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1613 - Les récollets de Saintes, Oléron, Cognac et Brouage sont réunis à la Custodie d’Aquitaine

lundi 30 décembre 2013, par Pierre, 795 visites.

De 1610 à 1613, les couvents de Récollets voient le jour à un rythme soutenu : Saintes en 1610, Château d’Oléron en 1611, Brouage et Cognac en 1612. Plus tard : Confolens, en 1618 ; Marennes et Royan, en 1622 ; Pons, en 1623 ; La Rochelle, en 1628 ; Archiac, en 1634 ; Jarnac en 1680 ; Mirambeau, en 1721.

Les Frères mineurs récollets (ou simplement : les Récollets) étaient les membres de l’Ordo fratrum minorum recollectorum (littéralement : Ordre des frères mineurs recueillis), fondé vers 1583. Ils appartenaient à la tendance dite ’observante’ des franciscains, l’ordre religieux inspiré par saint François d’Assise.

Ils participèrent activement au mouvement de la Contre-réforme catholique et, au début du règne de Louis XIII, ils furent recherchés par les évêques pour prêcher le retour des Protestants à l’Église catholique.

En 1897, à l’initiative de Léon XIII, ils fusionnèrent avec les Frères mineurs Déchaussés et les Réformés pour former l’Ordre des Frères mineurs (OFM), en d’autres mots : les Franciscains.

Source : Bibliothèque Municipale de Cognac - Fonds Albert - MM28 p. 61 - Ce document, retranscrit par Charles-Paul-Émile Albert, ne précise ni la nature ni la localisation de l’original. Le tome XXIII (1894) des Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis, (voir sur BNF Gallica, page 33, reproduit ce texte et en donne l’origine. « Il ne sera pas hors de propos de placer ici quelques pages d’un livre assez rare, « Notice ou abrégé historique de la fondation des couvents des récollets de la province de l’immaculée conception en Guyene ; à Limoges, de l’imprimerie de P. Chapoulaud, place des Bancs, MDCCLXXVIII » (1778)

Voir aussi : 1723 - Le couvent des Récollets de Cognac (Charente)

Qu’est-ce qu’une Custodie ?

Du latin custodia : garde, observation attentive, surveillance
Une custodie dans la famille franciscaine est une sous-province dépendant d’une province, ou territoire d’activité des Franciscains, où sont regroupés couvents et institutions de l’Ordre. Elle est dirigée par un custode. La plus importante d’un point de vue historique et symbolique est la custodie franciscaine de Terre sainte ou custodie de Terre sainte (en latin : Custodia Terræ Sanctæ).

Réunion des couvents d’Oléron, de Brouage, de Cognac et de Saintes, faite en 1613, à la Custodie d’Aquitaine

L’an 1613, le 10 août, le père Pierre Chamborest étant Custode pour la seconde fois, on tint à Bordeaux une congrégation générale ; on accepta les quatre couvents de Saintonge ; savoir Oléron, Brouage, Cognac & Saintes, dont la cession avait été faite dès le second du mois de juin de la même année. Pour en rendre la possession plus solide, on fit intervenir l’autorité du Cardinal de Sourdis & de l’évêque de Saintes, auxquels il appartenoit par la bulle de Clément VIII, de donner aux custodies les plus proches, les couvents où l’on avoit introduit la réforme. Cette cession fut encore confirmée l’année suivante par le vicaire général de l’ordre.

Il ne seroit pas possible de comprendre cette acceptation & cette cession, si nous ne remontions plus haut. Il faut donc savoir qu’environ l’an 1610 deux religieux de la Custodie de Paris, animés d’un saint zèle pour la conversion des calvinistes, vinrent en Saintonge où l’hérésie étoit plus puissante que dans les autres provinces du royaume. L’un se nommait Bernardin, l’autre Antoine ; leurs noms de famille ne sont pas parvenus jusqu’à nous ; on les croit originaires de Normandie.

Étant arrivés à Saintes, ils se présentèrent à Mgr Nicolas Le Cornu qui en étoit évêque : C’étoit en 1610. Ce prélat qui avoit une grande moisson, & qui manquoit d’ouvriers apostoliques, leur accorda la permission de travailler dans son diocèse.

Pendant leur séjour à Saintes, ils firent connoissance avec M. Gombaud & M. L’Ainé, tous deux habitans de Brouage ; ceux-ci leur offrirent dans leur ville une maison & toute sorte de secours.

Encouragés par ces offres, ces pères partirent pour Brouage, où Mgr Timoléon d’Epinay de Saint Luc, Maréchal de France & gouverneur des îles de Saintonge faisoit sa résidence. Ils prièrent ce seigneur de leur accorder sa protection pour la mission qu’ils alloient entreprendre ; il la leur promit, & les favorisa dans toutes occasions. M. Gombaud leur donna une maison & un jardin où ils demeurèrent quelque temps.

