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Histoire du Château d’Ars (16), par Paul de Lacroix (1906)

dimanche 14 octobre 2007, par Pierre, 4504 visites.

Le château d’Ars
Photo : P. Collenot - 2007

La châtellenie d’Ars remonte aux temps les plus anciens. Elle relevait des comtes d’Angoulême, à cause de leur château de Cognac. Puis, lorsque Cognac et son territoire furent réunis aux domaines de la couronne de France, la terre d’Ars releva directement du roi.

Source : Les anciens châteaux des environs de Cognac, par Paul de Lacroix, bibliothécaire de la ville de Cognac - 1906

La terre d’Ars, située à huit kilomètres de Cognac, était un démembrement des châtellenies de Cognac et de Merpins, qui formaient une dépendance du comté d’Angoulême. On croit généralement que le manoir primitif de la seigneurie d Ars avait été construit sur l’emplacement d’un castrum romain, relié au camp de Merpins, qui en était peu éloigné. En effet, le mot latin Arx, citadelle, enceinte fortifiée, indique suffisamment qu’il y avait là quelques constructions solides à l’abri d’un coup de main. Les Romains connaissaient trop bien les Santons, peuple belliqueux et aguerri, pour ne point se mettre en garde contre leurs tribus remuantes des vallées de la Seugne, de la Charente et du Né.

La châtellenie d’Ars remonte donc aux temps les plus anciens. Elle relevait des comtes d’Angoulême, à cause de leur château de Cognac. Puis, lorsque Cognac et son territoire furent réunis aux domaines de la couronne de France, la terre d’Ars releva directement du roi. Le baron d’Ars, en temps de guerre, était obligé de garder et défendre, à ses propres dépens, la porte Saint-Martin de la ville de Cognac.

Les seigneurs d’Ars étaient également tenus d’assister à l’entrée solennelle des comtes d’Angoulême dans la capitale de leur comté. En 1469, Jean de Brémond d’Ars figure comme l’un des principaux vassaux du comte à la cérémonie de la prise de possession qui eut lieu à l’entrée de Charles d’Orléans, père de François 1er, dans la ville d’Angoulême.

On trouve d’abord comme châtelain de la terre d’Ars, un Gombaud de Chadenac, qui en rendit hommage au roi le 10 septembre 1377.

Gombaud eut de son mariage une fille nommée Jeanne, dame de Balanzac, qui épousa Guillaume de Brémond, seigneur de Rouffiac, fils de Pierre, seigneur de Jazennes, et qui lui apporta en dot la terre d’Ars.

Pierre de Brémond, fils de Guillaume, aida le roi Charles VII à recouvrer les provinces françaises que les Anglais détenaient encore, Charles d’Orléans, voulant le récompenser de ses services le fit chevalier de son ordre du Porc-Epic, par lettres données à Cognac, le 29 juin 1452.

Pierre de Brémond partagea avec ses sœurs les successions de ses père et mère le 8 juin 1447. Il fit son testament dans son château d’Ars le 15 juin 1456.

Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, éleva dans sa maison comme enfants d’honneur, les deux fils de Pierre de Brémond d’Ars, nés de son mariage avec Jeanne de Livron. Après la mort du comte, Marguerite de Rohan, sa veuve, les mit auprès de son fils, qu’ils accompagnèrent au siège d’Avesne, en 1477.

Jean de Brémond d’Ars, l’aîné, fut capitaine-gouverneur de la ville et château de Cognac, puis grand sénéchal d’Angoumois. Il épousa à Cognac, au mois d’octobre 1492 Marguerite de la Magdeleine, dont l’hôtel était voisin du château.

Les descendants de ce seigneur furent Jean de Brémond d’Ars, l’un des gentilshommes présents à l’entrée que Charles, comte d’Angoulême, fit dans cette ville en 1469, lorsqu’il vint prendre possession du comté, et Charles de Brémond, qui fit partie de l’armée que le roi Charles VIII conduisit en Italie et à la conquête du royaume de Naples.

En 1545, le château d’Ars et ses dépendances étaient possédés par Charles de Brémond et Louise de Valsergues, son épouse. Leur fils, Josias de Brémond, s’allia, le 3 novembre 1600, à Marie de La Rochefoucauld-Montendre.

Josias de Brémond d’Ars, ayant fait plusieurs campagnes avec le duc d’Epernon, qui avait été gouverneur de l’Angoumois, se fit distinguer par ce général, qui se l’attacha par des liens d’amitié qui ne furent jamais rompus.

Le duc d’Epernon venait souvent à Cognac, dont il s’était réservé le gouvernement conjointement avec celui d’Angoulême et prenait le titre « de capitaine du château. » De là à Ars, la distance était courte. Aussi se faisait-il une grande joie d’aller dîner avec son ami et compagnon d’armes, Josias de Brémond, qui le recevait magnifiquement, entouré des notables personnages de la Saintonge et de l’Angoumois. On a conservé dans le pays le souvenir de ces réunions : on cite même le refrain d’une chanson que le duc aurait composée au château d’Ars, et qu’il chantait à table. Voici ce refrain :

Josias, mon grand ami,

Je ne bois pas à demi,

Je bois à toi,

Je bois â moi,

Je bois à la santé du Roi !

