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1738 - 1814 - Joseph-Ignace Guillotin : biographie historique d’une figure saintaise

lundi 23 février 2009, par Pierre, 35774 visites.

Né à Saintes le 28 mai 1738, Joseph-Ignace Guillotin est, à tort, considéré comme l’inventeur du sinistre instrument qui lui a emprunté son nom. Dure réputation à supporter pour un docteur humaniste. Sa biographie complète, dans une étude de E.-J. Guérin, publiée dans "Le Pays d’Ouest" en 1912.

Source : Figures saintaises : Le Docteur Joseph-Ignace Guillotin - Edmond-Jean Guérin - dans Le Pays d’Ouest - Juillet-octobre 1912 - Collection personnelle.

 Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, figure Saintaise

Le 26 mars 1814, quatre jours avant l’entrée des alliés dans Paris à la suite delà capitulation des maréchaux Marmont et Mortier, un vieillard, brisé par l’âge, usé par les douleurs morales qui le minaient sourdement, rendait, à trois heures du soir, le dernier soupir dans une maison portant le numéro 333 de la rue Saint-Honoré, quartier des Tuileries, et le même jour, sur la déclaration à lui faite par les sieurs Joseph-Raimond Plassan, imprimeur, âgé de 31 ans, rue de Vaugirard, n° 17, neveu du défunt, et Augustin-Pierre Rousseau, ecclésiastique, âgé de 53 ans, rue du Foin-Saint-Jacques, n° 18, l’adjoint au maire du premier arrondissement de Paris, faisant les fonctions d’officier de l’état-civil, M. Antoine-Charles Roze, dressait l’acte de décès de « Joseph-Ignace Guillotin, docteur en médecine, âgé de près de 76 ans, né à Saintes, département de la Charente-Inférieure, marié à dame Marie-Louise Saugrain » [1].

Guillotin ! Ce nom sonne lugubrement à l’oreille, car il a servi à désigner le terrible instrument de supplice dont l’accroissement de la criminalité rend malheureusement, plus que jamais, le maintien nécessaire. Et cependant ce nom, qui fait surgir soudain, devant nos yeux, la rouge vision de l’infâme machine avec son ignoble panier sanglant, devrait être, au contraire, un symbole de noblesse et de bonté de cœur, parce que celui qui le porta fut un grand citoyen, un vrai libéral, un philanthrope dans la meilleure acception du mot. Aussi l’étude que nous consacrons à notre concitoyen a-t-elle pour but d’abolir définitivement la légende qui fait de lui l’inventeur de ce moderne engin de destruction, et d’être ici un écho des éloges qu’il mérite à tant d’égards ?

I. — C’est le 28 mai 1738, à 11 heures et demie du soir, que Joseph-Ignace Guillotin vint au monde au domicile de ses parents situé à Saintes, rue et paroisse Saint-Pierre (1).

La maison, où est né Guillotin et qui porte le n° 2 de cette rue, appartenait au père de Guillotin, lequel la légua à ce dernier par testament mystique en date du 27 janvier 1776, déposé au rang des minutes de Pasquier, notaire à Saintes, le i3 avril 1778. Le docteur Guillotin la vendit à François Fabvre, marchand, suivant contrat, passé devant Bigot, notaire royal à Saintes, le 28 octobre 1783. Cet immeuble, après diverses mutations, est aujourd’hui [NDLR en 1912] la propriété de Mme Jeanne-Anatolie Massiou, épouse de M. Charles Parat, sous-intendant militaire à Verdun (Meuse), auparavant à Périgueux et se trouve occupé, en qualité de locataire, par M. Emile Larmat, libraire.

Il était le neuvième enfant de « M. Me Joseph-Alexandre Guillotin, conseiller du roi, avocat en la Cour, élu en l’élection principale de cette ville, et de demoiselle Catherine-Agathe Martin », (dont le père était Pierre Martin, juge sénéchal de Saint-Denis (Ile d’Oléron) (2).

La famille de Guillotin, qui parait être originaire de Dolus (île d’Oléron), était ancienne et fort honorable. Elle était apparentée aux Guillotin de Fougère, aux Guillotin de la Martière, aux Guillotin des Gonthières. A cette dernière branche se rattache M. Louis-Evariste Vignier, beau-père de M. Georges-Eusèbe Genet, sénateur de la Charente-Inférieure, maire de Saintes. Le père de M. Evariste Vignier, Louis-Pierre-Simon-Nicolas Vignier, né en 1787, mort le 16 août 1854, officier de marine, puis propriétaire à la Clairesière, commune de Saint-Denis d’Oléron, avait, en effet, épousé Marie-Adélaïde Guillotin, fille de Jean-Louis Guillotin, des Gonthières, officier de la Légion d’honneur, capitaine de vaisseaux, chef de la marine au port de Rochefort de 1800 à 1807, qui commanda la frégate la Franchise dans l’expédition du général Humbert en Irlande (1798), et de Marie-Angélique Guillotin, sa cousine, qu’il avait épousée le 28 janvier 1798 (Revue de Saintonge et d’Aunis du 1er juillet 1900, pages 260-263).

On manque de détails sur les premières années d’Ignace Guillotin. On sait seulement qu’après avoir été un élève studieux et même distingué au Collège de sa cité natale, il alla achever ses études scolaires à Bordeaux, où ses humanités finies, il soutint brillamment, le 11 décembre 1761, au collège d’Aquitaine, une thèse à la suite de laquelle il obtint le grade de maître ès-arts à l’Université de Bordeaux. Il entra d’abord au noviciat des jésuites, reçut le 4 avril 1756, dimanche de la Passion, en qualité de membre de cette Société, la tonsure et les quatre ordres mineurs, dans la chapelle du palais archiépiscopal et des mains de Mgr Louis-Jacques d’Audibert de Lussan, archevêque de Bordeaux et primat d’Aquitaine. Il professa quelque temps, dans cette ville, à leur collège des Irlandais. Mais l’indépendance naturelle de son caractère le détermina à se retirer bientôt de cet ordre fameux, qui imposait l’obéissance passive à chacun de ses membres, perinde ac cadaver. Il alla ensuite à Paris, au commencement de l’année 1763, résolu à se consacrer à l’étude de la médecine, profession pour laquelle il se sentait de la vocation. Il put donner suite à ses projets grâce à une pension de 800 livres par an, que, pendant plusieurs années, lui servit son père, qui n’avait pourtant qu’une modeste aisance et de lourdes charges de famille.

Joseph-Alexandre Guillotin avait eu treize enfants, filles ou garçons, de son mariage avec Catherine-Agathe Martin, dont trois seulement survécurent à leurs parents : i° Ignace-Alexandre Guillotin, avocat au Parlement de Bordeaux ; 2° le Docteur Joseph-Ignace Guillotin, qui nous intéresse ; 3° Marie-Marguerite-Monique-Agathe Guillotin, devenue le 26 janvier 1780, épouse de messire Jean-François de la Charlonnie, écuyer, garde du corps, capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, demeurant à Villars-Marange, paroisse de Mérignac, en Angoumois (Contrat de mariage devant Pasquier, notaire royal à Saintes du 13 janvier 1780. Etude de M" Laferriére).

Elève favori du célèbre Antoine Petit, aussi habile praticien que bon professeur, Guillotin se fit remarquer par son assiduité aux cours et ses rapides progrès. Il se fit recevoir d’abord docteur en médecine à Reims le 7 janvier 1768, puis, de retour dans la capitale, grâce à un labeur acharné, on le vit, le 27 février suivant, remporter dans un concours solennel, le prix annuel qu’un ancien régent des écoles, Jean de Diest, avait fondé au profit d’un élève dénué de fortune, et à la suite duquel il fut proclamé « pupille delà Faculté de Médecine de Paris », avec dispense de tous les droits attachés à l’obtention des grades (Registres de la Faculté de Médecine de Paris, tome XXIII, page 203.).

Infatigable, Guillotin, le 26 octobre 1770, passait avec succès l’examen de docteur en médecine de cette même Faculté, devant une commission présidée par Poissonnier, ensuite de docteur-régent, suprême dignité médicale à cette époque, et était chargé de la chaire d’anatomie,.physiologie et pathologie. Ses talents et ses connaissances le firent attacher, comme médecin, à la personne de Monsieur, frère du roi, et lui valurent, en 1784, l’insigne honneur de faire partie, avec Franklin, Lavoisier, Bailly,Le Roy, de l’Académie des sciences, Laurent de Jussieu, de la Société royale de médecine, de la commission nommée par le gouvernement, pour étudier les phénomènes du magnétisme animal, introduit en France par Mesmer, vers 1779, et propagé à Paris par son disciple Deslon, docteur-régent de la Faculté de Paris et médecin ordinaire du Comte d’Artois. Ce fut, dit-on, Guillotin qui, par d’ingénieuses épreuves, contribua à discréditer le mesmérisme et à le faire condamner par la commission dans un rapport dû à la plume de Bailly, son secrétaire ».

La mission, dont il venait d’être chargé par Louis XVI. ne fit certainement qu’accroître la réputation, déjà grande, qu’il s’était acquise comme médecin et comme savant, et dût faciliter singulièrement le mariage qu’il contracta, le 17 juillet 1787, à Paris, en l’église de la paroisse Saint-Victor, avec Marie-Louise Saugrain, fille d’Antoine-Claude Saugrain, maître libraire, et de Marie Brunet, son épouse.

Le père de Madame Guillotin, Antoine-Claude Saugrain appartenait à une très ancienne famille d’imprimeurs et de libraires français, remontant à Jean Saugrain (15i8-1586) premier imprimeur du roi à Lyon en 1568. De son mariage avec Marie Brunet il avait eu :
- a. Marie-Thérèse Saugrain, épouse de Pierre-Plassan, imprimeur-libraire à Paris ;
- b. Marie-Louise Saugrain, épouse du Dr Guillotin, laquelle, élève de Moreau le jeune, obtint une certaine notoriété comme graveur sous le nom d’Elise Saugrain et mourut sans postérité en 1832 ;
- c. Claude-Marin Saugrain, marié à Louise-Josèphe Chalgrin, fille de Th. Chalgrin, architecte du roi, et de son épouse Emilie Vernet, sœur de Carie Vernet ;
- d. Angélique-Thérèse Saugrain, qui épousa le beau-frère de Bernardin de Saint-Pierre, Henry Didot, typographe distingué, de la famille du célèbre imprimeur de ce nom ;
- e. Antoine-François Saugrain, dit de Vigny, qui alla s’établir comme médecin à la Louisiane.

Nous devons ces renseignements à l’un des membres de la famille Saugrain, M. H. Delaroche-Vernet, premier secrétaire d’ambassade, petit-fils de Paul Delaroche et arrière-petit-fils d’Horace Vernet, les deux célèbres peintres. (Consulter la Généalogie de la famille des Saugrain, libraires depuis 1518 jusqu’à présent, par Joseph Saugrain. Paris, 1736, de l’Imprimerie de Pierre Prault, et Recherches généalogiques sur Horace Vernet, Paul Delaroche et leur famille par Horace Delaroche-Vernet. Paris, Imprimerie Nationale, 1907.

II — Imbu des idées philosophiques nouvelles, alors si fort à la mode, Guillotin s’était, depuis longtemps déjà [2], affilié à la franc-maçonnerie, apportée à Paris dès 1725 par lord Derwent-Waters, et s’était fait admettre à la loge des Neuf Sœurs, fondée par l’astronome Lalande, et qui comptait dans son sein des savants, tels que Benjamin Franklin, Bailly, Buiîon, Lacepède, Cabanis, Monge, Montgolfier, l’aéronaute Pilastre du Rozier, des poètes et des littérateurs comme l’abbé Delille, Parny, Roucher, Berquin, La Harpe, Florian, Marmontel, les philosophes Voltaire, Hélvétius, etc., Elie de Beaumont, le défenseur des Calas, le président Du Paty, auteur des « Lettres sur l’Italie », les peintres Greuze et Vernet, le sculpteur Houdon, le duc d’Orléans (Philippe Egalité), le duc de Chartres (Le futur roi Louis-Philippe 1er), Louis XVI et même un illuminé comme Saint-Martin, le Philosophe Inconnu, et un charlatan comme Joseph Balsamo, dit le comte de Cagliostro, cet aventurier italien, qui fut implique, en 1785, avec le Cardinal de Rohan, dans la ténébreuse affaire du Collier de la Reine [3].

