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1793 - 1794 - La Révolution en Charente et Charente-Inférieure, dans les gazettes

La Convention et la Terreur

dimanche 3 février 2008, par Pierre, 3541 visites.

Deux périodes pendant lesquelles la Révolution prend des couleurs crues, bien différentes de celles de la phase précédente.

Les évènements locaux relatés dans la presse nationale de l’époque.

DocumentCommentaire

Gazette Nationale du mercredi 10 avril 1793

L’an 2e de la République Française


Convention Nationale - Mardi 9 avril à sept heures du matin

Romme occupe le fauteuil.

On lit une lettre des administrateurs du département de la Charente, qui annonce que ce département a fait partir mille huit cents hommes, tant infanterie que cavalerie, avec cinq pièces de campagne et les munitions nécessaires pour combattre les brigands, et que cette armée les a déjà fait repentir de leur scélératesse ; que le recrutement est achevé et que le contingent fixé à quatre mille quatre cent quatre-vingt-neuf hommes est porté à près de six mille. L’esprit public de ce département, ajoutent les administrateurs, peut être comparé à celui qui régnait dans les plus beaux jours de la Grèce et de Rome. La plus parfaite union règne entre tous les citoyens, les Sociétés populaires et les corps constitués, et notre département peut être considéré comme un département de frères qui se tiennent intimement unis à la chose publique, qui confondent tous leurs intérêts particuliers dans l’intérêt de la famille entière…

Le courrier qui nous est arrivé hier de Niort, et qui a été à Fontenay-le-Peuple, nous a donné les nouvelles les plus satisfaisantes sur la situation actuelle des départements révoltés. Les brigands sont repoussés partout avec beaucoup d’avantage, et on n’y craint pas autre chose, si ce n’est que leurs chefs puissent gagner la mer et échapper a la punition rigoureuse qu’ils méritent.

Mobilisation : il s’agit très probablement ici d’un épisode des guerres contre les Vendéens.

Gazette Nationale du lundi 15 avril 1793

L’an 2e de la République Française


Le tribunal révolutionnaire a prononcé l’arrêt de mort contre deux des prévenus qui ont été traduits devant lui. Le premier Louis Guyol-Dumollans, ci-devant gentilhomme poitevin, né à Allon, département de la Charente. Agé de quarante-deux ans, pour avoir émigré au mois de février ou de mars 1792, pour avoir été trouvé saisi d’une cocarde blanche, d’un bouton à fleur-de-lys, d’un passeport du bourgmestre, régent de Malmédy, en date du 30 novembre dernier ; d’une permission pour aller à Verdun, datée du 29 septembre précédent, signée Barbesières, commandant de la quatrième compagnie de la coalition des gentilshommes poitevins, et visée Pérusse d’Escars, lieutenant-général, et d’une carte colorée portant les deux lettres ОТ ; enfin pour être rentré en France du 8 au 9 décembre 1792.

Condamnation à mort, par le Tribunal Révolutionnaire, d’un noble picto-charentais, émigré, pris la cocarde blanche à la main.

Je n’ai pas réussi à trouver où se situe Allon, en Charente.

Gazette Nationale du jeudi 9 mai 1793

L’an 2e de la République Française


Convention Nationale - Séance du 6 mai

Il existe six mille recrues dans le département de la Charente et les départements environnants. Des courriers extraordinaires ont été envoyés dans les manufactures d’armes et dans les entrepôts des arsenaux pour faire partir sur le champ en poste des armes pour l’armement de ces recrues.

Mobilisation (suite) - Toujours contre les Vendéens, très actifs dans les Deux-Sèvres.

