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-58 av JC - Le pays des Santons, province romaine, sous César

mercredi 22 août 2007, par Pierre, 5927 visites.

Musée archéologique de Saintes
Photo : P. Collenot - 2004

Les Helvètes rêvent d’émigrer massivement en Saintonge : comme on les comprend ! Mais Jules César n’est pas d’accord et vole au secours des Santons.

C’est la 1ère mention du pays des Santons dans un écrit (Commentaires de la Guerre des Gaules en 58-52 av JC).

Ces "Commentaires" ne sont pas strictement un ouvrage d’histoire, mais une sorte d’autobiographie à but politique, vraisemblablement destinée à impressionner les sénateurs romains.

C’est cependant le seul document disponible sur la guerre des Gaules (58-52 av JC).

De cet ouvrage en 7 livres +1, sont présentés ici une partie importante du 1er livre, et les passages des autres livres qui contiennent des informations sur les Santons (il ne s’agit pas encore de la Saintonge, mais du pays des Santons).

Commentaires intercalaires et notes : Pierre Collenot.

Texte original - Texte intégral (Itinera electronica) Traduction de L.-A. Constans. 1926 - Texte intégral (wikipédia)

Livre 1 - 58 av JC

Les Helvètes, voulant quitter leur pays et émigrer en masse vers le sud-ouest, mettent la Gaule en transes.

César quitte Rome et dit "veni" (je suis venu)