Malgré ses aspirations à une ère nouvelle, qui donnerait à son pays plus de justice et de liberté, Guillotin ne s’était pas jusqu’alors occupé de politique et s’adonnait, tout entier, à la pratique de l’art médical, lorsque l’arrêt du Conseil du Roi du 5 juillet 1788, vint ordonner la convocation des Etats-Généraux, et dans son article 8, inviter tous les savants et les hommes éclairés du royaume à adresser au Garde des Sceaux (Chrétien-François de Lamoignon-Malesherbes), leurs idées sur l’organisation de cette assemblée, qui n’avait pas été réunie depuis 1614.

Guillotin, né avec une âme ardente, animé de ce patriotisme, qui, à ce moment-là, échauffait tous les esprits, n’hésita pas à s’occuper d’une question, alors si passionnante, et composa, le 8 décembre 1788, un écrit intitulé : Pétition des citoyens domiciliés à Paris, où il réclamait, entr’autres choses :
- 1° Que le nombre des représentants du Tiers-Etat fut au moins égal au nombre total des représentants réunis des deux autres ordres ;
- 2° Que dans tous les votes, les voix fussent comptées par tête ;
- 3° Que les députés du Tiers ne pussent être choisis que dans cet ordre et jamais parmi les membres du Clergé ou de la Noblesse ;
- 4° Que ces mêmes députés fussent en proportion du nombre des représentés [4].

Les Six Corps [5] adoptèrent unanimement, par délibération du 10 décembre 1788, la Pétition des Domiciliés, la firent tirer sur les presses de leur imprimeur Clousier, à plusieurs milliers d’exemplaires, dont beaucoup furent distribués, le 16 du même mois, « par la voie de la petite poste », et, firent déposer, une copie de la pétition chez tous les notaires de Paris pour que chaque citoyen pût y adhérer par sa signature. La hardiesse des principes, qui y étaient professés, fit déférer cet écrit au Parlement le 17 décembre 1788, et mander son auteur à la barre de cette haute juridiction. Guillotin se défendit habilement, aussi, après un réquisitoire de l’Avocat du Roi, Antoine Séguier, et un rapport du Conseiller, Adrien-Louis Lefebvre, fut-il donné acte verbalement à notre concitoyen que les magistrats ne trouvaient rien de repréhensible dans son ouvrage, néanmoins le Parlement rendit, le 19 dudit mois de décembre, un arrêt faisant défense aux Gardes [6] des Six-Corps et à tous ordres de répandre, à l’avenir, dans le public, de pareils écrits, et aux notaires de les recevoir, et, enjoignant à ces derniers de remettre, dans le jour, au Greffe de la Cour, les exemplaires détenus par chacun d’eux [7]. Cet arrêt souleva des clameurs hostiles contre ceux qui venaient de le prononcer et ne fit qu’augmenter la popularité de Guillotin, qui, à la sortie de l’audience, fut acclamé, couronné de fleurs et reconduit en triomphe à son domicile rue Croix-des-Petits-Champs, numéro 55 (Hôtel de Gesvres). A la suite de cette ovation, le docteur, considéré, à juste titre, comme l’un des « Amis du Peuple », fut nommé électeur de Paris intra muros, puis l’un des secrétaires de l’assemblée électorale, réunie, le 26 avril 1789, dans la grande salle de l’Archevêché, sous la présidence de l’avocat Target, de l’Académie Française, fut le lendemain, chargé de la rédaction des cahiers du Tiers avec Marmontel, Lacretelle, Bailly, l’avocat Camus, Vauvilliers, de l’Académie des Belles-Lettres, professeur au Collège de France et helléniste distingué ; et trente autres commissaires, et enfin, le premier mai suivant, fut élu le dixième député titulaire de la Ville de Paris par 143 voix sur 273 votants, contre 118 suffrages, obtenus par Berthereau, procureur au Châtelet [8].

III. — Guillotin, devenu législateur, ne fut pas certes un orateur, un tribun comme Mirabeau, Vergnaud, Danton etc., mais si le rôle qu’il remplit pendant les deux ans et demi qu’il siégea parmi les mandataires de la France régénérée, fut modeste, il n’en fut pas moins d’une utilité incontestable. Nous en trouvons la preuve dans les principaux actes de sa carrière politique, que nous allons relater dans leur ordre chronologique.

Le 17 juin 1789, il vote une motion, soutenue par l’abbé Siévcs et acceptée par 491 voix contre 90, par laquelle les représentants des Communes, rejetant le nom d’Etats-Généraux, « qui rappelait les institutions cadriques et les désordres de la royauté », adoptèrent la dénomination —- d’Assemblée Nationale. — Le même jour, il se préoccupe de la salubrité de la salle des séances et propose d’y faire des ouvertures suffisantes au renouvellement de l’air, qui est « pesant, pestilentiel », ainsi que de mettre des dossiers aux bancs, sièges vraiment trop incommodes. — L’assemblée le charge alors « de présider à tous les changements nécessaires à la construction de la salle et à la distribution des banquettes [9] ».

Le 20 juin, Louis XVI, ayant fait fermer et garder par la troupe la salle des Etats, Guillotin conseille aux députés du Tiers de se réunir dans la salle du Jeu de Paume, au Vieux Versailles [10] et, dans ce local sombre et nu, dans « cette sainte masure » selon l’expression imagée d’André Chenier [11], prête avec eux, sur l’initiative de Mounier, (du Dauphiné), le serment célèbre, qui fut l’acte primordial de notre Révolution.

Le 13 juillet, 1789, il présente à l’Assemblée Nationale, qu’il adjure de la prendre en considération, l’adresse des électeurs de Paris, tendant à obtenir rétablissement d’une milice bourgeoise, à qui serait confiée la garde de la capitale en proie à des troubles qui la désolaient.

Le 18 de ce même mois, il vient à Paris, avec trois représentants de cette ville, Gros, curé de Saint-Nicolas du Chardonneret, Demeunier, censeur royal, et Adrien du Port, conseiller au Parlement, annoncer à l’assemblée électorale que la Constituante leur a donné pour mission d’inviter « les citoyens charitables à subvenir aux besoins pressants de la classe ouvrière » ; et il remet au caissier municipal la somme de 40.000 livres, montant de la souscription, faite entre ses membres par la députation de Paris.

Le 28 août, il demande que la motion du vicomte de Noailles, député de la noblesse du bailliage de Nemours, sur la sanction royale, soit examinée dans les bureaux.

Le 11 septembre, il parle sur la sanction royale et pose les questions suivantes : « 1° Le roi peut-il refuser son consentement à la Constitution ? 2° Peut-il refuser son consentement au pouvoir législatif ? 3° Dans le cas où le roi refusera son consentement, ce refus sera-t-il suspensif ou indéfini ? 4° Dans le cas où le refus du roi serait suspensif, pendant combien de temps pourra-t-il durer ? Sera-ce pendant une ou plusieurs législatures ? » — L’Assemblée décida : 1° Que le veto serait suspensif ; 2° Qu’il cesserait à la deuxième législature, qui suivrait celle où on aurait proposé la loi. (11 et 12 septembre 1789).

Le 5 octobre, Guillotin est envoyé en députation dans le palais de Louis XVI pour le prier de donner son acceptation pure et simple à la Déclaration des Droits de l’Homme et à la Constitution.

Le lendemain, il accompagne, avec cent autres membres de l’Assemblée, la famille royale, que le peuple affamé, sous la conduite de l’huissier Maillard, ramène en triomphe de Versailles à Paris, après les scènes sanglantes que l’on connaît (5 et 6 octobre 1789).

Le 9 octobre, il fait adopter un article portant que : toute condamnation à peine affictive ou infamante, en première instance ou en dernier ressort, exprimera les faits pour lesquels l’accusé sera condamné, sans qu’aucun juge puisse employer la formule pour les cas résultant du procès.

Le même jour, il propose, au cours de la discussion de l’ancien système pénal, la motion, qui devait donner à son nom sa célébrité particulière, et de laquelle nous reparlerons plus bas.

A cette même séance du 9 octobre, sa qualité de médecin hygiéniste fit que l’Assemblée, ayant décidé qu’elle se transporterait à Paris, désigna Guillotin avec cinq autres commissaires : le duc d’Aiguillon, député de la noblesse d’Agen, de Colbert-Seignelay, évêque et député de Rodez, Le Pelletier de Saint-Fargeau, député de la noblesse de Paris, La Poule, député du Tiers du bailliage de Besançon, et le marquis Louis Gouy d’Arsy, député de Saint-Domingue, pour chercher à Paris un local propre à recevoir la représentation nationale [12].

Le premier décembre, il réussit à faire voter par l’Assemblée le premier article d’un projet de décret, dû à son initiative et, portant l’égalité des peines sans distinction du rang, ni de l’état des coupables. Nous reviendrons plus loin sur cette importante question.

Le premier février 1790, il est nommé secrétaire de l’Assemblée.

Le 18 du même mois, il prend la parole dans la discussion sur la question de savoir s’il y aurait une distinction dans la fixation des pensions des religieux entre les ordres rentes et non rentes et fait décréter par la Constituante que le traitement des religieux mendiants serait différent de celui des religieux non mendiants [13].

Le 17 mars, il est choisi comme commissaire adjoint du Comité de mendicité, créé le 21 janvier précédent (1790).

Le 17 juillet, il fait partie de la délégation des douze membres, chargés d’assister à la cérémonie funèbre, ordonnée parla Ville de Paris, pour célébrer la mémoire de Benjamin Franklin, décédé le 17 avril précédent à Philadelphie, et en l’honneur de qui Mirabeau avait fait décréter par la Constituante un deuil de trois jours, en France [14].

Le 30 juillet, il présente, au nom des commissaires des Bureaux, un rapport à la suite duquel la Constituante prescrit l’évacuation du couvent des Capucins de la rue Saint-Honoré, pour être ensuite affecté au service de l’imprimerie Baudouin [15], et à l’installation des « bibliothèques précieuses des maisons religieuses des Jacobins et des Récollets, qui allaient disparaître [16]. »

Le 12 septembre] il propose la création d’un Comité de Santé, qui devait avoir pour mission de s’occuper de tout ce qui est relatif à l’enseignement et à la pratique de l’art de guérir, des établissements salutaires dans les villes et les campagnes et spécialement de tous les objets qui peuvent intéresser la salubrité publique [17] ; » mais sa motion, d’abord adoptée, finit par être rapportée, deux jours après, grâce aux efforts de La Rochefoucauld-Liancourt.

Guillotin fut, pendant toute la durée de la Constituante, l’un des commissaires de la salle, comme l’on disait alors, un des questeurs de l’Assemblée, selon le terme en usage aujourd’hui. Tant que les représentants de la Nation séjournèrent à Versailles, il resta le seul commissaire chargé par eux de veiller à la police, à la sûreté et à la salubrité de la salle de leurs séances (les Menus). — Au mois d’octobre 1789, lorsque la translation du siège de l’Assemblée à Paris fut décrétée, on lui adjoignit cinq autres commissaires, ainsi qu’on l’a vu plus haut, mais, même après cette adjonction, notre concitoyen, en raison incontestablement de ses connaissances techniques, s’occupa pour ainsi dire toujours seul de l’aménagement de la salle du Manège des Tuileries, où siégeait a Constituante, et d’assurer le bon ordre, la propreté, l’hygiène des locaux destinés à cette Assemblée (installation de paratonnerres sur l’édifice, de ventilateurs, amélioration de l’éclairage par la substitution aux bougies, employées jusqu’alors, « de lampes à courant d’air et à cheminée. » Il se montra néanmoins très économe des deniers publics, aussi, lorsque le 29 septembre 1791, veille de la séparation de la Constituante, Guillotin présenta le rapport demandé aux commissaires delà salle par cette assemblée, sur l’état des constructions, réparations et dépenses de tout genre ordonnées par elle tant au dedans de la salle des séances qu’au dehors, tant dans la maison des « ci-devant Capucins », que dans celle des Feuillants, et qu’il eût fait connaître que les sommes, dépensées depuis l’ouverture des Etats-généraux jusqu’au 1er juillet 1791, s’élevaient en totalité, à 1.239.489 livres 8 sous 10 deniers [18] reçut-il les félicitations chaleureuses de Lavie, député du bailliage de Béfort et d’Huningue, se faisant, dans la circonstance, l’interprète de ses collègues [19] ?

IV. — Nous allons examiner maintenant la part réelle que prit le docteur Guillotin à l’adoption de la sinistre machine, dont la tradition populaire — encore persistante — lui attribue à tort l’invention.

