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1866 - Richesses et misères des Archives Départementales de Charente et Charente-Maritime

mercredi 30 mai 2012, par Pierre, 2612 visites.

La vie des archives départementales est loin de ressembler à un long fleuve tranquille. Les révolutionnaires, les employés, les élus ayant d’autres priorités, l’humidité, les incendies et les termites ont eu raison d’une très grande partie des archives locales. Les rapports des archivistes, en 1866, riches d’informations sur les causes de leur destruction inexorable, nous révèlent aussi quelques unes de leurs pépites. Il ne faut cependant pas perdre de vue que de 1866 à nos jours, même si les techniques de conservation ont progressé, des fonds d’archives ont subi de lourdes dégradations. On se rappellera en particulier de l’incendie de la Bibliothèque de Saintes en 1871, qui commettra de très graves dégâts.

Source : Les Archives départementales de France. Annuaire de l’archiviste des préfectures, des mairies et des hospices... - Aimé Champollion-Figeac. - Paris – 1866 - BNF Gallica

  Sommaire  

 CHARENTE.

Il serait impossible aujourd’hui de déterminer l’étendue et l’importance des pertes qu’ont éprouvées les Archives de la Charente pendant la tourmente révolutionnaire. La tradition seule s’est chargée de conserver jusqu’à nous le souvenir des feux de joie qui furent allumés, en 1793, sur la place de la Commune, à Angoulême, et qui consumèrent des milliers de titres de toute nature et de toute provenance. On a pu retrouver cependant dans tous les chefs-lieux d’arrondissement, à Cognac et à Confolens, les procès-verbaux qui constatent le broiement officiel des titres féodaux dans ces deux villes, et dont l’un, celui de Cognac, indique sommairement, mais d’une façon trop imparfaite pour satisfaire notre curiosité , les principaux documents qui furent livrés aux flammes [1].

Tous les désastres que nous avons subis ne doivent pas, d’ailleurs, être imputés à la Révolution. Il en est de plus récents et de moins excusables : de nombreux changements de locaux, l’indifférence de l’autorité départementale, l’absence de préposés responsables à la garde des Archives, ou l’incapacité notoire de ceux qui l’ont été à certaines époques, le voisinage enfin par trop rapproché des bureaux de la Préfecture et la possibilité, pour les employés de l’administration, d’y entrer à leur convenance, à toute heure du jour, furent pendant longtemps autant de causes puissantes de destruction. Nous tenons de témoins oculaires et dignes de foi que, sous le premier Empire et la Restauration, les garçons de salle allumaient les poêles des bureaux de la préfecture avec les registres du cadastre de l’Élection d’Angoulême. On s’amusait à faire fondre les bulles en plomb pour en couler des balles ; des collectionneurs ou de simples curieux pouvaient venir, à peu près quand bon leur semblait, rechercher les chartes qui les intéressaient, couper les sceaux et les emporter. Tous ces objets précieux étaient considérés alors comme des vieilleries inutiles et gênantes, dont l’administration aurait mieux fait de se débarrasser. — Nous recueillons aujourd’hui les fruits de cette coupable négligence. La collection des sceaux, qui comprenait certainement plus de mille pièces, en contient actuellement moins de cent, grâce aux ciseaux des indiscrets.

Réunies primitivement dans les greniers de l’ancien Doyenné, les Archives de la Charente furent transportées, vers 1806, sous les combles de l’Évêché devenu l’hôtel de la Préfecture. Elles restèrent ainsi entassées jusqu’à l’époque de la construction des bâtiments de la Préfecture actuelle. En 1855, on les y déposa dans un local trop étroit et mal éclairé, qu’on leur avait réservé sous les toits, immédiatement au-dessus des bureaux. C’est là qu’elles étaient encore amoncelées et en grand désordre, lorsque le Conseil Général du département se décida, en 1855, sur les instances réitérées du Ministère de l’intérieur, à faire l’acquisition de l’Hôtel Albert, voisin de la Préfecture et placé d’ailleurs dans des conditions d’isolément désirables en pareil cas. On pouvait espérer alors qu’en appropriant ce bâtiment à sa nouvelle destination, les Archives seraient pour longtemps convenablement établies ; mais, en 1858, dès la première année de l’installation, on réserva le rez-de-chaussée de l’hôtel aux bureaux de l’inspection académique, ne laissant au dépôt départemental que les trois étages supérieurs. Par suite de cette mesure inopportune, le local est actuellement composé de 18 pièces, dont l’aménagement se prête mal aux combinaisons du classement réglementaire, et se trouve tout à fait insuffisant. Dans les trois dernières sessions du Conseil Général, la commission des Archives s’est prononcée formellement en ce sens.

Durant les onze années qui viennent de s’écouler (1834-1865), mais particulièrement depuis 1859, les Archives de la Charente se sont accrues progressivement dans des proportions telles, qu’elles ont quintuplé de volume, malgré la vente de papiers inutiles qui s’effectua en 1858, et dont le produit s’éleva à 1,200 francs. Elles se sont enrichies notamment :

- 1° De registres relatifs à l’apanage du comte d’Artois, provenant des Archives municipales d’Angoulême ;
- 2° Des greffes anciens d’Angoulême, de Barbezîeux, de Cognac, de Confolens et de Ruffec ;
- 3° De documents concernant les Intendances de Limoges, de La Rochelle et de Poitiers, adressés par les départements de la Corrèze, de la Vienne et de la Haute-Vienne ; de registres appartenant
au cadastre de l’Élection d’Angoulême, qui avaient été oubliés dans les greniers de la Sous-Préfecture de Confolens ;
- 4° De titres des familles de Crussol d’Uzès et de La Rochefoucauld retrouvés à la mairie de Barbezieux ; d’un dossier relatif à la famille Martin de Châteauroy (don de M. Amédée Cimetière) ; des minutes et protocoles du bureau des anciens notaires de la Sénéchaussée d’Angoulême ; du tabellionage de la Principauté de Marcillac, et d’un très-grand nombre de minutes de notaires, rapportées de la mairie de La Rochefoucauld, des greffes de Barbezieux, de Cognac et de Confolens, et du village de Chavagnac, dans la commune- de Cellefrouin ;
- 5° D’un registre de titres du Prieuré de Palluaud (1225-1688), adressé par le département de Seine-et-Oise, et de pièces et registres relatifs aux Commanderies dé Bouthiers, du Chambon, du Fouilloux et de Villegast, cédés par le département de la Vienne.

Telles qu’elles sont constituées présentement, grâce aux nombreuses réintégrations que nous venons de signaler, les Archives de la Charente se composent des différents fonds suivants :

