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Nos députés sous la seconde Restauration, II. Charente-Inférieure

mercredi 14 septembre 2022, par Christian, 293 visites.

Plus peuplé que la Charente voisine [1], le département a constamment disposé d’un ou deux représentants de plus : 5 en 1815, 4 en 1816 et lors du renouvellement de 1819, puis 7 à partir de 1820, en application de la loi « du double vote ». Si l’on ajoute à cela une rotation un peu plus fréquente, on arrive à un total de 21 députés, soit moitié plus qu’en Charente. Mais la différence la plus importante avec celle-ci tient à une forte proportion de députés classés à gauche, voire à l’extrême-gauche (Tarayre, Audry de Puyravault, Gallot, Beauséjour, Faure…) – fût-ce épisodiquement et dans une mesure toute relative.
Les sources utilisées sont les mêmes que pour la Charente, et, hormis le Robert & Cougny, sont à prendre avec les mêmes précautions : outre que ces « biographes » tendent à se recopier les uns les autres, ils ont quelque propension à réduire certaines personnalités à un ou deux traits caricaturaux : le talent de Fleuriau pour les procès-verbaux, la rage d’être décoré chez Green de Saint-Marsault…
Le renouvellement de la Chambre par cinquième étant intervenu dès 1819 pour la troisième série où figurait la Charente-Inférieure, le lien avec tel ou tel des quatre arrondissements d’élection n’est clair qu’à partir de 1824. Au demeurant, certains furent élus tantôt par le collège d’arrondissement, tantôt par le « grand collège » du département : ce fut par exemple le cas pour Eschassériaux, Fleuriau et Duchâtel.
Aussi énumérerons-nous les 21 dans l’ordre de leur première élection.

1815-1816 Admyrauld, Baudry, Jouneau, MacCarthy, Rivaud
1816-1819 Admyrauld, Baudry, Jouneau, MacCarthy
1819-1823 Admyrauld > Puyravault (a), Beauséjour, Faure, Tarayre (b) + Boscal, Fleuriau & Eschassériaux (c)

(a) Admyrauld démissionne en novembre 1821 et est remplacé en janvier 1822 par Puyravault.
(b) Invalidé, il est confirmé par les électeurs en avril 1820.
(c) Trois députés supplémentaires élus en novembre 1820, en application de la loi du double vote, de juin précédent.

- La Rochelle Rochefort Saintes Jonzac Département
1824-1827 Fleuriau Bonnet Boscal Saint-Légier Green, De Laage, Chièvres
1827-1830 Gallot Puyravault Boscal Saint-Légier Duchâtel, Fleuriau, Eschassériaux
1830-1831 Gallot Puyravault Eschassériaux Duchâtel Béraud, Minot, Fleuriau

L’article sur « 1831, les consignes de vote de la société Aide-toi, le ciel t’aidera » fournira un complément à celui-ci et à son homologue de Charente.

Jean-Louis Admyrauld
Député au Corps législatif de l’Empire et sous la Restauration, né à La Rochelle (Généralité de La Rochelle, France), le 29 mai 1760, d’une ancienne famille du pays, « fils légitime de sieur Pierre Gabriel Admyrauld, négociant et de dame Marie Marguerite Giraudeau, son épouse », mort à Lalaigne (Charente-Inférieure), le 16 octobre 1835, il était armateur quand éclata la Révolution. Il en adopta les principes, fut nommé, en 1792, officier municipal à La Rochelle, puis maire de deux communes rurales à la fois : Lalaigne et Cramchaban ; il mérita l’estime de ses concitoyens par sa conduite généreuse et patriotique pendant la disette de 1793. Le 10 ventôse an XII, il entra dans le conseil général de la Charente-Inférieure, dont il fit partie jusqu’en septembre 1829.
Le 2 mai 1809, il fut élu par le Sénat député de la Charente-Inférieure au Corps législatif ; il avait été désigné comme candidat par les libéraux de son département, plutôt, dit un biographe, en raison de son caractère qu’en raison de ses talents. La veille de la première Restauration, il fut de ceux qui opinèrent pour la négociation de la paix et se montrèrent favorables au retour des Bourbons, sans abandonner complètement les traditions « libérales ». Il siégea au centre, et il prononça, le 19 novembre 1814, un discours contre le système des douanes.
Admyrauld ne fit point partie de la Chambre des Cent-Jours ; mais il fut de nouveau envoyé à la Chambre dite « introuvable », le 22 août 1815, par le collège départemental de la Charente-Inférieure, avec 131 voix sur 149 votants et 296 inscrits ; il y vota avec la minorité royaliste modérée.
Réélu après la dissolution, le 4 octobre 1816, par 158 voix sur 162 votants et 279 inscrits, puis le 11 septembre 1819 par 669 voix sur 986 votants et 1,849 inscrits, il fut de la majorité constitutionnelle dans ces deux assemblées, et combattit à la tribune le second ministère Richelieu, quand celui-ci proposa la loi du « double vote ». Admyrauld, répondant au marquis de Montcalm, protesta contre un « changement de système » que rien, selon lui, ne pouvait justifier. « Les ministres, dit-il, ont confondu l’arbitraire, qui leur est propre, avec les droits du trône, et les intérêts de l’oligarchie avec ceux de la liberté, dès lors ils ont dû chercher à se faire une nouvelle majorité, et le prix de leur alliance devait être le sacrifice d’une loi également en opposition avec leur nouveau système et leurs amis nouveaux ». Il condamna « cette mobilité funeste des idées du gouvernement, et cette inquiétude active qui le porte à changer le lendemain les institutions qu’il a créées la veille ». Il rapprocha le projet de loi d’une proposition faite peu de temps auparavant à la Chambre des pairs et qui tendait à autoriser des majorats sans titres, « c’est-à-dire une noblesse bourgeoise, qui s’emparera, avec ce qui reste de grandes fortunes nobiliaires, du privilège des hauts-collèges électoraux auxquels nous devrons sans doute bientôt les bourgs-pourris d’Angleterre ». Ce discours fut très vivement applaudi par la gauche. Admyrauld soutint également, à propos de cette loi, l’amendement Camille Jordan et Courvoisier, tendant à faire nommer directement les députés par les collèges d’arrondissement formés en nombre égal aux députés à nommer.
Le mauvais état de sa santé l’obligea à donner sa démission le 26 novembre 1821 ; il vécut dans la retraite jusqu’en 1830. Après la Révolution de juillet, nommé préfet de la Charente-Inférieure, en remplacement de M. Dalon, il occupa ce poste depuis le 6 août 1830 jusqu’à l’époque de sa mort. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur le 26 octobre 1814. (R & C)

ADMYRAULD (Julien-Louis) Charente-Inférieure – négociant et protestant, adopta, en 1789, les principes de la révolution, quoiqu’avec modération ; en 93, fit de grands sacrifices pour assurer les subsistances de son département ; en 1809, fut nommé maire de la commune de l’Assaigne, et porté au corps législatif par le département de la Charente-Inférieure ; a voté, dans la session de 1819, contre les projets de loi sur la liberté individuelle et la Liberté de la presse ; et pour le nouveau système électoral amendé.
Admyrauld, Charente-Inférieure. - 1814, constitutionnel ; 1815, minorité libérale ; 1816, 1817, 1818, a siégé à la 2e section, côté gauche de la chambre.
1814 à 1815. A l’occasion du projet de loi sur les douanes, attaque le précédent gouvernement. - 1816 à 1817. Elections ; vote avec le ministère. - 1818 à 1819. Elections ; s’inscrit contre la résolution de la Chambre des pairs. - Est nommé rapporteur de la proposition de Lafitte pour la répartition, entre les actionnaires de la banque, des fonds en réserve et en stagnation, vote pour. - Budget ; s’occupe spécialement des besoins de la marine, pour laquelle il demande une augmentation de crédit ; répond aux adversaires du système colonial ; établit que les colonies qui nous restent donnent de riches produits en café et en sucre, fait ressortir les avantages que l’on peut tirer de Cayenne, de la Guyanne, et particulièrement du Sénégal ; fait un tableau rapide de l’état du commerce extérieur de la France et des avantages qu’il offre à nos manufactures, et termine par l’énoncé de ce principe : Qu’il n’y a pas de commerce possible sans une bonne marine qui le protège. (Brissot-Thivars, 1819)
16 Mai [1820]. Nouvelle loi des élections. Admirauld attaque avec franchise une loi réprouvée, dont les ministres eux-mêmes ont si bien senti les funestes conséquences, qu’ils n’ont osé la présenter qu’à la faveur d’une catastrophe qui troublait tous les esprits. Démontre que tout régime constitutionnel est perdu pour les Français, si la chambre adopte une loi qui détruit la charte. Cette loi est un privilège sous un règne qui proclame l’égalité. Prouve qu’il est facile de gouverner avec la loi du 5 février, pourvu qu’on rassure le peuple et qu’on lui montre des intentions franchement constitutionnelles. Vote le rejet de la nouvelle loi. — 31 Mai. Soutient l’amendement de Camille Jordan, tendant à conserver l’élection directe, avec la division des collèges -8 Juin. Appuie l’amendement de Boin, parce qu’il conserve aussi l’élection directe. — 12 Juin. Demande un congé. (Brissot-Thivars, 1820)

ADMYRAULD. Au commencement de cet innocent recueil, remarquable peut-être par la seule franchise de nos opinions sur les amis et les ennemis de la liberté en France, nous regrettons d’avoir à débuter par peindre M. Admyrault. Sa physionomie offre peu de traits distinctifs.
Connaissez-vous l’embarras d’un antiquaire qui, pour suivre l’ordre chronologique, est contraint de mettre en tête de son médailler l’empreinte d’une figure douteuse ? Savez-vous ce qu’il en coûte à un peintre qui va exposer au salon, de voir élever à la meilleure place un portrait dont il n’est pas content ? [...] Maudit soit l’inventeur de l’alphabet, qui n’a pas placé la lettre A dans un rang plus modeste ! et admirons la profonde sagesse qui a voulu que les premiers fussent si souvent les derniers.
M. Admyrault mériterait mieux la place qu’il occupe ici si elle était toujours, en ce monde, réservée aux plus honnêtes gens. C’est un négociant de cinq pieds quatre pouces, ayant la vue basse, les cheveux gris et sans poudre. Il porte habituellement des lunettes, s’assied au centre gauche, et vote invariablement avec les députés de la Charente-Inférieure. Il prend rarement la parole. En 1819, il termina son opinion sur la loi des dépenses par ces mots, devenus remarquables à l’époque où nous allons descendre. « Le gouvernement du Roi peut apprécier ce que lui donne de force et de confiance une marche forte et courageuse dans les voies constitutionnelles. Qu’il s’avance d’un pas ferme dans cette belle carrière, et que sur tous les points du royaume il impose aux hommes revêtus de pouvoirs le devoir de le suivre religieusement ; que partout ils soient les dignes organes de la volonté du Roi, de cette volonté ferme et inébranlable de maintenir les constitutions que nous devons à sa sagesse. Alors la sécurité sur ce grand intérêt sera la garantie de la paix publique. » (Latouche, 1820)

ADMYRAULD. AU CENTRE, PRÈS DE LA GAUCHE. M. Admyrauld, qui dans toutes les listes alphabétiques occupe le premier rang, se place au centre à la Chambre, mais au centre de gauche. C’est dire qu’il n’est pas ennemi de toutes les transactions, mais qu’il ne transige point quand il y va des bases fondamentales de de la liberté constitutionnelle. (Petit almanach, 1820)

ADMYRAUD. (Charente-Inférieure, La Rochelle.) CÔTÉ DROIT. Maire d’une petite commune du département de la Charente [sic], il est député depuis 1815, et il ne s’est jamais fait remarquer ni par un royalisme bien ardent, ni par une opposition bien dangereuse ; puisqu’il a pensé quelquefois comme les ministres pendant que la monarchie ne reposait pas sur un pivot très-solide, espérons qu’il sera aussi de leur avis aujourd’hui qu’ils veulent raffermir ses bases et rassurer ses défenseurs. (La monarchie sauvée, 1821)

Admyrauld (Julien-Louis). Côté gauche. Cet honorable député s’est distingué, depuis 1789, par un patriotisme éclairé qui l’a toujours préservé de l’exagération. Il a presque toujours siégé depuis 1809 à la chambre législative ; comme député, ses titres à l’estime de ses concitoyens sont de n’avoir pas fait partie de la majorité de 1815, d’avoir toujours cherché à diminuer les budgets, d’avoir voté contre les lois d’exception, et d’avoir combattu en faveur de l’élection directe. Il a un titre non moins précieux à l’amour des habitans de la Saintonge : c’est d’avoir assuré leurs subsistances, en 1793, aux dépens de sa fortune.
M. Admyrauld est négociant et maire de l’Assaigne ; il professe le culte réformé. (Persan, 1822)

Jean Baudry
Député de 1815 à 1819, né à Lonzac (Généralité de La Rochelle, France), le 13 janvier 1763 « de Pierre Baudry, marchand et de Françoise Barbreau », mort à Saintes (Charente-Inférieure), le 14 octobre 1830, il entra dans la magistrature, et, procureur impérial à Saintes sous l’Empire, fut confirmé dans cet emploi par la Restauration, le 17 février 1816.
Le 22 août 1815, il fut élu député dans le collège de département de la Charente-Inférieure, avec 133 voix sur 149 votants et 296 inscrits, et réélu, le 4 octobre 1816, dans le même collège électoral, par 156 voix, sur 162 votants et 279 inscrits. Il se fit peu remarquer à la Chambre, siégea au centre, et conserva son poste dans la magistrature, lorsqu’il ne fut plus réélu.
Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 22 mai 1825. (R & C)

1815 – minorité ministérielle ; 1816, 1817 et 1818 – centre. Procureur du Roi à Saintes (Brissot-Thivars, 1819)

