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L’ile d’Oléron (17) par Louis-Etienne Arcère (1698-1782)

vendredi 30 janvier 2009, par Jean-Claude, Pierre, 5174 visites.

Le récit d’Arcère se déguste, comme une nourriture fine. Sa critique des thèses précédentes, toujours étayée, constitue une véritable leçon sur la recherche historique. La grande classe !

Source : Histoire de la ville de la Rochelle et du Pays d’Aulnis - Louis-Etienne Arcère - La Rochelle - 1754 - Books Google

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et
la carte satellite des lieux décrits par Louis-Etienne Arcère

Ile d’Oléron - Phare de Chassiron
Dessin de Jean-Claude Chambrelent

L’Isle d’Oléron

L’Isle d’Oléron, qui ressortit actuellement à la Sénéchaussée de Saintonge, appartient en quelque sorte au Pays d’Aulnis. Elle reconnoissoit autrefois la Jurisdiction du Sénéchal de la Rochelle, & elle est enclavée dans le Gouvernement militaire de ce Pays.

L’Isle d’Oléron, dont la position [1] est au 3e degré, 45 minutes, 13 secondes de longitude, à compter du méridien de Paris, & au 46e degré, 2 minutes, 50 secondes de latitude septentrionale, distante de 215132 toises de l’Observatoire de Paris, est placée dans le Golphe Aquitanique, vis-à-vis des côtes de Saintonge : elle est connue par les Anciens [2] sous le nom d’Uliarus & d’Ollarione [3], d’Olerim & d’Oleron dans une convention [4] faite entre Jean Roi d’Angleterre & Hugues de Lezignem, Comte de la Marche, & dans une autre convention de Louis VIII. avec le même Comte : enfin d’Olarion dans une Charte de 1047, concernant la fondation du Monastere de Notre-Dame de Saintes. Cette Charte est citée dans la Description historique & géographique de la France par l’Abbé de Longuerue : on lit Insula cui Blarium [5] nomen est. C’est une faute qui méritoit bien d’être corrigée dans un errata, & que Bruzen de la Martiniere a fait passer dans son grand Dictionnaire.

On prétend que l’Isle d’Oléron a pris son nom de Insula Olerum, à cause de ses herbes odoriférantes, potagères & médicinales [6]. Ces étymologies sont bonnes quand les choses sont prouvées, & trop foibles pour les prouver : ce ne sont que des conjectures frivoles, & rarement ingénieuses, quand elles ne s’appuyent que sur une légère ressemblance de nom.

Le gisement de L’Isle d’Oléron est Sud-est & Nord-ouest. Depuis le pertuis de Maumusson jusqu’à la pointe de Chassiron, cette Isle a six lieues communes de longueur ; & sa plus grande largeur, à la prendre depuis la pointe des Saumonars jusqu’à la Cotiniere, a près de deux lieues. Les bancs & les rochers qui l’environnent presque de toutes parts, en rendent l’accès difficile. La côte du Nord-est est basse, si l’on en excepte cette partie qui s’étend depuis Saint-Denis jusqu’à la pointe de Chassiron, où l’on voit des falaises hautes de dix-huit à vingt pieds.

Au Nord de l’Isle, est une chaîne de rochers que l’on nomme les Antiochois, & qui courent Nord-ouest, environ trois quarts de lieue dans la mer. Au Nord-ouest, on voit la Tour de Chassiron : c’est un Phare élevé pour servir de guide aux Vaisseaux qui cherchent le Pertuis d’Antioche, & les Havres de la Rochelle & de Rochefort. Cette Tour, dont M. Augier donna le dessein, fut commencée en 1679, & finie en 1681 ; elle est de figure ronde, d’une architecture simple & sans ornement ; sa hauteur est de quatorze toises. Chassiron dont ce Phare a pris sa dénomination, est une Terre noble, connue dans les anciens titres, sous le nom de Chapciro & Chapciron [7].

A l’Est, l’Isle d’Oléron est séparée de la terre ferme par le Courrau, bras de mer que le Jusan laisse en partie à sec : il reste un canal de plus de quatre cent toises toujours couvert d’eau.

Au Sud, le Pertuis de Maumusson sépare l’Isle d’Oléron de celle d’Arvert. Ce détroit qui est fort resserré, forme une passe extrêmement dangereuse à cause de la barre de Gadesau, qui le coupe en partie obliquement. Les sables mouvans y présentent de nouveaux dangers : ces bancs sont si mobiles qu’on ne peut s’assurer de la passe que la sonde à la main. Lorsque le vent d’Ouest souffle, les vagues viennent s’y briser avec tant de violence que le bruit en est porté au loin. Il se forme dans ce détroit des remoux ou tournoiemens d’eau ; ce qui fait dire aux Matelots qu’il y a un gouffre.

Cet effet est probablement occasionné par la contrariété des vents, & par la position presque circulaire des bancs dont ce canal étroit est parsemé. Les ondes poussées & réfléchies de tous les côtés, sont forcées de changer sans cesse la détermination de leur mouvement. Le Pertuis de Maumusson, qui s’élargit en détruisant ses bords, comble insensiblement l’embouchure de la Seudre. Dans le Roman allégorique de Rabelais [8], il est fait mention des tempêtes de ce redoutable détroit.

Les dunes élevées par des vents furieux qui régnent vers le détroit de Maumusson, ont déjà enveloppé des Villages entiers. L’ancienne Eglise de S. Trojan [9], située à l’extrémité de l’Isle, a été ensevelie avec son clocher sous des monceaux de sables, qui se poussent actuellement vers la partie orientale de l’Isle. Ces sables gagnent depuis long-temps les côtes de la mer océane, depuis l’Isle d’Oléron jusqu’à Bayonne. Je crois devoir rapporter ici ce qu’en dit un exact observateur [10]. Ce récit curieux ne peut qu’intéresser les amateurs de l’Histoire naturelle.

