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1770 - Inventaire du mobilier d’une loge maçonnique à La Rochelle

dimanche 12 août 2007, par Pierre, 4342 visites.

Un inventaire complet du mobilier et des accessoires utilisés dans les rites d’une loge maçonnique de La Rochelle, d’autant plus intéressant que leur usage est commenté par des frères maçons présents lors de l’inventaire.

Source : AD 17. cote B 1814-1 – Cité dans Franc-maçonnerie et francs-maçons en Aunis et Saintonge, sous l’Ancien régime et la Révolution – Francis Masgnaud – Rumeur des âges – La Rochelle 1989

Premièrement avons observé que sur la porte d’entrée de la salle ou loge où nous sommes il y a une toille pinte attachée qui paroist représenter une figure humaine nue étandue ayant une chesne de fers au col et une ange montée sur cette figure ayant un pied sur l’estomac et l’autre sur le bas ventre tenant de la main gauche l’extrémité de ladite chaîne et de l’autre une épée nue lancée sur ladite figure, et ayant sur le réquisitoire dudit procureur du Roy interpellé les dits Charles, Dumaine et Landois de nous déclarer ce que signifie les dites figures ou emblèmes, lesdits Charles et Dumaine nous ont déclaré que lorsqu’ils sont entrés dans la loge ils les ont trouvé dans les mêmes formes et au même endroit, qu’ils en ignorent la signification quant audit sieur Landois il a aussi déclaré que dans le temps qu’il a été admis dans la dite prétendue société ledit emblème estoit peint et placé au même endroit qu’il est actuellement. Ensuitte avons interpellé lesdits Charles, Dumaine et Landois au réquisitoire du procureur du Roy sur le fait de savoir s’il y a quelques punitions usitées dans ladite société semblables a celles représentées par cette figure, ledit Landois a dit qu’il ne connoist point de punition dans la loge des framaçons d’autre que celle de renvoyer un associé ou maçon lorsqu’il a manqué à quelqu’uns de ses devoirs ou par quelques amandes pécuniaire au proffit des pauvres ainsy qu’il sera facile de le vériffier par l’examen des registres de délibération, qu’au surplus il ne connoist absolument l’emblème de ladite figure.

Ledit Dumaine rentre aprez que ledit Landais a été sorty a déclaré ne rien connoitre dans la Maçonnerie qui soit analogue a cecy. Et ayant fait retiré ledit Dumaine et rentré ledit Charles il a déclaré que la première chose qu’il a vue dans la loge lors de sa réunion a icelle, il a apperçu ladite figure peinte sans absolument savoir ce qu’elle signifie, ensuitte ayant successivement interpellé lesdits Charles Dumaine et Landais sur l’usage qu’on peut faire de onze épees et deux sabres nus qui se trouvent dans ladite loge, ils ont dit que ces épees et sabres servoit a deux usages le premier pour faire du bruit et intimider un récipiendaire maçon le second pour faire une voûte d’acier en croizant les dites epées et faisant passer par dessous les dignitaires de la loge pour les conduire a sa place, avons au surplus remarqué que laditte chambre ou loge est de vingt six pieds de longueur sur vingt pieds de large a l’entrée d’icelle deux colonnes sur l’une desquelles il y a un B sur l’autre un J, que ladite salle est entourée d’une tapisserie de toille pinte représentant différents portiques et colonades entre lesquels portiques il y a de dessiné des compas des écaires des marteaux, clefs, balances, un soleil une lune un transparent et que le dosme de cette loge est de toille pinte en bleu, persemé d’étoille, que dans le fond et en face de la porte d’entrée il s’y est trouvé une espèce de trône en forme de baldaquin de bois doré, soutenu par trois colonnes, peinte en bleu et or, une lampe triangulaire peinte en bleu avec trois G, que l’on monte sur ledit trône par trois marches, un fauteuil de tapisserie au devant duquel est une petite table triangulaire qui est précédée d’une aigle dorée avec des ailes étandues sur laquelle table avons trouvé un livre ou paire d’heures ouvert et l’évangille de St Jean contenue dans le livre également ouvert commançant par ces mots In Principio Erat Verbum, etc.

et ouverture faitte du tiroir de ladite table il s’y est trouvé 18 L- 15 S’ 6 D- et un billet de vingt quatre livres ainsy que différents cordons en bleu au nombre de huit au bas desquels sont des écaires compas épees clefs médaille et plumes d’argent doré et cuivre, que dans ladite loge il s’est égallement trouvé trois cierges ou souches et plusieurs lustres et chandeliers et ayant interpellé lesdits Landois Dumaine et Charles séparément sur l’usage et l’explication de ses différents objets nommément sur le livre ouvert de l’evangille de St Jean qui est sur une table sous le baldaquin ont dit que le livre d’evangille de St Jean commançant par in principio trouvé sur la table sert pour en donner la lecture aux nouveaux reçus auparavant de se faire recevoir et suivre les règlements de la loge que quand aux huit rubans ou cordons en bleu ils ont employés a décorer les officiers en charge de la loge.

