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1700-1779 Éphémérides historiques de la Rochelle revisitées

vendredi 17 avril 2020, par Pierre, 337 visites.

Les Éphémérides historiques de La Rochelle, publiées par J-B Jourdan en 1861, sont une véritable mine d’informations sur l’histoire de cette ville. Cet ouvrage essentiel est composé de 847 notices sur les événements du riche passé de cette ville. Pour chacune de ces notices, les sources d’archives sont mentionnées, et l’auteur compare les sources, leurs éventuelles contradictions.
Un ouvrage qui est aussi déconcertant pour le lecteur, puisque les événements y sont classés du 1er janvier au 31 décembre, toutes années confondues, ce qui rend impossible d’y retrouver la chronologie sous-jacente.
Nous avons "revisité" cet ouvrage en reclassant les 847 notices dans leur ordre chronologique du 21 mars 1089 au 12 novembre 1858.
Réalisée en période de confinement, propice aux travaux au long cours, cette nouvelle présentation facilitera, nous le pensons, les recherches des amateurs de l’histoire de cette ville au riche passé.
Nous avons conservé l’intégralité du contenu des 847 notices, avec leurs notes de bas de page. Pour faciliter la lecture, ces notes suivent immédiatement le texte principal de chaque notice.

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ÉPHÉMÉRIDES ROCHELAISES.
Tout le monde sait que ce fut par un édit de Charles IX , donné à Roussillon, en Dauphiné, le 9 août 1564, que le premier jour de l’année fut fixé pour l’avenir au 1er janvier. Antérieurement dans l’Aquitaine , dont faisait partie la Rochelle, l’année commençait le 25 mars, contrairement à l’ancienne coutume de France, qui fixait le premier de l’an au jour de Pâques. Toutefois, l’année municipale rochelaise continua de s’ouvrir le jeudi après la Quasimodo, jour de l’installation du Maire, dont l’élection avait lieu chaque année le dimanche de la Quasimodo.


1700
1700 02 18. — A trois heures après midi, tremblement de terre, suivi de légères secousses. (Arcère.)
1700 02 25. — Jour des cendres, à 3 heures après midi, tremblement de terre. (Maudet.)
1700 05 19. —- « Jour de saint Yves, on a commencé à dire la messe aux Augustins, à laquelle assistèrent les procureurs, les avocats et greffiers, en conséquence de l’acte passé avec les pères Augustins, qui doivent, au décès des confrères et de leurs femmes, faire service pour le repos de leur âme. Les procureurs et les avocats à leur réception doivent se faire inscrire en la confrérie et payer dix livres aux Augustins. (Maudet.)(1) »

(1) V. ma 1ère Lettre Rochelaise.


1700 07 18. — Décès de Marie de Cardozo de Iont-Carmèl, dite de la Conception , supérieure du tiers-ordre de Saint-Augustin de la Rochelle, morte en cette ville en odeur de sainteté. Elle était née, en 1651 , à Lisbonne, où elle avait épousé Pierre Meusnier, fils de l’un des plus riches négociants Rochelais , qui y était allé apprendre le commerce et la langue du pays. En 1675 , elle suivit son époux à la Rochelle ; mais celui-ci, déshérité par ses parents, mécontens de ce qu’il s’était marié sans leur consentement, mourut bientôt, la laissant dans la misère, avec un enfant en bas âge. Elle puisa dans sa profonde piété une admirable résignation pour supporter toutes les privations et les maladies dont elle fut accablée. Dès l’âge de sept ans , raconte son biographe , qui avait été son confesseur, elle avait eu une vision : « le Christ lui étoit apparu, attaché à la croix, le Saint-Esprit reposant sur sa tête, entre les bras du Père Éternel, qui l’embrassoit. En 1690, le jour de l’Assomption , elle étoit dans l’église Notre-Dame, plongée dans une méditation extatique ; elle se sentit tout à coup percer le côté comme d’un coup de lance , avec tant de douleur qu’elle tomba évanouie. La même année , le jour de la Toussaint, dans l’église des Augustins, où elle fesoit oraison , le fils de Dieu lui apparut avec une flèche à la main, dont il lui perça le même côté. » Semblable chose lui arriva le jour de la fête de St-Mathieu, et depuis ce moment elle ne put se coucher sur ce côté, ni souffrir que rien y touchât. La douleur qui lui en resta ne finît qu’avec la vie , et chose très remarquable, cette douleur devenait plus vive quand elle se livrait aux actes d’une plus grande piété. Elle était entrée dans le tiers-ordre des Augustins, après avoir prononcé les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance ; mais comme « plusieurs personnes, et parmi elles des religieux, traitoient ses extases et ravissements de foiblesses d’esprit ou d’illusions , elle s’en seroit retirée si Saint-Augustin, qui lui apparut, ne l’eut exhortée à persévérer. Tous les jours , à la messe et pendant l’élévation, elle étoit ravie et en extase, pendant trois heures que duroit ordinairement son oraison, sans mouvement, sans sentiment, et sans qu’on l’en pût faire revenir en la poussant et en la remuant. elle sentoit en elle-même un feu qui brûloit et qui, cherchant à sortir ou à s’étendre , lui causoit une douleur, comme si on lui eût ouvert ou élargi la poitrine avec violence. Dieu lui parloit à cœur ouvert et il ne cachoit rien de ce qu’elle vouloit savoir. Le passé et l’avenir ne pouvoient se dérober à sa lumière ; elle voyoit ce qui se passoit au loin comme ce qui se passoit auprès ; elle avoit le don du discernement des esprits et démêloit les plus secrètes pensées des cœurs ; les choses les plus obscures de l’autre monde ne lui étoient pas inconnues. » Son biographe cite ensuite de nombreux exemples à l’appui de ses assertions. Ses vertus et son inépuisable charité avaient fini par gagner la confiance et l’admiration du petit nombre de ceux qui lui avaient d’abord été contraires et elle était devenue un objet de vénération pour tous, quand elle rendit son âme à Dieu. « Vingt-quatre heures après son décès, son visage parut aussi vermeil qu’il l’étoit dans le temps de sa meilleure santé ; ses mains, ses bras et tous ses membres avoient conservé toute leur souplesse. » Elle fut enterrée dans l’église des Augustins. Plusieurs personnes , en l’invoquant dans leurs prières, ajoute son biographe, ou en allant prier sur son tombeau, furent guéries des maladies les plus graves, et l’une d’elle entendit sortir de sa tombe une harmonie supérieure à celle de la terre. (Vie de Marie de Cardozo, Mesnier à la Roch., 1707).
1700 07 22. — Arrivée à la Rochelle de M. le Pelletier de Souzy, intendant des fortifications de France, qui venait visiter les immenses travaux accomplis, depuis dix ans, par M. Ferry , pour fortifier la Rochelle ( V. 4 avril). Cet habile ingénieur avait formé le projet de faire de cette ville une des meilleures places du royaume. Pour la mettre promptement en état de défense, il avait élevé des redans en terre, depuis le bastion des Capucins jusqu’à la porte des Deux-Moulins ; mais ces ouvrages n’étaient que provisoires et devaient être rasés après l’achèvement de l’immense citadelle qu’il se proposait d’établir sur l’emplacement de l’ancien Fort-Louis. Elle devait embrasser tout l’espace compris entre la Genette et les champs qui sont au-delà des maisons du Fort Louis, d’une part, et, de l’autre, s’étendre depuis les maisons de la Digue jusqu’au-delà du domaine de Port-Neuf, vers Saint-Maurice. Quatre bastions et leurs courtines auraient relié la citadelle au bastion des Capucins , et la Porte-Neuve devait être transportée dans la courtine du second. La porte des Deux-Moulins se fût trouvée à l’extrémité nord de la digue de Richelieu , et un long mur de défense , suivant la falaise de la côte, serait venu rejoindre la muraille de la tour de la Lanterne. Enfin , les vastes terrains compris entre les deux flancs de la place, depuis la Trompette jusqu’à la côte, eussent formé un immense quartier, sillonné par de nombreuses rues et qui eut presque doublé l’étendue de la Rochelle. M. de Souzy donna son plein assentiment à ce plan gigantesque, dont l’exécution eut donné à notre ville une importance dont il est difficile d’apprécier les conséquences. Malheureusement, épuisé par la fatigue, M. Ferry succomba bientôt, et Vauban , par rivalité ou jalousie , dit-on, renversa tous les projets de son ancien collègue. ( Plans de Ferry. Masse)
1700 07 26. — Pierre Barraud ayant été pendu pour vol, sur la place du Château, la corde quoique neuve, assurait le bourreau, se rompit et il tomba à terre. On le croyait mort, mais il reprit ses sens et se réfugia dans le couvent des Capucins. « Toute la ville crut au miracle, dit Maudet, blâmant la justice d’avoir fait l’exécution un jour de Sainte-Anne, à l’endroit même où était l’église de la patronne de la Rochelle. » L’assesseur criminel réclama le supplicié, mais les Capucins refusèrent de le rendre, en se fondant sur le droit d’asile de leur monastère. On en écrivit en cour, et le ministre d’Etat, en envoyant des lettres d’abolition du Roi, répondit : que Barraud ayant été pendu une fois avait satisfait à la justice, et qu’il ne devait pas l’être deux. (Journ. de Maudet).
1702 05 29. — Incendie du vaisseau le Brillant, de 80 canons, au-dessous de Soubise. Plus de deux cents personnes périrent noyées ou brûlées. C’était Abraham Duquesne-Guiton, petit-fils du Maire de 1628 ( dont la fille avait épousé Jacob Duquesne, frère du grand amiral ), qui devait prendre le commandement de ce vaisseau (1). (Maudet.)

(1) Il s’était couvert de gloire , à la fin du siècle précédent, dans un combat devant Madras, où avec une flotte de six vaisseaux , il avait remporté un brillant avantage contre quatorze vaisseaux anglais et hollandais. (Mercure galant du mois d’août 1694.)


