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1679 - Assemblée paroissiale aux Touches-de-Périgny (17)

dimanche 8 avril 2018, par J. Reneaud, Pierre, 469 visites.

Les assemblées paroissiales sont le mode traditionnel d’administration des paroisses (au sens que nous donnons aujourd’hui aux communes).
Elles sont composées des habitants les plus imposés (donc les plus riches) de la paroisse, sous la responsabilité d’un ou plusieurs syndics.
Elles délibèrent sur des dispositions pratiques d’organisation de la vie commune, nomment des responsables dans divers domaines, dont la perception des impôts, la protection des biens et récoltes, etc. Leur pouvoir est totalement différent de celui des seigneurs et des curés.

Aux Touches-de-Périgny, ce 15 août 1679, après la messe, l’assemblée se réunit pour prendre des décisions sur la protection des raisins (nous sommes en pays viticole) et sur la future récolte des noix.
Bienvenue au village...

Assemblée paroissiale du 15 août 1679 aux Touches-de-Périgny
pour sanctionner les animaux domestiques « amateurs » de raisins et de noix.

Les Touches-de-Périgny au temps de cet assemblée :

- Dans son rapport de 1699 sur la Généralité de La Rochelle, l’intendant Michel Bégon écrit :
"Les Touches de Périgné - Taille : 1800 livres - Seigneur principal : Madame de Chenay - bled [blé], et vin."
- Une étude très fouillée de Christian : 1686 - État des paroisses de l’élection de Saint-Jean d’Angély : étude et cartographie

Un autre document de la même époque : "1686 - Etat des paroisses de l’élection de Saint-Jean d’Angély" donne des précisions intéressantes sur les communes contiguës de Haimps-Fraigneau (17) et les Touches-de-Périgny (17) :

- AINS ET FRAGNEAU. - Taille : 1680, 2,662 L. — 1681, 2,534 L. — 1682, 2,555 L. — 1683, 2,884 L. — 1684, 3,000 L. — 1685, 2,680 L.

Les révérends pères bénédictins de Saint-Jean d’Angély sont les seigneurs. — 155 feux [env. 680 hab]. — La terre produit plus de vin que de grain, il n’y a ny bois ni pascages. Haimps et Fraisneau.— L’église et la seigneurie d’Haimps avaient été abandonnées par Pierre II, évêque d’Angoulême, aux moines de Saint-Jean d’Angély, en échange de l’église de Saint-Cybard. Elles dépendaient de la mense abbatiale et furent affermées le 2 janvier 1720 moyennant 1.400 livres, dont 300 payées au vicaire pour sa portion congrue. La seigneurie de Fraisneau appartenait, en 1685, à Jacques de Ponthieu, du chef de Judith Rousseau, sa femme, dame de Fraisneau.

- LES TOUCHES DE PÉRIGNÉ.

Taille : 1680, 2,550 L. — 1681, 2,514 L. — 1682, 2,535 L. — 1683, 2,652 L. — 1684, 2,400 L. — 1685, 2,190 L.

M. de Bourdeilh [Bourdeille, seigneur de Matha] en est seigneur. — 182 feux [env. 850 hab.] — La terre est de mesme production que celle cy-dessus. Les Touches de Périgny. — La seigneurie des Touches de Périgny appartenait au XVIe siècle à la famille de Ponthieu, au XVIIe à la famille Gréaulme et à Jean Rabin, écuyer, seigneur de Rauville, qui l’arrenta à Maurice Barreau, avocat du roi en l’élection de Saint-Jean d’Angély en 1705.

Autres :
- une histoire de bois et de pâtures aux Touches en 1482


Eglise Notre-Dame de l’Assomption aux Touches-de-Périgny (elle n’avait pas cette apparence en 1679). La première fondation remonterait à 1028, mais l’église actuelle date du 18ème siècle. Sur la charpente du clocher, on peut lire la date de 1742. La construction dura quatre ans, mais le portail ne fut édifié qu’en 1769. L’église a une situation excentrée par rapport au village, car initialement elle fut construite dans le but de satisfaire aux besoins religieux des paroisses du Gicq, Cressé et Les Touches.

Acte du Notaire J. Bertrand cote E 760 (Archives Départementales de Charente-Maritime), transcrit par JBA (CGS n° 596)

 Texte original

Un document difficile à déchiffrer !!!

