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1586 - Procès-verbal des dégâts commis dans les dépendances de l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe

jeudi 23 février 2012, par Pierre, 465 visites.

A la lecture de ce rapport, on peut légitimement s’interroger sur la gravité des dégâts commis pendant les guerres de religion dans la région de Saint-Amand de Boixe. C’est un peu comme après une tempête : il y a beaucoup de demandes d’indemnisation, mais les dégâts signalés aux assureurs à cette occasion ne sont pas tous dûs au vent.

Source : Bulletin de la Société Archéologique et Historique de la Charente - Année 1866 - Arch. départem. de la Charente, série H, fonds de l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe.

Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe - 29 mars - 3 avril 1586.

Procès-verbal de la visite des bénéfices dépendants de l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, faite aux fins de constater les dégâts qui y avaient été commis pendant les derniers troubles.

L’an de grâce mil cincq centz quatre vingtz et six, le vingt-neufviesme jour de mars, nous Jehan Legendre, procureur de l’abbaye de Sainct Amant de Boixe pour monseigneur messire Bon de Broë, abbé dudict lieu et présidant en la court, nous sommes transporté du bourg de Vars, où nous faisons notre résidance ordinaire, jusques au bourg de Sembes, en distant d’une lieue et demie ou environ, en la compagnie de MMe François Decazemaiou et Loys Dallemagne, notaires jurés soubz le scel establi aulx contractz à Montignac Charente pour monsieur dud. lieu, pour nous enquérir, suivant le mandement de mondict sieur, des dégastz, dhommages et desmolitions advenues es maisons, granges et bastimans appartenans à mondict sieur à cause de sadicte abbaye, assis ondict bourg de Sembes et aultres choses qui pourroyent avoir esté perpétrées par les gens de guerre, tant estrangiers que aultres, despuis le commencement de ces derniers troubles, et en faire rapport à la vérité.

Et y estant, nous sommes transporté avec les dictz notaires et en la présence de François Robareau et Arnaud Martin, fermiers eu partie du membre dud. Sembes, dépendant de lad. abbaye, et de Bernard et Pierre Bosnatz père et filz et y demeurant, en la grange apartenant à mondict sieur, en laquelle on a accoustumé de reculhir et serrer les gerbes et grains de la dixmerie et terrages, en laquelle n’y avons trouvé aulcune desmolition, fors que le loquet fermant la petite porte de lad. grange avoit esté emporté et que à chacun pand du portai avoit esté hosté un hais ou table demy coppé par le bas, de sorte qu’on hust peu entrer en ladicte grange par cest endroict, ce que lesdictz fermiers et Bosnatz, sur ce par nous enquis et jurés de dire et respondre de vérité, nous ont dit et affirmé par serment avoyr esté faict par les Reistres conduictz par le seigneur Otthon Plotte, en l’armée de monseigneur le duc du Maine, qui ont logé et séjourné par cincq jours, es festes de Noël dernier, audict lieu de Sembes. Et de ladicte grange nous sommes transporté on treul, où sont les metz et grandz vesseaux à fere vin, vis à vis de ladicte grange, où estant, moyennant led. serment, lesdicts fermiers nous ont dit que lesdicts Reitres avoyent bruslé une petite cuvette servant à tirer vin, pouvant contenir une barrique de vin ou environ, et les douelles d’une vieilhe cuve qui estoyent pourries et ne pouvant de rien servir ; et aultre mal n’avoir faict aud. treul, ainsi qu’il nous a esté certiffié par lesd. Bosnatz, moyennant leurd. sermant. Duquel treul nous sommes transporté au four bannier dudict Sembes, dans lequel estant et nous estant enquis des choses y advenues, nous a esté dit que les gens de guerre n’avoyent faict aulcun mal, fors quelques ungs d’eux avecques des bastons avoyent rompeu et hosté quelques tuilles de la couverture dud. four en plusieurs endroictz, au moyen de quoy il pleuvoit ondict four. Aussi avons, en visitant lesdicts grange, treul et four, advisé qu’ilz avoyent esté mal entretenus de couverture et sont à présent en mauvais estat et y deffault grand quantité de tuille, au moyen de quoy les murailhes desd. bastimans sont grandement abreuvés et empirés et la charpente en estre pourrie et gastée.

