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1781 - Discours inaugural de la loge maçonnique d’Aulnay (17)

jeudi 27 septembre 2007, par Pierre, 3298 visites.

Discours prononcé par l’Orateur de La Réunion des Elus (Aulnay) lors de l’Installation de la loge, le 13 Mars 1781

Un texte où l’influence des idées de Jean-Jacques Rousseau est patente.

Source : Bibl. Nat. FM 2 149 pièce 10 - Cité dans Franc-maçonnerie et francs-maçons en Aunis et Saintonge sous l’Ancien Régime et le Révolution - Francis Masgnaud - Rumeur des Ages - La Rochelle - 1989

Vouloir parler des avantages de l’établissement des sociétés devant des hommes qui sont eux mêmes membres d’une société fondée sur l’Egalité naturelle et l’amitié réciproque ne seroit-ce mes ff :. mériter les mêmes reproches que cet ancien Rhéteur qui osa discourir de l’art de la. guerre devant le plus grand général de son tems...

… Il s’est trouvé des philosophes qui, en considérant les désordres de la société civile et combien il est dificile d’y trouver la tranquilité et la paix ont conclu que l’homme n’était pas né pour vivre en société, mais loin de nous mes ff :. [1] ces spéculations stériles, inutiles au bonheur et à la vertu.

Lorsque le G :. Ar :. [2] de l’Univers plaça l’homme fragile dans la chaîne des êtres qui venaient d’échapper a sa main créatrice il voulut le distinguer de ses autres ouvrages, il déposa dans son sein ce germe précieux de la sociabilité...

...Je vois l’homme au moment de sa naissance dans un état de faiblesse qui le laisse dans la dépendance de tous les objets qui l’environnent. Bientôt il cesseroit d’être si ceux qui lui ont donné le jour ne veilloient à le lui conserver. Les secours qu’il en reçoit se multiplient comme ses besoins ; et la reconnaissance sera le premier sentiment qu’éprouvera son ame ainsi que le premier usage de la sociabilité qu’il tient de la nature.

A mesure que ses lumières s’étendent, que sa raison se développe, il voit aussi s’étendre ses rapports avec ses semblables, il voit bientôt que ce qu’il ne peut faire seul, il l’exécutera avec l’aide de son frère. Il ne tarde pas a s’apercevoir que s’il reçoit des secours, il peut en donner a son tour, ainsi mes ff :. par une bienfaisance réciproque, l’homme devient nécessaire à l’homme et la société s’établit. L’intérêt et l’amour propre n’ont pas encore versé leur poison parmi les humains, les mêmes fruits les nourrissent, le même ruisseau les désaltère, le même feuillage les défend des ardeurs du soleil, leurs jours coulent dans les douceurs de l’innocence et de la paix.

Mais que vois-je ? mes ff :. un mortel audacieux vient rompre ces liens sacrés, il abuse des dons de la nature, plus fort que les autres, il prétend a des jouissances exclusives, il forme une ceinture de pieux et il dit : Cecy est à moi ; que nul autre n’osent cueillir les fruits de ces arbres ni s’approcher de cette source, d’autres imitent son exemple ; ainsi s’établit la propriété, source de tous les maux, c’est ainsi mes ff :. que fut détruite cette égalité précieuse, donnée par la nature, fondée sur les besoins et les secours mutuels, ainsi l’intérêt d’un ne fut plus l’intérêt de tous, l’homme devint étranger a l’homme, disons mieux mes ff :., l’homme devint l’ennemi de son semblable, la paix disparut avec l’innocence et des divisions cruelles ensanglantèrent la terre.

Pour remédier a tous ces maux on fit des loix, des chefs furent choisis pour les faire exécutermais ces loix étoient l’ouvrage des hommes et non celui de la nature, ces chefs étaient des hommes eux mêmes et au lieu de rappeller sur la terre l’innocence et la vertu ces établissemens ne firent qu’augmenter la somme des malheurs du genre humain parce qu’on négligea de remonter à la source du désordre parce que ces loix n’eurent d’autre objet que de maintenir l’inégalité que la force et l’audace avaient introduit sur la terre au lieu de remettre les hommes dans l’état primitif d’égalité naturelle.

Quelques législateurs éclairés, pénétrés de ces grandes vérités les ont rappelées aux peuples confiés à leurs soins, c’est ainsi que le sage Minos voulut que tous les Cretois fussent égaux, que les repas se fissent a des tables communes et aux dépens du public, que tous les enfans fussent élevés en commun, qu’aucun habitant ne put dire : Voilà qui m’appartient ; pendant que ces peuples observoient avec fidélité ces saintes loix, ils vécurent dans le bonheur et la vertu, mais ils perdirent l’un et l’autre en oubliant ces sages institutions.