1702 06 10. — Après l’embrasement du grand Temple, qui servait de cathédrale (V. 9 février 1687), le chapitre s’était retiré dans l’église de Saint-Barthélémy, que les paroissiens avaient fait reconstruire. Le 10 juin 1702, l’évêque Frezeau de la Frezilière fit enlever le tabernacle du grand autel de Saint-Barthélémy et le fit transporter à la chapelle de Notre-Dame, disant avoir ordre du Roi de prendre l’église de Saint-Barthelémy pour cathédrale et que désormais elle s’appellerait Saint-Louis. Les marguilliers et les paroissiens, aux frais desquels elle avait été relevée de ses ruines, protestèrent énergiquement contre cette usurpation, et les menaces de l’Évêque eurent peine à appaiser les tumultueuses démonstrations qui éclatèrent à cette occasion. On fut obligé de faire droit à leurs justes réclamations, et au mois d’août suivant, il fut décidé que l’église Saint-Barthelémy resterait paroissiale ; que les chanoines cependant continueraient à y faire leurs offices comme par le temps passé et que si l’Évêque mourait avant la construction d’une nouvelle cathédrale , il pourrait être enterré dans le chœur de l’église. Il y fut en effet inhumé au mois de novembre suivant. (Maudet.)
1702 06 23. — C’est un vieil usage dans beaucoup de contrées d’allumer des feux de joie la veille de la fête de saint Jean-Baptiste. Il n’en est pas parlé dans nos vieux chroniqueurs et il s’accordait mal avec les principes de la réforme, qui dominèrent si longtemps à la Rochelle. Ce n’est vraisemblablement que depuis le siège de 1628 qu’il s’y établît, et il en est fait plusieurs fois mention dans le journal de Maudet. On y lit, en effet, sous la date de 1702 : « M. Froment, maire, a mis le feu, accompagné de ceux de l’hôtel de ville, au feu de la Saint-Jean, sur la place du chasteau. » Il constate ensuite qu’il n’y en eut pas l’année suivante, « sur ce qu’on disoit qu’il y avoit à craindre les nouveaux convertis. »
1702 08 10. — « L’horloge du clocher de St-Barthelémy, qui avoit était refait aux frais de la ville et avoit coûté 1,600 liv. , commença à frapper. » (Maudet.)
1703 04 14. — « Un colporteur, nommé Latreille, accusé de vol et d’assassinat, ayant été soumis à la question, quatre coins de l’extraordinaire étoient déjà entrés et on donnoit le cinquième, quand tout à coup les coins sortirent d’entre les jambes et des brodequins et sautèrent en l’air : ce qui est extraordinaire et par miracle, le véritable coupable ayant été découvert ensuite et l’innocence de Latreille établie. » (Maudet.)
1703 07 26. — Entrée solennelle dans sa ville épiscopale de Mgr Etienne de Champflour, ancien vicaire-général de l’évêque de Clermont, nommé, le 31 décembre 1702, évêque de la Rochelle. Il contribua à la fondation de l’hôpital Saint-Etienne (T. 28 mars), encouragea les missions du célèbre père Montfort dans cette ville, créa la maison du refuge, gouvernée par les religieuses N. D. de Charité, dites Dames blanches , fonda - les écoles chrétiennes pour les enfants pauvres, etc. Il mourut à près de 80 ans, le 26 novembre 1724, et fut inhumé dans la chapelle de l’hôpital général de Saint-Louis. Peu de temps avant sa mort, le Pape, en récompense du zèle qu’il avait montré contre les adversaires du saint siège, lui avait fait don pour la cathédrale des reliques de Saint-Séveran et de SainteJucondine. (Maudet. — d’Arger, oraison funèbre).
1703 08 25. — Le maréchal de Chamilly venait de réorganiser la milice bourgeoise de la Rochelle. Elle se composait de sept compagnies d’ordonnance, ainsy nommées parce qu’elles éloient composées de l’élite des habitants, savoir : une compagnie de cavalerie , composée de 70 maîtres ; une compagnie de mousquetaires ou de cadets, de cent hommes ; 3 compagnies de dragons, verts, bleus et rouges, chacune de 60 hommes ; et 2 compagnies de grenadiers, de 70 hommes ; et en outre de 23 compagnies du menu peuple, d’environ 65 hommes chacune (1), ce qui formait un effectif d’à peu près 2,000 hommes , qui en cas de besoin pouvait être plus que doublé, dit un mémoire du temps. « Le 25 août, pour la fête de Saint-Louis, M. de Chamilly fit sortir, par la Porte-Neuve, la compagnie des bombardiers, avec six canons ei avec les milices Rocheloises, auxquelles s’étoient jointes celles de Marans et de Rochefort, et il donna aux dames le spectacle d’un siège, entre la Genette et Fort-Louis. » (Maudet. — Jaillot.)

(1) « Autrefois, dit Maudet, les places d’officiers étaient occupées par les membres du présidial et par les plus notables habitants ; mais depuis qu’en 1689 a été établi l’état-major, il n’y a plus aucun officiers de milice de distinction, ces fonctions sont remplies par toutes sortes de gens. »


1703 10 26. — « Le 26 octobre , sur les 5 heures du matin , un furieux ouragan s’annonce par un terrible coup de tonnerre , suivi d’un tourbillon , qui cause beaucoup de dommages dans la ville, surtout à la campagne, dans les paroisses d’Aytré, de la Jarne et à Chassagné. Ce tourbillon , qui dans sa marche occupoit un espace de cinquante pas , renversa des maisons, quantité d’arbres, et tout ce qui se trouva sur son passage. » (Arcère.)
1703 12 16. — A dix heures et demie du matin, par un temps clair et serein , tremblement de terre avec bruit et bourdonnement. (Maudet.)
1704 01 10. — On ressentit à la Rochelle un tremblement de terre vers les six heures du soir. (Arcère).
1704 03 16 (Jour des Rameaux). — Ouverture du jubilé centenaire, par une procession générale, à laquelle assistaient l’évêque, le maréchal de Chamilly, commandant en chef des provinces de Poitou, Aunis et Saintonge, les membres du présidial et du corps de ville, les différents ordres religieux, les curés des paroisses et tous les corps de métiers. (Maudet.)
1705 01 08. — Dans la nuit du 8 au 9 janvier, un terrible incendie consumme entièrement le tribunal de commerce , appelé l’auditoire de la juridiction consulaire. (Arcère).
1705 03 09. — Incendie qui dévore une partie du couvent des Récollets et tout le chœur de l’église (1). A peine les dégâts étaient-ils réparés, que, l’année suivante et dans la nuit du il au 12 mars, le feu prit de nouveau dans la cuisine, gagna le réfectoire, puis le clocher, dont il fondit les cloches. Le voisinage de la tour de Moureille, qui servait alors de poudrière, donna les craintes les plus vives : si elle eût été atteinte, il en fut résulté une explosion terrible.

(1) C’est leur église qui sert aujourd’hui de temple aux protestants. Et comme elle a été bâtie sur l’emplacement de la salle Saint-Michel , où se firent les premiers exercices de la religion réformée , on est frappé de cette étrange singularité qu’après trois siècles et tant de douloureuses péripéties, les protestants rochelais sont revenus prier au lieu qui fut le berceau de la religion de leurs aïeux.


1705 05 28. « Dans la nuit du 28 au 29 mai, on s’aperçut, entre minuit et une heure, que le feu étoit dans l’église St-Sauveur. Le tocsin fut battu , les troupes assemblées ; mais quoi qu’on ait pu faire, on n’a pu empêcher l’embrâsement entier de la dite église. Le tabernacle, le très-auguste sacrement et les autels ont été consummés. On ne sçait pas comment le feu a été mis. » (Maudet.) Cette malheureuse église semblait vouée à la destruction : elle avait été brûlée une première fois au XVe siècle, par un vimaire de feu qui jà pieça a courru en la ville de la Rochelle, porte un titre de 1419. On ne commença à la reconstruire qu’en 1492 (1). Cette seconde église était fort belle et entièrement couverte de plomb, dit A. Barbot ; mais en 1568, Saint-Hermine, poussé non moins par le fanatisme religieux que par le besoin de se procurer des matériaux pour les fortifications, la fit détruire entièrement (Voir 10 fevr. et 18 mai), ne conservant que le clocher pour servir de lieu d’observation et d’ouvrage de défense. En septembre 1650, le commandant de la Rochelle, du Dognon, qui avait embrassé le parti de Condé, fit rompre les voûtes et les planchers du clocher, pour empêcher qu’on y plaçât du canon de façon à battre les tours de Saint Nicolas et de la Chaîne, dans lesquelles il s’était fortifié. En 1633, les paroissiens, manquant de ressources pour rebâtir leur église, avaient obtenu de l’évêque de Saintes l’autorisation de faire célébrer le service divin « en une chapelle qu’ils avoient fait accommoder sous le clocher, » en prenant l’engagement d’employer exactement les deniers de leur fabrique à la reconstruction d’une nouvelle église. Les travaux n’en purent être commencés qu’en 1650 ; ils durèrent neuf ans : moins d’un demi siècle après, elle devenait la proie des flammes. Celle qui existe aujourd’hui ne date que de 1718. (Masse. — Jaillot.) — V. 18 mai.

(1) Son clocher date de cette époque ; on en peut voir la description détaillée dans Massiou, Hist. de la Saintonge et de l’Aunis, 1. 1, p. 167. Les quelques débris qui existent encore de l’ancien portail attestent de quelle.richesse devait être la sculpture de cette belle église.


