ce propos, par ceux qui ont chroniqué noz histoires et de noz voisins, qui s’est peu tirer des thresors des églises, monastères, communautez et maisons privées de ce païs, que j’ay peu apprendre par conference d’hommes doctes, amateurs de l’antiquité, et que l’iniure du temps et des guerres à laissé çà et là de mémoire des choses passées, est icy représenté. Que si auec tout cela ie ne descris les choses que maigrement et à demy, leur suffise que j’ay mieux aimé rapporter fidèlement ce peu que j’en ai trouué, que pour leur estre plus aggreable , remplir de mensonges impudemment les fenestres de mon liure, lequel pour cette cause ie ne veux estre appelle histoire, mais un simple recueil de ce qui se trouue par escript de nostre ville et de ses comtes.

A Engolesme, ce premier iour d’octobre 1576.


 DÉDICACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION.
A MESSIEURS LES MAIRE, ESCHEVINS, CONSEILLERS ET PAIRS DE LA MAISON COMMUNE D’ANGOULESME.

Il faudrait que l’ingratitude eust présidé à ma naissance, et que la nature m’eust dénié cet amour pour le pays, lequel nous sucçons avec le laict, et qui estoit en si grand estime parmy les anciens, que la vie et les biens leur estoint à mépris, lorsqu’il falloit servir la patrie. Il faudrait, dis-je, que je fusse mauuais Angoumoisin, si je ne tesmoignois une fois en ma vie que je le suis, et si je n’imitois les anciens, qui pour n’estre taxez de mescognoissances offroient à leurs dieux les primices de toutes choses :
Voicy (Messievrs) le premier des labeurs que j’ai faict depuis qu’il vous a plû me renouueler le tiltre d’Imprimeur de la ville, qu’auoit deffunct mon père ; voicy les primices de mon trauail que je vous consacre, comme aux dieux tutelaires de ce pays : et s’il est vray (comme il est) qu’on ne sauroit faire aucun présent à Dieu qui luy plaise d’auantage que de nous donner à luy, comme ses images viuantes, j’ay creu aussi que ce pourtraict au naturel de l’Angoumois, auquel ont travaillé deux des plus rares esprits de ce siècle, ne vous scauroit estre qu’agréable, veu qu’il est l’image de ce corps dont vous estes l’âme, et qui le faictes mouuoir auec tant de prudence, que les polices les mieux réglées auroient besoing de vos préceptes. Recevez donc (Messievrs) ce présent pour arres de l’affection que je vous ay vouée , et pour asseurance de la bonne volonté que j’ay de seruir ma patrie.

C’est, Messievrs, vostre tres-humble, tres-obéissant et tres-affectionné serviteur,