D’après les principes qui sont les nôtres, mes ff :., il est évident, oui : il est évident que s’il existe sur la terre une société où tous les membres qui la composent soient égaux et se considèrent comme tels, s’il existe une société dont le fondement soit une amitié sincère et réciproque entre tous les membres qui la composent, dans laquelle les besoins d’un des membres trouvent les secours dans tous, de laquelle on banisse tout ce qui peut faire naître l’idée d’inégalité et de supériorité, ce sera sans doute dans cette société seule que se trouvera l’image naturelle de la paix, de l’innocence destinée au genre humain, ce sera dans cette société seule qu’on trouvera le bonheur et la vertu.

En effet mes ff :. si l’humanité pendant tant de siècles inconnue ou méprisée ou avilie, jouit dans le siècle présent de la considération qui lui est due, à qui peut elle être redevable de cet avantage si ce n’est à une association qui n’a pour objet que la vertu et la Patrie, qui n’exclut aucun talent mais qui exige qu’ils soient inséparables de la Vertu qui réunit tous ses membres par un lien unique, par l’obligation sacrée de s’aimer comme des frères et de s’entr’aider dans le besoin.

Si la sagesse qui a présidé à son établissement y a ajouté l’obligation de garder un secret inviolable sur tout ce qui caractérise l’Ordre Roïal des Maçons, ce n’est qu’un moïen de plus de cimenter l’Union intime qui règne parmi eux, de resserrer les liens qui les unissent les uns aux autres et chacun d’entre eux avec l’humanité entière, c’est sous ce point de vue, mes ff :. que le Grand Art Roïal que nous professons est non seulement cher à ceux qui ont le bonheur de l’exercer, mais encore utile et respectable pour ceux qui ont le malheur de l’ignorer, chacun de nous mes ff :. a été intimement convaincu de ces grandes vérités depuis le moment plus ou moins éloigné ou il a eu l’avantage d’être admis a voir la Lumière, d’être associé à l’Ordre infiniment respectable des francs-maçons, mais la vertu qui fait l’objet de cet Ordre sublime est douée d’une force expansive en nous félicitant d’aimer et de servir comme de bons frères tous les membres de notre association, nous gémissions de ne pouvoir admettre à ce même bonheur ceux qu’une longue expérience nous faisaient juger dignes d’y participer, comme les eaux stagnantes qui dans le commencement de la création faisoient partie du Chaos se trouvèrent frappées de stérilité jusqu’à ce que l’esprit du G :. ar :. les eut fécondées, il a fallu qu’un raïon de lumière parti du G :. 0 :. vint nous délivrer de cet opprobre, il est enfin parvenu jusqu’à nous mes ff :. ce raïon tant désiré, nous jouissons de l’avantage de voir notre loge constituée et régulière et nous éprouvons la satisfaction de ne devoir ce bonheur qu’à l’amitié vraiment fraternelle et au zèle des Respectables loges L’Egalité à l’O :. [3] de St Jean d’Angély, de La Vraye Lumière à l’O :. de Poitiers et de L’Intimité à l’O :. de Niort. Illustres députés, Visiteurs respectables de ces puissantes loges, si dignes du titre glorieux de généreux frères, nous sommes pénétrés d’admiration en considérant le zèle que vous avés montrés pour l’Art Roïal des Maçons que nous chérissons ainsi que vous et de reconnaissance pour l’amitié que vous nous avés témoigné dans cette occasion importante, il seroit d’autant plus naturel que notre naissante loge, essaïant de païer le tribut de gratitude qu’elle se fait gloire de vous devoir par des éloges bien mérités, mais que votre modestie TT :. RR :. FF :. [4] ne s’alarme point. La vertu qui est la base de notre association abandonne aux prophanes les éloges directs que vous souffrirés d’autant moins que vous les mérités davantage. Ne nous refusés cependant, Très illustres Députés et très dignes frères la douce satisfaction de constater notre reconnaissance et notre filiation par un monument aussi durable que notre Loge même...

... Illustres Visiteurs dont la présence éclaire le Berceau de notre association, qu’il nous soit permis d’espérer que vous nous ferés la faveur de venir nous aider de vos Lumières et de votre expérience, joindre vos Travaux à ceux des frères de cette loge, votre zèle au leur, et contribuer de la sorte à l’avancement du Grand œuvre et au bonheur de notre société.


[1frères

[2Grand Architecte

[3Orient

[4Très Respectables Frères

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