Jean, Joseph Jouneau
Député en 1791, et de 1815 à 1819, né à Barret (Généralité de La Rochelle, France) le 12 juillet 1756, mort aux Nouillers (Charente-Inférieure) le 16 janvier 1837, lieutenant de gendarmerie à l’île de Ré au moment de la Révolution, il fut nommé administrateur du district de la Rochelle le 23 juin 1790, membre du directoire du département le 27 juillet suivant, et donna sa démission le 30 mai 1791, pour se faire nommer lieutenant à la gendarmerie nationale le 4 juin 1791.
Elu, le 30 août 1791, député de la Charente-Inférieure à l’Assemblée législative, le 6e sur 10, par 317 voix sur 528 votants, il siégea, au côté droit, et eut avec Grangeneuve, qu’il souffleta, une violente altercation ; ce dernier refusa de lui donner réparation par les armes, et l’Assemblée condamna Jouneau, le 16 août 1792, à être enfermé à l’Abbaye ; il échappa cependant aux massacres de septembre, et fut même autorisé à reprendre sa place à l’Assemblée.
Suspect sous la Terreur, il fut destitué en 1793 de son grade de lieutenant-colonel de gendarmerie, et se tint momentanément à l’écart. Administrateur de la Charente-Inférieure le 24 vendémiaire an IV, il devint conseiller général de ce département le 8 juin 1800, et conserva ces fonctions sous le premier Empire, sous la Restauration et sous le gouvernement de Louis-Philippe.
Le 22 août 1815, élu député du collège de département de la Charente-Inférieure, par 136 voix (149 votants, 296 inscrits), il siégea dans la minorité de la Chambre introuvable, refusa énergiquement de voter la loi du 12 janvier 1816, qui exilait des hommes aux côtés desquels il avait jadis siégé, fut réélu, le 4 octobre 1816, par 140 voix (165 votants, 279 inscrits), et demanda au roi, le 1er février 1819, le rétablissement à Saintes de la préfecture de la Charente-Inférieure.
Vice-président du collège électoral du département le 22 août 1819, chevalier de Saint-Louis, membre correspondant du conseil d’agriculture pour l’arrondissement de Saint-Jean-d’Angély, il fut nommé, en 1824, en raison de ses travaux sur l’élevage des mérinos, chevalier de la Légion d’honneur.

JOUNNEAU des RASES : 1815, minorité ministérielle ; 1816, 1817 et 1818, côté gauche, 2e section. Entreposeur de tabac.
1817 à 1818. Recrutement, s’oppose vivement au remplacement collectif –1818 à 1819. Résolution de la Chambre des Pairs contre les élections : s’inscrit contre. Monopole : vote pour. (Brissot-Thivars, 1819)

JOUNEAU DES RASES, entreposeur de tabacs, fut député du département de la Charente, à l’assemblée législative en 1791. Il y combattit le projet insensé d’armer les citoyens avec des piques, imaginé par Carra. Il eut une querelle avec Grangeneuve dans un comité, il lui donna un rendez-vous au bois de Boulogne. Grangeneuve refusa de se battre, et recommença ses injures. M. Jouneau lui donna des coups de bâton et des soufflets. Envoyé à l’Abbaye, il échappa par miracle à la mort. Il vint déclarer à la barre que le peuple avoit respecté son caractère de député. Il étoit tout couvert de sang, et escorté par trois assassins qui demandoient sa tête ; mais la Convention ordonna qu’il resteroit dans la salle d’un comité jusqu’au terme fixé pour sa détention. M. Jouneau demeura ensuite dans l’obscurité, et ne reparut sur la scène politique qu’en 1814. Le Roi le nomma chevalier, et le département de la Charente le nomma, en 1816, député au nouveau Corps-Législatif : il a siégé au côté gauche, première section.
Lors de la discussion du projet de loi concernant la formation de l’armée, M. Doria proposa un amendement tendant à autoriser les cantons à s’arranger pour fournir un remplacement collectif composé d’hommes ayant toutes les qualités nécessaires. M. Jouneau combattit cet amendement ; il observa « que si on l’adoptoit, on iroit chercher à l’époque du recrutement un amas de déserteurs de Prusse et d’Allemagne, avec lesquels on composeroit l’armée. Ce ne sont pas là les élémens qu’il faut admettre ; ce n’est pas pour de tels hommes qu’il faut stipuler les garanties de l’avancement que le projet de loi doit assurer ; il faut de bons soldats, d’honnêtes gens, remplacés ou remplaçans ; il faut des soldats fidèles attachés à la patrie. » L’amendement fut rejeté. (Biographie spéciale des pairs et des députés, 1819)

Denis, Charles, Jean, Marie de Mac-Carthy
Député de 1815 à 1819, né au Cap-français (Saint-Domingue, possession française) le 17 avril 1757, mort à La Rochelle (Charente-Inférieure) le 18 avril 1831, issu d’une famille irlandaise, il servit dans les armées du roi comme capitaine de dragons, et devint, sous la Restauration, conseiller général de la Charente-inférieure.
Le 22 août 1815, il fut élu député de ce département (grand-collège), par 115 voix (149 votants, 296 inscrits), siégea dans la majorité de la Chambre introuvable, obtint sa réélection le 4 octobre 1816, avec 87 voix (165 votants, 279 inscrits), reprit sa place au côté droit (seconde section) et quitta la vie parlementaire en 1819. (R & C)

1815 – majorité ; 1816, 1817 et 1818 – côté droit, 1re section. (Brissot-Thivars, 1819)

Olivier, Macoux Rivaud de la Raffinière
Député de 1815 à 1816, né à Civray (Généralité de Poitiers, France) le 10 février 1766, mort à sa terre de la Raffinière, près Civray (Charente-Inférieure), le 19 décembre 1839, il appartenait à une famille d’ancienne magistrature poitevine et était le plus jeune des dix enfants de Charles-Jean Rivaud, conseiller du roi, lieutenant général de police au siège royal et maire de Civray.
Olivier fut élu, à la fin de 1792, capitaine dans l’un des bataillons des volontaires de la Charente. Il passa à l’armée du Nord, commanda une compagnie du 1er bataillon franc à Jemmapes, se battit à Nerwinden, et fut nommé adjudant général (27 septembre 1793) et chef d’état-major du général Duquesnois. Vainqueur à Hondschoote, il fut blessé à Warwick, d’un biscaïen à la jambe, dirigea la division Duquesnois à Watignies (15 octobre), reçut, sur le front de l’armée, les félicitations de Carnot et de Jourdan, et passa en Bretagne (février 1794) comme chef d’état-major de l’armée des côtes de Brest.
L’année suivante, il fut envoyé à l’armée des Alpes sous Kellermann, puis, dans l’état-major de Bonaparte, se trouva aux combats de Roveredo, de Bassano, de Saint-Georges-sous-Mantoue, où il fut blessé à la tête, et de Porto-Sequano, où il fit 300 prisonniers. En 1798, Berthier, envoyé à Rome pour venger l’assassinat du général Duphot, obtint Rivaud pour chef d’état-major. La république romaine établie, Rivaud devint chef d’état-major de Kilmaine commandant provisoire de l’armée d’Angleterre. Promu général de brigade (15 décembre 1798), il fut mis à la tête des forces militaires dans les départements belges annexés, puis, après le coup d’Etat de brumaire, dirigea l’avant-garde du corps d’armée de Victor chargé d’aller débloquer Masséna dans Gênes. Le général Mathieu Dumas, dans ses Mémoires, lui attribue le gain de la bataille de Montebello (9 juin 1800) ; son action ne fut pas moins décisive à Marengo (14 juin), où il fut atteint d’un coup de biscaïen à la cuisse. En 1801, il fut nommé chef d’état-major de l’armée de Portugal, entra en Espagne sous les ordres du général Leclerc, et le remplaça comme commandant en chef lorsque ce dernier partit pour Saint-Domingue. La paix d’Amiens le fit rentrer en France avec son armée, en mars 1802.
Le Premier Consul lui accorda, dans les termes les plus flatteurs, une gratification de 15,000 fr. Le général Rivaud alla commander une division au camp de Nimègue, fut fait (19 frimaire an XII) chevalier de la Légion d’honneur, et, en septembre 1805, fut placé à la tête de la première division du premier corps de la grande armée ; il fit capituler à Neresheim (17 octobre) 4,000 Autrichiens, n’ayant lui-même que 2 bataillons du 54e et un canon, eut un cheval tué sous lui à Austerlitz, et coopéra à la victoire de Hall, à la prise de Lubeck et surtout à la capitulation de Blücher, avec 12,000 prisonniers et 80 canons (7 novembre 1806). Blessé l’avant-veille de la bataille d’Eylau, avec un bras cassé, Rivaud quitta le service actif et fut nommé gouverneur général du duché de Brunswick ; il commanda ensuite la 25e division militaire à Wesel, et fut créé baron de l’Empire (29 juin 1808), avec une dotation de 10,000 livres de rente en Westphalie ; les revenus de deux terres du Poitou lui donnaient en outre 12,000 livres. En 1807, il commanda une division dans le corps de Junot en Bohême, eut la jambe fracassée à Bayreuth, et se battit à Wagram : c’était sa dix-huitième campagne. Obligé de se retirer à cause de ses blessures, il fut nommé (14 décembre 1809) commandant de la 12e division militaire (La Rochelle). Là, il servit l’empire jusqu’à la fin, et, après l’abdication, adhéra à la restauration des Bourbons, par qui il fut promu commandeur de Saint-Louis (1er mai 1814) et grand-officier de la Légion d’honneur (août) et créé comte de la Raffinière (1814).
Sans emploi pendant les Cent-Jours, il recouvra son commandement à la seconde Restauration, et fut élu, un mois après (22 août 1815) député du collège de département de la Charente-Inférieure, par 125 voix sur 149 votants et 296 inscrits. Il ne fit que paraître à la Chambre, et revint à La Rochelle reprendre ses fonctions militaires.
Membre (1816) du conseil de guerre qui jugea à Rennes le général Travot, il vota pour l’acquittement d’abord, puis, pour la peine la plus faible. Inspecteur général d’infanterie en 1819, commandant de la 15e division militaire (Rouen) (1820-1830), il refusa, en 1824, le commandement en chef de l’armée d’occupation d’Espagne, demanda sa retraite en 1830, et l’obtint le 10 juillet 1831. Grand-croix de la Légion d’honneur (1825). (R & C)

1815 – majorité. Lieutenant-général. (Brissot-Thivars, 1819). Selon Braun, 1829, il siégea du côté gauche.

Antoine Bourreau de Beauséjour
Député de 1819 à 1823, et de 1831 à 1834, né à Port d’Envaux (Généralité de La Rochelle), le 14 avril 1771 « de Monsieur Daniel Antoine Bourreau de Beauséjour ancien avocat au parlement de Paris et de Dame Marianne de Latour », mort à la Turpinerie, commune de Geay (Charente-Inférieure), le 31 août 1855, il fut élevé à Paris, y resta jusqu’en 1792, retourna alors dans son département, servit quelque temps dans les armées républicaines de la Vendée, devint officier du génie militaire en 1794, continua ce service jusqu’en l’an IX, fut chargé du cadastre de son département en l’an XI, et vécut dans la retraite de 1818 à 1819, ne s’occupant que d’agriculture, de plantations, de dessèchements, etc.
Le 11 septembre 1819, il fut élu député par le collège de département de la Charente-Inférieure ; d’opinions libérales, il siégea dans l’opposition, vota avec la minorité contre les lois d’exception, contre le nouveau système électoral, et contre tous les projets ministériels que la gauche dénonçait comme autant de violations de la charte. Son action parlementaire, de 1819 à 1820, ne fut pas sans importance ; il opina, le 24 décembre 1819, dans le débat sur les douzièmes provisoires, pour qu’il ne fût accordé que trois douzièmes ; le 29 mars 1820, il proposa, à l’article 4 de la loi relative à la censure des journaux, un amendement additionnel portant : « Le censeur donnera reçu du dépôt, duquel il constatera la date. Il ne pourra conserver le manuscrit plus de vingt-quatre heures. » L’amendement fut rejeté.
Le 3 juillet, à propos du budget, Beauséjour fit entendre ces paroles, qui parurent alors très hardies. « Au degré de civilisation où est parvenue la société dans toute l’Europe, il n’existe plus aujourd’hui que deux classes d’hommes : ceux qui vivent de leur travail ou du produit de leurs capitaux, et ceux qui sont nourris sur les capitaux et 1’industrie des autres. Plus il y a des premiers dans une nation, plus elle est riche ; plus y a des derniers, plus elle est pauvre... L’intérêt de chaque peuple est de se faire gouverner au meilleur marché possible... ; c’est de quoi l’on ne s’occupe guère chez nous. » L’orateur calcula avec effroi qu’en réunissant les budgets particuliers au budget de l’Etat, on levait en France au moins 1,500 millions d’impôts par année. « Il est vrai, observait-il, que nous avons 400 officiers généraux, de nombreux états-majors, une police inquisitoriale bien organisée, un clergé bien doté dans les grades supérieurs, des missionnaires bien fanatiques, parcourant le royaume pour y prêcher autre chose que l’évangile ; une censure bien rigoureuse, des couvents, des jésuites, des trapistes, des lazaristes, des séminaires, des pénitents de toutes couleurs ; il faut bien que toutes ces nombreuses classes vivent aux dépens des producteurs et qu’elles absorbent la partie utile de la nation...  » Beauséjour conclut en déclarant nettement que le gouvernement ne méritait pas que la France le paie, et qu’il refusait de prendre part au vote d’un budget destiné à couvrir beaucoup trop de dépenses abusives et inutiles.
En septembre 1820, Beauséjour, s’étant rendu à Bordeaux pour affaire personnelle, son séjour dans cette ville fut marqué par des désordres assez graves, pour qu’il se crût obligé d’écrire au maire de Bordeaux, à la date du 30 septembre : « J’ai été surpris d’apprendre que ma présence fût un sujet d’inquiétude pour les autorités administratives, qui suspectaient les motifs de mon arrivée. J’aurais cru que la qualité dont j’ai l’honneur d’être revêtu, mon caractère connu de modération et ma conduite passée, auraient pu leur offrir une garantie suffisante... Je ne croyais pas que les opinions émises à la tribune nationale, opinions qu’aucune autorité n’a le droit de rechercher légalement et dont l’indépendance absolue est garantie par la Charte, puissent être poursuivies par les séditieux. Si nous en étions arrivés à ce terme, il n’y aurait plus de liberté pour le Corps législatif ; il n’y aurait plus de Constitution, plus de Charte, plus de roi ; il y aurait alors le despotisme absolu des factions, l’anarchie populaire, enfin le régime de 1793, etc. »
Beauséjour salua avec joie la révolution de Juillet ; toutefois, le gouvernement de Louis-Philippe n’ayant pas donné pleine satisfaction à ses aspirations libérales, il se rejeta dans l’opposition. Elu, le 5 juillet 1831, par le 3e collège de la Charente-Inférieure, avec 204 voix sur 331 votants et 368 inscrits, il fit partie de la gauche dynastique, et vota : 22 octobre 1831, contre l’ordre du jour motivé de M. Ganneron, déclarant que « la Chambre était satisfaite des explications données par les ministres sur la situation extérieure, et qu’elle se confiait à la sollicitude du ministère du soin de veiller à la dignité et aux intérêts de la France. » Il se prononça, le 31 novembre, contre les ordonnances relatives à la nomination de 36 pairs au moment où allait être discutée la loi sur l’hérédité de la pairie.
Il signa, le 28 mai 1832, le célèbre « compte-rendu des députés de l’opposition à leurs commettants ».
Toutefois, l’on ne trouve pas son nom parmi les députés qui, lors du procès (1833) intenté au journal la Tribune, déclarèrent s’abstenir pour ne pas cumuler les fonctions d’accusateur et de juge avec la qualité d’offensé.
Sollicité en mars 1833 de faire partie de la Société de statistique de Paris, il refusa et adressa, le 1er avril, au président de cette Société, M. Moreau, une lettre où il dit : « J’ai vu dans cette Société tant de sommités dynastiques, d’illustrations nobiliaires et même féodales, et, d’autre part, tant de notabilités scientifiques et sociales, que j’ai pensé que moi, chétif paysan obscur des bords de la Charente, étranger à toutes ces pompeuses prééminences et dénué des titres brillants qui les constituent, je ne pourrais qu’être fort déplacé au milieu d’une société semblable. »
Beauséjour ne fit point partie de la législature de 1834 ; il échoua, le 21 juin, dans son collège avec 123 voix contre 142 données à son concurrent, M. Desmortiers, qui fut élu. En 1849, on lui offrit de l’envoyer à l’Assemblée législative, mais il refusa et travailla à l’élection du docteur Montègre, « bon républicain, connu de Béranger et recommandé par Littré ». M. de Beauséjour, dont la fortune était considérable, a marié sa fille à M. Bethmont, ancien député, qui devint président de la Cour des comptes. (R & C)

