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Histoire du Château de Gademoulins à Gensac-La Pallue (16) par Paul de Lacroix (1906)

vendredi 12 octobre 2007, par Pierre, 6025 visites.

Gademoulins est un ancien fief avec château, situé au bord de la Charente, sur la rive gauche du fleuve, relevant pour le culte de la paroisse de Gensac et pour la justice du siège royal de Cognac.

L’ancien château de Gademoulins pouvait remonter au quatorzième siècle.

Source : Les anciens châteaux des environs de Cognac, par Paul de Lacroix, bibliothécaire de la ville de Cognac - 1906

Gensac-La Pallue - Le paradis des eaux vives
Photo : P. Collenot - 2007

Gademoulins est un ancien fief avec château, situé au bord de la Charente, sur la rive gauche du fleuve, relevant pour le culte de la paroisse de Gensac et pour la justice du siège royal de Cognac.

L’ancien château de Gademoulins pouvait remonter au quatorzième siècle ; il servait d’habitation aux possesseurs du fief seigneurial, dont les plus anciens connus sont les Portier, venus de Pons à Cognac dès 1390.

Le château de Gademoulins
Photo : P. Collenot - 10/2007

Le 12 janvier 1394, maître Pierre Portier, de Pons, rend hommage au duc d’Orléans, comte d’Angoulême, pour le fief de Nonnac, en Genté, qu’il détenait comme engagiste [1].

On trouve aux Archives Nationales une série d’aveux et d’hommages pour les terres que la famille Portier tenait du comté d’Angoulême : 2 décembre 1445, aveu de Jean Portier l’aîné, demeurant en la ville de Cognac ; 1452, aveu de Jean Portier, demeurant à Châteauneuf (Châteauneuf-sur-Charente) ; 25 juin 1472, Jean Portier le jeune, seigneur de Gademoulins, engagiste de droits sur le port Saunier de Cognac, transige pour lui et ses partenaires avec Marguerite de Rohan, comtesse d’Angoulême, au sujet de ces droits.

On trouve à la date du 14 décembre 1496 un aveu de Marguerite Portier, dame de Gademoulins et de Villars, seule héritière de feu noble homme Jean Portier, en son vivant seigneur de Villars, concernant le droit qu’avait défunte Jeanne Marchandat sur une maison située à Cognac, et où avait demeuré Guy Portier, son aïeul, époux de ladite dame.

Marguerite Portier avait épousé, vers 1490, Charles-André de Sandroux ou Xandrieux, écuyer, qui habitait Cognac, dont il fut nommé maire en 1491, sous le règne de Charles VIII. Elle lui apporta en dot le fief de Gademoulins et la terre de Villars, près Burie.

David de Xandrieux, écuyer, sieur de Gademoulins, s’est marié au mois de septembre 1522, avec Anne du Tillet la jeune, huitième enfant d’Elie du Tillet, secrétaire et contrôleur-général des finances de Charles d’Orléans, comte d’Angoulême.

François de Xandrieux, sieur de Gademoulins, un de leurs descendants, avait épousé, vers 1560, Marguerite de Lestang. qui, devenue veuve, se remaria avec Jacques du Bois, du Fresne. Elle avait eu de son premier mari Charlotte de Xandrieux, qui plaidait au présidial d’Angoulême en février 1579 et en décembre 1580, contre François de Xandrieux, écuyer, sieur de Gademoulins, défendeur au procès.

A la date du 28 août 1604, on trouve une transaction, après procès, entre Marguerite Flamant de Lugeat, femme de François de Xandrieux, écuyer, sieur de Gademoulins, avec Jean Flamant, écuyer, sieur de Maillou et de Lugeat, sur la succession de Jeanne de Lahaye, leur tante (acte de Gibaud, notaire à Angoulême.)

Gademoulins fut acheté de François de Xandrieux, vers cette époque de 1604, par M. de Saint-Marsault, seigneur de Nieuil, de Peudry et de Mazottes. Jean de Saint-Marsault, son fils aîné, fut à l’âge de 29 ans, parrain de la cloche de Gensac, avec sa sœur Catherine, en 1612.

Il s’est marié, en 1620, avec demoiselle Charlotte de Brémond d’Ars, dont il n’a pas eu de postérité. Après sa mort, arrivée vers 1630. Gademoulins fut acquis par Charles Green de Saint-Marsault, son cousin germain, seigneur de la Cour et de la Foucaudière, qui, avant le 6 mai 1628, avait épousé Marie du Breuil, veuve de François Puyguyon.