« En 1698, dit-il, lorsque je levai le plan de la côte d’Arvert, je découvris des vestiges de Villages que le sable a ensevelis. Ces collines que le vulgaire appelle Puech, en latin Podium, Pui en françois, avoient sqixante a quatre-vingt pieds de haut. Je remarquai encore, proche la pointe de la Coubre, les vestiges d’une grande Eglise nommée Notre-Dame de Buzé, que les vents ont découvert en partie. Dans les divers voyages que j’ai faits le long de la côte de Médoc, j’ai [11] parlé à grand nombre de Païsans, qui m’ont assuré avoir vu les habitans de plusieurs Villages changer de lieu, & abandonner leurs demeures deux ou trois fois. J’ai vu des bois de haute-futaie ensevelis sous les sables, & ne montrer que l’extrémité des branches. J’ai remarqué que le long de la côte de Médoc les dunes s’avançoient communément de dix à douze toises, vers les terres. Elles ont plus d’une lieue de largeur en quelques endroits, surtout au Nord & au Sud de la mer d’Arcachon. J’en ai mesuré qui avoient plus de cent pieds de haut, à plomb. Leur pente est douce du côté de la mer ; mais elle est roide & tombe presque à pic du côté des terres. C’est une chose affreuse de se trouver au milieu de ces montagnes mobiles. Le reflet de la lumière éblouit les yeux ; on s’enfonce souvent jusqu’à mi-jambe ; l’on dégringole quelquefois de quarante à cinquante pieds de haut, & l’on s’égare souvent avec les guides les plus expérimentés. Ces dunes sont d’excellens remparts contre les descentes, parce que l’estran de la mer est toujours fort long, & le fond très-ferme, ce qui fait que les chaloupes s’y brisent, la mer étant presque toujours agitée.

Les sables couvroient déjà les côtes de l’Océan du temps d’Ausone [12].

Paganum Medulis (Médoc) jubeo salvere Theonem :
Quid geris extremis positus telluris in oris
Cultor arenarum ? Epist. 4.

Elie Vinet Commentateur de ce Poëte assure [13] avoir passé à cheval par-dessus une Eglise engloutie sous les sables lorsqu’il parcouroit la côte d’Arvert voisine de l’Isle d’Oléron.

Le terrein de l’Isle d’Oléron est excellent. Il produit du bled & du, vin en abondance. Le commerce du sel y étoit autrefois considérable, & suivant un mémoire de 1685, on en vendoit pour deux millions par an.

L’Isle d’Oléron étoit anciennement couverte de bois. Les Rôles Gascons déjà cités en font mention [14]. De Foresta de Navaille (lisez Havaille) in Insula de Oleron, concessa Roberto Bullebeck ... De inquirendo super Silva Cedua in Insula Oleronis succidenda. Une circonstance singuliere de la fondation de l’Abbaye de Notre-Dame de Saintes, prouve qu’il y avoit dans ces Forêts beaucoup de bêtes fauves. Geoffroi Martel, Comte d’Anjou, & Agnès son épouse, qui en furent les fondateurs, léguèrent à cette Abbaye, non les cerfs & les biches qu’on prendroit dans l’Isle, comme on lit dans l’Histoire Littéraire de la France [15], ouvrage si estimable par l’immensité des recherches, mais la dixième partie des peaux de ces animaux, afin qu’elles fussent employées à couvrir les livres des Religieuses. Adauximus.. decimam omnium rosiarum cervorum, cervarumque ad librorum volsuras [16]. Selon Ducange, il faut lire rofiarum ou rufearum & non rosiarum.

« Le séjour de l’Isle d’Oléron est agréable. Il semble, difoit un fameux ministre [17], à des nièces qui firent tant de bruit dans le monde, il semble que vous devriez aller demeurer huit jours à Oléron, puisque tout le monde dit que c’est une belle demeure, & vous pourriez aller à la chasse, & faire pêcher ».

C’est dans cette aimable retraite que vivoit un Seigneur nommé Nammatius ou Namatius, ami particulier de Sidonius Apollinaris, vers la fin du V. siecle. Namatius qui devoit être Saintongeois, & vraisemblablement de l’Isle d’Oléron, étoit comme on peut le conjecturer un Officier garde-côte, sous les ordres du Commandant général, dans le district maritime des Gaules, & comme on lit dans la notice des dignités de l’Empire, Praefectus militum sub dispositione viri spectabilis ducis tractus Armoricani.

Sidonius écrivant à ce Seigneur, habitant de l’Isle d’Oléron, lui marque la vive inquiétude qu’il ressent, de le voir exposé aux irruptions que les pirates du Nord, venoient de tenter sur les côtes de Saintonge. Le portrait qu’il fait de ces brigands est rempli de pensées ingénieuses, & de traits fort vifs. Sidonius [18] raille d’abord assez agréablement, au sujet de la meute de son ami, laquelle se contentoit de heurler sur la voie, au lieu d’assaillir les sangliers, ne montrant du feu & de l’ardeur qu’à la poursuite des animaux timides, tels que les dains & les chevreuils. Il continue toujours monté sur le ton badin, & lui demande s’il croiroit se faire tort, que de courir la bête, ou d’attendre à l’affût, les lièvres de son Isle, insidiari lepusculis Olarionensibus.

Comme [19] j’ai la plume à la main, ajoute-t-il, il nous vient de vos cantons de fâcheuses nouvelles. On assure que les Saxons ont paru à la hauteur de vos côtes, & que votre Flotte a déjà appareillé, pour aller leur donner la chasse, Quels hommes que ces Saxons i Le moindre rameur de cette nation féroce, a toute l’audace d’un chef déterminé. Ils sçavent tous également commander & obéir, apprendre l’art du brigandage, & en donner au même temps des leçons. Aussi ne sçaurois-je trop vous exhorter à vous tenir sur vos gardes. Redoutez un ennemi qui se distingue autant par ses cruautés que par une active attention à tomber brusquement sur ceux qui ne l’attendent point, & par son adresse à éviter les poursuites de ceux qui l’attendent : il se joue ainsi de la vigilance des uns, & fait payer bien cher aux autres leur imprudence. Poursuit-il quelqu’un, il ne lui échappe pas ? est-il poursuivi, il échappe à coup sûr ? Il s’expose tous les jours aux orages, il n’en devient que plus intrépide : il se familiarise avec les fureurs d’une mer irritée & menaçante. Les bourasques de l’Océan, le mettent à couvert d’une surprise ; & ces montagnes d’eau qui s’élèvent à chaque instant, dérobent a la vue, ses barques légères,& favorisent ainsi ses attaques. Tranquille au milieu des écueils d’une mer orageuse, il ne voit plus de péril dès qu’il voit du butin à faire.

Quand ce Peuple brutal chargé de nos dépouilles, est prêt à faire voile, une affreuse cérémonie dictée par la superstition, lui sert de signal de départ. On décime les prisonniers, & selon que le sort en décide, ils sont massacrés.

