Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1683 - Factum contre les Prétendus Réformés de Saint-Germain-du-Seudre

dimanche 9 décembre 2018, par Pierre, 211 visites.

Factum : Récit de l’une des parties, destiné aux juges, exposant sommairement les faits d’un procès. Il s’agit ici d’argumentaires en faveur de la partie catholique (Diocèse de Saintes), contre les Protestants.

Le dé-tricotage de l’Edit de Nantes, pendant les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, se fait de différentes manières :
- par l’usage de la justice Royale, ce qui nous donne des dossiers d’argumentaires (factums) pour aider le clergé du diocèse de Saintes à lutter contre les protestants ;
- par l’usage de la force : dragonnades, mises au couvent, envoi aux galères, etc.

L’intérêt de ces "Factums" est la description de la situation locale du protestantisme pendant les règnes de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, avec les noms et les rôles des acteurs locaux, lorsque cela est utile à l’argumentaire..

Source : Factums pour le syndic du clergé du diocèse de Saintes contre les prétendus réformés de Saintonge, sur le sujet des temples et des exercices publics de leur religion qu’ils ont établis dans le diocèse de Saintes, par contravention aux édits. - 1683 - BNF Gallica

Voir ici une page de synthèse sur les 41 factums en cours de publication sur ce site. On y trouve la liste des lieux concernés par un Factum, et les références réglementaires sur lesquelles s’appuie le rédacteur, Monseigneur de Châteauneuf.

S. GERMAIN DU SUDRE.

FACTUM
Pour le Syndic du Clergé du Diocese de Saintes, demandeur.
Contre les Prétendus Reformez de S. Germain du Sudre défendeurs.

Il ne faut que lire les pièces produites par les P. R. de S. Germain du Sudre, pour estre convaincu qu’ils n’ont pu établir un exercice public de leur Religion dans leur Bourg, ny construire un Temple, sans une contravention manifeste à l’Edit de Nantes.

En effet, de toutes les pièces qu’ils ont produites, il n’y en a pas une qui ne condamne leur prétention : car elles font toutes voir que depuis l’année 1575. jusques en l’année 1634. il n’y a point eu de Ministre residant à S. Germain du Sudre, point d’Eglise dressée , ny d’exercice public de la R. P. R. audit lieu. Les défendeurs alloient aux exercices voisins, & ne faisoient qu’une annexe d’une Eglise principale qui estoit proche d’eux, où il y avoit un Ministre qui venoit quelquefois chez eux leur rendre service, & pour cela ils contribuoient quelque chose par an pour son entretien.

Les titres produits sous les cotes A. B. C. D. prouvent que l’Eglise de S. Fort & celle de S. Germain du Sudre estoient jointes à celle de Gemosac en l’année 76. & 78. Ces trois lieux estoient servis par le nommé Allés Ministre, qui vint demeurer a Gemosac au mois d’Avril de l’année 76. comme il paroist par la derniere piece remise sous cote B.

Depuis l’année 78. jusques en 90. il ne paroist point qu’on ait fait aucun exercice public de la R. P. R. à S. Germain du Sudre, ny que ceux de ce lieu se soient joints à quelqu’une des Eglises voisines, & ayent contribué quelque chose pour l’entretien d’un Ministre.

En 90. le nommé Roberson s’accorda avec ceux de Gemosac, pour estre leur Ministre, comme il est porté dans la piece cotée sous la lettre C. & il est dit dans cette pièce, que ceux de S. Germain estoient joints à l’Eglise de Gemosac.

En 96. ceux de Gemosac firent un nouvel accord avec ledit Roberson : ils ne l’avoient pas trop bien payé, pourles services qu’il leur avoit rendus dans les années precedentes. Il fut dit par cét accord, que pour tout ce qu’il pourroit prétendre des arrerages qu’on luy devoit, on luy donneroit comptant quatre-vlngts-quinze livres, & pour l’avenir quatre cens cinquante livres par an, dont ceux de Gemosac en payeroient trois cens, & ceux de S. Germain, les autres cent cinquante. Il est encore marqué dans cét accord, que le Ministre fera sa demeure à Gemosac, & que de trois Dimanches l’un, il donnera un Presche à ceux de S. Germain du Sudre. Tout cela paroist par la pièce produite sous cote F. & cela prouve clairement ce que soutient le Syndic : sçavoir, qu’il n’y avoit point d’exercice établi à S. Germain du Sudre ; mais que ceux de ce Bourg estoient joints à une Eglise voisine, & donnoient quelque chose au Ministre de cette Eglise, pour les services qu’il leur rendoit quelquefois.

Pour l’année 97. ils ne produisent rien, : il est seulement marqué dans la pièce cotée sous la lettre G. que l’Eglise de Gemosac & S. Germain estoit absente au Synode tenu à la Rochelle le 7. Mars 1597.

En 1606. ils estoient encore joints à l’Eglise de Gemosac, & payoient au Ministre qui servoit cette Eglise, une certaine quotité dont ils estoient convenus, comme il est dit dans la piece produite sous cote H.

Cette union duroit encore en 1613. comme il paroist par les pièces produites sous cote I.

Mais en 1616. ceux de S. Germain s’unirent avec ceux de S. Fort, à condition qu’ils payeroient une tierce partie de la pension que l’Eglise de S. Fort donnoit tous les ans au Ministre qui la servoit. Cela paroist par la piece cotée sous la lettre K. Ils renouvellérent encore cét accord & cette union en 1634. promettant de payer au Ministre de S. Fort, la tierce partie de la somme dont on estoit convenu avec luy, pour son entretien. Cela se voit par la pièce produite sous cote L.

De tous ces faits qui sont constans par les titres produits au procès, il est clair, que les P. R. de S. Germain du Sudre , non seulement dans les années requises par l’Edit de Nantes, mais mesme dans les suivantes, jusques à l’an 1634. n’ont point eu chez eux de Ministre residant, point d’Eglise formée, & point d’exercice public de leur Religion établi dans leur Bourg : aussi n’ont-ils pu produire ny baptesmes faits, ny mariages celebrez, ny Cene adininistrée audit lieu de S. Germain du Sudre.

Ils disent qu’ils estoient unis à l’Eglise de Gemosac. Cela prouve, à la verité, qu’à S. Germain du Sudre il y avoit plusieurs personnes qui faisoient profession de la R. P. R. Cela prouve qu’ils alloient à l’exercice de Gemosac, qu’ils y portoient baptizer leurs enfans, qu’ils y celebroient leurs mariages. Mais cela prouve- t-il qu’on a fait à S. Germain du Sudre, l’exercice public de la R. P. R. Il ne paroist pas qu’on en ait fait aucun acte. Cependant, les P. R. de ce lieu n’ont pas laissé, depuis environ quarante ans, d’établir dans leur Bourg, un exercice public de leur Religion, & de construire un Temple de leur autorité propre, & sans obtenir aucune permission du Roy. Mais comme ils n’ont pu faire cela sans une contravention manifeste à l’Edit de Nantes & aux Déclarations de Sa Majesté, le Syndic du Clergé de Saintes a sujet de
croire qu’on ne les souffrira point dans cette possession.

Pour ces moyens, le Syndic espere de la justice de Sa Majesté & de celle de Nosseigneurs de son Consell, que l’exercice public de la R. P. R. sera interdit à S. Germain du Sudre, & le Temple où il se fait, démoli jusques aux fondemens, par les defendeurs.

Monseigneur DE CHASTEAU-NEUF, Rapporteur.

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