1.1 Gallia est omnis diuisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. Gallos ab Aquitanis Garumna flumen, a Belgis Matrona et Sequana diuidit. Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate prouinciae longissime absunt, minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea quae ad effeminandos animos pertinent important, proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt. Qua de causa Heluetii quoque reliquos Gallos uirtute praecedunt, quod fere cotidianis proeliis cum Germanis contendunt, cum aut suis finibus eos prohibent aut ipsi in eorum finibus bellum gerunt. Eorum una, pars, quam Gallos obtinere dictum est, initium capit a flumine Rhodano, continetur Garumna flumine, Oceano, finibus Belgarum, attingit etiam ab Sequanis et Heluetiis flumen Rhenum, uergit ad septentriones. Belgae ab extremis Galliae finibus oriuntur, pertinent ad inferiorem partem fluminis Rheni, spectant in septentrionem et orientem solem. Aquitania a Garumna flumine ad Pyrenaeos montes et eam partem Oceani quae est ad Hispaniam pertinet ; spectat inter occasum solis et septentriones. 1.1 L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les plus braves de ces trois peuples sont les Belges, parce qu’ils sont les plus éloignés de la Province romaine et des raffinements de sa civilisation, parce que les marchands y vont très rarement, et, par conséquent, n’y introduisent pas ce qui est propre à amollir les cœurs, enfin parce qu’ils sont les plus voisins des Germains qui habitent sur l’autre rive du Rhin, et avec qui ils sont continuellement en guerre. C’est pour la même raison que les Helvètes aussi surpassent en valeur guerrière les autres Gaulois : des combats presque quotidiens les mettent aux prises avec les Germains, soit qu’ils leur interdisent l’accès de leur territoire, soit qu’ils les attaquent chez eux. La partie de la Gaule qu’occupent, comme nous l’avons dit, les Gaulois commence au Rhône, est bornée par la Garonne, l’Océan et la frontière de Belgique ; elle touche aussi au Rhin du côté des Séquanes et des Helvètes ; elle est orientée vers le nord. La Belgique commence où finit la Gaule ; elle va jusqu’au cours inférieur du Rhin ; elle regarde vers le nord et vers l’est. L’Aquitaine s’étend de la Garonne aux Pyrénées et à la partie de l’Océan qui baigne l’Espagne ; elle est tournée vers le nord-ouest.
1.2. Apud Heluetios longe nobilissimus fuit et ditissimus Orgetorix. Is M- Messala, et P- M- Pisone consulibus regni cupiditate inductus coniurationem nobilitatis fecit et ciuitati persuasit ut de finibus suis cum omnibus copiis exirent : perfacile esse, cum uirtute omnibus praestarent, totius Galliae imperio potiri. Id hoc facilius iis persuasit, quod undique loci natura Heluetii continentur : una ex parte flumine Rheno latissimo atque altissimo, qui agrum Heluetium a Germanis diuidit ; altera ex parte monte Iura altissimo, qui est inter Sequanos et Heluetios ; tertia lacu Lemanno et flumine Rhodano, qui prouinciam nostram ab Heluetiis diuidit. His rebus fiebat ut et minus late uagarentur et minus facile finitimis bellum inferre possent ; qua ex parte homines bellandi cupidi magno dolore adficiebantur. Pro multitudine autem hominum et pro gloria belli atque fortitudinis angustos se fines habere arbitrabantur, qui in longitudinem milia passuum CCXL, in latitudinem CLXXX patebant. 1.2. Orgétorix était chez les Helvètes l’homme de beaucoup le plus noble et le plus riche. Sous le consulat de Marcus Messala et de Marcus Pison, séduit par le désir d’être roi, il forma une conspiration de la noblesse et persuada ses concitoyens de sortir de leur pays avec toutes leurs ressources : « Rien n’était plus facile, puisque leur valeur les mettait au-dessus de tous, que de devenir les maîtres de la Gaule entière ». Il eut d’autant moins de peine à les convaincre que les Helvètes, en raison des conditions géographiques, sont de toutes parts enfermés : d’un côté par le Rhin, dont le cours très large et très profond sépare l’Helvétie de la Germanie, d’un autre par le Jura, chaîne très haute qui se dresse entre les Helvètes et les Séquanes, et du troisième par le lac Léman et le Rhône, qui sépare notre province de leur territoire. Cela restreignait le champ de leurs courses vagabondes et les gênait pour porter la guerre chez leurs voisins : situation fort pénible pour des hommes qui avaient la passion de la guerre. Ils estimaient d’ailleurs que l’étendue de leur territoire, qui avait deux cent quarante milles de long et cent quatre-vingts de large, n’était pas en rapport avec leur nombre, ni avec leur gloire militaire et leur réputation de bravoure.