- Apanage du comte d’Artois (Charles-Philippe de France, depuis le roi Charles X) : duché d’Angoulême, châtellenies de Bouteville, de Chàteauneuf et de Cognac.
- Sénéchaussée et Siège présidial d’Angoulême ; Prévôté d’Angoulême ; Prévôtés et justices de Barbezieux, Bazac, Blanzac, Bouteville, Chalais, Cognac, Confolens-et-la-Villatte, Le Fa-et-Gireuil, Montignac-Charente et Saint-Christophe.
- Maîtrise particulière des eaux et forêts d’Angoulême.
- Intendances de Limoges, de Poitiers et de La Rochelle.
- Élection d’Angoulême, cadastre des 87 paroisses ci-après désignées : Aigne, Ambernac, Ansac, Asnières, Aubeville, Balzac, Bécheresse, Bellon, Bessac, Blanzac, Bonnes, Bors, Grenort-Saint-
Sébastien-de-Chabanais, Chadurie, Champagne-de-Blanzac, Champniers, Chenaud, Chirac, Claix, Conzac, Corlac, Courgens, Courgeat, Cressac, Dignac, Ëcuras, Essards, Ëtagnac, Étriac, Fouquebrune, Gardes, Gurat, L’Isle-d’Espagnac, Juignac, Jurignac, Lézignac-Durand, Lézignac-sur-Goire, Linars, Lonne, Magnac-et-Rodas, Magnac-sur-Touvre, Mainfonds, Manot, Marillac, La Menescle, Montalembert, Montbron, Montignac-le-Coq, Mornac, Mouthiers, Nabinaud, Nersac, Nonac, Orival, Péreuil, Pillac, Plassac, Poursac, Puymoyen, Puypéroux, La Rochette, Ronsenac, Rouffiac-d’Aubeterre, Roullet-et-Rocheraud, Rouzède, Ruelle, Sers, Sireuil, Saint-Amant-de-Montmoreau, Saint-Àndré-de-Blanzac, Sainte-Àulaye, Saint-Christophe d’Aubeterre, Saint-Cybard-le-Peyrat, Saint-Laurent-de-Belzagot, Saint-Paul, Saint-Quentin, Saint-Romain-d’Àubeterre, Saint-Saturnin, Saint-Sornin, Saint-Yrieix, Trois-Palis, Vaux-la-Valette, Vignolle-et-Saint-Bonnet, Vindelle, Voeuil, Voulgezac.
- Élections de Barbezieux et de Confolens.
- Assemblée provinciale de la Généralité de Poitiers.
- Collège Saint-Louis-d’Angoulême, comprenant les titres des seigneuries de Mazottes et de Puyguillier.
- Familles Angély, Arnaud de Viville, Asnières (d’), Auffroy, Babinet de Rencogne, Barbarin, Barbezières (de), Barbier de La Grange, Bareau, Baudoin de Fleurac, Beaupoil de Saint-Aulaire, Beiraut, Berbion, Bidé de Maurville de Beauvais, Boisson de Rochemont, Boissot, Bourrut-Lesmerie, Broglie (de), Cadiot de Saint-Paul, Camus de Néville (Le), Chabanais (de), Chesnel, Chevreuse (de), Cosson, Couraudin (de), Couture-Renon (de La), Crevant d’Humières (de), Cropte (de La), Crozan (de), Crussol d’Uzès (de), Delavaud, Duboys, Duboys de La Vergne, Esparbès de Lussan (d’), Fa (Du), Faure de Croix de Bors, Feydeau de Saint-Christophe, Flamen de Villognon, Forgues de Lavedan (de), Fornet (de), Fortin, Froger (de), Galard de Saint-Hermine (de), Gillier de Salles, Gracieux de Beauchêne, Guillot Du Doussay, Guyonnie (de), Guyot, Guitard de Ribérolle, Horric de La Motte, Jonchères (de), Jourdain de Boistillé, Lagrange de Labaudie, Laurencie (de La), Lespars (de), Livenne (de), Macé, Maigneu, Marlonges (de), Martin de Châteauroy, Mascureau , de Sainte-Terre, Mastin (de), Maulde, Maurin, Morel (de), Mortemart (de), Mortemer (de), Motte-Brunet (de) La), Motte-Criteuil (de La), Moulin des Contanceries (Du), Musnier de Raix (De), Nersac (de), Normand de La Tranchade, Pasquet Du Bousquet, Perry (de), Pindray (de), Porte (de La), Poulignac (de), Ponte de Nieuil, Prahé de Lacombe, Préverand de La Boissière, Rabaine (de), Raymond (de), Regnauld (de), Regnauld de Taponnat (de), Rochefoucauld (de La), Romagère de Ronsecy (de La), Rouvroy de Saint-Simon (de), Salignac (de), Sanzillon de Pouzol (de), Sardain de La Soutière, Sorel (de), Sudrie (de La), Saint-Georges (de), Talleyrand-Périgord (de), Theil (Du), Thibault de Marcillac, Thibault Du Rocher, Thomassin (de), Vignaud, Vinsonneau de La Péruse.
- Minutes et protocoles de 635 notaires de la Sénéchaussée d’Angoulême (dont quelques-uns avec répertoire). Minutes de 48 notaires de la Principauté de Marcillac. Le plus ancien acte de la col-
lection remonte à l’année 1379 ; il est écrit sur un registre en papier, qui s’arrête à l’année 1419, et porte pour titre : « Altera papyrus notularum et regestorum Johannis de Agiis, clerici Engolismensis, publici apostolica auctoritate notarii ac auditoris cujuslibet curiarum domini episcopi ac dominorum decani et capituli Engolismensium (cutodisque) sigilli domini comitis Engolisme ibidem ad contractus constituti. » — Tous ces actes sont renfermés dans 4,600 portefeuilles, dont chacun contient en moyenne 250 pièces.
- Arpentages de prises, faites à la requête des tenanciers et en présence de témoins, par divers arpenteurs jurés, dans l’étendue des 176 paroisses qui suivent : Aizecq, Alloue, Ambernac, Anais, Asnières, Balzac, Barro, Bernac, Bessé, Blanzaguet, Bouchage (Le), Bouex, Bouin, Brettes, Brie, Brillac, Bunzac, Chabanais, Chabrat, Chadurie, Champagne, Champniers, Charmant, Charmé, Charras, Chassenou, Châteaurenaud, Chàtelars, Chavenat,Chazelles, Cherves, Chévrerie (La), Chirac, Cloulas, Courcôme, Courgeat, Couronne (La), Couture, Dignac, Dirac, Diville (La), Douzac, Ébréon, Écuras, Embourie, Empuré, Épenède, Esse, Étagnac, Excideuil, Faye (La),
Fléac, Fontenille, Forêt-de-Tessé (La), Fouquebrune, Garat, Gardes, Genouillac, Grenord-l’Eau, Gurat, Hiesse, Houmeau (L’), Isle-d’Espagnac (L’), Juillac, Juillé, Juillaguet, Laplace, Lessac, Lesterps, Lézignac, Lichères, Ligné, Linars, Lindois (Le), Londigny, Longré, Lonnes, Loubert, Luxé, Madeleine (La), Magnac-la-Valette, Magnac-sur-Touvre, Mallérand, Manot, Marillac, Marsac, Marthon, Mardieu (Le Petit-), Messeux, Mézières, Millaguet, Montemboeuf, Montjean,
Mornac, Moutardon, Moutier-Ferrier, Mouzon, Nanteuil, Nonac, Paizay-Naudouin, Parzac, Pérignac, Péroux, Péruse (La), Plassac, Pleuville, Porcheresse, Poursac, Pranzac, Pressignac, Raix, Rancogne, Rivières, Rochefoucauld (La), Ronsenac, Rougnac, Roullet, Roumazières, Roussines, Rouzède, Ruelle, Salles, Saulgon, Souffrignac, Soyaux, Suris, Saint-Adjutory, Saint-Amand de Nouère, Saint-Ausone, Saint-Bonnet, Saint-Christophe, Saint-Claud, Saint-Constant, Saint-Estèphe, Saint-Florent, Saint-Fraigne, Saint-Genis, Saint-Germain de Montbron, Saint-Germain-sur-Vienne, Saint-Gervais, Saint-Groux, Saint-Laurent-de-Ceris, Saint-Martial, Saint-Martin d’Angoulême, Saint-Martin-de-Bourianne, Saint-Martin-du-Clocher, Saint-Mary, Saint-Maurice-des-Lions, Saint-Maxime, Saint-Projet, Saint-Quentin, Saint-Saturnin, Sainte-Sévère, Saint-Sornin, Saint-Yrieix,. Theil-Rabier, Torsac, Trois-Palis, Tuzie, Valette (La), Vars, Verdille, Verteuil, Villars, Villefagnan, Villiers, Vindelle, Vitrac, Voulgezac, Vouzan, Yvrac.
- Corporation des maîtres chirurgiens d’Angoulême.
- Évêché d’Angoulême.
- Archidiaconé d’Angoulême.
- Chapitre cathédral de Saint-Pierre d’Angoulême.
- Séminaire d’Angoulême.
- Églises collégiales de Saint-Sauveur d’Aubeterre et de Saint-Arthémy de Blanzac.
- 64 églises paroissiales : Angeac, Balzac, Beaulieu (d’Angoulême), Beaulieu (arrondiss. de Confolens), Biarge, Brillac, Chabrat, Champagne de Blanzac, Champagne-Mouton, Champmilon, Chantrezac, Chassiecq, Cressac, Douzac, Esse, Fouquebrune, Gardes, Genouillac, Grenort-l’Eau, Gurat, Hiesse, Houmeau (L’), Jauldes, Juillaguet, Laplace, Lézignac-Durand, Lézignac-sur-Goire, Linars, Magnac-sur-Touvre, Montrollet, Mornac, Negret, Nieuil, Péruse (La), Plassac, Pleuville, Pressignac, Rougnac, Roumazières, Ruelle, Sers, Suris, Saint-André d’Angoulême, Saint-Barthélémy de Confolens, Saint-Christophe de Chalais, Saint-Claud, Saint-Cybard (Le Petit-), Saint-Estèphe, Saint-Front, Saint-Genis-d’Hiersac, Saint-Germain, Saint-Laurent-de-Ceris, Saint-Michel-d’Entraigues, Saint-Paul, Saint-Quentin, Teijat, Torsac, Trois-Palis, Turgon, Ventouse.
- Chapelles de Beaulieu (Saint-Nicolas de), Balzac (Saint-Nicolas de), Roullet (Saint-Antoine de), Touvre (Sainte-Madeleine de).
- Abbayes d’hommes : de Baigne, de Bournet, de Saint-Amant-de-Boixe, de Saint-Cybard (ordre de Saint-Benoît) ; de La Couronne, de Cellefrouin et de Lesterps (ordre de Saint-Augustin) ; de Grosbost (ordre de Cîteaux. — Dans le fonds de l’Abbaye de La Couronne sont compris ceux des Prieurés d’Arvert, de Chailles, d’Agudelle, de Rifaucon et de Salignac, au diocèse de Saintes ; de Notre-Dame-de-Bellegarde et du Soudiac, au diocèse de Bordeaux ; de Notre-Dame-de-Lagord et du Lignon, au diocèse de La Rochelle ; de Font-Blanche et de Saint-Martin de Niort, au diocèse de Poitiers ; de La Faye, de Puyfoucaud et de Vendoire, au diocèse de Périgueux ; de Dournazac et d’Haultevaux, au diocèse de Limoges ; d’Aigrefeuille, d’Escarmeil, de Montcalm et du Pont, au diocèse de Saint-Flour ; du Val-du-Paradis-d’Espagnac, de Molières et de La Ramière, au diocèse de Cahors.
- Prieurés d’hommes : de N..-D. de Beaulieu, de Bouteville, de La Faye, de Jarnac, de Lanville, de Palluaud, de Saint-Maxime de Confolens, de Vindelle.
- Augustins de La Valette ; Carmes d’Angoulême et de La Rochefoucauld ; Cordeliers d’Angoulême, d’Aubeterre, de Barbezieux et de Verteuil ; Dominicains d’Angoulême ; Minimes d’Angoulême, d’Aubeterre et de Châteauneuf.
- Abbaye de femmes : de Saint-Ausone (ordre de Saint-Benoît). Dans ce fonds est compris celui du Prieuré de Fronsac (arrondissement de Libourne).
- Carmélites d’Angoulême ; Filles de Notre-Dame de Confolens, de La Croix, de Chabanais, de Sainte-Claire, de Confolens de l’Union chrétienne d’Angoulême ; Tiercelettes d’Angoulême ; Ursulines d’Angoulême et de La Valette ; Visitandines de La Rochefoucauld.
- Commanderies : de Bouthiers, du Chambon, du Fouilloux. et de Villegast (ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem).