Le gouverneur ayant remarqué qu’ils se rendoient tous les jours plus utiles au public crut nécessaire de leur bâtir un couvent. Il en écrivit à la reine, mère de Louis XIII & régente du royaume : non seulement elle lui en accorda la permission, mais elle voulut bâtir le couvent de ses propres libéralités, ce qui fut exécuté. L’église fut dédiée à St-Louis, & les récollets furent mis en possession, l’an 1612, après avoir obtenu le consentement de l’évêque de Saintes.

Il n’était pas possible que deux religieux pussent fournir à une si vaste carrière ; ils demandèrent du secours à leur custodie & n’en ayant pû obtenir, ils s’adressèrent au P. Pierre Chamborest qui leur envoya des religieux entre lesquels le P. Bernard Duverger & le P. Jean Dunoyer étoient les plus distingués. Le premier devint fameux dans les missions de la Saintonge ; il eut l’honneur d’être connu de Louis 13 ; le Cardinal de Richelieu en faisoit l’éloge. Le second étoit le premier qui avoit enseigné la philosophie & la théologie dans la custodie.

Avec ces secours les p.p. Récollets ne se bornèrent plus à la ville de Brouage ; ils allèrent dans les lieux circonvoisins ; ils passèrent à l’isle d’Oléron, où les habitans paroissoient plus attachés à la Nouvelle religion & par cette raison étoient plus difficiles à ramener dans le sein de l’Eglise. Les Cordeliers avoient eu autrefois un couvent dans le Château d’Oléron ; un seigneur de Pons en étoit le fondateur. Dès les premières guerres civiles, les Huguenots l’avoient entièrement ruiné & avoient si cruellement maltraité les religieux qu’ils se crurent obligés de l’abandonner pour toujours.

Les récollets disposés à tout souffrir pour la vraie foi, entreprirent cette mission. Ils trouvèrent quelques personnes qui leur furent favorables, & qui leur donnèrent une maison pour faire leurs exercices. Mais voyant qu’ils ne pouvoient pas toujours l’habiter, ils formèrent le dessein de demander l’emplacement des pères Cordeliers & d’y bâtir un couvent. Ils consultèrent M. le Maréchal de Saint-Luc qui approuva le projet & envoya M. L’aîné à Angoulême pour demander cet emplacement aux pères Cordeliers qui tenoient pour lors leur Chapitre dans cette ville. Ces R.R.P.P. L’accordèrent : leur cession est de l’an 1611 ; Aussitôt on commença à bâtir un couvent. Le peu de Catholiques qu’il y avoit dans l’isle en firent toute la dépense.

Les huguenots, voyant cet établissement en devinrent plus furieux ; ils ne pouvoient souffrir que ces religieux combattissent leurs erreurs, ni qu’ils leur enlevassent quelques uns de leurs frères qui se convertissoient. Ils chassèrent les récollets, & brûlèrent leur couvent pendant les guerres de 1622. L’année d’après, Louis XIII ayant dompté ces rebelles, les récollets rentrèrent dans l’isle, & ils rebâtirent leur couvent, ainsi que nous l’avons marqué dans notre table chronologique. S’étant trouvé trop près de la Citadelle, on fut obligé de le transporter plus loin : on ne bâtit point d’église ; ce ne fut que long-temps après que le père Florent André l’entreprit. Il réussit à faire un très beau vaisseau, qui est très commode pour les religieux & pour le public. Jusqu’alors on s’étoit contenté d’un oratoire, qu’on avoit dressé dans une aile du cloître.

Le couvent des Récollets de Cognac

Lorsqu’en 1611 les récollets bâtissoient le Couvent pour la première fois, le P. Duverger put donner une mission à Cognac, ville agréablement située sur la Charente ; il étoit accompagné de plusieurs religieux. Les habitans, édifiés de leur zèle, voulurent les retenir, & leur bâtirent un couvent, avec la permission de l’évêque de Saintes. Dame Guillemette de Limeur, épouse de noble Gabriel de Salcède, lieutenant-général du régiment de Picardie, suffisamment autorisée de son mari, leur donna deux maisons & quelques petits jardins. La croix fut plantée le vingt-deux janvier 1612, Monsieur Pierre Gay, Maire de Cognac, tenoit un bout d’un ruban rouge attaché à la croix & M. de Salcède, l’autre bout.

Nous apprenons par un mémoire du P. Côme d’Albois, que ce couvent étoit très-petit & borné par une rue qui fut fermée du consentement de M. d’Epernon, gouverneur de la Province & de la ville. Le lieutenant-général appointa la requête qui fut présentée à ce sujet : c’était en 1622 sous le gardiena du P. Bruno Chassain. Le peuple renversa les Murailles pendant la nuit ; elles furent relevées par l’autorité de M. d’Epernon, qui envoya ses gardes pour défendre les maçons.

