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1752 - Journal de navigation de M. d’Ecoyeux dans la rade de Cayenne

mardi 18 juillet 2006, par Pierre, 2841 visites.

Ce journal de navigation en rade de Cayenne est daté des 29 et 31 janvier 1752. Il n’est pas signé.

Dans l’inventaire fait en janvier 1787 après le décès de Louis Alexandre Frétard d’Ecoyeux, le notaire mentionne la présence d’un "journal d’un voyage fait sur mer par un monsieur d’Ecoyeux", sans plus de précision.

Plusieurs membres de la famille ont été officiers de marine et sont parmi les auteurs possibles.

A commencer par Armand Antonin François Frétard de Gadeville, seigneur de Fouras, qui était dans la Royale à cette date, et qui a par ailleurs écrit ses états de service de 1732 à 1757. Cependant il n’y mentionne pas d’embarquement pour la Guyane en 1752.

L’auteur reste donc encore à identifier.

Un témoignage sur le travail de contribution des marins à la cartographie des colonies françaises au 18ème siècle

Source : AD 17 - 20 J 96

La rade de Cayenne : Illustration tirée de la Nouvelle relation de la France Equinoxiale, contenant la description des côtes de la Guiane, de l’isle de Cayenne, le commerce de cette colonie, les divers changements arrivés dans ce pays, et les moeurs et coûtumes des différents peuples sauvages qui l’habitent... Mathey, grav. ; Pierre Barrère, dess., aut. du texte - Publication : Paris : Piget, Damonneville et Durand, 1743 - Source : BNF Gallica

Le 29 janvier 1752, jour avant la pleine lune, j’ay sondé le canal formant l’entrée de Cayenne, la mer étale, basse mer.

J’ay barré du banc de la Roche Major sur lequel j’ay trouvé depuis 2 jusqu’à 6 pieds d’eau, fond de roche ; fait gouverner au nord jusqu’à la fin du banc, au pied duquel j’ay trouvé 10 pieds d’eau, fond de vase, j’ay observé pour lors l’horloge des pères [1] qui me restoit au sud. Au milieu des deux montagnes de Macouria à l’ouest quart nord-ouest, le temps étant couvert et l’horizon brumeux je n’ay pas pu observer, d’en faire perdre

J’ay fait ensuite gouverner au nord, pour aller prendre le canal, j’ay tombé par les 11 pieds ; j’ay encore observé l’horloge des pères qui me restoit au sud quart sud-est, la plus grande montagne de Macouria à l’ouest quart npord-ouest.

Et pour lors j’ay fait gouverner à l’O, toujours la sonde à la main, j’ay trouvé au tiers du canal 11 pieds et à son milieu 12 toujours fond de vase molle ; la mer pour lors commençoit à monter, j’ay jugé le canal large de la longueur de cinq câbles [2] ; en continuant cette route, j’ay tombé par les 10 et 9 pieds d’eau, tandis que le fond étoit de gros sable vaseux ; la montagne de Mathury [3] dans ce temps là restoit au sud, toute ramassée, le bâton d’enseigne du fort au SE, l’entre-deux des montagnes de Macouria à l’O-NO 4 degrés O. Je n’ay jamais pu observer l’Enfant Perdu [4]

J’ay continué à faire route à l’O en diminuant de fond, mais rapidement jusque par les 5 pieds, j’ay trouvé un fond grave fort d’une mêlée avec des grosses pierres ; alors la maison des pères jésuites restoit au S-SE, et l’entre-deux des montagnes de Macouria O-NO.

J’ay ensuite fait gouverner à l’E et ay trouvé par les 8 pieds une roche qui m’a écorché le plomb [5] ; je n’étois pas pour lors une chaloupe [6] au large de la dernière observation ; en continuant ma route j’ay toujours trouvé 15 pieds dès que j’ay été dans le canal, mais la mer avoit monté ; et en avançant vers l’anse des pères, j’ay toujours augmenté de fond jusqu’à 19 pieds ; j’étois alors éloigné de deux chaloupes au large de la pointe de rochers où il y a une batterie.