Les titres originaux antérieurs au XIIe siècle sont à peu près nuls aux Archives de la Charente. Nous n’en connaissons qu’un seul dont l’âge et l’authenticité puissent être suspectés. C’est l’abandon fait (avant 1048) aux moines de Saint-Cybard-par Geoffroy, comte d’Angoulême, des droits qu’il percevait au pont de Saint-Cybard et au port de Basseau. Il existe aussi dans le fonds de l’Abbaye de Saint-Ausone une charte de Guillaume II Taillefer, comte d’Angoulême, portant donation (avant 1028) d’un manse seigneurial dans l’Ancienne Guienne, en faveur des saints Ausone, Aptone et Césaire (publiée dans notre édition du Mémoire sur l’Angonmois par Jean Gervais, note 9, p. 402), mais nous n’hésitons pas à la considérer comme une copie, faite au XIIe siècle, du document original. Les recueils de Chartres de l’Abbaye de Saint-Cybard, transcrites du XIIIe au XIVe siècle, fournissent par contre un nombre assez considérable de pièces des IXe, Xe et XIe siècles. Les douze cartulaires, dépendant de ce fonds, qui sont actuellement conservés dans notre dépôt, contiennent 25 titres environ, remontant aux différentes époques que nous venons d’indiquer. Le plus ancien est un diplôme de Charles le Chauve, de 852, portant donation à l’Abbaye de nombreux territoires situés en Angoumois, en Saintonge et en Périgord (publié dans Dom Bouquet).

A partir du XIIe siècle, les Chartres originales deviennent nombreuses dans presque tous les fonds ecclésiastiques, particulièrement dans ceux de l’Évêché, de La Couronne et de Saint-Cybard. C’est par milliers qu’on peut compter celles du XIIIe siècle.

Un fait qui n’a point été signalé et que nous tenons à consigner ici, c’est l’absence presque absolue aux Archives de la Charente de documents en langue vulgaire. Il paraît étrange que l’Angoumois, dont le territoire est coupé verticalement par la ligne de jonction de la langue d’oc et de la langue d’oïl, ne possède pas plus de titres rédigés dans le pays en l’un de ces deux idiomes, ou bien en un dialecte de transition qui, formé du mélange des langues du Nord et du Midi, aurait représenté, pour employer l’expression de notre chroniqueur François de Corlieu, « notre vieil langage angoumoisin. » Quoi qu’il en soit, nous n’avons pu recueillir jusqu’à présent, malgré les recherches les plus assidues, que deux spécimens de ce langage. Le premier (du 25 octobre 1260), transcrit au XIVe siècle dans le cartulaire de Saint-Cybard, coté BBB, n° 61, est un acte de confirmation par les frères Rampnou, de Nersac, de la vente du mas de Verlène, en la paroisse de Saint-Médard de Barbezieux, faite à Rampnou-Mazoyer par Pérette de Vibrac, leur belle-sœur (publié par M. l’abbé J.-H. Michon, dans sa Statistique monumentale de la Charente, p. 50). Le second est une charte inédite et sans date (mais de la fin du XIIIe siècle), conservée dans le fonds de l’Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe. Elle constate les défenses des habitants du village de Séu contre Jean de Luxé, chevalier, qui voulait les obliger à se rendre à sa justice pour assister à l’exécution des criminels.

Les quatre premières livraisons de l’Inventaire-sommaire des Archives de la Charente ont paru. Elles comprennent les fonds de l’apanage du comte d’Artois, des Intendances de Limoges, de. Poitiers et de La Rochelle, des Élections d’Angoulême, de Barbezieux et de Confolens, du Collège Saint-Louis d’Angoulême. Quelqu’intérêt que puissent présenter les documents que nous y avons analysés, ils sont loin d’avoir l’importance historique des fonds ecclésiastiques, et ne peuvent donner qu’une idée très-imparfaite de la valeur réelle de nos Archives charentaises. La suite de l’Inventaire peut seule faire connaître ce riche dépôt et lui assigner, dans l’opinion publique et dans celle des savants, le rang distingué qu’il mérite à tous égards d’occuper.