1.3. His rebus adducti et auctoritate Orgetorigis permoti constituerunt ea quae ad proficiscendum pertinerent comparare, iumentorum et carrorum quam maximum numerum coemere, sementes quam maximas facere, ut in itinere copia frumenti suppeteret, cum proximis ciuitatibus pacem et amicitiam confirmare. Ad eas res conficiendas biennium sibi satis esse duxerunt ; in tertium annum profectionem lege confirmant. Ad eas res conficiendas Orgetorix deligitur. Is sibi legationem ad ciuitates suscipit. In eo itinere persuadet Castico, Catamantaloedis filio, Sequano, cuius pater regnum in Sequanis multos annos obtinuerat et a senatu populi Romani amicus appellatus erat, ut regnum in ciuitate sua occuparet, quod pater ante habuerit ; itemque Dumnorigi Haeduo, fratri Diuiciaci, qui eo tempore principatum in ciuitate obtinebat ac maxime plebi acceptus erat, ut idem conaretur persuadet eique filiam suam in matrimonium dat. Perfacile factu esse illis probat conata perficere, propterea quod ipse suae ciuitatis imperium obtenturus esset : non esse dubium quin totius Galliae plurimum Heluetii possent ; se suis copiis suoque exercitu illis regna conciliaturum confirmat. Hac oratione adducti inter se fidem et ius iurandum dant et regno occupato per tres potentissimos ac firmissimos populos totius Galliae sese potiri posse sperant. 1.3. Sous l’influence de ces raisons, et entraînés par l’autorité d’Orgétorix, ils décidèrent de tout préparer pour leur départ : acheter bêtes de somme et chariots en aussi grand nombre que possible, ensemencer toutes les terres cultivables, afin de ne point manquer de blé pendant la route, assurer solidement des relations de paix et d’amitié avec les États voisins. A la réalisation de ce plan, deux ans, pensèrent-ils, suffiraient : une loi fixa le départ à la troisième année. Orgétorix fut choisi pour mener à bien l’entreprise : il se chargea personnellement des ambassades. Au cours de sa tournée, il persuade Casticos, fils de Catamantaloédis, Séquane, dont le père avait été longtemps roi dans son pays et avait reçu du Sénat romain le titre d’ami, de s’emparer du pouvoir qui avait auparavant appartenu à son père ; il persuade également l’Héduen Dumnorix, frère de Diviciacos, qui occupait alors le premier rang dans son pays et était particulièrement aimé du peuple, de tenter la même entreprise, et il lui donne sa fille en mariage. Il leur démontre qu’il est tout à fait aisé de mener ces entreprises à bonne fin, pour la raison qu’il est lui-même sur le point d’obtenir le pouvoir suprême dans son pays : on ne peut douter que de tous les peuples de la Gaule le peuple helvète ne soit le plus puissant ; il se fait fort de leur donner le pouvoir en mettant à leur service ses ressources et son armée. Ce langage les séduit ; les trois hommes se lient par un serment, et se flattent que, devenus rois, la puissance de leurs trois peuples, qui sont les plus grands et les plus forts, leur permettra de s’emparer de la Gaule entière.
1.4. Ea res est Heluetiis per indicium enuntiata. Moribus suis Orgetoricem ex uinculis causam dicere coegerunt ; damnatum poenam sequi oportebat, ut igni cremaretur. Die constituta causae dictionis Orgetorix ad iudicium omnem suam familiam, ad hominum milia decem, undique coegit, et omnes clientes obaeratosque suos, quorum magnum numerum habebat, eodem conduxit ; per eos ne causam diceret se eripuit. Cum ciuitas ob eam rem incitata armis ius suum exequi conaretur multitudinemque hominum ex agris magistratus cogerent, Orgetorix mortuus est ; neque abest suspicio, ut Heluetii arbitrantur, quin ipse sibi mortem consciuerit. 1.4. Une dénonciation fit connaître aux Helvètes cette intrigue. Selon l’usage du pays, Orgétorix dut plaider sa cause chargé de chaînes. S’il était condamné, la peine qu’il devait subir était le supplice du feu. Au jour fixé pour son audition, Orgétorix amena devant le tribunal tous les siens, environ dix mille hommes, qu’il avait rassemblés de toutes parts, et il fit venir aussi tous ses clients et ses débiteurs, qui étaient en grand nombre : grâce à leur présence, il put se soustraire à l’obligation de parler. Cette conduite irrita ses concitoyens : ils voulurent obtenir satisfaction par la force, et les magistrats levèrent un grand nombre d’hommes dans la campagne ; sur ces entrefaites, Orgétorix mourut et l’on n’est pas sans soupçonner - c’est l’opinion des Helvètes - qu’il mit lui-même fin à ses jours.
