Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1792 - L’émigration du clergé de Charente-Inférieure en Espagne

mercredi 18 février 2009, par Pierre, 1404 visites.

Le clergé des diocèses de Saintes et La Rochelle dont les prêtres réfractaires au serment sur la Constitution sont persécutés, se tourne vers l’Espagne, plus proche géographiquement, et où l’évêque de la Rochelle a des liens de parenté avec la famille royale.

Source : Documents inédits relatifs aux affaires religieuses de la France 1790 à 1800 : extraits des archives secrètes du Vatican - Augustin Theiner – Paris – 1858 – Google Books

Contexte historique
- 12 juillet 1790 vote de la Constitution civile du clergé
- 4 janvier 1791 les ecclésiastiques membres de la Constituante doivent prêter le serment civique en séance publique, la majorité d’entre eux refusent
- 29 novembre 1791 décret sur les ecclésiastiques réfractaires au serment civique. Ils sont privés de tout traitement, « réputés suspects de révolte ». Ils pourront être éloignés de leur domicile, et s’ils résistent, emprisonnés. A partir de cette date, une partie significative (mais pas la majorité) du clergé émigre dans les pays voisins.
- 10 août 1792 : le roi est déposé et l’Assemblée législative se dissout pour former une assemblée constituante, la Convention nationale.
- 2 septembre 1792 : tuerie au couvent des Carmes à Paris - Mort des deux frères La Rochefoucauld, dont Pierre-Louis, évêque de Saintes.

Le clergé des diocèses de Saintes et La Rochelle se tourne vers l’Espagne, plus proche géographiquement, et où l’évêque de la Rochelle a des liens de parenté avec la famille royale.

 27/04/1792 - L’Évêque de la Rochelle à S. E. Mgr Hippolyte Valenti, Archevêque de Corinthe, Nonce Apostolique en Espagne.

Nonciature d’Espagne, vol. 338.

Pampelune, 27 avril 1792.

Monseigneur,

J’ai reçu avec une vive reconnaissance la réponse que vous avez bien voulu me faire, elles deux brefs qui étaient joints à la lettre île Votre Excellence. Dans l’un, le Souverain Pontife satisfait à la majeure partie des demandes que je formais dans ma supplique à Sa Sainteté ; dans le second, il ajouterait, s’il était possible, à la vénération, à l’attachement et au tendre respect que lui ont voués les évêques et le clergé catholique de France par les expressions si touchantes de son cœur paternel. Je n’ai pu le lire sans verser des larmes, et en faisant les mêmes vœux que le père commun pour la cessation des maux de l’Église dans notre malheureuse patrie, et le rétablissement de l’autorité royale, si horriblement méconnue par une philosophie aussi audacieuse qu’impie.

Je me suis adressé aux évêques catholiques actuellement à Paris pour donner mon adhésion à ce bref et le faire distribuer dans mon diocèse, où j’espère qu’il ramènera quelques intrus. Ma ville épiscopale est assez tranquille, et il y existe une église catholique très-nombreuse, digne des premiers siècles par sa ferveur, sa piété et sa courageuse fermeté au milieu de la persécution la plus affreuse. Les campagnes sont presque partout privées de pasteurs catholiques, et les fidèles sont dans la désolation ; car, grâce à Dieu, le très-grand nombre repousse avec horreur le schisme et les intrus.

Les derniers décrets qui interdisent tout costume ecclésiastique et régulier ont jeté la consternation dans le clergé fidèle, et surtout dans les communautés de religieuses. La persécution en a déjà chassé plusieurs de leurs saints asiles. Le diocèse de Pampelune, à raison de sa situation près des frontières, voit arriver chaque jour des ecclésiastiques et même des religieuses.

Mgr l’évêque, dont la piété, la vertu et la généreuse charité pour les confesseurs de la loi ne peuvent mériter trop d’éloges, s’épuise pour procurer à tous les secours nécessaires. Il serait bien à désirer qu’il ne supportât pas seul un poids pour lequel ses revenus sont bien plus insuffisants que son cœur. Il écrit à S. É. Mgr le cardinal de Tolède, pour voir s’il ne serait pas possible d’établir un concert et une harmonie dans l’épiscopat et le clergé d’Espagne afin de subvenir aux nécessités actuelles du clergé français, si horriblement persécuté. J’ose espérer que Votre Excellence pardonnera ces détails à la confiance qu’elle m’a inspirée par la lettre obligeante dont elle m’a honoré. Je la supplie d’être persuadée qu’on ne peut rien ajouter au respect avec lequel j’ai l’honneur d’être,
Monseigneur,

De Votre Excellence

Le très-humble et très-obéissant serviteur,

JEAN-CHARLES DE COUCY, Évêque de la Rochelle.

 14/10/1792 - Le clergé de Saintes, en France, à S. E. Mgr le Nonce Apostolique en Espagne. Nonciature d’Espagne

, TOI. 338.

Bilbao, 14 octobre 1792.