Ces Barbares s’acquittent ainsi des vœux qu’ils font à leurs divinités : moins purifiés par ces sacrifices, que souillés d’un grand crime, ils se persuadent que la religion exige de telles horreurs, & qu’il vaut encore mieux immoler des victimes, que de vendre à grand prix des esclaves. Ces noires idées, mon cher Namatius, me remplissent l’esprit d’inquiétude & de soupçons fâcheux. Quoique j’aie au fond, quelque sujet d’en être moins agité, je sçai que dans cette expédition maritime, vous vous trouvez avec des braves accoutumés à vaincre. Je sçais encore que vos semblables, les gens sages n’abandonnent pas une entreprise aux hazards des événemens. Toutefois, l’intervalle qui nous sépare, fait renaître mes inquiétudes. Pour des amis, l’éloignement est une source de craintes : les sujets même de se rassurer, ne rassurent pas alors. On n’a les yeux ouverts que sur des dangers & des malheurs. Vous me direz peut-être qu’on ne doit pas grossir les objets. J’en conviens ; mais convenez aussi avec moi, que plus on aime, & plus on craint : ainsi pour me tirer de peine, ne manquez pas de m’écrire le plutôt que vous le pourrez.

Telles étoient les allarmes que Sidonius ressentoit pour son ami de l’Isle d’Oléron. Il y a dans la lettre de cet homme célèbre, un mot digne de remarque, victoris populi signa comitaris ; par ce peuple vainqueur, ou accoutumé à vaincre, il faut entendre les matelots & les soldats de Saintonge & de l’Aulnis son enclave. En effet, pour repousser des pirates qui fondoient brusquement sur quelque canton maritime des Gaules, il ne s’agissoit pas d’aller chercher au loin du secours : comment auroit-on pu remédier au mal ? La Saintonge & l’Aulnis, comme les autres côtes, avoient des marins & des habitans toujours prêts à combattre, connus sous le nom de milites limitanei & riparenses. Il paroît, par ce que dit Sidonius Apollinaris, que nos riverains & gens de mer avoient de la bravoure, & que le succès couronnoit leurs entreprises. Victoris populi signa comitaris.

On compte six Paroisses dans l’Isle d’Oléron, le Château, Dolus, Saint Pierre, Saint Trojan, Saint George dont le Prieuré est d’un très-grand revenu, & Saint Denis ; cette dernière Paroisse étoit connue anciennement sous le nom de Parochia de Chapciron. On comptoit au commencement de ce siecle [20], 13224 habitans, la garnison n’etoit pas comprise dans ce nombre. Suivant un autre mémoire très-exact dressé en 1685 [21], il y avoit 13 mille ames de tout âge & de tout sexe. Trois Régimens d’Infanterie, & un de Dragons composent les milices. Les hommes sont robustes, aguerris & bons matelots.

Selon un dénombrement général, daté du 2 Février 1704, on comptoit dans l’Isle d’Oléron, dix-sept Eglises ou Chapelles, vingt-une maisons Nobles, 3425 livres de marais salans, 4971 arpens de vignes, 2970 quartiers de terres incultes, 181 arpens de bois, 948 arpens de prés, & 8626 arpens de terres labourables. Le Coq a écrit dans sa Géograohie [22] que l’Isle d’Oléron avoit titre d’Evêché. Cette faute, qui n’est pas la seule qu’on remarque dans cet Ouvrage, prouve que ce Recueil géographique, revu & corrigé, a besoin de nouvelles corrections.

L’ancien Château d’Oléron étoit placé sur la côte du Nord-est attenant au Bourg appelle Notre-Dame [23]. Ce Bourg est vraisemblablement ce Castrum, lieu fortifié dont il est fait mention dans une Charte d’un Comte de Poitou de l’an 1076. Ce Prince donne aux Moines de Montier-neuf quartam partem Oleronis excepta turre & castro [24]. Je retrouve le Château d’Oléron, dans un titre de 1096, quilibet praepositus fuerit in Castello meo de Olerione [25]. Les actes de Rymer nous fournissent pour le treizième siecle la signature d’un Archiprêtre d’Oléron, & Prieur de Saint Jacques de Castello Oleronis.

Il paroît par la Charte ci-dessus mentionnée [26], & par un monument du douzième siecle, qu’il y avoit aussi une Tour dans l’Isle d’Oléron : « conformément à vos ordres, dit S. de Chezac Prévôt d’Oléron, à Suger Abbé de Saint Denis & Ministre d’Etat, j’ai refusé de payer à G. de Rançon la redevance qu’il exige. Il m’a adressé son Prévôt qui n’a rien oublié pour me déterminer à lui livrer la tour & à me désister en sa faveur, de la régie des droits domaniaux : mais j’ai été ferme, on n’a rien gagné sur moi ; & je ne souffrirai pas la moindre démarche attentatoire »

En 1630, M. d’Argencour fit construire une Citadelle sur les ruines de l’ancien Château. Le corps de la place est triangulaire & solidement bâti. En 1673, le Chevalier de Clerville, Gouverneur de l’Isle, fit travailler à une seconde enveloppe, construite irrégulièrement, mal flanquée de redans & de petites courtines. Cette enceinte, dans la suite,, fut conduite avec plus d’entente, & continuée jusqu’en 1688. L’année d’après, M. Ferri en fit raser une partie pour établir de meilleurs dehors, lesquels consistoient en un ouvrage à corne du côté du Bourg, & une demi-lune placée dans la gorge de cet ouvrage. On construisit encore vers le marais, un autre ouvrage à corne, qui fut élevé avec tant de précipitation & durant un hiver si rude qu’il s’écroula bientôt. A la gorge de cet ouvrage à corne ruiné, on bâtit en 1690, une demi-lune revêtue de maçonnerie, & entourée de bons fossés. Les chemins couverts, & les glacis ne furent finis qu’en 1695. Quelque temps après on forma une enceinte pour enfermer le Bourg, & l’on traça des rues pour une nouvelle Ville.

A l’Est de la Citadelle d’Oléron, & à 1500 toises de distance est placé le Fort Chapus, qui peut être mis en quelque sorte, au nombre des dehors de la Citadelle d’Oléron. Le nom de Chapus étoit connu dès le onzième siecle, a monte Aquilino usque ad Capusium [27].

Le Fort Chapus que M. de Louvois fit bâtir, est établi sur une pointe de rochers entrecoupés de fossettes, & éloigné de la terre ferme d’environ deux cent vingt toises. Comme cette pointe ne se découvre qu’au temps des équinoxes, & seulement durant l’espace d’une heure & demie, MM. Thuilliers & Masse épiant le moment de la basse marée, élevèrent une balise sur l’endroit même, à onze heures du soir, vers la fin de Septembre : ensuite le plan fut dressé, & les fondemens furent jettés au commencement de 1691. L’on fit un massif dans toute la base de l’édifice. Cette opération coûta des soins extrêmes. On travailloit souvent la nuit aux flambeaux, pour mettre à profit le temps du jusant. Les premières assises du côté du Sud, furent placées six pouces plus bas que la plus basse marée. L’ouvrage n’étoit pas bien avancé, quand M. de Louvois mourut. Un nouveau plan fit disparoître alors celui que ce grand Ministre avoit approuvé ; & le Fort Chapus s’éleva sous une autre forme, qui représente une portion d’ovale, dont le grand diamètre est de vingt-huit toises, ou environ. Le donjon a près de douze toises de hauteur. La terre ferme & le Fort Chapus se communiquent par une chaussée de deux cent toises, laquelle est couverte à toutes les marées, excepté au temps de la morte-eau.

