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1407 - Le roi Charles VI rattache Taillebourg à la couronne de France

vendredi 4 janvier 2013, par Pierre, 1061 visites.

Nationalisation d’un site stratégique pour faire face à une situation critique : l’idée n’est pas nouvelle. Prenant prétexte de la position frontalière de la seigneurie de Taillebourg, et du risque que les ennemis anglais font courir à cette place (nous sommes au milieu de la Guerre de Cent Ans), le roi Charles VI exproprie Jean de Harpedenne (un de ses meilleurs soutiens locaux) et rattache "la Ville, Port de mer, & Chastellenie de Taillebourg en Saintonge" à la couronne de France. Cette expropriation lui est permise, puisque certains de ses prédécesseurs en ont fait de même, par raison d’état ! Jean de Harpedenne sera toutefois indemnisé "du loyal prix". Une situation de courte durée, car en 1442 la seigneurie de Taillebourg sera détachée du domaine royal et donnée par Charles VII à Prégent de Coëtivy.

Source : Histoire de Charles VI. roy de France, et des choses memorables advenuës durant 42 années de son règne, depuis 1380 jusques à 1422 - Jean Juvénal des Ursins, Archevesque de Rheims - Paris - 1653 - Google livres

Jean de Harpedenne : chevalier, sénéchal de Saintonge de 1391 à 1407, puis de nouveau en 1412, seigneur de Montaigu et de Belleville en Poitou, l’un des plus valeureux champions de la cause royale ou nationale sous le règne de Charles VI.

Il est propriétaire de Taillebourg depuis 1395 environ, époque à laquelle Jean l’Archevêque lui vendit cette baronnie.

Voir ci-dessous notes détaillée sur Jean II de Harpedenne

Autres sources sur Harpedenne (ou Harpedanne)

1407 - Union au Domaine des Places limitrophes.

Lettres Patentes du Roy Charles VI. à Paris , l’an mille quatre cens sept au mois d’Avril, par lesquelles il declare qu’il a droict, & luy est loisible par prerogative Royale de prendre & appliquer à son Domaine les Chasteaux, & autres lieux estans en la frontiere des ennemis,en faisant recompense à ceux desquels il prendra lesdits lieux ; & que les Roys ses predecesseurs auroient jouy & usé de ce Droict, quand la necessite & utilité de la chose publique l’a requis. Et partant qu’il unit à son domaine la Ville, Port de mer, & Chastellenie de Taillebourg en Saintonge, assis en pays de frontiere. Ce qu’il dit faire pour le profit du pays , & à ce que ladite Ville & Port soient en plus seure garde, Et entend recompenser en bref le Sieur de Harpedenne Acquereur, du prix & loyaux cousts .

