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1723 - L’Abbaye de la Frenade à Merpins (Charente)

samedi 3 novembre 2012, par Pierre, 625 visites.

En 1723, Jean-Jacques Amelot de Chaillou, intendant de la Généralité de la Rochelle, lance une enquête sur les établissements religieux et hospitaliers de la Généralité, dans le but d’établir une "statistique". Le questionnaire envoyé par courrier comprend 6 questions :
- historique de la fondation
- nom de l’établissement
- ordre de rattachement
- effectifs
- revenus
- charges

Nous avons dépouillé pour vous les réponses à cette enquête. Voir l’introduction de cette rubrique

Source : Archives Départementales 17 - H86 - Transcription : Pierre Collenot.

A l’abbaye de la Frenade le 9 octobre 1723

Monsieur,

Pour satisfaire à la lettre que Mr votre subdélégué ma envoié j’ai incy lhonneur de vous respondre que cette abbaye de la Frenade ordre de Cisteaux diocese de Saintes est composée pour le present d’un prieur religieux, il y a un abbé commandataire qui jouit des deux tiers du revenu de l’abbaye, lesquels joints à celuy des religieux n’est jamais monté à plus de deux mils quatre cent livres ; les charges de toute l’abbaye montent soit pour les decimes, capitations, pension d’oblat et autres charges du clergé à six cent livres comme il paroit par les quittances, ce qui fait que le tiers lot n’est pas quelquefois suffisant pour aquiter les charges

cette maison a été entierement ruinée par les guerres de la religion et commence a se restablir pour les batiments par les epargnes et les soins des prieurs

voilà monsieur les eclaircissements que je vous rend conformes à votre lettre

je seray toujours disposé à vous en donner de plus grands lorsque vous le souhaiterez

ayant l’honneur d’être avec respect, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant serviteur

F. Vitier


Les renseignements de cette première lettre ont dû paraître insuffisants aux services de l’Intendant : une seconde lettre apporte quelques précisions.

A la Frenade, le 14e décembre 1723

Monsieur,

Je ne sçaurois vous envoier un memoire plus detaillé que celuy que j’ay l’honneur de vous adresser.

Mr l’abbé commandataire jouit des deux tiers de cette abbaye, conformément à un arrest de partage que l’on a obtenu contre luy en 1703, il a ses fermiers qui sont à Cognac, Mr Perrin, que j’avertiray pour qu’il vous envoient les eclaircissements que vous souhaitez.

Le revenu du prieur ne consiste que dans les préclotures qui sont de huit journaux en pré, levades et champs, des terrages de grain et de vin, des boisselages [1], un pré et un droit de pacage de cinq bœufs dans la prairie de l’isle Marteau entre Cognac et Merpins.

Je n’ay aucuns tiltres que la possession, avec quelques baillettes pour cent onze boisseaux de froment de rente.

Voila Monsieur tout le revenu dont je jouy depuis vint ans, le prieur n’ayant auparavant l’arrest que 500# de pension que luy donnoit l’abbé qui jouissoit de toute l’abbaye,

J’ay l’honneur d’être avec beaucoup de respect, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant serviteur.

F. Vitier, prieur de la Frenade.


Dans le même dossier se trouvent encore deux documents non datés, qui font peut-être partie de ces courriers. En voici le texte :

L’abbaye de la Frenade est de l’ordre de Cisteaux fondée par les comptes (sic) d’Angoulesme vers la fin du douzieme siecle. Le tiltre de la fondation ne se trouve pas, l’abbaye ayant été entierement ruinée dans les guerres de la religion.

Il n’y a pour le present qu’un religieux pretre profez de Cisteaux qui est prieur avec deux valets.

