Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1590 - La noblesse d’Angoumois, Saintonge, & Aunis en appelle au Roi : la révolte paysanne couve

samedi 5 janvier 2008, par Pierre, 997 visites.

Une révolte, Majesté, ou "quelque chose de plus grant qui se couve soubs cette émeute et aparence du désespoir populaire, s’il n’y est pourveu diligemment par Vostre Majesté".

Les guerres civiles du XVIème siècle ne sont pas terminées, et la phase qui s’achève a été particulièrement lourde pour ce pays. Le pays est exsangue et la misère est partout. La révolte paysanne gronde. Les nobles, inquiets de ses conséquences possibles, en appellent au roi Henri IV. Les impôts et autres sujets de mécontentement.

Un document à lire entre les lignes, pour en découvrir toutes les motivations.

Source : Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente - Année 1859 - P. 43
1590 - Pièce communiquée à la Société par M. G. Babinet de Rencogne dans la séance du 7 janvier 1859

Requête au Roy de la noblesse d’Angoumois, Xaintonge et Aunis lui demandant modération pour le pauvre peuple des taxes mises sur ces Provinces ruinées par la Guerre

AU ROY

Sire,

Les seigneurs gentilshommes de vos pays de Xaintonge, Angoumois et Aunis remonstrent très humblement à Vostre Majesté que les habitans desdictz pays ayant esté appauvris par les cruelles guerres qui y ont eu cours puis l’an mil cinq cens quatre vingtz cinq jusques à quatre vingtz neuf ; que au lieu de la relasche qu’ilz espéroyent par le moyen des tresves de ladicte année quatre vingtz et neuf ; néantmoins les gens de guerre auroient tousiours tenu le plat pays et continué les pilleries et saccages acoustumez. Et oultre s’est levée et lève encores de présent tant de tributz et daces sur toutes sortes de marchandises et fruiclz, par les mers, rivières, pontz, portz et passages, qui rompent tout trafiq et commerce.

Comme aussi il s’y est levé tant de magazins et subsides, que le peuple en est rendu prochain de sa ruine ; et d’autant que de toutes ces levées n’en estoit aucune chose convertie au payement de vos garnisons, vous auriez pour y satisfaire et vous y subvenir aucunement des deniers de vos tailles et taillon imposé si grande somme de deniers sur le peuple, que le prix de la vente de tout leur bien ne pourroit y satisfaire : occasion que partie desdictz habitans se seroyent restez dans lesdictes troupes pour ayder à manger leur bien et avancer leur ruyne, d’autres se seroyent assemblés en troupes qui auroyent comme désespérez faict de grans dégastz ; que d’autres auroyent esté chargez et deffaits par des gens de guerre, et d’autres esté retenus tant qu’il a esté au pouvoir desdictz seigneurs et gentilshommes supplians, qui y travaillent encores sans espérance de pouvoir empescher la totale ruyne dudict pays et la leur par conséquent, qui ne tirent aucun revenu de leurs terres pour vivre et continuer le service qu’ils vous doibvent naturellement, oultre qu’ils ont occasion de craindre qu’il y ait quelque chose de plus grant qui se couve soubs cette émeute et aparence du désespoir populaire, s’il n’y est pourveu diligemment par Vostre Majesté.

Ce considéré, Sire, et veu que toutes les sommes de deniers, daces et impositions qui se lèvent n’entrent en vos coffres ny mesmes vos tailles et taillon, et que la paye des grandes garnisons, qui a donné cause à la surcharge et impost de deniers qu’avez mis sur le peuple, peut cesser : les garnisons estans levées ailleurs qu’aux villes nécessaires pour la conservation de vostre état, et qu’encores en aucunes d’icelles y a des citadelles et fortz où n’est requis que petit nombre d’hommes pour les garder.

Plaise à Vostre Majesté descharger vostre pauvre peuple desdictz pays de tous les nouveaux tributz et daces sur les marchandises et fruictz, et desdictes grandes commissions extraordinaires et autres impositions quelconques, fors de vos deniers extraordinaires, dont vous ferez plus de fonds lesdictes garnisons réglées et payées sur iceux, que ne pourriez réserver de tant de levées : et le peuple, par tel moyen soulagé, aura occasion de se rendre à son premier debvoir, et nous moyen de vivre et continuer le service deu à Vostre Majesté, et à tous de prier Dieu pour l’augmentation de la félicité et prospérité d’icelle.

[Signé :] Jarnac. Bribnaulx. De Latouche. De Latouche. Callieres. De Polignac. Vendosme. Thouverat. De Modes de Faux. Peguyonnie. Caleteres. De Saincte-Maure. Dommiers. Duchesne. Charles Rasonneries. De Bonnemy. Briey. Roussillon. De la Roche. Lonclamy. Mauvoisin. Bretanville. De la Court. Rioux. Usseau. Lelin. De Beauieols. Usson. De Sainct-Marc. De Beaumont. De Portes. Fonpastour. La Mothe. Sainct-Symon. Roveroy. De Ballode. La Roche Brevillet.

[Au dos, écriture du XVII siècle :]

Angoumois, Xaintonge et Aunis
1590
Requête au Roy de la noblesse d’Angoumois, Xaintonge et Aunis, lui demandant modération pour le pauvre peuple des taxes mises sur ces provinces ruinés par la guerre.

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