Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1643 - Le curé de Mons (Charente) se convertit au protestantisme par amour

Une histoire rocambolesque révélatrice du contexte sociologique du 17ème siècle

dimanche 12 janvier 2014, par Pierre, 850 visites.

En 1643, Louis XIII meurt de tuberculose le 14 mai. La longue régence de Louis XIV commence. Le catholicisme, réconforté par l’appui du pouvoir royal, met les protestants en difficulté. A Angoulême, le 27 septembre, le procès de Louis Maignan commence.
Louis Maignen (ou Maignan), né vers 1612, est le 7ème garçon d’une famille de laboureurs. Ses parents ont choisi pour lui la vie religieuse. Sur la sollicitation de sa mère, avec l’appui de quelques ecclésiastiques, très jeune, il est ordonné prêtre par l’évêque d’Angoulême. Il dit n’avoir pas fait d’études et ne pas comprendre le latin.
Il est nommé vicaire à Bonneville (Charente) vers 1633. En 1635, il devient familier de la famille Vallantin de Mons, paroisse voisine, et en particulier de la jeune Lucrèce Vallantin.
Cette relation fait scandale et, pour régulariser leur situation Louis et Lucrèce font profession de foi protestante et se marient.
L’évêque d’Angoulême s’émeut de cette affaire. Il fait incarcérer Louis Maignan. Ce dernier abjure publiquement le protestantisme à Mons. L’évêque lui impose d’aller à Rome pour faire amende honorable auprès du Pape. Il part le 25 août 1642, et arrive à Rome vers le 29 septembre. Il revient chez lui et dit avoir obtenu du Pape une dispense (de nature inconnue).
Il poursuit ses relations avec Lucrèce. Ils auront ensemble 3 enfants.
Le frère de Lucrèce Vallantin porte plainte contre lui.
L’épilogue de ce procès nous est inconnu. Dans le contexte religieux et judiciaire de l’époque, on peut supposer que cette affaire finira mal pour Louis Maignan...

Source : Archives Départementales de la Charente - Sénéchaussée et Présidial d’Angoumois - B1-975 2 – Transcription par Gabriel Delage – Association Généalogique de la Charente

 27 septembre 1643 – Plainte au Lieutenant criminel d’Angoumois

par Pierre Vallantin, écuyer, prieur de Saint-Mary, disant que peut y avoir 8 ans environ que le nommé Louis Maignan, ci-devant prêtre vicaire de Bonneville où il faisait sa demeure, éloignée de la maison noble de La Cour de Villeneuve de Mons, appartenant au suppliant, de trois quarts de lieue seulement, se serait rendu fort familier dans ladite maison, et par le moyen de cette familiarité, par art magique ou du moins diabolique, auroit tellement persuadé damoiselle Lucresse Vallantin, sœur du suppliant, qu’oubliant sa naissance et les sages instructions qu’elle avait reçues de son parrain, se serait laissé aller aux persuasions dudit Maignan, lequel après avoir cueilli les fleurs de sa virginité, jouit d’elle comme bon lui semblait lorsqu’il en pouvait trouver les occasions, l’aurait disposée à passer contrat de mariage entre eux deux sur les propositions qu’ils faisaient l’un et l’autre de se jeter dans la Religion Prétendue Réformée,

de quoi le suppliant averti, information en fut faite par le sieur official du présent diocèse, qui ayant décerné une provision de prise de corps, … ledit Maignan fut fait prisonnier. Il aurait fait tant de soumissions et de protestations de se retirer dans son vice que … ledit sieur official de lui laisser la liberté, de laquelle il n’eut pas joui pendant 8 jours qu’il se fut jeté dans ladite Religion Prétendue Réformée et ladite Lucresse pareillement,