Aujourd’huy quinze aoust mil six cents septante neuf après midy, par devant moy N(otai)re juré au conté [comté] de Matas [Matha], ont comparus en leurs personne René ROUJON marchand et Jean PORCHERET sergent, sendicqs* de la parroisse des Touche(s) de Périgné/ Lesquelz, parlant aux personne de : Silvestre BERAUD (?) es(cuye)r Sieur de Grand Bois, Joseph THOURY Sieur de Labarière,
Jean GAILLEAU lab(oureur) à beufs dict Chinut(?), Jean DAIGRE *tessier en toille, Pierre DOUHAUD, Jean BEJON, Jean RENAUD, Jean LEGRAND, Louis REAU, Louis MAGNAN, Pierre REAU, Jean ABELIN, Jean LUCAUD *L’esné, Pierre MORISSé, Estienne ROUSSEAU : tous lab(oureurs) à bras et à beufs et autre, faisant la majeur part des habitans de la dicte parroisse/ Lesquelz dicts sendicqs su(s)nommés, parlant audicts habitan, leur ont dict et remontré qu’il est nesaissaire [nécessaire], pour le bien du publicq pour la conservation des vignes et [des] noix quy sont dans la dicte parroisse, de mettre des gardiens pour garder les dictes vignes et noix et d’enscrire en(?) nomination des dicts gardiens/

Lesquels dicts habitans su(s)nommés ont tous *duhanimemant dict et desclaré qu’ilz nomme(nt) pour garder les dictes vignes et noix de la dicte parroisse, les personne(s) de Hillaire FAVREAU (?) et Simon REAU, habitans de la dicte parroisse des Touche(s)/ Veulent et entendent les dicts habitans que les dicts gardiens ayent [= perçoivent] : - dix solz pour chascune paire de beufs qu’ils trouveront [papier déchiré, illisible] dès (?) ce jourd’huy jusque après les … vendange prochaine faicte : - cinq solz pour un cheval, - cinq solz par oison, - deux solz six deniers par chèvre - et un sol par chasque *berbis / De laquelle nomination et certification, les dicts sendicqs et habitans su(s)nommés m’ont requis acte, à moy notaire soubz signé, ce que leur ay octroyé pour leur valoir et servir ce que de Raison/ Fait le jour et an que dessus, estant au canton dud(ict) bourg des Touche, présanse [en présence] de Mr Jean NORET sergent Royal demeurant au village du Routis [Roty] parroisse de Gibourne et de Jean DUBREUIL laboureur demeurant en la dicte parroisse de Gibourne, tesmoings requis/ Et ont desclaré les dicts habitans … (rature) … ne scavoir signer, fors les soubz signés de ce enquis.

[Suivent les signatures des 2 « Sieurs », des 2 syndics, des 2 témoins et du notaire.]

Les signatures


— -

 Commentaires

En l’absence des registres paroissiaux des Touches de Périgny (Périgné) et de Gibourne pour le 17ème siècle, cet acte permet d’avoir des renseignements sur les habitants et sur leur vie quotidienne.

Date du document : 15 août : la tenue de l’assemblée un jour de fête religieuse (l’Assomption) présente deux avantages, la présence de tous les habitants à la sortie de la messe du jour, et un gain de temps pour des agriculteurs bien occupés à cette période de l’année. Il est possible aussi que cette assemblée qui revient annuellement, se tienne traditionnellement le jour du 15 août. Nous n’avons pas pu vérifier cette hypothèse.

Les assemblées ne rassemblent pas l’ensemble de la population du village, mais seulement les plus riches propriétaires. Eux seuls ont droit de vote. On notera que seuls les deux syndics et deux membres savent signer (ce qui ne veut pas dire qu’ils savent écrire). Les autres participants disent ne pas savoir signer. Une situation tout à fait courante à cette époque

Fin août, les raisins commencent à être bien mûrs. C’est tentant pour les animaux errants ou en pâture libre, mais aussi pour les humains gourmands. La vendange va avoir lieu dans 3 ou 4 semaines. Il est donc urgent de rappeler les règles et de préciser certains détails. Les noix se récoltent généralement en octobre.

L’étape suivante, dans les pays de vigne, sera la publication du "ban des vendanges". C’est une prérogative du seigneur local. Il s’accorde en même temps une priorité pour faire vendanger ses vignes les premières. Un usage qui survivra, avec adaptation, jusqu’au 19ème siècle. Voir cette page

Notes concernant la transcription de ce document assez bien orthographié pour l’époque :
(?) = mot incertain, ( ) = complément de l’abréviation faite par le notaire, [ ] = graphie actuelle, * = voir le glossaire
en l’absence de séparation des phrases par le notaire, le point est représenté par un / et quelques virgules ont été ajoutées.
Plusieurs répétitions voulues par le notaire (payé à la ligne) sont transcrites en caractères plus petits,
D’après Vauban dans « Projet de dîme royal » publié en 1707, un manouvrier gagnait en moyenne 8 sols par jour en 1700 (Sources Histoire et Généalogie par Thierry Sabot Théma n° 2 page 26).

 Glossaire

* berbis = brebis
* duhanimemant = unanimement
* lesné = l’aîné
* Sendicqs = syndics = 2 représentants des habitants nommés par eux pour gérer leur communauté villageoise et régler les litiges,
* Tessier = tisserand (on trouve aussi tissier, tixier, texier (qui a donné le patronyme très courant)
 

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