L’Isle d’Oléron fut inséparablement réunie à la Couronne par Charles V. le 17 Février de l’an 1372. Il est dit dans le Diplôme [28] « que ladite Isle est nécessaire pour la garde & la défense de la Ville de la Rochelle & du Pays d’Aulnjs » Le même Prince, n’étant encore que Régent du Royaume, avoit déjà ordonné, le 23 Août 1359 [29], qu’elle seroit du ressort de la Rochelle [30]. Les Rois d’Angleterre regardoient cette Isle comme un poste de si grande importance, qu’Henri III. du nom, ne la céda à Edouard son fils aîné, que comme un domaine inaliénable. Ce Roi écrivant aux habitans de l’Isle d’Oléron, leur dit que son intention est qu’à l’avenir, leur Pays ne puisse être démembré de la Couronne. Selden [31] qui rapporte ce fait, pousse la prévention jusqu’à soutenir que ce fut moins en qualité de Duc d’Aquitaine qu’en qualité de Roi d’Angleterre, que Richard fils d’Eleonor, posséda L’Isle d’Oléron. Comment cet Auteur a-t-il pu ignorer que cette Isle enclavée dans le Duché d’Aquitaine, ne devint domaine de l’Angleterre, que par le mariage d’Eleonor Duchesse d’Aquitaine, avec Henri Comte d’Anjou, Duc de Normandie, & depuis Roi d’Angleterre ?

On attribue à Othon Duc d’Aquitaine, le droit de Commune accordé aux Insulaires d’Oléron. Il paroît [32] que cet établissement n’étoit encore qu’ébauché, puisqu’en 1199 Eleonor le confirma, & le fixa dans son Etat, perpetuam stabilitatem & inviolatam firmitatem [33]. Elle donna aux habitans la garde & la tutelle de leurs enfans mineurs, & leur permit de les marier, sans que les Seigneurs désormais pussent s’y opposer ; elle leur accorda enfin le privilège de vendre & transporter sans empêchement le sel & autres denrées de l’Isle.

Dans les Rôles Gascons [34], il est fait mention des Bourgeois de l’Isle d’Oléron, & de la Commune, & d’un Maire nommé Guillaume Richard, dans une Charte de 1273 [35]. Il appert par les Rôles ci-dessus mentionnés que les Rois d’Angleterre entretenoient dans l’Isle d’Oléron un Receveur, à l’effet de percevoir les droits qui se levoient sur l’Isle & sur les Prévôtés, exitus prepositurarum ac etiam Insula de Oleron [36]. Ils y avoient encore un Gouverneur ou Commandant, de regimine Insulae concesso Willielmo de Monte Acuto... de custode Insulae Oleronis assignando. [37]

En 1205, le Roi Jean, fils de Henri Roi d’Angleterre, confirma aux Insulaires d’Oléron, tous les privilèges accordés aux Rochellois par Henri son pere, par Eleonor sa mere, & Richard son frère. Il les exempta du droit de lestage, tailles & subventions, sauf les revenus qu’il avoit sur la Prévôté d’Oléron, & le service qui lui étoit dû pour le fait de la guerre. Plusieurs de nos Rois ont aussi accordé des privilèges aux habitans d’Oléron.

Les Rôles d’Oléron si connus dans notre Histoire, sont d’anciens Réglemens qu’il faut regarder comme une des sources primitives des Loix qui servent à décider les questions de la marine. Ce ne sont pas les habitans de l’Isle qui les établirent, comme le prétend Bruzen de 1a Martiniere. Serfs, au moins de biens, jusqu’au temps d’Eleonor, ces Peuples vécurent encore trop dépendans de leurs Souverains, pour oser s’arroger une des plus nobles fonctions de la souveraineté.

On croit que le premier plan de ce Code nautique [38] est dû à la Reine Eleonor, qui en forma le projet d’après les anciennes Loix Rhodiennes qu’elle vit pratiquer dans le Levant. Cette Princesse ayant terminé son voyage d’outre mer, s’occupa, dit-on, du dessein de faire fleurir la navigation dans ses Etats ; elle dressa des Loix navales, intitulées Rôles d’Oléron, parce qu’elle étoit vraisemblablement dans cette Isle quand elle donna ce Code maritime. Richard fils d’Eleonor augmenta ce Code. Le texte de Rôles est un vieux langage françois, chargé de quelques expressions Gasconnes, sans aucun mélange d’idiome Normand ou Anglois. Les Rôles d’Oléron sont insérés dans les Mémoires pour servir a la nouvelle Histoire de Bretagne, ils finissent ainsi : « donné temoings le séel de L’Isle d’Oléron établi aux contrasts de ladite Isle, le jour Mardi amprès la Fête de S. André, l’an de grâce 1296. L’Auteur de la nouvelle Histoire de Bretagne remarque que le langage n’est pas de ce temps, & que les Jugemens d’Oléron rapportés par Clairac dans les Us & Coutumes de la mer, contiennent quarante-sept articles, c’est-à-dire dix-neuf de plus que ceux qu’oit trouve dans un manuscrit de 1554, que le langage est beaucoup moins ancien, & que la date est différente.

Les hypotheses des Rôles d’Oléron sont relatives aux voyages de Bordeaux, au transport & à la décharge des marchandises dans les Havres de Bretagne. Il n’est fait mention qu’indirectement de l’Angleterre, à l’occasion des Pilotes Lamaneurs. Tout cela prouve que cette compilation [39] a été faite en Aquitaine, & principalement pour l’Aquitaine, quoi qu’en dise Selden, qui en attribue la gloire aux Rois d’Angleterre, lesquels n’établirent ces loix dit-il, que pour, maintenir l’ordre entre les Nations qui navigeoient sur les mers de la Grande-Bretagne.

L’Historien Olaus magnus prétend [40] que les Loix maritimes de la ville de Wisbuy en l’Isle de Gothland, sont plus anciennes, & qu’elles ont été généralement reçues dans tous les Ports de l’Europe. La date de l’établissement d’un Corps-de-Ville à Wisbuy, fait évanouir ce vain fantôme d’ancienneté. Une ville qui sur la fin du treizième siecle, n’étoit qu’un assemblage d’étrangers mal réunis, ne formant pas encore une société réglée, étoit-elle assez considérable & assez célèbre pour faire, recevoir ses loix à toute l’Europe.

