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1633 - Merpins (16) : Inventaire de l’abbaye de La Frenade

dimanche 23 novembre 2008, par Pierre, 939 visites.

Un document qui nous plonge dans la vie quotidienne d’une abbaye cistercienne malmenée par les guerres de religion.

Source : Archives Historiques de Saintonge et d’Aunis - T. X - 1882 - Original sur papier, à la Bibliothèque de Cognac.

Modification apportée au texte original : des interlignes ajoutés lorsqu’il y a un changement de lieu.

1633, décembre. — Inventaire des meubles et titres de l’abbaye de La Frenade, fait après la mort de dom Laurent de Bonnefoy, prieur, à la requête de Léonard Aujordanes, prieur de l’abbaye de Grosbot.

Aujourd’huy vingtiesme jour de décembre mil six cens cinquante trois, sur l’advis quy m’auroict esté donné de la mort de feu don Laurant de Bonnefoy, religieux, prieur de l’abaye de Notre-Dame de La Frenade, ordre de Citaux, comme estant le plus proche de ses voizins et confrères, voullant satisfaire pour plus grand honneur et gloire de Dieu, et pour l’obéissance que je doy aux supérieurs et généraux dudit ordre ; à cette faict, je me-serois acheminé pour aller à ladicte abaye, ce que je n’aurois peu faire ce jour-d’huy, ayant esté contraint de coucher en la ville d’Angoulesme, tant à raizon de l’injure du temps que des gens de guerres quy estoient dans les lieux circonvoizins, quy m’auroient faict hapréander ledict séjour en ladicte ville. Et le landemain lundy vingt ungiesme, je me serois acheminé aveq mes deux vallets jusque au lieu de laditte abaye de La Frenade, où je serois arivé à quatre heure du soir, auquel lieu je auroys trouvé Jean Bertineau, vallet domesticq dudict feu prieur, lequel, après l’avoir interogé s’il avoict gardé fîdellitté et s’il n’y avoîct personne quy hussent entré dedans ladicte abaye, ny faict viollance dans icelle, lequel nous a dict que non, et qu’il avoit conservé tout ce quy y estoit du vivant du dict feu prieur jusques à notre arivée ; quoy voyant, et atandant le landemin matin vingt deuxiesme du présant moys, pour satisfaire au dheu de notre charge, et suivant les constitussions de notre ordre et l’obéissance que je doy pour la conservation des droictz de laditte abaye, jusques à ce que autremant en soict ordonné par les supérieurs de l’ordre, à cette faict nous, frère Léonard Aujourdane, religieux et prieur de l’abaye de Notre-Dame de Grosbot, du mesme ordre, et à cette faict et pour satisfaire et pour empêcher que désordre n’arive aux droictz de ladicte abaye, nous a, ce jourd’huy vingt troisiesme du présant moys, envoyé quérir du bourg d’Ars où est ma demeure. A quoy inclinant, et à la prière dudict sieur prieur, me serois transporté jusques au lieu de ladicte abaye, où estant, et à la réquizition dudict sieur prieur, quy m’auroict pryé et requis voulloir travailler à l’invantaire de tout ce quy se trouveroict avoir esté délaissé après la mort dudict feu prieur, ce que luy aurions acordé en présance de Pierre Nicaud, marchant, bourgeois de Cougnac, sieur de Langlade, Louys Rousseau, maistre chirurgien, et Jean Fougère, maistre apotiquaire, demeurant en la ville de Cougnac, ce que luy avons accordé.