Le 10 octobre 1789, lors de la discussion sur la réformation de la jurisprudence criminelle, proposée à l’Assemblée nationale par son Comité des Sept [20], notre médecin montait à la tribune et donnait lecture des six articles suivants, rédigés par lui.

- Article 1er. - Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l’état du coupable.
- Article 2. - Les délits et les peines étant personnels, le supplice d’un coupable et les condamnations infamantes quelconques ne peuvent imprimer aucune flétrissure à sa famille. L’honneur de ceux qui lui appartiennent n’est nullement entaché, et tous continueront à être admissibles à toutes sortes de professions, d’emplois et de dignités.
- Article 3. — Les confiscations des biens des condamnés ne pourront être prononcées en aucun cas.
- Article 4. — Le corps du supplicié sera délivré à sa famille si elle le demande. Dans tous les cas, il sera admis à la sépulture ordinaire, et il ne sera fait sur le registre aucune mention du genre de mort [21].
- Article.5. — Nul ne pourra reprocher à un citoyen le supplice, ni les condamnations infamantes quelconques d’un de ses parents. Celui qui osera le faire sera réprimandé par le juge. La sentence qui interviendra sera affichée à la porte du délinquant. De plus, elle demeurera affichée au pilori pendant trois mois.
- Article 6. — Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort contre un accusé, le supplice sera le même, quelle que soit la nature du délit dont il se sera rendu coupable. Le criminel sera décapité ; il le sera par l’effet d’un simple mécanisme. » [22]

Voici pour quelles causes Guillotin avait présenté son projet de décret.

Sous l’ancien régime, les principaux modes d’exécution capitale, usités en France, étaient la décapitation par la hache, le sabre ou l’épée, la pendaison et la roue [23].

La première peine, réservée aux nobles, n’avait aucun caractère infamant pour le condamné, ni pour les siens, auxquels elle laissait tous les droits dont ils pouvaient jouir. « Ce supplice ne déroge point », lit-on dans l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, par Diderot et d’Alembert, au mot « Décapiter » [24].

Les deux autres peines, destinées aux roturiers, entraînaient pour le supplicié une flétrissure qui rejaillissait sur sa famille. « Les préjugés étaient si baroques encore et si enracinés qu’il était honteux d’avoir un frère non pas mis à mort pour uni crime, mais mis à mort d’une certaine façon, par la corde ou par la roue » [25]. C’était le renversement de la morale contenue dans le vers fameux de Thomas Corneille :
« Le crime fait la honte et non pas l’échafaud » [26].

D’autre part, on connaît l’excessive sévérité des peines à cette époque, les tortures atroces, qui accompagnaient trop souvent le châtiment des condamnés à mort. Pour ce qui concerne particulièrement la décapitation, comme elle se faisait sur un billot, elle causait parfois d’épouvantables souffrances au patient, par suite de la maladresse ou de l’émotion de l’exécuteur. La tête de Marie Stuart ne tomba qu’au second coup de l’instrument de supplice, celle de Lally-Tollendal qu’au troisième ou quatrième !... On pourrait citer bien d’autres exemples.

« Dès longtemps, l’humanité avait emprunté la voix de la philosophie et de l’éloquence pour dénoncer à l’opinion publique ces funestes erreurs de notre législation criminelle. Quelques juges même, il faut le dire, obligés de prononcer contre la loi ou leur conscience, pressaient avec instances le gouvernement de les délivrer, pair un nouveau code, de cette alternative pénible » [27]. Elie de Beaumont et Loiseau de Mauléon, à Paris ; Dupaty, à Bordeaux ; Montclar et Lachalotais, à Rennes ; Prost de Royer, à Lyon ; Servan, à Grenoble, s’étaient signalés parmi ces magistrats courageux qui demandaient une réforme des lois pénales.

Guillotin, animé des sentiments les plus louables d’équité et de philanthropie, se fit l’interprète de cette réclamation universelle, de ce vœu général, en déposant sa proposition « également conforme à la religion, à la philosophie et aux mœurs de la nation », comme le disait un autre constituant, Guillaume, député du Tiers de la vicomté et prévôté de Paris [28]. Il voulait obtenir deux résultats, l’un moral, l’autre physique : rendre les hommes égaux devant la loi, « comme ils le sont aux yeux de l’Etre suprême » [29], en établissant l’identité de supplice pour les coupables de toutes les classes sociales, et faire ainsi cesser la distinction, inique dans les conséquences, du châtiment selon qu’il atteignait le noble ou le vilain ; épargner aussi au coupable une douleur, inutile pour la répression et pour l’exemple, en substituant à la hache ou au glaive maniés à la main, aux potences, à la roue, etc., un procédé scientifiquement plus humain.

Aussitôt après la lecture des six articles de Guillotin, Guillaume proposa douze articles additionnels à la motion de son collègue : abolition de la peine de mort sauf contre les assassins, les empoisonneurs et les incendiaires, suppression de la peine du fouet et de la flétrissure, sauf en cas de condamnation aux galères à perpétuité, substitution de la peine de la .réclusion dans une maison de force au bannissement, etc. [30].

Mais l’Assemblée était pressée de rendre définitifs les articles qu’elle avait volés et d’introduire, le plus lot possible, dans la pratique- de l’instruction criminelle les principes libéraux qu’elle avait sanctionnés : elle prononça l’ajournement des articles proposés par Guillotin et Guillaume [31].

Ceux présentés par le premier des deux députés ne revinrent à l’ordre du jour que le 1er décembre 1789, séance du matin. . Malgré un discours de Guillotin, fréquemment interrompu pair des applaudissements, malgré l’émotion soulevée par ce discours dans une partie de l’Assemblée, qui demanda à délibérer sur le champ, le premier article [32], qui proclamait l’égalité des peines, sans distinction de rang ni d’état, fut seul adopté, grâce à l’intervention énergique du duc de La Rochefoucault-Liancourt, et la suite de la discussion fut renvoyée à une séance ultérieure [33].

Le discours de Guillotin - et c’est regrettable, - semble être perdu pour la postérité. « Ni le Moniteur, ni aucun des autres journaux de l’époque ne l’ont inséré, et il ne se trouve pas dans l’es Archives Nationales, qui possèdent cependant les minutes de nos Assemblées législatives [34] ».

Un seul recueil, le Journal des Etals-Généraux, dans son compte rendu de la séance du 1er décembre 1789 [35], en a donné une analyse, plus ou moins complète, assaisonnée de quelques réflexions, qu’a publiée le Dr Chereau dans son intéressante étude :

« M. Guillotin... a recordé à l’Assemblée ses décrets sur les Droits de l’Homme ; et, par une transition, rapide et heureuse, il est passé sur la nécessité de la réformation du Code pénal. « La loi, a-t-il dit, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège, doit être égale pour tous les citoyens, sans aucune exception. Faisant ensuite une peinture aussi pittoresque que sensible des supplices effrayants, qui se sont perpétués jusque dans le siècle de l’humanité : les gibets, les roues, les échafauds, les bûchers, les supplices barbares, imaginés par la barbare féodalité, il a conclu à ce qu’il n’y eut plus désormais qu’un seul supplice du même genre pour tous les crimes. Quelque soit un coupable, il est assez puni par la mort et la société est assez vengée en le vomissant de son sein... Ici..... M. Guillotin a fait la description de la mécanique, je ne le suivrai pas dans ses détails. Pour en peindre l’effet, il a oublié un instant qu’il était législateur, pour dire en orateur : « La. mécanique tombe connue la foudre ; la tête vole ; le sang jaillit, l’homme n’est plus.. » Ce n’est pas dans un Code pénal que de pareils morceaux sont permis. Les veni, vidi, vici de César, si expressifs, si éloquents, ne plairaient plus s’il les avait prononcés en pareille circonstance... »

Nous croyons intéressant de joindre aux extraits de cet article les appréciations de quelques autres feuilles du temps sur la motion de Guillotin.

La Gazette de Paris [36] salue « les grands principes de jurisprudence criminelle développés par M. Guillotin (n° du 4 décembre 1789).

Le Journal de- Paris [37] vante les sentiments d’humanité qui respirent dans sa proposition » (n° 336, du 1er décembre 1789).

Le Moniteur n’oublie pas ’de mentionner « les applaudissements que la motion de M. Guillotin a reçus dans le sein de l’Assemblée Constituante » (n° 101, du 1er décembre 1789).

Cependant tout le monde était loin de lui rendre justice et de comprendre même ses intentions humanitaires. Les injures, les sarcasmes, les railleries ne lui furent pas épargnés, surtout de la part des gazetiers royalistes dont ce lugubre sujet excita la verve.

Le Journal les Actes des Apôtres [38], « cette espèce de satire Ménippée du temps », comme dit Lamartine [39], où Rivarol, Suleau, Peltier, Champcenetz, Mirabeau cadet, surnommé Mirabeau-Tonneau, faisaient une si rude guerre aux hommes et aux choses de la Révolution, après avoir annoncé (n° X) que « M. Guillotin, aussi adroit médecin, que profond mécanicien », venait de présenter au monde l’esquisse d’une « machine à décapiter », qui, disait l’écrivain par ironie, allait « étendre la gloire du nom français jusqu’aux rives du Bosphore », examinait ensuite si l’on devait donner « à cette machine supplicielle la dénomination douce et coulante de « guillotine », ou celle de « mirabelle, du nom de M. Mirabeau.... »

L’article finissait par une chanson « composée par un membre de l’Académie française sur l’air grave du menuet d’Exaudet » :
Guillotin,
Médecin,
Politique,
Imagine, un beau matin,
Que pendre est inhumain
Et peu patriotique...
Et sa main
Fait soudain
La machine
Qui simplement nous tuera
Et que l’on nommera
Guillotine. »

Dans ses numéros XXVII et XXXI, cette feuille satirique le raillait encore, surtout dans un « Noël » ou elle tournait en dérision plusieurs autres constituants :
« Il est bien plus honnête,
S’écria Guillotin,
De faire un coupe-tête,
Sans y mettre la main.
Daignez donc agréer,
Messieurs, cette machine,
Qui pourra même, en mon projet !
Servir, par un ressort secret,
Quand, par tête, on opine. »

Le Journal en Vaudevilles [40], de son côté, clans un pot-pourri composé sur la séance du 1er décembre 1789, faisait dire à Guillotin en parlant de « sa machine à décapiter » :

« C’est un mécanisme nouveau
D’un effet admirable ;
Je l’ai tiré de mon cerveau
Sans me donner au diable,
Un décollé de ma façon
La faridondaine,
La faridondon,
Me dira : « Monsieur, grand merci,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami. » [41]

Un peu plus tard, le vicomte de Mirabeau, le frère puîné du grand orateur, dans le Déjeuner, ou la Vérité à bon marché, une satire du nouvel ordre de choses, écrivait à son tour : « Vous étiez pendus, ou du moins vous risquiez de l’être pour, vol, d’avoir les. os brisés pour assassinat, de voir vos cendres jetées au vent pour empoisonnement ou parricide ; mais aujourd’hui, grâce à M. Guillotin, à son esprit inventeur et à l’Assemblée nationale, vous aurez tous la tête coupée sans qu’il y paraisse, et ce supplice ne sera pas réservé aux seuls aristocrates. »

Le grave Moniteur, s’élevant, dans son numéro du 18 décembre 1789, contre ces plaisanteries macabres et ces trivialités indécentes, disait : « L’innovation de mettre la mécanique à la place d’un exécuteur, qui, comme la loi, sépare la sentence du juge, est digne des siècles où nous allons vivre et du nouvel ordre où nous entrons. Elle prépare l’anéantissement du préjugé qui flétrit, à la honte de la nation, toute une famille honnête par le supplice que la loi prononce contre un criminel. »

Quant aux Révolutions de Paris [42], journal de Prud’homme, hostile à la peine de mort, il se montra assez sarcastique : « La machine qu’il (Guillotin) a proposée, a été appelée guillotine. On a fait à ce sujet, une chanson... C’est une douce correction que le public lui inflige. L’honorable membre a donné des preuves assez fortes de son patriotisme pour que l’on doive oublier sa motion et la chanson. Errare humanum est. »

Ainsi, on le voit, l’instrument de supplice se trouva baptisé longtemps avant sa naissance, et du nom du pauvre docteur !