G. Babinet de Rencogne.

CHARENTE. — Le résultat de mes tournées a constaté une fois de plus l’état généralement déplorable des Archives des mairies et l’indifférence de MM. les Maires du département pour la conservation du dépôt qui leur est confié.

Il ne s’est produit aucune amélioration dans la mairie de Barbezieux depuis ma dernière inspection. Contrairement aux instructions qui avaient été données verbalement au secrétaire, l’inventaire n’a pas été entrepris. Il le sera cette année, j’en ai la promesse formelle du Maire. Pour me conformer aux ordres de M. le Ministre de l’Intérieur, j’ai opéré le triage d’un grand nombre de documents, qui étaient conservés dans le grenier de la mairie de Barbezieux et renfermés dans une caisse. J’en ai extrait tous les titres qui rentraient dans le cadre réglementaire des Archives Départementales, et je les ai fait transporter au dépôt central. Tous ces documents appartiennent à la série E. et concernent le marquisat de Barbezieux et le duché-pairie de Montauzier. Ils seront très-prochainement classés.

 CHARENTE-INFERIEURE.

Avant 1789, les Archives qui concernent ce département paraissent avoir été confiées au Subdélégué général de l’Intendant.

En 1790, M. Brunat de Saint-Joseph, secrétaire du cabinet de M. le marquis de Reverseaux, dernier Intendant de la Généralité de La Rochelle, remit aux administrateurs et commissaires du département de La Charente-Inférieure, tous les papiers des bureaux de l’Intendance. Ces papiers furent transportés l’année suivante, à Saintes, chef-lieu du département, pour y être examinés et triés [2]. La majeure partie des Archives de l’Intendance revint à La Rochelle lorsqu’un décret impérial, du 19 mai.1810, eut fixé dans cette ville le siège de la Préfecture. Ces pièces furent déposées dans un grenier, faute de local convenable, et tranférées en 1815 au nouvel hôtel de la Préfecture, où des tablettes avaient été préparées pour ies recevoir. En 1817, cette installation devint définitive.

Le 13 septembre 1806, M. Dupont figure sur les registres de prestation de serment comme Archiviste de la Préfecture, avec un traitement de 1,000 francs, et M. Garthumeau a le même titre comme retraite et « sans obligation de travailler. » En 1820, les Archives sont confiées à un employé de Préfecture, sous la direction du Secrétaire général. En 1823, M. Brisson est chargé du classement provisoire des pièces. En 1839, M. Paul-Jacques Carayon, ancien chef de bureau, obtient comme retraite d’être chargé de la garde des Archives ; mais, en 1844, il fut nommé régulièrement Archiviste départemental. M. Jean Dubergé lui succède le 25 septembre 1848, et fut remplacé, le 25 avril 1854, par M. Jean-François Fauvelle, le titulaire actuel.

« Les premiers Archivistes s’étaient bornéi à faire l’office de commis d’ordre ; mais le classement méthodique, intelligent et raisonné, dans le sens des instructions ministérielles, n’a été réellement entrepris que par M. Fauvelle, qui y met beaucoup de soin et de zèle. »

L’importance croissante du dépôt a nécessité, en 1862, la création d’un emploi d’Archiviste adjoint, qui a été confié à M. Louis de Richemond.

Les Archives anciennes, de la Charente-Inférieure sont composées principalement des papiers de l’Intendance de La Rochelle et de la Monnaie. Quelques documents se rapportent aux anciens religionnaires fugitifs et aux corporations religieuses. Il n’existe aucun cartulaire. dans le dépôt. Les plus anciennes pièces .datent du XIIIe siècle ; mais la grande majorité des actes est postérieure au XVIe siècle.

Les Archives Civiles sont formées de papiers provenant de la Cour des Monnaies, de l’Intendance et du Bureau des Finances de La Rochelle, du Collège de Saintes, des seigneuries de Loiré, Chaniers, Beaupuis, Théon, Ciré, et des titres de familles.

Les Archives Ecclésiastiques comprennent les églises paroissiales, chapelles et aumôneries des diocèses de Saintes et de La Rochelle pour le clergé séculier, et pour le clergé régulier, les Abbayes de Saint-Jean-d’Angély (Angeriacum), Charron, Baigne, Vendôme et Saintes ; les prieurés de Saint-Georges, Saint-Gilles, Notre-Dame de la Garde, des Couvents des Jacobins de Saintes, des Minimes de Surgères et Capucins de La Rochelle, des Dames de Sainte-Claire à Saintes ; enfin, les Maisons hospitalières et Maladreries de La Rochelle, Saintes, Saint-Jean-d’Angély, Montendre, Tesson, Tonnay-Charente, en tout, 200 liasses et une trentaine de registres.

Telle a été la situation des Archives antérieures à 1790, de la Charente-Inférieure, telle qu’elle est constatée dans le rapport au Roi sur les Archives Départementales en 1841, et le Tableau général numérique par fonds des Archives Départementales publié en 1848.

Depuis cette époque, les anciennes Archives ont été quintuplées, par la réunion au chef-lieu de toutes les Archives anciennes entassées au greffe du Tribunal civil de Saintes (1862), et par la réintégration provenant des départements de Seine-et-Oise, Maine-et-Loire, de la Vienne, du Loiret, de la Charente et l’Yonne, enfin de quelques communes et hospices de la Charente-Inférieure. Cependant, malgré ces versements nombreux, l’importance des Archives antérieures à 1790 consiste plutôt dans la quantité et la variété des documents que dans leur antiquité, car aucune des pièces, presque exclusivement judiciaires, réunies au dépôt dans ces derniers temps, ne remonte au delà du XIVe siècle.

Il nous reste à indiquer les documents les plus intéressants de chaque série.

La série AO ne contient que 718 pièces, dont 580 imprimées, remontant seulement à 1627. On y remarque 22 édits concernant les monnaies (1696-1778) et quelques ordonnances sur le commerce, la marine militaire, les religionnaires, etc. 412 arrêts du Conseil d’État (1630-1789) réglementent l’Administration générale intérieure.

La série judiciaire B, qui est la plus considérable du dépôt, est représentée par le fonds de la Monnaie de La Rochelle, quelques pièces du Présidial de cette ville et des juridictions secondaires qui en relevaient, les registres de l’Amirauté de Marennes et la totalité des Archives du Présidial de Saintes, qui ne comprend pas moins de 10,000 kilogrammes de papiers judiciaires et de registres. Parmi les pièces du Présidial de Saintes, il faut citer les registres de la Chambre du Conseil (1603-1731), des Affirmations de voyage (1679-1721), des Audiences criminelles (1680-1789), où figure le procès intenté au pasteur Merlat, à l’occasion de sa Réponse générale au livre de M. Arnauld, intitulé : « Le Renversement de la morale de Jésus-Christ, » Saumur, 1676, in-12. — Des compétences et sentences criminelles (1670-1789) et de Police (1694-1734) ; enfin les liasses de minutes des sentences du Présidial (1630-1789), mine féconde pour les études biographiques et généalogiques, malgré de nombreuses et regrettables lacunes.

Parmi les Archives des justices secondaires relevant du Présidial, on peut indiquer celle de la sirerie de Pons, du Marquisat d’Archiac, du Comté de Plassac, du Marquisat de Mirambeau, du Comté de Jonzac, de la Châtellenie de Saint-Fort-sur-Gironde, de la Baronnie de Moings, du Comté de Cosnac, du Marquisat de Soubran, etc.

Citons enfin les Archives des sièges royaux de Saint-Jean-d’Angély et Rochefort, avec les justices secondaires qui en relevaient, et les dossiers, malheureusement incomplets, du Tribunal révolutionnaire de Rochefort.