Et à cette faict nous auroit mené et conduict dans l’églize de ladicte abaye, où soulloict estre autrefois le réfectoaire quy a esté réduict puis peu de jours pour l’églize, atandu que l’ansiene est totallement ruinée par la négligence des abés commandataires, quy ont esté jusques à maintenant ; dans laquelle églize et sudict réfecteur avons trouvé ung hautel fort bien horné, quy démontre la dévotion, grand zelle et affection que avoit ledict feu prieur à tenir le lieu pour le plus grand honneur et gloire de Dieu en ordre.
Et sur icelluy autel ay trouvé ung fort beau tabernacle à deux elle, doré et hazuré, paraissant avoir esté achetté puys quatre ou cinq ans, aveq les degrés aux costés dudit tabernacle et deux nappes desus ledict autel quy sont fort chétives et plus de demye uzée, aveq les crédances aux costés dudict hostel où il y a six chandelliers de boys à la fasson de Crostelle, aveq de petits paremans au devant de la longeur desdittes crédances, comme aussy ung paremant devant le grand hostel, le tout conforme et estant coulleur à fleurs et mocquettes presque neuf, estant nouvellemant achetté par le soing desdits prieurs ; comme aussy avons trouvé sur icelluy hostel ung fort chétif missail quy n’est pas de l’ordre, ains du consille et tout deslyé, presque tout déchiré.
Item avons trouvé ung callice d’argent doré aveq sa platène aussy d’argent doré, estant faict à l’anquitité, estant dans ung estuit.
Plus c’est trouvé dans le sudict tabernacle ung petit siboire d’argent où repoze le Saint-Sacremant, quy paroist avoir esté achetté de nouveau et despuis deux ou trois ans en sa, an mesme tems que ledict tabernacle.
Plus avons trouvé deux chezubles, l’une de camellot blanc, bien étoffée tant en estolle que manipulle en la fasson de Paris, et l’autre estant fort entiene est de mocquette rouge ayant le fons blanc.
Plus ung aube de toille blanche aveq l’amit fort uzée, une sinture de fil blanc.
Plus une bourse corporallière, où il c’est trouvé ung corporaux aveq le vollet rouge et deux purificatoires de toille blanche.
Plus une croix pour porter à la procession, de boys couverte de fer blanc, et ung crucifix de cuivre.

Plus nous sommes montés dans la grande salle quy soulloit estre en dortouer, en laquelle avons trouvé une table aveq ses tréteau, estant de longeur de cinq à six piedz aveq deux banc de mesme largeur.
Plus deux landiers de fer battu et une cramaillière aussy de fer battu, attaché à la cheminée, une broche de fer et une grille aussy de fer.
Plus une petitte table de servitude aveq ses tréteaux à quatre pieds.
Plus une paire de grandes harmoires servant à mettre le pain et autres chozes.
Plus une autre petitte table aveq sa tirette fermant à clef.
Plus ung challit estant de boys de sap, estant neuf et couvert de tablotz dessus, garny de deux matellats fort uzés et couvertz d’une chétive couverte blanche.
Plus quatre petittes chères ayant les sièges de jonc, plus une vieille chaire de boys fort uzée.
Plus en ladicte salle c’est trouvé en une armoire estant dans la muraille quatre petits plats destin, l’un desquels a ung trou au fons, et six asiettes, plus une cuillère d’estin.
Plus une poisle et ung poislon.
Plus cinq chaudrons d’estin, l’un d’iceux escoullant trois seau et deux autres escoullant chascun ung seau et demy et deux autres escoullant chascun demy seau.
Plus ung chandellier de cuivre.
Plus une pustinjane [1].

Plus dans la petitte chambre estant derrière la cheminée de ladicte salle où nous sommes entré, avons trouvé ung chaslit et ung matellat dessus aveq ung lit de plume et avecq son traversier fort uzé, avecq une couverte de laine de coulleur de fumée à demy neufve. Plus deux petits lan-diers de fer battu aveq une petitle palle de fer servant atizer le feu.

Plus nous sommes transporté dans une autre chambre séparée de ladicte salle. C’est trouvé en icelle ung challit de boys de sap faict à naselle, au dessus lequel il y a ung matellat fort chétif. Plus une met de boys de sap, demye huzée.

Plus d’icelle dicte chambre nous sommes montés en ung autre chambre haulte où soulloit demeurer le prieur, en laquelle il y a trois challits neufs de boys de sap ; l’un des trois est garny d’une garniture de lit de tapisserie de crain et l’autre de fasson de feuilletin [2], laquelle garniture avoit esté achettée par don Louys de Chastillon, présédant prieur, laquelle est dhue à maistre François Bruing, hoste du Lion d’or du faubourg d’Angoulesme de La Busalte quy a la promesse dudit Chastillon.
Plus quatre vingt sept pellottes de chanvre, brin et reparonne aveq neuf escheveau de fil d’estouppe de chanvre poizant le tout à
Plus cinq linceux plus de demy uzés et d’estouppe et trois nappes, une demye neufve et les autres deux fort chétives, aveq dixhuict serviettes touttes fort chestives.
Plus une cougnée à couper du boys, plus une tranche, une palle baisse, plus une biche, une sye traversière pour syer le boys, plus ung picq de fer, plus ung marteau de fer.
Plus deux petitz potz de gresse, l’un tenant une pinte, et l’autre une chospine.
Plus ung pot de miel tenant trois chospines ou environ.