La rédaction des Rôles d’Oléron est donc plus ancienne que ces Ordonnances ; mais elle ne doit pas être regardée comme la première rédaction nautique faite en Occident. On trouve un essai de Code maritime, dans le corps du Droit Visigothique [41].

Les premiers Seigneurs connus de l’Isle d’Oléron, sont les Ducs d’Aquitaine. Cette Isle passa aux Rois de France par le mariage de la Princesse Eleonor avec Louis le Jeune, & ensuite aux Rois d’Angleterre par le mariage de la même Princesse avec Henri Duc de Normandie. En 1214, Jean Roi d’Angleterre voulant marier Jeanne sa fille avec Geofroi de Lezignem, fils de Hugues Comte de la Marche, promit qu’en faveur de ce mariage, on mettroit Hugues sur l’état des pensions, & qu’il auroit la jouissance de l’Isle d’Oléron, excepté le domaine des Barons [42], en attendant que la pension de 2000 livres, monnoie de Poitou, eût été assignée sur un fonds particulier.

En 1222, Hugues dont il est fait mention ci-dessus, en fit hommage à Philippe Auguste, selon Maichin, « tant pour lui que pour ses sujets, comme il est formellement porté par l’acte de cet hommage ». Je trouve un traité conclu la même année, entre te Roi de France, & Hugues Comte de la Marche, mari d’Isabelle, veuve du Roi Jean. Entr’autres conditions que propose le Comte, il demande l’Isle d’Oléron, quand on l’aura enlevée aux Anglois, comme elle le fut peu de temps après [43].

Louis VIII. confirma ce traité [44] en 1224. Civitas Burdïgalensis assignabitur dicto Comiti & haredibus suis cum Insula d’Oleron quando fuerit acquisita. Il falloit que le Comte de la Marche jouit en 1227 de l’Isle d’Oléron, puisqu’il fut proposé la même année, un double mariage, entre Alphonse Comte de Poitou, frère de Louis IX. & Elizabeth fille du Comte de la Marche, & entre Hugues fils aîné du Comte & la Princesse Elisabeth sœur du Roi, l’Isle d’Oléron, Insulam Olarionensem cum pertinentiis devoit être cédée à Alphonse, pour servir de dot à la Princesse de la Marche. La convention ajoute, cum froment. cum pertinentiis suis, mots sans doute défigurés.

En 1273, Edouard Roi d’Angleterre, céda l’Isle d’Oléron, à Eleonor de Provence sa mere, pour en jouir par usufruit durant sa viduité [45].

Philippe VI. du nom, dit de Valois, la donna [46] à vie vers le milieu du XIV. siecle, à Fouques de Matha, Seigneur de Royan. Après la mort de Fouques, elle fut réunie au Domaine par Charles Régent du Royaume, le 25 Août 1359.

Le mariage d’Yolande de Lezignem [47], fit passer la Seigneurie d’Oléron dans l’illustre maison de Pons [ voir le forum en bas de page]. Hugues de Lezignem XIII. du nom, Comte de la Marche & d’Angoulême, lequel mourut en 1303, selon Corlieu, ayant privé son frère Gui, de tous ses biens, pour avoir embrassé le parti de ses ennemis, déclara son héritier universel Geoffroi de Lezipnem son cousin ; & il établit divers degrés de substitution, qu’il étendit jusqu’à Regnaud de Pons son neveu, qui devint Seigneur d’Oléron, en conséquence de cette substitution, ou plus vraisemblablement en vertu de la dot d’Yolande de Lezignem sa mère. Telle est la vraie origine des droits, que la maison de Pons a prétendus sur l’Isle d’Oléron, & dont le Baron de Bonnemie [48] conteste la légitimité. Il prétend qu’Hugues de Lezignem Comte de la Marche & d’Angoulême, lequel confirma aux habitans de l’Isle d’Oléron leurs privilèges en 1224, n’en étoit pas légitime possesseur ; qu’il en avoit extorqué le don d’Edouard, fils aîné de HenriIII. Roi d’Angleterre, & qu’Edouard n’ayant pas eu le pouvoir de la donner, « les sieurs de Pons qui se disent héritiers de Luzignem, n’ont pu se prévaloir de cette prétendue succession pour se maintenir dans la possession de ladite Isle ». Il n’est pas de mon sujet d’entrer dans ces disputes que l’intérêt toujours vif des traitans a renouvellées, & de donner à des recherches Historiques un air de procès. Mais je ne puis me dispenser de relever quelques méprises frappantes, que M. de Bonnemie a laissé .échapper dans son mémoire.

« On peut objecter, dit-il, que Louis VIII. Roi de France, fit don audit Lusignam de ladite Isle d’Oléron, au mois d’Aoust, la veille de l’Assomption, 1224, & qu’il fit prêter le serment à la Rochelle audit de Lusignam. Il suffit pour détruire ce titre, de dire que l’Isle d’Oléron, appartenant aux Rois d’Angleterre, & non au Roi de France, ce prétendu don étoit nul, & comme non avenu » [49].

Le droit de conquête est regardé en général, comme un droit légitime ; & l’Isle d’Oléron étant tombée au pouvoir de la France, le Roi a donc pu en disposer. D’ailleurs cette Isle enclavée dans le Duché d’Aquitaine, n’étoit-elle pas de l’ancien domaine du Royaume ? Le Roi en étoit donc le Seigneur dominant, puisque l’Aquitaine étoit un Fief de la Couronne. On ne doit donc pas dire que le Roi n’eût aucun droit sur l’Isle d’Oléron.

« Lusignem, ajoute-t-on, n’étoit pas légitime possesseur :
- 1°. parce qu’il en avoit extorqué le don à Edouard.
- 2°. Henri n’avoit cédé cette Isle à Edouard son fils qu’à condition qu’elle ne pourroit être séparée de la Couronne d’Angleterre.
- 3°. Les Rois d’Angleterre par le Traité de Bretigni ont possédé le Duché de Guienne, le … en Souveraineté, nuement & sans aucun ressort à la Couronne de France ».

Il est aisé de répondre,
- 1°. que le don du Prince Edouard est constaté par un acte authentique, & que nul fait ne prouve la prétendue extorsion,
- 2°. Que la condition de l’inaliénabilité de L’Isle d’Oléron, de la Couronne d’Angleterre étoit une clause injuste & nulle de droit, puisque l’Aquitaine étant un Fief de la Couronne de France, n’en pouvoit être détachée que par l’autorité du Seigneur dominant : le Monarque Anglois pouvoit bien en jouir comme Seigneur féodal, mais il ne pouvoit la réunir à sa Couronne.
- 3°. Est-il permis à un François d’ignorer que la renonciation à toute Souveraineté de la Guienne, dont il est fait mention dans le Traité de Bretigni, ne doit être regardée que comme un projet sans exécution, & non comme une cession réelle & effective.