dans laquelle ils auraient vécu jusque à y peut avoir 14 mois ou environ, que le seigneur évêque d’Angoulême étant en la présente ville (Angoulême), le suppliant étant sur le point de lui faire sa plainte, et l’ayant même rendue verbalement, icelui seigneur évêque aurait pris la peine de se transporter sur les lieux, où ayant mandé ledit Maignan et ladite Lucresse, avec laquelle il avait toujours … ayant même, icelle Lucresse, un fils et une fille, dont ladite fille est décédée ; s’étant iceux présentés audit seigneur évêque, jeté à ses pieds, crié miséricorde, déclaré qu’ils avaient grand horreur de leur crime,

icelui seigneur évêque, les croyant tels à l’intérieur, comme ils témoignaient à l’extérieur, les aurait reçus comme … de l’église, leur aurait fait donner absolution de leurs crimes par le Sr archiprêtre d’Ambérat, sous les protestations qu’ils firent l’un et l’autre de ne se voir et fréquenter jamais, pour quelque cause que ce fût. Et même cette action fut comme validée par une transaction passée entre le suppliant et lad. Lucresse sa sœur, par laquelle le suppliant, prié qu’il fut par ledit seigneur évêque, s’obligea de payer certain dot à icelle Lucresse, stipulé par lad. transaction et sous les conditions y apposées, l’une d’icelles porte en termes exprès, que si tant était qu’il fut innové à icelle transaction par icelle Lucresse, savoir que si elle retournait à voir et fréquenter ledit Maignen, que cette transaction et constitution de dot demeurerait pour non avenue, et dans laquelle clause icelle transaction n’eût été accordée.

Ce néanmoins, ledit Maignen s’étant mis en devoir d’exécuter ce qu’il avait promis, ayant mêmement fait un voyage à Rome pour obtenir ample rémission du Saint Père,
retourné qu’il a été, il s’est encore remis avec ladite Lucresse, couche, lève, boit et mange avec elle, en telle sorte qu’elle est encore grosse et enceinte de son fait,

et bien plus, le suppliant est averti qu’ils sont l’un et l’autre sur les termes de faire nouvelle profession de ladite Religion Prétendue Réformée.

C’est pourquoi le suppliant ne pourront plus souffrir la continuation de tels crimes et abominations, il est contraint de réclamer l’autorité de votre justice pour faire châtier ledit Maignen et lad. Lucresse, sa concubine.

 28 septembre 1643 – Information par un sergent royal, Berthomé Bastard

Jean Testu, 50 ans, prêtre prieur de St Grégoire de Leguillon, et archiprêtre d’Ambérac, y demeurant

dépose bien connaître lesd. Maignen et damoiselle Vallentin, pour les avoir vus à plusieurs et diverses fois, particulièrement en la présence de Mgr l’évêque d’Angoulême, même a été présent à certaine transaction passée par devant notaire entre ledit sieur Pierre Vallentin promouvant et lesdits Maignen et damlle Vallentin, portant que lesdits Maignen et damlle Vallentin se sépareraient tout à fait sans jamais se voir, ni fréquenter, sous prétexte de prétendu mariage contracté entre eux, et sous peine d’être déchus des clauses portées par ladite transaction, sinon pendant quelques jours après le passement de lad. transaction, pour partager leurs meubles, et ce, en présence de Messire des Fontaines et Saint Favon, et non autres.

Et même par commandement de mondit seigneur l’évêque d’Angoulême, ledit qui dépose dut recevoir même ledit Magnen, un jour de dimanche, à l’église de Notre-Dame de Mons, et là, en présence et la vue de tous les paroissiens qui étaient assistants à la messe paroissiale dudit Mons, d’avoir reçu … à la porte de ladite église comme un pénitent qui, à genoux et les mains jointes, reconnaissant en public sa faute, et en demandant très humblement pardon à Dieu et à l’église, qu’il avait si fort scandalisée par ses mauvais déportements, ayant été conduit devant le grand autel de ladite église, il réitéra la même protestation avec promesse de vouloir faire le voyage de Rome pour accomplir entièrement la pénitence qui lui seroit particulièrement enjointe par le Saint-Père.