BEAUSÉJOUR (Charente-Inférieure), né au Port-Denvaux, le 14 avril 1771, élevé à Paris, y resta jusqu’en 1792, il retourna alors dans son département, servit quelque temps dans les armées républicaines de la Vendée, devint officier du génie militaire en 1794 ; continua ce service jusqu’en l’an 9, fut chargé du cadastre de son département en l’an 11. Retiré en 1808, il ne s’occupa que d’agriculture, de desséchemens, plantations, etc.
Nommé à la session de 1819, a voté avec l’extrême gauche contre les lois d’exception, avec les 95 contre le nouveau système électoral, et a constamment protesté contre les violations de la charte.
24 Décembre. – Six douzièmes provisoires. Beauséjour vote pour qu’il ne soit accordé que trois douzièmes. – 29 mars. Propose à l’article 4 de la loi relative à la censure des journaux, un amendement additionnel portant : « Le censeur donnera reçu du dépôt, duquel il constatera la date. Il ne pourra conserver le manuscrit plus de vingt-quatre heures. » Rejeté – 6 Juin. S’élève contre l’adoption du procès-verbal, parce que le côté gauche n’a pas pris part à la délibération de la veille. – 7 Juin. S’oppose à l’adoption du procès-verbal, parce qu’il ne fait pas mention de la déclaration que quelques députés ont faite, qu’ils ne délibéraient pas sous l’oppression. — 3 juillet. Budget des voies et moyens. « Au degré de civilisation où est parvenue la société dans toute l’Europe, dit l’orateur, il n’existe plus aujourd’hui que deux classes d’hommes ; ceux qui vivent de leur travail ou du produit de leurs capitaux, et ceux qui sont nourris sur les capitaux et l’industrie des autres. Plus il y a des premiers dans une nation, plus elle est riche ; plus il y a des derniers, plus elle est pauvre… L’intérêt de chaque peuple est de se faire gouverner au meilleur marché possible… c’est de quoi on ne s’occupe guère chez nous… » L’orateur calcule avec effroi qu’en réunissant les budgets particuliers au budget de l’état, on lève en France au moins 1500 millions d’impôts par année… « Il est vrai que nous avons 400 officiers généraux, de nombreux états-majors, une police inquisitoriale bien organisée, un clergé bien doté dans les grades supérieurs, des missionnaires bien fanatiques, parcourant le royaume pour y prêcher autre chose que l’évangile ; une censure bien rigoureuse, des couvens, des jésuites, des trapistes, des lazaristes, des séminaires, des pénitens de toutes couleurs… » il faut bien que toutes ces nombreuses classes vivent aux dépens des producteurs et qu’elles absorbent le nécessaire de la partie utile de la nation.... » Après avoir fait un tableau de la situation de la France, l’honorable député trace au gouvernement la marche qu’il doit suivre, pour mériter que la France le paie, et il déclare qu’il ne veut pas prendre part au vote d’une loi des voies et moyens, destinée à couvrir beaucoup de dépenses abusives et inutiles. (Brissot-Thivars, 1820)

BEAUSÉJOUR. Côté gauche, première section. J’aurais voulu, dites-vous, voir de ces sénateurs conduisant la charrue, aux temps de la véritable grandeur de Rome, de ces députés quittant leurs barques pour se rendre aux états-généraux, alors que la Hollande secouait le joug de Philippe II ; enfin un de ces caractères francs, simples, antiques… Vous en avez vu. (Petit almanach, 1820)

BEAUSEJOUR. Ce député de la Charente-Inférieure siége au côté gauche, première section. La session 1819 est la première dont il ait fait partie ; il y sera bientôt connu pour un beau et mâle caractère. Il paraît avoir quarante-six ans ; sa taille est moyenne ; ses cheveux commencent à blanchir ; sa figure, sans être fort distinguée, ne manque point de cette dignité calme qui annonce les fortes résolutions. (Latouche, 1820)

BEAUSEJOUR. (Charente-Inférieure, la Rochelle.) CÔTE GAUGHE, PREMIÈRE SECTION. Il n’est député que depuis un an. Placé à côté de MM. Lafitte, Chauvelin, etc., il ne parle guère que sur la rédaction du procès-verbal. M. Beauséjour ayant été à Bordeaux il y a quelques mois, et sa présence dans cette ville ayant servi de signal ou de prétexte à une sorte d’agitation, il en est résulté une correspondance entre le maire de la ville et le député de la Charente. (La monarchie sauvée, 1821)

BEAUSÉJOUR. Côté gauche. Né en 1771 : officier de génie de 1794 à 1802, époque où il fut chargé du cadastre de la Charente-Inférieure ; député en 1819.
M. Beauséjour, qui s’est fait cultivateur, connaît le prix des sueurs du peuple : aussi vote-t-il toujours pour la diminution des budgets. Voici ce qu’il dit à ce sujet dans la session de 1819 : (suit la même citation que dans R & C).
Cet honorable député a voté contre le nouveau système électoral et contre les lois d’exception. Deux fois il a fait preuve d’un noble courage en s’opposant à l’adoption des procès-verbaux des séances des 5 et 6 juin, parce qu’il n’y était pas fait mention de la déclaration que quelques députés ont faite, qu’ils ne délibéraient pas sous l’oppression. (Persan, 1822)

Mathieu Faure
Député de 1819 à 1823, né à Jarnac-Champagne (Généralité de La Rochelle) le 11 décembre 1771, mort au Douhet (Charente-Inférieure) le 22 mai 1832, banquier à Saintes, il occupa diverses fonctions honorifiques et fut successivement maire, officier municipal, juge de commerce, président de canton et membre du conseil d’arrondissement.
Il représenta, sous la Restauration, le département de la Charente-Inférieure. Elu député, au grand collège, le 11 septembre 1819, par 641 voix sur 986 votants et 1,849 inscrits, il prit place au côté gauche, à côté de son ami Beauséjour (V. ce nom), dont il partageait les opinions libérales, et vota notamment contre les lois d’exception et, avec les 95, contre le nouveau système électoral. Il siégea jusqu’en 1823. (R & C)

FAURE (Mathieu), Charente-Inférieure. Né à Jarnac, en 1761, a résidé à Saintes depuis 1791, exerçant la profession de négociant et de banquier. Il a occupé diverses fonctions purement honorifiques ; successivement maire, officier municipal, juge de commerce, président de canton, adjoint de la mairie et membre du conseil d’arrondissement. — Session de 1819 ; côté gauche ; a voté constamment avec son honorable ami Beauséjour, contre les lois d’exception et, avec les 95, contre le nouveau système électoral. (Brissot-Thivars, 1820)

FAURE. Grand, sec, et la mine allongée par 68 ans. Ce député de la Charente-Inférieure siége au premier rang des libéraux ; il n’a qu’un malheur, c’est d’avoir la figure féodale. (Latouche, 1820)

FAURE. (Charente-Inférieure) CÔTÉ GAUCHE- PREMIÈRE SECTION. Qui s’assemble se ressemble, dit le proverbe M. Faure ne quitte pas M. Beauséjour. Celui-ci parle comme celui-là pense. (Petit almanach, 1820)

FAURE. (Charente-Inférieure, la Rochelle.) CÔTÉ GAUCHE, PREMIÈRE SECTION. Il ne parle jamais ; s’il parlait, ce serait comme l’extrême gauche, avec laquelle il vote. (La monarchie sauvée, 1821)

FAURE (Matthieu), côté gauche. M. Faure est né en 1761. La confiance du gouvernement et l’estime de ses concitoyens l’ont conduit aux places honorifiques, et sa délicatesse l’a toujours éloigné des emplois lucratifs. Négociant et banquier, il a successivement réuni à ces deux qualités estimables les fonctions de maire, d’officier municipal, de juge de commerce, de président de canton, et enfin de député.
Il vote avec le côté gauche contre tout ce qui lui paraît contraire aux intérêts et au bonheur du peuple français. (Persan, 1822)