L’an 1635, le P. Janvier Roussel ayant été fait gardien dans la dernière congrégation du trienné du P. Martin Carrier, qui fut tenue à Cognac, il entreprit de faire un nouveau couvent plus grand & de bâtir une église, qu’il finit dans son trienne, avec les trois chapelles qui sont du côté de la rue, & le dortoir simple qui est le long de l’église. Il ne fut aidé de personne qui mérite le titre de bienfaiteur que de Mlle de Flanjaux qui donna 1000 liv à condition qu’on feroit bâtir une chapelle avec droit de sépulture, ce qui fut accordé. M. le Comte de Jonzac, lieutenant de roi en Saintonge, posa la première pierre de l’église qui fut bénite par le même P. Janvier Roussel le 3 septembre 1635.

En la susdite congrégation, M. de Reyniole, lieutenant-criminel, demanda d’être reconnu pour fondateur, comme héritier de M. & de Mde de Salcède. On examina les deux contrats qu’il produisit, & on n’y trouva pas d’obligation de les reconnoître pour fondateurs ; il y avoit seulement celle de dire dix messes annuellement. Il fut débouté de sa demande.

Dans la même congrégation M. Pierre de Gay, lieutenant-général de Cognac, demanda permission de faire bâtir une chapelle, avec droit de sépulture pour lui & l’aîné des siens. Il donna 1000 liv. & elle fut bâtie l’an 1638, sous le gardienat du P. Hilaire de Montlouis.

La maison noble de Saint-Orents ou Aurents a fait bâtir la citerne, & fondé une chapelle. Louis XIII a été le bienfaiteur de ce couvent.

Le R.P. Martial Hardy, prédicateur du roi & ancien provincial, l’a presque entièrement refaict ; il y a un très-beau corps de logis & un degré dont on admire la construction. Le père Gabriel Fraipeix avoit commencé.

Revenons à nos premiers missionnaires. Le P. Bernard Duverger vint prêcher à Saintes ; il le fit avec tant d’applaudissements que les habitans souhaitèrent d’avoir des récollets dans leur ville. Monseigneur l’Evêque Nicolas Le Cornu, leur donna l’église de St-Frémont, vulgairement St-Friont. On rapporte cet établissement à l’an 1615, ce qui ne s’accorde pas avec l’acte d’acceptation qui est de 1613. On conjecture que les récollets étoient déjà établis dans quelque maison de la ville en qualité de Missionnaires ; & en effet, ils étoient d’abord venus à Saintes avant d’aller à Brouage.

L’église de St-Frémont était placée en un lieu élevé, près de la citadelle, un peu éloigné de la ville. Le duc d’Epernon, Gouverneur de Saintonge, jugeant qu’il étoit nécessaire pour le service du roi d’agrandir la Citadelle, prit toute la place destinée pour le couvent. Cet inconvénient obligea les récollets de se placer ailleurs, on leur donna un fond dans la ville, près la rivière de Charente, le nouveau couvent fut bâti en partie des libéralités de Louis 13, & en partie de celles de Mgr Raymond de Montagnel, évêque de Bayonne, qui fut enterré dans l’église en qualité de fondateur. Elle est dédiée à St Bonaventure, & possède une relique de ce saint docteur, qui y est en grande vénération. Mgr. Jacques Raoul, évêque de Saintes, la sacra en 1630.

L’an 1719, ce couvent fut totalement réduit en cendres, par un accident dont on n’a jamais pu savoir l’origine. On perdit dans cet incendie les mémoires précieux des missions de la Saintonge, qui auroient servi à l’histoire de la province. Le couvent fut rebâti peu de temps après, mais parcequ’on s’était servi des vieux fondements on a encore été obligé de la réparer en 1757. Le R.P. Martial Hardy en a fait un très-beau couvent. Le R.P. Chrisologue Volk, ancien provincial, y a beaucoup contribué.

Quoique ces quatre couvents, Brouage, Oléron, Cognac & Saintes eussent été acquis par les soins & travaux du P. Bernard Duverger, la Custodie d’Aquitaine n’y avoit aucun droit, puisque ce religieux & ses compagnons n’avoient été envoyés en Saintonge que pour secourir les P.P. Bernardin & Antoine qui avoient toujours conservé la qualité de supérieurs. Mais ceux-ci, reconnoissants du service qu’on leur avoit rendu, & n’ayant pu obtenir aucun secours de leur custodie, ils entrèrent dans celle d’Aquitaine à laquelle ils donnèrent les quatre couvents dont nous venons de rapporter les fondations.

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