1705 08 28. — Adjudication faite par l’intendant Begon, au sieur Merlet, des travaux de construction du second corps des casernes. Les travaux du premier avaient été adjugés, au mois de mai 1702, au sieur Bonnichon. Pour payer ces travaux, la ville avait été obligée de supprimer les rares lanternes qui éclairaient ses rues, d’augmenter les octrois d’un tiers et d’imposer une somme de 15,000 livres sur les habitants. (Invent. gén. des titres de l’hôtel-de-ville. — Maudet.)
1706 06 16. — Ouverture, à la Rochelle, d’un synode de tous les curés du diocèse. « Il y a été entr’autres choses arrêté que les prêtres ne pourroient avoir dans leur maison que leur mère, sœur ou nièce et point de servantes au-dessous de 50 ans, suivant les anciens canons et décrets, ce qui a fort déplu à beaucoup de curés. » (Maudet.)
1706 09 15. — A 3 heures et quart du matin, tremblement de terre. (Arcère.)
1708 03 11. — Consécration , par Mgr de Champflour, évéque de la Rochelle, de l’église de Saint-Sauveur, reconstruite après avoir été brûlée au mois de mai 1705. (Ms du temps.)
1709 01 05. — Commencement du grand hiver. La gelée dura 18 jours. Beaucoup de gens périrent de froid ; bêtes et oiseaux tombaient morts dans les campagnes ; le froment valut jusqu’à 10 livres le boisseau, prix énorme pour le temps. (ms. Contemporain)
1710
1711 06 08. — Duguay-Trouin démarre de la rade de Chef-de-Baie pour l’expédition de Rio-Janeiro. Son escadre se composait de six vaisseaux de ligne, de cinq frégates et de deux traversiers Rochelais, équipés en galiotes et portant chacun deux mortiers. (Arcère.)
1711 06 24. — Le chevalier de Saint-Georges, fils de Jacques II, roi d’Angleterre , arrive à la Rochelle , où il passa deux jours chez le maréchal de Chamilly, commandant en chef des provinces de Poitou, Aunis et Saintonge, qui habitait l’hôtel de ville. (Arcère.)
1711 08 16. — Le célèbre père Grignon de Montfort, fondateurde l’ordre des filles de la sagesse, appelé par Mgr de Champflour à la Rochelle, y séjourna pendant près de trois années , et les miracles qui, dit-on, signalèrent son séjour dans notre ville ont sans doute contribué à le faire admettre, dans ces derniers temps, au nombre des saints. Il commença par y faire quatre missions : la première pour les pauvres, à l’hôpital Saint-Louis ; la seconde pour les soldats de la garnison, dans la grand église des Jacobins , et qui fut suivie d’une procession à laquelle tous les soldats assistèrent, pieds nus, un crucifix d’une main et un chapelet de l’autre, avec un officier à leur tête, aussi pieds nus et portant l’étendard de la croix, tous chantant les litanies de la Vierge ; la troisième fut consacrée aux femmes, et Masse n’estime pas à moins de 3000 celles qui en suivirent les exercices , attirées surtout, dit-il, « par la permission que leur donnoit le missionnaire de lui faire des questions, durant qu’il êtoit en chaire, sur les points de religion et autres pensées qui venoient en l’esprit de ce sexe. A presque toutes, ajoute-t-il, il fit faire des vœux et serments publics, selon leurs divers états, et surtout de garder leur virginité. Sur la fin de la mission , il leur prescrivit trois jours de silence , pendant lesquels elles ne purent parler à leurs maris et domestiques que par signes. » Elle se termina le 10 août, par une grande procession, dont Masse nous a laissé un curieux dessin. La pieuse milice était ainsi rangée : les filles du peuple, les grisettes, les demoiselles bourgeoises, les femmes mariées , enfin les dames, toutes séparées par des bannières de différentes couleurs, celles-ci la tête couverte d’un capuchon noir et vêtues de larges robes noires , relevées derrière par un énorme bourrelet ; celles-là en robes blanches, coiffées de vastes cornettes ou de bonnets plats ; toutes un cierge à la main avec un long chapelet et l’acte de renouvellement de leurs promesses de baptême, et la plupart pieds nus. Deux hautbois des canonniers jouoient à la fin de chaque verset des cantiques qu’elles chantoient en chœur. Derrière les clercs et porte-croix, venaient les principaux maîtres de danse et de violons , contre lesquels le missionnaire s’éloit déchaîné dans ses sermons et qui, revenus à résipiscence sans doute , jouaient de leur instrument devant le père de Montfort qui, entouré d’ecclésiastiques, tenait à la’ main une statue d’argent de la Vierge ; enfin un piquet du régiment des Angles et de la Londe, en habit de couleur marron clair, avec culottes et bas rouges, fermait la marche. Après la mission des hommes, qui suivit celle des femmes , on éleva deux croix , l’une de pierre à la porte Dauphine, et l’autre de bois à la porte Saint-Nicolas. La plantation de cette dernière fut marquée par un prodige semblable à celui qui s’est renouvelé depuis à Migné, près de Poitiers : une multitude de voix s’écrièrent tout à coup : miracle ! miracle ! nous voyons des croix en l’air ! « Je n’aperçus rien , avoue franchement l’auteur du récit, mais plus de cent personnes, tant laïques qu’ecclésiastiques et toutes dignes de foi, m’ont certifié avoir vu un grand nombre de croix. » Touchée de tout le bien que le père de Montfort avait fait dans cette ville, une dame Rochelaise lui abandonna la jouissance, pendant sa vie, d’une maison située au faubourg Saint-Eloy, dans laquelle il fit établir un oratoire où il disait la messe. Après y être venues longtemps en pèlerinage, les filles de la sagesse de la Rochelle ont acquis et possèdent encore la pieuse retraite de leur saint instituteur. (Masse. — Vie de Mes. L. M. Grig. de Montfort.)
1713 05 12. — Mariage, à l’église Saint-Barthelémy, de messire Claude de Beauharnois, chevalier de Beaumont, capitaine des frégates du Roi au département de Rochefort, natif de la terre de la Chaussaie (?) en Orléanois, fils de feu messire François de Beauharnois, chevalier seigneur de Boisache de la Chaussaie, Beaumont et autres lieux , et de demoiselle MargueriteFrançoise Pivart, avec demoiselle Renée Ardouineau, demeurant à la Rochelle, née au château de Loir, fille de feu Pierre Ardouineau, écuyer, seigneur de Laudianière, de la Pivottière et autres lieux , conseiller du Roi, receveur-général des domaines et bois de la généralité de la Rochelle, et de dame Renée Pays ; en présence de François de Beauharnois, chevalier et baron de Beauville, intendant de justice, police, finances et marine dans les provinces d’Aunis et Saintonge ; de messires Charles et Guillaume de Beauharnois, frères de l’époux ; de messire Pierre Ardouineau, frère de l’épouse, et de Louis Pays de Bourjoly, oncle maternel de l’épouse. (Reg. de Saint-Barth.) — V. 8 février.
1713 06 04. — Grandes réjouissances à l’occasion de la paix d’Utrecht, qui fut publiée à tous les cantons de la ville, par le maire Jean Trahan, l’un des trésoriers de France ; il était à cheval, ainsi que les tambours et trompettes qui le précédaient. L’hôtel du bureau des finances, qui servait d’hôtel de ville (V. 8 avril), avait élé magnifiquement décoré ; dans la cour, dont les arbres, le soir, resplendirent de mille feux, coulait une fontaine de vin, ce complément obligé des fêtes de ce temps. (Ms. de la biblioth.)
1714 02 08. - Naissance à la Rochelle de François de Beauharnais, chevalier-baron de Beauville, seigneur de Villechauve, de la Ferté-Avrain , &c., chevalier de Saint-Louis , major des armées navales,- fils du marquis de Beauharnais, gouverneur général du Canada, et père de François, surnommé le féal Beauharnais, et du vicomte de Beauharnais, mari de Joséphine, première femme de Bonaparte. (Biograp. Saint. — Terrier de l’hôp. Saint-Barthélemy.)
1715 08 24. — « Le prince Frédéric-Auguste, duc de Saxe, et fils du roy de Pologne, voyageant sous le nom de comte de Lusace, et accompagné du fils de l’électeur de Trèves et du prince palatin de Livonie, son gouverneur, et de quarante personnes de sa suite, arriva à la Rochelle et prit logement à l’hôtel des Empereurs. Il repartit le 27. » (Ms. dit temps.)
1718 02 05. — Louis XIII ayant, en 1628, supprimé l’ancien corps de ville de la Rochelle, les affaires de la commune avaient été jusqu’en 1694 administrées par un conseil de direction. A cette époque, Louis XIV avait rétabli une sorte de conseil municipal et érigé en office la mairie, qui avait été imposée au bureau des finances, établi en même temps à la Rochelle ? et dont les trésoriers exerçaient à tour de rôle les fonctions de maire. Le 5 février 1718, Louis XV, après avoir supprimé dans tout le royaume les offices de maire, enleva la mairie de la Rochelle au bureau des finances, et la rendit élective. Aux termes de son ordonnance, le corps de ville se composait d’un maire, de quatre échevins, de dix conseillers et d’un procureur-syndic, qu’on appelait officiers de l’hôtel-de-ville. Le maire, nommé pour deux ans , était choisi par le roi, sur une liste de trois candidats élus par les officiers du corps de ville. Les échevins, qui se renouvelaient chaque année par moitié, étaient élus et nommés de la même manière. Il y avait en outre dix notables nommés à vie d’abord par le roi et remplacés ensuite, en cas de mort, par l’élection des officiers. Le maire était autorisé à porter une robe d’écarlate, comme les membres du présidial, etles échevins une robe de satin noir. (Lettres pat. de Louis XV).
1718 11 20. — Naissance du naturaliste Clément de la Faille, fils d’un chirurgien rochelais. D’abord avocat au parlement de Toulouse, puis contrôleur ordinaire des guerres, il se livra avec ardeur à l’étude des sciences naturelles, sur lesquelles il a laissé plusieurs écrits estimés. Il avait formé un riche cabinet d’histoire naturelle et un médailler, qu’il a légués à sa ville natale avec une somme importante destinée à les augmenter encore. Il habitait, dans la petite rue du Palais, la maison qui appartient à M. Ch. Michel, et dans laquelle il est décédé , en 1770. (1) ( Arcère. — Lesson. — Rainguet.) — V. 15 février et 24 juillet.

(1) Il possédait le domaine de la Guignarderie , dans la paroisse de Larjord. (Aff. de la Roch.)


1719 07 15. — Arrêt du conseil du Roi, qui établit à la Rochelle une chambre de commerce, composée d’un directeur et de quatre syndics, nommés par le Roi et se renouvelant par moitié chaque année. (1) Elle fut supprimée par le décret du 27 septembre 1792. Sur la demande formée par le conseil d’arrondissement, un arrêté du gouvernement, du 22 pluviôse an XI ( 1803 ), comprit la Rochelle au nombre des vingt-deux villes dans lesquelles avaient été établies des chambres de commerce. D’après la population de la Rochelle, la chambre devait être composée de neuf membres. (2) (Arcère. — Aff. de la Roch. — Bull. des lois.)

(1) La même année furent nommés : président, M. David Oualle, et syndics , MM. J. Butler, Torterue-Bonnaud, Paul Depont et Chambaud de Fleury.

(2) Le 24 ventôse de la même année, une assemblée de soixante négociants élut : MM. Debaussay , Garnier , Callot, Rasteau, Poupet, Pellier, P. Garreau, Filleau et Admirault. (Aff. de ta Roch.)


1720
1721 07 03. - Départ des dix-neuf malheureux protestants devenus célèbres sous le nom de Prisonniers de la Rochelle. Arrêtés dans les environs de Nîmes, pour avoir assisté à une assemblée religieuse, ils étaient arrivés dans cette ville, le 1er août de l’année précédente, après avoir traversé la France, enchaînés par le cou, et avoir enduré les plus mauvais traitements et les privations de toute nature. Condamnés à être déportés au Mississipi, ils avaient obtenu , grâces aux démarches actives faites en leur faveur et après d’interminables délais , d’être embarqués pour l’Angleterre , et M. Dartis , chapelain de l’ambassade anglaise, était venu à la Rochelle pour les accompagner jusqu’au navire qui devait les conduire sur la ierre d’exil. Pendant tout leur séjour dans notre ville, ils furent l’objet des plus généreuses sympathies, surtout de la part des dames Rochelaises, qui leur prodiguèrent vêtements, nourriture, argent et les soins les plus dévoués. Malgré toutes les défenses et les précautions qu’on avait prises, on ne put empêcher plus de quatre mille personnes d’assister à leur départ du haut des remparts et de leur adresser les plus touchants adieux. (1) (Hist. des horribles cruautez qu’on a exercées envers quelques protestants.) Ce qui prouve que, malgré les missions 7 les dragons de Louvois, l’exil de nombreuses familles Rochelaises et les cruelles persécutions exercées contre les réformés, le protestantisme comptait encore bon nombre de prosélytes secrets dans notre ville. ( V. 2 mars.)

(1) La complainte, en cinquante-huit couplets , dans laquelle l’un de ces malheureux nous a laissé le récit de leurs souffrances et l’expression de leur reconnaissance envers la charité rochelaise, se termine ainsi :
Adieu , braves Rochelois,
Les Anqlois
Nous veulent donner asyle ;
La bénédiction de Dieu
Soit, en tout lieu,
Sur vous et vos familles !
Onze mois se sont écoulés
A leurs frais,
Sans que jamais
Rien nous manque :
Toujours bien entretenus
Et vêtus
D’une manière obligeante.
S’il falloit faire un récit
De l’oubli,
Qui se fait par ma mémoire ,
Quand je passerois un mois ,
Deux et trois,
Ce seroit sans finir leur gloire.
(Bullet. de la Soc. de l’Hist. des protest, franc. — 1855.)


1722 02 01. — Sacre dans l’église des Jésuites de la Rochelle (celle du Lycée) de Mgrs de Rastignac, évêque de Tulle, et de Foudras , coadjuteur de l’évêque de Poitiers , assistés des évêques de la Rochelle et de Poitiers. (d’Arger. Oraison fun. de M. de Champflour.)
1729 08 22. — Arrêt du parlement fesant défense aux juifs de s’établir à la Rochelle à perpétuité ou pour un temps seulement. (Arcère, note ms.) L’établissement des juifs à la Rochelle remonte très-haut, car il en est parlé dans une charte de Jean-sans-Terre de 1202, et c’est à eux que la rue actuelle de l’Evêché, dans laquelle ils habitaient, devait son plus ancien nom de rue de la Juverie (1271) ou de la Juifverie (1457). Le comte de Poitou, Alphonse, frère de Saint-Louis et seigneur de la Rochelle, les chassa d’abord de ses états ; ils achetèrent probablement le droit d’y revenir, puisque en 1291 Philippe-le-Bel leur enjoignit de nouveau de vuider la Saintonge et la ville de la Rochelle, « parce que, dit Am. Barbot, ils pouvoient apporter du préjudice dans ce lieu. » Mais l’importance du commerce de la Rochelle et les franchises dont elle jouissait devaient nécessairement les y ramener.
1730
1730 03 24. - « Le 24 mars tomba la dernière des sept tours qui estoient à Chastelaillon. Les six premières avoient été abattues par la mer, qui a miné la terre par dessous ; mais cette dernière est tombée de caducité. » (Ms de Colin.) A. Barbot parle ainsi de cette tour : « A l’un des coins du donjon ou chasteau, estoit la grosse et haulte tour, qui paroit presque tout en son entier , ayant de haut 20 toises et six estages dans les basses fosses d’icelle , et le dessoubs de la voulte servant de corps de garde qui, pour la défense du lieu, estoit faite à cresneaux , avec machecoulis et archières, ainsy qu"estoient les’ murs qui circuisoient la ville et donjon ; à l’entour desquels murs, estoient toutes les aultres tours et principalement du costé de la mer, etc. »
1730 06 18. — Plusieurs amis des lettres, réunis chez M. Fontaine, lieutenant particulier au Présidial, prennent la décision de fonder une Académie à la Rochelle. (Barret).
1732 07 25. — Enregistrement des lettres patentes du mois d’avril précédent, qui instituaient l’Académie royale de la Rochelle, en conférant à ses membres les mêmes honneurs, privilèges, franchises et libertés dont jouissent ceux de l’Académie française, à l’exception du droit de committÙnus. Le nombre des académiciens était fixé à trente, outre les personnes qui, pour raison de leur dignité, pourront y avoir entrée et place honorable. En nommant les premiers titulaires, le Roi réservait pour l’avenir à l’Académie le droit de se recruter elle-même. Les lettres patentes ne furent enregistrées au présidial que le 1er juillet 1734 , et le 29 décembre suivant, l’Académie tint sa première séance à l’hôtel-de-ville, où elle continua de siéger jusqu’au 31 août 1791 , date de sa dernière réunion. (1) (Lett. pat. — Rég. de l’acad. — Barret). — V. 18 et 22 juin. -

(1) Au nombre de ses premiers membres , on trouve MM. Valin , Martin de Cbassiron, ancien trésorier de France, Boutiron , avocat, etc. Le 25 mars 1746 , Voltaire fut nommé membre associé de l’Académie de la Rochelle ; nomination qu’il avait pour ainsi dire provoquée en lui adressant, avec force compliments , son poëme de Fontenoy. Peu de temps auparavant, il écrivait à M. Bourgeois : « Je serois très flatté que votre Académie me mit au nombre de ses associés. Ce n’est pas l’usage de l’Académie française, mais étant originaire du Poitou, je puis accepter cet honneur sans blesser les réglements de la compagnie. » et après sa nomination : « Me voilà tout Poitevin par le titre d’académicien de la Rochelle , dont je suis honoré. j’ay dû vous dire combien je suis touché de cette adoption. L’attachement véritable que j’aurai toute ma vie pour une Académie , qui fait Y honneur de mon ancienne pairie, réparera la fautte (sic) que je crains d’avoir faitte. je vous suplie encore une fois d’assurer l’Académie de ma respectueuse reconnaissance, etc. » C’est un éclatant démenti à l’épigramme usée qu’on lui prête contre l’Académie Rochelaise, qui fesait plus parler d’elle alors qu’aujourd’hui..