Plus nous sommes transportés dans le guernier, où estant, avons trouvé en mesture unze boisseaux plus deux boisseaux de garobe.
Plus deux barrique plaine comble de miel dont les fus sont à Jacques Rulleau et à Pierre Guiet.
Plus six boisseaux de febves cuizantes, estant en ung sallouer estant de la maison.
Plus cinq picottins de gros pois blanqs.
Plus cinq picottins de poix vairs.
Plus deux picottins de poix de promier.
Plus ung boisseau de poix rouges, un autre de poix chiches.
Plus ung picottin et demy de febves d’Espagne.
Plus demy boisseau de gisse cuizante.

Et ce jourd’huy vingt quatriesme du courant, moys et jour cy-dessus, estant en la grande salle, avons faict ouverture d’un coffre fermant à clef, dans lequel avons trouvé ung parement de l’autel de l’églize estant de camellot blanc de lisle garny au dessus de petitte touelle blanche et rouge, quy paroist avoir esté achetté nouvellement à la dilligence dudict feu prieur, et ce des espargnes qu’il faizoict.
Plus avons trouvé pluzieurs pappiers et tiltres consernant partyes des devoirs de la maizon. Pour l’ordre d’iceux, nous les avons mizes en liasses et cottée chascune liasse de sa lettre, pour n’avoir pas le tems suffizant pour randre tesmoignage de la partye d’un chascung et de ce qu’ils portent, ayant remis le tout à la venue des supérieurs et vicaire généraux de la province, quy consistent :