La série G comprend les fonds suivants : Ponts et chaussés, ports, bacs et bateaux, dessèchement des marais, phares et fanaux, etc. (52 art. — 1616-1789), plans coloriés ; — taille, capitation et impositions accessoires, rôles des privilégiés, etc. (80 art.— 1698-1789). — Religionnaires sous le régime de la révocation de l’Édit de Nantes jusqu’en 1789 (18 art.). Correspondance ministérielle avec les Intendants, très-curieuse.

Marine militaire et port de Rochefort (13 art. — 1686-1785) ; — Fortifications (1 art. — 1695-1785), plan des casernes de La Rochelle ; — Diligences et messageries royales (2 art. — 1726-1789) ; — Sels et gabelles (3 art. — 1637-1789) ; détail sur les marais salants ; — Domaine royal (1 art. — 1692-1788), Forêt de Rochefort, etc. — Correspondances de l’Intendant avec divers fonctionnaires (2 art. — 1669-1789) ; — Police (4 art. — 1671-1789) ; mesure de rigueur contre les Protestants, etc. ; — Statistique (2 art. ;— 1763-1786) ; ce fonds est intéressant, mais incomplet.—Traites, aides et fermes (1 art. —1694-1789) ;—Commerce et agriculture, (16 art. —1686-1789). On y trouve mentionnées un grand nombre d’anciennes familles rochelaises protestantes encore représentées aujourd’hui ;— Haras (5 art. —1690-1789) ;— Monnaies (2 art.—1697-1786), détails curieux sur le personnel de cette administration ; — Fabriques et manufactures (2 art. — 1736-1789) ; raffineries de La Rochelle. — Hospices et enfants trouvés (4 art. — 1547-1789) ; — Dépôt de mendicité (15 art. — 1750-1788) ; — Corvées et Ateliers de charité (14 art. — 1737-1789) ; — Finances (2 art.—1743-1789) ; — Droits d’usage (3 art. — 1775-1783). — Guerre et Affaires militaires, Maréchaussée, etc. (6 art. — 1704-1789) ; — Archives (1 art. — 1708-1769) ; détails sur les divers dépôts de la Généralité ; — Assemblées provinciales et Cahiers de doléances du.Tiers-État (9 art. — 1635-1789) ; — Francs-fiefs, Contrôle des actes, etc. (5 art. — 1715-1788) etc.

La série D comprend 12 articles, 4 registres, 493 pièces papier, 3 pièces sur parchemin. On y trouve d’intéressants détails sur le Collége de Saintes, régi par les Jésuites jusqu’à la suppression de l’ordre en 1762, puis parles Bénédictins, et, en 1766, par des prêtres séculiers jusqu’en 1790, époque à laquelle l’enseignement laïque prévalut. Le sceau de l’ancien Collège existe aux Archives.

L’Académie royale des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle, établie en 1732, qui compta parmi ses membres correspondants Voltaire, l’abbé Raynal, le comte do Montmorency, Boissy d’Anglas, et parmi ses titulaires Réaumur, le président Du Paty, le Père Arcère, etc., et la Société royale d’Agriculture de la Généralité de La Rochelle, instituée en 1762, figurent dans le fonds des Sociétés académiques.

Les pièces concernant le projet de fondation d’une École publique de chirurgie à La Rochelle, qui n’eut qu’une existence très-éphémère, complètent la série D.

La série E fournit les documents les plus anciens du dépôt, et malgré des lacunes considérables, offre dans son ensemble un incontestable intérêt historique. Parmi les titres féodaux, on remarque les terriers des Commanderies de Bourgneuf et de La Rochelle, appartenant à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, ou Chevaliers de Malte.

Parmi les titres de famille, citons les noms de Crussol d’Uzès, de Culant, seigneur de Ciré, 1475 ; Jean Guiton, maire de La Rochelle pendant le siège de 1628, capitaine entretenu pour le service du Roi en ses armées navales, en 1648 ; Georges Reveau, auteur d’une histoire des sièges de La Rochelle ; Samuel Robert, qui a laissé un journal autographe de sa vie et des principaux événements de son temps ; Gommart (1445), Gombaud de Balanzac (1314), de Lâge (1424), de Rabayne (1314), de Rochecbouart (1392), de Beaupoil de Saint-Aulaire, Meschinet de Richemond, etc.

La subdivision des notaires et tabellions se compose des minutes de notaires de La Rochelle, Saintes et Taillebourg, au XVIIe et XVIIIe siècles ; on y trouve des actes concernant de Beauchamps, Eschasseriaux, Meschinet, La Rochefoucauld, La Trémoille, Saint-Georges, de Pons marquis de Thors, etc. Dans les communes et municipalités, on remarque un censif de La Rochelle en 1632, les plans de Saintes en 1775, l’établissement d’un Hôtel de Ville à Rochefort en 1718, etc. Dans les corporations d’arts et métiers, quelques pièces sur les boulangers, les drapiers, les épiciers, les orfèvres et les perruquiers de La Rochelle au dernier siècle.

L’Inventaire des Archives Ecclésiastiques n’étant pas encore terminé, on ne peut donner que quelques indications bien sommaires sur les documents des séries G et H.

Un fonds assez important concerne la cathédrale de Saintes et la construction de celle de La Rochelle (1695-1782). Citons aussi le testament de M. Léon de Beaumont, évèque de Saintes, en faveur du séminaire de cette ville (1744), les constructions et réparations de 72 églises paroissiales (1737-1790) ; la copie de l’acte de fondation et de dotation de l’Abbaye de Vendôme, par Geoffroy, comte d’Anjou, et Agnès, sa femme, en 1040, confirmé par Guillaume, duc d’Aquitaine, leur fils ; — l’état des fiefs du Prieuré de Saint-Georges d’Oléron et des devoirs auxquels ils sont sujets (1728) ; — 15 lettres de prêtrise (1783-1789) ; le registre du département des décimes ecclésiastiques du diocèse de Saintes, en 1662. Enfin, quelques pièces intéressant les Abbayes de Saint-Léonard-des-Chaumes (1687-1787), le Prieuré de Lignon (1709-1748), le censif du Prieuré des Minimes de Surgères (1643), la copie du titre de fondation de l’Abbaye de Charron en 1188, par Richard, roi d’Angleterre, duc de Normandie et d’Aquitaine, confirmée par la reine Aliénor en 1199 ; la copie du titre de fondation de l’Abbaye des Dames de Saintes en 1047 ; le registre des décès de l’hôpital de la Charité fondé par Aufrédy (1668-1680), la fondation de l’hospice de Tesson par Etienne Guinot, marquis de Monconseil, lieutenant général des armées du Roi ; 24 pièces provenant de l’hospice de Saint-Jean-d’Angély (1414-1788). Les états des maisons religieuses existant dans la Généralité, en 1723, complètent cette série.

Nous terminerons par la mention d’un fonds envoyé, en 1850, par le département de Seine-et-Oise et provenant de l’Abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm. 2 cartes de l’île de Ré datant du dernier siècle, manuscrites et topographiques. « Carte particulière des costes de Poittou-Aunis et de La Rochelle et du fort Saint-Louys, comme aussy de l’Isle de Ré avec ses forts (Melchior Tavernier, graveur). » Cette carte indique les détails de la descente des Anglais dans l’île de Ré en 1627. — 21 pièces concernant l’Abbaye de Saint-Michel-en-1’Herm. Union de cette Abbaye au Collège Mazarini (1669-1690), fulminée par bulle du Souverain-Pontife et enregistrée par lettres patentes du Roi. — Droits de chasse dans l’île de Ré (1731). — Seigneurie de Port-neuf. — Mémoire concernant des sartières établies dans l’île de Ré. — Bénéfices dépendant de l’Abbaye de Saint-Michel-en-1’Herm. — Bail par MM. les inspecteurs, grand’maître et procureur du Collège Mazarin, au sieur Claude Berlin de tous les revenus temporels des seigneuries d’Ars, Loix et Les Fortes, dépendant de la manse abbatiale de Saint-Michel-en-L’Herm unie audit Collège, par l’entremise du Conservateur des privilèges royaux de l’Université de Paris (1786).