H. LE PAIGE.


 PREFACE DE LA DEUXIEME EDITION

AU LECTEUR,

Ce n’est pas sans occasion qu’il y a eu des philosophes qui ont creu que la science prenoit son origine de l’admiration : et de faict Aristote dit au Ier liure de la Métaphisique, que s’il y a quelque object qui nous anime, nous sommes naturellement curieux d’en rechercher la cause. Comment qu’il en soit, il faut que je confesse qu’à peine auois-je leu celte histoire, que la variété et rareté des matières dont elle est enrichie, me reduirent à ce point que d’en faire vne seconde lecture, qui comme vn esclair dissipa le nuage qui m’empeschoit de descouurir plusieurs choses signalées concernans les exploicts d’armes et faicts héroïques de nos comtes d’Angoulesme : ce que ie fis auec plus de certitude après auoir recouru aux sources, c’est-à-dire aux panchartes et manu-scripts, dont ils auoient été espuisés, notamment à celuy de Verteuil, que par bon-heur j’auois recouuert quelques jours auparaduant du thresor des maisons episcopales d’Angoulesme, ayant cette obligation entre plusieurs autres, à la mémoire de feu Charles de Boni, prelat dont les vertus eminentes brilleront dans l’éternité des temps, singulièrement sa piété. Je m’assure (lecteur), si tu as l’antiquité en quelque vénération, que tu feras ung iugement pareil au mien de cette histoire, j’entens si tu veux prendre la peine d’en faire vne exacte lecture, car si tu pensois n’en tirer que l’escorce et laisser le suc en arrière, je ne le conseillerois pas d’employer si inutilement les heures de ton loysir. Les bons liures méritent bien d’estre chéris auec plus d’affection : que si quelquefois il arriue que l’autheur, en la recherche et supputation des temps, n’obserue l’ordre requis à l’illustration et enrichissement d’vne histoire, tu ne luy en dois pas imputer la faulte, ains aux historiens et chronographes qu’il a suiuy, comme, par exemple, quand il dit que sainct Ausone, premier euesque d’Angoulesme, estoit disciple de sainct Martial, et que sainct Martial florissoit soubz l’empire de Vallerius et Galienus, qui estoit contemporain des apostres ; cet erreur ne prouient pas originairement de luy, ains de Grégoire de Tours, qui nous le veut ainsi persuader au premier liure de son histoire : m’estonnant comment le cardinal Bellarmin, duquel les escrits sont si exactes et si célèbres, a bronché sur cette pierre en son liure des Autheurs ecclésiastiques. Il reste (lecteur) à te faire une prière : c’est que tu n’ayes point cette opinion, que ce qui m’a meu de faire estat de cette histoire, iusques à laisser mes plus sérieuses occupations pour la réduire en la forme que tu la vois en cette deuxième édition, soit prouenu de quelque affection particulière que i’eusse d’éterniser la mémoire de l’autheur, à cause de l’alliance qui estoit entre nous, d’autant que je te puis asseurer que ie n’ay rien faict en cela que suiure la trace des plus fameux autheurs de son temps et du nostre, qui en ont faict telle estime que de s’en seruir bien souuant comme d’vng fidèle tesmoing en leurs escrits. I’en mettray icy la liste, afin que tu sçaches que ie suis autant ennemi de mensonge qu’amateur de la vérité.

Dv CHESNE, en sa carte généalogique de l’illustre maison de la Rochefoucaud.
« Gvy, cinquiesme du nom, seigneur de la Rochefoucaud, donna ses terres à Aimery, son frère, et fonda le couuent des Cordeliers d’Angoulesme, où il fut enterré, selon François de Corlieu, n’ayant laissé aucuns enfants.

FRANÇOIS DE CORLIEU ( affin que ie die quelque chose de sa vie) estoit issu [1] de l’antienne et noble maison des Corlieux, qui tire son origine du pais et euesché d’Yorte, en Angleterre, ainsi que lui-mesme tesmoigne au troisiesme liure de son histoire, de laquelle i’ay, de plus, recueilli que François de Corlieu, son ayeul paternel, fut lieutenant-general d’Angoulmois, et Geoffroy d’Aulteclere, son oncle maternel, maistre des requestes de l’hostel du roy, auquel temps il n’y auoit que quatre personnes en France qui fussent ornées et honorées de cette dignité. Il eut vn frère nommé Robert de Corlieu, qui, après auoir exercé quelques années l’estat de procureur du roy au siège presidial d’Angoulmois, s’en seroit desmis en sa faueur auec un indicible contentement de ceux qui auoint ce bonheur que de iouir de sa douce conuersation. Il aimoit et honoroit grandement les hommes de lettres, singulièrement ceux qu’il cognoissoit prendre plaisir en la lecture de l’antiquité, son ordinaire exercice. Et de fait, c’estoint ses délices, quand aux jours de ferie , il pouvoit extraire des archives et bibliothèques quelque mémoire qui pût servir d’ornement et perfection à son histoire. Mais le malheur fut que plusieurs jours après l’impression d’icelle, comme il traversoit à cheval la Charante au port de la Meurre, on n’auroit pu si promptement le secourir, soit par l’impétuosité du vent qui souffloit lors ou par la rapidité de l’eau, qu’il n’y fut submergé. Rivière ingrate, d’avoir faict mourir en tes ondes celuy qui auoit publié tes louanges en son histoire ! Son corps fut porté quelque temps après en la ville d’Angoulesme et inhumé, suiuant sa disposition testamentaire , en l’église des Cordeliers, avec cet épitaphe :
« Hic jacet Franciscus Corleus in Engolismensi tribunali regius Cognitor, Engolismensis historiae egregius scriptor, qui, dum Carantonum amnem ad Murram, id portus nomen est, equo traijcit, sœviente procella in Voraginem detrusus perijt anno 1576. »