Jean, Joseph Tarayre
Député de 1819 à 1823, né à Soulsac, commune de Salles (Généralité de Montauban), le 21 mai 1770, mort à Rodez (Aveyron) le 27 novembre 1855, le second des neuf enfants de François Tarayre et d’Antoinette Pouzols, cultivateurs aisés, fut destiné d’abord à l’état ecclésiastique et placé au séminaire de Saint-Geniez ; mais, faute de vocation, il fut envoyé au collège royal de Rodez, et y termina ses études en 1789.
Partisan des idées nouvelles, il fut délégué par son département à la fête de la Fédération (14 juillet 1790), et partit, comme volontaire, le 4 juillet 1792, avec le grade de capitaine élu dans le 2e bataillon de l’Aveyron, qui fit successivement partie de la 56e et de la 85e demi-brigade. Il fut blessé au siège de Toulon, passa à l’armée des Alpes, et se distingua en Italie jusqu’au traité de Campo-Formio (17 octobre 1797).
Il suivit Bonaparte en Egypte, puis en Syrie, fut mis à l’ordre du jour au siège de Saint-Jean-d’Acre, et fut nommé chef de bataillon (24 floréal an VII). Son intrépidité décida de la victoire d’Héliopolis (29 floréal an VIII), et lui valut le grade d’adjudant-général provisoire (22 vendémiaire an IX), et le commandement de la place de Suez. Placé, le 21 floréal an IX, à la tête de la 21e demi-brigade il se battit à Canope, assista au siège du Caire et revint en France quelques mois après.
Le premier Consul le mit à la tête de la subdivision militaire de la Haute-Loire et du Cantal ; il réunit les matériaux d’une histoire de la 21e demi-brigade, devenue le 21e de ligne, fut appelé, en 1803 au camp de Bruges, en 1804 au camp de Boulogne, servit sous Louis Bonaparte à l’armée du Nord, et, lorsque ce dernier fut placé sur le trône de Hollande, resta auprès de lui comme colonel des grenadiers de la garde (15 juillet 1806), puis comme colonel général (30 août suivant). Il réorganisa l’armée hollandaise, supprima la bastonnade, s’entremit souvent entre le roi Louis et la reine Hortense, et obtint à grand’peine la proclamation officielle à Amsterdam de la naissance du prince Louis-Napoléon, qui fut plus tard Napoléon III. Lieutenant-général dans l’armée hollandaise en 1808, et capitaine des gardes du corps du roi, grand-croix de l’ordre de l’Union (17 février 1809), créé comte de Gorcum pour avoir sauvé cette ville d’une inondation, il défendit Bergop-Zoom contre la flotte anglaise, puis, sentant pour le roi Louis l’impossibilité de se maintenir sur le trône de Hollande en face des exigences toujours croissantes de l’empereur, donna sa démission de ses fonctions et dignités en Hollande (30 janvier 1810), et se retira dans sa famille, à Soulsac. Le 1er juillet suivant, le roi Louis abdiquait.
A Soulsac, Tarayre s’occupait d’agriculture, lorsque Napoléon le rappela à l’activité (28 janvier 1812), avec le grade de général de brigade. Envoyé à l’état-major de la grande armée (9 février suivant), il assista à tous les combats de la campagne de Russie, et commanda l’arrière-garde du corps de Davout pendant la retraite où il eut les pieds gelés. Commandant d’observation de l’armée du Rhin (1er mars 1813), il se battit à Lutzen et à Bautzen, fut promu (20 août 1813) commandeur de la Légion d’honneur (il était légionnaire du 19 frimaire an XII), prit part à la bataille de Leipzig, comme chef d’état-major général du 3e corps, perdit ses bagages dans la retraite, se battit à Hanau, et dut rejoindre Marmont comme commandant d’une brigade de la 51e division du 4e corps.
L’état de sa santé lui ayant fait demander alors un emploi moins actif, l’empereur voulut le conserver à l’armée (lettre du 16 novembre 1813), et lui donna à commander la première brigade de la division de réserve de Paris. Presque aussitôt il fut chargé d’organiser en bataillons les gardes champêtres des départements au nord de la Seine ; cette organisation ayant été abandonnée, Tarayre reçut le commandement du département de la Somme (29 mars 1814).
La chute de l’empire annula cette nomination. Tarayre fut mis en non-activité le 1er septembre 1814 ; mais Louis XVIII le créa chevalier de Saint-Louis, et le nomma (20 janvier 1815) lieutenant général et inspecteur des gardes nationales de la 1re division militaire, Paris excepté.
Aux Cent-Jours, Napoléon l’envoya à l’armée du Nord (6 avril 1815), puis le chargea de l’organisation des gardes nationales de la 13e division (Rennes). Tarayre sut maintenir l’ordre dans sa division après la seconde abdication, et, lorsque le drapeau blanc fut arboré à Rennes (10 juillet 1815), remit le commandement au général Bigarré ; il fut mis en non-activité le 1er août.
En 1816, il publia : Moyens de pacifier L’Europe, véritable réquisitoire contre l’Angleterre, collabora (1817) au Censeur européen, organe libéral, et fut porté, aux élections du 11 septembre 1819, par les « amis de la Charte », comme candidat à la députation dans le grand collège de la Charente-Inférieure, qui l’élut par 505 voix (810 votants, 1,849 inscrits). Son élection fut invalidée pour une singulière irrégularité de formes : l’un des deux candidats, entre lesquels le ballottage était obligatoire, s’étant désisté, on prétendit que ce désistement ne devait pas empêcher l’exécution littérale de la loi, et qu’il fallait recommencer.
Le général Tarayre fut réélu, au nouveau scrutin du 24 avril 1820, par 442 voix (689 votants, 1,595 inscrits). Il prit place à côté des six députés de l’extrême-gauche et débuta par une attaque violente contre le budget (3 juillet) ; son discours ayant été tronqué par le Moniteur, il le fit rétablir dans le Courrier, et notamment ce passage : « Rien ne prouve mieux la désaffection de la majorité de la nation pour le gouvernement que la nécessité où il s’est trouvé de changer la loi des élections. Il n’y avait en France que 90,000 électeurs, eh bien, c’était encore trop ; et le ministère vous propose de donner toute l’influence électorale à moins de 15,000 électeurs privilégiés. » Le ministère répondit au général en le mettant en traitement de réforme et en ordonnant la saisie de son discours.
Dans la session de 1821, il combattit la loi sur l’échelle mobile, entra dans le comité dirigeant du carbonarisme en 1822, et ne se représenta pas aux élections de 1824.
Retiré à Soulsac, il applaudit à la révolution de 1830, et prit, le 3 août, le commandement de la garde nationale de Rodez, afin d’assurer, avec le maintien de l’ordre, le triomphe de la révolution de juillet. La Fayette, dont il était l’ami, le fit nommer (29 octobre) inspecteur et organisateur des gardes nationales de cinq départements ; le 7 février 1832, il fut relevé de la retraite, et admis dans le cadre de réserve de l’état-major général. Les accusés d’avril 1834 le choisirent au nombre de leurs défenseurs, mais la cour des pairs n’accepta pour cette mission que des avocats inscrits au tableau.
Il tenta, aux élections de la même année, de rentrer à la Chambre des députés ; sa candidature trop avancée pour l’Aveyron fut mal accueillie, et il ne conserva que le titre de conseiller général de Marcillac (1830-1848). En avril 1848, il déclina la candidature qui lui fut offerte à l’Assemblée constituante, et vécut dans la retraite jusqu’à sa mort.
On a de lui : De la forme des gouvernements ou des rapports qu’elle doit avoir avec leur nature et leur constitution (1819), de nombreuses brochures sur l’agriculture et l’économie rurale, et quelques écrits historiques et militaires. (R & C)
Voir Fastes de la Légion-d’honneur - Google Books
https://www.google.fr/books/edition...
Biographies aveyronnaises - Google Books

TARAIRE. Général (Charente-Inférieure) CÔTE GAUCHE, PREMIÈRE SECTION. Allez dire à Sparte que nous avons parmi nous un de ses antiques citoyens. (Petit almanach, 1820)

TARAYRE. Il existe dans le sauvage Aveyron un coin ignoré, enseveli sous les âpres montagnes qui le recouvrent, et qui n’est guère accessible qu’à la gente caprine qui en broute les aspérités ; ce coin, qui compte parmi les quarante mille communes de la France, s’appelle Sous-le-Sac ; il semble que la nature, par cette obscure désignation, ait elle-même pris soin de le nommer. On peut être savant géographe, profond géologiste, et ne savoir qu’il existe une commune de Sous-le-Sac, et les quatre feux que d’indigentes broussailles y entretiennent. C’est de ce trou rocailleux que s’est élancé le général Tarayre. L’enthousiasme de 1792, dont les nationales émotions agitèrent tout le sol français, pénétra jusque dans la commune de Sous-le-Sac. Le jeune Tarayre en reçut la première étincelle : il partit comme volontaire, avec rang d’officier, dans le bataillon de l’Aveyron, devenu quatre-vingt-cinquième demi-brigade. Appelé à faire partie de l’expédition d’Egypte, il vit les pyramides, d’où quarante siècles contemplaient la valeur française ; il s’y distingua et fut nommé chef de bataillon. Rentré en France, il marcha avec nos succès, s’avança avec nos triomphes, et lorsque les fruits de la victoire devinrent monarchiques, il fut livré par Bonaparte à son frère Louis, comme un des hommes à talens dont Napoléon croyait nécessaire d’étayer l’édification des trônes néologues. Un général de brigade français était alors de droit lieutenant-général au service étranger. Il y avait, en ce temps-là, la différence d’un grade entre notre réputation militaire et celle de nos alliés. Ce fut donc en qualité de lieutenant-général que le général Tarayre fut chargé du commandement en chef de la garde royale de Hollande. Studieux, réfléchi, et ami de la liberté des peuples, il devint l’un des plus sages conseillers du roi Louis ; il se fit aimer et estimer des aquatiques Bataves ; il plaça sur eux ses affections, et épousa la fille de M. Gambir, ministres des finances du royaume de Hollande.
Le premier ricochet de la disgrâce de Louis Bonaparte enveloppa le général Tarayre : l’un devint comte de Saint-Leu, et l’autre redevint général de brigade. Le général Tarayre alla philosophiquement suspendre son épée oisive au buisson qui l’avait vu naître, et vivre modestement dans les rochers de Sous-le-Sac. La campagne de Russie se préparait ; elle faisait taire les longanimités impériales et amnistiait les haines et les ressentimens : le général Tarayre reprit du service comme général de brigade ; et, à travers mille glorieux désastres, redevint civil avec toute la grande armée. Il conçut que les temps et les circonstances étaient devenus favorables à la cause des peuples, et se livra à ses idées d’indépendance. La tribune lui parut un nouveau champ de bataille où des palmes civiques pouvaient encore être cueillies ; il employa les débris de sa fortune militaire à devenir éligible, et acheta le château de Billorgnes. Il publia sa brochure sur les armées permanentes, et prouva leur inconstitutionnalité. Cet écrit fit beaucoup de sensation ; il désigna le général Tarayre à l’attention des électeurs, et il fut élevé à la législature. Il emporta d’assaut, par une seconde élection, l’entrée qu’un défaut de forme lui avait fait disputer. Ses opinions et ses votes ont fait voir depuis qu’il était digne de la représentation nationale. Il est l’un des plus vigoureux et inébranlables champions qui défendent nos libertés contre la majorité de cinq voix. (Latouche, 1820)

TARAYRE. (Charente-Inférieure, La Rochelle.) CÔTÉ GAUCHE, PREMIÈRE SECTION. Nommé lieutenant-général par le Roi, le 20 janvier 1815, il a fait la guerre depuis le commencement de la révolution, et siège aujourd’hui à l’extrême gauche ; on est surpris qu’un militaire, accoutumé au régime impérial et à toutes les rigueurs du despotisme, qui s’était façonné aux aspérités toujours renaissantes d’un gouvernement ombrageux, ne se trouve pas libre aujourd’hui sous le gouvernement le plus doux de la terre. M. Tarayre a fait pendant la dernière session un discours rempli de véhémence, et comme on l’a imprimé tout nouvellement, avec des variantes plus fortes encore que le discours même, le gouvernement l’a fait saisir. Le général Tarayre a été mis en non-activité. (La monarchie sauvée, 1821)

TARAYRE. Côté gauche. En 1792 il se présenta comme volontaire pour défendre le sol de la patrie, et fut nommé officier ; depuis cette époque on l’a toujours trouvé sur la route de la gloire, et il a été la chercher à Moscow et au Caire, à Berlin et à Milan, à Saint-Jean d’Acre et à Walcheren.
Le général Tarayre passa au service de Hollande quand Napoléon eut érigé ce pays en royaume tributaire de son empire : il y fut colonel-général de la garde royale, et l’un des plus sages conseillers du roi Louis.
Le lieutenant-général Tarayre a été élu député en 1819 : sa première élection ayant été annulée pour un léger défaut de forme, ses concitoyens s’empressèrent de réparer cet échec qui faisait triompher les compétiteurs que le ministère et le côté droit lui opposaient, en le réélisant au premier tour de scrutin.
Il est un des plus vigoureux et inébranlables champions qui défendent nos libertés. Il a déjà eu l’honneur d’être rappelé à l’ordre pour avoir été trop véridique ; et voici comment il a terminé ses travaux législatifs dans la session de 1819 : « Je dois déclarer à mes commettans que leurs droits naturels ont été attaqués ; que le gouvernement représentatif est faussé ; qu’il ne nous reste plus aucun moyen de défense paisible et régulier. Je dois leur faire connaître leur position, pour qu’ils ne puissent pas m’accuser un jour de les avoir bercés d’un vain espoir ; je dois leur dire : Il m’est désormais impossible de vous défendre ; implorez les secours de la Providence, qui a donné la liberté aux peuples heureux dont vous enviez le sort. »
M. Tarayre est né dans l’Auvergne ; il est l’auteur de plusieurs articles insérés dans le Censeur européen, et a publié un ouvrage intitulé : De la force des gouvernemens. (Persan, 1822)

Charles, François Boscal de Réals
Député de 1820 à 1830, né à Vallans (Généralité de Poitiers, France), le 4 Juin 1777, mort au château d’Allery (Charente-Inférieure), le 4 octobre 1866, il était issu d’une famille qui a donné plusieurs marins à la France et plusieurs députés à la Saintonge, entre autres, Léon Boscal de Réals, baron de Mornac, seigneur de Champagnac, qui fut député aux Etats-Généraux de 1649 et de 1661.
La carrière législative du comte C.-F. Boscal de Réals s’ouvrit le 13 novembre 1820, au collège de département de la Charente-Inférieure, qui l’élut par 155 voix sur 306 votants ; il était maire de Saintes depuis le 11 avril 1816. Il siégea au centre droit, et vota avec les royalistes de l’opinion la plus accentuée. Une lettre du 18 mars 1822 manifeste ses sentiments dynastiques : « Avant mon départ de Paris, ma famille et moi désirons vivement présenter nos hommages au Prince que la Providence a daigné accorder à nos vœux. »
Il fut réélu : le 25 février 1824, par le 3e arrondissement de la Charente-Inférieure (Saintes), avec 212 voix, sur 244 votants et 292 inscrits, et, le 17 novembre 1827, par la même circonscription, avec 112 voix sur 204 votants, 254 inscrits.
« Ignoré avant son arrivée à la Chambre, dit une biographie de 1829, il n’est guère connu aujourd’hui que de MM. de Villèle, Corbière et Peyronnet, à qui il a prêté constamment l’appui de son vote. Nommé, par ces triumvirs, président du collège électoral de Saintes, où il exerce les fonctions de maire, M. Boscal ne voulut pas permettre que les constitutionnels eussent les yeux sur ses opérations. On assure qu’il se bornait à montrer à une seule personne du bureau les bulletins qui sortaient de l’urne électorale. Nous devons toutefois déclarer, dans l’intérêt de l’honorable membre, qu’il ne s’est élevé à la Chambre aucune contestation sur la validité de sa nomination. Il a repris la place qu’il occupait au centre, et soit amour pour le pouvoir, soit désir de conserver à sa famille les emplois dont il l’a pourvue sous M. de Villèle, son vote n’est pas moins favorable aux nouveaux ministres qu’il ne l’était à leurs prédécesseurs. M. Boscal de Réals aime les majorités. » Une lettre du 27 octobre 1825 justifie en partie ce jugement ; M. Boscal de Réals y demande pour son frère une place de directeur des finances d’arrondissement : « Je n’ai, dit-il, jamais rien sollicité pour moi depuis six ans que je suis membre de la Chambre. L’avancement de mon frère est mon unique but ; c’est la seule récompense que j’ose solliciter de ses services et des miens. »
Il prit activement parti en 1830 pour le ministère Polignac, envoya, le 29 mai, un mémoire contenant des vues politiques, et réclama contre la liberté de la presse, « une des plaies rongeantes de notre époque. »
Il ne fut pas réélu le 23 juin 1830, n’ayant obtenu que 110 voix contre 176 à M. Eschassériaux. (R & C)

