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1851 - Le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en Poitou-Charentes

jeudi 1er octobre 2009, par Pierre, 5281 visites.

Le coup d’État du 2 décembre 1851 est effectué par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République. Il arrive par ce moyen à dissoudre illégalement l’Assemblée nationale française, devenant seul maître de la France, et à rétablir le suffrage universel masculin, précédemment limité par l’Assemblée. Ces décisions et la prolongation de son mandat à 10 ans sont approuvées par plébiscite, tout comme l’établissement du Second Empire à compter du 2 décembre 1852, quand Louis-Napoléon Bonaparte devient ainsi « Napoléon III, empereur des Français ». Ce coup de force met donc fin à la Deuxième République, qui a duré moins de 4 ans.

La résistance des républicains et démocrates face au coup d’État est militairement écrasée. La répression bonapartiste fait plus d’un millier de morts, plus de 26.000 arrestations et emprisonnements, et des milliers de déportations. (source : Wikipédia)

Que s’est-il passé dans les 4 départements actuels de la région Poitou-Charentes (Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne) ?

Source :

Version A : Statistique pour servir à l’histoire du 2 décembre 1851, Paris et les départements - Adolphe Robert - Paris - 1869 - BNF Gallica
Version B : Histoire des conseils de guerre de 1852, ou Précis des événements survenus dans les départements à la suite du coup d’État de décembre 1851... d’après les documents officiels, les journaux de l’époque... par les auteurs du "Dictionnaire de la Révolution française" - Décembre-Alonnier - Paris - 1869 - BNF Gallica

Le 2 décembre 1851, à 7 heures du matin, on lisait sur les murs de Paris, un placard ainsi intitulé.

Au nom du peuple français, Le Président de la République,
Décrète :

Art. 1er — L’Assemblée nationale est dissoute.

Art. 2. — Le suffrage universel est rétabli. La loi du 31 mai est abrogée.

Art. 3. — Le peuple français est convoqué dans ses comices à partir du 14 décembre jusqu’au 21 décembre suivant..

Art. 4. — L’état de siège est décrété dans l’étendue de la 1re division militaire.

Art. 5. — Le Conseil d’État est dissout.

Art. 6. — Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.

Fait au palais de l’Élysée, le 2 décembre1851.

LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE.

Le ministre de l’intérieur, DE MORNY.

.... Ce décret avait été précédé par de nombreuses arrestations [NDLR : de républicains] à domicile.

Que s’est-il passé dans les 4 départements de l’actuelle région Poitou-Charentes ? Deux versions complémentaires, voire contradictoires.

CHARENTE

Version A Version B
Vive émotion à Angoulême, ainsi qu’à Confolens et à Cognac.

TROIS VICTIMES CONNUES .

- Chavanand, à Genac.
- Lassauzais, coutelier, à L’Hommeau.
- Reniller, pêcheur, à Villognon.
ANGOULÊME. — VlLLOGNON.

Voici, tout ce que nous trouvons sur la Charente : une dépêche, télégraphique datée du 4 décembre. — « La situation est des plus favorables ; les populations applaudissent et disent ceci :

« Puisque l’assemblée voulait mettre le Président à Vincennes, il a bien fait de prendre les devants. »

La Gazette de l’Angoumois ne parie, à propos des mesures prises par l’autorité, que de la fermeture du Café Patriotique, tenu à Angoulême, rue Saint-Jacques, ainsi que de la dissolution du Cercle politique qui s’y tenait. Ce café put rouvrir après le vote sur le plébiscite, mais la dissolution du cercle fut maintenue.

Les arrestations, croyons-nous, furent peu nombreuses ; voici le récit d’une, d’après un journal de la localité : « Le 21 de ce mois, la gendarmerie du Luxé a arrêté, à Villognon, le nommé Reuiller, pêcheur de profession, habitant de cette commune, pour avoir dit hautement, sur la voie publique, « que les gardes nationaux, qui s’étaient rendus pour protéger l’élection méritaient des coups de fusils. »

Cette arrestation jointe à la destitution de M. le docteur Dutouquet, membre du conseil général, de ses fonctions de maire, ainsi que la suppression des journaux l’Union républicaine et le Travailleur, sont les faits les plus saillants qui se produisent en décembre dans ce département.

CHARENTE-INFÉRIEURE.

Version A Version B
Le port de Rochefort seul a manifesté quelques velléités de résistance, mais qui n’ont pas eu de suite. — Quelques arrestations ont été opérées dans le département ; mais je ne puis transcrire que les quatre noms suivants, trouvés dans les journaux officieux :

MORT A CAYENNE.

- Robin (Charles), teinturier, à Saintes.

AFRIQUE — EXIL — INTERNEMENT — PRISON

- Berolla, horloger, à Marennes.
- Bessède, homme de lettres, à Saint-Jean d’Angély.
- Fourestier (Louis), coutelier, à Jonzac.
LA ROCHELLE. - SAINT-JEAN-D’ANGÉLY. - JONZAC. - SURGÈRES.

S’il faut en croire les dépêches insérées au Moniteur, l’enthousiasme des populations, à l’annonce du coup d’État, tenait du délire. Ainsi à Saint-Jean-d’Angély, les documents étaient lus avec avidité. Quant aux campagnes, elles faisaient éclater bruyamment leur enthousiasme.

« Le plus grand calme, lisait-on dans une autre dépêche, règne dans tout le département ; Les villes acceptent les événements de Paris, que les campagnes ont généralement accueillis avec enthousiasme (1).« Seulement la dépêche se termine par une phrase maladroite : " La tranquillité sera rigoureusement maintenue, »

Mais pourquoi menacer, puisque, d’après les dépêches, tout le monde était d’accord pour célébrer avec enthousiasme ce grand événement ?