1735 05 16. — Lacondamine, Godin et Bouguer, s’embarquent à la Rochelle pour aller mesurer les degrés du méridien à l’équateur. (Condorcet.)
1735 06 22. — L’ouverture publique de l’Académie eut lieu avec beaucoup de solemnité, le 22 juin, dans l’église des pères Jésuites, en présence du gouverneur de la province, M. le comte de Matignon, et de PÉvêque. (Journal contenant ce qui s’est passé depuis rétablissement du commerce littéraire de la Roch.) — V. 25 juillet.
1736 02 16. — Grand tremblement de terre à la Rochelle et bourgs circonvoisins, vers les dix à onze heures du matin. (Journ. du P. Jousseaume.)
1740
1740 03 28. - Mort de Mlle Anne Forestier, fondatrice et supérieure de l’hôpital de Saint-Etienne. — Une cruelle épidémie, qui suivit le rigoureux hiver de 1709, avait tellement encombré les hôpitaux de là ville qu’un grand nombre de malheureux manquaient des soins les plus nécessaires. Une pieuse demoiselle récemment convertie au catholicisme, recueillit d’abord plusieurs femmes qu’elle soigna et entretint à ses frais. Informé de son charitable dévouement, l’évêque, Mgr de Champflour, lui proposa de se charger de celles que ne pouvait plus recevoir l’hôpital général, en s’engageant à verser entre ses mains le produit des nombreuses quêtes faites à la Rochelle en faveur des malheureux. lle Forestier y consentit avec joie, et la plupart des dames de la ville, parmi lesquelles se distinguait la maréchale de Chamilly, femme du gouverneur, s’empressèrent à l’envi de l’assister des choses qui pouvaient lui être le plus utiles. Mlle Forestier n’avait cru d’abord accepter qu’une mission temporaire , devant cesser avec les circonstances qui l’avaient fait naître ; mais elle s’en était acquittée avec tant de zèle et un si inépuisable dévouement, que, par cette considération surtout que le nombre de lits , dont pouvait disposer l’établissement des religieuses hospitalières, n’était pas en rapport avec les besoins de la population , on la sollicita de continuer son œuvre. Elle n’hésita pas, dès lors , à vouer sa vie entière au soulagement des pauvres femmes malades. Elle acheta à ses dépens une vaste maison devant la Place, et y fit faire une grande salle pour les malades, puis une chapelle, sous l’invocation de Saint-Etienne. Entraînées par son exemple car la vertu n’est pas moins contagieuse que le vice , plusieurs demoiselles sollicitèrent l’honneur de s’associer à ses pénibles et charitables travaux et d’y consacrer une partie de leur fortune. On les nomma les Forestières. Bientôt on leur confia l’éducation de quelques demoiselles orphelines ou malheureuses , et Mgr de Champflour, voulant fonder à la Rochelle des écoles chrétiennes pour les enfants des artisans pauvres, n’hésita pas à les charger de la direction de celle ’des filles. Enfin , au mois de juin 1723, des lettres patentes vinrent consacrer plus solidement le pieux établissement sous ce titre : Hôpital pour les pauvres femmes et filles malades, L’éducation des jeunes filles de famille, et l’instruction gratuite des pauvres filles de la Rochelle. L’hôpital Saint-Étienne ayant été enlevé par la révolution à sa destination, sa chapelle fut transformée en salle de spectacle, appelée théâtre des variétés, et le reste en café. — Rochelaises, qui allez prendre des glaces sous les frais ombrages du Café Militaire, construit sur l’emplacement l’hôpital de St-Etienne, donnez un souvenir à la mémoire d’Anne Forestier !. (Maudet. - Notes ms. de la Bibliothèque.)
1741 09 23. — Arrêt du conseil du Roi, qui ordonne la construction d’une église cathédrale à la Rochelle. ( V. 27 juin. )
1744 12 04. — Naissance de Louis-Charles-Mercier Dupaty, connu sous le nom de Clam., d’une terre qu’il possédait en Saintonge (1). (Reg. de la par. de St-Barth.) Frère ainé du président Dupaty ( V. 9 mai. ), il hérita comme lui du goût de leur père pour les lettres et les études sérieuses. D’abord mousquetaire à cheval, il s’appliqua à faire de l’équitation une science, fondée sur l’anatomie, la mécanique, la géométrie et la physique, et publia sur ce sujet et sur l’art de la sellerie , qui s’y rattache, plusieurs traités ou mémoires. Il était encore au service quand il fut élu membre de l’Académie de Bordeaux ; vers trente ans, abandonnant la carrière des armes, il se fit nommer chevalier d’honneur au bureau des finances de la Rochelle, et ne tarda pas à être reçu à l’Académie de cette ville , où il se fit remarquer par de nombreux mémoires, qui révèlent la variété de ses études et un esprit non moins porté vers la philosophie que vers les sciences physiques. Cela ne l’empêcha pas toutefois de tomber dans les folles erreurs, connues sous le nom de Martinisme, et il était plongé dans la culture de la science mystique des Cagliostro et des Saint-Martin , quand il mourut à l’âge de trente-huit ans , en buvant, dit-on, de l’élexir de longue vie. ( V. la note biograp. de M. Delayant, ann. de l’Acad, de la Roch. 1856. )

(2) Il était aussi propriétaire du château de Cherterre, en la paroisse de Villedoux. (Affi. de la Roch.)


1746 05 09. — Naissance de Charles-Marguerite-Jean-Baptiste , fils de messire Charles-Jean-Baptiste Mercier-Dupaly , prési- sident-trésorier de France au bureau de la Rochelle, et de Louise-Elisabeth Carré (1). (Reg. de St-Barth.) Avocat général au parlement de Bordeaux, avant l’âge de vingt-deux ans, puis président à mortier, Dupaty n’est guères connu du plus grand nombre que par ses Lettres sur l’Italie, un des livres qui ont été réimprimés le plus de fois. Ses poésies et ses quelques autres productions littéraires sont à peu près oubliées. Ce que l’on ignore généralement et ce qui le recommande à l’admiration de tous, c’est la droiture et l’élévation de son esprit ; son amour pour le beau et le bien ; la noblesse et la fermeté de son caractère, que ne purent ébranler ni faire fléchir les persécutions , ni les prisons d’Etat ; les immenses services qu’il rendit à la cause de l’humanité et de la justice, en flagellant avec autant de force que d’éloquence les iniquités et la barbarie de nos anciennes lois criminelles, dont il prépara la réforme ; ce dévouement d’un grand cœur, qui lui fit prendre spontanément la défense de trois malheureux, qu’il ne connaissait même pas, condamnés par le parlement au supplice de la roue, après avoir été traînés pendant près de trois ans de juridiction en juridiction, et dont il eût le bonheur de faire enfin proclamer l’innocence par le parlement de Rouen. Voici quelques fragments d’une lettre écrite à M. Garesché, par le greffier du parlement, encore sous l’impression de son entraînante parole : « C’est plus qu’un homme, M. Dupaty, et vous pouvez vous glorifier d’avoir l’homme unique. Pour moi, je mourrai sans voir son pareil : les termes me manquent pour le peindre aussi grand qu’il est. J’ai été trente ans greffier au parlement et je n’ai jamais vu un concours aussi prodigieux. Sa plaidoirie a duré sept heures. Il a tiré des larmes d’attendrissement de tous ceux qui l’ont entendu, avocats, procureurs, ses juges mêmes. Il a eu des applaudissements universels. Il étoit hier à la comédie, en entrant et en sortant il en a été de même. Aussitôt l’arrêt prononcé , il a descendu lui-même, avec le greffier, annoncer aux trois infortunés leur absolution. Ils se sont jetés à ses pieds, il les a relevés et les a embrassés cinq ou six fois , les a emmenés avec lui dans son hôtel, et a été avec eux chez tous les juges. Et ce sont trois pauvres gens pour lesquels il a pris tant de peine ! » (2) Il mourut l’année suivante, le 17 septembre 1788. (V. la notice biograp. publiée par M. Délayant, dans le recueil de l’Académie de la Rochelle.)

(1) La famille Dupaty habitait la maison actuellement possédée i par M. J. Jourilan et dont l’entrée principale était dans la rue Chef-de-Ville, avec une sortie dans la rue de l’Escale. Cette maison a été depuis divisée en deux ; la rampe de l’escalier de l’une d’elles porte encore le chiffre M. D. et dans les plafonds sont figurés les emblèmes des arts et les attributs de la justice. Il eut donc été plus naturel de donner le nom de notre célèbre Rochelais soit à la rue de Chef-de-Ville, soit à celle de l’Escale , plutôt qu’à l’ancienne rue des Maîtresses , qui ne rappelle aucun souvenir de la famille Dupaty.

(2) Il y consacra plus de deux années de lutte et d’efforts et publia deux gros volumes m-4° de mémoires, dont le premier mérita , par sa courageuse franchise , d’être brûlé par la main du bourreau , sur le réquisitoire de l’avocat général Séguier.


1746 08 01. — Sentence de l’intendant Barentin (1), qui déclare Elie Vivien « dûment atteint et convaincu d’avoir assisté à plusieurs assemblées de religionnaires, d’y avoir prêché et tenu des discours séditieux , comme aussi d’avoir composé plusieurs écrits contenant des blasphèmes contre la religion catholique , apostolique et romaine, et tendant à exciter le peuple à la révolte ; pour réparation de quoi, le condamne à faire amende honorable, nue tête et en chemise , la corde au col, et tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres, devant la porte principale de la cathédrale, où il sera conduit par l’exécuteur de la haute justice et là, à genoux, déclarera, à haute et intelligible voix, que méchamment et comme mal avisé , il a assisté à différentes assemblées de religionnaires ; dont il se repent et demande pardon à Dieu , au roi et à justice ; et de là, conduit à la place royale, où tous lesd. écrits seront en sa présence jetés et brûlés dans un bûcher allumé à cet effet par led. exécuteur , et ensuite sera led. Vivien pendu et étranglé, jusque ce que mort s’en suive , à une potence dressée sur lad. place, où son corps demeurera pendant 24 heures, et sera après porté .aux fourches patibulaires , pour y rester jusqu’à entière consommation. » La même sentence condamne, en outre, le nommé Louis André, « atteint et convaincu d’avoir assisté à une assemblée de religionnaires et d’y avoir fait le métier de bedeau, en faisant ranger le peuple, à assister à l’amende honorable et à l’exécution dudit Vivien , et à être ensuite flétri et marqué par l’exécuteur d’un fer chaud, en forme des lettres GAL., sur l’épaule dextre, et conduit à la Chaîne pour y dire attaché et servir Sa Majesté comme forçat sur les galères h perpétuité. » Enfin, le jugement prononce la confiscation de tous les biens des deux condamnés. (Reg. du présidial.)