BOSCAL DE REALS. (Charente-Inférieure, La Rochelle.) CÔTÉ DROIT. Il appartient à une famille accoutumée à bien servir son Roi et sa patrie, et il a fait ses preuves lui-même. Maire de la ville de Saintes, il s’est concilié l’estime générale par la sagesse de son administration, son noble désintéressement et sa loyauté toute française. (La monarchie sauvée, 1821)

BASCAL [sic] de RÉALS. Côté droit. M. de Réals est maire de Saintes ; chacun y vante son désintéressement et sa loyauté ; mais la même unanimité n’existe plus quand il est question de son administration. Nous sommes loin cependant de penser qu’elle soit mauvaise. Nous savons que l’opinion est actuellement l’échelle sur laquelle on mesure le mérite des hommes, et c’est un thermomètre qui suit trop souvent les variations d’une atmosphère passionnée. Il doit son élection au vote des électeurs privilégiés. (Persan, 1822)

BOSCAL DE REALS [le comte de]. Ce député est membre du conseil-général de son département, et maire de la ville de Saintes. M. Boscal de Réals est un des membres de la Chambre les plus connus : comme il est depuis long-temps entré dans la carrière législative, son nom a figuré très-souvent dans les procès-verbaux de la Chambre. M. Boscal de Réals est d’ailleurs un député fort actif ; il est partout, et de tout. Il monte souvent à la tribune, et en descend promptement, car il ne parle pas longtemps ; on dirait qu’il n’en a jamais que pour une gorgée ; il amende et sous-amende souvent, quoiqu’avec assez peu de succès.
Au reste, ce député de la Charente-Inférieure s’est tenu habituellement dans la bonne voie ; il vote contre les ministres ; et si l’on a eu autrefois quelques doutes sur son indépendance, on est maintenant bien rassuré. (Massey de Tyronne, 1826)

BOSCAL de RÉALS [le comte de]. Il nous est arrivé de Saintes, où il est maire. Il parle peu, mais souvent ; il amende et sous-amende, à n’en pas finir, mais sans succès ; il ne vote pas avec le ministère, mais n’en est pas plus libéral pour cela ; il n’est pas enfin une célébrité, mais on connaît du moins sa personne. (Lagarde, 1826)

BOSCAL DE RÉALS [le comte de]. Il parle peu et souvent : les poches de son habit brodé sont toujours pleines d’amendemens qu’il saisit l’occasion de jeter à la tête des ministres, lesquels ne paraissent pas pour cela plus disposés à s’amender. Aussi M. le comte vote-t-il constamment avec la minorité. (Raban, 1826)

BOSCAL DE RÉALS (N.), Charente-Inférieure, arrondissement de Saintes. Ministériel, a été nommé maire de Saintes depuis quelques années, et n’est pas parvenu à faire applaudir à son administration. Quoiqu’il n’appartienne pas par lui-même à l’aristocratie saintongeaise, il n’est sorte de protection qu’il n’accorde aux privilégiés. Aussi a-t-il mérité son entrée dans les salons du faubourg Saint-Germain de sa ville natale. Il est réputé noble et très noble, et l’on prétend même qu’il aspire depuis long-temps à la pairie. En attendant, M. Boscal de Réals a, dit-on, su pourvoir sa famille de places lucratives. C’est une vertu que de soutenir les siens, mais cette vertu est facile à remplir quand les coffres de l’État s’ouvrent pour la satisfaire. La carrière de M. Boscal de Réals comme député a commencé en 1822 ; elle s’est bornée à quelques rapports de la commission a, 53 des pétitions, au vote par assis et levé, suivant les signaux du banc de la Trésorerie, et au dépôt dans l’urne de boules constamment blanches. On assure que cet honorable député, qui présidait le collége par lequel il a été élu, n’a pas permis aux électeurs indépendans de contrôler ses opérations. Il s’est levé pour dépouiller le scrutin, et il ne montrait les bulletins qu’à un seul scrutateur placé à sa gauche. C’est du moins ce que racontent les journaux de Paris d’après des lettres du département de la Charente-Inférieure. Dans tous les cas, ce serait pour un président de collége le meilleur moyen d’assurer sa nomination. (Bio, 1828)

BOSCAL DE RÉALS (le comte) — centre droit. La carrière législative de ce noble comte a commencé en 1821. Ignoré avant cette époque, il n’est guères connu aujourd’hui que de MM. de Villèle, Corbière et Peyronnet, à qui il a prêté constamment l’appui de son vote. Nommé, par ces triumvirs, président du collége électoral de Saintes, où il exerce les fonctions de maire, M. Boscal ne voulut pas permettre que les constitutionnels eussent les yeux sur ses opérations. On assure qu’il se bornait à montrer à une seule personne du bureau les bulletins qui sortaient de l’urne électorale. Nous devons toutefois déclarer, dans l’intérêt de l’honorable membre, qu’il ne s’est élevé à la chambre aucune contestation sur la validité de sa nomination. Il a repris la place qu’il occupait au centre, et soit amour pour le pouvoir, soit désir de conserver à sa famille les emplois dont il l’a pourvue sous M. de Villèle, son vote n’est pas moins favorable aux nouveaux ministres qu’il ne l’était à leurs prédécesseurs. Comme M. d’Augier, M. Boscal de Réals aime les majorités. (Dourille, 1829)

BOSCALS DE RÉALS (le comte de), Charente-Inférieure, Saintes. Rue de Taranne. (Extrême droite.) Chapeaux bas pour M. le maire. (Chanson saintongeoise). -.
M. le maire de Saintes était, en 1827, l’un des amis les plus dévoués du ministère. En 1828, il a donné des preuves de sa fidélité en s’enrôlant parmi les martyrs. Il a voté contre celles des propositions ministérielles que le côté gauche a appuyées. M. de Réals est colon, et, en cette qualité, il a cru devoir soutenir à la tribune la cause de ses frères contre les Noirs, dont il trouve le sort assez heureux. C’est, sans doute, pour cela que cet honorable fonctionnaire ne trouvait pas que le ministère déplorable nous traitât trop mal. (Rion, 1829)

Louis, Benjamin Fleuriau de Bellevue
Député de 1820 à 1831, né à la Rochelle (Généralité de La Rochelle) le 23 février 1761, mort à la Rochelle le 11 février 1852, il était propriétaire dans cette ville, et s’occupait de géologie.
De nombreux travaux insérés dans le Journal des Mines : « Sur une pierre de Vulpino » (1797) ; « Sur un carbure terreux cristallisé » ; « Sur plusieurs volcans du département de l’Hérault » (1808) ; « Sur les côtes de la Charente-Infèrieure et de la Vendée », etc., lui valurent le titre de correspondant de l’Institut.
Conseiller général de la Charente-inférieure, il se présenta une première fois à la députation, le 24 avril 1820, dans ce département mais il échoua avec 216 voix contre 442 au général Tarayre, député sortant, dont l’élection avait été annulée. M. Fleuriau de Bellevue fut plus heureux dans la même circonscription, le 13 novembre 1820 ; élu député par 175 voix (312 votants, 382 inscrits), il prit place dans la majorité royaliste de la Chambre, et fut successivement réélu : le 25 février 1824, dans le 1er arrondissement de la Charente-inférieure (La Rochelle), par 216 voix (394 votants, 429 inscrits), contre 127 au général Foy ; le 24 novembre 1827, au collège de département, par 112 voix (220 votants, 283 inscrits), et, le 3 juillet 1830, par 131 voix (253 votants, 316 inscrits), contre 119 à M. Allègre.
M. Fleuriau de Bellevue soutint les ministères Villèle et Polignac et ne fut pas réélu en 1831. Officier de la Légion d’honneur. (R & C)

FLEURIAU DE BELLEVUE. (Charente-Inférieure, La Rochelle.) CÔTÉ DROIT. Ce député appartient à une famille des plus respectables, dévouée à son Roi, et qui s’est fait constamment chérir par sa bienfaisance et ses vertus ; M. Fleuriau de Bellevue a suivi de si nobles traces ; il s’est rendu utile à son pays dans plusieurs occasions. Son nom n’est pas inconnu dans les sciences ; il est correspondant de l’Institut. Presque tous les procès-verbaux du conseil-général de la Charente-Inférieure ont été rédigés par lui depuis longues années, et prouvent ses connaissances en administration et la sagesse de ses principes. (La monarchie sauvée, 1821)

FLEURIAU de BELLEVUE. Côté droit. C’est un savant dont les œuvres se composent de procès-verbaux. Expliquons-nous cependant, afin qu’on n’aille pas ravaler les œuvres de M. de Bellevue au niveau de ces procès-verbaux judiciaires qui exigent tout le savoir d’un huissier ou d’un greffier. Les procès-verbaux de M. de Fleuriau sont d’une toute autre importance : ce sont ceux du conseil-général de la Charente-Inférieure ; aussi ont-ils valu à l’honorable député l’avantage d’être correspondant de l’Institut.
M. Fleuriau de Bellevue sera fort utile à la Chambre pour faire rédiger, dans les règles, les procès-verbaux des séances, dans la rédaction desquels il est si savant, qu’il est capable d’en remontrer même à M. Aimé-Martin [2]. (Persan, 1822)

FLEURIAU de BELLEVUE. Depuis 1820, député de La Rochelle, correspondant de l’Institut, membre du conseil-général de la Charente [sic]. Tels sont les titres que présente au biographe M. Fleuriau de Bellevue que l’on dit profondément versé dans l’art de rédiger les procès-verbaux. Il est ministériel. (Lagarde, 1826)

FLEURIAU DE BELLEVUE. M. Fleuriau de Bellevue est, depuis 1820, député de La Rochelle, dont il a dernièrement présidé le collége électoral. Chevalier de la Légion-d’Honneur, correspondant de l’Institut, ce dernier titre lui a valu une espèce de réputation de savant de province. Membre du conseil-général du département de la Charente-Inférieure, nul n’est plus habile que ce député dans la rédaction des procès-verbaux, et on a remarqué que depuis de longues années, il est en possession de rédiger ceux du conseil-général de son département. M. de Corbière [le ministre de l’intérieur] l’a conquis au ministère, en lui faisant l’éloge des deux derniers, qu’il citait comme modèles de grâce et de bon goût. (Massey de Tyronne, 1826)

FLEURIAU DE BELLEVUE. C’est l’homme le plus savant de son département : il vise au titre d’académicien, et il espère que la faveur ministérielle le fera arriver au fauteuil. (Raban, 1826)

FLEURIAU DE BELLEVUE (Charente-Inférieure). Il s’est acquis, comme M. Aimé Martin, une sorte de réputation dans la rédaction des procès-verbaux, Membre du conseil- général de son département, il fut élu pour la première fois en 1820. Assis sur les bancs ministériels jusqu’à la dissolution de la Chambre, il a voté pour l’indemnité, pour la conversion des rentes et contre la liberté de la presse. Lors des dernières élections, il succomba au collége de l’arrondissement de La Rochelle, et il n’a été réélu dans un autre qu’après avoir pris, dit-on, l’engagement d’abandonner la cause ministérielle. L’indépendance de sa position, la religion qu’il professe, nous font espérer qu’il se réunira franchement aux véritables amis de nos institutions. (Bio, 1828)

FLEURIAU DE BELLEVUE [Charente-Inférieure], – centre droit. Il est officier de la légion d’honneur et membre correspondant de l’institut. Ce député avait montré quelque penchant à la servitude dans la chambre vénale, et c’est ce qui le fit échouer à l’un des colléges de la Charente inférieure lors des élections de 1827. Il ne doit son retour à la législature qu’à la promesse qu’il fit aux rochellais de voter avec les amis des libertés publiques : la religion qu’il professe, l’indépendance de sa position sociale, tout porte à croire qu’il est maintenant dans la bonne voie. Amen. (Dourille,1829)

FLEURIAU DE BELLE-VUE, Charente-Inférieure, La Rochelle. Rue Saint-Florentin, n° 15. (Centre droit.) Ce tenace ministériel paraît être depuis 1820 partisan de l’église réformée, et non des budgets réformés ; il continue à croire à l’infaillibilité des ministres plutôt qu’à celle du pape. (Rion, 1829)