« On convint d’envoyer à Bruges les renonciations, que par le Traité de Bretigni on avoit projette de faire à Calais. Jean ayant envoyé à Bruges porter ses renonciations, & les Députés d’Edouard ne s’y étant pas trouvés, les choses demeurèrent par rapport à la Souveraineté de la Guienne, dans l’état où elles étoient avant le Traité de Bretigni. Il n’est donc pas vrai que les Rois d’Angleterre ayent possédé la Guienne, & conséquemment l’Isle d’Oléron à titre de Souveraineté. » [50]

En 1363, le Roi d’Angleterre qui prévoyoit qu’il ne conserveroit pas long-temps l’Isle d’Oléron, en donna la jouissance à James d’Andelée, Chevalier Anglois, qui ne prit possession de cette Isle que pour la perdre. En effet, l’année suivante, Charles V. surnommé le Sage, ayant fait donner un Arrêt portant confiscation de tous les Domaines possédés dans le Royaume par Edouard Roi d’Angleterre & par le Prince de Galles son fils, Renaud de Pons VI. du nom, reçut en don comme une récompense de ses services, 2000 liv. de rente à perpétuité sur l’Isle d’Oléron. Peu après le Roi voulant favoriser Jaques & Michelet de Montmor frères & Gouverneurs de l’Isle, leur en fit don comme il appert par un aveu du Fief-Norteau [51], du 11 Septembre 1373. Renaud de Pons fit révoquer ce don par des Lettres patentes données en 1380, & l’Isle lui fut abandonnée pour parfaire l’assiette.

Jaques de Pons, ayant embrassé le parti du Roi d’Angleterre, perdit en 1445, par Arrêt du Parlement de Paris [52], la Baronnie d’Oléron, dont Charles VII. fit présent à Antoine de Villequier son favori. Jaques de Pons rentra dans les bonnes grâces de son Prince, & il fut réintégré dans ses biens en 1483. Le dépit arma Villequier contre le nouveau possesseur. Il employa contre lui les éclats d’une violence ouverte, & les voies permises, & souvent non moins dangereuses, de la procédure. Dans un titre inséré parmi les preuves de la nouvelle Histoire de Bretagne [53], il est fait mention « d’Antoinette de Maignelays veuve d’André de Villequier, qualifiée Dame de Mazanne, d’Oléron & d’Arvert le 23 Mai 1463 ». Il faut lire, Marennes, Oléron & Arvert. Enfin après bien des altercations, les enfans de Villequier dénoncèrent la Baronnie d’Oléron, au Parlement de Paris, comme un Domaine de la Couronne usurpé par les de Pons. Le Procureur Général en demanda la réunion, & par un Arrêt qui intervint, les droits royaux furent adjugés à Sa Majesté. Un autre Arrêt [54] de l’an 1514,16 Septembre, adjugea encore au Roi, l’Isle d’Oléron, en maintenant toutefois les de Pons dans la jouissance de l’Isle, « jusqu’à ce que le parsus de l’assiette de 2000 de rente soit autrement faite & parachevée ». Aussi voit-on encore les de Pons en possession de leur Baronnie. Le 10 Janvier 1524, Jourdain Seigneur de Bonnemie, rendit son hommage à François Sire de Pons. Antoine de Pons fit hommage de sa Baronnie au Roi en 1560 ; mais la querelle ne fut pas terminée, puisqu’en 1639 le 7 Septembre [55] un Arrêt du Parlement de Paris donne à ses descendans, « main-levée définitive pour Monteglains, Marennes, Chessou, Brou, le retrait de l’isle d’Oléron, tour & Fort de Brou jufqu’à l’assiette de 2450 liv. 4 sols 6 den. » [56] La succession d’Antoine de Pons se partagea entre ses trois filles. La suite de ces partages meneroit trop loin ; il suffira d’observer que la question concernant la réunion de la Baronnie d’Oléron au Domaine, a été long-temps & vivement agitée. On a vu ces disputes souvent renaissantes, & toujours terminées en faveur des Seigneurs de la Baronnie.

Nos Rois ont accordé plusieurs privilèges aux Insulaires d’Oléron ; on en trouve la notice dans la compilation de Blanchard, tom. 2.


[1Carte de MM. Maraldi & Thuri.

[2Plin. cap. 10, lib. 4.

[3Anonym. Ravenn

[4Rymer, tom. 1, p. 193

[5Insula cui Olarion nomen est quamque famosissimam soli fertilitas & amoenitatis commoditas nobilitast. Archiv. de l’Abbaye de Saintes, Charte de la fondation.

[6Mém. de M. de Bonnemie

[7Cartul. de Notre-Dame de Saintes, fol. 22 recto.

[8Tom. 2, liv.. 4, ch. 26, p. 67, éd. de 1741.

[9Extr. des Privilèges des hab. d’Oléron

[10Mém.ms. de M. Masse.

[11Je retrouve le même fait dans le Commentaire d’EIie Vinet, Saintongeois & témoin oculaire. Quod cum lustraremus annos ab hinc triginta, mirati sumus apud Arvertinos (Arvert en Saintonge) summa quaedam aedificia qua longius volans harena retegeret... Arvertinae etiam sylvae non modica pars obruta est : sic que illius plagae Medulicae villae & vici quidam obruti nuper fuerant : pinosque altissimas quibus abundat ea regio memorant incolae vidisse se pauculis annis totas ita tumulari. Vinetus in Auson. urbes. N°. 208. F

[12Auson. édit. J. B. Souchay, p, 439

[13Vinetus in Auson. Urbes n° 208.

[14Pag. 31, 61.

[15Tom. 7, pag. 155

[16Gall Christ t. 2, p. 480 Glossar.

[17Lettr. du Card. Mazarin, tom. 2, pag. 63.

[18Sid. edit. Sirm. lib. 8, epist. 6.

