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1699 - Ordre de mission donné par le roi à Mr d’Ecoyeux pour ravitailler le Canada

jeudi 25 juin 2009, par Pierre, 2896 visites.

Dans les archives des familles nobles qui ont donné des officiers à la marine royale, les ordres de mission étaient conservés comme preuve des services rendus. Certains de ces documents sont chargés d’histoire. En 1699, le Canada est l’enjeu territorial de plusieurs nations européennes (la France, l’Angleterre et la Hollande) et les Indiens se déchirent entre eux pour assurer leurs privilèges commerciaux. Les munitions apportées par les vaisseaux de Mr d’Ecoyeux sont sûrement très attendues, tout comme, au retour, de bons mâts pour l’arsenal de Rochefort. L’opération est supervisée par l’intendant Bégon..

Source : Archives Départementales 17 - Cote 20J4

Voir : Les familles de Gadeville et d’Ecoyeux : des marins et des soldats au service du Roi

Mémoire pour servir d’instruction au Sr Descoyeux, Lieutenant entretenu [1] en la Marine, commandant les flustes [2] la Seine et la Jeanne Cornélie que le Roy anvoye en Canada.

La confiance que sa Majesté a en la capacité et bonne conduitte su Sr Descoyeux la engagé à jetter les yeux sur luy pour commander ces deux bastimens

Elle veut quil prenne soin que les munitions que le Sr Begon a eu ordre d’envoyer en Canada y soient chargées avec tout l’ordre et le soin possible et quelles soient rangées suivant leur qualité de maniere quelles ne se puissent gaster

Il mettra à la voille aussy tost que ces munitions auront esté chargées et que led Sr Begon luy aura remis les paquets [3] de sa Majesté.

L’intention de sa Majesté est quil se rende avec toute la diligence praticable dans le fleuve St Laurent et quil mouille avec ces bastimens dans les endroits où ils ont esté postez les années dernières pour debarquer commodement leur cargaison.

Il restera dans cette Rivière tout le temps necessaire pour le debarquement de ces munitions et marchandises et pour rembarquer celles que le Sr de Champigny a ordre de luy donner et particulierement les cent treize masts [4] qu’il a escrit l’année derniere qu’il avoit à anvoyer celle cy.

La ville de Québec en 1700

Sa Majesté veut aussy qu’il attende jusqu’au 20 ou 25 d’octobre les vaisseaux marchands qui voudront revenir en France pour les prendre sous son escorte à cause des Corsaires saltins [5] apres quoy il mettra à la voille avec ces bastimens pour se rendre le plus diligemment qu’il pourra à Rochefort où il trouvera les ordres necessaires pour son desarmement.

Il demandera aud. Sr de Champigny [6] un certifficat au bas de l’estat desd. munitions et marchandises comme elles luy auront esté remises en bon estat et le remettra à son arrivée à Rochefort aud. Sr Begon sa Majesté estant bien aise de luy declarer qu’il ne sera payé de ses appointemens et de sa table à son retour que sur ce certifficat et en cas qu’au debarquement de ces munitions il s’en trouvast quelques unes deffectueuses il fera marquer sur le certifficat ce qui en aura causé la deffectuausité sa Majesté declarant qu’elle le rendra responsable de ce qui manquera par sa faute.

Sa Majesté désire qu’il évite tous les vaisseaux de guerre des autres Nations et en cas qu’il ne puisse pas les éviter et que ces vaisseaux luy demandent le salut sa Majesté trouve bon qu’il les salüe l’homme de son pavillon ne résidant pas sur des bastimens de charge

Fait à Versailles le XXVIIe May 1699

Louis

Phelippeaux


[1Entretenu : "Dans la marine, le terme "entretenu" s’oppose à l’épithète "auxiliaire" par laquelle on désigne soit des officiers empruntés pour un temps au commerce, soit des employés non commissionnés et révocables à volonté" (Littré)

[2

Une flûte

les flûtes

Une Flûte est un navire de charge hollandais du XVIIIe siècle équipé de trois mâts aux voiles carrées. Au XIXe siècle on les désigne sous le nom de corvette de charge dans la marine française.