Et ceslui-cy qui tesmoigne assetz le regret qu’on eut de son deceps :
« Haud tibi spiranti statuo de marmore bustum,
(Corlee Pimplœi non vltima gloria ruris,
Gentis honos) nec enim manes ea cura beatos
Sollicitat, quos cœlum œterno nectare pascit :
Accipe pro tumulo lachrymas raonumenta doloris
Certa mei, et lectos Parnassi in vertice flores :
Tempus erit, cum marmoreis suffusta columnis
Busta cadent, ast omne mei, voluentur in œuum
Fletus, aeternoque virebunt germine flores. »

CHOPINUS , lib. I, de domanio Gallico. « Huius Guidonis Lusiniam et aliorum Angolismensium Comitum vitas redegit in historiam Franciscus de Cor lieu, regius procurator Angolismensis, quae quidem historia publicè impressa extat. »

VINETUS in epistolam Ausonij ad Tetradium. « Ex qua voce sic in eo catalago, et apud Sigibertum scripta, scito me primum esse odoratum, quid in Ausonij versu essent Ichnusa et Inculisna. Auctorem quidem certè Ausonio vetustiorem non possum proferre qui hanc ciuitatem memorarit : scripseramque ante annos Vigenti in commentariolo de Engolismse antiquitate, quem Enguibertus Marnefius Pictauijs edidit, extare nihil in tota ea vrbe, quod eius vetustatem probaret : verum Franciscus Corlieus Engolismse procurator regius, vir cum primis istarum rerum studiosus, de Engolisma sua et comitibus Engolismensium librum postea edidit, in quo scripsit, in veterum moenium quae, quod olim fuit suburbium, ab vrbe diuidebant, fundamentis reperta esse signa certa et vestigia peruestustae vrbis, quum nuper muniretur Engolisma. »

PAULUS MERULA , lib. III, Cosmographiœ : « Scripsit item Engolisma sua Engolismensium que comitibus librum Franciscus Corlieus regis Engolismae procurator. »

BELLE-FOREST, tome I de sa Cosmographie, au traitté de la prouince et comté d’Àngoulesme :
« Je laisse le siège et ce qui s’y passa, pour vous dire qu’entre vn si grand nombre de maisons antiennes qui sont en Angoulesme, les Corlieux ne sont des derniers, et l’ayeul de celuy qui nous a secourus de mémoire pour cet endroit, estant si cougnu en sçauoir et intégrité, que le comte Charles le fit lieutenant general en sa justice. Les enfans ont suiuy sa trace : et de faict, deux de ses nepueux ont esté procureurs du roy au siège presidial du dit lieu, vn desquels est ce François de Corlieu nostre guide. »

R. PERE F. ESTIENNE DE LVSIGNAN , de la royale maison de Cypre, en son histoire générale de l’isle et royaume de Cypre :
« De ce Hugues doncques sont issuës beaucoup de maisons qui viuent pour le jourd’huy en France, comme disoient mes oncles Jean et Ponce de Lusignan, qui retournèrent en Cypre l’an 1500, et mon cousin Philippe, qui estoit en France l’an 1555. Dequoy m’a donne aduis en Cypre monsieur Raymond de Marseille, consul des François en Tripoli de Sirie ; et il se peut voir, par vne epistre de frère Paul Venetiers, mise à la fin de mon liure des Couronnes, et par la cosmographie d’André Thevet, angoulmois, cosmographe du roy. Et par le discours et liure de François de Corlieu, procureur du roy d’Angoulesme, traittant des comtes d’Angoulesme. »

Introduction de l’ouvrage Page précédente Page suivante

[1I’ay leu des lettres d’attestation données à Londres l’an 1547 , qui portent la mesme chose. Elles furent obtenues par Odet de Selue, conseiller du roi en son grand conseil, et son ambassadeur vers le roy d’Angleterre, en faveur de Joachim de Corlieu, advocat en parlement, qui fut celuy dont Chopin faict mention au troisiesme liure de la police ecclésiastique.
(Note de la Charlonye.)

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