Le 21 janvier 1790, l’Assemblée reprit la discussion des articles présentés par Guillotin... Après un discours de l’abbé Papin, curé-prieur de Marly-la-Ville, député du clergé de Paris-hors-les-murs, qui insista pour un vote immédiat, après une dernière intervention de l’auteur du projet, flétrissant « le préjugé de cette infamie héréditaire que nos ancêtres avaient consacrée depuis tant de siècles », et des observations de l’abbé Maury, de Barnave, etc., les articles II, III et IV de la proposition furent adoptés définitivement par la Constituante, pour être aussitôt soumis à la sanction royale. Quant aux articles V et VI, sur la demande même de leur rédacteur, ils furent renvoyés au comité des Sept [43].

II. — Ce ne fut que dans la séance du 3 juin 1791, sur le rapport de Louis-Michel Le Pelletier de Saint-Fargeau, que l’Assemblée Nationale, après avoir décrété préalablement, dans l’article 2 du code pénal, que « la peine de mort consisterait dans la simple privation de la vie, sans qu’il pût être exercé aucune torture envers les condamnés, » vota l’article 3 d’une concision terrible : « Tout condamné (à mort) aura la tête tranchée » [44]

Guillotin n’avait pas pris part à la discussion, mais son idée exprimée plus de vingt mois auparavant, recevait ainsi sa consécration.

Néanmoins onze mois s’écoulèrent avant qu’on pût se mettre d’accord sur l’instrument à employer, le législateur n’ayant pas déterminé le système de décollation. Enfin, après une correspondance active qui eût lieu sur ce sombre objet entre Verrier, commissaire du roi près le deuxième tribunal criminel de Paris, Rœderer [45], procureur général syndic du département, Duport-Dutertre, ministre de la justice, et le président de l’Assemblée nationale (Guyton de Morveau) et après une consultation de Charles-Henry Sanson, l’exécuteur des hautes œuvres [46], l’Assemblée, mise ainsi en demeure d’arrêter une méthode prompte et facile de décapitation et de tirer die son embarras le pouvoir judiciaire, qui avait à faire mettre à exécution plusieurs sentences capitales, eut l’excellente idée de s’adresser, par l’intermédiaire de son comité de législation, au docteur Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l’Académie de chirurgie, pour le prier de lui enseigner un procédé, qui réunit à la fois la sûreté, la célérité et l’uniformité.

Louis ne déclina pas cette mission, et, le 7 mars 1792, il signait un avis motivé, où, adoptant l’idée de Guillotin qu’il ne nomma même pas dans son rapport, il préconisait, pour la parfaite réussite et la rapidité de l’exécution capitale, l’emploi « de moyens mécaniques invariables ». Il citait, à ce sujet, une machine, employée en Angleterre pour le supplice des condamnés à mort et qui était formée « de deux poteaux barrés dans le haut par une traverse d’où l’on faisait tomber sur le cou une hache au moyen- d’un déclic. » Il proposait de faire construire une pareille machine, en y apportant divers perfectionnements qu’il énonçait.

C’est armé de ce mémoire qu’à la séance du 20 mars 1792, Prosper-Hyacinthe Carlier, député de l’Aisne, vint, au nom du comité de législation, présenter un rapport, a la suite duquel l’Assemblée Législative décréta que l’article 3 du titre 1er du code pénal serait exécuté « suivant la manière indiquée et le mode adopté par la consultation signée du secrétaire perpétuel de l’Académie de chirurgie » et autorisa, en conséquence, « le pouvoir exécutif à faire les dépenses nécessaires pour parvenir à comodo d’exécution de manière qu’il fut uniforme dans tout le royaume » [47].

M. le docteur Chereau a publié, dans son très intéressant et très documenté travail [48], une lettre écrite, le 10 mars 1792, par le procureur général syndic (Rœderer) à Guillotin pour le prier de « passer au département, place Vendôme, à son premier moment de liberté », afin de lui donner communication « des notions importantes » qu’il avait « recueillies et comparées pour adoucir une peine », dont l’intention de la loi n’avait pas été de « faire un supplice cruel. »

Quelle réponse donna Guillotin ? Que fit-il ? Se rendit-il a l’invitation qui lui était adressée ? Prit-il part à la solution du problème posé : la découverte de la meilleure machine à trancher la tête ? C’est un point d’histoire qu’il ne nous a pas été possible d’élucider. Du reste, peut-être ne fût-il consulté que pour la forme ?... [49]

Malgré l’urgence et les réclamations incessantes des autorités judiciaires et du garde des sceaux, ce n’est que le 26 mars 1792 que Clavière, ministre des contributions publiques, chargea le Directoire de Paris du soin de faire construire la nouvelle machine. Le 5 avril suivant, Rœderer fit parvenir au ministre le « devis estimatif », s’élevant à 5.660 livres, qui venait de lui être présenté par le maître charpentier Guédon, fournisseur ordinaire des bois de justice [50]. Ce devis ayant paru exorbitant, le Directoire, autorisé par Clavière à traiter « avec tout autre artiste », s’entendit avec un juif allemand, Tobias Schmidt, facteur de forte-pianos et habile mécanicien, demeurant à Paris, rue de Thionville, qui s’engagea à construire une machine bien conditionnée [51] pour 824 livres seulement. L’instrument, fabriqué sous l’inspection de Louis, fut bientôt prêt. Avant de s’en servir, on l’expérimenta sur d’innocents moutons, dans la cour du Commerce, rue Saint-André-des-Arts [52], puis sur des morts, afin qu’il « apprit d’eux son œuvre », selon le mot de Chateaubriand [53] . Cette dernière expérience eut lieu le mardi 15 avril 1792, à dix heures du matin, à Bicêtre, dans la cour adjacente à l’amphithéâtre, sur cinq cadavres fournis par le docteur Louis-Michel Cullerier, chirurgien général de cet hôpital, en présence de plusieurs assistants, parmi lesquels figuraient, d’après certains auteurs, Guillotin [54] lui-même. Mais cette assertion, qui ne semble être corroborée par aucun document, est-elle exacte ?...

Ce qu’il y a de positif c’est que « la mécanique sépulcrale » [55] fonctionna admirablement comme le faisait savoir le 19 avril de cette même année Rœderer à Challan, procureur général syndic du département de Seine-et-Oise, dans une lettre, dont la Revue rétrospective a donné le texte, ce qui valut à Schmidt la fourniture des machines de la Seine, de la Seine-et-Oise et de plusieurs autres départements [56].

Neuf jours après les expériences de Bicêtre, le 24 avril, on faisait à Paris, sur la place de Grève, avec un plein succès, la première application du nouveau « tranchoir » sur les vertèbres cervicales du nommé Nicolas-Jacques Pelletier, assassin et voleur.

Le lendemain, le journaliste Duplan faisait connaître ses impressions sur celle exécution dans les termes suivants :

« On fit hier l’essai de la petite Louison et on coupa une tête...
Je n’ai, de ma vie, pu approcher un pendu, mais j’avoue que j’ai encore plus de .répugnance pour ce genre d’exécution ; les préparatifs font frissonner et aggravent le supplice moral, quant au supplice physique, j’ai fait assister quelqu’un qui m’a rapporté que c’était l’affaire d’un clin d’œil ; le peuple semblait invoquer le retour de Sanson a l’ancien régime et lui dire .

Rends-moi ma potence en bois,
Rends-moi ma potence ».

La Chronique de Paris du 26 avril, disait, de son côté : « Cette machine a été préférée avec raison aux autres genres de supplice : elle ne souille pas la main d’un homme du meurtre de son semblable, et la promptitude, avec laquelle elle frappe le coupable, est plus dans l’esprit de la loi, qui peut souvent être sévère, mais ne doit jamais être cruelle. »

La fatale machine, la louison, la louiselle, comme on l’appela parfois lors de ses débuts, la guillotine, comme le nom finit par lui rester officiellement, existait déjà, depuis une époque très ancienne, au moins dans ses principes essentiels, dans plusieurs contrées de l’Europe, notamment en Italie, sous le nom de manaïa, pour ceux qui jouissaient du privilège de la noblesse [57], en Ecosse, en Angleterre sous le nom de maiden (la vierge) [58], en Bohême, en Allemagne [59], dans les Pays-Bas [60].

Ainsi il est sûr que Guillotin n’a nullement inventé la machine auquel il a eu le fâcheux honneur de donner son nom. Il proposa, en vue d’humaniser le supplice, la substitution d’un mécanisme à la main de l’homme ; sa motion fut prise en considération, et il en résulta le choix de l’instrument, qui l’a rendu tristement fameux. Voilà à quoi s’est réduit son rôle dans l’adoption de la machine, qui allait accomplir, avec une hâte si effroyable, son affreux labeur, pondant cette période terrible et glorieuse de nos annales, où, selon la belle et forte expression de Chateaubriand, « la tragédie rougissait les rues » [61].

On a dit que l’idée lui vint de faire la proposition en voyant, à l’Ambigu-Comique, employer, dans la pantomime, les Quatre fils Aymon, le mode de supplice, usité en Toscane [62]. Nous serions plutôt porté à présumer qu’il connaissait déjà la manaïa italienne par les ouvrages dont nous avons fait mention plus haut. Ce qui nous paraît confirmer notre hypothèse, c’est un curieux pamphlet du temps, dont voici le titre. Grande découverte d’un vol CONSIDERABLE, fait à un membre de l’Assemblée Nationale. Imprimé par les soins d’une société de gens de lettres pour l’instruction de plusieurs et au profit du membre volé.. S. d., in-8°, 7 pages [63].

Cet opuscule est précédé d’un avant-propos, où se trouve ce passage : « On va voir comment l’auteur de la belle et grande histoire de Louis XII, écrite en 1507, a traîtreusement et déloyalemenl escroqué et volé les idées et belles pensées, mises au jour, en l’année 1790, par le sage, lumineux et auguste membre Monsieur (ci-devant Monseigneur) Guillotin » (sic).

Suit un extrait de l’histoire de Louis XII par les chroniqueurs Jean d’Authon et Claude Seyssel, complétée par Théodore Godefroy (tome II, 1513), renfermant le récit de l’exécution capitale, à Gênes, du conspirateur Démétrius Giustiniani, avec une machine, dont la guillotine n’est qu’un perfectionnement.

Ce pamphlet offre de l’intérêt car il démontre que certains de ses contemporains savaient à quoi s’en tenir sur la prétendue invention de notre concitoyen. Mais, malgré tout, pour la plupart des Français d’alors, et pour beaucoup encore de ceux d’aujourd’hui, le philanthrope député de Paris est resté le seul créateur de l’instrument, dont il a été le parrain bien involontaire.

Jusqu’à sa mort, en effet, il protesta toujours contre l’abus de son nom, et se montra constamment très affecté de l’usage qu’on en faisait [64].

III. — Les premières exécutions politiques furent celles de Louis Collenot David d’Angremont, secrétaire de l’administration de la garde nationale, de La Porte, l’intendant de la liste civile et de du Rosoy, le rédacteur de la Gazette de Paris ; elles eurent lieu sur la place dit Carrousel, les 21, 24 et 25 août 1792.

Mais c’est surtout à compter du 7 avril 1793, "date de l’institution du tribunal révolutionnaire, « le crime et l’erreur de la Révolution » [65], que la pseudo-invention de Guillotin commença à fonctionner avec une activité si formidable que Prudhomme dans ses Révolutions de Paris (n° 198, du 20 au 28 avril 1793), émettait la crainte que « le peuple se familiarisât avec l’idée de meurtre. »

Il fut si bon prophète que le citoyen Lebreton, commissaire observateur de Paris, dans un rapport du 22 ventôse an II écrivait que « le peuple s’habituait à aller là (la place de la Révolution, où la guillotine restait dressée en permanence) comme à la messe, et la victime, comme le prêtre qui va faire le sacrifice » [66].

A cette époque, en effet, l’exaltation singulière, qui s’était emparée de tous les esprits, avait accoutumé si bien chacun avec la mort violente que les exécutions ne causaient plus la même impression d’effroi.

Le supplice était accepté avec indifférence et parfois avec transport.

Pour Lamourette, ce n’était qu’une « chiquenaude sur le cou » ; pour le Mayençais Adam Lux, c’était la délivrance, et on le voyait se précipiter avec joie sous le couteau, « dont le tranchant avait touché le cou charmant do Mlle de Corday » [67].

Dans les prisons, « les femmes s’étudiaient à monter sur l’échafaud sans montrer leurs jambes, en gravissant des montagnes de chaises qu’elles accumulaient à cet effet, et tout cela « n’était pas la forfanterie du courage, c’en était plutôt l’abus. »

Oh ! combien Guillotin dût souffrir moralement d’être le témoin impuissant, durant tant de mois, des crimes de sa filleule, devenue une affreuse mégère, toute ruisselante du sang généreux de Bailly, l’ancien maire de Paris, de Lavoisier, que les efforts courageux du Dr Halle n’avaient pu sauver [68], d’André Chénier, de trop d’autres nobles et infortunées victimes ! De quelle douleur inexprimable son âme dût-elle être étreinte en voyant tomber, sous le couperet égalitaire, des têtes amies, comme celle, par exemple, de l’alsacien Edelmann [69], pianiste et compositeur de talent, qui lui avait dédié son opéra, Ariane dans l’île de Naxos [70] ?