(1) C’est lui qui, quelques années auparavant, avait fait faire, près du port, la place qui porte son nom. Ses armes avaient été sculptées sur la tourelle de l’escalier de la Grosse-Horloge. (Arcère).


1747 10 18. — Départ, de la rade de la Rochelle , d’une flotte marchande, composée de 253 voiles, sous l’escorte de six vaisseaux de guerre , commandés par M. de Létenduère. (Arcère.) Dans ce nombre , 43 navires appartenaient au port de la Rochelle, dont deux de 800 tonneaux et trois de 450. La plupart étaient destinés pour Saint-Domingue, et les autres pour la Martinique et la Louisiane.
1748 04 08. — Par sa déclaration du mois de novembre 1628, Louis XIII avait « réuny à son domaine l’hôtel commun de la ville et tous les autres bâtiments, magasins et lieux à luy appartenant. » Depuis cette époque, l’antique échevinage de la Rochelle était devenu « la maison du Roy et le logis des gouverneurs en son absence. » (Guillaudeau.) Lorsque la Mairie, érigée en otfice, fut rétablie, en 1694, et vendue au bureau des finances, le semblant de corps de ville, qui fut créé alors, tint ses séances à l’ancien hôtel de Baillac, dans la rue des Augustins (1) , occupé par les trésoriers de France. Les importants changements même apportés par Louis XV, en 1718 , à l’administration municipale (V. 5 février) n’avaient pas été suivis de la restitution de rhôtel de ville : ce ne fut que trente ans après, et sous l’administration de M. Joseph Pascaud le jeune, président-trésorier de France, qu’un arrêt du conseil du 8 avril 1748 rendit à la commune le. vieil et remarquable édifice construit jadis de ses deniers. Elle fut cependant obligée de donner en échange, pour le logement des gouverneurs, l’hôtel qu’elle avait acheté 60,000 livres de M. du Tremblay, et qui, situé dans la rue Porte-Dauphine , sert maintenant de museum d’histoire naturelle et de jardin des plantes à la ville.

(1) C’est la maison que Massiou a pris à tort pour l’ancien échevinage et dont les restes offrent un si remarquable spécimen de l’élégante architecture de la Renaissance. L.es royales Salamandres, les croissans, les chiffres enlacés qui la décorent l’ont fait appeler , par les uns, maison de François Ier , par les autres , maison d’Henri II bien que nos annales ne constatent pas que ni l’un ni l’autre de ces princes y soient descendus. Elle devait sans doute cette dénomination d’hôtel de Baillac à la famille de Baillac, dont l’un des membres fut Maire en 1282, 1287 et 1291 , et dont la rue des Augustins portait anciennement le nom. L’antique famille municipale des Chaudriers en fut’ aussi propriétaire. Sa reconstruction dans le style de la Renaissance doit être attribuée à Hugues Pontard , le père du fougueux Maire de 1567 ( V. 9 janvier) qui était procureur du Roi à la Rochelle, et possédait, en 1540 , cette maison de si noble origine, qui finit, après que les trésoriers du bureau des finances l’eurent abandonnée, par devenir une auberge, ayant pour enseigne l’Estang. (Arch. de l’hôp. Saint-Barth. — Déclarations &c )


1749 03 09. — Grandes fêtes en réjouissance de la paix d’Aix-la-Chapelle.— Elles commencèrent par la publication de la paix, faite en grand appareil par tous les officiers du corps de ville, en robe et à cheval (V. 5 février), précédés de la musique militaire, du roi d’armes et de deux hérauts d’armes et escortés, devant et derrière, par une grande partie des troupes de la garnison et des milices bourgeoises. Les publications eurent lieu d’abord devant le palais royal (le palais de justice), ensuite devant l’hôtel du commandant ou gouverneur Phelippeaux de Pontchartrain ( aujourd’hui l’hôtel Chabot ) ; l’hôtel de l’intendance (celui que vient d’abandonner la gendarmerie) ; la maison du maire, M. Joseph Pascaud, dans la grande rue Porte-Neuve ; enfin aux principaux carrefours de la ville. Au milieu de la Place-Royale (la Place-d’Armes), du côté du bois d’Amourettes, on avait construit un temple à la Paix, vaste édifice, en toile peinte à la détrempe, qui n’avait pas moins de cinquante-et-un pieds d’élévation jusqu’au sommet de l’obélisque, qui surmontait une grande plate-forme, d’environ trente pieds de hauteur, sur laquelle était dressé le feu d’artifice. On n’y voyait que trophées, statues , bas-reliefs allégoriques et inscriptions de toutes sortes, célébrant les bienfaits de la paix et la grandeur du monarque. De nombreux gradins étaient réservés aux principaux fonctionnaires, aux notables et dames de la ville, pour assister au feu d’artifice. A deux des coins de la place et à l’une des portes de l’intendance coulaient pour le peuple des fontaines de vin. Le soir, la ville resplendissait de lumière comme en plein jour : l’hôtel de l’intendance et surtout l’hôtel de ville se fesaient remarquer par leurs magnifiques illuminations ; les deux façades intérieure et extérieure de celui-ci scintillaient d’innombrables lampions et pots de feu, au milieu desquels des transparents et de nombreuses devises, latines et françaises, traduisaient en style quelque peu emphatique l’expression de la joie. publique. Mme de Pontchartrain eût l’honneur de mettre le feu au dragon qui communiqua l’étincelle à un feu d’artifice magnifique. Parmi les pièces, aussi nombreuses que variées, celles qui excitèrent surtout l’admiration générale furent un grand soleil fixe, de trente pieds de diamètre, au milieu duquel on lisait en feu bleu : Vive le Roy ! et le globe qui lui succéda, d’où s’échappèrent à la fois en éclatant 4,500 pièces d’artifice. Un repas splendide, donné à l’Hôtel-de-Ville, termina ces fêtes qui durèrent deux jours. (Description imprimée.)
1749 07 31. — Mort à la Rochelle du père Jaillot (1), le laborieux Oratorien, qui, pendant plus de douze années, avec une ardeur et une activité infatigables, réunit, transcrivit et prépara presque tous les matériaux qui servirent au père Arcère à composer son Histoire de la Rochelle. Il mourut quatre ans après avoir associé son confrère à ses travaux, et trop tôt pour avoir pu mener son œuvre à fin et partager la célébrité que son collaborateur a seul recueillie. Mais son nom sera toujours cher à ceux qui, en étudiant l’histoire de notre ville, seront témoins de tout ce qui lui a fallu de peine , de veilles et de soins pour rassembler tant de précieux- matériaux. ( V. la notice biogr. de M. Delayant, publiée par l’Acad. de la Roch.) (1) Il était né à Paris , le 18 février 1690 , d’Alexis-Hubert Jaillot, célèbre, ainsi que la plupart des siens, par ses talents comme graveur-géographe. (Delayant.) Il vint à la Rochelle en 1715 et fut nommé curé de Saint-Sauveur. Il habitait ordinairement une chambre placée sur la voûte de l’ancienne porte Maubec, derrière l’église Saint-Sauveur, à l’extrémité de la rue de la Ferté. (Masse.)
1750
1750 04 13. — M. Louis Richard des Herbiers, trésorier de France, membre de l’Académie des lettres de la Rochelle, fait don à la ville de la plus grande partie de sa riche bibliothèque (1) pour former une bibliothèque publique, qui ne fut ouverte que plusieurs années après. (Barret et reg. de l’Académie). Telle est l’origine de la bibliothèque de notre ville.

(1) Il y a cependant exagération dans le chiffre de 9000 volumes indiqué par Dupont il doit être réduit de plus de moitié. (Delayant).


1753 11 02. — Naissance de Pierre-Charles-Martin de Chassiron, fils de Pierre-Mathieu Martin, seigneur de Chassiron, conseiller au présidial et trésorier de France au bureau des finances de la généralité de la Rochelle, et de Catherine-Charlotte Cousin (1). Son grand père, Pierre Martin, capitaine de marine, annobli par Louis XIV pour un brillant fait d’armes, la prise d’un fort au Bengale, avait acheté la terre seigneuriale de Chassiron ( île d’Oleron ), dont il prit le nom. Il était lieutenant-général garde-côte de l’île d’Oleron, lorsqu’en 1710, muni de pouvoirs très-étendus, il partit pour les Indes avec deux navires de la Compagnie des Indes-Orientales, et pénétra jusqu’en Chine, où n’avait point encore paru le pavillon français. Après huit années d’absence, quand déjà depuis longtemps la compagnie avait pris son parti de la perte de ses navires, renouvelant l’histoire des facteurs d’Auffrédy, il était revenu avec un vaisseau chargé de richesses et en avait été récompensé par la place d’inspecteur-général, puis par celle de directeur de la compagnie des Indes, qui venait d’être réorganisée par Law. Pierre-Mathieu, son fils, né à Saint-Denis, consacra aux lettres les loisirs que lui laissaient ses doubles fonctions de conseiller au présidial et de trésorier de France, et fut l’un des fondateurs de l’Académie de la Rochelle. Le sujet favori de ses études était le théâtre, sur lequel il écrivit plusieurs dissertations, dont l’une surtout intitulée : Réflexions sur le comique larmoyant, eut autant de succès que de retentissement dans le monde littéraire. Pierre-Charles s’était déjà fait connaître, en terminant son droit à Paris, par quelques poésies légères, lorsqu’il fut, avant vingt-deux ans, élu membre de l’Académie de la Rochelle , où il venait d’être nommé trésorier de France. Appelé, en 1791, à l’assemblée administrative du département, une brochure qu’il publia contre l’influence des sociétés populaires, l’exposa à des persécutions. Il se retira alors à la campagne et s’adonna entièrement à l’agriculture, qui servit en même temps sa sécurité, sa fortune et sa renommée. Il introduisit dans son domaine de Beauregard des races supérieures d’animaux, et particulièrement des moutons mérinos, dont il perfectionna l’éducation. Il publia en même temps un assez grand nombre de mémoires sur diverses branches de l’agriculture ; fournit des articles au dictionnaire de Déterville , aux mémoires de la société royale d’agriculture, et au cours d’agriculture de l’abbé Rozier ; devint membre de la société d’agriculture de Paris, et fut l’un des fondateurs de la société d’encouragement pour l’industrie. Successivement membre du conseil des anciens et du tribunat et maître des comptes, il fut nommé membre de la Légion-d’Honneur , en 1804 , et obtint peu après le titre de baron de l’Empire (2). Son fils, après avoir été longtemps député de la Rochelle, siège maintenant au Sénat. (Mém. judie. - Bcrnon de Salins.- Delayant. — Note comm. par la famille.)

(1) Ils habitaient, dans la rue Dompierre (aujourd’hui Fleuriau ;, l’ancien hôtel de Cheusses , bâti par la famille Jacques Henry, sur un emplacement appelé place de Jérusalem. Cet hôtel avait été pendant neuf années (1723-32) loué au corps de ville, auquel n’avait point encore été restitué l’ancien échevinage (V. 8 avril) ; puis aux trésoriers de France, pour y tenir le bureau des finances. M. de Chassiron l’avait acheté, en 1735 , de Renée-Madeleine de Rambouillet de la Sablière , veuve du conseiller d’État de Trudaine, héritière des seigneurs de Cheusses, que la révocation de l’édit de Nantes avait chassés de France. Il appartient actuellement à M. Potel.

(2) Il faisait partit de l’assemblée de la noblesse, lors de la convocation des trois ordres, en 1788, pour l’élection de députés aux Etats généraux. (Note comm.)