1.5 Post eius mortem nihilo minus Heluetii id quod constituerant facere conantur, ut e finibus suis exeant. Ubi iam se ad eam rem paratos esse arbitrati sunt, oppida sua omnia, numero ad duodecim, uicos ad quadringentos, reliqua priuata aedificia incendunt ; frumentum omne, praeter quod secum portaturi erant, comburunt, ut domum reditionis spe sublata paratiores ad omnia pericula subeunda essent ; trium mensum molita cibaria sibi quemque domo efferre iubent. Persuadent Rauracis et Tulingis et Latobrigis finitimis, uti eodem usi consilio oppidis suis uicisque exustis una cum iis proficiscantur, Boiosque, qui trans Rhenum incoluerant et in agrum Noricum transierant Noreiamque oppugnabant, receptos ad se socios sibi adsciscunt. 1.5. Après sa mort, les Helvètes n’en persévèrent pas moins dans le dessein qu’ils avaient formé de quitter leur pays. Quand ils se croient prêts pour cette entreprise, ils mettent le feu à toutes leurs villes - il y en avait une douzaine, - à leurs villages - environ quatre cents - et aux maisons isolées ; tout le blé qu’ils ne devaient pas emporter, ils le livrent aux flammes : ainsi, en s’interdisant l’espoir du retour, ils seraient mieux préparés à braver tous les hasards qui les attendaient ; chacun devait emporter de la farine pour trois mois. Ils persuadent les Rauraques, les Tulinges et les Latobices, qui étaient leurs voisins, de suivre la même conduite, de brûler leurs villes et leurs villages et de partir avec eux ; enfin les Boïens, qui, d’abord établis au-delà du Rhin, venaient de passer dans le Norique et de mettre le siège devant Noréia, deviennent leurs alliés et se joignent à eux.
1.6. Erant omnino itinera duo, quibus itineribus domo exire possent : unum per Sequanos, angustum et difficile, inter montem Iuram et flumen Rhodanum, uix qua singuli carri ducerentur, mons autem altissimus impendebat, ut facile perpauci prohibere possent ; alterum per prouinciam nostram, multo facilius atque expeditius, propterea quod inter fines Heluetiorum et Allobrogum, qui nuper pacati erant, Rhodanus fluit isque non nullis locis uado transitur. Extremum oppidum Allobrogum est proximumque Heluetiorum finibus Genaua. Ex eo oppido pons ad Heluetios pertinet. Allobrogibus sese uel persuasuros, quod nondum bono animo in populum Romanum uiderentur, existimabant uel ui coacturos ut per suos fines eos ire paterentur. Omnibus rebus ad profectionem comparatis diem dicunt, qua die ad ripam Rhodani omnes conueniant. Is dies erat a- d- V- Kal- Apr- L- Pisone, A- Gabinio consulibus. 1.6. Il y avait en tout deux routes qui leur permettaient de quitter leur pays. L’une traversait le territoire des Séquanes : étroite et malaisée, elle était resserrée entre le Jura et le Rhône, et les chariots y passaient à peine un par un ; d’ailleurs, une très haute montagne la dominait, en sorte qu’une peignée d’hommes pouvait facilement l’interdire. L’autre route passait par notre province : elle était beaucoup plus praticable et plus aisée, parce que le territoire des Helvètes et celui des Allobroges, nouvellement soumis, sont séparés par le cours du Rhône, et que ce fleuve est guéable en plusieurs endroits. La dernière ville des Allobroges et la plus voisine de l’Helvétie est Genève. Un pont la joint à ce pays. Les Helvètes pensaient qu’ils obtiendraient des Allobroges le libre passage, parce que ce peuple ne leur paraissait pas encore bien disposé à l’égard de Rome ; en cas de refus, ils les contraindraient par la force. Une fois tous les préparatifs de départ achevés, on fixe le jour où ils doivent se rassembler tous sur les bords du Rhône. Ce jour était le 5 des calendes d’avril, sous le consulat de Lucius Pison et d’Aulus Gabinius.
1.7. Caesari cum id nuntiatum esset, eos per prouinciam nostram iter facere conari, maturat ab urbe proficisci et quam maximis potest itineribus in Galliam ulteriorem contendit et ad Genauam peruenit. Prouinciae toti quam maximum potest militum numerum imperat (erat omnino in Gallia ulteriore legio una), pontem, qui erat ad Genauam, iubet rescindi. Ubi de eius aduentu Heluetii certiores facti sunt, legatos ad eum mittunt nobilissimos ciuitatis, cuius legationis Nammeius et Verucloetius principem locum obtinebant, qui dicerent sibi esse in animo sine ullo maleficio iter per prouinciam facere, propterea quod aliud iter haberent nullum : rogare ut eius uoluntate id sibi facere liceat. Caesar, quod memoria tenebat L- Cassium consulem occisum exercitumque eius ab Heluetiis pulsum et sub iugum missum, concedendum non putabat ; neque homines inimico animo, data facultate per prouinciam itineris faciundi, temperaturos ab iniuria et maleficio existimabat. Tamen, ut spatium intercedere posset dum milites quos imperauerat conuenirent, legatis respondit diem se ad deliberandum sumpturum : si quid uellent, ad Id- April- reuerterentur. 