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1820 - La production agricole de l’arrondissement de Confolens (16)

mercredi 3 octobre 2007, par Pierre, 2541 visites.

Le sous-préfet fait le bilan de la production de l’année 1820, dans le premier numéro des Annales de la Société d’Agriculture.

Dieu merci, il n’a pas plu le jour de l’Assomption, et les châtaignes n’ont pas été véreuses cette année !

Source : Annales de la Société d’Agriculture, Arts et Commerce du département de la Charente - Année 1820 - BNF Gallica

Page de couverture du 1er numéro des Annales (1819)
Source BNF Gallica

Résultats que présentent les récoltes dans l’arrondissement de Confolens.

La récolte en céréales de première classe ne présente pas tout-à-fait les résultats d’une année ordinaire ; on évalue le produit du froment inférieur d’un quart à celui de l’année dernière ; mais la farine qu’il donne est d’une qualité supérieure et donne un fort beau pain. Il y a dans les prix comparés des deux années une différence d’un cinquième dé plus en faveur du froment de 1820.

Le seigle, qui est la principale récolte de nos contrées, a bien réussi dans les terres sablonneuses et légères, et mal dans les terres fortes et glaiseuses ; cependant les résultats de la récolte en seigle sont à peu près les mêmes pour les deux années. Le poids des grains de cette année, supérieur à celui de l’année dernière, dépose aussi en faveur de sa meilleure qualité.

La petite récolte, où la châtaigne figure pour un tiers, entre pour un cinquième dans la nourriture des gens de la campagne, et son abondance ou sa stérilité les affecte plus que celle du seigle ou du froment. On observe ici que la culture du châtaignier reçoit, chaque année, une nouvelle extension. La fécondité de cet arbre précieux ne se prononce guère qu’au mois d’août : pour qu’elle réussisse il faut que la chaleur soit adoucie par les vents du nord ; mais cette température n’a pas régné, et la violence des vents que nous avons éprouvés à la lin de septembre et dans les premiers jours d’octobre, ont détaché de l’arbre le pelon ou capsule qui renferme le fruit avant qu’il eût acquis sa parfaite maturité. Moins abondantes que l’année dernière, les châtaignes sont plus belles et d’une meilleure qualité ; elles se conserveront probablement mieux qu’en 1819, car les paysans croient avoir observé que, lorsqu’il ne pleut pas le jour de l’Assomption, les châtaignes ne sont pas véreuses, et ce jour-là nous avons eu un temps magnifique.

La pomme-de-terre, a dit M. Cuvier, a pour jamais banni la famine de l’Europe, et depuis qu’elle a été d’une si grande ressource en 1816, nos paysans en plantent comme s’ils devaient en vivre. Les produits de ce tubercule, sous le rapport de la qualité, sont peu satisfaisans : le fruit est petit ; et quoique beaucoup de nos métayers se soient accoutumés à le manger bouilli, je crois qu’ils n’auront guère recours à cette ressource, et qu’elle sera toute livrée aux animaux. Lorsque le sarrasin ne réussit pas, nos paysans s’en affligent beaucoup ; des crêpes de blé noir sont pour eux un régal, et peut-être attacheraient-ils à ce grain la même importance que les Russes, si, comme eux, ils avaient des moulins propres à dépouiller le grain de son enveloppe. J’en ai mangé en Russie, ainsi préparé, et j’avoue que je l’ai trouvé meilleur que le riz. Cette année serait peu favorable pour l’aire des essais, il y aura très-peu de sarrasin ; les chaleurs de l’été ont arrêté la végétation de cette plante ; et les pluies légères de la fin d’août, la faisant revivre trop tard, l’ont livrée, avant sa parfaite maturité, aux gelées et au temps pluvieux que nous éprouvons depuis le commencement d’octobre.

La récolte du maïs est à peu près nulle, et c’est un malheur pour les habitans des campagnes qui mêlent le maïs au seigle, dans la proportion d’un huitième, pour faire du pain. Le peu de produit de cette plante diminue aussi les ressources qu’offre son grain pour engraisser la volaille et les cochons.

Les haricots de Confolens sont estimés ; quelques personnes leur trouvent un goût supérieur aux haricots de Soissons. Ceux qu’on a cultivés dans les vignes, garantis par les feuilles de cet arbuste, ont résisté à l’ardeur de ce soleil qui a été si funeste aux haricots de nos jardins : en général ce légume a peu produit, et, d’après les calculs les plus probables, il paraît constant que nous n’avons obtenu, cette année, qu’un sixième de la récolte ordinaire. Si nous n’avions pas nos excédans de nos années précédentes pour ressource, il serait à craindre que notre récolte, en général, ne suffit pas aux besoins de l’Arrondissement. Mais nous avons de quoi y satisfaire sans inquiétude ; et, quoique la récolte des vins n’ait pas été abondante, elle est encore un bienfait de la Providence, puisqu’elle console le vigneron de ses peines, et lui donne des forces et du courage pour se livrer à un nouveau travail.

A Confolens, le 27 octobre 1820.

DE LANDREVIE, Sous-préfet, Président de la Société d’agriculture.

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