Premièrement en ung sacq de toille dans lequel c’est trouvé ung arest du grand conseil, donné au proffit du prieur contre l’abé commandataire, portant que le revenu de l’abaye sera partagée en trois tiers, en datte du vingt neufiesme jour d’apvril l’an de grâce mil six cens cinquante trois, signé : par le conseil, Hurbin, ensamble l’atache et réception d’icelluy par monsieur le lieutenant général d’Angoumois estant en pappier, en datte du vingt ungiesme may mil six cens cinquante trois, signée : du Mergue, greffier, et pluzieurs autres pappiers et sepétiallemant ung pappier sansif portant extraict de partye des cens et ranthes de ladicte abaye, comme aussy du prieuré de Merpins, aveq quelques couppies d’un segond arest donnés par nos seigneurs du grand conseil au proffict du prieur, confirmant le sudict premier arest contre l’abé comandalaire, portant les mesmes fins que le premier, lequel arest ne c’est trouvé en forme à raizon que pluzieurs personnes nous ont dict qu’il estoict entre les mains de Boisneau, sergent royal, pour le mettre à exécution et le signiffier tant à l’abé que aux fermiers, ayant mesme esté payé pour ses frais et sallaires de se faire, ainsy qu’il nous a esté raporté et dict par pluzieurs personnes, à quoy il faudra vacquer de retirer ledict arest des mains dudict sergent, icelluy arest estant en datte du trantiesme jour d’octobre mil six cens cinquante trois, à la relassion des gens du grand conseil et sellé du grand seau de sire jaune ; et autres piesses et tiltres contenant l’envoy dudict arest.
Plus une liace de filtres en parchemin et pappier consernant les droictz de ladicte abaye, contenans trante deux piesses cottée par A.
Plus une autre liasse de tiltres consernant les droicts et devoirs de ladicte abaye situés au lieu de Courcoury, estant au nombre de vingt deux, cottée par B.
Plus une autre liasse de titres en parchemin, estant au nombre de vingt cinq piesses où il y a pluzieurs plaquars de pion, quy fait voir les privilliège et extraictz du revenu de ladite abaye, cottée par C.
Plus ung sacq où sont les tiltres et recongnoissances de l’isle Marteau contre le prieur de Merpins, cotté par la lettre D.
Plus une autre liasse de tiltres consernant les droictz de ladite abaye en parchemin et pappiers, en lesquels il y a pluzieurs entiens seaux de cire de diverse coulleurs, estant au nombre de trante neuf, cottée par E.
Plus une autre liasse en parchemin consernant pluzieurs tiltres des devoirs de la maizon, et sont celles de pluzieurs ceaux entiens estant au nombre de quarante piesses cotté par F.
Plus une autre liasse de pluzieurs tiltres en parchemin, estant aussy cellée de pluzieurs seaux entiens consernant les droictz de ladicte maizon, estant au nombre de trante, cottée par G.
Plus une autre liasse de tiltre en parchemin, consernant les droictz de ladite abaye, où il y a pluzieurs seaux entiens à queue pandante, estant au nombre de quarante, cottée par H.
Plus une autre liasse estant en pappier contenant soixante dix piesses qui sont la majeure part déclarations et recongnoissance faicte par les tenansiers de ladicte abaye, cotté par I.
Plus une autre liasse de tiltres, où il y a pluzieurs seaux entiens en queue pandante, estant au nombre de quarante, cottée par lalettre K.
Pluzieurs déclarassions et recongnoissance atachée ensamble consernant les dixmes de ladicte abaye tant en pappier que parchemin, cotté par L.
Plus une autre liasse de pluzieurs tiltres en parchemin, y ayant pluzieurs seaux entiens, estant au nombre de quarante cinq, cottée par M. 
Plus une autre liasse de tiltres en parchemin consernant les droits de la [dicte] abaye, où sont ataché pluzieurs seaux, estant au nombre de vingt huict, cotté par N.
Plus une liasse de pluzieurs pappiers contrats consernant les dimes de ladicte abaye, estant au nombre de quarante, cotté par la lettre O.
Plus une autre liasse en parchemin où sont pluzieurs tiltres et baillettes consernant partye des debvoirs de ladicte abaye, estant au nombre de vingt six, cottée par P.
Plus une autre liasse estant en pappier où il y a aussy pluzieurs tiltres consernant les devoirs de ladicte abaye, estant au nombre de cinquante, cottée par Q.
Plus une autre liasse estant en pappier consernant les devoirs de ladicte abaye, estant au nombre de tränte deux piesses, cottée par R.
Plus, quelques piesses dans ung petit sacq pour l’isle de Courcoury, cotté par S.
Plus ung autre sacq contenant une proceddure pour le moullin de Merpins, cotté par la lettre T.
Plus une liasse de pappier, estant jusque au nombre de treze piesses, cottée par la lettre V.
Plus une autre liasse de pappiers contenant recongnoissance et autres tiltres consernant les droicts de ladicte abaye, estant au nombre de vingt neuf piesses, cottée par X.
Plus une autre liasse de pappiers consernant les droicts de ladicte abaye, estant au nombre de douze, cottée par Y.
Plus une autre liasse de lettres missives etautres pappiers consernant quelques proceddures, cottée par la lettre Z, aveq une croix.
Plus une grosse liasse de cayers, estant des sermons et sélections pour prescher, le nombre desquels caiers n’est conté, cotté par ung et nom de Jésus.
Plus une autre liasse estant en parchemin et pappier ayant pluzieurs seau queue pandante, estant au nombre de 5, cotté par le chiffre 2.
Plus une autre liasse de pluzieurs pappiers de proceddures et mémoire de fermes, cottée par 3.
Plus une liasse plyée en rond où sont les pappiers de recepte et mize dudict feu prieur aveq pluzieurs mémoires enfermés dedans, quy font mantion de ce qu’il a reçu et perçu et de ce qu’il doibt ou de ce qu’il luy est dheu, cottée par le chiffre 4.
Plus une autre liasse où il y a pluzieurs pappiers tant d’arantement que tiltres et autres extraitz qu’il fault voir à loizir, cottée par le chiffre 5.

