Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1760 - La production du sel dans les marais salants d’Aunis & de Saintonge

mercredi 28 mai 2008, par Pierre, 3173 visites.

La Saintonge et l’Aunis ont été les deux principales provinces productrices de sel en France.

Cet article décrit la technique de production du sel. Pour le compléter avec des informations plus régionales, voir les articles suivants :
- 1580 - La Saintonge : son sel, ses fossiles et ses côtes, par Bernard Palissy
- Livre de marais et muid de bosse : les mesures des sauniers

Source : Dictionnaire portatif de commerce contenant la connoissance des marchandises de tous les pays, ou les principaux & nouveaux articles, concernans le commerce & l’économie, les arts, les manufactures, les fabriques, la minéralogie, les drogues, les plantes, les pierres précieuses, &c. &c – Liège – 1770 Books Google

Les côtes du royaume de France où se recueille la plus grande partie du sel marin crystallisé par le soleil sont celles de la Bretagne, de la Saintonge & du pays d Aunis ; dans ces deux dernières sont Brouage, Maran & l’Isle de Rhé & dans la Bretagne la Baie de Bourneuf, Guerande & le Croisic qui sont les lieux où il y a le plus de salines.

Manière de faire le Sel gris

On appelle marais salans des terres basses & marécageuses que la nature a rendu propres par leur situation à recevoir les eaux de la mer au montant de la marée, & que l’industrie a mis en état de la retenir par des écluses qu’on y fait.

Ces marais dont on unit & dont on bat le fond avec assez de propreté se partagent en plusieurs bassîns quarrés, les uns plus grands, les autres plus petits, séparés par des espèces de petites digues de treize à quatorze pouces de large ; & c’est dans ces bassins, qu’on nomme les plus grands des parcs ou parquets, & les plus petits des aires ou eillettes, que lorsque la saison est venue, on laisse entrer l’eau de la mer dont on fait le sel.

Le tems propre à le faire est environ depuis la mi-Mai jusqu’à la fin du mois d’Août, parce qu’alors les jours étant longs & l’ardeur des rayons du soleil dans leur plus haut degré, le sel se cuit & se crystallise mieux & plus promptement.

Quand on veut donner l’eau de la mer aux marais, il faut auparavant les vuider entièrement de celle qu’on y a laissée tout l’hiver, pour les maintenir en état de contenir la nouvelle eau qui doit servir au sel & qu’on y laisse entrer à peu près à la hauteur de six pouces, après néanmoins l’avoir laissé se reposer & s’échauffer pendant deux ou trois jours dans des grands réservoirs qui sont au dehors des salines, en sorte qu’elle devienne comme tiède ; la quantité d’eau suffisante y étant entrée, on ferme l’écluse & on laisse au soleil & au vent à faire le reste de l’ouvrage.

La superficie de l’eau frappée à plomb des rayons de cet astre s’épaissit d’abord presque imperceptiblement, & ensuite se couvre d’une légère croûte, qui enfin se durcissant par la continuation de la chaleur, est entièrement convertie en sel ; l’eau en cet état est si chaude qu’on n’y peut mettre la main sans se brûler.

Lorsque le sel a reçu cette cuisson naturelle, on le casse avec une perche qui a une douve au bout, qu’on appelle simange, ce qui le fait aller au fond de l’eau, d’où on le tire presque aussitôt avec le même râteau, & l’ayant laissé quelque tems en petits monceaux sur le bord de l’aire pour achever de le sécher, on le met ensuite en d’autres plus grands, qui contiennent plusieurs milliers de muids de sel, qu’on couvre de paille ou de jonc pour les garantir de la pluie : ces monceaux de sel se nomment en Poitou des vaches.

Huit ou dix jours, au plus quinze, ayant achevé la crystallisation du sel, on ouvre de nouveau les parcs pour les remplir d’eau à la marée montante, & l’on continue ainsi alternativement à y mettre l’eau à en ramasser le sel qui se forme, & à les vuider jusqu à ce que la saison ne soit plus propre à ce travail.

Les pluies sont fort contraires à cet ouvrage, parce que lorsque l’eau du ciel s’est mêlée avec trop d’abondance à celle de la mer, celle-ci devient inutile, en sorte qu’il en faut faire entrer de nouvelle dans les marais, & c’est proprement les tems pluvieux qui décident de cette espèce de récolte qui n’est bonne que dans les beaux jours, & pendant les plus grandes ardeurs du soleil.

Le sel des marais salans est gris au sortir des parcs, & c’est celui de cette couleur qui se vend à l’étranger, & qu’on débite en France dans les greniers à sel, soit de la vente volontaire, soit du sel d’impôt ; il s’en fait cependant de blanc par le raffinage du sel gris, dans les provinces mêmes où sont les marais salans & dans la Flandre Françoise

Les sels gris de la Rochelle, de Seudres & de Marennes, ont la préférence sur les autres endroits. Ils se vendent à la razière à 4 & à 6 usances de paiement, & diverses raffineries répandues dans le pays viennent se pourvoir à S. Omer de sels gris, selon qu’elles en ont besoin. Le sel gris vaut 9 liv. la razière de 250 liv. & le raffiné 9 liv. 10 sols.

Journal de Commerce pag. 176 - Avril 1760

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