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Notice sur l’histoire de la citadelle de Brouage

mardi 25 mars 2008, par Jean-Claude, Pierre, 10835 visites.

Brouage : Le Port de la Brèche
Dessin de Jean-Claude Chambrelent

Port de mer aujourd’hui échoué en pleine terre, Brouage est un lieu symbolique. En 1841, au moment de la rédaction de cet article, « les maisons sont abandonnées, l’herbe croît dans les salles basses, les arbres sortent par les toitures, et s’inclinent, tordus par les vents, sur un vaste amas de ruines »

Source : Histoire des Villes de France - A. Guilbert – Paris - 1845 - Books Google

Brouage : échauguette d’angle
Dessin de Jean-Claude Chambrelent

Sur une plaine que le flot recouvrait deux fois par jour, tout près d’un canal qui prolongeait la route de la mer au milieu des marais salants, les navires qui allaient charger le sel déposaient sur le bord du canal les cailloux et les graviers de lestage. Peu à peu ces amas s’élevèrent au dessus du niveau des marais. Quelques colonies de matelots, de pêcheurs, de sauniers, vinrent se hasarder sur ces dépôts, qui avaient quatre-vingts pas de longueur. Telle fut l’origine de la ville de Brouage, qui devint dans la suite une des premières places fortes de l’ouest. Charles VIII, qui comprenait l’importance maritime de cette ville assise entre la Charente et la Seudre, voulut la fortifier. La Rochelle s’y opposa par esprit de rivalité (1495).

Après le combat de Saint-Sorlin que nous avons mentionné dans la notice précédente, Puytaillé s’empara de Brouage qu’il livra ensuite à son seigneur Jacques de Pons (1568). Celui ci l’entoura d’une palissade de pieux et lui donna le nom de Jacqueville qu’elle ne garda pas longtemps. Le capitaine huguenot René de Pontivy assiégea cette place, défendue par Coconas et fortifiée de nouveau par l’ingénieur Bellarmat Befano. Le vice-amiral Sore vint bloquer le canal avec la flotte rochellaise. Les opérations du siège furent dirigées par Scipion Vergano. Après une résistance désespérée, le capitaine Coconas capitula et se retira à Saintes (1570). En 1577, le duc de Mayenne mit le siège devant Brouage. Le prince de Condé, qui d’abord, par un compromis, ensuite de vive force, était parvenu à déposséder de cette place le baron de Mirambeau, héritier de la maison de Pons, en avait confié la garde au capitaine Manducage (1576-1577). Les lieutenants de Mayenne étaient Puyguillard et le colonel Strozzi. Le duc établit son quartier général à la Guillotière. Plusieurs mois après l’investissement de la ville, la tranchée fut ouverte, et une batterie de cinq canons foudroya la place en même temps que le bastion du Pas-de-Loup, ainsi nommé parce qu’autrefois les loups s’introduisaient par là dans les murs de Brouage. Les assiégés, quoique exténués de fatigue, déployèrent tant de bravoure et de constance, que le duc se vit réduit à leur accorder une capitulation honorable. La garnison sortit avec armes et bagages, tambour battant, enseignes déployées. Un parti de huguenots ne tarda point à se présenter devant la place ; mais Sainte Mesmes qui les commandait fut obligé de se retirer.

Après la prise de La Rochelle, le cardinal de Richelieu fit fortifier Brouage à grands frais par l’ingénieur d’Argencourt, afin d’y transporter l’artillerie et les munitions enlevées à toutes les places démantelées de la Saintonge et de l Aunis. On sculpta partout ses armoiries et il prit le titre de lieutenant général de Brouage (1628). A l’époque de la Fronde, le comte du Daugnion occupait cette forteresse avec quatre cents bandits qui pillaient les environs ; une flotte de quatorze vaisseaux et de sept galères fermait l’entrée du canal. Dans cette position, le comte traitait avec l’Espagne et l’Angleterre. Le cardinal Mazarin acheta sa soumission au prix d’un bâton de maréchal et de cinq cent mille écus (1652-1653). C’est à Brouage que, pendant la jeunesse de Louis XIV, fut exilée la belle Mancini ; « Vous pleurez, sire, » dit-elle au roi, avant de partir ; « vous êtes tout-puissant et je pars »

Aujourd’hui Brouage a encore une garnison, mais n’a plus d’habitants ; les fièvres endémiques et mortelles que les exhalaisons de ces marais promènent dans l’atmosphère, ont dispersé les anciens vassaux des sires de Pons ; les maisons sont abandonnées, l’herbe croît dans les salles basses, les arbres sortent par les toitures, et s’inclinent, tordus par les vents, sur un vaste amas de ruines [1].


[1Le Père Arcère, Histoire de La Rochelle - Massiou, Histoire de la Saintonge.

