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1683 - Factum contre les Prétendus Réformés de Fontaines-d’Ozillac
samedi 29 juin 2019, par , 394 visites.
Factum : Récit de l’une des parties, destiné aux juges, exposant sommairement les faits d’un procès. Il s’agit ici d’argumentaires en faveur de la partie catholique (Diocèse de Saintes), contre les Protestants.
Le dé-tricotage de l’Edit de Nantes, pendant les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, se fait de différentes manières :
par l’usage de la justice Royale, ce qui nous donne des dossiers d’argumentaires (factums) pour aider le clergé du diocèse de Saintes à lutter contre les protestants ;
par l’usage de la force : dragonnades, mises au couvent, envoi aux galères, etc.
L’intérêt de ces "Factums" est la description de la situation locale du protestantisme pendant les règnes de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, avec les noms et les rôles des acteurs locaux, lorsque cela est utile à l’argumentaire..
Source : Factums pour le syndic du clergé du diocèse de Saintes contre les prétendus réformés de Saintonge, sur le sujet des temples et des exercices publics de leur religion qu’ils ont établis dans le diocèse de Saintes, par contravention aux édits. - 1683 - BNF Gallica
Voir ici une page de synthèse sur les 41 factums en cours de publication sur ce site. On y trouve la liste des lieux concernés par un Factum, et les références réglementaires sur lesquelles s’appuie le rédacteur, Monseigneur de Châteauneuf.
OZILLAC.
Factum
Pour le Syndic du Clergé du Diocèse de Saintes, demandeur.
Contre les Prétendus Reformés d’Ozillac, défendeurs.
Le Syndic du Clergé de Saintes montre clairement que les P. R. d’Ozillac ne donnent aucune preuve d’un exercice établi & publiquement fait dans leur Bourg, en pas-une des années qui sont requises par les Edits.
Quant à l’année 1577. il n’en est point parlé dans leurs titres.
Sous cote A, ils produisent un extrait d’un livre couvert de parchemin, intitule Papier du Consistoire touchant les Baptesmes, commençant le 16. Juillet 1563. & finissant l’an 1604. mais cet acte leur est inutile.
1. L’original est une pièce informe, où il n’y a aucun seing.
2. Il n’y est point parlé d’aucuns baptesmes en particulier faits en l’année 1577.
3. Des baptesmes seuls ne sont pas des preuves d’exercice public.
4. L’on y voit mesme des baptesmes faits au Château de Fontaines ; ce qui fait voir que les défendeurs n’avoient pas d’exercice établi chez eux, & qu’ils alloient à l’exercice personnel qui se faisoit quelquefois au Château de Fontaines,
Dans un Livret de Baptesmes d’un particulier nommé Boybellaud, dont l’extrait est remis sous la mesme cote A. il est parlé d’un baptesme fait en l’année 1584. le 2..Octobre, par le nommé de Laigle, qualifié Ministre de la Parole de Dieu. Ce de Laigle estoit Ministre de Montandre, comme il paroist par les pièces que ceux de Montandre ont produites. Et cela fait voir que ceux d’Ozillac n’avoient point de Ministre residant chez eux : tantost ils alloient aux exercices voisins , & tanrost ils faisoient venir quelques Ministres des Eglises voisines, qui leur rendoient service dans les occasions.
Pour les années 96. & 97. il n’en est fait aucune mention dans leurs titres ; de sorte qu’ils sont bien éloignez d’estre aux termes de l’Edit de Nantes. II paroist mesme par les 5. & 6. pièces qu’ils ont produites sous cote B. qu’en 94. & dans les suivantes jusques en 99 ils estoient unis à l’Eglise de Montandre, & ne reconnoissoient point d’autre Ministre que celuy de Montandre. Cela prouve,que non seulement dans les années 96. & 97. mais dans les précédantes & les suivantes immédiatement, ceux d’Ozillac n’avoient point de Ministre residant chez eux ny d’exercice public de leur Religion établi dans leur Bourg ; ils estoient seulement une annexe de l’Eglise de Montandre.
En 1603. ils s’unirent à l’Eglise de Mirembeau, & donnèrent quelque chose par an au nommé Primerose, qui servoit cette Eglise. Cela paroist par la pénultième piece qu’ils ont remise sous cote C. Il est donc évident que ce n’a esté que long temps après l’Edit de Nantes, qu’ils ont établi un exercice public dans leur Bourg, & construit un Temple de leur autorité propre, & sans obtenir aucune permission de Sa Majesté
Aussi par Arrest du Parlement de Bordeaux, donné le 16. Mars 1659. sur la requeste du sieur Procureur General, il fut défendu aux P. R. d’Ozillac, de faire leurs Presches, & autres exercices publics de leur Religion dans ladite paroisse. Le sieur Colbert du Terron Commissaire Catholique, fait mention de cet Arrest dans son Avis, & le sieur de Loire Commissaire de la R. P. R. demeure d’accord, qu’en effet cet Arrest a este donné.
Pour ces causes, le Syndic espère de la justice de Sa Majesté & de celle de Nosseigneurs de son Conseil, que l’exercice public de la R. P. R. sera interdit au Bourg d’Ozillac, & le Temple où il se fait condamné à estre démoli par les défendeurs.
Monseigneur DE CHASTEAU-NEUF, Rapporteur.