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1694 - Chirac (Pierre), médecin : à Rochefort, il soigne la fièvre jaune et la petite vérole

mercredi 10 septembre 2008, par Pierre, 2001 visites.

Pierre Chirac, célèbre médecin du XVIIe siècle, est plus connu pour ses ambitions personnelles que pour ses apports à la science médicale (mais les avis semblent partagés à ce sujet). La fièvre jaune (ou le typhus ?) faisait des ravages à Rochefort, ville construite au milieu des marais de l’embouchure de la Charente.

En savoir plus sur Pierre Chirac.

A Rochefort, Chirac soigne la petite vérole par la saignée du pied.

Sources diverses.

La France était désolée par la disette, lorsque Chirac se rendit à Rochefort en 1694. Cette ville, située sur la Charente, est, dit-il, préservée du vent du nord par une élévation considérable et par un bois ; au levant est une grande prairie que la rivière inonde presque chaque année, et sur laquelle il reste, à la marée basse, dans l’été, une eau limoneuse d’où s’exhale une odeur infecte, qui se fait sentir jusque dans le port, surtout le soir.

Lors de l’arrivée de Chirac dans cette ville, il y régnait une rougeole et une variole très-meurtrières, auxquelles succédèrent des fièvres double-tierces subintrantes, puis des fièvres malignes, et enfin des fièvres pestilentielles.

Chirac attribua le développement de ces fièvres à l’élévation de la température après un hiver doux, aux exhalaisons marécageuses, développées sous l’influence d’un soleil ardent et du vent du midi, aux chagrins, aux alarmes et au mauvais régime inséparables de l’état de guerre, à l’usage des vins acides ; du pain fait avec du blé niellé ou altéré, et enfin à la disette.

Dès que les fièvres malignes parurent, la mortalité, qui était déjà considérable, augmenta ; elles durèrent jusqu’au mois de juin. La maladie commençait par un grand frisson ou un froid glacial, une douleur ou une pesanteur de tête, une lassitude et un abattement de forces extraordinaire. Le pouls se faisait à peine sentir dans le froid, tant il était petit et enfoncé. A ces premiers symptômes se joignaient des nausées et un vomissement presque continuel, puis une diarrhée de matières séreuses ou bigarrées de plusieurs sortes de couleurs, de jaune, de vert, de café et de noir. Ces évacuations devenaient très-souvent sanglantes. Le pouls se relevait très-difficilement ; les malades ne se réchauffaient qu’à peine, et ne revenaient point à leur chaleur naturelle pendant les deux premiers jours. Quelques-uns même moururent le deuxième ou le troisième jour, dans le froid, sans avoir pu se réchauffer. En général, le pouls brillait peu jusqu’au quatrième jour, époque à laquelle il devenait naturel ou très-fréquent et très-faible, et restait tel jusqu’à la fin de la maladie. Des taches pourprées commençaient à paraître chez quelques-uns le quatrième jour, chez d’autres les jours suivons. Il y avait des redouble- mens tous les jours sur le soir. Du quatrième au cinquième jour, les malades tombaient dans des rêveries, ou dans un assoupissement qui durait jusqu’à la fin de la maladie. L’urine demeurait claire et ombrée jusqu’au quatrième jour, et ne commençait à devenir rouge et d’une couleur foncée que lorsque la circulation s’accélérait ; elle était peu abondante et déposait un sédiment briqueté ; parfois elle se supprimait du sixième au septième, ou du dixième au onzième jour. Le ventre se tendait souvent, l’hypocondre droit était tendu et très-douloureux. Des sueurs se manifestaient le septième, le onzième et le quatorzième jour. Plusieurs malades saignèrent au nez.

Le plus grand nombre périssait ordinairement après le septième jour ; plusieurs moururent le septième ; chez ceux qui guérirent, la maladie se prolongea jusqu’au quatorzième, au dix-huitième ou même au vingt-unième jour.

A l’ouverture des cadavres on trouva toujours le cerveau engorgé de sang d’un rouge foncé, ou livide dans toute sa substance ; le foie pareillement enflammé et engorgé de sang ; l’estomac et les intestins rouges, enflammés et parsemés de taches livides. Les ventricules du cœur et la veine cave contenaient du sang plus ou moins caillé ; toutes les ramifications de la veine porte étaient très-apparentes et remplies de grumeaux de sang. Dans plusieurs cadavres, une sérosité sanieuse était répandue entre les membranes du cerveau et dans l’abdomen.

Chirac crut devoir donner à ces fièvres le nom de disposition inflammatoire des viscères, ou à l’inflammation du cerveau ; mais il mêlait à cela des idées erronées sur l’épaississement du sang [1].

