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1547 - Les préparatifs du duel entre François de Vivonne et Guy Chabot de Jarnac
Une affaire d’honneur lavée dans le sang d’un combat à outrance - Le coup de Jarnac
mardi 24 mars 2009, par , 2175 visites.
Le duel fut préparé avec minutie par des hommes aguerris au combat. La liste des armes, véritable arsenal de guerre, envoyée par le sieur de Jarnac à la Chataigneraie, par l’intermédiaire de Bretagne, hérault d’armes du Roy laissait présager que l’issue du combat serait fatale pour l’un des combattants. L’enjeu était grand puisque le vaincu, reconnu comme parjure, outre la perte de son honneur, serait déchu des droits et privilèges attribués à la noblesse.
Source : Études historiques sur l’Angoumois - François Marvaud - Ed. Abel Cognasse - Angoulême - 1835
- Le duel de Guy Chabot de Jarnac et La Châtaigneraie
- Le "coup de Jarnac"
La source du conflit |
Lettre du Roi Henri II autorisant le combat, donnée à St Germain en Laye le 21 juin 1547
Henry, par la grâce de Dieu, Roy de France, à tous ceux qui ces présentes verront, salut.
« Comme ci-devant, Jean de Vivonne, seigneur de La Chataigneraie, et Guy-Chabot, sieur de Montlieu, seroient entrés en différend sur certaines paroles importantes et touchant grandement l’honneur de l’un et de l’austre ; lequel différend a esté, par ordonnance, mis en délibération devant les Princes estant près de ma personne, et nos très-chers et très-amés cousins, les sieurs de Montmorency, Connestable, les sieurs de Sédan et Saint-André maréchaux de France, et austres seigneurs, chevaliers, capitaines, et grands personnages, estant en mes suites, pour la justification de son honneur, lesquels, après avoir tout considéré, nous ont fait entendre que la cause et le différend estoient hors de preuve, au moyen de quoy la vérité n’en peut être sans l’innocence d’un d’eux justifié de son honneur par les armes. Sçavoir faisons que nous sommes protecteur des gentislhommes de nostre royaume ; désirant, pour cette cause que les advertissements dudict différend soyent entendus à la décharge d’iscelui d’entr’eux qu’il appartiendra ; et après avoir pris sur ce l’advis et conseil desdicts Princes et personnes âgées ci-dessus, avons permis et octroyé, permettons et octroyons par ces présentes, voulons et nous plaist pour vider entre ledict sieur de Vivonne, comme attaquant sur le différend, que dans quarante jours de la signification de ces présentes, ils se tiennent en personne là partout où nous serons, pour là en notre présence où d’isceux qu’à ce faire commettre, et se combattent l’un et l’austre à toute outrance, en champ clos ; et de faire preuve de leurs personnes, l’un en monstre de l’austre pour la satifaction d’iscelui auquel la victoire demeurera, sous peine d’estre représenté non noble, lui et sa postérité, à jamais privé de droits prédominants, privilesges et prérogatives dont jouissent et ont accoustumé de jouir les nobles de nostre royaume. Mes présentes permissions, vouloir et intention ils entretiennent, gardant et observant, faisant garder, entretenir et obtenir et observer de point en point, sans aulcunement les frauder ; car s’il est nostre plaisir : en témoignage de ce, nous avons signé ces présentes de nostre main, et à iscelles fait mettre et apposer notre scel ».
Signé Henry
Scellée en placard de cire rouge du scel de France.
La réponse de Guy Chabot
A la suite de quoi Chabot répondit au Roi Henri II :
« Je remercie le Roy très humblement de l’honneur qu’il lui plaist me faire, s’il faut que par une tierce personne presvenu il ait esté, j’ai présenté à Sa Majesté austre chose qui a déshonneur d’un homme de bien, ce dont je me justifierai, ni épargnerai ma vie ; acceptant la patente et le cartel du bon plaisir du Roy avecque intention de ne mettre en rien préjudice à mes droits et choses de querelles ».
Le liste des armes envoyées par le Sieur de Jarnac à la Chataigneraie en vue du combat du 10 juillet 1547.
« Jean Vivonne, pourvoyez-vous d’un coursier, d’un turc, d’un genet et d’un courtauld.
Item, pour armes de vostre coursier, d’une scelle de guerre, d’une scelle de jouste, et d’un scelle qui soit à deux doigts de haut et l’arçon de devant ; mais qu’elle ait deux bourrelets derrière, et d’une scelle qui n’ait point d’arçon derrière.
Item, que les deux chevaux soyent fournis des scelles spécifiées comme l’on dit au davantage, une scelle à la genette et une à la cacimard, et le turc ; une scelle à la turcoise et une scelle à la françoise, avecque deux doigts d’arçon derrière, et l’arçon bas devant.
Item, que le courtauld ait davantage une scelle à la françoise et une austre scelle sans arçon derrière et sans banches derirère ; mais l’arçon devant avecque la rencontre à demi-cuisse.
Item, que lesdicts chevaux se puissent armer avecque bardes d’armes de toutes pièces, comme chamfrein de fer, poitrine de fer, foucart de courpieds de fer, un chamfrein atourné de fer.
Item, que pour les quatre chevaux soyent pourvus d’armes de toutes pièces de bardes de cuir et de caparaçon de maille, et les reiniers couverts de lames, et les mettre au point comme si vous vouliez entrer au jour d’une bataille, et vous en pourvoyant avecque telles armes que vous pourrez combattre en jouste.
Item, vous pourvoyez d’armes de toutes les pièces qu’il faut armer un homme d’armes, aux pièces doubles et simples des jointes et sans jointes.
Item, d’un harnais à la lègue de toutes pièces.
Item, de toutes sortes d’armes de maille qui se peuvent porter.
Item, d’une épée, d’une salade à la gonette.
Item, d’un targle à l’albanoise et du bouclier étargé, de toutes sortes que l’on se puisse aider à pied et à cheval.
Item, de toutes sortes de gants de fer, de maille, de lames d’acier.
Tant des doigts que du demeurant de la main, de prise et sans prise.
Item, de vos armes, vous et vos chevaux, de toutes sortes de façons qu’il est possible qui sont accoustumées en guerre, jouste, en débat et en champ clos ».
Item, des armes qui ne sont accoustumées en guerre, en jouste, en débat et en champ clos. Je les porterai toujours pour vous et pour moi, me réservant toujours de croistre ou diminuer, de clouer ou déclouer, d’oster ou mettre dedans le camp à mon plaisir, ou de mettre et chemise, ou mains, selon qu’il me semblera.
Fait à Paris le 16ème jour de juin, l’an 1547.