CHARLES par la grace de Dieu Roy de France, sçavoir faisons à tous presens ; & advenir ; Que comme pour le bien, tuition, & defense de nostre peuple, & l’utilité de la chose publique de nostre Royaume , nous ayons droict, & nous soit loisible par puissance Souveraine & especiale prerogative Royale, de prendre & appliquer à nostre Domaine les Terres, Chasteaux, Ports de mer, & autres lieux, estans en frontiere de nos ennemis, que nous veons estre necessaires à la generale garde, tuition, & defense de nos Subiets, & a la seureté universelle de nostredit Royaume, en faisant condigne recompensation à ceux desquels nous prendrons lesdits Lieux du loyal prix & juste valeur d’iceux lieux, & des autres interests & loyaux coustemens ; & de ce droict ayent jouy & usé nos devanciers Roys de France, quand necessité & expediente utilité de ladite chose publique de nostredit Royaume l’a requis, & y est survenuë. Et il soit ainsi que nostre amé & feal Chevalier, Chambellan, & Conseiller Jean Harpedenne, ait nagueres acquis par certains moyens la Ville, Terres, & Chastellenie de Taillebourg, tenuë en foy & hommage de nous, avec la Terre du Cluseau tenuë en foy des Religieux, Abbé, & Convent de Sainct Jean d’Angely, avec toutes leurs appartenances, & appendances quelsconques ; lesquelles sont assises en pays de frontiere de nosdits ennemis prés de Bordeaux, & ailleurs sur Ports de mer, par lesquels l’on pourroit legerement descendre à grand nombre de navires & de gens pour grever nous, nostre Royaume, nostre pays de X ainctonge, & nosdits Subiets, sigarde & provision n’estoient mises sur lesdits Ports , & audit pays : Et lesquelles Terres, Chastellenie, & Port de mer, avec ses appartenances & appendances, nous sont moult necessaires à estre en nostre main, & appliquées à nostre Domaine, pour la tuition & defense de nosdits Subiets, & pour tout le bien public de nostredit Royaume. Et lesquelles Terres, Chastellenie, & Port de mer se elles se alienoient, ou estoient mises hors de nostre main, és mains de nosdits ennemis, par quelconque maniere que ce fust, par mauvaise garde, ou autrement, comme par plusieurs fois depuis quarante ans est advenu, pourroit grandement dommager nous, nostredit Royaume, & nosdits Subiets audit pays de Xainctonge, nostre ville de la Rochelle, & d’ailleurs environ, si remede n’y estoit mis. Et pour ce voulans aucunement pourveoir à la seureté dudit pays, lequel a esté durement traité par nosdits ennemis jusques à cy ; & aussi de tous nos autres Subiets pour aucunes grandes causes & considerations euës en nostre Conseil, & autres qui à ce nous ont meu, & meuvent : Voulans en ce user de nostre droict & prerogative Royale, par puissance & Seigneurie Souveraine, avons voulu & ordonné, voulons & ordonnons par ces presentes, que icelles Ville, Terres, & Chastellenie de Taillebourg, & Port de mer ; ensemble ladite Ville de Cluseau, & toutes leurs appartenances & appendances quelsconques, que l’on dit estre de nouvel acquises par ledit Harpedenne en quelque maniere, & pour quelconque cause que ce soit, soient Royaument mises & appliquées à nostredit Domaine : Et dés maintenant par ces presentes les y mettons & appliquons de nostredite puissance & auctorité Royale, pour en jouyr desormais comme de nostre propre chose & domaine, au profit & seureté de nous, de nosdíts Subiets, & dudit pays, en
recompensant & voulant recompenser toutes voyes en argent comptant pour une fois iceluy Harpedenne du prix des coustemens, frais , & missions raisonnables parluy faits, tant en l’acquest desdites Terres & Chastellenie, comme autrement deuëment ; laquelle chose nous entendons faire briefvement. Si donnons en mandement à nos amez & feaux Conseillers les Gens tenans nostre Parlement, & qui les tiendront pour le temps advenir, les Gens de nos Comptes & Tresoriers à Paris, & à chacun d’eux sicomme à luy appartiendra, que incontinent ces Lettres veuës ils mettent Royaument en nostredite main lesdites Terres & Chastellenie de Taillebourg & du Cluseau, & les appliquent à nostre Domaine, comme dit est, & icelles facent gouverner en Justice, & en Recepte, & autrement doresnavant de par nous, comme nostre propre Domaine. Et pource que ce soit ferme chose & stable à tousiours, nous avons fait mettre à ces presentes nostre Seel, sauf en autres choses nostre droict, & l’autruy en toutes.
Donné à Paris au mois d’Avril, l’an de grace mille quatre cens & sept, et de nostre Regne le vingt-septiesme.

Signé sur le reply, Par le Roy en son Conseil, où le Roy de Sicile, Monseigneur le Duc de Berry, Vous, l’Archevesque de Sens, l’Evesque de Noyon, le grand Maistre d’Hostel, le Maistre des Arbalestriers, & autres estoient.

Signé, Derian. & seellé d’un grand Seau de cire verte, pendant en cordon de soye rouge & verte.