René Eschasseriaux
Membre de la Convention, député au Conseil des Cinq-Cents et au corps législatif de l’an VIII à 1803, représentant à la Chambre des Cent-Jours, député de 1820 à 1823 et de 1827 à 1831, né à Corme-Royal (Généralité de La Rochelle, France), le 27 juillet 1754, mort à sa terre des Arènes, commune de Thénac (Charente-Inférieure), le 6 novembre 1831, il était le frère du conventionnel Joseph Eschassériaux..
Il prit le grade de docteur en médecine à la faculté de Montpellier, le 3 août 1775. En 1790, il fut nommé administrateur, puis membre du directoire du district de Saintes. Il fut ensuite élu troisième député suppléant à la Législative, où il ne siégea point, et devint procureur général syndic du département.
Le 8 septembre 1792, il fut élu premier député suppléant de la Charente-Inférieure à la Convention, par 433 voix sur 527 votants, et fut admis à siéger, le 31 août 1793, en remplacement de Gustave Dechézeaux, démissionnaire. Il ne remplit aucune mission, et présenta plusieurs rapports au nom des comités. D’opinions modérées, il prit la parole en faveur des émigrés, de leurs parents, de leurs créanciers, et soutint la réclamation des enfants de Diétrich, ancien maire de Strasbourg, mort sur l’échafaud, lesquels demandaient à rentrer dans l’héritage paternel. Le 7 septembre 1794, il fut nommé secrétaire de la Convention.
Elu député de la Charente-Inférieure au Conseil des Cinq-Cents, le 21 vendémiaire an IV, par 246 voix sur 312 votants, en même temps que député suppléant par le département du Bas-Rhin, il fut également secrétaire de cette assemblée, et chargé par le comité de législation de la conservation de ses registres et de ses papiers, pour en opérer la remise aux Archives nationales et au Directoire exécutif.
Eschassériaux fut réélu au même Conseil, le 24 germinal an VI, par 228 voix sur 306 votants. Son rapport du 28 fructidor sur la reconstitution des haras fut très remarqué : il établissait la nécessité de l’intervention de l’Etat ; mais le Conseil des Cinq-Cents n’en adopta point les conclusions, et le système préconisé par René Eschassériaux ne fut mis en pratique qu’en 1806.
Après le coup d’Etat de brumaire, le Sénat conservateur l’appela (4 nivôse an VIII) à représenter la Charente-Inférieure au Corps législatif ; il en sortit le 28 mai 1803, et fut nommé, le 1er mars 1804, conseiller général de la Charente-Inférieure.
Il devint successivement par la suite : membre du conseil de préfecture (1805), où il siégea jusqu’au moment de la translation de la préfecture à la Rochelle (1810), conseiller municipal de Saintes (1811) et maire de cette ville (1812).
Le 12 mai 1815, le collège de département, assemblé à la Rochelle, envoya René Eschassériaux, par 53 voix sur 95 votants, à la Chambre « des Cent-Jours ».
Il se démit, au début de la seconde Restauration, de son titre de maire de Saintes, mais il redevint conseiller municipal de cette ville en 1820, et, bientôt après (13 novembre de la même année), fut élu député par le collège de département, avec 173 voix sur 311 votants. Il siégea pendant quatre sessions, vota avec l’opposition constitutionnelle, et échoua au renouvellement du 25 février 1824, dans le 3e arrondissement de la Charente-Inférieure (Saintes), où il n’obtint que 30 voix contre M. Boscal de Réals, élu par 212 suffrages. Mais il fut rappelé, le 24 novembre 1827, à la Chambre des députés, par 118 voix obtenues au collège de département sur 220 votants et 283 inscrits. Il reprit sa place à gauche, combattit le ministère Polignac et fut des 221.
Le 23 juin 1830, René Eschassériaux fut réélu député pour la neuvième fois : il représenta alors, avec 176 voix (289 votants, 310 inscrits), l’arrondissement de Saintes. Il adhéra à la révolution de Juillet et au gouvernement de Louis-Philippe, et reçut, le 15 avril 1831, la croix de la Légion d’honneur. Sa santé ne lui permit pas d’accepter, en juillet 1831, un nouveau mandat, que les électeurs de Saintes transmirent à son gendre et neveu, Camille Eschassériaux (R & C)).

ESCHASSERIAUX jeune. (Charente-Inférieure, La Rochelle.) CÔTÉ GAUCHE, DEUXIÈME SECTION. Frère du conventionnel, et conventionnel lui-même, il n’est arrivé à cette assemblée qu’après la mort de Louis XVI, et il y a parlé plusieurs fois en faveur des émigrés ; M. Eschassériaux a dirigé toutes ses études vers l’art médical ; sa fortune lui a permis de se livrer avec ardeur à l’étude des sciences qui ont fait l’occupation de toute sa vie. Dans les fonctions administratives qu’il a remplies, il a fait preuve de sagesse et d’impartialité. Porté par les libéraux, il votera avec eux. (La monarchie sauvée, 1821)

ESCHASSERIAUX jeune. Côté gauche. Membre du district de Saintes en 1790 ; successivement député à l’Assemblée législative, à la Convention, au Conseil des Cinq-Cents, au Corps législatif ; conseiller de préfecture en 1803 ; maire de Saintes en 1811 ; représentant en 1815 ; député en 1820.
Médecin par amour des sciences et de l’humanité, et non par métier, M. Eschasseriaux, qui s’est toujours fait remarquer par sa modération, a passé une partie de sa vie à soulager les malheureux.
L’acte le plus éclatant de ses différentes législatures est la demande qu’il fit de l’abrogation des lois compressives de la presse. A l’époque où il plaidait ainsi pour une de nos libertés, il implorait la pitié de ses collègues en faveur des émigrés : ceci est une preuve que M. Eschasseriaux saura, comme tous les membres du côté gauche, allier l’amour de la liberté à la justice et à la douceur.
Ce député est frère de M. Eschasseriaux, conventionnel votant, ex-tribun, ex-chargé d’affaires dans le Valais. (Persan, 1822)

ESCHASSÉRIAUX JEUNE (Charente-Inférieure, Candidat libéral) est l’un de ces amis de la patrie et de la liberté que les Français sont sûrs de retrouver à leur tête toutes les fois qu’il y a des dangers à combattre, des périls à braver. Député à l’assemblée législative, à l’assemblée nationale, au Conseil des Cinq-Cents, cet honorable ami du peuple a toujours allié aux principes les plus libéraux le plus grand respect pour les devoirs privés et la plus généreuse humanité. Il a osé parler en 1793 en faveur des émigrés alors proscrits. M. Eschassériaux à la législature nouvelle saura défendre les intérêts de la France contre des hommes qui auront peut-être oublié l’appui qu’il leur a prêté lorsqu’eux-mêmes étaient au nombre des vaincus. (Bio, 1828)

ESCHASSERIAUX JEUNE [Charente-Inférieure], - centre gauche. Il a siégé à l’assemblée législative, à la convention, au conseil des Cinq cents, au corps législatif, à la chambre des représentans en 1815 et à celle des députés de .1820 à 1824. C’est un de ces hommes dont les principes n’ont jamais varié. Ami des droits du peuple, il n’a cessé de les défendre dans les diverses assemblées où sa probité et ses lumières l’ont souvent appelé. M. Eschassériaux exerce la médecine par amour des sciences et de l’humanité. Les malheureux sont toujours sûrs de trouver en lui un bienfaiteur. (Dourille, 1829)

ESCHASSERIAUX, Charente-Inférieure, La Rochelle. Rue et hôtel de Courty. (Extrême gauche.)
Député à la législative en 1791, cet honorable citoyen fut ensuite membre de la convention nationale. Ne voyant que des Français, et surtout des Français malheureux, dans les émigrés, il brava la colère des terroristes, et fit entendre en leur faveur des paroles d’humanité et de paix ; ce courage le fit réélire au conseil des cinq-cents, dont les membres, comme on sait, furent dispersés à coups de baïonnettes, dans la funeste journée du 18 brumaire. Le pouvoir de nos jours a adopté une tactique moins violente : c’est à coup de fourchette qu’il subjugue les consciences récalcitrantes. Mais M. Eschasseriaux, qui a bravé les baïonnettes et les échafauds, ne peut pas se laisser vaincre dans un tel combat. (Rion, 1829)

ESCHASSERIAUX, âgé de près de quatre-vingts ans, riche propriétaire à Saintes, ex-député de la Charente-Inférieure. Quand la révolution éclata, il exerçait la médecine à Saintes, où son amour pour les sciences et son zèle pour l’humanité lui avaient gagné l’estime générale dont il jouit encore. Il fut d’abord administrateur du Directoire de cette ville ; entré à la Convention après le procès de Louis XVI, il y fut chargé de plusieurs rapports sur des objets d’intérêt général. Les parents et les créanciers des émigrés le virent souvent prendre leurs intérêts et les défendre contre la majorité de ses collègues ; plus d’un émigré lui dut la restitution de ses biens. Il fut successivement député au conseil des Cinq-Cents, au Corps législatif, à la Chambre des représentants en 1815, et membre de la Chambre des députés depuis 1820 jusqu’n 1824. Il siégeait au centre gauche. Il a exercé les fonctions de conseiller de préfecture, et celles de maire de la ville de Saintes ; et ses concitoyens conservent le souvenir des services qu’il a rendus pendant son administration. C’est un homme fort éclairé ; il ne fait ni bruit ni embarras ; il est accoutumé à faire le bien sans ostentation. C’est un ami chaud des libertés du pays ; indépendant par caractère, haïssant les courtisans, et n’encensant jamais le pouvoir auquel cependant il s’est toujours soumis. (Bio des 221, 1830)

Pierre, François Audry de Puyravault
Député sous la Restauration, sous le gouvernement de Juillet, et représentant du peuple en 1848, né à Puyravault (Généralité de La Rochelle, France), le 27 septembre 1773 « fils légitime du S. Pierre Audry marchand et de Françoise Rondeau son épouse », mort à Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise), le 6 décembre 1852, il était propriétaire dans son département, lorsqu’il fut élu, le 28 janvier 1822, en remplacement de Jean-Louis Admyrauld, démissionnaire, député du 2e arrondissement électoral de la Charente-Inférieure (Rochefort), par 162 voix sur 233 votants et 318 inscrits, contre M. Bonnet de Lescure, qui n’eut que 66 voix. La même circonscription l’élut encore, le 17 novembre 1827, par 138 voix sur 251 votants et 294 inscrits, contre M. Bonnet de Lescure (108 voix).
Audry de Puyravault fit une opposition opiniâtre au gouvernement de la Restauration, et fut activement mêlé à la Révolution de 1830. Le 16 mars 1830, il fut au nombre des 221 députés qui votèrent l’adresse hostile au ministère Polignac, vote qui amena la dissolution de la Chambre. Audry fut réélu le 23 juin 1830 et obtint, à Rochefort, 220 voix sur 300 votants et 331 inscrits, contre 75 voix données à M. de Lescure.
La publication des Ordonnances (25 juillet) ayant provoqué la résistance des journalistes et des députés libéraux, le 27, à la réunion qui se tint chez Laffitte, au milieu des tergiversations inspirées par la peur ou par le respect de la légalité, Audry se montra parmi les cinq ou six députés les plus décidés à pousser la lutte jusqu’au bout. Le lendemain, mercredi 28, il réunit les députés de la gauche dans sa maison, siège d’une entreprise de roulage qu’il dirigeait ; la cour était pleine d’ouvriers et d’étudiants armés, convoqués par lui pour exciter l’énergie de ses hôtes. Mauguin demanda la formation d’un gouvernement provisoire ; mais on ne put qu’adopter une protestation que Guizot avait apportée toute rédigée, et dont la phrase la plus compromettante était que « les conseillers de la couronne trompaient les intentions du monarque. » Encore personne ne voulut-il signer ; on se contenta de mettre au bas : Etaient présents.
Désespérant de l’efficacité des protestations parlementaires, Audry fit imprimer et afficher dans la nuit la nomination de Lafayette comme général de la garde nationale ; le lendemain, 29, il installa le nouveau général à l’Hôtel-de-Ville, et fut nommé, le cinquième sur six, membre de la Commission municipale qui prit la direction du mouvement et qui plaça Louis-Philippe sur le trône. Aux élections du 5 juillet 1831, Audry fut réélu à Rochefort par 271 voix sur 334 votants et 377 inscrits, contre le contre-amiral Jacob (45 voix) ; un passeport, daté du 15 avril de la même année, donne de lui ce signalement : « âgé de 57 ans, taille 5 pieds 5 pouces, cheveux gris, front élevé, sourcils châtains, yeux gris-bleus, nez fort, bouche moyenne, barbe châtain, menton à fossette, visage plein, teint brun, demeure à Paris, 8, rue de Valois ».
La solution orléaniste des journées de Juillet ne l’avait satisfait qu’à demi, car, en 1832, il contribua, comme membre du Comité directeur, à la fondation de la « Société des droits de l’homme » destinée à entretenir les sentiments révolutionnaires.
Aux élections générales du 21 juin 1834, Rochefort élut le vice-amiral Grivel ; mais l’élection fut annulée ; les électeurs, le 20 septembre 1834, rendirent à Audry son siège à la Chambre, au deuxième tour de scrutin, par 156 voix contre 149 restées au vice-amiral Grivel.
Lors du procès des accusés d’avril (insurrection de Lyon) (1834) devant la Chambre des pairs, Audry, l’un de leurs défenseurs, signa l’adresse aux accusés, qui se terminait par ces mots : « L’infamie du juge fait la gloire de l’accusé » (mai 1835). La Chambre des députés autorisa pour ce fait des poursuites contre Audry, qui refusa de comparaître devant la Chambre des pairs et qui ne fut pas inquiété, Michel de Bourges et Trélat, co-signataires, ayant assumé toute la responsabilité.
Audry ne fut pas réélu, le 30 octobre 1837, aux élections générales qui suivirent la dissolution obtenue par le ministère Molé. La politique avait fort dérangé ses affaires privées, et il se décida, comme il le dit dans plusieurs lettres à ses amis, « à mettre ses biens en loterie pour se tirer de la misère ». Il promettait 10 et 15 % à ceux qui lui placeraient des coupons, et offrait en outre, après le tirage, de prendre les biens de ferme sur le pied de 4 010. Nous n’avons pu savoir le résultat de l’opération.
Audry de Puyravault reparut sur la scène politique après février 1848 ; il fut élu, le 23 avril, représentant du peuple à l’Assemblée constituante, par le département de la Charente-Inférieure, le 9e sur 12, avec 56,508 voix sur 111 907 votants et 136 016 inscrits, et présida, comme doyen d’âge, les premières séances, jusqu’à l’élection de Buchez. (R & C)

PUIRAVEAU (HAUDRY DE), Charente-Inférieure, ancien député, s’est déjà signalé par son indépendance et par son patriotisme. Il était digne de faire partie d’une Chambre appelée par l’opinion publique pour accuser un ministère ennemi de toutes nos institutions. (Bio, 1828)