1.7. César, à la nouvelle qu’ils prétendaient faire route à travers notre province, se hâte de quitter Rome, gagne à marches forcées la Gaule transalpine et arrive devant Genève. Il ordonne de lever dans toute la province le plus de soldats possible (il y avait en tout dans la Gaule transalpine une légion) et fait couper le pont de Genève. Quand ils savent son arrivée, les Helvètes lui envoient une ambassade composée des plus grands personnages de l’État, et qui avait à sa tête Namméios et Verucloétios ; ils devaient lui tenir ce langage : « L’intention des Helvètes est de passer, sans causer aucun dégât, à travers la province, parce qu’ils n’ont pas d’autre chemin ; ils lui demandent de vouloir bien autoriser ce passage. » César, se souvenant que les Helvètes avaient tué le consul L. Cassius, battu et fait passer sous le joug son armée, pensait qu’il ne devait pas y consentir : il estimait d’ailleurs que des hommes dont les dispositions d’esprit étaient hostiles, si on leur permettait de traverser la province, ne sauraient le faire sans violences ni dégâts. Néanmoins, voulant gagner du temps jusqu’à la concentration des troupes dont il avait ordonné la levée, il répondit aux envoyés qu’il se réservait quelque temps pour réfléchir : « S’ils avaient un désir à exprimer, qu’ils revinssent aux ides d’avril. »
1.8. Interea ea legione quam secum habebat militibusque, qui ex prouincia conuenerant, a lacu Lemanno, qui in flumen Rhodanum influit, ad montem Iuram, qui fines Sequanorum ab Heluetiis diuidit, milia passuum XVIIII murum in altitudinem pedum sedecim fossamque perducit. Eo opere perfecto praesidia disponit, castella communit, quo facilius, si se inuito transire conentur, prohibere possit. Ubi ea dies quam constituerat cum legatis uenit et legati ad eum reuerterunt, negat se more et exemplo populi Romani posse iter ulli per prouinciam dare et, si uim facere conentur, prohibiturum ostendit. Heluetii ea spe deiecti nauibus iunctis ratibusque compluribus factis, alii uadis Rhodani, qua minima altitudo fluminis erat, non numquam interdiu, saepius noctu si perrumpere possent conati, operis munitione et militum concursu et telis repulsi, hoc conatu destiterunt. 1.8. En attendant, il employa la légion qu’il avait et les soldats qui étaient venus de la province à construire, sur une longueur de dix-neuf milles, depuis le lac Léman, qui déverse ses eaux dans le Rhône, jusqu’au Jura, qui forme la frontière entre les Séquanes et les Helvètes, un mur haut de seize pieds et précédé d’un fossé. Ayant achevé cet ouvrage, il distribue des postes, établit des redoutes, afin de pouvoir mieux leur interdire le passage s’ils veulent le tenter contre son gré. Quand on fut au jour convenu, et que les envoyés revinrent, il déclara que les traditions de la politique romaine et les précédents ne lui permettaient pas d’accorder à qui que ce fût le passage à travers la province ; s’ils voulaient passer de force, ils le voyaient prêt à s’y opposer. Les Helvètes, déchus de leur espérance, essayèrent, soit à l’aide de bateaux liés ensemble et de radeaux qu’ils construisirent en grand nombre, soit à gué, aux endroits où le Rhône avait le moins de profondeur, de forcer le passage du fleuve, quelquefois de jour, plus souvent de nuit ; mais ils se heurtèrent aux ouvrages de défense, furent repoussés par les attaques et les tirs de nos soldats, et finirent par renoncer à leur entreprise.
1.9. Relinquebatur una per Sequanos uia, qua Sequanis inuitis propter angustias ire non poterant. His cum sua sponte persuadere non possent, legatos ad Dumnorigem Haeduum mittunt, ut eo deprecatore a Sequanis impetrarent. Dumnorix gratia et largitione apud Sequanos plurimum poterat et Heluetiis erat amicus, quod ex ea ciuitate Orgetorigis filiam in matrimonium duxerat, et cupiditate regni adductus nouis rebus studebat et quam plurimas ciuitates suo beneficio habere obstrictas uolebat. Itaque rem suscipit et a Sequanis impetrat ut per fines suos Heluetios ire patiantur, obsidesque uti inter sese dent perficit : Sequani, ne itinere Heluetios prohibeant, Heluetii, ut sine maleficio et iniuria transeant. 1.9. Il ne leur restait plus qu’une route, celle qui traversait le territoire des Séquanes ; ils ne pouvaient, à cause des défilés, s’y engager sans le consentement de ce peuple. Ne pouvant le persuader à eux seuls, ils envoient une ambassade à l’Héduen Dumnorix, afin que par son intercession il leur obtienne le passage. Dumnorix, qui était populaire et généreux, disposait de la plus forte influence auprès des Séquanes ; c’était en même temps un ami des Helvètes, parce qu’il s’était marié dans leur pays, ayant épousé la fille d’Orgétorix ; son désir de régner le poussait à favoriser les changements politiques, et il voulait s’attacher le plus de nations possible en leur rendant des services. Aussi prend-il l’affaire en main : il obtient des Séquanes qu’ils laissent passer les Helvètes sur leur territoire, et amène les deux peuples à échanger des otages, les Séquanes s’engageant à ne pas s’opposer au passage des Helvètes, ceux-ci garantissant que leur passage s’effectuera sans dommages ni violences.
Les Helvètes veulent venir chez les Santons.