1756 02 03. — A cinq heures trois quarts, tremblement de terre, précédé d’un bruit assez fort. (Arcère.)
1756 04 23. — « Le 23ème d’avril, a été baptisé Jacques Nicolas, né le même jour du mariage légitime entre maître Nicolas-Simon-Marie Billaud, avocat au présidial, et dame Henriette Suzanne Marchand ; son parrain, Mc Jacques Rougier, escuyer, ancien assesseur du présidial, seigneur des Tourettes, etc. cousin de l’enfant ; sa marraine, dame Jeanne Texier, veuve de Me Simon Billaud, avocat au parlement et au présidial de cette ville, ayeule de l’enfant. » L’enfant, dont un registre de Saint-Barthelémy constate ainsi la naissance , s’appellera plus tard Billaud-Varennes, et son nom ne sera prononcé qu’avec exécration. Un confrère de son père et le sien, l’avocat Morin, en parle ainsi dans une note : « Tant qu’il demeura à la Rochelle, il ne montra aucun talent, ni aptitude : c’étoit le plus mince des avocats, taciturne , mélancolique , vain , etc. En 1780 , il fit une mauvaise comédie, intitulée : « La femme comme il n’y en a point », qu’il voulut faire jouer. Cet ouvrage était pitoyable et fut sifflé à outrance. Billaud garda sagement l’anonyme ; mais le public étoit dans le secret. Le lendemain de la représentation , qui n’alla pas à la fin , il partit pour Paris. Il y resta longtemps inconnu , même parmi les avocats. Il épousa une ancienne maîtresse d’un agent du clergé et qui n’avoit ni fortune, ni agrément. La révolution le mit à même de se lier avec des hommes qui se sont rendus fameux par leurs crimes, et il devint un des supports de Robespierre. Il prit sans savoir pourquoi, vers 1792, le nom de Billaud-Varennes. » Son père, qui fut nommé, en 1791, l’un des juges du tribunal du district, habitait, dans la rue de l’Escale, la maison décorée d’inscriptions et de cariatides, dont on attribue la construction au célèbre médecin rochelais , Th. Venette. Billaud-Varennes publia un grand nombre de brochures politiques ; M. Edouard Thierry dit même qu’il mit Alzire en opéra. Après avoir été membre du comité du salut public, substitut du procureur de la commune de Paris, commissaire dans plusieurs départements, élu à la Convention par le département de la Seine , chargé par le club des Jacobins de rédiger l’acte d’accusation contre tous les Rois , il fut mis en état d’arrestation le 1er avril 1795, déporté et mourut à Port-au-Prince en 1819 , n’ayant pas voulu profiter du rappel des déportés. (Note manuscrite et biograp.). — V. 2 et 8 avril.
1756 07 14. — Jugement, rendu sous la présidence de l’intendant Bâillon, qui condamne, 1° le ministre Gibert, pour avoir : depuis plusieurs années, rempli les fonctions de ministre, prêché , baptisé, fait la cène, etc., à être pendu sur la place royale , après avoir fait amende honorable, la corde au col, devant la principale porte de l’église Saint-Barthelémy ; ordonne que ses livres, papiers et sermons seront brûlés par la main du bourreau, et que son corps, après avoir été exposé pendant vingt-quatre heures, sera porté aux fourches patibulaires pour y rester jusqu’à parfaite consommation ; 2° Etienne, son frère, pour avoir été son lecteur ordinaire dans diverses assemblées , et avoir tenu ses registres, à l’amende honorable et à être marqué, au pied de la potence, avec un fer chaud, aux lettres G, A. L., sur l’épaule droite, puis conduit à la chaîne pour servir sur les galères du Roi à perpétuité ; 3° et un nommé Gentelot, aux mêmes peines, pour avoir accompagné Gibert à un baptême et avoir présenté un pistolet à la maréchaussée, qui voulait arrêter ledit Gilbert. Heureusement pour les condamnés et pour l’humanité qu’ils ne purent être saisis. (Bull. de la société de l’hist. des protest. 1854.)
1756 08 01. — Grandes réjouissances à l’occasion de la prise de Port-Mahon sur les Anglais par la Galissonnière et le maréchal de Richelieu. — Dîner magnifique de plus de 200 couverts, donné par le marquis de Clermont-Galleraude, commandant en chef dans les provinces de Poitou, Aunis et Saintonge.— Fête militaire, donnée sur la place du Château par les officiers des régiments de la Sarre, Bresse et Royal-Dragon ; sous-officiers et soldats prirent place ensuite à des tables dressées sous les allées de la place. Les négociants de la ville avaient en même temps fait élever, à l’extrémité de la rue Porte-Neuve (Réaumur), un vaste théâtre, d’où coulaient des fontaines de vin, et où l’on distribuait au peuple du pain et de la viande.-Le soir illumination générale et feu de joie. —Le 11 du même mois, les négociants célébrèrent le succès de nos armes par une fête plus brillante encore. (Notes mss. d’Arcère). — V. 11 août.
1756 08 11. — Le commerce Rochelais voulut aussi célébrer, par une fête magnifique, la prise de Port-Mahon (V. 1er août.) On transforma la cour de l’Hôtel-de-Ville en une salle richement décorée, où fut dressée une table en fer à cheval de 120 couverts ; deux autres tables, l’une de 80, l’autre de 40 couverts furent placées dans deux des salles de l’Hôtel. On admira surtout le dessert, qui représentait les escadres de France et d’Angleterre, le fort Saint-Philippe avec ses dehors, les travaux et les batteries des assaillans, etc. Le souper terminé, le bal commença ; quatre cents dames y assistaient, rivalisant de parures et de beauté, raconte le grave père Arcère, qui nous a fourni ces détails, et la danse se prolongea jusqu’à huit heures du matin. D’abondantes aumônes firent participer les pauvres à la joie générale. (Ms. de la bib. nos 8,435-637.)
1756 08 12. Naissance à la Rochelle de François, marquis de Beauharnois , surnommé le féal Bauharnois sans amendement, à la suite d’un mémorable débat à l’Assemblée nationale, où il avait été député par la ville de Paris. Il était fils de François de Beauharnois, baron de Beauville (V. 8 février), et de Marie-Anne-Henriette Pivart de Chastulé. Il fut présenté le lendemain au baptême, dans l’église Saint-Barthelémy, par son oncle Claude de Beauharnois, capitaine de vaisseau au port de Rochefort, et par son aïeule, Jeanne Hardouineau , épouse de François Pivart, seigneur de Chastulé. Il fut successivement lieutenant-général, ambassadeur et pair de France. C’est le père de Mme Lavalette , célèbre par son amour conjugal. (Reg. de St-Barth. — Biographies.)
1756 08 16. — Présentation au corps de ville, par le père Arcère, du premier volume de son Histoire de la ville de la Rochelle et du pays d’Aunis. Il lui fut voté immédiatement par les magistrats de la commune une pension viagère de 600 livres. (V. la notice biog. de M. Delayant, annales de l’Académie 1859.)
1756 09 26. — Naissance de Claude, fils de Claude Beauharnois, chevalier de Saint-Louis, capitaine des vaisseaux du Roi et de l’artillerie de la marine, et de Marie-Anne Mouchard. Il fut baptisé, le lendemain, à l’église Saint-Barthelémy ; son parrain était son oncle, François de Beauharnois, baron de Beauville, major des armées navales et des troupes de la marine à Rochefort, et sa marraine, son aïeule Renée Hardouineau de Beauharnois de Beaumont. Claude Beauharnois devint successivement capitaine au régiment des gardes françaises, sénateur, comte de l’empire, chevalier d’honneur de Marie-Louise, grand officier de la légion-d’honneur et pair de France. De son mariage avec C.-F.-G.-Adrienne de Lezay-Marnezia, naquit Stéphanie-Louise-Adrienne, adoptée comme fille par Napoléon, grande duchesse de Bade, morte récemment à Nice. (Rég. de Saint-Barth. — Biograp.)
1757 09 20. — La France et l’Angleterre étant alors en guerre, on vit apparaître, dans le pertuis d’Antioche , une flotte anglaise , commandée par l’amiral Hawke et composée de dixhuit vaisseaux de ligne, de neuf frégates, de deux galiotes à bombes et d’environ 90 bâtiments de transport montés par 11,000 hommes de troupes réglées. Trois jours après, elle forçait la faible garnison de l’île d’Aix à se rendre, après avoir détruit par le canon tous ses ouvrages de défense. Le projet de l’ennemi était d’opérer ensuite sa descente vers Fouras, de marcher droit sur Rochefort pour en dévaster l’arsenal, incendier la ville et barrer l’entrée de la rivière. L’alarme était grande à la Rochelle , où les Anglais pouvaient tenter aussi une descente. Pendant qu’une grande partie de la population prenait les armes, le reste travaillait aux fortifications avec la plus patriotique ardeur. « Personne n’étoit oisif, dit une relation du temps : les femmes portoient les boulets aux batteries, que leurs maris et leurs enfants construisoient, et un grand nombre de celles, de tous les étages, qui n’étaient point propres aux gros ouvrages furent s’occuper à l’arsenal à faire des cartouches. » Couillaudeau ajoute : « Tous les négociants demandèrent à faire établir une batterie sur les murs, qui donnent sur la mer , et une autre auprès de la tour de la Chaîne et à faire mettre un navire à l’entrée du port, que nous regardions la partie la plus faible. Tout le monde s’est porté si unanimement à tout cela, que ces deux batteries ont été en état de recevoir l’ennemi, la première en vingt-quatre heures, et l’autre le lendemain. Les enfants mêmes se sont tellement portés à rendre leurs petits services, que c’est en partie eux qui ont le plus travaillé à celle qui est au pied de la tour de la Chaîne, aussi l’appelle - t- on communément la batterie des enfants. » Enfin on lit dans une autre relation : « La ville s’étoit transformée en un véritable camp ; tout citoyen était devenu soldat. Il se forma d’abord deux compagnies d’élite, la première , décorée du nom de volontaires de Sénectère (1) et composée de cent jeunes gens des principales familles rocheloises, portoit l’uniforme blanc, avec parement et vestes d’écarlate, le chapeau bordé d’or et la cocarde blanche (c’était fanciell uniforme du régiment d’Aunis) ; la seconde, nommée volontaires de Langeron (2) et formée d’un même nombre de fils de bourgeois, avoit l’uniforme bleu, parements verts et eu lotte écarlate, chapeau bordé d’or , cocarde blanche et bleue ; tous portoient une épaulette d’or sur l’épaule gauche, si bien qu’on eut dit plutôt deux corps d’officiers que de volontaires. Il s’en forma deux autres, l’une, dite de Bonnaventure (3), avoit l’habit gris de fer, parements de velours noir, veste et culotte rouges ; l’autre, dite du Maire, portoit l’habit bleu de Roy, avec parements, veste et culotte écarlates, l’épaulette en soie et or, avec cocarde blanche et rouge. Enfin les deux compagnies de grenadiers bourgeois étoient en habit blanc, avec parements, veste et culotte écarlates, des bonnets à la grenadière, avec plaque de cuivre aux armes du Roy. Les enfants couroient par les rues pour demander de la mitraille et, dans leur patriotisme, les gens du peuple alloient jusqu’à arracher les clous de leurs portes. » La flotte anglaise remit à la voile le 1er octobre, sans avoir fait de tentative sérieuse ni contre l’île de Ré, ni contre la Rochelle. (Relat. hist. — Ms. 8435).

(1) Le maréchal de Sénectère commandait en chef les trois provinces de Poitou , Saintonge et Aunis.

(2) Le lieutenant-général comte de Langeron était chargé de la défense de la rive droite de la Charente. (Relat. ms.)

(3) Alex.-Henri Masset de Bonnaventure, brigadier des armées du roi, était lieutenant de roi à la Rochelle. (Reg. de Sl-Bartliél. — Perry).