Plus nous sommes entré dans l’entien guernier quy soulloit estre la suitte du dortouer au dessus une voste, où avons trouvé la quantitté de trois cens de fagots pour l’uzage dudict feu prieur.
Plus avons trouvé trois chartées de foing, lequel foin avoit esté vandu par ledict feu prieur à Jean Micheau et Mathurin Pointreau, du bourg de Genté, lequel dict deffunt en auroict reçu vingt six livres huict sols, ainsy qu’il nous a aparu par son pappier journal, et dont lesdicts aquéreurs dudit foing nous sont venus trouver pour emmener ledit foing, que je aurois enpesché jusques à ce que je aurois esté sersioré de la venthe, ce que ayant esté par Pierre Nicaud, bourgois de Cougnac, et Jean Bertineau, serviteur domestiq duditfeu prieur, quy nous ont dict que le dict foin avoit esté vandu par ledit feu sieur prieur au desnommé cy dessus, ce que voyant, je aurois acordé aux dicts aquéreurs que la moitié dudict foin leur seroict dellivrée, ce quy auroict esté faict veu la chéretté et disette du tems, pour la nouriture de leur bestail, et l’autre moitié dudict foin demeure à ladicte abaye pour survenir aux nésessités et provizions nécessaires du prieur quy y sera estably par les supérieurs.
Plus trouvé dans ledict guernier deux meschans fus de baricques.

Plus nous sommes dessandus dans une chambre proche et derrière le grand hautel de l’églize, à la sacristie, en laquelle ces trouvé deux paires d’armoires ; l’une des deux apartient à Pierre Delhomme, ainsy que on nous a dict, et l’autre estant de la maizon, aveq deux petits bans de tables de la longeur de six pieds.

Plus de l’autre chambre nous sommes allés dans la boullangerie, quy a esté faicte de nouveau dans une partye de l’anliene églize, dans laquelle ces trouvé une uche à pestrir et faire du pain aveq ung tablyer et rien plus, laquelle boullangerie soulloict d’autrefois estre planchée à neuf ; mais on nous a dict que don Louys de Chastillon, présédant prieur, avoit faict déplancher ladicte boullangerie et faict mettre les planches., (illisibles..) dans la grande salle haulte, ainsy que le tout nous a haparu.

Plus de ladicte boullangerie nous sommes venus dans la cave quy soulloict estre l’antiene sacristie et lhorsque l’anliene églize estoict en son estat, dans laquelle avons trouvé deux fus de barrique, dans l’un desquels fus ces trouvé du vin blanc environ le quart de la barrique, et quy n’est bien bon, ayant une santeur mauvaize de fus, quy est pour l’ordinaire des serviteurs, lesquels deux fus n’apartiennent ni ne sont de l’abaye et apartienent à ceux quy avoient vandu le vin, ainsy que nous a dict le serviteur domestiq.

Et de ladicte cave nous sommes remontés dans ung petit guernier au dessus de la chambre que ledict feu prieur est mort, dans lequel avons trouvé ung certin charnier ou sallouer dans lequel c’est trouvé ung petit mourseau de pourseau sallé que le feu prieur avoit pour l’ordinaire de ses vallets.

Et d’illec sommes dessandus dans la grande salle, où estant nous nous sommes faict raporter ung petit coffre quy estoit dans la chambre où ledict feu sieur prieur est mort, qu’on nous a dict apartenir à Pierre Delhomme le jeune, icelluy fermand à clef, dans lequel cy est trouvé deux louys d’argent vallant six livres six sols les deux, que j’ay moy, prieur de Grosbos, pris pour estre employés aux nésessités du voiage, et en outre c’es trouvé dans ledit coffre pluzieurs pappiers quy ont esté mis et arangés en liasse, aveq les autres.
Plus quatre petites cuillères de cuivre estamées d’estin.
Plus ung coupperet pour acher des espinards.
Plus une petitte palle de fer servant à rascler l’escallier.
Plus une serpe à coupper du boys.
Plus une petitte table quy soulloit servir à la sacristye.
Plus une petitte cuillère de fer servant, à tranper le potage.
Plus ung tapis et parement d’autel de vielle mocquette.
Plus ung tapis sur la table de la grande salle estant en fasson de tapisserye de feuilletin. [3]
Plus en la cheminée de la grande salle c’es trouvé une barre de fer pour mettre sur les landiers.

Plus dans la chambre où est mort le feu prieur, c’es trouvé une robe blanche de l’uzage de l’ordre et ung secapullaire et chapron noir dudit uzage.
Plus ung hault de chausse de son uzage et de mesme estoffe que la robe, fort uzé.
Plus deux quazaques noires, dont l’une luy avoit esté prestée par ledit sieur de Grosbo, ainsy qu’il nous a dict.

Le canal du Né à Merpins
Photo : P. Collenot - 2005

Plus ung batteau avec sa chaîne et cadenat fermant à clef, estant sur la rivière du Né.