Attristé de voir couler le sang à flots et désolé de son impuissance à sauver quelques victimes [71] notre médecin-philosophe, toujours bon et compatissant, pour épargner aux condamnés à mort le supplice de l’attente et diminuer les angoisses de leurs derniers moments, leur fournissait, dit-on, [72] (qu’y a-t-il de vrai dans cette assertion ?) des pilules à base de laudanum, que son confrère, le Dr Cabanis, avait imaginées et si bien préparées, que, selon le mot d’un détenu, « elles envoyaient leur homme à petit bruit dans l’autre monde ». Il enlevait de la sorte, remarque Beugnot, « des pratiques à sa machine ».

Guillotin dut, si l’on en croit un document, publié dans l’Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux [73], quitter, à un moment donné, Paris ; car en l’an II, on trouve à Arras, un personnage de ce nom, directeur des hôpitaux militaires, installés dans l’abbaye de Saint-Waast, après l’expulsion des bénédictins. Il est à présumer que las de vivre dans cette atmosphère de mort, écœuré d’entendre continuellement prononcer le mot de guillotine, même dans des chansons, et d’apercevoir, sans cesse, l’image de « la mécanique sépulcrale » [74] sous la forme de hideux bibelots, d’ignobles bijoux (boucles d’oreilles, cachets de montre, etc.), le pauvre docteur avait voulu se délivrer de cette tragique obsession.

Revenu dans la capitale, il dut prudemment rester dans l’ombre, durant la tourmente révolutionnaire. Il avait, en effet, appartenu aux clubs de Valois et des Feuillants, et à la Société de 1789, tous les trois fort honnis par les hommes de la Montagne, [75] et cette circonstance jointe à des propos courageux, mais imprudents, tenus, dit-on, sur Maximilien Robespierre, qu’il regardait comme l’auteur principal des excès de la Révolution, devait le rendre véhémentement suspect de modérantisme, crime alors inexpiable. Aussi, d’après la plupart de ses biographes, notre concitoyen aurait failli expérimenter personnellement l’excellence de son philanthropique instrument, devenu un engin de terreur, formidable et docile ; il aurait été, en tout cas, arrêté, incarcéré, et n’aurait dû la liberté et le salut qu’au Neuf Thermidor. [76] La chose en elle-même n’aurait rien eu de surprenant, toutefois comme aucun auteur n’indique la prison où il fut enfermé ; que d’autre part, ni la Biographie Moderne [77] ni celle de Michaud, publiées de son vivant, ne mentionnent cette incarcération qu’enfin son nom ne figure pas parmi ceux des détenus, cités par M. C. Dauban, dans son intéressant ouvrage : Les Prisons de Paris sous la Révolution [78], nous étions loin d’être pleinement convaincu de la réalité du fait. Nous avons donc voulu vérifier l’assertion et nous avons eu la bonne fortune de nous procurer la copie de deux pièces, contenues dans les dossiers de la police générale, lesquelles, pensons-nous, sont de nature à élucider complètement ce point historique, qui nous paraissait obscur. Voici ces documents, qu’il nous semble utile, à cause de leur importance, de reproduire intégralement :

1
« Du 16 vendémiaire l’an 4e [79]

« Le Comité de sûreté générale après avoir entendu le citoyen Guillotin, secrétaire de la Section de la Halle au(x) bleds, et vû qu’il est de notoriété publique que ledit Guillotin est rédacteur et signataire de plusieurs adresses et écrits contraires aux lois, arrête que ledit Guillotin sera sur le champ arrêté et traduit dans la maison d’arrêt ditte des Orties [80] pour être ensuitte statué sur son compte, conformément aux lois.

« Les représentants du peuple, membres du Comité de Sûreté Générale : Alex. Isabeau, Calés, Monmayou, Pemartin, Bailly, Colombel de la Meurthe, Roberjot, Kervelegan, Bordas, Quiroz, Pre Guyomar, Hardy. »

P. c. c. (Signé) Bourguignon.

Collationné, (Signé) Gobert.

II
« Du 13 brumaire an 4e.

« Le Comité de sûreté générale arrête que le citoyen Guillotin ex-constituant, sera mis en liberté au vu du présent, et que les scellés mis sur ses papiers, seront levés.

« Les représentants du peuple, membres du Comité de Sûreté Générale, signés (sic) : Monmayou, Colombel, Bordas, Bailly, Kervelegan, Calés, Quiroz, Guyomar et Pons. »

Pour copie conforme, (Signé) Bourguignon.

Collationné, (Signé) Pasquet.

Quels sont les écrits, qui avaient ainsi déchaîné sur notre infortuné concitoyen, les foudres du comité de Sûreté Générale ? [81] Nous l’ignorons absolument, mais il résulte, d’une manière positive, des documents ci-dessus transcrits — qui se rapportent incontestablement au docteur Guillotin [82], — que celui-ci a bien été successivement incarcéré, puis relaxé, mais que son emprisonnement a eu lieu longtemps après le 9 thermidor an II, - époque où, selon l’opinion générale, mais erronée, de ceux qui ont écrit l’histoire de sa vie, il aurait recouvré la liberté.

VI. — Une vive controverse, qui, après la fin du terrorisme, s’éleva entre les physiologistes sur les effets du supplice inauguré en 1792, vint encore affliger Guillotin, ce philosophe « sensible », comme on disait au XVIIIe siècle. Un médecin allemand, Sœmmering, dans une lettre adressée à son confrère le docteur Œlsner [83], soutint cette thèse qu’après la décapitation « le moi reste vivant pendant quelque temps, et ressent l’arrière-douleur dont le cou est affecté ». et il en concluait que la pendaison était un genre de mort plus doux. En France, J.-J. Sue adopta ce sentiment et tâcha avec un talent et un savoir incontestables, d’en prouver la vérité. Allant même plus loin que le professeur de Mayence, Sue prétendait qu’un décapité souffrait dans le tronc comme dans la tête, et il déclarait, en terminant, préférer au supplice de la guillotine a un des plus affreux par sa violence et sa durée », celui de l’asphyxie « qui apaise tellement la puissance vivante qu’il la tient engourdie et comme anéantie dans tous ses points » [84]. Mais cette « désolante et paradoxale opinion », selon le mot du docteur Réveillé-Parise, fut bientôt vivement combattue et réfutée par Georges Wedkind, médecin à l’hôpital militaire de Strasbourg [85], Léveillé, chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Paris, Gastellier, ancien député du Loiret à l’Assemblée Législative, médecin à l’hôpital de Sens [86], Jean Sédillot jeune, fondateur et secrétaire général de la Société de Médecine de la Seine [87], et principalement par Cabanis, l’ami de Mirabeau ; qui vint apporter le poids de son talent et de son autorité aux adversaires de la survie. Dans un travail où il fait valoir des arguments dune force irrésistible mais qui ne peuvent entrer dans le cadre ; de notre étude, ce célèbre médecin regarde comme impossible l’existence de la moindre étincelle de la conscience du moi après la décollation. Il conclut ainsi ; « Il en résulte qu’un homme guillotiné ne souffre, ni dans les membres, ni dans la tête ; que sa mort est rapide comme le coup qui le frappe, et, si l’on remarque dans les muscles des bras, des jambes et de la face certains mouvements, ou réguliers, ou convulsifs, ils ne prouvent ni douleur, ni sensibilité ; ils dépendent seulement d’un reste de facultés vitales que la mort de l’individu, la destruction du moi n’anéantit pas sur-le-champ dans ces muscles et dans leurs nerfs [88]. »

On conçoit aisément l’angoisse douloureuse, la stupeur profonde que devait éprouver Guillotin — lui qui avait voulu humaniser le supplice — en voyant contester le but suprême qu’il s’était proposé par l’emploi d’un mécanisme : la prompte extinction de la vie avec le moins de souffrance possible. Mais une chose surprend, c’est son silence dans cette discussion à la fois physiologique, morale et philosophique. Peut-être cet homme doux et un peu timide, extrêmement allée té d’avoir vu méconnaître ses intentions, avant tout philanthropiques, était-il abattu au point de n’avoir plus qu’un seul désir, se faire oublier, éviter qu’on parlât de lui ? Quelque soit le motif qui ait retenu sa plume dans cette grave circonstance, il est constant que rien ne dénote qu’il ait pris la moindre part à la controverse.

La carrière politique de Guillotin se termina le 30 septembre 1791, jour de la séparation de l’Assemblée Constituante, et à partir de ce moment il resta désormais étranger aux affaires publiques et se livra exclusivement à l’exercice de sa profession médicale. En 1792, le digne docteur eut des démêlés avec le fisc à l’occasion du paiement de la patente, imposée aux médecins par la loi du 17 mars 1791 (article 7), et qu’il prétendait ne pas devoir en sa qualité de docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris. Assigné à la requête de Rœderer, procureur général syndic du Directoire de cette ville, il concerta ses moyens de défense avec un ancien avocat au Parlement, Pierre-Nicolas Berryer, défenseur officieux très réputé [89]. Mais le tribunal du 2e arrondissement de Paris, séant aux Petit-Pères, que présidait Lhéritier, ancien conseiller de la Cour des Aides, après avoir entendu Chignard,, avoué du procureur syndic, Guillotin lui-même et le commissaire du roi, Lesueur, dans leurs conclusions, rendit le 8 mai 1792 un jugement par lequel il déclara que, faute par lui de s’être pourvu d’une patente, notre concitoyen avait encouru la peine édictée par l’article 19 de ladite loi du 17 mars 1791, et le condamna à l’amende du quadruple du prix fixé par la patente dont il aurait du se munir et aux dépens [90].

VII. — Si, depuis l’expiration de son mandat législatif, le docteur Guillotin demeura toujours éloigné de la scène politique, ses tendances, la bonté naturelle de son cœur et son amour pour ses semblables le portèrent à s’occuper encore de ce qui pouvait servir l’humanité.

Il était médecin du bureau de bienfaisance de la section de la Halle aux Blés, quand, au commencement de 1800, les journaux annoncèrent les expériences, faites en Angleterre4, de la méthode de la vaccine, inventée par Edward Jenner, médecin à Berkley (Glocestershire). — Malgré l’insuccès des premières expériences qui eurent lieu à Paris, à la Salpetrière, le 24 germinal an VII1 (14 avril 1800) [91], Guillotin comprit immédiatement toutes les conséquences fécondes pour la santé publique que pouvait avoir cette précieuse découverte, — qu’il se hâta de préconiser ; aussi fit-il, dès la création, partie du comité médical de vaccine qui — à l’instigation de La Rochefoucauld-Liancourt, se forma, à Paris, le 21 floréal an VIII (11 mai 1800). — Il devint ensuite membre du comité central de vaccine de douze membres, établi par le ministre de l’intérieur Chaptal, et ne tarda pas à en être nommé le président. C’est en cette qualité que le 30 vendémiaire an XII (23 octobre 1803), il vint offrir à Bonaparte. Premier Consul, qui l’accueillit avec faveur, le rapport général sur cette nouvelle découverte [92]. Chaptal, pour encourager encore plus la pratique de la méthode jennerienne, ayant institué, par arrêté du 4 germinal an XII (4 avril 1804), une société pour l’extinction de la petite vérole en France par la propagation de la vaccine, composée de médecins et d’hommes « recommandables par leurs places et leurs lumières. »— Guillotin fut choisi comme président de cette société nouvelle, et, comme tel, il eut l’honneur de présenter ses collaborateurs au Pape Pie VII, alors à Paris, et d’adresser au souverain pontife un discours plein d’élévation, qui fut imprimé par ordre du ministre de l’intérieur [93].

En 1806, Guillotin, dont l’activité n’était pas absorbée toute entière par ses occupations professionnelles et ses travaux au Comité de vaccine, et dans le but de reconstituer, dans la limite du possible, l’image des anciennes facultés supprimées par le décret du 8 août 1793, sur le rapport de Grégoire, avait fondé, sous le titre de Société Académique de Médecine, une association médicale, dont les règlements furent approuvés par décision du ministre de l’intérieur du 31 décembre 1807.