Ensuite de quoi, ledit archiprêtre qui dépose lui fit toucher les saintes évangiles et exhorta le peuple à prier Dieu pour lui.

Et de là, le conduisit à Aigre dans l’église dudit lieu ou non seulement il lui fit faire la même chose, mais aussi lui donna l’absolution de l’hérésie, et l’exhorta de se confesser et communier, et peu de temps après, ledit sieur archiprêtre donna aussi absolution de l’hérésie à damlle Vallentin dans ladite église d’Aigre, et ce, en présence de plusieurs personnes et principalement du sieur curé dudit Aigre et de damoiselle Lucresse Arnauld, épouse du sieur des Fontaines, sa marraine, avec promesse pareillement de se confesser, et communier au premier jour, comme on a assuré ledit sieur archiprêtre qu’elle l’aurait fait et exécuté lad. promesse.

Le même jour, le sergent royal se rend au lieu d’Aizet, en la maison de Jean Fromageau, marchand, pour continuer l’information.

Denise Gargot, 55 ans, du lieu d’Aizet

dépose bien connaître led. Magnen et damlle Vallentin ; les avoir vu à plusieurs et diverses fois depuis la St Jean Baptiste dernière, en sa maison, ensemble, où ledit Magnen bien souvent amenait de la farine à lad. damlle Vallentin.

Jeanne Corbou, 53 ans, femme de Michel Benisteau

dépose bien connoître lesdits Magnen et damlle Vallentin, … ledit Magnen pour l’avoir vu demeurer au lieu de Bonneville lorsqu’il y était curé de la paroisse dudit lieu, et avoir été à plusieurs et diverses fois ouïr la messe audit lieu de Bonneville,

et lad damlle Vallentin pour être du lieu de Villeneuve, auquel lieu elle fait sa demeure,
et avoir ouï dire qu’ils ont été mariés ensemble à la Religion Prétendue Réformée,
avoir aussi ouï dire que depuis leur mariage, monseigneur l’évêque d’Angoulême les aurait démariés et fait donner l’absolution de ladite hérésie.

Mais depuis et même ce jourd’huy, ladite qui dépose a été employée par lad damlle Vallentin pour recevoir une fille de laquelle elle a enfanté, ce matin, environ sur les deux heures, … et lorsque ladite qui dépose lui a voulu dire qu’elle avait été démariée d’avec ledit Magnen, ladite damlle lui aurait fait réponse que c’était pour trois mois seulement et que c’était pourtant lui qui lui avait fait cette fille, et avoir aussi lad qui dépose été assistante au baptême de lad fille.

Jean Marcoux, 49 ans, prêtre et vicaire perpétuel de la paroisse de Notre-Dame de Mons

dépose bien connaître … led Maignan peut y avoir 10, 11 ou 12 ans qu’il était demeurant au bourg de Bonneville, y faisait le service en qualité de vicaire du curé, - depuis qu’il s’est marié avec lad damlle Vallentin par le moyen de la Religion Prétendue Réformée, avec laquelle il a demeuré en la maison de François Vallentin, écuyer, sieur de Germeville, père de ladite damlle, plusieurs années, dont est issu divers enfants,

dit led. Sr qui dépose que l’année dernière, Monseigneur l’évêque d’Angoulême étant au bourg d’Aigre, lui commanda d’appeler lesdits Magnen et Vallentin, père et fille, pour leur parler de leur prétendu mariage, ce qu’il fit. Sur quoi lesdits Vallentin et Magnen vinrent devers ledit seigneur évêque, qui eut tant de force et puissance sur eux, par bonnes admonitions, avertissements et enseignements que il les … … de leurs fautes et crime et déclarer abjurer l’hérésie qu’ils quittèrent, avec promesse de ne plus se connaître impudiquement ni demeurer ou habiter ensemble,