Messages

  • bonjour - dernièrement, j’ai visité Brouage, c’était ma première visite. Lorsque je suis monté sur les ramparts, j’ai été surpris de ne pas voir la mer. A l’époque, la mer venait elle jusqu’aux ramparts ? ou alors celle-ci était éloignée et on y venait par un chenal, la rivière ? Actuellement à combien se trouve t’elle ? j’ai lu que c’était un port très renommé de commerce et de guerre, il fallait alors un tirant d’eau important pour les gros navires. Cette question me ’ turlupine ’. J’ai apprécié cette visite, j’aime l’histoire de même que vos articles. Merci de votre réponse.

    • bonjour,

      Oui, Brouage a été un port de mer jusqu’au 18ème siècle, et la mer venait au pied de ses remparts. Un chenal reliait le port de Brouage à la pleine mer.

      Ce chenal est toujours visible, et on peut le suivre depuis la citadelle jusqu’à la mer. Aujourd’hui seuls des petits bateaux de pêche y circulent.

      Le chenal s’est progressivement comblé par les alluvions de la Seudre et du marais de Broue. La situation a empiré lorsque le cardinal de Richelieu a fait couler des navires à l’entrée du chenal pour neutraliser ce port pendant le siège de la Rochelle en 1627-28.

      Sur le site, plusieurs documents montrent cette situation de port de mer très actif, en particulier pour le transport du sel. Le sel des marais salants de Brouage était considéré comme le meilleur de France.

      Cordialement

    • Bonsoir,

      Avant tout, merci pour cet articulet particulièrement intéressant !!! Il aiguise ma curiosité et je m’empresse donc de vous adressez une petite question :

      Il est fait mention d’un bastion du « Pas-de-Loup » dans vos écris (vous cassez donc le mythe d’un Vauban « inventeur » de la fortification bastionnée ? Je vous en félicite !!!) ; or, l’enceinte actuelle de Brouage compte 7 bastions (plus un 8e construit par Ferry devant la porte d’Hiers…) et comme ils furent sans doute rebaptisés par la suite (étant données les « piètres performances » de l’artillerie d’alors, je vois mal un d’Argencourt ou un Ferry démanteler un tel édifice lors de leurs « interventions »…), je n’arrive pas à situer le dit bastion. Avez-vous une idée de son emplacement (Mer, St-Luc, Hiers, Richelieu, Brèche, Rivière, Havre ?) ?
      Avec tous mes remerciements

    • Je ne connais pas la réponse à votre question.

      Peut-être un visiteur passant par le Pas-de-Loup saura-t-il nous en dire plus.

      Cordialement

    • Bonjour je voudrais savoir quelle est l’activité principale de Brouage et pourquoi n’est-elle plus possible ?
      Répondez-moi vite svp c’est urgent !
      Merci beaucoup .
      Jasmine

    • Bonjour,

      Vous trouverez les éléments de réponse à votre question sur cette page : Brouage (17) par Louis-Etienne Arcère (1698-1782)

      Cordialement.

    • Situer la citadelle de brouage par rapport à la côte.
      A quelle époque a été construite cette ville
      Où était-elle situeé par rapport à la c^te à cette epoque.
      A quelle epoque a t-elle été construite
      Quelle était sa première activité. Pourquoi cette activité n’est plus possible aujourd’hui.

      J’aimerais des reponse courte et Compreansible

      Merci Lola

    • in "Les jeunes marins ou voyage d’un capitaine de vaisseau avec ses enfans sur les côtes et ports de mer de la France",1827, TOME TROISIEME , page 52.

      Il semblerait que ce ne soit pas le Cardinal de Richelieu qui ait fait obstruer le chenal mais les assiégés de La Rochelle !
      En effet Richelieu, lors du deuxiéme siége de La Rochelle, avait choisi Brouage pour arsenal militaire. C’est là que se préparaient les flotilles royales destinées à seconder les opérations des assiégeants.
      C’est donc en représailles pour l’assistance apportée à Richelieu que les Rochellois se résolurent de détruire le havre de Brouage.
      Vingt grandes chaloupes furent chargées de pierres et remorquées à l’entrée du chenal ; elles avaient été préalablement percées de manière à sombrer à la demande à l’endroit défini.

    • Samuel Champlain - Brouage et La Rochelle
      Documents inédits prochaînement (courant 1er trimestre 2013) sur l’environnement de Champlain à la Rochelle et Brouage
      (personnages : Guillaume et Joseph Allène à Brouage 1572-1584, la famille de Missy, Marguerite Le Roy, Charles Leber du Carlo ingénieur du roi à Brouage, Jacques de Pons de Mirambeau, ...)
      info : agcf.acadie-quebec@orange.fr
      bulletin périodique ISSN 1267-7957

  • Bonsoir,
    Je recherche l’année de l’ouverture de l’entrée de la porte coté forge de la citadelle de Brouage.
    Merci d’avance de votre réponse.
    Cordialement

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