Cette société s’occupait des maladies régnantes et de tout ce qui pouvait contribuer aux progrès de l’art de guérir et donnait des consultations gratuites aux pauvres, le mercredi de chaque semaine, dans le lieu ordinaire de ses séances à l’Oratoire, mis à sa disposition par M. Maron, président du Consistoire Réformé [94].

Guillotin demeura, jusqu’à la fin, président de la Société Académique, dont les travaux ont, du reste, laissé peu de traces et qui, vers 1814, fusionna avec le Cercle Médical sous cette dernière dénomination.

VIII. — Jusqu’à son terme, la vie de Guillotin fut empoisonnée par le malheur d’avoir donné son nom au fatal instrument, qui avait fait tant de victimes politiques, aussi cherchait-il à trouver dans le travail un adoucissement à son chagrin ? Il espéra, à un certain moment, obtenir un peu de tranquillité de cœur et d’esprit dans l’existence paisible de la campagne. Dans ce but, il fit l’acquisition des époux Letellier d’un domaine situé à Villers-sur-Orge, canton de Longjumeau, arrondissement de Corbeil, ainsi qu’il appert d’un contrat, passé devant Me Noël, notaire à Paris, le 19 octobre 1808 [95]. Hélas ! les douceurs de la villégiature ne lui donnèrent pas la quiétude dont il désirait jouir, comme le démontre une lettre adressée le 15 août 1812, à un ami qui lui conseillait de se reposer et dont voici quelques lignes : « Je vous assure que j’en ai autant d’envie que de besoin, mais ma position ne me le permet pas. Les circonstances dans lesquelles je me suis trouvé et les divers événements de la Révolution m’ont rendu le travail nécessaire à mon existence et le rendront probablement indispensable jusqu’à la fin de mes jours. Je n’ai donc de repos à attendre que le repos éternel, heureusement que cela ne peut plus être bien long » [96]

Notre concitoyen se remit donc à l’œuvre avec plus d’ardeur que jamais et s’efforça, comme le passé, de rendre service à autrui. C’était, en effet, un bon et agréable vieillard, ayant cette réelle urbanité, cette exquise courtoisie, cette finesse de manières qui annoncent la bonne éducation. Il était resté fidèle au costume de l’époque de sa jeunesse, ainsi qu’au chapeau à cornes et à la perruque poudrée, qu’il porta même pendant la vogue du bonnet phrygien et de la carmagnole. Sa figure et son regard étaient expressifs et, lorsqu’il était à son aise, sa conversation devenait spirituelle, savante sans pédanterie et même enjouée. Il était doué d’une indépendance de caractère véritable et d’une franchise à toute épreuve, dont voici un trait remarquable qui mérite d’être rappelé : Patriote de 89, exécrant 93, Guillotin conservait, vivace au fond du cœur, l’amour de la liberté, aussi, quoiqu’admirant l’incomparable génie de Bonaparte, il détestait sa politique et ses tendances au despotisme. Quand ce Corse ambitieux se fit sacrer Empereur par le pape Pie VII, sous le nom de Napoléon Ier (2 décembre 1804), son aversion fut complète pour celui auquel il reprochait la perte des libertés de notre pays, conquises au prix de tant de sang et de sacrifices. Le préfet de police (le comte Dubois) ayant eu connaissance de certains propos, par trop libres, tenus par notre concitoyen à cette occasion, le manda, un jour, dans son cabinet et l’interpella en ces termes : « Monsieur Guillotin, vous passez pour ne point aimer l’Empereur. — Monsieur le Préfet, cela est parfaitement vrai. — Mais, monsieur, pourquoi ne l’aimez-vous pas ? — Monsieur, parce que je ne le trouve pas aimable. » Pourtant rien ne fait croire qu’il fut inquiété [97].

Sa santé se soutint longtemps, mais enfin, atteint d’un anthrax de mauvaise nature à l’épaule gauche, il trouva dans la mort ce « repos éternel » qu’il souhaitait tant, le 26 mars 1814, ainsi qu’on l’a vu au début de cette étude.

Guillotin mourait sans enfants et laissait : 1° pour donataire universelle en usufruit sa veuve, Marie-Louise Saugrain, avec laquelle il avait toujours vécu en excellente union, et s’était marié sous le régime de la séparation de biens, le tout en vertu de leur contrat ante-nuptial, reçu par Giard, notaire à Paris, le 18 juin 1787 [98] ; 2° et pour sa seule héritière, sa sœur, Mme Jean-François de La Charlonnie, née Marie-Marguerite-Agathe Guillotin, ainsi que l’établit l’inventaire dressé après son décès par Noël, notaire susnommé, le 18 avril 1814 [99]

Les journaux du temps, spécialement le Journal de l’Empire, du jeudi 31 mars 1814, et le Journal de Médecine annoncèrent sa mort avec regrets, et le docteur Bourru, ancien doyen de l’ex-Faculté de Médecine de l’Université de Paris, prononça sur la tombe de celui qui avait été son collègue et son ami, un discours dans lequel il retraça, à grands traits, les qualités qui distinguaient le défunt. L’orateur termina son éloge funèbre par ces paroles pleines d’une éloquence émue : « Celui, dont nous accompagnons de nos larmes la froide dépouille, montra, en ses derniers instants, sur sa figure, les signes les plus certains de la pureté de sa conscience, on aurait pu y lire l’histoire de toute sa vie, Au lieu de le voir mourir, vous auriez cru le voir dormir du sommeil le plus calme. Les anciens auraient dit que, quelques jours avant que la circulation s’arrêtât en lui, son âme était allée d’avance jouir des douceurs de l’Elysée, et ils n’auraient sûrement fait graver sur la pierre funéraire, qui aurait couvert sa tombe, d’autre épitaphe que celle-ci :

« Josephus-Ignatius Guillotin Doctor mediens Integer vitœ » [100].

Tel fut cet illustre médecin philosophe qui, jusqu’à son dernier soupir, resta fidèle aux menées convictions politiques et conserva cette fermeté de caractère, cette équité élevée qui ne consentent jamais à renier le progrès, à abjurer la liberté parce qu’on commet en leur nom des crimes et des folies. Puissions-nous avoir atteint le but que nous avons poursuivi en écrivant cette étude, faire cesser la prévention défavorable, aussi injuste que ridicule, — et qui n’a pas été uniquement populaire [101] — qui s’est attachée au nom de notre concitoyen, prévention qui subsiste malheureusement encore et entache, dans une certaine mesure, son souvenir ?

Edmond-Jean Guérin.

 Bibliographie

Indépendamment des ouvrages mentionnés au cours de cette étude, on peut consulter sur Guillotin et sa pseudo-invention :
- Dr Achille Chevreau : Guillotin et la Guillotine, Paris, aux bureaux de l’Union Médicale, 1870, in-8° 52 pages
- Charles Dangibeaud : Les Guillotin, dans la Revue de Saintonge et d’Aunis de mars 1892, p. p. 184-189 ;
- Ch, d’Avone : Guillotin, dans la revue Les Contemporains du 12 juillet 1896 ;
- Pierre Larousse : Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, tome VIII, v Guillotin, Paris, 1866-1875 ;
- Pierre Quantin-Bauchart : Guillotin et la Guillotine, extrait de la Nouvelle Revue, Paris, s. d. ;
- Dr Cabanes : Le Cabinet secret de l’Histoire, 2- série, p. 121, Paris, 1897, aux bureaux de la Chronique Médicale ;
- Edmond-Jean Guérin : Le Docteur Joseph-Ignace Guillotin, La Rochelle, Noël-Texier, 1908, in-8, 83 pages, extrait du Bulletin de la Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis ;
- Louis du Bois : Recherches historiques et physiologiques sur la Guillotine, Paris 1843 ;
- abbé A. Bloëme, curé de Roquetoire : Notice sur la Guillotine, Hazebrouck, L. Guermonprez 1865, 22 pages, in-8- ;
- M. J. Mathieu : La Guillotine et les portraits de son inventeur, dans la Curiosité Universelle, journal hebdomadaire du 18 août 1890 ;
- La Guillotine ou Réflexions Physiologiques sur ce genre de supplice, par D. Ph. Mustel, docteur en médecine, Paris, 1834, in-8- 32 pages ;
- History of Guillotine by the rigth, hon John Wilson Crocker, London, Murray, 1853, in-16, VIII, 88 pages.


Voir en ligne : Biographie de Joseph Ignace GUILLOTIN


[1Archives du Greffe du tribunal civil de la Seine.

[2Une lettre du 23 septembre 1778, envoyée par le secrétaire de la Loge Maçonnique de La Rochelle à celle de Bordeaux pour annoncer l’arrivée du F.-. Guillotin, député du Grand Orient de Paris, prouve que notre concitoyen était alors un des adhérents de cette Société secrète. (Voir Revue de Saintonge et d’Aunis, t. XVI, 1896, page 344, où cette lettre a été publiée).

[3Une loge maçonnique d’avant 1789 : les Neuf Sœurs, par M. Louis Amiable, conseiller à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence « Grand maître du Grand Collège et ancien membre du Conseil de l’ordre du Grand-Orient de France. » Paris, 1897.

[4La Bibliothèque de la Ville de Paris possède un exemplaire de la Pétition des Domiciliés, qui doit être considérée comme l’une des pièces les plus curieuses parmi les curiosités révolutionnaires du Musée Carnavalet.

[5D’après un édit d’août 1776, les six corps établis à Paris, comprenaient : 1° les drapiers-merciers ; 2° les épiciers ; 3° les pelletiers, bonnetiers et chapelliers ; 4° les orfèvres, batteurs et tireurs d’or ; 5° les tissutiers, les rubaniers, passementiers, boutonniers, brodeurs ; 6° les marchands de vin (Voir dans la Grande Encyclopédie, tome 12, pages 1025-1030, V° Corporation, un article très intéressant de M. H. Monin).

[6Dans les six corps des marchands de Paris, on appelait gardes, ceux qui étaient élus et choisis par les maîtres de chaque corps pour tenir la main à l’exécution des statuts et règlements de chaque corps en particulier, et pour en soutenir les privilèges.

[7Voir le compte rendu complet des audiences du Parlement où l’affaire de la Pétition fut jugée ainsi que l’arrêt rendu par cette juridiction dans les Elections et les Cahiers de Paris en 1789, par M. Chassin, t. I, p. 56-78. Paris, Jouault et Sigaux, 1883. — Dans cet ouvrage se trouve aussi le texte de la Pétition des Domiciliés.

[8Procès-verbal des séances et délibérations de l’Assemblée générale des électeurs de Paris, réunis à l’Hôtel de Ville. 3 vol. in-8. Paris 1790.

[9Réimpression de l’Ancien Moniteur, tome 1er, page 84. Paris, Plon frères, 1847.

[10Mémoires d’un témoin de la Révolution, ou Journal des faits qui se sont passés sous ses yeux et qui ont préparé et fixé la Révolution Française, (par Bailly). — Paris, Levrault et Cie Schoell, an XII (1804).

[11Le Jeu de Paume, ode dédiée an peintre Louis David, 1791.

[12La commission ne visita pas moins de dix-neuf établissements, qu’elle mesura avec soin et dont elle détermina la capacité (le Panthéon, le Val de Grâce, les Invalides, la Sorbonne, la Galerie du Louvre, l’Ecole de chirurgie, la Halle aux Blés, le Wauxhall, la Bibliothèque, l’Assomption, l’Eglise des Augustins, le Cirque du Palais-Royal, etc.) Elle se décida finalement pour la salle du Manège des Tuileries, qu’elle fit approprier à sa nouvelle destination par l’architecte Paris. L’Assemblée y tint sa première séance le 9 novembre 1789, après avoir, depuis le 19 octobre précédent, en attendant l’achèvement des travaux, siégé provisoirement dans la grande salle de l’Archevêché, dite aussi Chapelle des Ordinations. (Voir le texte du Compte rendu à l’Assemblée Nationale par les six commissaires qu’elle a nommés et revêtus de pouvoirs pour choisir un local les 10 et 11 octobre 1789 dans les Archives Parlementaires, Ière série, tome IX, page 555. Paris, Paul Dupont, 1880.

[13Moniteur du 19 février 1790, n° 50 ; Cf. Aulard. La Révolution Française et les Congrégations. Paris, Cornély, 1903.

[14Archives Parlementaires, tome XVIII, pages 178-179. — L’assemblée électorale du département de la Charente-Inférieure et la Garde nationale de Saintes, adoptèrent, en signe de deuil de la mort de Franklin, un ruban noir, noué au bras gauche. Journal Patriotique de Saintes et du département de la Charente-Inférieure, par F M. Bourignon, du 27 juin 1790, n° XXVI, pages 209 et 212.