En l’année 1606, le duc d’Epernon fut parrain, dans l’église d’Ars, du troisième fils de Josias de Brémond et lui donna son nom de Jean-Louis. Le baron d’Ars rendit hommage au roi pour sa terre d’Ars en 1609 ; il alla à Paris en 1610, après la mort de Henri IV ; fut fait conseiller d’Etat au mois de juin 1611 par la reine Marie de Médicis, mestre de camp d’un régiment de dix compagnies par brevet du 7 janvier 1613 et capitaine de cent hommes d’armes des ordonnances du Roi.

Les Etats-Généraux ayant été convoqués en 1614, le baron d’Ars fut choisi, le 16 août, par la noblesse de la province d’Angoumois pour être son député à cette assemblée qui s’ouvrit à Paris le 17 octobre suivant. Les Etats Généraux ayant pris fin au mois de février 1615, le baron revint aussitôt en Angoumois. Peu de temps après, il accompagna le roi Louis XIII et la régente allant en Espagne sous la conduite du duc d’Epernon, depuis Poitiers jusqu’à Bordeaux, et fit partie de leur escorte armée lors de leur retour au mois de décembre.

Le baron d’Ars avait été élevé au grade de maréchal des camps et armées du roi dès le 28 novembre précédent. Au mois de février 1619, il se trouvait à Conflans avec M. de Jussac d’Ambleville et trois cents autres gentilshommes de Saintonge et d’Angoumois, venus au-devant de M. d’Epernon, accouru de Metz pour tirer la reine Marie de Médicis du château de Blois d’où elle sortit le 22 et arriva à Angoulême le 1er mars avec cette princesse et ne craignit pas de la servir contre les troupes du roi vers Châteauneuf.

En 1635, le baron d’Ars conduisit le ban et l’arrière-ban de la noblesse d’Angoumois à Châlons en Champagne. Revenu dans son château d’Ars, il ne jouit pas longtemps du repos qui lui était si nécessaire. Il mourut le 15 avril 1651, quelques mois avant le siège de Cognac par le prince de Condé, où son fils et ses petits-fils allaient déployer un si grand courage, unis aux habitants, qui voulaient conserver leur ville au roi. La ville de Cognac avait trop souffert pendant les guerres de la réforme pour se jeter dans les bras des mécontents du ministère de Mazarin, que l’on appelait les Frondeurs

Jean Louis de Brémond, fils du baron d’Ars avait épousé Marie de Verdelin, qui, pendant le siège de Cognac, était restée au château d’Ars, et, sachant la ville peu approvisionnée, fit parvenir des vivres aux assiégés, parmi lesquels était son mari Par son énergie, elle maintint le château d’Ars sous l’autorité royale, et reçut aussi les députés de la ville qui revenaient de Poitiers, où était le roi et la régente.

Pendant une sortie des habitants le baron d’Ars, qui les conduisait, reçut deux graves blessures à la jambe. Charles de Brémond, un de ses descendants, épousa, à Cognac, le 28 février 1726, Mlle de Brémond-Dompierre, sa cousine. De cette union naquit une nombreuse postérité. Leur premier enfant fut Marie-Madeleine, née à Cognac, le 2 avril 1728, mariée à l’âge de 22 ans au marquis de Verdelin (21 avril 1750).

Le marquis de Verdelin emmena sa jeune femme à Paris et la conduisit dans le monde brillant qui fréquentait alors la cour de Versailles. Mme de Verdelin y parut avec éclat, mais son âme, bonne et sensible, goûta médiocrement cette société d’intrigues et préféra le calme de la campagne, les entretiens de quelques amis parmi lesquels étaient Mmes d’Houdelot et d’Epinay, le philosophe Helvélius et Jean-Jacques Rousseau.

La marquise de Verdelin s’était installée au château de Soisy, non loin de Montmorency.

Pendant ce temps-là, le château d’Ars était habité par Henri-Charles-Jacob de Brémond, son frère, lequel avait fait dressé son contrat de mariage par Prévostière, notaire royal, avec sa cousine germaine Judith Huberte de Brémond du Coudret, fille du vicomte d’Ars, lieutenant des vaisseaux du roi.

Jacques de Brémond avait épousé Marie de la Tour. On prétend que c’est lui qui a fait bâtir le château d’Ars que l’on voit aujourd’hui, parce que dans une des salles du rez-de-chaussée se trouvent peintes ses armoiries avec celles de la Tour.

Ce château, d’une construction grandiose, se compose de deux ailes qui se tiennent et font équerre. Celle du nord est peut-être attribuée au dix-huitième siècle et celle du levant à la dernière époque de la Renaissance. La façade, à la fois simple et gracieuse, est d’un très bel effet. Dans l’intérieur, on remarque des peintures anciennes sur lambris et quelques panneaux avec cadres sculptés. Vers le milieu du siècle dernier, il y avait une collection de tableaux, la plupart des portraits de famille, que MM. Charles et Théophile de Brémond firent transporter au château de Vénérand, près Saintes, qu’ils habitaient de préférence à Ars.

En 1898, à la suite d’une licitation entre héritiers, M. Emmanuel Castaigne s’est rendu acquéreur du château d’Ars et des quatre domaines qui en dépendent. Aujourd’hui on peut y voir un des plus beaux vignobles de la région.

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