Notes sur Jean II de Harpedenne

Jean II Harpedenne naquit a Fontenay, durant que son père en était gouverneur, et fut baptisé en l’église Notre-Dame de cette ville ; ce fut sans doute en souvenir de cet événement qu’il fit une donation à cette église, à la condition d’y célébrer une messe le samedi de chaque semaine entre soleil levant et heure de prime. (Beauchet-Filleau, Dict. des familles de l’anc. Poitou, t, 11, p. 206. Cet ouvrage fournit quelques renseignements, mais la plupart sont erronés ; la biographie du père et du fils y est constamment confondue). Jean II devait avoir environ vingt ans à l’époque où le roi lui fit don des biens de son oncle, Thomelin. Grâce à son autre oncle, le connétable de Clisson, il s’éleva rapidement à une haute situation. Le 1er décembre 1386, il servait à Arras dans l’armée destinée à envahir l’Angleterre. Il était chambellan de Charles VI en 1388 et reçut de ce prince un don de 100 francs, le 13 octobre de cette année. Le duc de Touraine le gratifia d’une somme de 1200 livres, par lettres du 12 août 1389. (Actes analysés dans le dossier Harpedenne, au Cabinet des titres de la Bibl. nat.). Froissart le cite cette année-là parmi les grands personnages qui assistèrent à l’entrée à Paris de la reine Isabeau de Bavière. (Edit. Kervyn de Lettenhoye, t. XIV, p. 21). Suivant le même chroniqueur, Jean Harpedenne prit part en 1390 à l’expédition du duc de Bourbon dans les États barbaresques et assista au siège d’Afrique ou Méhédia en Tunisie. (Id., t, XIV, p. 224, 245). L’année suivante, il touchait une pension annuelle de 1,000 fr. sur le trésor royal (acte du 4 avril 1391) et exer­çait l’office de sénéchal de Saintonge, suivant des lettres émanées de lui en cette qualité et datées du 26 avril. (JJ. 140, n° 293, fol. 342). Dans cet acte il s’intitule aussi seigneur de Montendre et chambellan du roi. Cependant c’est en janvier 1397 seulement que des lettres de Charles VI portent donation en sa faveur de la ville et seigneurie de Montendre (JJ. 153, n° 77, fol. 37), confisquées sur le Soudit de Latrau. (Voy, notre t. IV, p. 417, note). On trouve ensuite Jean Harpedenne guerroyant en Guyenne sous Enguerrand de Coucy, pendant les années 1395 et 1396. A cette dernière date il est dit sénéchal de Périgord, office qu’il exerçait encore le 23 mars 1399 n, s., suivant des lettres de ce jour, lui accordant de la part du roi un don de 1,000 livres tournois, en récompense de ses services. (Dossier du Cabinet des titres).