Plus une ruche de mouche à miel que nous avons trouvée dans le jardin.

Plus avons trouvé quatre petits pourseau nourrins, lesquels estoient à charge à l’abaye pour n’avoir nouriture suffizante pour les nourir ; ce que voians, pour la descharge de ladicte abaye et pour obvier aux frais et nouriture d’iceux, nous les avons envoyé à vandre au quanton et marché de Cougnac, où estant, il s’en est vandu trois d’iceux à la somme de trante deux livres dix sols, et l’autre ne c’estant pas vandu, je aurois esté contrainct de le faire saller, n’ayant de quoy le nourir, et faict saller dans ung petit charnier ; laquelle somme cy-dessus a esté employée partye au payemant des partyes que le dict sieur Nicauld nous a fourny cejourd’huy datte des presantes, signée de luy, portant et faizant l’état de ce qu’il a fourny despuis la mort dudit feu prieur jusques à cejourd’huy, de laquelle somme cy dessus ledict Nicauld en a reçu treze livres quatorze sols, quy fait qu’il n’en reste que dix huit livres quinze sols.

Item avons veu les partyes de monsieur Rousseau, maistre chirugien de la ville de Cougnac, qui avoit asisté ledit feu prieur en sa malladye, quy se trouve monter à la somme de trante-cinq livres dix sols, sof touttefois à débattre ce que de raizon ; dont et sur laquelle somme ledict Rousseau a confessé avoir reçu huict boisseaux d’avoyne mezure de Cougnac, que avons jugé valloir dans ce tems la somme de vingt sols le boisseau, revenant à huict livres, que le prieur venant sera tenu de desduire et de payer lesdictes partyes, déduction faicte desdittes huict livres, ainsy qu’il verra bon estre ; lesquelles partyes cy dessus sont signées dudict Rousseau, et cejourd’huy il a ranportés pour les reprézanter au prieur quy sera nommé de la présante abaye.

Plus ledict sieur Rousseau, maistre chirurgien, c’est randu porteur des partyes de Jean Fougère, maistre apoliquairc dudict Cougnac, quy commance le premier article du douziesme juillet mil six cens cinquante-trois et finist par l’article du unziesme décembre audict an, lesdictes partyes n’estant signée, lesquelles je ay ranvoyé par ledict Rousseau quy c’est chargé d’icelles, pour les reprézanter au prieur quy y sera nommé, afin de les débattre ainsy que de raizon, et, se faict, les payer ainsy qu’il vera bon estre.

Laquelle invantaire cy dessus a esté faicte de tout en tout, et après avoir faict la recherche et perquizition de la véritté d’un chascun, ainsy qu’il nous a paru en présance des tesmoings soussignés...

Faict et clos et aresté ce vingt-neufiesme du moys de décembre mil six cens cinquante trois, audict lieu et abaye de La Frenade.

Plus nous a esté raporté et donné advis que ledict feu sieur prieur avoit trante-six boisseaux de mesture, mezure de Cougnac, chés le sieur suptitu du procureur du roy au siège royal de Cougnac, ainsy que nous a raporté Jean Brisson, fils de Jean Brisson de La Frenade, serviteur domestiq dudict feu, nous ayant esté certiffié par ledict Brisson quy y avoit esté audict lieu et veu ladicte mesture au guernier dudict sieur suptitu en la prézance dudict sieur prieur ; et mesme nous a esté raporté par Robert Devanzac, cy devant serviteur domesticq dudict prieur, qu’il avoit toujours ouy dire que ledict feu prieur avoit trante six boisseaux de mesture dans la ville de Cougnac, de blé et sègle, qu’il avoit retiré en se lieu pour plus grande suretté, à quoy finissant et (illisible) ce que dessus nous avons signé le jour et an sudict.

PELLEPRAT, curé d’Ars. ROUSSEAU, curé de Merpins. L. AUJORDANES, prieur de Grosbot, agissant comme dessus. NICAULT. ROUSSEAU. R. DEVANZAC. BERTIN, notaire royal.


[1On appelait autrefois de ce nom peu décent les grosses bouteilles appelées aujourd’hui dames-jeannes.

[2NDLR : probablement pour Felletin, ville située à proximité d’Aubusson, et dont la spécialité est la tapisserie

[3id.

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