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1793 - Le culte de la Raison à Confolens (Charente)

samedi 9 septembre 2017, par Pierre, 377 visites.

Le culte de la Raison se développa en France vers la fin de l’année 1793, sous l’influence des Hébertistes. Plusieurs églises furent transformées en Temple de la Raison. Le développement de ce culte donna lieu à des manifestations patriotiques théâtrales.

Source : Société de l’histoire de la Révolution française (Paris). La Révolution française : revue historique.... 1887-07 p 415. BNF Gallica

Qu’on me permette de remonter un peu plus au Nord, dans le département de la Charente, et de dire ce que fut le culte de la Raison dans la petite ville de Confolens.

Le 16 frimaire an II, la municipalité de Confolens reçoit d’Angoulême, par l’intermédiaire du district, l’arrêté du représentant Harmand, en date du 12, portant que « le jour de la 2e décade de frimaire, la fête de la Raison sera célébrée dans tous les districts du département de la Charente ».
Le corps municipal décide de se concerter le lendemain à ce sujet avec le district.
Les deux pouvoirs réunis, le 17, désignèrent d’abord pour local du temple de la Raison la ci-devant église des Récollets.
C’était ménager le culte catholique et lui laisser l’église paroissiale (Saint-Maxime) ; l’église de Saint-Barthélemy n’était alors qu’une succursale.
Au moment de lever la séance, des membres observèrent que l’église de Saint-Maxime était plus centrale et conviendrait mieux.
On ne put s’entendre et on résolut de convoquer immédiatement, dans la salle du tribunal, l’assemblée des citoyens. Ce qui fut fait, par le moyen des tambours de ville.
« L’assemblée a été nombreuse, et le procureur de la commune ayant dit aux citoyens l’objet de leur convocation et le sujet de l’assemblée, ils ont été invités de désigner d’abord le mode qu’ils adoptaient pour manifester leurs vœux. L’assemblée a adopté de le manifester en levant le chapeau. Ensuite, les citoyens ont été invités de manifester leur désir sur le local à choisir, et il a été dit que ceux qui pensent que la ci-devant église des Récollets doit être prise pour le temple de la Vérité et de la Raison le manifestent. Sur-le-champ, la grande et très grande majorité de l’assemblée a levé le chapeau. Il a été dit ensuite que ceux qui pensent que le temple dont il est question serait mieux placé dans l’église de Saint-Maxime le manifestent en levant le chapeau. Il n’y a eu que huit à neuf citoyens qui l’aient levé, les autres étant restés couverts... »
Le Comité de surveillance (ou révolutionnaire) de Confolens, qui menait la campagne « philosophique », ne pouvait voir qu’avec dépit un vote qui laissait au catholicisme l’église paroissiale.
Il alla trouver le corps municipal et lui représenta « qu’à cette assemblée, où le tumulte a régné et où le vœu des citoyens n’a pas été librement émis, il s’est trouvé plusieurs femmes qui ont même ôté de dessus les têtes des citoyens leurs chapeaux, qui était le signal du consentement ou dissentiment à donner pour le choix du lieu qui devait être destiné pour le temple de la Raison et de la Vérité, que le citoyen Boutant jeune a ôté le chapeau du citoyen Tournasson, que la citoyenne Richard en a fait autant de celui du citoyen Plantier et malgré lui, de façon qu’il est résulté du tumulte qui a régné que les citoyens n’ont même pas connu l’objet ni l’importance de ladite assemblée, et que par les chapeaux enlevés de dessus les têtes de plusieurs votants et malgré eux, il en est résulté que les citoyens semblent avoir voté contre leur vœu, tout quoi est contraire à l’esprit de la loi et à l’ordre et l’harmonie qui doivent régner dans toutes les assemblées légitimement convoquées. Par ces considérations, le Comité, de l’avis de ses commissaires convoqués à cet effet et après que les faits ci-dessus ont été affirmés par plusieurs membres du Comité, casse la délibération prise ce jourd’hui, etc. ».
Il arrêta que la municipalité convoquerait aussitôt une seconde assemblée dans l’église de Saint-Barthélemy, et remettrait l’affaire en délibération. Le citoyen Malat fut chargé de faire un discours contre les prêtres et le fanatisme. -
Le corps municipal obéit. L’assemblée eut lieu et fut nombreuse. Le citoyen Malat lui conseilla de choisir l’église Saint-Maxime, et on passa au vote.
Le résultat fut singulier.
« Sur 265 volants, dit le procès-verbal, 137 ont été d’avis que l’église de Saint-Barthélemy fût désignée pour l’exercice public du culte catholique, et 128 que le culte fût public dans l’église de Saint-Maxime. »