et pour parvenir à lad abjuration d’hérésie, led Magnen se transporta lors à Mons, et publiquement, et en présence de tous les paroissiens, au son de la cloche, à la porte et principale entrée de l’église dudit Mons, où à deux genoux en terre, étant en larmes, en la présence et devant Monsr l’archiprêtre d’Ambérac, … abjura d’hérésie, demanda pardon à Dieu, à toute l’église, de sa faute et scandale perpétré, puis led Sr archiprêtre le prit par la main et le conduisit au devant le grand autel, auquel lieu ledit Magnen fit même abjuration, en demandant aussi à Dieu et à toute l’église pardon avec promesse de faire le voyage de Rome, pour accomplir entièrement la pénitence qui lui serait particulièrement enjointe par le St Père, lui faisant toucher les Saints Evangiles … (puis c’est la cérémonie à Aigre).

Dépose aussi led Sr Marcoux avoir aujourd’hui baptisé dans l’église dudit Mons, sur les 9 heures du matin, une fille issue de lad damlle, laquelle lui a dit être du fait dudit Magnen. Et au même temps que lesdits Magnen et damlle Vallentin se quittèrent audit temps, lad damlle en ladite église de Mons, par commandement de Monseigneur d’Angoulême aurait abjuré devant lui lad hérésie et l’avoir reçue au St Sacrement de l’église comme une brebis revenue au troupeau et giron de l’Eglise.

Antoinette Barbauld, 40 ans, femme de François Barbeau, demeurant au village de Villeneuve

déclare bien connaître led Magnen, au lieu de Bonneville où il était curé et vicaire dudit lieu et y faisait le service divin, même avoir été ouïr la messe audit lieu de Bonneville lorsqu’il la disait, auquel jour il épousa et maria ensemble le nommé Clément Gaschet et son fils avec Martialle Saulton et Lucresse Barbeau, sa fille

et depuis les avoir vu demeurer ensemble en la maison de François Valentin, écuyer, sieur de Germeville, père de lad. damlle Lucresse Vallentin, disant qu’ils étaient mariés ensemble, d’où il serait sorti plusieurs enfants

dépose aussi avoir été présente … (quand Magnen et l’archiprêtre d’Ambérac étaient au-devant de l’église de Mons,

dépose aussi que ce jourd’huy lad. damlle l’envoyée quérir pour recevoir une fille qu’elle a enfanté, disant que c’était le fait dudit Magnen …

Jean de Padernaud, 57 ans, prêtre et vicaire perpétuel de la paroisse d’Aigre et y demeurant

dépose les connaître …

quelques années avoir été à sa prise en la maison dud. Sieur de Germeville père et lad damlle accompagné de plusieurs autres prêtres et gentilshommes comme ayant la charge et pouvoir de Monsieur l’official d’Angoulême, où il fut conduit et mené en prison de Marcillac, et de là dans les prisons de Monseigneur l’évêque d’Angoulême où il demeura longtemps … et a depuis été élargi desdites prisons et a continué l’exercice de la Religion Prétendue Réformée en laquelle il a épousé lad damlle Lucresse Vallentin,

et depuis leur mariage, Monseigneur l’évêque d’Angoulême étant venu en ce lieu d’Aigre … (à peu près même témoignage que l’archiprêtre.)

 9 octobre 1643 – Interrogatoire de Louis Maignen, 31 ans, sieur de Lessard, demt au lieu de Lussé [Luxé] La Terne, par Houlier, Lieutenant Criminel.

Répond être de la religion catholique, apostolique et romaine.

- Interrogé s’il n’a pas été admis aux ordres sacrés de prêtrise, et en quel temps.

A dit qu’étant en bas-âge, par les persuasions d’aucunes personnes de condition, par les menaces de ses parents, il aurait été présenté au défunt sieur évêque d’Angoulême, lequel par les prières et sollicitations qui lui furent faites par les sieurs archidiacres dudit diocèse, d’Autheclaire et Bonnet, secrétaire dudit feu sieur évêque, il l’aurait admis auxdits ordres de prêtrise, sans aucun examen, attendu qu’il fut attesté audit sieur évêque que lui qui répond n’avait étudié et n’entendait la langue latine,

mais en considération de ce qu’il était septième fils, et ayant été voué par défunt Jean Maignen son père, laboureur à bœufs, pour être d’église, Françoise Martin sa mère fit lesdites sollicitations, et pria led Sr évêque de le recevoir, ainsi qu’il fit, comme il fait aparoir par ses lettres testimoniales.