Source : Pyrétologie physiologique ; ou, Traité des fièvres considérées dans l’esprit de la nouvelle doctrine médicale - François Gabriel Boisseau – Paris – 1831 – Books Google

 Typhus, peste ou fièvre jaune ? - Chirac est atteint et guérit

L’historien du célèbre médecin Chirac rapporte : « Qu’au commencement de l’été de 1694, il y eut, à Rochefort, une maladie épidémique qu’on appelle de Siam, et qu’on prit d’abord pour la peste. Elle était, dit-il, beaucoup plus cruelle que la dysenterie épidémique dont l’armée française avait été attaquée, l’année précédente, au siège de Rose, et dont le désastre avait donné occasion au docteur Chirac de se distinguer. L’intendant de Rochefort, ayant appris cette dernière circonstance, demanda au Roi le secours du même médecin contre cette maladie, nouvelle dans nos climats, et effrayante par son seul spectacle. Chirac crut qu’on ne parviendrait à trouver des ressources contre ce mal inconnu, que par le seul moyen de l’ouverture des cadavres y et il fit l’autopsie de plus de 500 ; il prédit qu’il ne pouvait manquer d’être atteint lui-même par l’épidémie ; et, dans cette idée, il fit un mémoire sur la manière dont il voulait être traité, selon les différens accidens dont la maladie est susceptible. Il chargea de l’exécution un chirurgien en qui il avait confiance, et il pria instamment l’intendant Begon de ne point permettre qu’aucun antre s’en mêlât. Il fut, en effet, attaqué de la contagion, comme il l’avait prévu ; on le traita selon ses dispositions et ses ordres, et il guérit. Il lui resta seulement, ajoute son historien, la suite ordinaire de ce mal, c’est-à-dire, une jaunisse. Toutefois, sa convalescence fut très-longue [2]. »

Le silence singulier, qu’on a gardé sur ce fait important, m’oblige à corroborer son récit par le texte de l’ouvrage du docteur Chirac lui-même, où l’on trouve l’énonciation la plus claire et la plus complète des symptômes de la fièvre jaune [3]. « Ce fut, dit-il, à la fin du mois de juin que la fièvre maligne, qui éclata à Rochefort, commença à régner dans cette ville. Il n’y avait alors aucune autre épidémie (p. 11). Elle fit de grands ravages dès son début ; cependant étant devenue pestilentielle, elle fut encore beaucoup plus meurtrière pendant les mois de juillet et d’août. Il périt les deux tiers de ceux qui en furent attaqués. Les symptômes furent : une douleur et pesanteur de tête, une lassitude et un abattement de force extraordinaire, pouls petit, nausées, vomissemens presque constans …

Chirac reconnut que la maladie était pestilentielle, c’est-à-dire contagieuse ; et les caractères sous lesquels elle se montra à son observation, ne permettent pas d’élever le moindre doute sur son identité avec la fièvre jaune. Cette identité trouve une nouvelle preuve dans la description du mal de Siam, que le même auteur a donnée dans un autre ouvrage.

Source : Monographie historique et médicale de la fièvre jaune des Antilles et recherches physiologiques sur les lois du développement et de la propagation de cette maladie pestilentielle - Alexandre Moreau de Jonnès – Paris – 1820 – Books Google

 A Rochefort, Chirac soigne la petite vérole par la saignée du pied

VEROLE (PETITE). Mr. Lemery emploie avec succès un Bain d’Eau chaude à faire sortir une petite Vérole. H. 1711. p. 30. — p. 38. Raison de la Saigné du pied dans la Petite Vérole. H. 1711. p. 29, & suiv. — p. 40, & suiv. Extrait du Livre de Mr. Helvetius : idée générale de l’Oeconomie Animale , & Observations sur la Petite Vérole. H. 1722. p. 29, & suiv. — p. 41, & suiv. Heureux succès de la Saignée du pied dans cette Maladie, ordonnée par Mr. Chirac à Rochefort, malgré les clameurs qui s’élevoient de toutes parts contre cette pratique. H. 1732. p. 122. — p. 172, 173.

Source : Table générale des matières contenues dans l’Histoire et les Mémoires de l’Académie royale des sciences de Paris, depuis l’année 1699 jusques en 1734 inclusivement - De Fontenelle – Amsterdam – 1741 - Books Google

(H suivi de l’année renvoie au tome de l’année - Cette collection est en ligne sur le site de la BNF)

Ce fut pendant ce séjour de Rochefort, où, il traita beaucoup de petites Véroles, qu’il découvrit que dans ceux qui en étoient morts il y avoit inflammation de Cerveau. Il eût donc fallu les saigner pour la prévenir, & même saigner du pied pour faire une diversion, ou révulsion du sang en embas. Mais saigner dans la petite Vérole ! saigner du pied, sur-tout des Hommes ! quelle étrange pratique ! n’en meurt-on pas toujours ? Et en effet la saignée du pied dans les Hommes étoit presque toujours suivie de la mort, parce qu’on n’y avoit recours que trop tard, & dans les cas désespérés. Un violent préjugé sur ce sujet bien établi, bien enraciné chés le peuple, ne l’étoit pas moins çhés les Médecins, qui de plus ne se vouloient pas laisser renvoyer à l’Ecole. Ils ne l’accusoient que d’ignorance, ou de témérité, tandis que le peuple l’accusoit d’un dessein formé contre les jours du Genre humain. Il soutint courageusement sa Pratique, malgré les clameurs qui s’élevoient de toutes parts ; ses Malades guérissoient, les autres mouroient, du moins en beaucoup plus grand nombre, & il n’étoit encore guère justifié.

Source : Mémoires de l’Académie royale des sciences de Paris - Année 1732 - BNF Gallica


[1Pierre Chirac - Traité des Fièvres malignes, des Fièvres pestilentielles et autres - Paris, 1742, in-12, I.

[2Vie de Chirac , en tête de l’ouvrage de ce médecin, intitulé : Dissertations et Consultations médicinales. Paris 1744. Trois vol. in-8 ; tome 1 .p, 55, 58.

[3Traité des Fièvres malignes et pestilentielles, par Chirac. Paris, 1742 ; in-8.

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