(1) Depuis, ce département qui, le premier, avait nommé Louis Napoléon représentant du peuple, a élu M.Bethmont. Nous savons bien qu’il y en a d’aucuns qui disent, dans le pays, qu’il a été nommé par dépit. Mais dépit ou pas, il n’en siège pas moins à la chambre ;
espérons que les électeurs de l’arrondissement de Rochefort sauront l’y maintenir aux prochaines élections.

DEUX-SÈVRES.

Version A Version B
Il y a eu quelques velléités de résistance à Niort. — Les villes de Melle et de Bressuire ont été aussi très-agitées. — Le département compte un chiffre assez considérable de citoyens inquiétés. — Les noms suivants ont été trouvés dans le Moniteur officiel :

DÉPORTÉ A CAYENNE.

- Vien (Daniel), cultivateur, à Niort.

AFRIQUE. — EXIL. — INTERNEMENT. — PRISON.

- Allain, propriétaire, à Bressuire.
- Anny, avocat, à Niort.
- Arrondeau (Jean), huissier, à Melle.
- Audouin (Augustin), aubergiste, à Magné.
- Boisson (Charles), cordonnier, à Niort.
- Bonnin (Thomas), propriétaire, à Rouillé.
- Chaumier fils, négociant, à Niort.
- Clerc-Lassalle, vice-président du tribunal civil de Niort.
- Damon (Charles), à Mauzé.
- Fayette (Jean), cordonnier, à Mauzé.
- Ferrero, à Niort.
- Garaud (Henri), filassier, à Niort.
- Ginestat, médecin, à Niort.
- Girard.
- Gorrin, médecin.
- Grandeau (Pierre), menuisier, à Saint-Maxire.
- Guay, commandant de la garde nationale de Niort.
- Hayes (Arsène-Pierre), cordonnier, à Niort.
- Janneau, propriétaire.
- Jarrieau (François-Pierre), propriétaire, à St-Maxire.
- Laborthe de Jumiat (Gustave), avocat, à Niort.
- Lecoq (Barthélemy), cafetier, à Melle.
- Maichain (Joseph), propriétaire, à Niort.
- Mangor, à Niort.
- Mignot (Jean), cordonnier, à Mauzé.
- Morin, cordonnier, à Niort.
- Paris (Jean), cabaretier, à Arçais.
- Piet, ouvrier, à Niort.
- Plisson (Fr.-Eugène), voyageur de commerce, à Niort.
- Ribreau, à Niort,
- Roussel, tanneur.
- Saillant fils, employé du cadastre.
- Savariau (Pierre), propriétaire, à Niort.
- Savy (Constant), avocat, à Niort.
- Taféry (Constant), typographe, à Niort.
- Talon-Larante (Charles), voyageur de commerce, à St-Florent.
- Verdier (François-Dominique), directeur de l’usine à gaz de Niort.
- Voularnière, avocat, à Melle.
NIORT.—BRESSUIRE.

A l’annonce de la nouvelle du coup d’État, une certaine agitation se manifesta à Niort dans le parti républicain, mais tout se borna à une manifestation devant l’hôtel de la mairie (1).

Le maire, M. Henri Giraud, donna sa démission ; M. Proust aîné, remplit les fonctions de maire à sa place ; le colonel de la garde nationale, M. Douhaut, donna également sa démission.

L’autorité ne se crut en sûreté qu’après avoir fait opérer un certain nombre d’arrestations : MM. Méchain, frère du député, et rédacteur de l’OEil du peuple, Chaumier, négociant, Saillant, Mangor, Savariau père, Taféry (2), etc., furent arrêtés. D’autres républicains con-
tre lesquels des mandats avaient été décernés, entre autres M. Guay, commandant de la garde nationale, furent assez heureux pour se soustraire aux recherches de la Police.

VIENNE.

Version A Version B
Rien de bien précis sur ce département ; les dépêches de l’époque signalent beaucoup d’agitation a Châtellerault et des arrestations assez nombreuses. Voici les noms dés citoyens mentionnés dans les journaux.

AFRIQUE. — EXIL. — INTERNEMENT. — PRISON.

- Aubin, instituteur, à Poitiers :
- Barrai, journaliste, à Poitiers.
- Bonnal, journaliste, à Poitiers.
- Collard, doreur, à Poitiers.
- Desroches, ancien entrepreneur, à Châtellerault.
- Dupleisset, avocat, à Poitiers.
- Fradin (Clément), avocat, à Châtellerault.
- Gaudeau (Gustave), propriétaire, à Châtellerault.
- Girault. pasteur protestant, à Poitiers.
- Jarassé, ancien maire de Champigny-le-Sec.
- Lerpinière, médecin, à Châtellerault.
- Levasseur, ex-brigadier de gendarmerie, à Poitiers.
- Limousineau, avocat, à Poitiers.
- Morisset, menuisier, à Châtellerault.
POITIERS.

Pour ce département tout se résume dans les dépêches suivantes

« Poitiers, 3 décembre. — La tranquillité continue à Poitiers et à Châtellerault.

" Poitiers, 3 décembre, onze heures du soir. — Tranquillité parfaite. Adhésion complète aux actes du gouvernement.

« Poitiers, 4 décembre, dix heures du matin, — Poitiers, Châtellerault, Montmorillon, Civray et Loudun sont très-calmes.

« Poitiers, 6 décembre, cinq heures du soir. — Tout se passe avec le plus grand calme dans le département ; il s’opère dans les esprits un mouvement tout à fait favorable au nouvel ordre de choses. Des citoyens viennent spontanément offrir leur concours au préfet. »

Des arrestations, il n’en est pas question ; cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu.

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