1757 10 18. — Mort de l’illustre rochelais Réaumur. (Arcère.) — V. 28 février.
1757 11 01. — Louis XV , « informé des efforts que les habitans de la ville de la Rochelle ont faits en dernier lieu en n’épargnant ni leurs personnes, ni leurs biens pour faire échouer les entreprises des ennemis de l’Etat, et désirant reconnoître , d’une manière qui leur soit à jamais sensible, le zèle et la fidélité qu’ils ont fait paroître à cette occasion » (V. 20 sept.) , ordonne que les inscriptions placées , en 1675, à la porte de l’église des Minimes, seront enlevées ; « entendant que la mémoire en demeure effacée, pour ne plus se ressouvenir que des preuves suivies que lesd. habitans ont données, même avant cette époque, de leur attachement inviolable aux intérêts de l’Etat. (Ordon. de Louis XV.) — V. 31 octobre.
1759 03 10. — Ordonnance du Roi, qui forme une compagnie de deux cents volontaires , choisis parmi les négociants de la Rochelle, sous le nom de Volontaires d’Aunis (Ms. de la bib.). Leur uniforme était : l’habit blanc avec boutons.jaunes ; parement et veste d’écarlate ; épaulettes d’or et chapeau bordé d’or (Perry). Quand, dix-huit mois auparavant, une flotte anglaise s’était montrée sur nos côtes, disposée à faire une descente, un admirable enthousiasme avait fait courir toute la population aux armes ; mais le danger passé, l’ardeur des guerriers bourgeois s’était refroidie, et quand M. de Selines, le commandant des volontaires d’Aunis, essaya de les soumettre à la discipline militaire, il vit son autorité méconnue. Une ordonnance royale (1er septembre 1762), en prononça bientôt le licenciement, sur ce motif que leur concours n’était plus nécessaire, et avec l’assurance que, si les circonstances l’exigeaient, le Roi les rappellerait sous les armes. (Description imprimée.)
1760
1760 01 06. — Une assemblée générale du commerce décide qu’il sera construit une nouvelle Bourse, pour remplacer celle qui avait été détruite parles flammes. Le 7 juin suivant, on plaça dans l’un des piliers de l’édifice, une plaque de cuivre constatant la date de sa construction, et sur laquelle étaient gravés les noms des principaux fonctionnaires et des notables du commerce. (ms. de Perry).
1761 08 05. — Le feu prit avec tant de violence au couvent des religieuses de Sainte-Claire, que les trois quarts de leur maison furent consumés en moins d’une heure. (1) (Notes ms d’Arcère.) (1) Leur couvent, qui a donné son nom à la rue de Sainte-Claire, sert actuellement de caserne aux compagnies hors-rang.
1762 02 15. — Arrêt du conseil du roi, qui établit à la Rochelle une Société royale d’Agriculture pour la généralité. Elle devait se composer de quatorze membres, outre les associés et correspondants, dont le nombre n’était pas limité. Parmi les premiers titulaires, on remarque MM. Green de Saint-Marsault, marquis de Châtelaillon, grand sénéchal d’Aunis ; le marquis de Culant, de l’ancienne famille qui, depuis le XVe siècle, avait possédé la seigneurie de Ciré ; le baron de Pauléon ; Mesnard de la Garde, directeur de la monnaie ; le célèbre naturaliste de la Faille ; le père Arcère ; Weis, négociant, l.
1762 03 10. — Signification aux jésuites de la Rochelle et au corps de ville de l’arrêt du parlement, du 2 du même mois, qui, par suite de l’expulsion prononcée contre ces religieux, ordonnait que les officiers municipaux de la Rochelle s’assembleraient « pour délibérer sur ce qu’ils trouveront convenable pour la tenue du collége de ladite ville par autres que les soi-disants jésuites ; les autorisant à cet effet de faire tel concordat qu’ils aviseront, avec tels corps séculiers ou avec tels particuliers qu’ils trouveront à propos et telles conditions qu’il appartiendra, et à fixer les appointements des professeurs et autres personnes nécessaires pour la tenue dudit collége. x Les Jésuites avaient pendant cent trente-deux ans été chargés de l’éducation publique à la Rochelle ; après leur expulsion, l’enseignement fut confié à des prêtres séculiers. (Perry. — Dupont.)
1762 12 12. — « Départ, après la signature des préliminaires de la paix (1), de l’escadre anglaise qui, depuis le 1er juin 1761 , n’avoit cessé de croiser dans la rade de la Rochelle, au nombre de huit vaisseaux de ligne et de quelques frégates, qui se renouveloient de temps en temps, et dont le but principal étoit de bloquer le port de Rochefort, dont aucun vaisseau ne pouvoit soriir. » ( Perry.)

(1) Cette signature avait eu lieu le 3 novembre , à Fontainebleau. Au nombre des cruels sacrifices que s’imposait la France était la cession du Canada, si funeste pour le commerce de la Rochelle, et contre laquelle la Chambre de commerce avait protesté avec une patriotique énergie.


1763 07 02. — Publication solennelle de la paix signée à Paris, le 10 février précédent, entre la France, l’Angleterre et l’Espagne. Paix si désastreuse pour la première, qu’elle ne méritait guère le brillant appareil et les signes de réjouissance qui accompagnèrent cette publication et durèrent plusieurs jours. (Perry. — Programme de la cérémonie.) (1)

(1) Voici quel était l’ordre du cortège : la 1ère compagnie de dragons ; la 1ère compagnie de grenadiers ; les officiers du 1er bataillon, formant le bataillon carré ; les tambours et fifres ; les six archers de la ville, avec leur casaque et pertuisane ; le roi d’armes , ayant à ses côtés deux hérauts d’armes ; les violons et hautbois ; le secrétaire de la ville , en robe et bonnet carré et à cheval ; les officiers du corps de ville , aussi en robes et bonnets carrés et à cheval, escortés des sergens des deux bataillons sur deux files ; les officiers du 2e bataillon ; enfin les 2èmes compagnies de dragons et de grenadiers. — Le lendemain, illuminations splendides aux hôtels du gouvernement et de l’Intendance et à l’Hôtel-de-\ille. - Feu de joie sur la Place-d’Armes ; de chaque côté des gradins, sur lesquels jouait la musique , deux fontaines de vin ne cessèrent de couler pendant toute la soirée. Le 4 , grande fête à l’Intendance , avec comédie, bal et souper, &. (Perry. — Programme de la fête.)


1764 01 01 - Inauguration de l’hôtel de la Bourse, commencé en 1760, sous la direction de M. Hiie, ingénieur en chef ; il ne fut cependant terminé qu’en 1785 , époque à laquelle furent plantés les tilleuls, qui sont au fond de la cour. C’était le troisième construit, depuis 1650, sur le même emplacement ; les deux premiers avaient été dévorés par des incendies. (ms. de Perry).
1764 10 22. — « Assemblée générale du commerce, chez M. l’intendant, pour délibérer sur une avance de 50,000 écus à faire pour le rétablissement du port. » ( Perry. ) Il serait trop long de faire rénumération des travaux entrepris et des sommes dépensées pour l’amélioration de notre port, afin de le préserver ou de le débarrasser des vases, que chaque marée y apporte et y amoncèle sans cesse. Le mal était tel, vers 1730, que M. de Tigné, directeur du génie, disait dans un mémoire qu’à peine pouvait-il y entrer des navires de 50 à 60 tonneaux. Le cardinal de Fleury s’était enfin décidé, peu de temps après, à envoyer 1,500 soldats pour le curer, et de grands travaux avaient été faits dans le but, si non de prévenir entièrement, du moins d’arrêter l’envasement pour l’avenir. On avait perfectionné l’écluse de chasse du canal de Maubec, resserré et revêtu de pierres les côtés de ce canal, abattu le vieux pont de Saint-Sauveur , qui brisait la force du courant, et établi dans l’avant-port un système de fascinage , qui s’étendait jusqu’à une assez grande distance en mer ; mais le fléau envahisseur s’était joué de tous les obstacles. De nouveaux travaux furent entrepris ; on enleva cinq pieds d’épaisseur de vase ; on remplaça les pieux et les fascines, qui traçaient un long chenal dans l’avant-port, d’un côté par un grand terre-plein , où fut établi le chantier de construction des navires, et de l’autre par cette longue jetée en pierre , qui va bientôt disparaître en partie pour former l’entré du nouveau bassin. ( V. 18 juin. )
1765 08 23. — Mort de Valin, à l’âge de 70 ans. (Bernon de Salins.) Il fut enterré dans l’église de Nieul, où a été retrouvé récemment son tombeau. Son fils, Pierre-Josué-Barthelémy Valin , lui succéda dans ses fonctions de procureur du roi à l’amirauté. (Calendrier de la généralité.)
1769 09 07. — Arrêt du parlement qui fait défense aux huissiers de la juridiction consulaire de la Rochelle, de plaider pour les parties, comme l’usage s’en était abusivement introduit.
1770
1772 01 02. — Achèvement des travaux , commencés depuis le mois d’avril 1670 , -pour enlever la vase et les pierres, qui menaçaient de combler le port ; on en ôta environ cinq pieds de hauteur, que l’on transporta sur des gabarres dans l’anse des Coureilles. (ms. du temps).
1772 07 22. — Expériences sur l’électricité de la torpille, faites à la Rochelle, sur les indications de Réaumur, par Walsh, célèbre physicien anglais et quelques académiciens de cette ville. ( Barret. )
1772 10 22. — Un édit de Louis XV, du mois de novembre 1771, avait supprimé le système d’élection pour la nomination des Maire et officiers municipaux ( V. 5 février 1718), et rétabli leurs charges en offices, en réservant au Roi la faculté de pourvoir à ceux de ces offices, qui n’auroienl point été levés aux parties casuelles dans le délai de six mois. Nul ne s’étant présenté, à la Rochelle, pour acquérir les nouveaux offices municipaux , le Roi confirma, dans ses fonctions de Maire, P.-Henri Seignette , assesseur en la maréchaussée d’Aunis , nomma M. Jouanne de Saint-Martin lieutenant de Maire, et en outre quatre échevins, six assesseurs, et un procureur du Roi de la commune , sous cette réserve toutefois que, s’il se présentait des candidats pour payer le prix fixé, les titulaires devraient leur céder la place, dès qu’ils auraient obtenu l’agrément du Roi. (Reg. du greffe.)
1772 12 19. — Enregistrement des lettres patentes de Louis XV , du mois d’octobre précédent, approuvant le mandement de Mgr de Crussol, évêque de la Rochelle, daté du 1er octobre de la même année, qui avait supprimé un certain nombre de fêtes chômées dans son diocèse , en se fondant sur ce double motif : « que la misère qui régnoit dans ce diocèse , tant par la disette que par la cherté des grains et denrées, ayant réduit un grand nombre de famille à vivre du travail journalier de leurs mains , cette dernière ressource leur étoit encore insuffisante par la multiplicité des fêtes chômées, et que le peu d’exactitude qu’on apportoit à la sanctification des fêtes en avoit fait pour la pluspart des jours de plaisir, de festin et de débauche. » Les lettres royales enjoignaient aux officiers de justice et de police d’exercer leurs fonctions les jours de fêtes supprimées , et de veiller à ce que les boutiques fussent ouvertes el que les ouvriers et artisans vaquassent de même à leur travail journalier. (Reg. du présidial.)
1773 06 01. — Le palais épiscopal étant dans un état de vétusté et peu commode, Mgr Emmanuel de Crussol avait été autorisé, par arrêt du conseil du Roi, à le faire reconstruire. Il avait dû en conséquence., faire transporter les archives de l’évêché dans la bibliothèque du séminaire, situé sur l’emplacement de l’ancien hôtel de Marsan, dans la rue Dompierre (actuellement de Fleuriau). Dans la nuit du 1er au 2 juin , le feu fut mis volontairement dans la partie du séminaire où avait été placé ce précieux dépôt, dont on ne put rien sauver. Les chartes de donation de l’ancien comte de Poitou, Guillaume, aux abbés de Maillezais, les titres originaux de l’érection de l’abbaye de Maillezais en Évêché, ceux concernant la translation de cet Évêché à la Rochelle, une quantité d’actes d’inféodation, d’aveux, de dénombrements, de baillettes, &., furent entièrement consumés par les flammes. L’incendiaire, domestique congédié du séminaire, fut lui-même condamné au supplice du feu. (Reg. du présidial.)
1773 08 28. (1) — Naissance d’Aimé-Jacques-Alexandre Goujaud, plus connu sous le nom de Bonpland, l’intrépide voyageur, le naturaliste éminent, l’ami, le compagnon et le digne collaborateur de l’illustre Humboldt. Il était fils de Jacques-Simon Goujaud, maître ès arl et en chirurgie, et de Olive de la Coste. Il se destinait à la médecine comme son père, qui a exercé son art à la Rochelle pendant de longues années, quand les évènements politiques l’arrachèrent à ses études pour aller payer sa dette à la patrie. Il s’embarqua comme chirurgien de marine, vint ensuite à Paris, fit la connaissance de M. Humboldt chez Corvisart, et ces relations avec le savant allemand décidèrent de sa destinée. Tout le monde connaît ces longs voyages , ces expéditions pour ainsi dire encyclopédiques , qu’ils entreprirent ensemble et qui dotèrent presque toutes les branches des connaissances humaines de découvertes aussi nombreuses qu’importantes, et les magnifiques et volumineux ouvrages dans lesquels ils en publièrent les précieux résultats. On sait comment, après avoir été comblé des faveurs impériales et avoir été longtemps intendant de la Malmaison , Bonpland reprit, à la chute de l’empire, le cours de ses voyages scientifiques ; comment il fut victime de la soupçonneuse tyrannie du fameux docteur Francia, et , charmé par les admirables beautés d’un pays où il avait été tenu pendant dix années en état de séquestration , finit par l’adopter pour seconde patrie et y termina ses jours. (Actes de bapt. de St-Barth.)