Dans le Grand-Gauthier figure un aveu de quelques petits domaines rendus par Jean Harpedenne au duc de Berry, comme comte de Poitou, le 10 janvier 1402. (Copie aux Arch. nat., R1* 217 2, p. 1074). Après la mort du connétable de Clisson, on procéda au partage de ses biens, ou plutôt on refit le partage de la succession d’Olivier III et de Jeanne de Belleville. entre les deux filles d’Olivier IV, Béatrix de Clisson, mariée à Alain vicomte de Rohan, et Marguerite de Clisson, comtesse de Penthièvre et vicomtesse de Limoges, d’une part, et son neveu Jean Harpedenne, fils de Jeanne de Clisson, d’autre part. Ce dernier eut les terres de Belleville, de Montaigu, de Vendrines et de la Lande. Le vicomte de Rohan et la comtesse de Penthièvre eurent le reste, comprenant les seigneuries de Clisson, de Palluau, de la Garnache, de Châteaumur, des Deffens, du Fief-l’Evêque et de leurs appartenances. Cet acte, daté du 5 mai 1408, se trouve dans la collect. de Dom Fonteneau, t. XXVI, p. 335. Le 10 octobre 1415, François de Montberon, vicomte d’Aunay, et Louise de Clermont, sa femme, vendirent à Jean Harpedenne les terres de Cosnac et de Mirambeau moyennant 8000 écus d’or. Il était encore seigneur de Saint-Hilaire-le-Vouhis et de Mareuil et soutenait un procès, le 4 août 1418, contre Georges de la Trémoïlle, au sujet de la justice de ces terres. (Arch. nat., X1a 4792, fol. 59 v°, 61). Il intervint à la même époque comme seigneur (1er août et 15 septembre 1418) dans une contestation jugée au Parlement, entre les habitants de la ville de Montaigu, et ceux de la châtellenie au sujet du guet. (Id. ibid., fol. 57 et 82). Enfin Jean II Harpedenne, comme seigneur de Belleville et de Montaigu, eut un différend grave avec Maurice de Volvire, et ensuite avec Nicolas de Volvire, son frère et héritier, seigneur de Rocheservière et de Ruffec. Il s’agissait d’une véritable guerre privée ; les partisans de Volvire avaient fait le siègede Montaigu et de Vendrines, comme on l’apprend par des plaidoiries datées des 14 juillet et 16 août 1429. (X2a 18, fol. 164 v° et 172 v°). Il fit son testament le 13 juin 1434, d’après MM. Beauchet-Filleau ; il s’était marié deux fois, la première avec Jeanne de Mussidan, qui le rendit père de Jean III ; la seconde avec Jeanne de Penthièvre. Ce dernier nom me paraît fort suspect et je croirais plus volontiers Besly, disant que Jeanne d’Aspremont, héritière de Poiroux, de Rié et d’Aizenay, veuve de Savary de Vivonne, fit, en 1404, de Jean Harpedenne son second mari. (Lettres de Jean Besly, publ. par Apollin Briquet, t IX des Arch. hist. du Poitou, p. 72).

Source : Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. 5 / publiés par Paul Guérin - Société des archives historiques du Poitou - BNF Gallica


Nous reviendrons cependant sur deux points son sénéchalat de Saintonge et son second mariage. Nous avons vu que, dans un acte du 26avril 1391, Harpedenne prend le titre de sénéchal de Saintonge. Dans un ancien inventaire des mémoriaux de la Chambre des comptes, on trouve mention de lettres patentes de Charles VI, données à Paris le 29 octobre 1407,
accordant à Jean de Fontaines les provisions de l’office de sénéchal de Saintonge et de capitaine du château de Saint-Jean-d’Angély, en remplacement de Jean Harpedenne. (Ane. mém. G, fol. 47, Bibl : nat., ms. fr. 21405, p. 57.) On pourrait inférer de ces deux textes que ce dernier avait rempli ces fonctions pendant dix-sept années consécutives. Il n’en est rien, d’après cet autre extrait du même inventaire « Dominus Guillelmus de Tornay (sic) miles, cambellanus domini regis, institutus senescallus Xantonensis datas 23 septembris 1397 ».
(Anc. mém. F, fol. 44 v°.) Il s’agit sans doute de Guillaume de Torsay, qui fut en effet sénéchal de Saintonge. Jean Harpedenne exerça donc cette charge à deux reprises. Quant au nom de sa seconde femme, c’est bien Jeanne d’Apremont, veuve de Savary de Vivonne, comme le dit Besly, et non Jeanne de Penthièvre. On trouve, à la date du 31 mai 1410, un arrêt du Parlement rendu entre Jean Harpedenne, chevalier, seigneur de Montendre, et Jeanne d’Apremont, sa femme, d’une part, Renaud de Vivonne. seigneur de Thors, et Isabelle sa sœur, enfants de feu Savary de Vivonne et de ladite Jeanne d’Apremont, touchant le droit de chasse dans la forêt de Poiroux, la maison de la Motte à Fontenay, la terre de Rignac en Bretagne, etc. (Arch. nat., X1a 57, fol. 137.)

Source : Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. 6 / publiés par Paul Guérin - Société des archives historiques du Poitou - BNF Gallica

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