La libéralité éclairée du Conseil Général vient de doter les Archives du département (session d’août 1865), des trois magnifiques ouvrages publiés par Thomas Duffus-Hardy, contenant les documents conservés à la Tour de Londres, qui intéressent le département de la Charente-Inférieure. Ils ont pour titres :
- 1° Rotuli chartarum in Turri Londinensi asservati (1199-1216) ; 1 vol. in-folio ;
- 2° Rotuli litterarum patentium, 1 vol. in-folio (1201 à 1216) ;
- 3° Rotuli litterarum clausarum, 2 vol. in-folio (1204 à 1224 — 1224 à 1227).

L’inventaire-sommaire des Archives Civiles de La Charente-Inférieure, à l’exception de la série B, est aujourd’hui terminé et remis à l’imprimerie. La série A. comprend 9 articles (1627-1789) ; la
série C. 272 articles (1418-1789) ; la série D. 12 articles (1627-1789) ; et la série E. 245 articles (1314-1789).

Le travail de dépouillement se poursuit avec activité et sans interruption pour la série G.

Les Archives postérieures à 1790 sont à peu près entièrement à classer. Les liasses sout posées sur des étagères et rangées avec soin dans un ordre qui permet d’y faire facilement des recherches. Les divisions générales par arrondissements, communes et nature d’affaires y sont observées ; mais le dépouillement et le classement méthodique des pièces ont besoin d’être revus et complétés. Le grand ordre qui existe dans le rangement des liasses, la disposition favorable du local et les matériaux préparés par le dernier Archiviste permettront, à son successeur de terminer promptement un travail pour lequel tous les éléments nécessaires sont ainsi réunis. Ces Archives ont eu beaucoup à souffrir d’un incendie en 1847.

Quant aux Archives Communales, dans ces derniers temps, à l’occasion du renouvellement des municipalités, l’administration a cherché à stimuler le zèle des autorités locales pour la conservation de leurs Archives, en provoquant l’établissement d’inventaires réguliers. Il en a été déjà transmis un certain nombre ; mais il faut reconnaître que ces Archives sont dans le plus triste état. Indépendamment du refus d’allocation des 1,000 francs demandés, en 1863, au Conseil général pour établir une inspection des Archives Communales dans le département, cette assemblée a également repoussé, en 1845, la proposition d’une indemnité à donner aux secrétaires de mairie qui surveilleraient cette partie du service, par le motif qu’il ne s’agissait pas d’une dépense départementale et que c’était aux communes à y pourvoir, dût-on y subvenir au moyen d’une inscription d’office à leurs budgets.

L’Archiviste de la Préfecture a souvent rappelé quel intérêt présentent la conservation et la mise en ordre des Archives Communales, sans que ses efforts aient encore été suivis de sérieux résultats. Il serait urgent de remédier à cet état de choses, et l’Administration préfectorale s’en préoccupe à juste titre. Il faut cependant ajouter que les actes de l’état civil sont en général conservés avec soin ; il n’en est pas ainsi des autres documents, qui sont entassés sans ordre, exposés à l’humidité, à la poussière et à toutes les autres causes de destruction. (Voy. ci-après Archives Communales, Notices.)

FAUVELLE,

Archiviste Départemental.


CHARENTE-INFÉRIEURE. — M. le Maire de Saintes nous informe que la partie de ses Archives antérieures à 1790 est régulièrement classée, et qu’un Inventaire-sommaire en a été dressé à la hâte par M. le baron de La Morinerie, chargé par le Conseil Général de la révision des Archives du Présidial, et qui a visité celles de cette ville.


CHARENTE-INFERIEURE.

LA ROCHELLE. — Nous avons fait connaître ci-dessus, par une notice particulière, les principaux documents historiques composant les Archives Départementales de la Charente-Inférieure. Nous nous proposons d’appeler l’attention sur les Archives Communales les plus importantes du même département, qui, à cause de leur caractère tout spécial, méritent d’être signalées.

Les Archives Communales de La Rochelle ne présentent pas toute la richesse qu’elles sembleraient devoir offrir. Les pièces antérieures au siège de 1627 sont, en effet, extrêmement peu nombreuses. Après la reddition de cette malheureuse ville, Louis. XIII voulut la dépouiller de tout ce qui avait justement fait l’orgueil de la vieille commune protestante. Charles Bailly, conseiller du Roi et maître ordinaire en sa Chambre des Comptes, fut chargé de faire enlever tous les titres de la commune et du parti protestant, pour les conduire à la Cour des Comptes de Paris ; malheureusement, ces précieux documents furent dévorés par l’incendie des Archives de la Cour des Comptes, en 1737. Malgré cet irréparable désastre, les Archives de la ville de La Rochelle, déposées dans une des salles du vieil Hôtel de Ville des Morisson et des Guitons, et confiées à la garde intelligente de M. P. Cassagneaud, archéologue distingué, secrétaire en chef de la Mairie, renferment une centaine de liasses et de registres, dans un ordre parfait. La collection des registres des délibérations du Corps de ville, comprenant les années 1618,1622,1624 et 1627, et la série complète des délibérations, à partir de 1667, forme une des sources les plus fécondes de l’histoire de La Rochelle et présente un incontestable intérêt. D’ailleurs, toutes les pièces manuscrites, chartes, privilèges, mémoires, chroniques pouvant révéler authentiquement le passé de la cité, viennent d’être réunies et analysées dans la Bibliographie rochelaise et les Historiens de La Rochelle, par le bibliothécaire de la ville, M..L. Delayant, professeur de philosophie au lycée, qui a récemment terminé l’histoire la plus complète de La Rochelle, qui puisse exister dans l’état actuel de la science historique. Il faut mentionner aussi les nombreux documents réunis et analysés par MM. E. Jourdan, juge d’instruction, et l’abbé Cholet, chanoine théologal.

SAINTES. — Les Archives municipales de Saintes, récemment inventoriées par M. L. de La Morinerie, sont loin d’avoir l’importance qu’elles présentaient en 1765, lorsque Nicolas Huvet,
Chirographe-Archiviste, fut chargé par le Maire Gaudriaud d’en dresser le catalogue. « L’humidité, la vermine, les animaux rongeurs, l’abandon dans lequel on a laissé les Archives, leur ont été aussi funestes que la haine des plus grands révolutionnaires,- » a dit M. Champollion en son excellent Manuel de l’Archiviste. Et jamais axiome n’a trouvé meilleure application. L’humidité a été le grand révolutionnaire qui a amené la destruction presque complète des papiers de la ville de Saintes.

Toutefois, si le plus grand nombre de pièces que signalait l’Inventaire de 1765 n’avait pas disparu et si la République, en 1793, n’avait anéanti aussi bien la trace des privilèges accordés aux villes, que le souvenir des immunités concédées aux individus, il serait possible de reconstituer aujourd’hui le chartrier de l’Hôtel de Ville, au moyen de copies faites sur les documents conservés aux Archives de l’Empire, ou reproduits dans les diverses collections des ordonnances royales. La nomenclature de toutes ces chartes de concessions depuis 1199, date de la fondation de la commune de Saintes, serait trop considérable pour trouver place ici. Hâtons-nous donc, après avoir signalé les pertes regrettables qu’ont faites les Archives de Saintes, de mentionner ce qui s’y trouve encore d’intéressant.

