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Aitré alias Aytré (17), par Louis-Etienne Arcère (1698-1782)

dimanche 1er février 2009, par Pierre, 1081 visites.

Le nom d’Aitré étoit connu dès le dixième siecle ... le territoire est couvert de vignobles. Le paysage d’Aytré a bien changé. Y reste-t-il encore une vigne ? L-E Arcère a réuni de nombreuses informations sur l’histoire de cette commune.

Voir : Carte satellite des lieux décrits par Louis-Etienne Arcère

Source : Histoire de la ville de la Rochelle et du Pays d’Aulnis - Louis-Etienne Arcère - La Rochelle - 1754 - Books Google

Aitré

Le nom d’Aitré étoit connu dès le dixième siecle, anno 980, quo fere tempore boso clericus & levita Salinam suam indominicatam qua est sita in pago Alniensi in marisco qui vocatur Aitriacus dedit ad Monasterium S. Joannis Ingeriacensis… Salina de Aitre… in aetriaco marisco [1]. Toutefois on lit Naitre dans quelques titres anciens [2]. Super omnibus & singulis rebus meis de Naytre ; apud Naytre in festo omnium Sanctorum anno 1318. [3]

Selon un Ecrivain moderne (M. Maillard Avocat au Parlement de Paris) ce nom est un mot celtique qui signifie un chemin. Je croirois plutôt que la source est purement latine, & qu’il vient de Strata. Aitré en Aulnis & Estrées près d’Avalon en Bourgogne ont un même nom qui ne diffère que par l’ortographe. Or selon un habile Géographe [4], le nom d’Etrée indique encore le passage de l’ancienne Strata, ou voie Romaine qui traversoit la Bourgogne.

Le Bourg d’Aitré placé sur une hauteur contient un grand nombre de jolies maisons. Le territoire est couvert de vignobles ; il s’étend jusqu’à la pointe de Coureilles. Cette pointe ou promontoire en s’allongeant vers la mer, forme la branche méridionale de la baie de la Rochelle, & la sépare de l’anse nommée la Rou. Cette anse seroit-elle désignée dans une donation faite au Monastere de S. Sauveur lez Nuaillé. Archimbaldus in eodem pago Alniensi concessit modia piscatoria in mare qua vocatur in roth.

La Châtellenie d’Aitré ou de la Salle d’Aitré, aula de Aitre in Alnisio, est une dépendance de l’ancien Château de la Rochelle, & conséquemment un Fief relevant du Roi : on en trouve les preuves [5] dans les hommages rendus en 1461, 1469, 1472, 1512, 1520 & 1524. Par un ancien acte d’aveux & dénombremens fournis au Bureau des Finances de Poitiers le 25 Janvier 1679, il paroît que cette Seigneurie releve du Roi à foi & hommage lige sous la redevance de 40 liv. de plaids de morte-main, placita mortua manus dans la Coutume de Poitiers , quand le cas y échet, & à 50 sols de devoir annuel : il y est dit que le seigneur propriétaire tient ladite Seigneurie & ses dépendances avec tous droits de justice & jurisdiction, haute , moyenne & basse, qu’il peut décerner contre les malfaiteurs des peines corporelles ; mais qu’après que la Sentence aura été rendue, le criminel sera conduit jusqu’à la Croix [6] de Sainte Valere, & remis entre les mains du Prévôt de la Rochelle « auquel ledit Seigneur faira sçavoir qu’il le vienne quérir à ladite Croix pour en faire l’exécution qui en appartiendra en lui baillant par écrit les cas malfaits & confessions en cestui cas » ; que le Seigneur de la Salle d’Aitré est obligé à une garde de quarante jours qu’il doit faire à la Rochelle en temps de guerre, & une fois l’an quand il en sera requis ; mais que pour s’affranchir de cette servitude, il a coutume depuis long-temps de payer 15 livres par an.