Le partage des biens et revenus de l’abbaye a été fait entre l’abbé commandataire et le prieur claustral en 1703 par arrest du Grand Conseil. Le prieur jouit pour sa part et portion de huit à neuf cent livres de revenu qui consiste en préclotures avec des terrages de grain en plusieurs paroisses qui montent à cent cinquante boisseaux de tous grains et en vin à trente et quarante barriques, de plus cent onze boisseaux de froment de rente, mesure de Cognac, de plus un pré affermé 60#, de plus un pacage de cinq bœufs dans l’isle Marteau affermé cent francs, plus des boisselages dans le village du Prunelas affermé 60#, il paye ses decimes qui montent à cent trente livres, suivant les quittances.


Etat de tout le revenu de l’abbaye de la Frenade suivant le partage qui a été fait par arrest du Grand Conseil l’an 1702

1er lot

Premièrement les terrages de grain et de vin que l’abbaye percoit dans la paroisse de Merpin avec les cens rentes, tant en argent, froment, avoine, chappons, poules. Les rentes en bled froment revienent à trente sept boisseaux. Les rentes en argent à dix neuf livres, et dix huict chappons ou gelines, plus les rentes de l’Isle Marteau revenant à vint une livres, plus quarante boisseaux de froment de rente noble sur le moulin de la Roche, plus quarante trois boisseaux de froment dans la paroisse de Courcoury, plus les rentes dans la paroisse de St Martin des Brandes avec la seigneurie de Ste Catherine de Beaulieu, paroisse de St Simphorien, plus les terrages et rentes duës à lad. abbaye dans la paroisse de St Laurent, plus la vigne apellée du Prieur contenant trois journaux plus un journal et demy de terre au dessus de lad. vigne, plus le pré du Pible avec la moitié des presclotures de l’abbaye.

2d lot

premierement les droits de terrages, dixmes, cens, rentes dues à l’abbaye dans le mas de Peu de Cens paroisse de Merpins, avec le dixhuitain qui touche led. mas, plus les rentes, terrages dans les paroisses de Gimeux, Salles, Genté, Angeac et St Fort du Nez, lesquelles rentes montent à cent onze boisseaux de froment, quarante cinq chappons ou gelines et quarante quatre livres argent, plus le pacage de l’Isle Marteau, c’est à dire le droit de mettre dans cette prairie pendant toute l’année quatres bœufs et une vache, plus le pré Labbé


[1BOISSELAGE, s. m. (Droit ecclésiastique & féodal.) c’est le nom qu’on donne, dans la province de Poitou, à une espèce de dixme qui se perçoit au boisseau, suivant d’anciens abonnemens faits dans des temps de guerre & de troubles.

Cette dixme avoit été supprimée par des lettres patentes du mois de juillet 1769, qui avoient ordonné en son lieu & place une dixme, à raison de la seizième gerbe , sur toute espèce de grain.

Plusieurs personnes s’opposèrent à l’exécution de ces lettres-patentes ; elles firent voir que la nouvelle dixme deviendroit une surcharge énorme en comparaison du droit de boisselage, & que le prétexte de l’augmentation des portions congrues, faite par l’édit de 1768 , qui avoit servi de motif aux lettres patentes surprises en 1769, étoit mal fondé ; parce qu’outre le droit de boisselage, on payoit encore des dixmes ecclésiastiques ou inféodées, qui, dans plusieurs territoires, se trouvoient confondues avec un droit de terrage qu’on payoit au sixième, tandis que le terrage, dû comme droit seigneurial & comme cens, n’étoit payé qu’au douzième.

De là on concluoit que les curés, dont les portions congrues étoient insuffisantes, pouvoient se pourvoir contre les possesseurs des dixmes & terrages.

Ces représentations firent la matière de plusieurs procès-verbaux, rédigés par l’intendant de la province, sur lesquels il fut rendu, au mois de mai 1771 , un édit qui révoque les lettres-patentes de 1769, abolit la dixme au seizième, rétablit le droit de boisselage, tel qu’il avoit existé auparavant, & ordonne que le supplément des portions congrues sera fourni par les seigneurs, & autres qui perçoivent dans les paroisses sujettes au droit de boisselage, celui de terrage au sixième, & que chacun d’eux contribuera au supplément des portions congrues, à raison de la moitié du droit de terrage.

Encyclopédie Panckoucke - 1783.

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