- Interrogé si ensuite desdits ordres de prêtrise, il n’a pas célébré la Sainte Messe et desservi la cure de Bonneville en qualité de vicaire d’icelle, et par combien d’années.

Répond qu’il avait été pourvu de ladite cure de Bonneville par la résignation qui lui en fut faite par Me Arnaud de Serre, curé de Lanville, peut y avoir 10 ans, de laquelle il prit possession et célébra la Sainte Messe en l’église dudit lieu pendant quatre ou cinq mois qu’il y demeura.

- Enquis si pendant le temps qu’il desservait ladite cure, il n’aurait pas fréquenté la maison dudit promouvant [celui qui a déposé plainte], au lieu noble de la Cour de Villeneuve de Mons, et par la familiarité qu’il aurait eue avec damlle Lucresse Vallantin, sœur dudit promouvant, par art magique, icelle tellement persuadée que oubliant toute honnêteté, lui qui répond, aurait eu sa connaissance charnelle, icelle déflorée, et continué de la connaître à plusieurs fois.

Répond que au temps qu’il desservait lad. cure, il fut en la maison de François Vallantin, écuyer, sieur de Germeville, père dud. promouvant, au lieu de Villeneuve de Mons, pour le prier de lui vouloir prêter un grenier pour serrer les bleds de sadite cure de Bonneville, ce qu’il lui aurait accordé. Et de fait, y ayant sesdits bleds, faisant dénégation d’avoir fréquenté lad. damlle Vallantin à mauvais dessein, et s’il l’a vue, ça été en la présence de son père et parents, que s’il a mis sesdits grains en lad. maison, c’est à cause des menaces et violences qui lui auraient été faites par les sieurs de la Brouhe et des Fontaines, habitants audit lieu de Bonneville.

- Interrogé si ensuite, lui qui répond, oubliant sa condition et violant les saints ordres qu’il avait reçus, il n’aurait pas passé contrat de mariage avec lad. Vallentin, et icelle épousée au grand scandale de l’église.

Répond attendu la nullité qui était aux ordres de prêtrise qu’il avait reçus, hors l’âge porté par les saints canons ? et son... …, ne pouvant faire d’office, ni même dire son bréviaire et reconnaissant qu’il ne pouvait faire son salut dans cette profession, se serait rendu dans la Religion Prétendue Réformée afin de quitter lesdits ordres de prêtrise, et pour empêcher qu’on ne lui fît procès,

et de là à quelques deux mois ou environ, aurait contracté mariage avec ladite Vallentin, icelle épousée du consentement de son père, sans aucune opposition à ladite Religion Prétendue Réformée, les solennités d’icelle dûment observées, ainsi qu’il est prêt de le justifier.

- Enquis, si pour raison dudit scandale fait à l’église, il n’aurait pas été informé

A dit que le procureur de la cour ecclésiastique du présent diocèse, ayant pour raison des faits, informé contre lui, le Sieur official aurait décerné décret de prise de corps contre lui qui répond, et ensuite, ayant été capturé, il aurait demeuré ès prisons ecclésiastiques dudit diocèse pendant trois mois, et aurait led. sieur official rendu sentence contre lui, par laquelle il l’aurait interdit pour 3 mois, et outre condamné en quelque amende.

- Interrogé quelle profession de religion faisait lad. Vallentin auparavant que lui qui répond contractât mariage avec elle.

A dit qu’elle était de religion catholique A. et R. auparavant leur mariage, mais que premier [= avant] se marier, elle fit profession de la Religion Prétendue Réformée.