AUDRY DE PUYRAVAULT, [Charente-Inférieure], — extrême gauche. Des vertus, des sentimens éminemment français recommandent cet excellent citoyen à l’estime nationale. Honoré pour la première fois du choix des électeurs de Rochefort, il a pris place au côté gauche et justifié, pendant la session 1828, l’opinion que ses commettans avaient de la noblesse de son caractère et de son patriotisme ; aussi, à son retour dans la Charente-Inférieure, se sont-ils empressés de le fêter. M. Audry de Puyravault n’est pas un grand orateur, mais son vote sera toujours pour le maintien de nos institutions et pour l’amélioration que réclament les intérêts populaires. (Dourille, 1829)

AUDRY DE PUYRAVAULT, Charente-Inférieure, Rochefort. Rue de Valois, n° 8 Assis auprès de l’illustre Lafayette et du vertueux Dupont de l’Eure, M. Audry a toujours voté avec eux ; c’est assez dire que tous ses votes ont été éminemment français. Lors de la discussion du budget il a demandé plusieurs réductions qu’il n’a pu obtenir ; mais la France ne lui en vouera pas moins de reconnaissance ; elle n’oubliera pas surtout que M. de Puyravault était inscrit le premier sur la liste des orateurs qui devaient appuyer la proposition du vénérable Labbey de Pompièrres [3]. (Rion, 1829)

AUDRY DE PUYRAVAULT, ex-député du département de la Charente-Inférieure, riche propriétaire. Honoré pour la première fois du choix des électeurs de Rochefort, il a pris place au côté gauche et a justifié, pendant les sessions de 1828 et 1829, l’opinion que ses commettants avaient de son caractère. Ses opinions sont très-prononcées pour la Charte. S’il n’a pas de grands talents oratoires, du moins il vote avec discernement, et marche toujours avec les constitutionnels. (bio des 221, 1830)

Antoine Bonnet de Lescure
Député de 1824 à 1827, né à Marvejols (Généralité de Montpellier, France), le 12 décembre 1777, mort à Breuillet (Charente-Inférieure) le 28 août 1849, il était ingénieur des constructions navales.
Membre du conseil général de la Lozère, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’honneur par la faveur du duc d’Angoulême (14 mars 1815), il se présenta, pour la première fois, aux élections à la Chambre des députés, le 28 janvier 1822, dans le 2e arrondissement de la Charente-Inférieure (Rochefort) ; mais il échoua avec 66 voix contre 162 accordées à son concurrent élu, Audry de Puyravault.
Bonnet de Lescure n’entra au Parlement que le 25 février 1824 ; il obtint alors 226 voix (323 votants, 370 inscrits), et fit partie jusqu’en 1827 de la majorité royaliste et ministérielle. Le 8 novembre 1824, il écrivait à son collègue Agier la lettre suivante : « J’ai écrit confidentiellement à M. le garde des sceaux. Je lui ai exposé ce que vous savez aussi bien que moi : combien il était difficile, dans ce département, d’obtenir des élections qui n’envoyassent pas du renfort au côté gauche. Le seul moyen de combattre ces dispositions fâcheuses, c’est d’accorder quelques grâces sur la demande des députés. Le tribunal de commerce s’intéresse à la conservation de Lesueur, (c’était un huissier qui avait été révoqué), il me l’a recommandé. On reconnaîtrait dans cette occasion l’utilité d’un député qui n’appartient pas à l’opposition, s’il obtenait du ministère une faveur qui est désirée par tous nos négociants. »
« S’il vote pour les ministres, écrivait à son sujet la Biographie des députés de la Chambre septennale, peut-être ne croit-il pas faire mal : et s’il est ministériel, peut-être encore ne l’est-il pas exprès ; car, s’il arrivait qu’il échappât à M. de Villèle comme membre du conseil général, ne serait-il pas rattrapé par M. de Chabrol comme ingénieur des constructions navales ? »
Aux élections de 1827, Bonnet de Lescure échoua avec 108 voix seulement contre 138 données au candidat libéral Audry de Puyravault ; il ne fut pas plus heureux le 23 juin 1830, contre le même concurrent.
Officier de la Légion d’honneur le 22 mai 1825. Maire de Rochefort de 1838 à 1843. (R & C)

BONNET DE LESCURE. Honnête ministériel : s’il vote pour les ministres, peut-être ne croit-il pas faire mal ; et s’il est ministériel, peut-être encore ne l’est-il pas exprès. M. Bonnet de Lescure est membre du conseil-général de son département, il est en même temps ingénieur des constructions navales, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’Honneur : comment pourrait-il donc ne pas voter avec les ministres ? car s’il arrivait qu’il échappât à M. de Villèle comme membre du conseil-général, ne serait-il pas rattrapé par M. de Chabrol [le ministre de la Marine] comme ingénieur des constructions navales ? (Massey de Tyronne, 1826)

BONNET de LESCURE. Nous mettons en fait qu’il devait, de toute nécessité, marcher sous les bannières du ministère ; car, admettez qu’il eût évité M. de Villèle, quoique membre du conseil-général de son département, comment aurait-il pu échapper à M. de Chabrol, comme ingénieur des constructions navales ? (Lagarde, 1826)

BONNET DE LESCURE. Honnête cumulard, membre du conseil-général de son département, ingénieur des constructions navales, chevalier de Saint-Louis, etc. Des gens dignes de foi lui ont affirmé qu’il était ministériel. (Raban, 1826)

Auguste, René, Elie de Saint-Légier
Député de 1824 à 1830, né à Saint-Ciers-du-Taillon (Généralité de La Rochelle, France) le 20 octobre 1782, mort à Saintes (Charente-inférieure) le 15 octobre 1852, propriétaire, lieutenant de louveterie, il fut élu député du 4e arrondissement électoral de la Charente-inférieure (Jonzac), le 25 février 1824, par 230 voix (245 votants, 283 inscrits), et fut réélu, le 17 novembre 1827, par 98 voix (181 votants, 243 inscrits), contre 75 à M. Duchâtel.
M. de Saint-Légier vota en indépendant, sans hostilité systématique contre les ministres, et rentra dans la vie privée aux élections de 1830.

SAINT-LÉGIER (le comte). Ce député n’est pas ministériel, dit-on ; en ce cas il mériterait d’être connu. (Lagarde, 1826)

SAINT-LÉGIER [le comte de]. M. le comte de Saint-Légier n’occupe aucune place, n’est chamarré d’aucun cordon, n’est surchargé d’aucune croix : tout porte donc à croire qu’il faut le décorer du titre d’indépendant. Il a été élu par le collége d’arrondissement de Jonsac. (Massey de Tyronne, 1826)

SAINT-LÉGIER [le comte de]. On le dit indépendant, ce qui est possible ; et très-ignoré, ce qui est certain. (Raban, 1826)

SAINT-LÉGIER (Le Comte de), Charente-Inférieure, arrondissement de Jonsac, est aujourd’hui aussi inconnu que lors de son entrée dans la Chambre septennale. Un biographe, notre confrère, l’a accusé d’être ministériel. Pour nous, qui ne voulons insulter personne, et qui n’avons jamais entendu l’honorable député parler, murmurer ni hurler, qui ne l’avons vu ni gesticuler ni voter, nous ajournerons notre décision jusqu’au moment où le représentant de Jonsac aura fait connaitre ses opinions d’une manière un peu plus officielle. (Bio, 1828)

SAINT-LEGIER (le comte de) [Charente-Inférieure], - côté droit (335) A fait partie de la chambre servile, mais il n’y a pas toujours voté en faveur des projets ministériels. Nous le croyons ami de nos institutions. (Dourille, 1829)

SAINT-LEGIER (le comte de), Charente-Inférieure, Jonsac. Rue Duphot, n° 1. (Centre droit). Membre de la chambre septennale en 1824, M. de Saint-Légier s’y fit peu remarquer. Il votait cependant dit-on avec la majorité. On assure qu’il vote encore avec la majorité de la nouvelle chambre. (Rion, 1829)

Pierre, Jacques, Nicolas, Gaspard de Chièvres
Député de 1824 à 1827, né à Aujac (Généralité de La Rochelle), le 18 mars 1769, mort à Rouen (Seine-Inférieure), le 19 juin 1831, il fit ses études à l’école militaire de Brienne.
Il se montra, lors de la Révolution, plein de zèle pour la cause de l’ancien régime, et servit dans l’armée de Condé. Au retour de l’émigration, Bonaparte, dont il avait été le camarade, le nomma percepteur des contributions directes à Rouen.
Il occupait encore cette situation, lorsqu’il fut élu, le 6 mars 1824, député de la Charente-Inférieure, par 131 voix sur 256 votants et 344 inscrits. Le ministère n’avait pas soutenu la candidature de M. de Chièvres. Il n’en vota pas moins le plus souvent, jusqu’à la fin de la législature, pour le cabinet. (R & C)

CHIÈVRES (de). Cet honorable a servi dans l’armée de Condé. Napoléon, dont il avait été le camarade de collège, lui donna une recette particulière à Rouen, qu’il a encore. M. de Chièvres est ultra-ministériel. (Lagarde, 1826)

CHIÈVRES [de]. M. de Chièvres a servi dans l’armée de Condé. Au retour de l’émigration, Buonaparte, dont il avait été le camarade à l’école de Brienne, lui donna une recette particulière à Rouen, qu’il conserve encore aujourd’hui. Ce qu’il y a de bizarre dans sa carrière représentative, c’est qu’il a été élu dans la Charente-Inférieure, presqu’en haine du ministère, qu’il paraît cependant assez bien disposé à servir. Quoique M. de Chièvres ayant occupé pendant vingt ans la même place, et sans se remuer pour son avancement, ne puisse être taxé d’ambition, on suppose qu’il ne serait pas fâché de pouvoir inscrire son nom près de celui des héros du syndicat. (Massey de Tyronne, 1826)

CHIÈVRES [de]. Il occupe, depuis vingt ans, une place que lui donna Napoléon, dont il avait été le camarade de collége ; mais il paraît qu’il commence à se lasser d’être toujours au même point, et il donne sa voix à M. de Villèle, dans l’espoir de monter en grade. (Raban, 1826)

Louis, Alexandre, Benjamin Green de Saint-Marsault
Député de 1824 à 1827, né à la Rochelle (Généralité de La Rochelle, France) le 6 mars 1768, mort à la Rochelle (Charente-Inférieure) le 28 janvier 1860, il émigra à la Révolution et servit à l’armée des princes.
Maréchal de camp à la Restauration, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’honneur, il fut élu, le 6 mars 1824, député du grand collège de la Charente-inférieure, par 187 voix (256 votants, 344 inscrits). Son dévouement à la politique de M. de Villèle lui valut d’ailleurs, sur une énergique réclamation de sa part, le cordon de commandeur de Saint-Louis.
Il quitta la vie parlementaire aux élections de 1827, et fut mis à la retraite, comme maréchal de camp, le 3 juin 1832. (R & C)

SAINT-MARSAULT (le comte Gréen de). M. de Saint-Marsault s’attendait à être récompensé de ses votes par le cordon rouge. Il l’a été seulement par le grade de lieutenant-général. M. de Saint-Marsault n’est pas encore content, aussi on assure que toutes les fois qu’il passe devant le banc des ministres pour se diriger vers l’urne qui enfante les lois, il jette un regard suppliant à M. de Villèle, et dit entre ses dents : le cordon, s’il vous plaît. (Lagarde, 1826)

SAINT-MARSAULT [le comte Gréen de]. Ce député avait laissé étrangler son indépendance avec le cordon, ou plutôt avec la promesse du cordon rouge. En l’alléchant de cette manière, on l’a tout doucement retenu sous le charme ministériel jusqu’à l’époque du sacre ; c’était le moment décisif. Il a fallu que le ministre s’expliquât. Mais on avait promis plus qu’on ne pouvait donner. M. Saint-Marsault a manqué le cordon. Grand tapage de la part du député trompé ; il va trouver le ministre ; il tempête, il crie.
M. de Villèle est obligé de faire fermer la fenêtre. M. de Saint-Marsault dit que c’est une indignité ; qu’il avait donné des arrhes ; il parle de se les faire rendre en justice ; il veut même qu’on lui rende ses boules. Le ministre a toutes les peines du monde à le calmer ; il lui fait entendre que tout ce qui est différé n’est pas perdu ; qu’il y a encore des cordons dans le monde. Cependant, M. de Saint-Marsault s’obstine à demeurer inconsolable ; et pour apaiser un peu sa douleur, on l’a nommé lieutenant-général, chevalier de la Légion-d’Honneur, et grand’croix de Saint-Louis. (Massey de Tyronne, 1826)

SAINT-MARSAULT [le comte Gréen de]. Quand on promet du bonbon aux enfans, ils crient jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent ; quand on promet un cordon à un ministériel, il crie jusqu’à ce qu’on le lui donne. Exemple : M. de Saint-Marsault. (Raban, 1826)

Jérôme De Lâage de Meux
Député de 1824 à 1827, né à Saintes (Généralité de La Rochelle), le 18 mai 1777, mort au Château-d’Oléron (Charente-Inférieure), le 15 octobre 1856, il appartint à l’armée et était lieutenant-colonel du génie lorsqu’il fut élu, le 6 mars 1824, député du collège de département de la Charente-Inférieure, par 185 voix (256 votants, 344 inscrits). Il soutint la politique de M. de Villèle. [Les auteurs reproduisent ici la notice de Massey de Tyronne lire ci-après. Il ne fit point partie d’autres législatures.
Une lettre de ce député, au ministre de la Guerre, datée de l’île d’Oléron, le 5 août 1825, et dans laquelle il demande une bourse au collège de la Flèche pour le fils d’un de ses électeurs, débute ainsi : « Monseigneur, je remplis un des devoirs devenus presque inhérents à la qualité de député, mais en même temps, je m’en acquitte auprès de Votre Excellence avec un sentiment de confiance auquel m’ont habitué vos bontés pour moi... etc. » Officier de la Légion d’honneur et chevalier de Saint-Louis. (R & C)