Aimeri de Resse, Ressia, aujourd’hui S. George de Rex en Saintonge, étoit Seigneur de la Salle d’Aitré vers la fin du douzième siecle [7]. Marie sa fille qui épousa Guillaume de l’ancienne Maison de Barrabin, recueillit la succession de son pere, & la laissa à Jeanne Barrabin sa fille ainée. Celle-ci apporta ce Domaine en dot à Gislebert Chasteigner, Seigneur de la Meilleraie & de Réaumur. Simon fils de Gislebert succéda à son pere, & il étoit Seigneur d’Aitré en 1318. Geofroi Chasteigner ayant manqué de rendre la foi & hommage pour la Châtellenie d’Aitré en 1416, les Officiers du Roi se saisirent de cette Terre ; il fallut des Lettres du Régent du Royaume adressées au Gouverneur de la Rochelle, pour donner main-levée à Geofroi, & le réintégrer dans ses biens, à condition qu’en qualité de vassal, il remplirait à cet égard ses engagemens.

Pierre Chasteigner fit hommage au Roi le 25 Août 1436. Dans l’aveu qu’il rendit, étoient compris l’Hôtel & l’hébergement de la Salle d’Aitré avec toutes ses appartenances & dépendances aux Paroisses d’Aitré, Angoulins & Chatel-aillon, le patronage de l’Aumônerie d’Aitré dont la présentation lui appartenoit, la justice haute, moyenne & basse, deux hommages pleins qui étoient dûs à la Salle d’Aitré, & la moitié des deux fiefs appelles « les fiez de Combes, tenus par indivis avec le Seigneur de Partenai, comme Seigneur de Chatel-aillon. La Seigneurie d’Aitré, ajoute Duchesne, valoit en ce temps-là quelques 600 liv. ».

Louis XI. ayant donné pour appanage à Charles son frère le Duché de Guienne & la Seigneurie de la Rochelle, Pierre Chasteigner fit hommage à Charles de France de sa Terre & Seigneurie de la Salle d’Aitré, par acte passé à la Rochelle le 15 Juillet 1469.

Jean Chasteigner son fils vendit cette Terre vers l’an 1514. Quoiqu’il en soit , la Terre d’Aitré avoit changé de Seigneur en 1520, puisque Jacques du Lion en fit hommage au Roi le 18 Juin de la même année.

En 1554, Jean Nicolas, Seigneur de Coureilles & de la Salle d’Aitré.

En 1562, Claude d’Angliers, Seigneur de la Sausaye , Beauregard & Mortagne, l’étoit encore de Tasdon & de la Salle d’Aitré. [8]

En 1755, Louis Green de S. Marsault, Baron de Chatel-aillon, & Sénéchal au pays d’Aulnis.

On ne doit pas confondre la Salle d’Aitré avec la Seigneurie du même nom, la Seigneurie est un démembrement de la Salle dont elle a été détachée en 16 51 par le Seigneur de Chatel-aillon en faveur de Pierre Guillemin. Celui-ci obtint en 1654 des Lettres patentes portant érection en Châtellenie de la Seigneurie d’Aitré, Fief des Réaux, & de la portion de la Salle aliénée, avec pouvoir d’établir des Juges & de faire tenir un Marché.

N. Mulon est actuellement Seigneur de la Châtellenie d’Aitré.


[1Gall. Christ. Tom. 2, fol. 1097.

[2Besly.

[3Gen. des Chateig.

[4M. Danville

[5Bureau des Finances

[6La position de la Croix de Sainte Valere, dont il est ici question, est désignée dans un dénombrement rendu au Roi par M. de Chatel-aillon en 1621. « Un petit noier entre le fourneau de la Ville de la Rochelle, sur le chemin de la pointe de Coureilles, passant pres de la Croix Sainte Valere, & de cette Croix suivant la côte... » Il y avoit une autre Croix de Sainte Valere sur le grand chemin par lequel on va de la Sablière au Paiau ou Puy-haut, Podium altum, au-dessus de la Fond.

[7Gén. des Chateig.

[8Copie vidimée

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