J’ay reviré à l’O et j’ay toujours trouvé dans le canal 15, 16 et 17 pieds d’eau, jusques aux bancs où je suis venu encore par les 6 pieds. Au commencement des bancs par les 8 pieds, j’ay observé la montagne de Mathury dont le plus haut me restoit au S 3 à 4 degrés vers l’E. La montagne de Macouria à l’O-NO. Le milieu de la maison des pères S-SE 3 degrés SE. J’ay reviré à l’E, toujours trouvé quand j’ay eu quitté les bancs 16 à 17 pieds d’eau. Il y avoit une heure et demy de montant.

Le 31 janvier 1752, le lendemain de la pleine lune, la mer étale de basse mer, j’ay sondé la rade de Cayenne

J’ay parti de l’anse des pères à ¼ de câble au large, j’ay trouvé 17 pieds d’eau, gouverné toujours à l’O, j’ay trouvé 15 et 16 pieds partout jusqu’au commencement du banc où j’ay trouvé 9 pieds, j’ay dans ce moment observé l’horloge des pères qui me restoit à E 5 degrés NE. La guérite du fort E 5 degrés N. le dernier arbre qui est sur la pointe Rousseau S-SO. Le tems couvert et pluvieux m’a empêché de faire d’autres observations.

J’ay jugé qu’alors j’étois au 1/3 de chemin du degra à la côte de Macouria, et que par conséquent les deux tiers restants d’où j’étois à la côte de Macouria étoit tout banc, et j’ay encore estimé que la largeur du canal en cet endroit était de la longueur d’environ 4 cables.

J’ay été ensuite jusque par les 3 pieds sur le banc, et suis revenu en suivant par toute la rade. J’ay trouvé en sont plus profond 16 pieds et au tiers du canal 15 pieds ; j’ay après tiré un angle droit des bancs de Macouria sur la poterie de Mr de Billy ; j’ay toujours trouvé 15 et 16 pieds et suis venu jusque par les 9 pieds sur les vases ou j’ai observé la poterie de Mr de Billy [7] qui me restoit à l’E, le dernier arbre de la pointe Rousseau SO 5 degrés O, la guérite du fort au N 4 degrés NE

J’ay encore observé que de la plus basse mer à la plus haute la marée étoit de 10 pieds


[1Jusqu’en 1765, date à laquelle ils furent expulsés de Guyane comme ils l’avaient été de France, une soixantaine de Jésuites, placés sous l’autorité du supérieur général installé à Cayenne, incarnèrent un pouvoir spirituel, économique et même politique.
Ils furent à la fois animateurs de la vie religieuse dans les paroisses et fondateurs des missions où ils s’efforçaient de regrouper les Amérindiens (Kourou, Sinnamary, Ouanary, Oyapock). Leur puissance temporelle se concrétisait à travers leurs vastes domaines fonciers (habitation Loyola, Montlouis à Rémire, Maripa et Saint-Régis sur la Comté) ainsi qu’avec leur prestigieux édifice de Cayenne, dont l’hotel préfectoral fut,alors le plus vaste bâtiment de la ville.
Enfin de 1852 à 1874, les Jésuites revinrent dans la colonie, en qualité d’aumôniers auprès des condamnés au bagne.

[2cable ou encablure : environ 219 m

[3Matoury : La ville fut fondée en 1656 sous le nom de Quartier du Tour de l’Île. Une église y a été bâtie en 1662.

[4l’Enfant perdu : Ilôt au large de Cayenne. A l’époque du bagne, un phare y fut construit et entretenu par des bagnards.

[5le plomb de la sonde.

[6Unité de mesure marine de dimension inconnue

[7Il s’agit très vraisemblablement d’une fabrique de pots, production courante dans cette région (de BILLY : référence trouvée, peut-être sans rapport ? : 20 septembre 1782 : procuration de Joseph LEVAVASSEUR, chevalier, seigneur et patron de Hiesville, et Marie-Louise PHILIPPE de BILLY, son épouse, à Pierre METTERAND, officier de la garnison de Cayenne, leur beau-frère, afin de vendre à Monsieur de PRÉVILLE et Thérèse de PHILIPPE de BILLY, son épouse, le tiers d’une habitation en l’île de Cayenne. (5E 11056) dans Bulletin n°77 de Généalogie et histoire de la Caraïbe)

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