Ensuitte estant passés dans une petite chambre a gauche de ladite salle le notaire a égallement pris par inventaire ce qui s’y est trouvé et procédant a nos observations sur le réquisitoire du procureur du Roy nous avons remarqué qu’au fond de ladite chambre il y a une tapisserie représentant un ordre d’architecture en colonade et dans l’angle trois marches de bois avec un espèce de tabouret ou table d’un pied d’hauteur, en forme de triangle sur laquelle il s’est trouvé une serviette unie et auprez d’icelle une cuvette et une fontaine de fayance plus trois petites tables triangulaires cinq chandeliers triangulaires plusieurs estampes représentants des testes et ossements de morts, la peau d’une patte d’ours et une mauvaise chemise de toille bleue, quatorze morceaux de cierge de sire jaune, neuf chandeliers et dans le coin de ladite chambre a l’autre extrémité un espèce de berceau garni de toille peinte en bleu dans lequel il s’est trouvé une table sur laquelle il se trouve une teste de mort au bas duquel berceau ou chambre noire est une trape de l’ouverture de trois pieds de long sur trois pieds de large au haut de laquelle il se trouve une coulisse avec deux planches donnant dans un réduit noire au dessous au bas de laquelle il se trouve une boiste d’environ six pieds de long sur environ dix huit pouces de large, dans laquelle boiste il s’est trouvé du linge et des cordes et sur le réquisitoire dudit procureur du Roy avons interpellé lesdits Charles Dumaine et Landois de nous déclarer et expliquer ce que signiffie tous ses différents objets et a quels usages ils les employent.

Ont dit que la table et les trois marches ainsy que la fontaine et la cuvette ainsy que les testes de morts qui sont représentées sur toille pinte servent à faire faire la reflexion au récipiendaire au grade de maitre, qu’il y a alors une lampe allumée auprez de lui, que les testes de morts sont attachées autour de ladite chambre, que la patte d’ours sert a un des maitres qui la met dans son bras, que le récipiendaire qui a les yeux fermés s’appuyant dessus c’est pour lui faire témoigner une espèce de frayeur de cet abord, que le petit couteau de chasse en forme de poignard sert au récipiendaire pour mettre sur son cœur dans le temps qu’il est reçu en promettant de fidellement s’acquitter de ses fonctions, que les sierges jaunes servent a éclairer ladite chambre noire, que ladite teste de mort estant dans la cabane renfermée de rideaux sert pour faire conoitre au récipiendaire que cette teste de mort doit luy représenter qu’il doit mourir, que quand a la trape et coulisse qui conduit dans le bas elle sert a mettre un maitre en grade lors de sa réception lequel on enveloppe d’un drap et lie dans une boiste que l’on fait monter en haut par le moyen de laquelle coulisse on laisse tomber ladite boiste dans le bas, laquelle donnant contre une cloizon porte un contrecoup au pied dudit récipiendaire nous observant cependant que depuis qu’ils sont réunis a cette loge on ne s’est point servi de cette boeste et coulisses pour les épreuves du récipiandaire.

Aprez quoy ayant reconnu sain et antier, rompu et levé un scellé apposé sur une autre porte de ladite loge nous sommes descendus dans la salle nous avons remarqué qu’au fond dans la face des fenestres il y a un grand morceau de toille pinte en bleu avec quatres colonnes, une gloire en nuage et dans le trumeau des croizées deux autres morceaux de toilles pintes avec deux collonnes en jaune sur lesquelles sont les lettres B. J. plus une grande estampe collée sur toille sur le haut duquel sont ces mots Idealis Ombra Sapiente Generalis au millieu est la figure d’un christ attaché a la croix avec différentes allégories autour dudit christ et contenus dans ledit tableau et au bas sont également ces mots De Relito Deo Christo Jesu Crucifixo Pontifici Hac Regi.

Et ayant interpellé lesdits Charles Dumaine et Landais de nous déclarer ce que signiffie les emblèmes mis et inscrits sur ladite estampes et sur les toilles pintes ont dit que chasque chose dans ledit estampe porte la signification inscrite avec elle et contient tout le monde entier, que ce qui est sur les toilles pintes représente différents attributs de la Maçonnerie, de laquelle estampe avons ordonné le dépôt a notre greffe tour être par la suitte statuée sur la réclamation qui est faitte par ledit Landais ainsy qu’il appartiendra après avoir été paraphée de nous et du procureur du Roy.

Ensuitte le procureur du Roy a requis que trois registres trouvés dans un tiroir d’une table de ladite salle haute contenant tant les délibérations faitte par ladite société que les statuts et règlements qui la consernent et quelques comptes particuliers soient de nous paraphés et déposés à notre greffe a cette fin que de raison comme aussi que ledit Landois soit tenu d’affirmer qu’il n’a point d’autres papiers et registres que ceux trouvés dans ladite salle.

Lequel réquisitoire faisant droit nous avons ordonné que ledit livre dont il s’agit ainsy que les mémoires et comptes, douze pièces volantes seront et demeureront déposées a notre greffe de nous tout présentement paraphées pour estre par la suitte par les unes et par les autres des parties pris telle concervation qu’il appartiendra et ledit Landois nous ayant représenté un registre couvert de parchemin contenant cinquante huit feuillets écrits servant a ladite société commençant par les mots Nous V. P. et S. S. Officiers et autres, finissant le 28 may dernier et signé de Jacob, Guilloton, Baillac et autres renfermant différents arrestés de ladite société et ayant interpellé ledit Landois de nous déclarer s’il a quelqu’autre papiers registres ou renseignements consernant ladite société il nous a déclaré n’en n’avoir aucun autre.

Ce fait avons egallement paraphé ledit dernier registre et ordonné le dépôt a notre greffe pour servir ce qu’il appartiendra...

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