DELAAGE. M. Delaage n’ira pas loin, s’il continue à se montrer aussi indifférent. Il a dernièrement demandé un congé, comme si on accordait des congés à ceux qui garnissent les bancs où il siége. Il l’a toutefois obtenu, ce qui est d’un mauvais exemple pour ses amis du centre. Nous en prévenons les ministres à qui il importe que ces messieurs soient toujours là. (Lagarde, 1826)

DELAAGE, chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion-d’Honneur, colonel du génie.
Ce député monte rarement à la tribune : il a présenté, dans les deux dernières sessions, quelques amendemens dont aucun n’a été adopté. Dans la séance du 1er juillet 1824, il a demandé un congé qu’il n’a obtenu qu’à une très-faible majorité. C’est un ministériel timide. (Massey de Tyronne, 1826)

DELAAGE. Il s’absente souvent de la Chambre. On ne s’en aperçoit que par l’appel nominal. (Raban, 1826)

Charles, Jacques, Nicolas Duchatel
Député aux Cinq-Cents, de 1827 à 1833, et pair de France, né à Tinchebray (Généralité de Caen, France), le 29 mai 1751, mort à Mirambeau (Charente Inférieure) le 24 septembre 1844, il appartenait à une famille de vieille noblesse, et était directeur et receveur général des domaines du roi dans la généralité de Bordeaux, quand éclata la Révolution.
Lors de la réorganisation administrative de 1791, conservé comme directeur de l’enregistrement et des domaines du département de la Gironde, il fut, en 1793, arrêté comme suspect et incarcéré, réussit à s’évader, et fut, après le 9 thermidor, réintégré dans ses fonctions.
Il ne tarda pas cependant à quitter Bordeaux, comme justiciable de la loi de germinal qui éloignait les ex-nobles des villes maritimes, Il vécut dans la retraite à la campagne pendant quelques mois, fut nommé administrateur du département, et, le 25 vendémiaire an IV, fut élu député de la Gironde au Conseil des Cinq-Cents, par 233 voix sur 403 votants. Il prit part aux discussions de finances et de crédit public et fut l’auteur de la loi sur l’enregistrement du 22 frimaire an III ; il présenta sur les hypothèques, sur les domaines engagés, sur les postes et les messageries, des rapports qui font autorité et qui constituent autant de traités complets sur la matière.
Après le coup d’Etat de brumaire, il entra dans la régie de l’enregistrement et des domaines. Napoléon l’appela au Conseil d’Etat le 24 décembre 1799, et lui confia des missions administratives dans la 23e et la 7e divisions militaires. C’est d’après son rapport que fut décidée l’ouverture de la route du Simplon au pied du fameux rocher de Meillerie, sur le lac Léman.
En 1801, il fut nommé directeur général de l’enregistrement et des domaines, occupa ces importantes fonctions jusqu’au 16 juillet 1815, et fut créé comte de l’empire eu 1808.
Tombé en disgrâce sous la Restauration, il fut élu député, le 24 novembre 1827, au collège de département de la Charente-Inférieure, par 117 voix sur 220 votants et 283 inscrits. Huit jours auparavant, il avait échoué dans le 4e arrondissement électoral du même département avec 75 voix contre 98 données à l’élu, M. de Saint-Légier, député sortant. Il siégea au centre gauche, vota l’adresse des 221 et fut réélu, le 23 juin 1830, dans le 4e arrondissement électoral de son département, par 134 voix sur 204 votants et 238 inscrits, contre 68 voix à M. de Ségur.
Le collège de Jonzac lui renouvela son mandat, le 5 juillet 1831, par 267 voix sur 283 votants et 369 inscrits.
Le 25 janvier 1833, Louis-Philippe l’éleva à la pairie. Il était en grande faveur à la cour ; il siégea sur les bancs ministériels.
Membre de la Légion d’honneur du 9 vendémiaire an XII, commandeur du 25 prairial suivant, membre du comité de la grande Chancellerie de l’ordre en 1809, grand-officier le 30 juin 1811, grand-croix le 30 avril 1836. (R & C)

Les deux font la paire. (Proverbe.) DUCHATEL (Comte), Charente-Inférieure, Ministériel. On pouvait indifféremment laisser à son poste M. de Chièvres que remplace M. Duchatel, ou nommer M. Duchatel, successeur de M. de Chièvres. Le premier ne faisait pas grand bruit, le second n’en fera pas davantage ; l’un votait pour le ministère, l’autre votera pour M. de Villèle. Rien de perdu, rien de gagné ni pour les uns ni pour les autres. (Bio, 1828)

DUCHATEL (le comte), [Charente-Inférieure] — centre gauche. Cet honorable député, qu’une de nos biographies a qualifié de villéliste, est l’un des amis les plus sincères et les plus courageux des institutions nationales. C’est pour la première lois depuis la restauration que son nom se trouve sur la liste de nos législateurs. On doit à M. Duchâtel l’organisation de l’enregistrement et des domaines. De simple receveur d’un canton, il est parvenu à la direction générale de cette administration. Napoléon le nomma conseiller d’État, ensuite comte, grand officier de la légion d’honneur, etc. A la restauration il perdit sa place au grand regret de toutes les personnes qui avaient eu des rapports avec lui. Il a été rétabli depuis peu sur la liste des conseillers d’Etat honoraires. (Dourille, 1829)

DUCHATEL (le comte), Charente-Inférieure, La Rochelle. (Centre gauche.), Riche propriétaire de Saintonge, il a autrefois, comme administrateur, acquis des droits à l’estime publique. Dans la dernière session il s’est fait connaître par son dévouement à la cause nationale. (Rion, 1829)

DUCHATEL (le comte), conseiller d’État honoraire. D’abord simple receveur de canton, M. Duchâtel parvint par son mérite à la direction générale de l’administration des domaines dont on lui doit l’organisation. Napoléon reconnut ses utiles services en le nommant conseiller d’État, comte, grand officier de la Légion-d’Honneur. Il perdit à la restauration sa direction générale, mais il conserva le titre de conseiller d’État honoraire. Un biographe a donné à M. Duchâtel l’épithète de villéliste ; une biographie plus récente signale le même M. Duchâtel comme l’un des amis les plus sincères et les plus courageux des institutions nationales. Ces deux qualifications sont-elles identiques ou opposées ? et d’abord sont-elles justes l’une et l’autre ou l’une ou l’autre ? M. Duchâtel, député de la Charente-Inférieure, siégeant au centre gauche, a été élu en 1828 pour la première fois depuis la restauration.
Cet honorable député figure, dans le fameux dictionnaire, escorté de trois girouettes. (Bio des 221, 1830)

Moyse, André Gallot
député de 1827 à 1831, fils de Jean Gabriel Gallot qui fut député du tiers aux Etats-Généraux, né à Saint-Maurice-le-Girard (Généralité de Poitiers, France) le 30 novembre 1782, mort à Saint-Clément (Charente-Inférieure) le 14 décembre 1841, propriétaire à la Rochelle où il dirigeait une entreprise de roulage, il fut élu député, le 17 novembre 1827, par les libéraux du 1er arrondissement de la Charente-Inférieure (la Rochelle), avec 187 voix sur 283 votants et 338 inscrits, contre 85 à M. Fleuriau de Bellevue. Il fit partie de l’opposition constitutionnelle, fut des 221, et obtint sa réélection, le 23 juin 1830, par 234 voix (328 votants, 374 inscrits), contre 83 à M. Fleuriau de Bellevue.
Il prit part à l’établissement du gouvernement de Louis-Philippe, et quitta la vie politique en démissionnant le 31 janvier 1831. (R & C)

GALLOT (André), Charente-Inférieure, jouit dans son pays de l’estime générale, quoiqu’il n’ait pas le bonheur d’être ami de M. le comte Boscal de Réals. Il votera en faveur des intérêts nationaux, tandis que son prédécesseur, M. Bonnet de Lescure, s’est borné, pendant tout le cours de sa carrière législative, à défendre le budget de la marine avec une affection toute particulière, que ses fonctions de préfet maritime expliquaient sans l’excuser. La France aura gagné au change. (Bio, 1828)

GALLOT (André) [Charente-Inférieure], – côté gauche. Il a été appelé pour la première fois à la législature en 1827 par les électeurs constitutionnels de la Rochelle. Un citoyen de ce nom a siégé à l’assemblée nationale où il votait pour les intérêts populaires ; mais nous avons lieu de croire que ce n’est point le même. Le nouveau député est aussi un véritable ami de la liberté. (Dourille, 1829)

GALLOT (André), Charente-Inférieure, La Rochelle. Rue des Petits-Augustins. (Extrême gauche.) Ce riche négociant de Saintonge est venu prendre place au milieu des amis de la liberté, auxquels il a joint sa voix et son vote. M. Gallot a déjà réclamé plus d’économies en une session que son prédécesseur, M. Bonnet de Lescure, n’en avait désiré pendant le cours d’une longue carrière législative. (Rion, 1829)

GALLOT (André), propriétaire, n’avait jamais été député avent 1827 ; il dut son mandat aux électeurs constitutionnels de La Rochelle. M. Gallot fait partie du côté gauche, et ses votes répondent à la place qu’il a choisie ; ce n’est point un homme remuant, il marche avec la majorité des constitutionnels. C’est un riche propriétaire de marais salans, l’un des actionnaires du journal le Temps. (bio des 221, 1830)

Jean-Baptiste, Gabriel Béraud
Député de 1830 à 1831, né à Laleu (Généralité de La Rochelle, France), le 16 septembre 1772, mort à Laleu (Charente-Inférieure) le 11 février 1833, il était propriétaire à La Rochelle, ainsi qu’il résulte du procès-verbal de son élection à la Chambre des députés, le 3 juillet 1830, par le collège de département de la Charente-Inférieure, avec 141 voix sur 260 votants et 316 inscrits.
Il siégea obscurément à la Chambre dans la majorité qui prit part à la déclaration de la vacance du trône, à la déchéance de la branche aînée des Bourbons, à la révision de la Charte et à l’établissement, au profit de Louis-Philippe, de la royauté de Juillet. Il prêta (11 août) le serment au nouveau roi. (R & C)

Jean-Louis, Toussaint Minot
Député en 1830, né au Tallud (Généralité de Poitiers, France) le 29 mars 1772, mort à Saint-Pierre-de-l’Ile (Charente-Inférieure) le 8 février 1837, il fut admis à dix-sept ans dans l’administration des ponts et chaussées où il resta jusqu’au 15 avril 1789.
En 1791, il s’engagea comme volontaire au 1er bataillon des Deux-Sèvres, fut promu lieutenant le 26 septembre 1792, et capitaine trésorier le 25 mai 1793, fit campagne, pendant ces deux années, à l’armée du Nord, et reçut une blessure grave au siège de Valenciennes. Envoyé en Vendée en l’an II, il passa, le 9 nivôse an III, à la 112e demi-brigade qui faisait alors partie de l’armée de Sambre et Meuse, et fut fait prisonnier à Wurtzbourg le 3 fructidor an IV. Remis en liberté le 15 vendémiaire an V, il rejoignit son régiment, à l’armée d’Italie, assista à la capitulation de Mantoue et au passage du Tagliamento, et se distingua à Gradisca. Attaché ensuite à l’armée d’Egypte, il fut grièvement blessé à la bataille d’Heliopolis 19 mars 1800, devint aide de camp du général Silly le 1er vendémiaire an IX, fut encore blessé devant Alexandrie, dans l’attaque du camp anglais, et passa chef de bataillon le 7 floréal an IX.
Rentré en France la 1er nivôse an X, il fut envoyé au camp de Saint-Omer, puis promu major au 84e de ligne le 30 frimaire an XII, et nommé membre de la Légion d’honneur le 15 pluviôse de la même année. Attaché ensuite au camp d’Utrecht et provisoirement versé dans l’armée gallo-batave, il rejoignit lagrande armée en 1806, fit la campagne de Prusse, et devint colonel du régiment des Albanais au service de la France le 15 novembre 1807. Il exerça les fonctions de gouverneur de Corfou de 1808 à 1813, et reçut, cette dernière année, le grade de général de brigade. Commandant de la Charente-Inférieure le 23 juin 1814, il fut décoré de Saint-Louis par le roi Louis XVIII le 1er août suivant.
Pendant les Cent-Jours, il fit partie du 6e corps à l’armée du Nord. Mis en demi-solde par la seconde Restauration, il passa dans la disponibilité le 1er avril 1820, et fut mis à la retraite le 1er décembre 1824.
Peu favorable aux Bourbons, il fut élu, le 3 juillet 1830, député du collège de département de la Charente-Inférieure, par 149 voix (260 votants, 316 inscrits) ; mais il échoua dans le 3e collège du même département (Saint-Jean-d’Angely), le 5 juillet 1831, par 47 voix contre 204 à l’élu, M. de Beauséjour, 30 à M. Jouanneau et 29 à M. Saint-Blancard.
Remis en activité de service après les événements de 1830, il fut appelé au commandement militaire du département du Tarn le 17 mars 1831, fut nommé officier de la Légion d’honneur le 22 mars suivant, et fut admis définitivement à la retraite, comme maréchal de camp, le 7 juin 1834, conformément à l’ordonnance du 5 avril 1832. (R & C)


[1D’à peu près 20 %. Pour autant, le nombre d’électeurs paraît avoir été à peu près équivalent.

[2Disciple de Bernardin de Saint-Pierre et ami de Lamartine, Aimé-Martin fut l’un des deux secrétaires-rédacteurs des débats de 1815 à 1829.

[3Projet de résolution pour une mise en accusation du cabinet Villèle.

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