[15Baudouin (François Jean) imprimeur à Paris, député suppléant du Tiers de cette ville, était imprimeur de l’Assemblée Nationale depuis le 24 juin 1789.

[16Archives Parlementaires, tome XVII, pp. 426-427.

[17Projet de décret sur l’enseignement et l’art de guérir, présenté, au nom du (Comité de salubrité publique, par M. Guillotin, député de Paris, imprimé par ordre de l’Assemblée Nationale. A Paris, de l’Imprimerie Nationale, 1791.

[18Les Archives Parlementaires, tome XXX, p. 71 et suivantes, ont publié le texte de ce rapport, qui contient des détails curieux sur l’installation matérielle de l’Assemblée Constituante, comme annexe à la séance du 3o août 1791.

[19Archives Parlementaires, tome XXXI, p. 625.

[20Le Comité de Législation criminelle, dit Comité des Sept, à cause du nombre de ses membres, avait été institué le 14 septembre 1789, et était composé d’hommes de loi ou d’anciens magistrats, parmi lesquels nous citerons Le Berthon ( André-Benoil-Hyacinthe), premier président au Parlement de Bordeaux, député de la noblesse de la sénéchaussée de cette ville.

[21Cette interdiction a été consacrée par l’article 85 du Code Civil.

[22Archives Parlementaires, tome IX, page 393. — La motion de Guillotin n’est pas au Moniteur.

[23Il y avait encore d’autres formes de la peine capitale, l’écartèlement, avec adjonction de tenaillements ardents et d’eau bouillante, qui était la punition des régicides, le bûcher, employé pour la répression des crimes d’hérésie, de sortilège et de magie.

[24T. IV, p. 642. Paris, Briasson, 1764.

[25Maxime Ducamp, op. cit., p. 358.

[26Le comte d’Essex, tragédie, acte IV, scène III.

[27Rapport sur le projet du code pénal, présenté à l’Assemblée nationale aux noms des comités de constitution et de législation criminelle, par M. Le Pelletier de Saint-Fargeau. Imprimé par ordre de l’Assemblée nationale.

[28Archives parlementaires, t. IX, p. 393. Guillaume, Louis-Marie, (Paris, 22 janvier 1750-septembre 1794,) avocat aux conseils du roi. Voir sur lui le Dictionnaire de la Révolution, du docteur Robinet, t. II, p. 119.

[29Archives parlementaires, toc. cit., suprà.

[30Archives parlementaires, t. IX, p. 394. Le Pelletier de Saint-Fargeau, Robespierre, d’autres encore demandèrent même l’abolition de la peine de mort que l’Assemblée n’osa pas prononcer.

[31Archives parlementaires, loc. cit.

[32Cet article devint l’article 1er de la loi du 21 janvier 1790 (Collection des lois de Duvergier, t. 1er, p. 95.

[33Archives parlementaires, t. X, p. 346.

[34Dr Chereau, Guillotin et la guillotine, p. 6.

[35Tome IV, p. 235, année 1789. Ce journal (Paris, Deyaux et.Gattey, 1789-1791, 35 vol. in-8°) était rédigé par Le Hodey de Saultchevreuil, qui au mois d’avril 1791, fonda, avec le concours des constituants Adrien Duport, Lameth, etc., le Logographe. Cette dernière feuille fut comme les premiers vagissements de la sténographie, qui ne sortit de l’enfance qu’en 1820 ; elle touchait une pension de la liste civile (Rapport de Valazé du 6 novembre 1792 sur les papiers de l’armoire de fer). Voir Maurice Tourneux, Bibliographie, loc. cit., n° 10.212, 10.606 et 10.663, et C. Hatin, Bibliographie de la presse p. 132 et suiv.

[361er octobre 1789-10 août 1192. Paris, in-4° quotidien. Rédigée par Barnabé Farmian du Rosoy. (Voir Maurice Tourneux, Bibliographie de l’Histoire de Paris pendant la Révolution Française, t. II, n° 10336).

[37Le Journal de Paris, l’ancêtre de la presse française politique (1er janvier 1777-30 septembre 1811), fondé par d’Ussieux, Cadet de Vaux et Corancez. (Bibliographie de M. Tourneux, t. II n° 10191).

[38Ce journal, fondé par Jacques Peltier, de Nantes, exista du 2 novembre 1789 au mois d’octobre 1791. (Voir, à son sujet : Eugène Hatin : Histoire de la Presse. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, t. VII, p. 78, et Bibliographie de la presse périodique française, p. 94, sup. ; Maurice Tourneux, op. cit. t. II, n° 10353).

[39Histoire des Constituants, t. III. p. 218. Paris, 1854.

[40Le Journal en Vaudevilles des Débats et Décrets de l’Assemblée Nationale, 1790, 12 numéros in-8*. En vers et en prose. Rédigé par plusieurs, notamment par un ancien page de Louis XV, le marquis de Bonnay, député de la noblesse du Nivernais aux États Généraux (M. Tourneux, op. cit., t. II, n° 10396).

[41Voir dans les Hymnes et Chansons de la Révolution, par AI. Constant Pierre (Paris, Imprimerie nationale, 1904), la nomenclature de plusieurs autres chansons sur Guillotin et sa machine.

[42N° XXIV, du 29 novembre nu 26 décembre 1789. Ce journal, publié par le sieur Prudhomme » et dédié « à la Nation et au district des Petits Augustins » eut, pendant son existence (17 juillet 1789-10 ventose an II, 28 février 1791) successivement pour principaux rédacteurs : Alexandre Tournon, Elysée Loustalot (né à Saint-Jean d’Angély, en 1762, mort à Paris en 1790), Sylvain Maréchal, Fabre d’Églantine, Santhonax, Chaumette (Bibliographie de M. Maurice Tourneux, t. II n° 10249).

[43Décret du 21 janvier 1790 (Duvergier, Col. des lois, t. II, p. 95). Cf. Archives parlementaires, t. XI, p. 297. Moniteur du 21 janvier 1790, n° 24.

[44Articles 2 et 3 du code pénal du 25 septembre 1791. L’article 3 est devenu l’article 12 de notre code pénal actuel.

[45Rœderer (Pierre-Louis), ex-constituant, avait été élu le 10 septembre 1791 procureur général syndic, en remplacement de Pastoret, contre d’André, président du club des Feuillants (Etienne Charavay, Assemblée électorale de Paris, 16 août 1791-12 août 1792, p. 298. Paris 1894).

[46Voir ces documents dans Chereau, op. cit., p. 12 à 15, et Revue rétrospective de Jules Taschereau, 2e série, t. I, p. 7.

[47Voir ce décret et l’avis motivé de Louis, qui y est annexé, dans la Collection des lois de Duvergier, t. IV, p. 61.

[48Guillotin et la guillotine, p. 18.

[49Dr Chereau, loc. cit., et docteur Cabanes, Le Cabinet secret de l’Histoire, 2e série, p. 121. Paris, aux bureaux de la Chronique Médicale, 1897.

[50La Grande Encyclopédie, t. XIX, p. 590, v° Guillotine.

[51M. Georges de Labruyère (le Matin, du 22 août 1907), prétend, nous ne savons sur la foi de quelle autorité, que le modèle de la guillotine avait été dessiné par le « citoyen Laquiante, greffier du tribunal de Strasbourg ». Alexandre Dumas (le Drame de 93, Paris, 1866, .1, 42), et les Mémoires de Sanson, racontent, de leur côté, que c’est Louis XVI, dont on connaît la passion pour la serrurerie, qui aurait perfectionné la nouvelle machine en substituant la forme oblique à celle en croissant, adoptée primitivement. (Consulter sur cette question, l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux, t. IX, p. 612-697).

[52Le Gaulois, du 7 septembre 1907 (article de M. L. de Fourcaud).

[53Mémoires d’outre-tombe, t. II, p. 496. Paris, Dufour, Mulat et Boulanger, 1860.

[54Dr Chereau, loc. cit., p. 22. ; Louis du Bois, Recherches historiques et physiologiques sur la guillotine. Paris, 1843. Cf. Pierre Quantin-Bauchart, Guillotin et la guillotine, p. 25 ; extrait de la Nouvelle revue, Paris, s. d. ; Dr Cabanes, op. cit., p. 122 ; Paul Bru, Histoire de Bicêtre, p. 87.

[55Chateaubriand, op. cit., p. 496.

[56A la suite du fonctionnement défectueux de la machine de Paris, dans une exécution, on retira la fourniture des autres départements à Schmidt, qu’on donna à René-Noël Clairin, « menuisier patenté à Paris », qui, le 13 juillet 1792, s’engagea à faire et fournir, conformément au devis dressé par M. Giraud, architecte, les guillotines moyennant le prix de 500 livres pour chacune même en y comprenant la peinture. » Cf. Chereau, op. cit., p. 28, 29 et 31.

[57Voir Symbolicarum quœstionum de universo genere, par Achille Bocchi. Bononiae, 1555 et 1574.— Figures de Bonasone, retouchées par Carrache.— Voyages en Espagne et en Italie, par le Père Labat. Paris, 1730, et Amsterdam, 1731, 8 vol in-12.

[58Guillaume Cambdem, Britannia... (Londres, 1586 et 1607) ; Walter Scott, Histoire d’Ecosse, 1ère série, chap. IX).

[59Hortulus animae. Wittemberg, 1548, in-4° (figures de Lucas de Crarach). Cf. gravures d’Albert Durer, de Nuremberg (1522), d’Henri Aldegrever (1553), de Gregorius Penez. Voir aussi Revue d’Aunis et Saintonge de mars et juillet 1895, p. 110 et 294.

[60Notice sur la guillotine, par l’abbé Adolphe Blorme, curé de Roqueloire (Hazebrouck. — L. Guermonprez, 1865, 22 pages in-8). Cf. Intermédiaire des chercheurs et des curieux du 30 mai 1897, p. 676, et Poésies du Hollandais Jacques Cats (Hambourg, 1710-1717).

[61Mémoires d’outre-tombe, t. I", p. 491.

[62M. J. Mathieu, La guillotine et les portraits de son inventeur, dans la Curiosité universelle, journal hebdomadaire, du 18 août 1890. Cf. Actes des apôtres, n° XXVII.

[63M. Tourneux, Bibliogr., t. IV, n » 23.004.

[64Dans deux lettres qu’il nous a adressées les 23 octobre et 19 décembre 1907, M. A. Dières-Monplaisir, ancien président du tribunal de commerce, à Marennes, nous a dit qu’il a eu connaissance du chagrin éprouvé par Guillotin, par la lecture de divers documents.

[65H. Wallon, op. cit., t. III, p. 382.

[66Archives nationales, W. 112. Cf. Intermédiaire des chercheurs et des
curieux du 30 avril 1892, t. XXV, p. 427.

[67C. Dauban. La démagogie A Paris en 1793. Paris, Henri Pion, 1868.Mémoires et souvenirs du baron Hyde de Neuville, t. I, chap. 2, p. 70. Paris, 1888, 3e édition.

[68Le célèbre médecin, Jean-Noël Hallé, pour sauver Lavoisier, avait présenté an tribunal révolutionnaire un rapport détaillé sur les travaux du principal fondateur de la chimie moderne. « La République n’a pas besoin de chimistes », fût la seule réponse qu’obtint le défenseur du grand savant. Cette phrase cruelle et stupide, généralement attribuée à Fouqnier-Tinville, l’impitoyable pourvoyeur de l’échafaud, ne serait pas de lui, mais de Coffinhal, le vice-président de ce tribunal de sang, qui présidait l’audience, où fut prononcé le jugement condamnant à la peine capitale Lavoisier et les autres fermiers généraux. (Lavoisier, par Edouard Grimaux, page 376. Paris, F. Alcan, 1888. — G. Lenôtre, Le Tribunal Révolutionnaire, page 204, Paris, 1908, Perrin et Cie).

[69Jean-Frédéric Edelmann, né à Strasbourg, le G mai 17/19, avait embrassé les idées ultra-révolutionnaires, ce qui ne l’empêcha pas, le 29 messidor an II (17 juillet 179/4), d’être condamné à mort comme « affilié à la conjuration, ourdie à Paris, contre la représentation nationale et la sûreté des prisons. » — (H. Wallon, Histoire du Tribunal révolutionnaire de Paris, tome V, page 07. Paris, L. Hachette, 1881).