César ne voit pas cela d’un bon œil et dit "vidi" (j’ai vu ou, traduction libre : c’est tout vu !)

1.10. Caesari renuntiatur Heluetiis esse in animo per agrum Sequanorum et Haeduorum iter in Santonum fines facere, qui non longe a Tolosatium finibus absunt, quae ciuitas est in prouincia. Id si fieret, intellegebat magno cum periculo prouinciae futurum ut homines bellicosos, populi Romani inimicos, locis patentibus maximeque frumentariis finitimos haberet. Ob eas causas ei munitioni quam fecerat T. Labienum legatum praeficit ; ipse in Italiam magnis itineribus contendit duasque ibi legiones conscribit et tres, quae circum Aquileiam hiemabant, ex hibernis educit et, qua proximum iter in ulteriorem Galliam per Alpes erat, cum his quinque legionibus ire contendit. Ibi Ceutrones et Graioceli et Caturiges locis superioribus occupatis itinere exercitum prohibere conantur. Compluribus his proeliis pulsis ab Ocelo, quod est oppidum citerioris prouinciae extremum, in fines Vocontiorum ulterioris prouinciae die septimo peruenit ; inde in Allobrogum fines, ab Allobrogibus in Segusiauos exercitum ducit. Hi sunt extra prouinciam trans Rhodanum primi. 1.10. On rapporte à César que les Helvètes se proposent de gagner, par les territoires des Séquanes et des Héduens, celui des Santons, qui n’est pas loin de la cité des Tolosates, laquelle fait partie de la province romaine. Il se rend compte que si les choses se passent ainsi, ce sera un grand danger pour la province que d’avoir, sur la frontière d’un pays sans défenses naturelles et très riche en blé, un peuple belliqueux, hostile aux Romains. Aussi, confiant à son légat Titus Labiénus le commandement de la ligne fortifiée qu’il avait établie, il gagne l’Italie par grandes étapes ; il y lève deux légions, en met en campagne trois autres qui prenaient leurs quartiers d’hiver autour d’Aquilée, et avec ses cinq légions il se dirige vers la Gaule ultérieure, en prenant au plus court, à travers les Alpes. Là, les Centrons, les Graiocèles, les Caturiges, qui avaient occupé les positions dominantes, essayent d’interdire le passage à son armée. Parti d’Océlum, qui est la dernière ville de la Gaule citérieure, il parvient en sept jours, après plusieurs combats victorieux, chez les Voconces, en Gaule ultérieure ; de là il conduit ses troupes chez les Allobroges, et des Allobroges chez les Ségusiaves. C’est le premier peuple qu’on rencontre hors de la province au-delà du Rhône.
1.11. Heluetii iam per angustias et fines Sequanorum suas copias traduxerant et in Haeduorum fines peruenerant eorumque agros populabantur. Haedui, cum se suaque ab iis defendere non possent, legatos ad Caesarem mittunt rogatum auxilium : ita se omni tempore de populo Romano meritos esse ut paene in conspectu exercitus nostri agri uastari, liberi eorum in seruitutem abduci, oppida expugnari non debuerint. Eodem tempore quo Haedui Ambarri, necessarii et consanguinei Haeduorum, Caesarem certiorem faciunt sese depopulatis agris non facile ab oppidis uim hostium prohibere. Item Allobroges, qui trans Rhodanum uicos possessionesque habebant, fuga se ad Caesarem recipiunt et demonstrant sibi praeter agri solum nihil esse reliqui. Quibus rebus adductus Caesar non expectandum sibi statuit dum, omnibus, fortunis sociorum consumptis, in Santonos Heluetii peruenirent. 1.11. Les Helvètes avaient déjà franchi les défilés et traversé le pays des Séquanes ; ils étaient parvenus chez les Héduens, et ravageaient leurs terres. Ceux-ci, ne pouvant se défendre ni protéger leurs biens, envoient une ambassade à César pour lui demander secours : « Ils s’étaient, de tout temps, assez bien conduits envers le peuple romain pour ne pas mériter que presque sous les yeux de notre armée leurs champs fussent dévastés, leurs enfants emmenés en esclavage, leurs villes prises d’assaut. En même temps les Ambarres, peuple ami des Héduens et de même souche, font savoir à César que leurs campagnes ont été ravagées, et qu’ils ont de la peine à défendre leurs villes des agressions de l’ennemi. Enfin des Allobroges qui avaient sur la rive droite du Rhône des villages et des propriétés cherchent un refuge auprès de César et lui exposent que, sauf le sol même, il ne leur reste plus rien. Ces faits décident César il n’attendra pas que les Helvètes soient arrivés en Saintonge [1] après avoir consommé la ruine de nos alliés.

