Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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800 (c) Charlemagne combat les Sarrasins à Taillebourg et à Saintes

lundi 17 mars 2008, par Pierre, 3526 visites.

Source : Les grandes chroniques de France selon que elles sont conservées en l’église de Saint-Denis en France - Paulin Paris – Paris – 1837 – Books Google

Le quart livre des fais et des gestes le fort roy Charlemaines

Coment le roy Agolant repris la terre d’Espaigne puis que Charlemaines fu retourné en France, et coment Charlot mut contre luy. D’un exemple qui monstre quel péril il a de retenir exécution de mort ; et puis coment Charlemaines quist tant Agolant que il le trouva. Des batailles que François firent contre Sarrasins, autant contre autant. Des lances qui reprisrent en terre de ceulx qui devoient mourir en bataille ; du meschief où Charlemaines fu et cornent il retourna en France.


Adoncques retourna Charlemaines en France ; et quant il eut ses osts assemblés il retourna en Espaigne [1] et vint jusques devant la cité où Agoulant estoit : le siège mist entour, et assist Agoulant dedens et ses gens. Là fu entour six mois ; au septiesme fist drecier ses perrières et mangoniaux ; et ses truies fist fouir [2], ses chastiaux de fust venir et approchier des murs de la cité. Et quant Agoulant vit qu’il estoit en tel destroit, luy et les plus grans de son ost s’en issirent une nuit repostement par les chambres privées [3] et trespassèrent le fleuve de Gironde qui près de la cité couroit.

En telle manière eschapa à celle fois Agoulant des mains Charlemaines ; lendemain entrèrent en la cité, les Crestiens à grant joie. Des Sarrasins qui furent trouvés en la cité les uns furent occis et les autres s en fouirent par le fleuve de Gironde. Mais toutes voies en y eut-il d’occis plus de dix mille. Puis vint Agoulant et sa gent jusques à la cité de Xaintes qui estoit el commandement des Sarrasins [4]. Charlemaines ala après et luy manda qu il luy rendist la terre et la cité. Mais Agoulant remanda qu’il ne la rendroit point ; mais s’il voulloit bataille, il l’auroit par tel convent que la cité feust à celuy qui vaincroit. D’ambedeux pars fu la bataille octroyée.

Mais le jour devant que les eschièles des Chrestiens feussent rangiées et ordonnées devant les héberges, pour combatre, avint une merveilleuse chose ès prés qui sont entre la cité et un chastel qui a nom Taillebourc [5]. Là fichèrent aucuns leurs lances en terre devant les tentes ; lendemain les trouvèrent reprises et pleines d’escorces et de feuilles ceux tant seullement qui pour l’amour de Jhésu-Crist devoient mourir et recevoir martire en celle bataille. Celluy meisme miracle estoit jà avenu en une autre bataille si comme l’istoire l’a dessus racompté [6]. Ceulx qui leurs lances virent foillues et reprises furent moult liés de ce miracle ; maintenant les coupèrent près de terre, tous ensemble se mistrent en une eschiele et se férirent les premiers en la bataille ; moult de Sarrasins occistrent, mais à la parfin moururent-ils en bataille, martirs pour l’amour de nostre Seigneur ; si furent ceulx qui furent occis environ quatre mille. En celle bataille fu Charles à si grant meschief que son cheval fu soubs luy occis, et fu-il moult empressé par la force des païens. Son cuer et sa force reprist avec sa gent à pié se férit en eux par grant vertu, et en fist moult grant occision ; et à la parfin les Sarrasins ne peurent endurer sa force ; ains guerpirent la bataille et s’enfouyrent en la cité ; et Charlemaines les suivit et assegia la cité de toutes pars fors par devers le fleuve.

Lendemain, ainsi comme après mienuit, se mist Agoulant à la fuite, par devers le fleuve qui a nom Charente. Mais Charles et sa gent qui bien les aperceurent les enchascièrent ; et en tel enchaus fu occis le roy d’Agaibes et le roy de Bougie, et environ quatre mille des autres Sarrasins.

Lors déguerpit Agoulant la terre de Gascongne, les pors passa et vint en Pampelune.


[1On donnoit encore ordinairement, au XIVe siècle, à tout le Languedoc, le nom d’Espagne.

[2Et ses truies fist fouir. Variantes du manuscrit 7871 « Et ses truies et ses moutons ». Le latin porte « Et troiis et arietibus, caeterisque artificiis ad capiendum, » etc. La truie est une machine de guerre qui sert à protéger les mineurs et ceux qui creusent des fossés autour de la place assiégée.

[3« Per latrinas el foramina »

[4Notre auteur qui ne connoit bien que la topographie de l’Espagne, fait faire à Agoulant une marche rétrograde c’est à dire inverse de celle qu’il devoit suivre. Nouvelle preuve que la relation est l’ouvrage d’un Espagnol et non d un François.

[5Taillebourg est effectivement à trois lieues environ de Saintes

[6Cette réflexion est de notre traducteur de Saint Denis Elle n’est pas dans le texte latin ni dans les autres versions françoises.

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