Monseigneur,

Ne pouvant plus nous permettre aucun doute sur la perte cruelle que nous venons de faire par le martyre de notre évêque, nous osons recourir à vous dans la douleur qui nous accable. Et quel autre refuge pourrions-nous chercher, instruits des sentiments que vous aviez pour notre illustre prélat, de votre bienveillance pour son diocèse et de votre zèle pour la religion ? Les circonstances trop funestes où nous sommes nous feraient donc désirer que le Souverain Pontife nous donnât, comme à d’autres diocèses frappés du même malheur, un commissaire apostolique pour gouverner le nôtre, jusqu’à ce que la Providence nous ait donné un premier pasteur, ou que le chapitre de Saintes ait recouvré l’exercice de ses droits. S’il plaisait à Votre Grandeur de proposer au Saint-Siège la personne qu’elle jugerait la plus capable, votre choix serait le nôtre. Daignez, Monseigneur, vous rendre notre médiateur ; ce sera pour nous une consolation qui adoucira les rigueurs de notre sort, en nous assurant un protecteur aussi digne de notre confiance. Puissions-nous vous convaincre de toute notre reconnaissance comme du
respect avec lequel nous sommes,

De Votre Grandeur,

Monseigneur,

Les très-humbles et très-obéissants serviteurs,

Les chanoines, curés, vicaires et prêtres de la ville et diocèse de Saintes :
TAILLET, vicaire général. — JEAN MARCHUL, chanoine de Saintes. — DUDON, chanoine de Saintes. — COLLET, prêtre de la Mission (maison de Saintes). — FERRET, curé de Saint-Martin de Pons. — BLANCHON, curé de Saint-Vincent de Réaux. — PELLETZEAU, curé de Coyvert, près Saint-Jean d’Angely. — AUGIER, curé de Vanzac. — HUBROUSSE BEAUREGARD, prêtre-curé de Champagnolle. — DELON, prieur-curé de Saint-Pierre de Royan. — DURAND, prieur-curé de Rouffiac. — ROCHON, prieur-curé de Sablanceau. — TERRIEN, curé de Saint-Germain de Lusignac. — BAUDRY, vicaire de Clams. — COUTELIN, professeur de rhétorique. — BOUCHERIE DE LAMOTHE, chanoine régulier de l’ordre de Saint-Augustin, de la congrégation de Chancelade.— BEAU, prieur-curé du Chay. — GIRARD, prêtre du diocèse de Saintes. — FAVRAUD, prieur de Saint-Savin de Taillebourg. — SABOUROUD, sous-principal du collège de Saintes.— BAUDRY, prêtre du diocèse de Saintes.— BONNEROT, curé de Saint-Maur, ville de Saintes. — REVEILLAUD, ancien curé de Grave. — BERRAND, curé d’Arthenac. — BOUSAUNNEGESLIES, curé de Vaux et Saint-Pallais. — SEGOUS, curé de Saint-George de Didonne. — MONJOU, curé de Moulon. — MONJOU, curé de Boisbreteau. — MAYBOR , curé de Meursac. — TEXIER, curé d’Êchebreu. — MOQUAY, curé de Corme-Royal. — BERRY, desservant de Saint-Sever. — POIRIER, curé d’Yviers.— ETOURNEAUX, curé de Saint- Martin de Poulignac. — DE SAINT-LEGIER , chanoine. — VENTIYOL , prêtre. — DESVERGNES , prieur-curé de Saint-Pierre de Bois. — DE SAINT-PIERRE, du diocèse de Saintes, vicaire général de celui de Valence. — ARNAULD, prieur-curé de Pessire - PICT, vicaire de Montandre. — SCAVY, prieur-curé de Liolattesse. — BOISSON, vicaire d’Orignolle.— MIERVYHAC, prieur- curé de Charaux et de Saint-Vivien. — HOSPITEL LHOMANDIE, curé de Clams. — GUILLEMETEAU, vicaire de Gémozac. —GUILLEMETEAU, vicaire de Rioux. — PICHARD, chanoine régulier de Sablonceaux. — PETIT, chanoine régulier de Sablonceaux. — BIGOT, chanoine régulier de l’abbaye d’Aubrac. — KEPLER , curé de Chenac. — DE MANES, curé de Bonneuil. — LHOMANDIE, curé de Brisambourg. — CHASTEAUNEUF, curé de Saint-Quentin. — DURET, curé de Coudeou. — NADAUD, vicaire de Saint-Martin de Pons. — ROLLET, prêtre-secrétaire du diocèse de Saintes.

 02/11/1792 - Jean-Charles de Coucy, évêque de la Rochelle écrit au Nonce Apostolique en Espagne

Un évêque de France, dans ma position, qui a l’honneur d’être allié à la maison de Bourbon, et par là même au roi et la reine d’Espagne, pourrait peut-être implorer la protection, l’intérêt et les bienfaits de ces augustes souverains ; mais je mettrai ma gloire à recevoir ceux de l’Église, pour les intérêts de laquelle j’ai tout sacrifié, par les mains du vénérable primat des églises d’Espagne, et par celles du digne prélat qui représente dans ces royaumes le père commun de toute la chrétienté.

(Jean-Charles de COUCY, évêque de La Rochelle, au Nonce Apostolique en Espagne, le 02/11/1792 – écrit de Bilbao)


Voir en ligne : Deux victimes des Septembriseurs : Pierre-Louis de La Rochefoucauld, dernier évêque de Saintes et son frère, Évêque de Beauvais - Louis Audiat - 1897 - Texte intégral

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