Livre 3 - 57-56 av JC

Les Santons et les Pictons, "régions pacifiées", fournissent des bateaux aux romains.
3.11. Itaque T. Labienum legatum in Treueros, qui proximi flumini Rheno sunt, cum equitatu mittit. Huic mandat, Remos reliquosque Belgas adeat atque in officio contineat Germanosque, qui auxilio a Belgis arcessiti dicebantur, si per uim nauibus flumen transire conentur, prohibeat. P. Crassum cum cohortibus legionariis XII et magno numero equitatus in Aquitaniam proficisci iubet, ne ex his nationibus auxilia in Galliam mittantur ac tantae nationes coniungantur. Q. Titurium Sabinum legatum cum legionibus tribus in Venellos, Coriosolites Lexouiosque mittit, qui eam manum distinendam curet. D. Brutum adulescentem classi Gallicisque nauibus, quas ex Pictonibus et Santonis reliquisque pacatis regionibus conuenire iusserat, praeficit et, cum primum possit, in Venetos proficisci iubet. Ipse eo pedestribus copiis contendit. 3.11. En conséquence, il envoie son légat Titus Labiénus avec de la cavalerie chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il lui donne mission d’entrer en contact avec les Rèmes et les autres Belges et de les maintenir dans le devoir, de barrer la route aux Germains, que, disait-on, les Gaulois avaient appelés à leur aide, s’ils essaient de forcer avec leurs bateaux le passage du fleuve. Publius Crassus reçoit l’ordre de partir pour l’Aquitaine avec douze cohortes de légionnaires et une importante cavalerie, afin d’empêcher que les peuples de ce pays n’envoient des secours aux Gaulois et que deux si grandes nations ne s’unissent. Le légat Quintus Titurius Sabinus est envoyé avec trois légions chez les Unelles, les Coriosolites et les Lexovii, avec charge de tenir leurs troupes en respect. Il donne au jeune Décimus Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois qu’il avait fait fournir par les Pictons et les Santons et par les autres régions pacifiées, avec l’ordre de partir le plus tôt possible chez les Vénètes. Lui-même se dirige de ce côté avec l’infanterie.
3.20. Eodem fere tempore P. Crassus, cum in Aquitaniam peruenisset, quae pars, ut ante dictum est, et regionum latitudine et multitudine hominum tertia pars Galliae est aestimanda, cum intellegeret in iis locis sibi bellum gerendum ubi paucis ante annis L. Valerius Praeconinus legatus exercitu pulso interfectus esset atque unde L. Manlius proconsul impedimentis amissis profugisset, non mediocrem sibi diligentiam adhibendam intellegebat. Itaque re frumentaria prouisa, auxiliis equitatuque comparato, multis praeterea uiris fortibus Tolosa et Carcasone et Narbone, quae sunt ciuitates Galliae prouinciae finitimae, ex his regionibus nominatim euocatis, in Sotiatium fines exercitum introduxit. Cuius aduentu cognito Sotiates magnis copiis coactis, equitatuque, quo plurimum ualebant, in itinere agmen nostrum adorti primum equestre proelium commiserunt, deinde equitatu suo pulso atque insequentibus nostris subito pedestres copias, quas in conualle in insidiis conlocauerant, ostenderunt. Hi nostros disiectos adorti proelium renouarunt. 3.20. Vers le même temps, Publius Crassus était arrivé en Aquitaine ; cette région, comme on l’a dit plus haut, peut être estimée, pour son étendue et sa population, au tiers de la Gaule. Voyant qu’il devait faire la guerre dans des contrées où peu d’années auparavant Lucius Valérius Préconinus, légat, avait été vaincu et tué, et d’où Lucius Manlius, proconsul, avait dû s’enfuir en abandonnant ses bagages, il se rendait compte qu’il lui faudrait être particulièrement attentif. Il fit donc ses provisions de blé, rassembla des auxiliaires et de la cavalerie, convoqua en outre individuellement, de Toulouse et de Narbonne, cités de la province de Gaule qui sont voisines de l’Aquitaine, un grand nombre de soldats éprouvés ; puis il pénétra sur le territoire des Sotiates. A la nouvelle de son approche, ceux-ci rassemblèrent des troupes nombreuses et de la cavalerie, qui était leur principale force, et attaquèrent notre armée pendant sa marche : ils livrèrent d’abord un combat de cavalerie, puis, comme leurs cavaliers avaient été refoulés et que les nôtres les poursuivaient, soudain ils découvrirent leur infanterie, qu’ils avaient placée en embuscade dans un vallon. Elle fonça sur nos soldats dispersés, et un nouveau combat s’engagea.