Charles de Saint-Marsault de Gademoulins se ligua, en 1654, avec quelques habitants de Gensac, contre Léonor de La Rochefoucauld, seigneur de Roissac, Gensac et Marville, à propos du dessèchement du marais de Gensac, que ce seigneur avait entrepris au moyen de canaux de dérivation. Il y eut à cette occasion un grand procès au parlement de Paris.

Ce seigneur de Gademoulins paraît avoir eu pour enfants, Charles-Louis Green de Saint-Marsault, qui lui succéda, et Marguerite de Saint-Marsault, mariée en 1650, à M. de Saint-Chamans. Il transigea le 13 novembre 1662, avec M. de Marcillac de Tillou, qui avait épousé Marie de Puyguyon, sa sœur utérine.

Charles Louis de Saint-Marsault de Gademoulins s’est marié à Gabrielle Geoffroi et en a eu deux enfants : 1° Charles-Joseph ; 2° et Claire de Saint-Marsault, morte sans alliance à Gademoulins, le 4 août 1700, âgée de vingt ans.

Charles-Joseph Green de Saint-Marsault de Gademoulins, a épousé, vers 1691, Marie-Claire d’Aubusson, fille de Jacques, sieur de Savignac, capitaine au régiment du roi, infanterie. Un fils naquit de cette union, le 6 décembre 1696, et fut baptisé à Cognac, le 11 du même mois, sous le nom de Charles Joseph. M. de Gademoulins père mourut à l’armée, vers 1700. Son fils, dit-on, se tua à la chasse en 1711.

Madame de Saint-Marsault ayant perdu si malheureusement son mari et son fils unique, entra en religion et donna son domaine de Gademoulins au grand séminaire de Saintes. Le supérieur en rendit hommage au roi, à cause de son duché d’Angoulême, le 8 septembre 1716. Le fief de Gademoulins devait une redevance annuelle de cinquante cinq livres à la seigneurie de Barbezieux, qui remontait à l’époque où les possesseurs de Barbezieux, de la maison de La Rochefoucauld, étaient seigneurs de Roissac, Gensac et Marville.

Les pères de la Mission, aidés d’un régisseur, administrèrent la terre de Gademoulins. Deux supérieurs y moururent : Jean de Lacroix en 1760, et Antoine Levasseur en 1778, et furent inhumés dans l’église de Gensac.

De 1780 à 1790, le séminaire de Saintes fit régir Gademoulins par Joseph Mérat, Celui-ci y maria sa fille Elisabeth le 4 février 1788. Joseph Mérat est décédé au logis de Gademoulins, le 24 septembre 1790, à l’âge de 59 ans, et est qualifié par le curé Dupuy : « homme d’affaires de messieurs du séminaire de Saintes. »

Après la Révolution, le domaine de Gademoulins, devenu propriété nationale, fut acquis par madame Noël, de Cognac, née Françoise Perrin de Beaugaillard, épouse de Jean Noël, avoué au tribunal. Les héritiers de cette dame en vendirent ensuite une partie à M. de Jarnac, ancien notaire à Cognac, et l’autre partie, contenant le logis, des champs et des vignes à M. Le Poitevin de Fontguyon, des mains duquel elle est passée à M. Edmond Jaulin, négociant, puis à sa famille.

L’ancien château a été démoli, et à la place qu’il occupait s’élève depuis une trentaine d’années un magnifique château, l’une des plus jolies constructions des environs de Cognac.


[1Engagiste : Détenteur d’une partie du domaine royal qui lui avait été donné par le roi en gage d’un emprunt contracté par le Trésor royal.

L’Encyclopédie apporte les précisions suivantes sur le statut de l’engagiste : "Il est de son devoir de joüir comme un bon pere de famille, & par conséquent de faire toutes les réparations : mais aussi en cas de rachat, il est en droit de répéter toutes les dépenses utiles & nécessaires qu’il a faites à la chose engagée ; & jusqu’à-ce qu’il en soit remboursé, il peut retenir le bien engagé. A l’égard des dépenses voluptuaires, il ne peut les répéter, à moins qu’il ne les eût faites de l’ordre du débiteur.

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