[19Sed ecce, dum hanc Epistolam quae diu garret, claudere optarem, subitus à Santonis nuncius : cum quo dum tui obtentu aliquid horarum sermonicanter extrahimus, constanter asservavit nuper vos classicum in classe cecinisse, atque inter officia nunc nautae modo militis, littoribus oceani curvis inerrare contra Saxonum pandos myoparones. Quorum quot remiges videris, totidem se cernere putes archipiratas. Ita simul omnes imperant, parent, docent, discunt latrocinari ; Unde nunc etiam, ut quam plurimum caveas, causas successit maxima monendi. Hostis est, omni hoste truculentior. Improvisus aggreditur, praevisus elabitur : spernit objectlos, sternit incautos : si sequatur intercipit, si fugiat, evadit. Ad hoc exercent illos naufragia, non terrent. Est eis quaedam cum discriminibus pelagi, non noticia solum, sed familiaritas. Nam quoniam ipsa, si qua tempestas est, hinc securos efficit occupandos, hinc prospici vetat occupaturos ; in medio fluctuum, scopulorumque confragosorum, spe superventus laeti periclitantur. Praeterea, priusquam de continenti in patriam vela laxantes, hostico rnordaces anchoras vado vellant, mos est remeaturis decimum quemque captorum peraquales & cruciarias poenas, plus ob hoc tristi quod superstitio vituperare, superque collectam turbam periturorum, mortis iniquitatem, fortis aequitate dispergere. Talibus eligunt votis, victimis solvunt : & per hujusmodi non tam sacrificia purgati, quam sacrilegia polluti, religiosum putant cadis insaulla perpetratores, de capite captivo magis exigere tormenta, quam pretia. Quamobrem metuo multa, suscipor varia ; quamquam me è contrario ingentia hortentur. Primum quod victoris populi signa comitaris : dein, quod in sapientes viros, quos inter jure censeris, minus annuo licere fortuitis. Pro sodalibus fide junctis, sede discretis, frequenter incutiunt & tuta mœrorem, quia promptius de actionibus longinquis, ambigendisque, sinistra quaeque metus augurat. Id quidem verum est : sed nec hoc falsum quod iis quos amplius diligimus, plus timemus. Unde nihilominus precor obortum sui causa sensibus nostris quam plurimum, prospero relatu exime angorem.. •
P. 213. 214.

[20M. Masse.

[21Bibliot. de M. de Villars. Méd à la Roch.

[22Edit. de 1723

[23Fortifications.

[24Besly, pag. 368.

[25Ibid. pag. 412

[26Duchesne, tom. 4 pag. 519.

[27Fond. de N. D. de Saintes

[28Secousse, Ordon. tom 5, pag. 593

[29Volumus & ordinamus quod Insula, Ville, Parochie, Fortalitia & loca, cum praefatis habitatoribus, pertinentiis & juribus ipsorum quisbuscumque eorumdem, deinceps perpetuis temportibus sint & remaneant uniti & annexi dicto Regno, seu Regni Domanio, ad causam Corone Franciae, & de Castellania de dicta Rupella ac ressorto ejusdem Castellanie, taliter quod ab ipsis Domanio & Castellania ac ressorto ejusdem futuris temporibus, non possint aut debeant aliqualiter dividi. Datum apud Lupparam, juxta Parisius, die vigesima quintâ mensis Augusti, ann. milles. trecent. quinquag. Nono. Per Dominum Regentem. N. de Veris.

[30Secousse, tom. 3, p. 363.

[31Mare clausum.

[32Mém. de M. de Bonnemie.

[33Rymer.

[34Pag. 11.

[35Archiv. de la Cathed.

[36Pag. 36

[37Pag. 61. Pag, 53.

[38Us & coutumes de la mer.

[39Mare clausum

[40Page 448

[41Collect. D. Bouquet.

[42Suivant les Mém. de M. de Bonnemie, le dernier Duc d’Aquitaine étant sur le point d’entreprendre le voyage de Saint Jacques en Galice, établit quatre Gouverneurs dans son Isle d’Oléron ; & pour les attacher plus étroitement à son service. il leur inféoda, le 10 Mai 1136, le tiers des revenus qu’il avoit en cette Isle, pour en jouir par indivis avec lui & ses successeurs. Ces Gouverneurs devoient le tenir noblement & à la charge de la foi & hommage. Ces quatre Seigneurs étoient le Comte d’Angoulême, de Matha, de Montausier, & de Rochefort. Il est fait mention de ce Fief, dans un titre de 1274 de la Cath. de la Rochelle, in Fedo auatuor Dominorum & dans une Charte de Notre-Dame de Saintes, il est dit que cette Abbaye a le dixième du dixième dans toute l’étendue du Fief des quatre Seigneurs, redecimum in quatuor partibus quatuor Dominorum, & per terram eorum quam habent in Insula Oleronis. Cartul. fol. 21 recto

[43Monum. D. Martenn T. 1, p. 1162

[44Ibid. pag. 1285.

[45Rymer ad ann. 1273.

[46Secousse, Ordon. tom. 3, p. 363.

[47Hist. des Comtes d’Angoulême.

[48Mém. ci-dessus cité.

[49Pag. 9.

[50Nouv. Abrégé chronol. 2. édit. Et Le P. Daniel, règne du Roi Jean. Hist. de Fr..

[51Mém. de M. de Bonnemie.

[52Blanchard, Qrdonn. tom. 1., col. 266, 267

[53Tom. 3, pag.. 41

[54Factum pour M. Gedeon Martel

[55Vu par notredite Cour l’Arrêt du Conseil d’Etat du 25 d’Août 1635, par lequel S. M. conformément aux Arrêts du Conseil des 5 Août 1608, 7 Août 1610, 4 Mars 1614 & 20 Juin 1620, auroit renvoyé lesdites instances en l’état qu’elles étoient en ladite Cour de Parlement... à laquelle en tant que besoin seroit, Sadite Majesté auroit attribué toute jurisdiction & connoissance, &c. Requête du 30 Juillet 1633, à ce qu’il plût à S. M. recevoir Goute à faire le remboursement de 2000 l. de rente, pour lesquelles lesdites isles d’Oléron & Marennes auroient été baillées en assiette. . . . Requête de Fourneret du 16 Juillet 1635, à ce qu’il plût à S M. le recevoir partie intervenante sur l’offre d’enchérir lesdits Domaines à la somme de 80000 liv. outre & pardessus l’enchere de 12000 libres par lui faite. Requête du Procureur Général, présentée le 29 Juillet 1639, à ce qu’il fût reçu partie intervenante, & lui donner acte de ce que pour moyen d’intervention, il emploie le contenu en ladite Requête, & ce qui auroit été écrit & produit par lesdits Goute & Fournerel.