Livre 7 - 53 av JC - Siège d’Alésia

Les tribus gauloises - et parmi elles les Santons et les Pictons, pas si pacifiées que cela - avec Vercingétorix face à César. "Vici" (j’ai vaincu)
7.75. Dum haec apud Alesiam geruntur, Galli concilio principum indicto non omnes eos qui arma ferre possent, ut censuit Vercingetorix, conuocandos statuunt, sed certum numerum cuique ex ciuitate imperandum, ne tanta multitudine confusa nec moderari nec discernere suos nec frumentandi rationem habere possent. Imperant Aeduis atque eorum clientibus, Segusiauis, Ambiuaretis, Aulercis Brannouicibus, Blannouiis, milia XXXV ; parem numerum Aruernis adiunctis Eleutetis, Cadurcis, Gabalis, Vellauiis, qui sub imperio Aruernorum esse consuerunt ; Sequanis, Senonibus, Biturigibus, Santonis, Rutenis, Carnutibus duodena milia ; Bellouacis X ; totidem Lemouicibus ; octona Pictonibus et Turonis et Parisiis et Heluetiis ; Suessionibus, Ambianis, Mediomatricis, Petrocoriis, Neruiis, Morinis, Nitiobrigibus quina milia ; Aulercis Cenomanis totidem ; Atrebatibus IIII milibus ; Veliocassis, Lexouiis et Aulercis Eburouicibus terna ; Rauracis et Boiis bina ; XXX milia uniuersis ciuitatibus, quae Oceanum attingunt quaeque eorum consuetudine Armoricae appellantur, quo sunt in numero Curiosolites, Redones, Ambibarii, Caletes, Osismi, Veneti, Lemouices, Venelli. Ex his Bellouaci suum numerum non compleuerunt, quod se suo nomine atque arbitrio cum Romanis bellum gesturos dicebant neque cuiusquam imperio obtemperaturos ; rogati tamen ab Commio pro eius hospitio duo milia una miserunt. 7.75. Tandis que devant Alésia s’accomplissent ces travaux, les Gaulois, ayant tenu une assemblée des chefs, décident qu’il convient non pas d’appeler, comme le voulait Vercingétorix, tous les hommes en état de porter les armes, mais de demander à chaque cité un contingent déterminé, afin d’éviter que dans la confusion d’une telle multitude il devienne impossible de maintenir la discipline, de distinguer les troupes des divers peuples, de pourvoir au ravitaillement. On demande aux Héduens et à leurs clients, Ségusiaves, Ambivarètes, Aulerques Brannovices, Blannovii, trente-cinq mille hommes ; un chiffre égal aux Arvernes, auxquels on joint les Eleutètes, les Cadurques, les Gabales, les Vellavii, qui sont, par longue tradition, leurs vassaux ; aux Séquanes, aux Sénons, aux Bituriges, aux Santons, aux Rutènes, aux Carnutes, douze mille hommes par cité ; aux Bellovaques dix mille ; huit mille aux Pictons, aux Turons, aux Parisii, aux Helvètes ; aux Ambiens, aux Médiomatrices, aux Petrocorii, aux Nerviens, aux Morins, aux Nitiobroges, cinq mille ; autant aux Aulerques Cénomans ; quatre mille aux Atrébates ; trois mille aux Véliocasses, aux Lexovii, aux Aulerques Eburovices ; mille aux Rauraques, aux Boïens ; vingt mille à l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui se donnent le nom d’Armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, Lémovices, Unelles. Les Bellovaques ne fournirent pas leur contingent, parce qu’ils prétendaient faire la guerre aux Romains à leur compte et à leur guise, et n’obéir aux ordres de personne ; pourtant, à la prière de Commios, ils envoyèrent deux mille hommes en faveur des liens d’hospitalité qui les unissaient à lui.

[1la traduction faite par L.-A. Constans de l’expression "in Santonos" par "en Saintonge" est contestable, dans la mesure où une telle notion géographique ou administrative n’existe pas à cette époque. La bonne traduction est "chez les Santons" - Voir contribution de Jacques Duguet dans le forum en bas de page.

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