Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

Accueil > Hommes et femmes de notre histoire > Historiens, écrivains et poètes locaux > Ausone > 350 (c) La petite villa d’Ausone, poète latin au pays des Santons (...)

350 (c) La petite villa d’Ausone, poète latin au pays des Santons (?)

lundi 8 décembre 2008, par Pierre, 1824 visites.

Un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, au temps où la poésie latine s’enseignait à l’école. Mais où pouvait bien être la villa de ce poète du 4ème siècle au pays des Santons ? Le texte permet seulement de faire des hypothèses. Voulez-vous en proposer une, en expliquant votre choix ? Après l’encre et la salive, faisons couler quelques octets ...
Source : Bibliothèque latine-française des auteurs latins publiée par C. L. F. Panckoucke - D. M. Ausone, par E. F. Corpet - Paris - 1843 - BNF Gallica en ligne

 Les vers d’Ausone

Ausonii villula.


La petite villa d’Ausone

[Quum de palatio, post multos annos honoratissimus, quippe jam consul, redisset ad patriam, villulam, quam pater reliquerat, introgressus, his versibus lusit, Luciliano stilo] [Après plusieurs années passées dans les honneurs, car il avait été consul, Ausone quitta la cour et retourna dans sa patrie. En entrant dans la petite villa que son père lui avait laissée, il s’amusa à faire ces vers, à la manière de Lucilius.]
Salve, herediolum, majorum regna meorum,

Quod proavus, quod avus, quod pater excoluit ;

Quod mihi jam senior, properata morte, relinquit :

Heheu, nolueram tam cito posse frui !

Justa quidem series patri succedere : verum

Esse simul dominos, gratior ordo piis.

Nunc labor, et curre mea sunt : sola ante voluptas

Partibus in nostris ; cetera patris erant.

Parvum herediolum, fateor : sed nulla fuit res

Parva unquam aequanimis ; adde etiam, unanimis.

Ex animo rem stare aequum puto, non animum ex re.

Cuncta cupit Croesus, Diogenes nihilum :

Spargit Aristippus mediis in Syrtibus aurum :

Aurea non satis est Lydia tota Midae.

Cui nullus finis cupiendi, est nullus habendi.

Ille opibus modus est, quern statuas animo.

Verum ager iste meus quantus sit, nosce : etiam ut me

Noveris, et noris te quoque, si potis es :

Quanquam difficile est se noscere. Γνῶθι σεαυτον

Quam propere legimus, tam cito negligimus.

Agri bis centum colo jugera ; vinea centum

Jugeribus colitur, prataque dimidium.

Silva supra duplum, quam prata, et vinea, et arvum.

Cultor agri nobis nec superest, nec abest.

Fons propter, puteusque brevis, tum purus et amnis

Naviger : hic refluus me vehit ac revehit.

Conduntur fructus geminum mihi semper in annum.

Cui non longa penus, huic quoque prompta fames.

Haec mihi non procul urbe sita est, nec prorsus ad urbem :

Ne patiar turbas, utque bonis potiar.

Et quoties mutare locum fastidia cogunt,

Transeo : et alternis rure vel urbe fruor.

Le poète Ausone ?
Selon la tradition, cette statuette, conservée à Auch, représenterait le poète.

Salut, petit héritage, royaume de mes ancêtres , que mon bisaïeul, que mon aïeul, que mon père a cultivé, que m’a laissé mon père enlevé déjà vieux par une mort trop rapide encore.

Hélas ! j’aurais voulu pouvoir ne pas sitôt jouir ! Sans doute il est dans l’ordre de la nature qu’on succède à son père ; mais, quand on s’aime bien, il est plus doux de posséder ensemble.

A moi maintenant les travaux et les soucis : auparavant le plaisir seul était mon partage ; le reste regardait mon père. Bien petit est mon petit héritage, j’en conviens ; mais rien ne semble petit quand on vit en paix avec soi-même, et, on peut ajouter, en paix avec les autres. Il vaut mieux, je pense, que la chose obéisse à l’esprit, que l’esprit à la chose. Crésus désire tout, et Diogène rien. Aristippe jette son or au milieu des Syrtes, et tout l’or de la Lydie ne suffit pas à Midas. Qui ne met point de borne à ses désirs, n’en sait point mettre à son avoir.

Il n’y a de mesure aux richesses, que celle qu’on impose à sa cupidité. Mais apprends quelle est l’étendue de mon domaine : tu apprendras ainsi à me connaître, et à te connaître toi-même, si c’est possible. Car cette connaissance n’est pas chose facile, et ce Γνωθι σεαυτον [1] que nous lisons si vite, nous l’oublions de même.

Je cultive deux cents arpents en terre labourable : j’ai cent arpents en vignes, moitié en prés, et, en bois, au moins deux fois autant qu’en prés, en vigne et en labour. Pour la culture de mon champ, je n’ai ni trop ni trop peu d’ouvriers. Auprès, une source, un puits peu profond, et un fleuve limpide et navigable : son flux et reflux m’amène et me remmène. Je conserve toujours des fruits pour deux ans : qui ne fait pas de longues provisions, sent vite la famine.

Ma campagne est située ni trop loin ni trop près de la ville ; j’échappe ainsi aux importuns, et je suis maître de mon bonheur. Et chaque fois que l’ennui me force de changer de place, je pars, et je jouis tour à tour de la ville et des champs.

 Hypothèses sur l’emplacement de la villa d’Ausone

Les hypothèses proposées sur le net (plus l’affirmation est péremptoire, plus il faut être méfiant, car il n’y a à ce jour aucune preuve matérielle, archéologique, venant la confirmer. Certaines affirmations à ce sujet ont une motivation purement commerciale, et non scientifique) :

- 1 - En Bordelais : Ausone et sa villa Lucaniacus. Voir ce site

- 2 - En Saintonge

  • Aux Nouillers (17), selon Vinet et Bourignon. Une dissertation complète sur ce sujet, dans "Antiquités de la ville de Saintes, et du département de la Charente inférieure" - M.A. Chaudruc de Crazannes - Paris - 1820 - Books Google : Voir ce livre dans lequel l’auteur ne semble pas trancher entre les diverses hypothèses.
  • près du camp romain de Toulon, en Charente-Maritime : Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France - Paris - 1815 - Books Google : Voir ce livre

[1NDLR : Γνῶθι σεαυτον : connais-toi toi-même. C’est l’un des trois préceptes inscrits sur fronton du temple de Delphes, mot clé de l’humanisme socratique assignant à l’homme le devoir de prendre conscience de sa propre mesure sans tenter de rivaliser avec les Dieux.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Rechercher dans le site

Un conseil : Pour obtenir le meilleur résultat, mettez le mot ou les mots entre guillemets [exemple : "mot"]. Cette méthode vaut également pour tous les moteurs de recherche sur internet.