- Lui avons remontré qu’il ne dit la vérité, y ayant apparence qu’il a débauché lad. Vallentin précédent le temps qu’il desservait ladite paroisse de Bonneville, et pour éviter et éluder la punition de son crime, l’aurait persuadée et induite à quitter la religion orthodoxe, pour suivre l’hérésie, afin d’avoir plus de liberté de commettre son concubinage.

(Il fait dénégation)

- Enquis si le sieur évêque ayant appris le scandale que lui qui répond faisait à l’église, et la continuation de son concubinage avec lad. Vallentin, il ne se serait pas transporté au lieu de Villeneuve de Mons, pour le retirer de ses vices et erreurs.

A dit que led, sieur évêque, peu y avoir 15 mois, étant audit lieu de Villeneuve de Mons, il fut dans la maison de lui qui répond, lequel étant absent ledit sieur évêque ayant parlé à lad Vallentin, et icelle exhortée de quitter l’hérésie dont elle faisait profession, même de s’absenter de la compagnie dudit qui répond, elle lui promit pour 3 mois seulement, pendant lequel temps ledit répondant ferait le voyage de Rome pour obtenir dispense du Saint-Père, et leur fit promettre que le répondant irait le trouver au lieu d’Aigre où il fut coucher.

Et le lendemain matin, il y fut, et après avoir fait la révérence audit sieur évêque et conféré de la Religion Prétendue Réformée, lui aurait fait entendre que ladite Vallentin sa femme avait promis de le quitter, et s’absenter de sa compagnie, et de revenir au giron de l’église romaine. Celui qui répond dit au sieur évêque qu’il était aussi prêt de sa part de faire ce que sa femme lui avait accordé, Mais que devant que rien répondre il voulait qu’elle fut présente. Et de fait, lui qui répond l’ayant été quérir, arrivé qu’ils furent au lieu d’Aigre, il fut arrêté que lui et sadite femme feraient séparation de corps pendant longtemps qu’il ferait le voyage de Rome, on y envoyerait, et feraient reconnaissance de foi à l’église catholique A. et R. et abjuration d’hérésie.

Et après leur dispense de Rome seraient remis ensemble, et leur mariage reconnu et approuvé par l’église.

- Interrogé qui était présent lorsque lui qui répond et ladite Vallentin firent lesdites promesses audit sieur évêque.

Répond que le promouvant y était et autre personne dénommée par la transaction qui fut accordée entre le promouvant, lui qui répond, ladite Vallentin sa femme, et le dit François Vallentin leur père,

par laquelle, de l’avis dud. sieur évêque fut arrêté comme il l’a ci-dessus reconnu, que lui et lad. Vallentin se séparaient jusqu’à ce qu’ils eussent obtenu ladite dispense, et lui qui répond fait le voyage de Rome, et que le promouvant pour tous les droits que lad Vallentin sa sœur pouvait prétendre des successions échues et à échoir de ses père et mère, il serait tenu de lui payer dans 4 ans, après le décès dud. François Vallentin père, la somme de 1200 livres ; et pour le regard des immeubles et au respect des meubles desdites successions qu’ils seraient partagés dès à présent par moitié entre eux comme ils ont été par les sieurs des Fontaines et de Champfaron, arbitres nommés à cet effet par ledit Sr évêque.

Et en outre fut accordé que la ferme et contrats auparavant passés entre eux par devant Joubert et André notaires à Marcillac, sortirait effet et serait exécuté pendant le vivant dudit Vallentin père,

ce faisant que led. promouvant serait tenu de délivrer par chacun an au dit qui répond le nombre de 45 boisseaux de bled, mesure de Marcillac, et 36 livres en deniers pour employer tant à la nourriture dudit Vallentin père que femme dudit qui répond,

par vertu desquels contrats, le répondant ayant voulu contraindre le promouvant au paiement de ladite pension, il lui aurait fait le présent procès, étant homme violent et de mauvaise vie qui a battu led. Vallentin son père est volé sa maison, dont y a information,

et en outre à guetté sur un grand chemin lui qui répond pour l’assassiner.