Gazette Nationale du samedi 18 mai 1793

L’an 2e de la République Française


Convention Nationale - Séance du 16 mai

On lit une lettre du citoyen Auguis, représentant du peuple français, délégué dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée

De Saint-Maixent, le 11 mai

Après m’être assuré que trois mille hommes qui s’étaient retirés dans ce poste important effrayés par les propos tenus par les désorganisateurs, qui exagéraient le nombre des ennemis, y resteraient, je me suis transporté à Niort et dans les départements voisins pour y requérir des secours. Je me rendais le 10 & Saint-Maixent pour faire part aux citoyens de l’empressement avec lequel mes demandes avaient été accueillies, lorsque j’appris que ce poste allait se replier sur Niort, et que les voilures étaient déjà parties. Les troupes qu’on avait découragées pendant mon absence en criant qu’on allait les mener à la boucherie, talent prêtes a s’y rendre confusément. Je fis revenir les voitures et après avoir fait ranger l’armée en bataille, je lui démontrai ses erreurs : je parvins a la rassurer. On s’occupa aussitôt des moyens de résistance qui avaient été totalement négligés, et l’ennemi qu’on disait être en très grand nombre, à deux lieues de distance, n’a point encore paru. J’espère au contraire que ce sont nos troupes qui l’iront chercher.

La Rochelle et Rochefort donnent toutes les forces qui sont en leur pouvoir en hommes, armes et munitions. Le département de la Charente-Inférieure vient d’envoyer la gendarmerie qui lui restait, et celui de la Charente est levé en entier ; ainsi l’on va encore une fois sauver ce malheureux pays, qui le serait déjà si l’on avait eu des forces.

Signé Auguis.

Guerres contre les Vendéens (suite)

Gazette Nationale du vendredi 31 mai 1793

L’an 2e de la République Française


Convention Nationale - Séance du mardi 28 mai.



On proclame la liste des départements tirés au sort pour fournir les nouveaux jurés du tribunal révolutionnaire. Ces départements sont ceux des Basses-Alpes, de la Gironde, de Mayenne et Loire, de la Corrèze, de la Sarthe, d’Eure-et-Loir, de l’Aveyron, des Hautes-Pyrénées, de la Charente-Inférieure, d’Ille-et-Vilaine, de la Lozère, de l’Isère.

Les départements de la Nièvre, de l’Ain, de la Haute-Saône et de la Mayenne fourniront les suppléants.

La séance est levée à neuf heures.

Le Tribunal Révolutionnaire, surchargé de travail, recrute de nouveaux jurés.

Gazette Nationale du Tridi 3 Messidor, l’an 2e

(Samedi 21 juin 1794, vieux style)


Convention Nationale - Séance du 1er messidor



Vos comités ont considéré la réclamation des détenteurs expoliés sous tous ses rapports, et ils ont reconnu qu’elle est on ne peut mieux fondée.

Le rapporteur entre dans le détail des moyens présentés par les parties lésées. Il propose un décret qui est adopté en ces termes :

La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités des finances, d’agriculture et d’aliénation et domaines réunis, décrète ce qui suit :

- Art 1er. L’arrêté du conseil du 29 avril 1782, prétendu interprétatif de celui du 7 décembre 1779, portant concession au ci-devant maréchal de Richelieu des laisses de mer comprises entre les rivières de Seudre et du Brouage, est déclaré nul et de nul effet, ainsi que tout ce qui en a été la suite. En conséquence les citoyens qui, sans concession, avaient renclos et cultivé partie desdites laisses de mer jusqu’à l’époque où l’arrêt du conseil de 1779 leur a été signifié, seront réintégré dans les terrains qu’il possédaient, et dont ils ont été expulsés par l’effet de l’arrêt de faveur du 23 avril 1782.

- II. Les citoyens réintégrés dans leurs possessions par le présent décret ne pourront répéter aucune indemnité pour la non-jouissance desdits terrains, de la part des ces cessionnaires du ci-devant maréchal de Richelieu qui, à leur tour ne pourront réclamer desdits citoyens aucune des sommes qui leur ont été payées lors de leur impossession.

- III. Dans le cas cependant où lesdits cessionnaires se croiraient fondés à faire des répétitions, soit à raison desdites sommes, soit a raison des deniers d’entrée payés au ci-devant maréchal, ou des frais de rencloture, de desséchement ou d’entretien qu’ils prétendraient avoir faits, il seront tenus de se pourvoir de la manière ci-après indiquée.