(2) Dans une notice biographique , lue à l’assemblée générale de la Société de géographie M. Demersey fait naître Bonpland le 22 août, mais c’est une erreur.


1774 12 03. — Louis XVI, fesant droit aux réclamations du corps de ville, abroge l’édit, du mois de novembre 1771, qui avait érigé en offices les titres d’officiers municipaux de la Rochelle, ( V. 22 octobre. ) et rétablit, avec quelques modifications , les dispositions de la déclaration du 5 février 1718. (V. cette date.) En conséquence, le corps de ville se trouva ainsi composé : un Maire, nommé par le Roi pour deux années, sur la présentation de trois candidats élus par le corps de ville ; quatre échevins, nommés aussi par le Roi pour deux années, mais surla présentation d’un seul candidat ; dix assesseurs ou conseillers, un procureur-syndic et un receveur, tous nommés à vie. Bien que M. Henri Seignette , qui exerçait les fonctions de Maire depuis 1771, eût été nommé lieutenant-particulier, assesseur criminel au présidial, l’année précédente, il n’en fut pas moins maintenu dans la charge de premier magistrat de la commune jusqu’en 1776.
1775 02 20. — Naissance de Guy-Victor Duperré, devenu amiral sous le règne de Louis-Philippe ; son père , trésorier des guerres de la marine et des colonies, habitait alors, dans la rue Dauphine, l’hôtel qu’il avait acheté en 1769 et qui appartient aujourd’hui à la famille de Coupé. (Regist. des naissances de Notre-Dame.)
1775 05 15. — Homologation par le parlement des lettres-patentes du Roi, du mois de mars précédent, qui approuvaient les statuts du collége royal de médecine de la Rochelle ; aux termes desquels les médecins agrégés audit collége avaient le privilège exclusif d’exercer la médecine dans cette ville. (Ephém. de la généralité.)
1775 07 02. - Fête à l’occasion du sacre de Louis XVI. (Perry.)
1775 07 03. - Le duc de Chartres, Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, venant de Paris, arrive à la Rochelle. Il descendit à l’hôtel du baron de Montmorency, commandant en chef de la province. Après avoir reçu les autorités, il alla visiter le port et la digue et partit dans la soirée pour Rochefort, salué à son départ comme à son arrivée par toute l’artillerie de la place. (Perry.)
1776 04 05. — Arrêté municipal qui prescrit de numéroter de nouveau les maisons, les numéros placés en 1768, en vertu d’une ordonnance royale, étant effacés ou n’étant plus assez distincts. Le numérotage était continu et non comme aujourd’hui divisé par rue : le numéro 1er était dans la rue St-Claude et une maison de la rue Notre-Dame porte sur les petites affiches du temps le numéro deux mille cent quatorze. Qui le croirait ? nos pères étaient en progrès sur Paris, où il semble qu’une pareille mesure fut si utile et dont cependant les maisons n’étaient pas encore numérotées .en 1782. Voilà le curieux motif qu’en donne la malin auteur du Tableau de Paris : « On avoit commencé à numéroter les maisons des rues ; on a interrompu, je ne sais pourquoi, cette utile opération. les portes cochères n’ont pas voulu, dit-on, que les inscripteurs les numérotassent. En effet, comment soumettre l’hôtel de M. le conseiller, de M. le fermier général, de M. l’évêque à un vil numéro ; et à quoi serviroit son marbre orgueilleux ? Tous ressemblent à César : aucun ne veut être le second dans Rome. Puis une noble porte cochère se trouveroit inscrite après la boutique d’un roturier, cela imprimerait un air d’égalité qu’il faut bien se garder d’établir. »
1776 04 30. — A cinq heures et quart du matin , secousse assez forte de tremblement de terre, dans la direction de l’Est à l’Ouest, accompagnée d’un bruit souterrain très-fort semblable à un coup de tonnerre. La mer en fut agitée et se troubla à l’instant. (Perry.)
1776 05 07. — Départ de la première voiture d’un service de diligences allant à Paris. On partait de la Rochelle le mardi de chaque semaine , à quatre heures du matin , et l’on arrivait à Paris le samedi suivant. En 1803, la voiture des Messageries nationales mettait encore cinq jours pour faire le même trajet ; mais il y avait alors trois départs par semaine. Le prix des places était : dans l’intérieur, de 93 francs 75 cent. et dans le cabriolet, de 15 francs. (Affiches de la Rochelle.)
1777 01 14. — Enregistrement des lettres royales, du mois de janvier précédent, qui érigeaient en marquisat, sous le nom de d’Aligre, en faveur d’Etienne-François d’Aligre, premier président du Parlement de Paris, le comté de Marans et la châtellenie d’Andilly et leurs dépendances. A la révolution , d’Aligre reprit son ancien nom de Marans,, qu’on devrait terminer par un t et non pas par un s. (Maraant 1060, en latin Maraantum et Marantum).
1777 05 26. — Ch. Philippe, comte d’Artois, frère de Louis XVI, et qui monta plus tard sur le trône, sous le nom de Charles X, - allant de Brest à Bordeaux, passe à la Rochelle, où lui fut faite la plus brillante réception. Quatre-vingt jeunes gens, la plupart négociants, en uniforme aux couleurs de la maison-du prince, allèrent au-devant de lui jusqu’à Nuaillé, et lui servirent d’escorte jusqu’à l’hôtel du gouvernement, qui lui avait été préparé pour logement. Les grenadiers et les dragons de la milice bourgeoise, à l’extérieur de la ville, et à l’intérieur la garnison, commandée par le maréchal de camp de Lastic, formaient la haie sur son passage. Entre les deux portes Dauphine, le Maire, M. Goguet, entouré des membres du corps de ville , en robe, lui avait présenté les hommages de la cité. Après les réceptions d’usage , le prince se rendit au théâtre , où furent jouées deux pièces de circonstance : la Coquette fixée et le Cri du cœur ou le bon Rochelais , composées par le directeur de la troupe, M. Dorfeuil. A dix heures et demie, il arriva à la Bourse, dont la cour avait été disposée en salle de bal, magnifiquement décorée de riches tentures, de guirlandes et de médaillons allégoriques. On avait élevé pour le prince une tribune (1) en face du péristyle, sur lequel était l’orchestre. Dans la gorge du plafond, de 26 pieds de hauteur, avaient été ménagées des loges "grillées, qui permettaient de jouir, des appartements supérieurs, du coup-d’œil de la salle , étincelante de mille lumières reflétées par de nombreuses glaces. Le prince fut si satisfait de cette fête splendide, qu’en se retirant à trois heures, après avoir dansé six contredanses , il demanda qu’elle recommençât le lendemain, en étendant le nombre des billets et en permettant l’entrée aux masques. Le lendemain, on admit deux mille personnes, parmi lesquelles beaucoup de g risettes. Le prince mit tant d’ardeur à la danse que deux fois il fut obligé de changer de linge. Les jeunes gens de la ville, en uniforme, continuèrent de lui servir de garde. Malgré cette foule immense, les rafraîchissements furent assez abondants, pour que tout le monde en put avoir suffisamment. Comme un ordre de la cour avait interdit au corps de ville de faire aucune dépense à cette occasion, les frais furent payés par les négociants et par la chambre de commerce, à laquelle le prince adressa les plus flatteurs remerciements, en ajoutant qu’il conserverait toujours le meilleur souvenir des Rochelais. Il partit, le 28, pour Rochefort et ne voulut pas que les quatre-vingts jeunes gens, qui lui fesaient escorte, allassent plus loin que le platin d’Angoulins. Le :-W, il repassa par la Rochelle, à son retour de Rochefort, et reçut les mêmes ovations que pendant son séjour. La chambre de commerce eut l’attention de laisser pendant deux jours les salles de bal éclairées, et de mettre des musiciens au service de la foule, qu’étaient venus grossir les habitants des campagnes, et poussa la prodigalité jusqu’à lui faire distribuer des rafraîchissements en abondance. (Perry. — Feuille d’annonces.)

(1) Les principaux personnages de sa suite étaient : le prince de Nassau, le prince d’Henin, les chevaliers de Crussol, de Coigny et d’Escars, les comtes de Bourbon-Busset et d’Estherazy , le baron de Buzenval et le marquis de Saint-Hermine. (Perry.)


1777 06 18. — Arrivée dans cette ville de l’Empereur d’Autriche, Joseph II de Lorraine, frère de la reine de France. Il voyageait sous le nom de comte de Falkeinsten et descendit à l’hôtel du duc de Bourgogne, dans la rue du Minage. Il se rendit aussitôt à pied, par les remparts, à la porte des Deux-Moulins, dans l’intention d’aller visiter la Digue ; mais comme elle était couverte par la mer, il se dirigea du côté de la Porte des Dames, où il examina les travaux qui s’exécutaient à la Jetée et au Chantier de construction, dont l’ingénieur en chef lui présenta les plans. A l’Hôtel-de-Ville, les membres de l’Académie firent en sa présence des expériences sur la torpille électrique, auxquelles il parut prendre un grand intérêt. Le Maire, M. Goguet, lui présenta ensuite un exemplaire de l’Histoire de la Rochelle, du père Arcère. Il partit, le même jour, pour Rochefort, sans qu’on lui eut rendu aucun honneur militaire et qu’on lui eut donné d’autre titre que celui de comte, ainsi qu’on avait fait à Paris. (Perry).
1777 08 26. — Le collége royal de médecine de la Rochelle est associé, dans les termes les plus flatteurs, à la société royale de de correspondance de médecine, établie à Paris par arrêt du conseil d’état du mois d’avril 1776. ( Ephémérides de la généralité.)1779 11 19. — Naissance du Rochelais Pierre-François Bernier , astronome distingué, qui, en 1800, fut chargé, avec Bissy, de la partie astronomique de l’expédition pour les terres australes, commandée par le capitaine Baudin. (Rainguet : Biograp. Saintong. )
1779 11 19. — Naissance du Rochelais Pierre-François Bernier , astronome distingué, qui, en 1800, fut chargé, avec Bissy, de la partie astronomique de l’expédition pour les terres australes, commandée par le capitaine Baudin. (Rainguet : Biograp. Saintong. )
1780
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