- Interrogé si ensuite de la promesse que lui qui répond aurait faite audit sieur évêque, il ne se présenta pas au devant l’église de Mons, un jour de dimanche, et à la vue de tous les paroissiens et assistants à la messe paroissiale, à genoux au devant la porte de l’église, les mains jointes comme uu pénitent, reconnaissant en public sa faute, en demandant pardon à Dieu et à l’église, et du grand scandale qu’il avait commis, et ensuite était entré dans l’église (fait l’abjuration)...

Répond que voulant faire le voyage de Rome, il se présenta au sieur évêque pour lui demander son exeat, lequel il lui refusa jusqu’à ce qui lui fait sa profession et abjuration d’hérésie, ce qui le contraignit de se présenter au sieur Testu archiprêtre d’Ambérat pour faire ladite profession de foi, ce qu’il fit pour obtenir son exeat,

mais non pas en la forme que le dit Testu, son ennemi mortel, lui voulut faire faire, qui était de lui faire porter un cierge ardent à la main, et la croix devant lui, depuis l’entrée du cimetière qui est au-devant ladite église jusqu’à l’autel d’icelle, mais bien l’a faite en la forme que ledit sieur évêque l’avait ordonnée, à l’entrée et à l’autel de ladite église.

- Interrogé si lad. Vallentin n’aurait pas fait même profession de foi et abjuration d’hérésie.

A dit qu’il ne sait pas, que s’étant présenté audit Testu, il l’en refusa et lui dit qu’elle allât trouver les Pères Capucins qui avaient commencé à la catéchiser, afin qu’ils parachevassent.

- Lui avons remontré qu’il ne dit la vérité, y ayant preuve au procès qu’il promit de quitter absolument lad. Vallentin et de ne retourner jamais plus avec elle, ce qui au contraire, il est après demeurant en sa compagnie contre la clause expresse de ladite transaction qui portait qu’ils ne pourraient plus demeurer ensemble, sous peine d’être ladite Vallentin déchue des choses accordées pour icelle en sa faveur.

Répond n’avoir jamais fait lesdites promesses et que lad. transaction n’est point conclue en ces termes, laquelle il est très d’effectuer à cette fin, demande que l’original d’icelle soit mis au greffe, faisant dénégation d’avoir depuis ladite profession et abjuration d’hérésie demeuré avec ladite Vallentin.

- Interrogé si en exécution de ce qu’il avait promis audit sieur évêque, il n’aurait pas fait le voyage de Rome et en quel temps.

Répond que oui, et être parti du lieu de Lussé où il demeure, le jour de Saint-Louis de l’année dernière 1642 et arrivé en ladite ville de Rome environ la Saint-Michel ensuivant, où il aurait obtenu de sa sainteté sa dispense, et icelle mise ès mains dudit sieur évêque, ne sachant ce qu’elle porte attendu qu’il n’entend la langue latine.

- Lui avons remontré qui ne dit pas la vérité, ayant preuve au procès que depuis son retour de ladite ville de Rome, il a pris lad. Vallentin en sa compagnie, et combien que son prétendu mariage n’a point été approuvé par l’église romaine ... et tient la Vallentin sa concubine chez lui, laquelle il a rendue enceinte de son fait depuis son retour de ladite ville de Rome.

Répond qu’il n’a point demeuré en la compagnie de lad. Vallentin depuis son retour de Rome, mais veut demeurer d’avis que l’ayant rencontrée en divers lieux, comme sa légitime épouse, il aurait eu sa connaissance charnelle,

Et depuis 10 ou 12 jours, comme il a ouï dire, elle est accouchée d’une fille dont elle n’était pas encore à terme, mais par les excès qui lui ont été commis par le promouvant et le nommé Saint Bonnet son complice, elle est blessée, en telle sorte que son enfant est en danger de mort, pour raisons de quoi lui qui répond proteste d’informer.

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