- IV. Ils présenteront au directoire du district de Marennes leurs états de dépenses, appuyés de pièces justificatives. Le directoire du district nommera des experts, qui évalueront le revenu annuel des terrains en question, d’après celui qu’ils auraient dû obtenir s’ils eussent resté entre les mains des premiers défricheurs. La Convention prononcera définitivement, d’après les avis et les observations du directoire dudit district, du département de la Charente-Inférieure et de la commission des revenus nationaux.

- V. Si, par le résultat, les cessionnaires se trouvent débiteurs, ils verseront, dans la quinzaine de la publication du décret qui prononcera définitivement, dans la caisse du district de Marennes, la somme dont ils seront reliquataires, et cette somme fera partir de l’actif des héritiers émigrés du ci-devant maréchal de Richelieu.

- VI. Si au contraire les cessionnaires se trouvent créanciers, ils seront admis à se pourvoir, pour le paiement, de la manière indiquée par les décrets relatifs aux créanciers des émigrés.

- VII. Lesdits cessionnaires seront tenus de se pourvoir au directoire du district de Marennes dans le mois de la date du présent décret, faute de quoi ils seront déchus de toute répétition en indemnité.

- VIII. Le présent décret sera inséré au Bulletin de correspondance, et cette insertion lui servira de publication.

L’émigration des nobles permet de règler, à peu de frais, des questions foncières de naguère

Gazette Nationale du Quartidi 4 Messidor, l’an 2e

(Dimanche 22 juin 1794, vieux style)


Convention Nationale - Séance du 3 messidor

Bar, au nom du comité de législation, propose et la Convention adopte le projet de décret suivant :

La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de législation sur un jugement du tribunal criminel du département de la Charente-Inférieure, du 16 pluviôse, qui condamne à douze années de fers Jean-Baptiste Bruneau, officier municipal, Marie Aussant, femme Massé ; Jeanne et Marie Mocquai, habitant la commune de l’Unité, à quatre années de réclusion ; le premier comme convaincu de divertissement et de malversation dans la vente d’effets appartenant à la république, et, les dernières, de complicité.

Considérant que dans ce procès il ne résulte de la dénonciation des faits constatés par l’information, et de l’exposé même de l’acte d’accusation, d’autre charge contre les accusés que celle d’avoir voulu acquérir et livrer sans enchère des effets que la loi ne permet de vendre qu’avec cette formalité, et non l’intention ni le fait de soustraire ou divertir des effets appartenant à la république, qu’aucune loi n’inflige contre ce délit des peines afflictives ou infamantes ; mais que celles des 19 juillet 1791 et 24 avril 1793 (vieux style), qui l’ont prévu, n’imposent que des peines correctionnelles ; que c’est contrairement à l’article V du titre 1er de la loi du 16 septembre 1791 (vieux style) qu’un acte d’accusation a été présenté aux jurés dans cette affaire ;

Décrète que l’acte d’accusation dressé par l’accusateur public près le tribunal criminel du département de la Charente-Inférieure, contre Jean-Baptiste Bruneau, officier municipal, Marie Aussant, femme Massé, Jeanne et Marie Mocquai, de la commune de l’Unité, ainsi que toute la procédure et le jugement qui l’ont suivi, sont annulés ; les prévenus seront traduits devant le tribunal de police correctionnelle établi sur les lieux.

Le présent décret ne sera point imprimé ; il sera envoyé manuscrit au tribunal criminel du département de la Charente-Inférieure.

La séance est levée à trois heures.

Trois communes de Charente-Inférieure se sont appelées l’Unité pendant la Révolution : Saint-Pierre d’Oleron, Saint-Georges d’Oleron, et Villenouvelle, rattachée à Villeneuve-la-Comtesse en 1973.

Des informations généalogiques glanées sur Internet permettent de penser qu’il s’agit ici de Saint-Georges d’Oléron, où un Jean-Baptiste Bruneau était « capitaine ? de la Garde Nationale demeurant au lieu de la Renaudière, présente commune… », appelée alors l’Unité. (acte du 15 brumaire an III = 5 novembre 1794)

La Convention Nationale casse un jugement rendu par le Tribunal Criminel de Charente-Inférieure, et le renvoie l’affaire - pas si grave qu’il y paraissait - devant le tribunal de police correctionnelle.