Toutefois, on dit d’un navire (généralement d’une frégate ou un vaisseau d’un rang inférieur au 64 canons) qu’il est armé en flûte quand son pont de batterie principal (ou inférieur, dans le cas d’un vaisseau) est dégagé de toute son artillerie pour transporter des troupes ou du matériel. (Source : Wikipédia)

[3Paquet : dépêches ("le paquet d’Angleterre"), ou "toutes les lettres et dépêches que porte un courrier".

[4des mâts de bateau. voir la note sur Bochart de Champigny

[5

Navire saletin

Les corsaires "saltins" (ou "saletins"), sont des navires mauresques, basés à Salé, port aujourd’hui absorbé par Rabat :

SALÉ : ville d’Afrique en Barbarie, près de la mer, environ à quarante cinq lieues, ouest de Fez, dans les Ètats du roi de Maroc. Elle est particulièrement connue par ses Corsaires nommés Saletins,& par son commerce, quoique son havre ne soit propre que pour de petits bârimens. Elle a de bonnes forteresses pour sa défense, & est divisée comme Fez en ville vieille & en ville nouvelle, qui sont seulement séparées par la rivière de Garron. Le Roi de France a un Consul à Salé ; mais ce caractère est assez infructueux , parce que celui qui en est revêtu n’est guère moins exposé qu’un simple marchand au caprice des habitans. On compte qu’ils sont environ vingt mille.

Source : Le grand vocabulaire françois. Par Guyot (Joseph Nicolas), Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort, Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye - Paris 1773 - Books Google

[6Jean Bochart de Champigny a été intendant de la Nouvelle-France de 1686 à 1702, et c’est le spécialiste des mâts de bateau :
"C’est à l’exploitation forestière que Champigny apporta la plus grande attention, plus particulièrement à la production de mâts pour les navires. Au temps de la marine à voiles, les pins géants, bien proportionnés, qui servaient de grands mâts étaient un produit vital pour une puissance maritime, tout comme le pétrole devait l’être plus tard. Sans un approvisionnement suffisant en mâts et mâtures, les vaisseaux n’étaient que de vulgaires pontons sans utilité. La Russie et les Pays baltes étaient, à l’époque, les principaux fournisseurs de grands mâts. L’Angleterre et la France désiraient vivement s’affranchir de cette dépendance étrangère et se procurer, dans leurs colonies américaines, des mâts et d’autres fournitures de construction navale. Ni l’une ni l’autre n’y parvinrent vraiment. Au Canada, Champigny fit faire des relevés des forêts, obtint des subventions royales, fit venir des maîtres artisans de France et parvint à produire des madriers de chêne et un nombre considérable de mâts. Le principal problème était de leur faire franchir l’Atlantique et de les acheminer jusqu’aux chantiers navals, en France. On manquait alors de ces longs bateaux à chargement par l’arrière, qu’on appelait des flûtes, et qui servaient au transport des mâts. Il y avait chaque année environ 90 mâts prêts à l’expédition, mais on ne pouvait en envoyer plus de 12. Champigny soupçonnait que les marchands de bois des Pyrénées, ne désirant guère affronter la concurrence canadienne, créaient des difficultés. Le coût élevé des mâts et du bois d’œuvre canadiens n’arrangeait rien non plus, mais ceci était inévitable dans une industrie naissante et les Anglais rencontraient d’ailleurs le même problème. C’était pourtant un commencement et, dans l’attente de temps meilleurs, l’industrie parvint quand même à survivre. Dans la colonie, pendant ces années, le nombre des moulins à scie augmenta mais presque tout le bois qu’ils produisirent servit à la consommation locale."

Source : Dictionnaire biographique du Canada en ligne.

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