Et ce faict. avec les susd. notaires, nous sommes transporté dud. bourg de Sembes on bourg de Villognon, en distant d’une lieue ou environ, aultre membre dépendant de ladicte abbaye, on prieuré dud. lieu et on four bannier, estans accompagnés de Loys Martaguet, Colas Micheau, Martin Journeaud et Christofle Surget, demeurans audict Villognon, lesquelz avons enquis et interrogé sur les faicts cy dessus, qui, moyennant le sermant au cas requis, nous ont dit et certiffié qu’il n’a esté faict aulcun mal, dhommage et desmollition esdicts prieuré et four, et que led. prieuré de longue main est ruiné, ainsi qu’il est à présant ; et, pour le regard dud. four, l’avons trouvé en très mauvais estat, à faulte d’avoyr esté bien entretenu de couverture , à faulte de laquelle les murailhes et cherpente sont tous pourris et sur le point de tomber en ruine, tant l’endroict où est le four où l’on cuist le pain que le surplus du bastiment et toict dudict four.

Et d’illec nous sommes transporté es moulins banniers dud. Villognon avec lesdicts notaires et André Journaud, Collas Vernyn, habitans dudict Villognon, et ledict Collas Micheau, nommé cy dessus, où estant et les ayant veu et vizité, les avons trouvé en mauvais estat, tant pour raison de la couverture que aultrement, d’aultant qu’il y ha ung eudroict du toit desd. moulins où il y a quatre à cinq rangs de tuille qui y défailhent, au moyen de quoy la latte et chevrons qui sont aud. endroict se gastent et consomment grandement et que la chambre où souloit se tenir le musnier estoit toute desplanchée, ce qu’ils nous ont dit estre advenu par le moyen desdictz Reitres, et l’avoyr ainsi ouy dire aulx musniers, et aultrement ne le sçavoyr. Aussi avons trouvé que les bras de la rouhe d’un desdictz moulins avoyent esté refaicts à neuf et que les fermiers desd. moulins avoyent esté contrainctz ainsi le faire parce que les Reitres avoyent ainsi rompu lad. rouhe et avoyent tenu lesd. moulins pendant quatre ou cincq jours qu’ilz avoyent logé et séjourné es bourgs de Sembes et Vervant pendant lesdictes festes de Noël où ilz faisoient mousdre des grains ; et nous ont les susnommés certiffié l’avoyr ainsi ouy dire ausdictz musniers, et que le bruit en est commun aud. Villognon, et aultrement ne l’ont sçeu, parce que, pendant led. temps, aulcun d’eux n’osoit se tenir en sa maison. Avons aussi trouvé que l’une des arches à mettre bled desd. moulins estoit rompue, et nous estant enquis par qui cela avoit esté faict, les fermiers desdicts moulins nous ont dit avoyr esté faict par lesdicts Reitres qui leur ont emporté grand nombre de bled tant en bled qu’en farine ; et, sur ce, ayant interrogé les susd. Journaud, Micheau et Vernin ont dit n’en rien sçavoir, sinon ce qu’ilz en ont ouy dire ausd. fermiers présentement et autreffois.