« C’est d’abord une collection, avec quelques lacunes, des registres des délibérations de la maison commune, depuis l’année 1502 jusqu’à 1790. Toute l’histoire administrative et politique de la ville est dans ces précieux registres. On assiste aux événements de tous genres qui ont marqué chaque jour dans l’existence de la cité, à l’édification de ses monuments, à l’ouverture de ses rues, à l’établissement de ses diverses institutions ; on passe en revue les actes des grands magistrats que leur intelligente administration, leur savoir ou leur caractère rendent dignes de vivre dans le souvenir de leurs concitoyens. On voit que les familles les plus considérables et les plus considérées de la ville ont tenu à honneur de figurer dans le corps .municipal à toutes les époques. J’aime à citer en première ligne les Moyne, que je rencontre dès l’année 1412, et que, sans interruption, je retrouve jusqu’au commencement du XVIIIe siècle. Ils ont donné plusieurs jurés et neuf maires ; entre autres Henri Moyne, lieutenant criminel de la Sénéchaussée, qui résista si énergiquement aux ordres du duc d’Epernon à propos des clefs de la ville. Je me plais encore à indiquer les Martineau, les Queu, les Farnoux, les Prahec, les Journault, les Le Breton de Faye, les Huon, les Du Bourg, les Badiffe, les Aymar, les Marsauld, les Pichon, les Béchet, les Grégoireau, les Guesnon, les Marchais, les Geoffroy, les Renaudet, les Vieville, les Berry, les Dohet, les Dangibaud, les Gaudriaud, etc.

« Les registres du corps de ville ne renferment pas seulement les actes de l’édilité, ils contiennent, en outre, à l’appui des délibérations, des documents d’un intérêt très-considérable, tels que des missives des Rois de France, des lettres de ministres, d’hommes d’État, de gouverneurs de la province et d’autres personnages importants. »

ROCHEFORT. — Les Archives de la commune de Rochefort sont très-complètes ; elles contiennent toutes les pièces officielles relatives à la fondation et aux accroissements successifs de la ville et du port de guerre, documents qui ont été résumés par MM. J.-T. Viaud et E.-J- Fleury dans leur belle Histoire de la ville et du port de Rochefort (Rochefort, A.Giraud, 1845).

Une copie certifiée de l’Inventaire des Archives antérieures à.1790 a été transmise, en 1864, au Ministère de l’Intérieur. Il en existe aussi une expédition aux Archives de la Préfecture.

JONZAC. — Les Archives de Jonzac ne renferment que les registres reliés de l’état civil catholique (1700-1789) et protestant (1755-1789), et un fragment de monitoire de l’évêque de Saintes, Mgr de Chasteigner de La Chasteigneraye, concernant un vol commis au préjudice de messire Claude-Anne, comte de Saint-Simon, en 1776, dont une copie certifiée a été déposée par le Maire de Jonzac aux Archives Départementales.

Les matricules des Maires de La Rochelle, Rochefort, Saintes et Saint-Jean-d’Angély avant 1789 ont été dressées d’après des documents authentiques et publiées par Arcéret, Mervault, Fleury et Viaud, Lacurie et Guillonnet de Merville.

La collection des Inventaires de toutes les Archives Communales, sans être complète encore, ce qu’il faut attribuer à l’absence de l’organisation de tournées d’inspection que l’état du budget n’a pas encore permis au Conseil Général de voter, est cependant très-considérable, puisqu’elle comprend aujourd’hui 303 Inventaires.

Malheureusement, aucune de ces communes ne possède de documents antérieurs à 1790. Dans ces circonstances, une circulaire préfectorale de mars 1865 a invité tous les Maires à apporter toute leur sollicitude à la conservation des anciens registres de l’état civil, qui existent dans leurs communes : ce sont les seules pièces anciennes de leurs Archives. Des Inventaires détaillés ont été dressés dans la presque totalité des communes, et ils seront incessamment publiés dans un supplément de la série E de l’Inventaire Départemental.

Les Registres les plus anciens portent les dates suivantes :
- Angoulins (arrondissement de La Rochelle), 2 janvier 1602 ;
- Chambon, Rochefort, 15 mai 1600 ;
- Saint-Pierre, Marennes, 3 janvier 1595 ;
- Saint-Eugène, Jonzac, 4 avril 1599 ;
- Saint-Loup, Saint-Jean-d’Angély, 6 juillet 1601.

Telle est la situation actuelle des Archives Communales de la Charente-Inférieure.

Les Archives de la Mairie de Saint-Germain-de-Vibrac ont été brûlées en 1793.

FAUVELLE,

Archiviste Départemental.


CHARENTE-INFÉRIEURE. — (Voyez les précédentes délibérations : Annuaire de 1862, p. 42 ; Annuaire de 1863, p. 41 ; Annuaire de 1864, p. 77 ; Annuaire de 1865, p. 49.) —Rapport du Préfet. — M. l’Archiviste départemental, dans son rapport, appelle l’attention du Conseil Général sur l’utilité qu’il y aurait à faire l’acquisition d’un ouvrage publié en Angleterre par Duffus Hardi, sous le titre de : Collection des chartes et lettres royales déposées à la Tour de Londres. Cet ouvrage, en quatre volumes, intéresse au plus haut degré le département de la Charente-Inférieure, formé des anciennes provinces de la Saintonge et de l’Aunis, dont les destinées ont été, pendant plusieurs siècles, liées à celles de l’Angleterre.

Je vous propose de décider l’acquisition de cette publication monumentale, qu’aucun autre document ne saurait remplacer. Elle donnera lieu à une dépense de 190 francs pour prix d’achat, et de 10 francs pour frais de port.

Rapport de la Commission. — M. le Préfet a transmis à l’examen de la deuxième commission un rapport de M. l’Archiviste, sur de récents ravages occasionnés par les termites et sur les moyens d’y porter remède.

Voici la teneur de ce rapport, dont les termes permettront au Conseil d’apprécier l’étendue de la perte que votre dépôt vient de subir :

« Monsieur le Préfet, en compulsant les registres des districts avec M. le baron Eschassériaux, registres placés récemment sur des tablettes n° 21, dans la salle des Archives anciennes, et séparés de la cloison par une plaque de zinc, nous avons reconnu que les termites avaient envahi à des degrés divers ces volumes, et rongé en grande partie les registres.

« Tous ces registres, revêtus des signatures originales, n’existent point aux Archives de l’Empire. Les termites ont percé le plâtre à la hauteur des registres et ont pénétré par la tranche, en suivant la couverture de parchemin. Leurs galeries étaient exactement de la longueur du registre et complètement dissimulées par le registre debout dans le rayon. D’autres termites, se sont laissés tomber du haut du plafond, ainsi que nous ayons pu nous en convaincre en présence de M. le baron Eschassériaux. Les galeries de ces insectes occupent un espace de 36 décimètres carrés.

« Les registres attaqués avaient été déplacés et examinés soigneusement, il.y a à peine un mois, à l’occasion de recherches demandées par Mme la princesse de Beauveau-Craon.

« Déjà, dans la même salle, un registre avait été attaqué par les termites, sans qu’aucune trace extérieure révélât leur présence et malgré l’isolement des étagères, séparées du plancher par des plaques de zinc.

« Les Archives du Présidial de Saintes ne sont pas à l’abri de leurs ravages, bien que placées sur des étagères neuves et isolées.. Les Archives auxiliaires, également logées dans un local neuf, sont déjà envahies, au moins pour la partie supérieure.

« Lorsque M. A. de Quatrefages, membre de l’Institut (Académie des sciences), écrivait dans la Revue des Deux-Mondes que dans les Archives de la Préfecture la prise de possession par les termites était complète, il n’exprimait que la stricte vérité.

« En présence de cette invasion permanente de cette légion d’insectes rongeurs, je ne puis, Monsieur le Préfet, que vous proposer l’emploi des moyens appliqués depuis longues années, avec succès, dans vos bureaux, et approuvés par le Conseil Général.