C’était dire implicitement que le culte de la Raison serait célébré dans l’église des Récollets, ce qui eut lieu, en effet, le 20 frimaire an II.
La fille du citoyen Malat avait été désignée pour tenir le rôle de la Raison.
Voici un extrait du procès-verbal de cette fête (20 frimaire an II) :
« ... Tout le cortège s’est mis en marche, marchant avec la joie et l’enthousiasme qu’inspiraient les principes sur lesquels était fondée la fête de la Raison qu’on allait célébrer, et s’est rendu chez la jeune Malat, fille que l’opinion publique a désignée pour représenter la Raison, laquelle est descendue de chez elle vêtue de blanc, ceinturée (sic) d’un ruban tricolore, ayant à la main droite une houlette décorée de rubans tricolores et accompagnée d’un grand nombre de jeunes citoyennes aussi vêtues de blanc et ceinturées de rubans tricolores. Les citoyens présidant la cérémonie ont reçu la jeune Malat et on est allé à la place de la commune, près l’arbre de la Liberté. Là, plusieurs citoyens ont chanté, accompagnés de la musique, des hymnes patriotiques, et, après avoir rendu hommage à cet arbre chéri, on s’est rendu dans la ci-devant église des Récollets, local choisi pour le temple de la Raison, dans lequel on a élevé sur les débris du fanatisme un autel à la Raison, que sa simplicité rend majestueux et où est une place au centre d’icelui où s’est placée la jeune Malat qui représentait la Raison, autour de laquelle et sur des gradins destinés à cet effet étaient placées les jeunes citoyennes qui l’accompagnaient. Tous les citoyens et citoyennes ont observé un silence respectueux. La musique s’est fait entendre. Ses sons harmonieux, et grands par les principes de liberté et d’égalité qui respirent dans les hymnes qui en faisaient l’objet, ont enchanté tous les spectateurs. Ensuite, le citoyen Nougier Châtenet, administrateur du directoire du district, est monté dans la chaire, désormais tribune de vérité, où il a prononcé un discours qui respirait le civisme le plus pur, dans lequel il a démontré les horreurs que le fanatisme et la superstition avaient fait commettre dans tous les temps, combien il était urgent de faire usage de sa raison et d’abandonner les préjugés qui fanatisaient encore les citoyens crédules. Il a été terminé par un concert analogue. Le citoyen Sieamois, procureur de la commune, est aussi monté à la tribune où il a prononcé un discours dans lequel il a fait tous ses efforts pour anéantir le fanatisme et la superstition.
Le citoyen Laperière, desservant la cure de Pressignac, y est aussi monté et a déclaré qu’il abjurait sa qualité de prêtre pour rentrer dans la classe des citoyens, et a remis ses lettres de prêtrise qui ont été à l’instant livrées aux flammes. Après différents hymnes patriotiques chantés par tous les citoyens accompagnés de la musique, tout le cortège est retourné sur la place de la commune, près l’arbre de la Liberté, où les citoyens ont de nouveau rendu hommage par leur chant. Les citoyens qui présidaient ont conduit la jeune Malat chez elle. »
Je ne vois pas qu’aucun arrêté ait interdit à Confolens le culte catholique, même extérieur.
Seulement, le 9 pluviôse an II, le corps municipal, « instruit que les ministres du culte catholique de cette commune ont cessé toute fonction, que le culte n’est plus en activité publique, que le citoyen Jean Lagrange, vicaire, l’un desdits ministres, s’est transporté au comité de surveillance et y a demandé acte de ce qu’il n’entendait plus exercer aucune fonction ecclésiastique ;
« Considérant qu’il est du devoir du corps municipal de prendre toutes les précautions possibles pour que les...(?), vases et autres objets, tels qu’habits sacerdotaux, soient déposés dans un lieu de sûreté ;
« A arrêté, ouï et ce requérant l’agent national, que les vases de l’une et l’autre desdites ci-devant églises seraient sortis d’icelles et déposés dans la maison commune, qu’ils seront conservés jusqu’à nouvel ordre, etc. »
Le 14 pluviôse, le transfert est opéré, avec inventaire. Le 18 pluviôse, des religieuses hospitalières prêtent serment.
20 pluviôse : le maire fait, au temple de la Raison, lecture d’un choix de lois, arrêtés, instructions.
13 floréal : la municipalité rédige le plan de la fête de l’Etre suprême et il n’est plus question du culte de la Raison, dans cette région qui était alors à la fois républicaine ot gallicane.
Saxthonax.


Voir en ligne : Revue Historique : le culte de la Raison

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