Gazette Nationale – Décadi 20 Messidor, l’an 2e

(Mardi 8 juillet 1794, vieux style)


Convention Nationale – Séance du 19 messidor

Les patriotes de Val-Charente, ci-devant Châteauneuf (Charente) ont déposé aux caisses publiques leur numéraire en échange d’assignats.

Gazette Nationale – Primidi 1er Thermidor, l’an 2e

(Samedi 19 juillet 1794, vieux style)


Convention Nationale – Séance du 29 messidor

VEAU, au nom de la commission des dépêches : Citoyens, des luttes d’hommes et de taureaux, des auto-da-fé et des processions, des combats de coqs, des paris, des courses de jockeys, des parades dégoûtantes d’horreurs ou de grossièreté, tels sont les plaisirs des peuples asservis et corrompus. Les nations libres ne ressemblent aux esclaves, ni dans leurs jeux, ni dans leurs fêtes, ni dans leurs mœurs.

Le souvenir des faits importants au bonheur du monde, exprimés dans des chants civiques ou guerriers, qu’un peuple levé en masse entend ou répète avec transport ; des leçons, des tableaux, des exemples qui forment la jeunesse, qui animent la virilité, qui consolent la vieillesse ; des vertus mises en précepte, en image ou en action ; voilà les spectacles républicains.

C’est ainsi que l’on a célébré dans la France les époques mémorables dont vous avez consacré le souvenir.



C’a été encore une sorte de fête que la réception faite par la Société populaire de Royan (Charente-Inférieure) au représentant du peuple Isabeau, à qui les citoyens ont adressé les expressions de leur dévouement à la république, de confiance à la Convention, de réunion à la Montagne. Le représentant, au milieu de l’allégresse publique, réunit par ses exhortations quelques époux prêts à se diviser. Les uns et les autres, vous dit la Société populaire, le remercient avec attendrissement ; la fille d’avoir retrouvé sa mère ; la femme son mari ; le bon citoyen, son ami ; des larmes délicieuses ont été versées par tous les témoins de cette scène touchante.

C’est encore une fête pour les citoyens que le jour où ils vous entourent de leurs félicitations, où ils vous adressent leur adhésion à vos principes et à vos vertus.

La célébration du 14 juillet 1794 à Royan.

Le représentant de la Convention Nationale présent à cette fête a même réussi à réconcilier un couple en instance de divorce !

Gazette Nationale ou le Moniteur Universel n° 323 – Tridi 23 thermidor, l’an 2e

(dimanche 10 août 1794, vieux style)



Tribunal Criminel Révolutionnaire du 7 Thermidor



- A. Chénier, âgé de trente et un ans, né à Constantinople, homme de lettres, rue de Cléry ;



- G. Montalembert, âgé de soixante-trois ans, né à Limoges, ex-marquis, capitaine au ci-devant régiment du Roi, rue Neuve-Égalité



- H. J. Bourdeilles, âgé de quarante-six ans, né à Paris, ex-comte, mestre de camp à la suite de la cavalerie, au Bois-Guillaume ;



Convaincus de s’être rendus les ennemis du peuple en participant aux crimes de Capet et de sa famille, en approuvant le massacre du Champ de Mars, en écrivant contre la liberté et en faveur de la tyrannie, en entretenant des intelligences avec les ennemis de l’État, en discréditant les assignats, en conspirant dans la maison d’arrêt dite Lazare, à l’effet de s’évader, et ensuite dissoudre, par le meurtre et l’assassinat des représentants du peuple, et notamment les membres des comités de salut public et de sûreté générale, le gouvernement républicain, et de rétablir la royauté, ont été condamnés à la peine de mort

Dans un des multiples jugements du Tribunal Révolutionnaire, sous la Terreur, la condamnation d’André Chénier, homme de lettres, du marquis de Montalembert et d’Henri de Bourdeilles, ces deux dernières personnes issues de familles qui ont joué un rôle important en Charente et Charente-Maritime.

_ D’autres extraits de jugements de ce Tribunal, condamnant des personnes liées à l’histoire des Charentes, seront ajoutés ultérieurement.

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