Et après, dudict Villognon nous sommes transporté jusques au bourg de Celettes, aultre membre de lad. abbaye de Sainct Amant, distant dudict Villognon une lieue ou environ, avecq lesdicts notaires, où estant, sommes allé en la grange de mond. sieur, en laquelle on a accoustumé serrer les gerbes et grains, et faire les vins, ayant appellé avec nous Jehan Garnaud l’esné, Loys Lotte et Huguet Flau, laboureurs, demeurans aud. Celettes, lesquelz avons ouy et interrogé par sermant sur les faictz cy dessus, moyennant lesquels ilz nous ont dit et certiffié que les Reitres dud. sieur Plotte, au desloger de Luxé, de Chermé et environs, vindrent loger au bourg de Manle et aud. Celettes et que ceulx qui estoyent logés aud. Celettes [estoient] entrés en ladicte grange et avoyent faict brusler des vieux banchaudz d’une met antienne qui ne pouvoyent plus de rien servir et les douelles de deux vieilhes cuves abatues et pourries et la garniture du pressoir dud. treul ; et nous a led. Flau dit et attesté, moyennant sond. sermant, l’avoyr ainsy veu faire ausdictz Reitres. Aussi avons trouvé que un haiz du portal et le veroul de la serrure de la porte de lad. grange avoyent esté efforcés, et les susd. nous ont dit avoir esté faict par lesdicts Reitres, lesquelz avoyent beu huict pippes de vin, quy estoyent en la maison de mondict sieur près de lad. grange, appartenans aux fermiers dud. Celettes. Et de lad. grange nous sommes transporté au four bannier dud. lieu et icellui trouvé estre en bon estat et au contentement des contraignables, et qu’il n’y ha esté faict aulcun dhommage par les gens d’armes. Et ont tous les susd. déclaré ne sçavoyr signer. — Ainsi signé : J. Legendre ; F. Decazamaiou et L. Dallemagne, notaires.

Et advenant le troiziesme jour d’apvrilh audict an, avecques ledict Legendre nous sommes transporté en l’abbaye de Sainct Amant de Boixe aulx fins cy dessus, ayant avecques nous lesd. Decazamaiou et Dallemagne, et en la présence et compagnie de sire Jehan Thinon, marchant, demeurant à Montignac Charente, et Bernard Chevrou, dudict Sainct Amant de Boixe, fermiers en partie des revenus du corps et principal membre de lad. abbaye, Simon de Bossac et Micheau Mallet, demeurans aud. Sainct Amant, avec lesquels sommes allé à la grange d’icelledicte abbaye et entré en icelle par la porte qui est du costé du four, de laquelle porte avons trouvé la serrure aulcunement enlevée et efforcée ; et nous estant enquis qui avoit faict led. effort et s’estoit essayé d’enlever lad. serrure, led. Chevrou nous a dit que les gens d’armes qui avoyent logé aud. Sainct Amant l’avoyent faict, et que c’estoit tout le mal qu’il avoit ouy dire et sçeu avoyr esté par eulx faict. en lad. grange. En laquelle grange estant entré, y avons veu deux trous quy avoyent esté faictz en la couverture d’icelle, l’un estant sur la met du treul du pressoir et l’autre estant sur la met qui est à côté gauche de la grande porte de lad. grange en entrant. Et nous estant enquis qui l’avoit faict, nous a esté dit [que c’estoit] par les gens d’armes, et qu’ils se doubtoyent bien que quelques ungs du pays l’avoyent faict aussi, qui par mesme moyen avoyent hosté par force la serrure du portilhon du grand portal de lad. grange, duquel portal et portilhon y avoit des tables offansées à coups de ferremans tranchans, mais ne sçavoir par qui. Et de lad. grange nous sommes transporté au four bannier dudict Sainct Amant qu’avons trouvé mal garny de couverture et le fourneau à cuire pain descarrelé pour la plus part et la voulte endommagée en quelques endroitz. Nous estant sur ce enquis, nous a esté dit qu’il avoyt esté faict par les Reitres, et qu’il n’y a esté faict aulcun aultre dhommage par les gens de guerre qu’ilz ayent sçeu. - Et nous a esté faicte lad. certification par Pierre Mallet et Platinet, dud. Sainct Amant, qui ont déclaré comme aussi ont faict lesd. Chevrou et Mallet ne sçavoyr signer. - Ainsi signé : F. Thinon ; S. de Bossac ; F. Legendre ; F. Decazamaiou et L. Dallemagne, notaires.

(Arch. départem. de la Charente, série H, fonds de l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe.)

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