« Dans la session du 30 août 1837, le Conseil Général vota une somme de 720 francs pour l’achat de boîtes en zinc, destinées à contenir les papiers les plus importants de l’Administration départementale. Ces boîtes, placées dans la division des travaux publics et affaires militaires, l’une des plus dévastées par les termites, ont préservé suffisamment les pièces qu’elles contenaient. Par suite de l’adjudication, cette dépense de 720 francs a été réduite à 637 fr. 30 c, pour la confection de 100 boîtes.

« Il n’existe aux Archives que 41 boites en zinc, qui contiennent tous les actes concernant les domaines nationaux. La confection de 100 boîtes nouvelles permettrait de sauvegarder, autant que possible, les pièces les plus précieuses du dépôt, et le nombre pourrait en être augmenté au fur et à mesure de l’inventaire.

« Quant aux autres dossiers, ils devraient être complètement isolés, non-seulement du plancher par des plaques de zinc, mais aussi des murailles, de telle sorte que les liasses puissent être nettoyées et visitées de tous côtés ; et il serait à désirer qu’un homme de peine, intelligent et sachant lire, puisse nettoyer et déplacer tous les dossiers qui composent l’ensemble des Archives, beaucoup plus fréquemment que ne peut le faire le garçon de bureau qui en est aujourd’hui chargé, et qui a beaucoup d’autres occupations.

« Je me résume donc, Monsieur, le Préfet, en vous priant d’examiner s’il ne conviendrait pas de proposer comme remèdes à la dévastation des Archives par les termites :

- 1° L’acquisition d’une centaine de boîtes en zinc, soit environ 600 francs ;
- 2° l’emploi d’un homme, de peine, pour nettoyer à fond, au moins tous les quinze jours, tout l’ensemble du dépôt, 400 fr. »

Rapport de la Commission.— Votre deuxième Commission, Messieurs, ; prenant en sérieuse considération l’état déplorable dans lequel ces insectes destructeurs mettent vos Archives, est d’avis de prendre toutes les mesures nécessaires pour soustraire l’histoire de notre pays à la voracité de ces névroptères malfaisantes, et je vous propose, en conséquence, de voter la somme de 600 francs demandée et destinée à la confection de boîtes en zinc, pour y renfermer le plus de dossiers possible.

Ce rapport entendu, un membre demande à combattre la deuxième partie des conclusions qui sont présentées. Il expose l’étendue de la perte que vient de faire notre histoire locale des dix années de la, période révolutionnaire. Cette histoire est encore à écrire, et les seuls documents originaux sont ceux que les termites ont détruits plus ou moins complètement. Il dit que les boîtes en zinc ne suffiront pas, parce que les termites peuvent y pénétrer, comme on l’a constaté déjà, par les interstices de la couverture, qui ne peut jamais adhérer suffisamment et qu’il faut, en outre, une surveillance incessante contre un ennemi infatigable. Il craint que les boîtes n’inspirent une sécurité trompeuse et qu’elles ne favorisent, si elles ne sont pas souvent ouvertes, le mal que l’on veut empêcher. Le termite fuit la lumière et le bruit : ce membre préférerait donc aux boîtes, si elles devaient seules être accordées, les services d’un homme de peine, qui déplacerait et remuerait deux fois par mois, toutes les liasses du dépôt. Ce n’est qu’à ce prix et avec le secours accessoire des boites de zinc qu’on pourra assurer, avec quelque sécurité, la conservation de nos Archives, menacées d’une perte certaine si l’on n’y avise sérieusement. Ce membre fait remarquer que déjà les Archives du Présidial, qui ne sont à la Préfecture que depuis dpux ans, ont été envahies et qu’il a fallu brûler dernièrement les restes d’un certain nombre de registres, sur lesquels les ravages de ces animaux s’étaient exercés. Le danger est partout, le mal est latent, plus grand qu’on ne le suppose, et quand le hasard en amène la découverte, il n’est malheureusement plus temps d’y obvier. Un garçon de bureau, spécial aux Archives, comme il en existe dans beaucoup de départements qui n’ont pas à redouter ce fléau, lutterait de vigilance avec l’ennemi commun, dispenserait MM. les Archivistes de la partie matérielle de leur tâche et leur laisserait un temps précieux pour la continuation de l’Inventaire et du dépouillement des liasses. Il conclut en disant que si le Conseil hésite, aujourd’hui, devant cette nouvelle dépense de 400 francs, il se trouvera une fois obligé, devant l’évidence du mal, de procéder à la translation bien autrement coûteuse des Archives du département dans un bâtiment séparé et à l’abri du fléau.

M. le Préfet déclare qu’il a fait prendre toutes les précautions que la prudence commande, que toutes les étagères du dépôt sont isolées du plancher par des plaques de zinc ; mais que les termites arrivent par les murs latéraux dès qu’il s’y trouve accolé le moindre papier, et que là, comme dans les autres pièces de la Préfecture, ils se répandent en tombant même du plafond. M. le Préfet dit que les termites n’ont pas envahi les boîtes de zinc placées dans un des bureaux de la Préfecture, mais il n’attribue cette exception qu’à cette circonstance que les boites sont journellement ouvertes, et les dossiers qu’elles renferment souvent visités. Aussi, croît-il qu’un homme de peine serait très-utile aux Archives.

Un membre dit que la situation des Archives est grave et qu’elle appelle un remède radical. Il cite, les pièces qui viennent d’être, en partie ou en totalité, détruites depuis un mois ; il dit que c’est l’histoire du pays qui disparaît ainsi dans ses documents originaux, avant d’avoir été mise au jour par l’étude. Les Archives du Présidial de Saintes, qui comprennent l’histoire judiciaire de toute l’ancienne Saintonge pendant deux siècles et demi et qui intéressent tant de familles, est destinée à subir le même sort. Ce membre demande que ces précieux documents soient renvoyés à Saintes, dans le nouveau palais de justice, où se trouvent de vastes locaux pour les recevoir. Le département pourrait destiner à cette succursale de ses Archives les pièces aujourd’hui inoccupées, et qui avaient primitivement été désignées pour le logement du Président des assises. M. le Préfet dit qu’il ne pense pas que le Ministre veuille autoriser cette division des Archives en deux dépôts.

D’autres membres appuient la demande de translation à Saintes des Archives du Présidial et de l’ancienne Sénéchaussée de Saintonge.


[1(1) Il existe bien aux Archives de l’Empire (C II, 666), un procès-verbal qui parait avoir été destiné à constater le brûlement officiel des titres féodaux à Angoulême ; mais le rédacteur de ce singulier document se borne à dire « qu’on mit le feu au bûcher sur lequel étaient amoncelées les viles dépouilles de la Royauté, la bannière et les orgueilleux hochets de la cy-devant noblesse. »

[2A la suite de ce triage, une partie des titres a été adressée au comité des Archives à Paris, et réunie aux Archives Nationales ; les autres ont été répartis entre les chefs-lieux de district et les greffes judiciaires. Une grande quantité fut anéantie, soit qu’elle ait été brûlée comme titres féodaux, soit qu’après avoir été coupée, elle ait été convertie en gargousses et employée, avec les boulets, à la défense de la patrie. Le département de La Charente-Inférieure est l’un de ceux dont les Archives ont le plus souffert du vandalisme révolutionnaire, auquel ont succédé l’incurie et l’indifférence, qui n’ont pas été moins funestes, de telle sorte qu’un nombre très-considérable de pièces a été détruit, dispersé, et la plupart des dossiers sont restés bouleversés et incomplets. Aujourd’hui, les bâtiments des Archives sont envahis parles termites, qui ont pris possession des planchers, des plafonds, des parois même des salles, et qui menacent continuellement les papiers, qu’une surveillance incessante parvient seule à sauvegarder imparfaitement.

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