Tout considéré, ladite Cour faisant droit sur le tout, sa.ns avoir égard aux offres desdits Goute &Fournerel, desquelles, ensemble de leurs demandes, fins & conclusions, ils sont déboutés, & déboute .. Et faisant droit sur l’intervention du Procureur Général du Roi, a ordonné & ordonne, conformément aux Arrêts des 16 Septembre 1514, 23 Septembre 1516 & 15 Juin 1521, que ladite Isle d’Oléron, Tour & Fort de Brou demeureront ausdits Martel & du Grenier, pour en jouir par eux avec tous les droits en dépendans, ainsi qu’ils ont ci-devant fait, jusqu’à ce que assiette leur soit réellement faite & parfaite de 1450 l. 14 sols 6 d. restant des 2000 l. donnés en assiette à Renaud de Pons par le Roi Charles V. le premier Juin 1370, confirmé par le Roi Charles VI. en terres sises ès Pays de Saintonge, Poitou, Perigord, Limousin, & autres lieux en la Duché de Guyenne, avec toute Justice haute, moyenne & basse, Fiefs, arriere-Fiefs, Hommes, Hommages, Châteaux, Châtellanies, & autres Forteresses & ressort, suivant lesdits Arrêts, sans que ledits Martel & du Grenier puissent être troublés & empêchés en la jouissance desdits lieux. . . Extr. d’une copie de l’Arrêt en forme probante

[56Chart. du Roi, Layete Angl. XIII, n° 16

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  • L’ILE D’OLÉRON

    J’ai lu dans National Geographic, magazine spécialisé si l’en est, un article fort intéressant sur l’origine de l’ île d’Oléron.
    L’auteur, le Pr Tanenbaum, célèbre paléontologue, nous révèle les conclusions des ses fructueuses recherches, bousculant alors les théories bien pensantes en place.

    L’idée communément admise remontait au paléolithique, époque ou déjà l’île était connue pour sa douceur de vivre, mais en revanche par le fait qu’il n’y avait absolument rien à faire, à part bien sur en faire le tour.

    C’est par l’observation géologique approfondie, et pour ainsi dire par hasard, que le Pr Tanenbaum, persévérant dans son enquête, élabora alors le germe de sa théorie, qui devait alors devenir irréfutable et s‘imposer à la communauté scientifique.

    J’en profite pour parler rapidement de cet éminent professeur Tanenbaum, qui il faut le noter, quand il était petit, à la question, « Stanislas ( c‘est son prénom) mon petit, que veux-tu faire plus tard ? », il était le seul de sa classe à répondre fièrement : « Moi, ze veux être taxidermiste ».
    Cette attitude précoce et remarquable forçait le respect de la part de ses nombreux percepteurs à son service, tout en provoquant un certain agacement tout à fait hors de propos pour ses petits camarades.
    Je referme la parenthèse.

    En effet, et nous pouvons encore le constater aujourd’hui, la roche mère de la région ainsi que le sous-sol des environs, sont tout à fait impropres à toutes tailles, en particulier du « galet aménagé » , qui représentait alors la base de toute survie en ces âges farouches.

    « C’est ensuite par l’étude des pictogrammes laissés sur place ça et là par les australopikètes de l’époque, que nous durent faire alors un bond prodigieux dans le temps, et nous entraînât à la toute fin du néolithique. », arbore alors fièrement le professeur, « et je vais vous en conter la genèse ! ».

    Avec la généralisation du débitage laminaire, principale activité économique, force était de constater qu’un nombre considérable de déchets de taille des outils, commençaient à poser un véritable problème dans la vie quotidienne de l’île, encombrant considérablement jusqu’à l’accès même des ateliers et des habitations.

    C’est grâce au courage et à la détermination d’un grand chef clanique d’alors, qui faisait office de chaman également, dont le nom pourrait être déchiffré comme une sorte de « Gogaulchrom », ce qui signifierait « celui qui sait », qui sera considéré bien plus tard, à titre costume, comme un des plus grand réformateur de son temps, alors qu‘il avait échoué lamentablement à son brevet d‘aptitude de chasseur-cueilleur.

    La légende voudrait lui attribuer la capacité de la découverte la poussée d’Archimède avant l’heure, mais malheureusement pour lui, non seulement la baignoire n’était pas encore inventée, mais ses ablutions étaient très limitées à des bains certes fréquents, mais de boue significativement bien trop épaisse.

    Pour ce qui concerne le bracelet montre, il dût renoncer par lassitude d’avoir à attendre le magdalénien chaque soir.
    A ce propos le Pr Tanenbaum, qui n’est pas dépourvu d’humour, a coutume de se répéter et à qui veut bien l’entendre : « Pour le coup, il est tombé sur un os ! ».

    Son seul défaut, si il faut lui en trouver un, c’était sa tendance à se taper lacustre, d’après les rumeurs de son entourage immédiat, et en partie en raison de ses travaux touchant à sa découverte et à la mise en oeuvre de la glu de poisson.

    Devant l’anarchie qui régnait alors sur l’île, menaçant la survie même de son clan, dans une vision futuriste, inspirée dans un moment de grande transe suite au rite d’initiation d‘un plus jeune, cérémonie qu’il avait sut imposer avec fermeté par ailleurs, il prononça alors son fameux : « CRÉTACÉ comme ça ! », ordonnant alors à tout le monde de bien vouloir rejeter à la mer toute cette pollution industrielle, et marquât alors de son empreinte la véritable origine du nom du lieu, et par la même, l’entrée de plain-pied dans l’âge du bronze.

    Le Pr Tanenbaum réfute catégoriquement la thèse de son concurrent, le célèbre Pr Petipatapon, certes plus moderne mais néanmoins jugée loufoque, qui s’en tient aux passages récurrents d’échassiers solitaires observés sur place, tout en lui conservant sa profonde amitié.

    Nous signalons que le Pr Tanenbaum poursuit son œuvre magistrale et a été aperçu sur l’île de Ré, souhaitons lui simplement le meilleur accueil par les autochtones du coin…

  • Bonjour,
    je ne dirais pas que le mariage en 1267 de Yolande de Lusignan avec Helie Rudel de Pons fit entrer l’Ile d’Oléron dans la famille de Pons, mais plutôt qu’il l’y fit revenir.
    En 1200, Agnès de Matha, veuve d’Achard de Clermont et de Geoffroy de Pons, ancêtre paternelle et maternelle d’Hélie Rudel, était Dame de l’ïle d’Oléron, du Virouil et de Plassac. Elle fit alors donation du Virouil et Plassac à son fils aîné du second lit Renaud, seigneur de Pons. Peut-être son cadet, Geoffroy de Pons, eut-il l’ïle d’Oléron ?
    En 1220, Renaud de Pons, Le Jeune, fils de Geoffroy, laisse entendre au Roi d’Angleterre, par l’entremise du Maire de La Rochelle, qu’il serait prêt rejoindre son camp, si celui-ci consentait à lui rendre son château de Cognac.
    Il n’est donc pas impossible que l’ile d’Oléron et Cognac aient fait l’objet de la même confiscation de bien, ou du même retrait suzerain à la mort de Geoffroy.
    Cordialement,
    Françoise Corpron

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