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1733 - Histoire de Rochefort - Le Magasin des vivres

lundi 2 juin 2008, par Pierre, 1633 visites.

Source : Histoire de Rochefort, contenant l’établissement de cette ville, de son port et arsenal de marine et les antiquitez de son château. - Théodore de Blois, Père capucin – Paris – 1733 – Books Google

Du Magasin des Vivres.

Haec loca non tauri spirantes naribus ignem
Sed gravide fruges, & Bacchi massicus humor
Implevere. Virg. Georg. L 21

Dans les premières années de l’établissement de la Marine à Rochefort, les Officiers faisoient eux-même les Vivres de leurs équipages, mais par là ils étoient détournés de I’aplication qu’ils devoient donner à ce qui regarde leur profession. Pour éviter cet inconvénient, Louis XIV, par un Arrêt de son Conseil, donné à Chambor le 2 Octobre 1669. établit un Munitionaire Général pour fournir les Vivres dans tous les Ports de Mer. Ce fut le sieur Jacquier qui fut le premier Munitionaire.

Ce Traité ayant été conclu, Sa Majesté fit bâtir à Rochefort le Magasin des Vivres, C’est un des plus beaux Edifices du Port. Il est joint à l’Hôpital de la Marine par un gros Pavillon, & forment ensemble une façade de cent quinze Toises sur un même alignement. Pour donner une idée de ces deux Bâtimens qui n’en sont qu’un, il faut les détailler.

En entrant dans le Magasin des Vivres, par la grande porte qui fait face à la Rivière, on trouve à droit un grand Hangard, où la Tonnellerie est établie. On en voit un pareil à gauche qui renferme le Chauffage des Fours de l’Hôpital. On entre dans la Boulangerie par un Corridor long de quarante-huit pieds, sur dix pieds de large, au bout duquel on trouve un endroit voûté pour les cendres : un lieu spacieux où l’on fait le Vinaigre, & une grande Salle qui renferme les Sons épurés. De l’autre côté de cette Salle on en voit une autre ou sont serrés les Fagots, destinés pour le service du grand Hôpital.

A l’extrémité du même Corridor sont placées quatre Salles, longues de soixante & six pieds, sur vingt-quatre de large. Chaque Salle contient quatre Fours, les Paitrins & les Utenciles nécessaires pour travailler à la confection du Biscuit & du Pain. Chaque Four est ordinairement servi par une Brigade de trois hommes, qui font par jour cinq Fournées de Biscuit, c’est-à-dire, quatre-vingt en tout. Lorsque ces seize Fours travaillent on fait par chaque Fournée cent quatre-vingt livres de Biscuit ; ce qui fait en tout quatorze mille quatre cent livres par jour. Et lorsque le travail presse on double les Brigades, & en vingt-quatre heures on fait vingt-huit mille huit cent livres de Biscuit, qui sont vingt-cinq mille quatre cent quatre-vingt neuf Rations, sur le pied de dix-huit onces la Ration, telle qu’on la donne par jour en Mer à chaque Soldat & Matelot.

Comme le travail du Pain est plus long que celui du Biscuit, un Four n’en fait par jour que trois Fournées, & chaque Fournée en produit cinq cent livres, par conséquent les seize Fours, huit mille livres ; & si on double les Brigades, seize mille, qui sont dix mille six cent soixante & six Rations de Pain, à raison de vingt-quatre onces la Ration, telle qu’on la donne par jour à chaque Soldat & Matelot dans le Port & en Rade.

Le Biscuit est conservé dans six grandes Soutes, qui contiennent chacune six vingt mille livres de Biscuit. Quatre Salles, longues de soixante & six pieds, & larges de vingt-quatre, sont établies pour bluter les Farines-brutes, & les épurer de leur Son. Elles contiennent chacune plus de mille Quintaux de Farine. Les Greniers sont proportionnés à tout ce grand détail. Il y en a huit de soixante pieds de long, sur vingt-quatre de large, dont chacun contient plus de douze cent Quintaux de Bled. On pourrait y en mettre beaucoup davantage, mais on craint qu’il ne s’échauffe ;.& il faut laisser un grand espace pour le remuer aisément.

Dans la face intérieure, qui fait le fond de la Cour, & qui répond à la Porte d’entrée, sont les Magasins particuliers pour les Légumes. Il y en a six qui ont chacun onze Toises de long, sur cinq de large, & qui peuvent contenir deux mille Quintaux de Grain, c’est douze mille en tout. On y conserve des Poix, des Fèves, du Ris, de l’Orge, de l’Avoine, des Pruneaux. Tous ces Légumes sont tirés des Provinces voulues, & facilement départis dans les autres Ports. On en envoye à Brest, à Marseille & aux Isles Françoises de l’Amérique.

Les Caves du Magasin des Vivres en montrent encore bien toute l’étendue. Il y en a une pour les Salaisons, une pour les Huiles & quatre pour les Vins.

On a vu dans celle des Salaisons jusqu’à trois mille quarts de Viandes salées, le Quart pesant deux Quintaux. Celle des Huiles est de même grandeur. Celles qui sont pour les Vins tiennent toutes quatre, jusqu’à quatre cent Tonneaux de Vin, sur le pied de quatre Barriques le Tonneau.

Enfin pour donner le dernier trait à la Description du Magasin des Vivres de Rochefort, on remarquera que dans une seule année [1] on y a tué onze mille Cochons & deux mille Bœufs.

L’Abbé Boutard a fait l’Inscription suivante pout ce magnifique Edifice.

Conditur hoc annona penu qua plurima Classis
Vivit, & Hesperias provida fulcat aquas.

C’est - à - dire :
Ici la sage prévoyance
Renferme ce qu’il faut pour munir nos Vaisseaux
Et leur fait trouver l’abondance
Dans la stérilité des eaux.


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