[70Ce drame lyrique avait été représenté, avec succès, à l’Académie Nationale de Musique le 24 septembre 1782. Un exemplaire de cette œuvre musicale est conservé à la Bibliothèque du Conservatoire. A la page de garde se lit cette dédicace : Témoignage de reconnaissance et d’amitié, offert à M. Guillotin par l’auteur. (Gaulois du 7 février 1907).

[71Il avait fait, parait-il, en faveur de condamnés à mort, qui l’intéressaient, appel à la clémence de Marat, qu’il avait connu, d’une manière assez intime, lorsque ce dernier était médecin des écuries du comte d’Artois, mais le trop fameux révolutionnaire avait repoussé impitoyablement les sollicitations de son ancien confrère. (Guillotin Joseph-Ignace, par le Dr. Réveillé-Parise, Paris, Panckoucke. S. d. in-8, extrait du Moniteur Universel des 20 février et 20 mars 1851).

[72Mémoires de Beugnot, publiés par son fils. Paris, 1866, page 192. — Voir aussi un article de M. Arthur Chuquet, La Guillotine trahie par Guillotin, dans les Feuilles d’histoire du 1er avril 1910, page 867. Paris, Roger et Chernovitz, éditeurs.

[73Numéro du 20 mars 1907, vol. LV, 751. Le document, dont s’agit, est une pétition, adressée par « les républicains blessés à l’hôpital militaire de St-Waast d’Arras », aux représentants en mission, pour protester « du zèle, de l’activité, de l’humanité, de la douceur et du patriotisme du docteur Guillotin et de ses auxiliaires, les chirurgiens Dautreville, Baudelocque et Hoche », violemment attaqués par la Gazette du Nord, dans un article insinuant qu’ils étaient au-dessous de leur mission.

[74Châteaubriant, Mémoires d’Outre-Tombe, page 496.

[75Voir M. Augustin Challamel : Les Clubs contre-révolutionnaires, p. 37, 64, 286, 320. Paris, L. Cerf, Noblet et Quantin, 1895.

[76Biographies de Rabbe, d’Arnauld et de F. X. de Feller, Hoëffer-Didot, Dictionnaire Encyclopédique de la France de Ph. Le Bas, tome IX, p. 250 ; Nouveau Larousse illustré, Grande Encyclopédie, tome XIX, p. 589 (article du Dr Hahn) ; Dictionnaire de la Révolution et de l’Empire, du docteur Robinet, tome II, p. 122 ; Biographies Saintongeaises de Rainguet, et H. Feuilleret et de Richemond ; Dictionnaire des Parlementaires français, par A. Robert, F. Bourloton et G. Cougny, tome III, p. 284 : Réveillé-Parise, op. cit. ; Géo Furlh, Docteur Guillotin (dans la Charente-Inférieure du 16 mars 1904) ; Charles Rémv-Saint-Maurice le Dr Guillotin, dans l’Indépendant de la Charente-Inférieure des 8 septembre et 1er octobre 1853 etc.

[77Tome II, p. 396, 2e édition. Breslau, Korn, 1806. Les auteurs de cet ouvrage anonyme sont Alphonse de Beauchamp, Caubrières, Fél.-Jos. Giraud, Joseph Michaud, L. de Coiffier et autres.

[78Paris, H. Plon, 1870.

[79Archives Nationales, Police Générale, F. 7,4736.

[80Où était la maison d’arrêt dite des Orties ? Certainement dans la rue appelée ainsi. La rue des Orties, dont le nom est emprunté aux plantes sauvages qui y croissaient, se trouvait dans la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois ; elle commençait à la rue Froimenteau (ou Froid-Manteau), finissait d’abord au rempart de la ville (enceinte de Charles V) et s’est terminée plus tard à la place du Carrousel. Elle longeait la façade septentrionale de la grande galerie du Louvre, ce qui lui avait tait donner en 1603, le nom de « rue Sainct-Nicolas-du-Louvre » ou de « rue des Galleryes du Louvre ». En 1800, cette voie, dont les maisons étaient déjà, en partie démolies, a disparu entièrement, ainsi que la rue Froimenteau, lors de l’achèvement du Louvre, en vertu de la loi du 4 août 1849.Quant à la prison où fut incarcéré Guillotin, il est probable qu’elle était établie dans tout ou partie de l’ancien cloître Saint-Thomas, existant dans la rue des Orties (Voir Topographie historique du Vieux Paris (Région du Louvre et des Tuileries, I, pages 79 et 177), par M. Adolphe Berty, historiographe de la Ville, Paris, Imprimerie impériale, 1866).

[81L’époque, à laquelle fut opérée l’arrestation de Guillotin, fait toutefois supposer que les écrits incriminés devaient se rapporter au manifeste de la section Lepelletier, du 10 vendémiaire an IV, auquel avaient adhéré 32 autres sections parisiennes, parmi lesquelles celles de la Butte-aux-Moulins, du Théâtre Français, de la Halle-aux-Blés, etc., pour protester contre le décret de la Convention du 13 fructidor an III (3o août 1795), d’après lequel les assemblées primaires devaient élire des Conventionnels dans la proportion des deux tiers. Ce manifeste fut on le sait, suivi le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) d’une insurrection contre cette Assemblée, à laquelle se mêlèrent les royalistes et que Bonaparte réprima durement en mitraillant les sectionnaires sur les marches de l’église Saint-Roch. (Aulard. Histoire politique de la Révolution française ; p.532 et 575, Paris ; 1901). — Pour le détail des sources ; consulter Maurice Tourneux. Bibliographie de l’Histoire de Paris pendant la Révolution, Paris, 1890, Imprimerie Nouvelle, t. Ier, pp.. 434, 437, in-4°. Cet auteur cite le Rapport fait à la Convention Nationale, au nom. des Comités de Salut public et de Sûreté générale, par P. Barras, représentant du Peuple, général en chef de l’armée de l’intérieur, dans la séance du 30 vendémiaire an IV, mais ne fait aucune mention des écrits subversifs, reprochés au Dr Guillotin.

[82Ce qui le démontre c’est d’abord la qualification d’ex-constituant, donnée dans l’un d’eux à la personne arrêtée (Guillotin fut le seul député de ce nom à l’Assemblée Constituante) ; c’est ensuite cette particularité que la rue Croix-des-Petits-Champs, où il habitait alors, était située près de l’ancienne Halle aux Blés et devait sans doute faire partie de cette section.

[83Cette lettre a été publiée dans le Moniteur du 18 brumaire an IV (9 novembre 1795).

[84Opinion du citoyen Sue, professeur de médecine et de botanique, sur le supplice de la Guillotine, 1796, 16 pages. — Jean-Joseph Sue, né et mort à Paris (i3 janvier 1760-21 avril 1830) est le père du romancier Eugène Sue, l’auteur populaire du Juif Errant et des Mystères de Paris.

[85Moniteur du 20 brumaire an IV (11 novembre 1795).

[86Que penser enfin du supplice de la Guillotine ? Nouvel examen de cette question, par René Gastellier, médecin de l’hôpital de Sens. Paris, an IV, chez les marchands de nouveautés, in-8°, 20 pages.

[87Réflexions historiques et psychologiques sur le supplice de la Guillotine. Paris, an IV, in-8°, 26 pages.

[88Note adressée aux éditeurs du Magasin Encyclopédique sur l’opinion de MM. Œlsner et Sœmmering touchant le supplice de la Guillotine, par le citoyen Cabanis, publiée dans ce journal, tome V, p. 153-174. — Les études de l’Ecole Pratique, dite de Clamart, les recherches poursuivies de nos jours par MM. Hayem, Brown-Séquard, Loye, etc., donnent tout lieu de croire, comme l’a affirmé Cabanis, que la conscience disparaît immédiatement avec la décapitation et que les signes de survie dont on a parlé (contraction des muscles, mouvements, etc.) ne sont que de simples réflexes (article du docteur Langlois dans la Grande Encyclopédie, t. XIII, p. 1046, v° Décapitation). Cependant dans un livre récent (Peine de mort et criminalité. Lyon, Rey et Cie, 1908) M. A. Lacassagne, savant professeur de médecine légale à l’Université de Lyon, a déclaré qu’il n’est pas partisan du supplice de la Guillotine, où, dans certains cas, il peut y avoir survivance et a réclamé l’emploi de la pendaison, comme en Angleterre ; mais le docteur Socquet, le médecin, légiste parisien bien connu, s’est empressé de réfuter l’opinion de son confrère dans une interview, parue dans le journal l’Eclair du 14 mars 1908.

[89Pierre-Nicolas Berryer, né à Sainte-Menehould le 17 mars 1757, mort le 20 juin 1841, à Paris, était le père de l’illustre orateur légitimiste Pierre-Antoine Berryer et du général Hippolyte-Nicolas Berryer ; il s’est particulièrement fait connaître par la défense du maréchal Ney, où il fut aidé par Dupin ainé. On a de lui divers écrits, notamment des Souvenirs (1839), livre curieux pour l’histoire contemporaine, où il relate, t. I, p. 155 et 156, la consultation donnée au docteur Guillotin.

[90Le texte de cette décision se trouve dans les Tribunaux civils de Paris pendant la Révolution (1791-1800), par MM. Casenave et A. Douarche, conseiller à la Cour de Cassation. Paris, Cerf, Noblet et Quantin, 1905, t I, p. 207.

[91Dans la Charente-Inférieure, les premiers essais de vaccination furent faits à Rochefort le 7 germinal an VIII (28 mars 1800) par Jean-Baptiste Bobe-Moreau, pharmacienen chef de l’école de santé de celte ville, et à Saintes, du 14 au 24 prairial an IX (2 au 12 juin 1801) par les docteurs Couturier, Lavigne, Viault, Brissonneau, Néron et Bruslé, ex-médecin de marine au port de Rochefort ; ( Voir Bobé-Moreau et les premiers essais de la vaccine en Saintonge, par A. Duplais-Destouches, dans la Revue de Saintonge el d’Aunis t VIII, p. 49 et 219).

[92Moniteur du 16 brumaire an XII (8 novembre 1803) a publié ce discours.

[93Voir le Moniteur du 23 ventôse an XIII (14 mars 1805) qui donne le texte du discours de Guillotin.

[94Voir pour l’organisation de la Société Académique et les membres la composant l’Almanach Impérial, publié à Paris, par Testu, imprimeur de Sa Majesté, rue Hauteville, 13, années 1808, 1809 et 1810.

[95Cette propriété fut vendue, après le décès de Guillotin, aux époux Etienne Aignan, de Paris, aux termes d’un acte reçu par le même notaire Noël le 6 septembre 1814. (Etude de M" Mahot de la Querantonnais).

[96Nous devrons la communication de cette lettre à un arrière petit-neveu de son destinataire qui était M. Dieres-Montplaisir, employé à la préfecture, rue de la Comédie, à Saintes.

[97Eloge funèbre de Guillotin par un de ses condisciples et amis, 1n-4°. Paris, 1814.

[98Me Charles Tollu, notaire à Paris, est détenteur des minutes de Giard.

[99D’après des notes, dues à la complaisance de Me Mahot de la Ouerantonnais, notaire à Paris, l’un des successeurs de Noël.

[100Discours prononcé le 28 mars 18l4, jour des obsèques de M. Guillotin, par M. E-C. Bourru, ancien et dernier doyen de l’ancienne Faculté de Médecine de l’Université de Paris, etc., etc. Paris, Plassan, imprimeur de la Grande Chancellerie et de la Légion d’honneur, s. d , in-4°, 8 pages.

[101En 1892, M. Léon Bourgeois, alors ministre de l’instruction publique, a commandé à un sculpteur charentais, M. Th.-Henri Bouillon (né à Saint-Front, canton de Mansle, fils de M. Jean Bouillon, ancien magistrat, maire de Mansle, lequel est décédé en cette ville le 2 mars 1893), un buste en marbre blanc de Guillotin, destiné à la salle du Jeu de Paume, au musée de Versailles. Ce buste a bien été placé dans ce local, mais, d’après les renseignements fournis par M. Blanc, gardien de la salle du Jeu de Paume, contrairement aux pratiques gouvernementales en pareille circonstance, il n’y a eu ni inauguration, ni discours à cette occasion.

Est-ce que l’on doit voir dans ce silence et dans l’abstention des représentants officiels de la République la preuve qu’ils ont eux aussi cédé à la prévention inique inexplicable, contre laquelle nous avons voulu réagir, et que nous avons le vif désir et le ferme espoir de voir enfin disparaître, à tout jamais, des esprits mieux éclairés ?

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