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Surgères (17) par Louis-Etienne Arcère (1698-1782)

samedi 31 janvier 2009, par Pierre, 4562 visites.

Visiblement, Louis-Etienne Arcère aime mieux les textes des chroniqueurs médiévaux que les vers amoureux de Ronsard à sa "Belle Hélène" de Surgères, la "Saintongeoise". Sa critique littéraire est sans appel ! Des goûts et des couleurs ...

Voir : Carte satellite des lieux décrits par Louis-Etienne Arcère

Source : Histoire de la ville de la Rochelle et du Pays d’Aulnis - Louis-Etienne Arcère - La Rochelle - 1754 - Books Google

Surgères

Surgères - L’église
Photo : Pierre Collenot - 2008

Le Bourg de Surgeres, qu’un ancien titre de 1333 [1] qualifie de Ville, est situé sur les bords d’une petite rivière, à l’Est-sud-est de la Rochelle. Ce lieu déjà connu dès l’onzième siecle, est nommé dans les Chartes Surgeriis, Surgerias, Castrum Surgeriarum. Il y a dans ce Bourg plusieurs foires par an, & la Paroisse contient 305 feux. De beaux vignobles & de grandes terres labourables partagent son territoire. Les Protestans ruinèrent l’ancienne Eglise. On en voit encore le frontispice, où l’on ne trouve ni la richesse des ornemens, ni l’harmonie des proportions. La structure du clocher est singuliere. Les trumeaux sont des colonnes grouppées qui soutiennent un dôme exagone,

Le Château de Surgeres est une figure tirant sur l’ovale ; il est flanqué de plusieurs tours, & les murs qui forment son enceinte sont revêtus en partie de pierres de taille. Ce Château fut démoli par ordre de Louis XI. Charles son successeur [2] donna à Henri de Levis & à Antoine de Clermont sa femme, la permission de le relever ; & pour les aider à subvenir aux frais d’une si grande dépense, il leur accorda le privilège de faire sortir du Royaume mille tonneaux de bled, sans payer aucun droit, pendant dix ans.

Au pied du Château vers le sud, coule la petite rivière de Surgeres, qui se décharge dans la Charente à la chaussée de Charas. On a proposé plusieurs fois de la rendre navigable jusqu’à Marencennes, pour faciliter le transport des denrées à Rochefort. Au-delà de cette rivière, on trouve la Paroisse de S. Pierre de Surgeres , dans laquelle on compte 200 feux.

En 1068, Gui Duc d’Aquitaine étant à Surgeres, les Moines de l’Abbaye de Vendôme, & Oderic leur Abbé, lui firent présenter une requête [3] tendante à ce qu’il les laissât jouir des privilèges & immunités attribuées à la Terre de Saint-Aignan. Il paroît par une Lettre d’Urbain II. écrite l’an 1098 à Geofroi Abbé de Vendôme, que le Chef de cette Abbaye avoit le Patronage de l’Eglise de Notre-Dame de Surgeres. Un de ses Moines en étoit Prieur [4].

Au commencement du douzième siecle , où sur la fin du onzième l’Abbé Geofroi demandoit raison [5] à Pierre de Soubise, Evêque de Saintes, du tort qu’il faisoit à ses Religieux, en leur enlevant les offrandes des fidèles de Surgeres, de concert avec Goscelin, Archidiacre de son Eglise. Il lui reprochoit aussi le refus qu’il faisoit de leur payer la dîme de ses marais salans ; & le menaçoit de l’indignation du Pape, s’il ne se désistoit pas de ses prétentions.

Les premiers Seigneurs de Surgeres, connus dans le dixième siecle sous le nom de Maingot, Meingot, Maengot, Mangod & Mangou, prirent le nom de Surgeres sur la fin du règne d’Hugues Capet, ou du temps du Roi Robert son fils, lorsque les Seigneurs de Fiefs prirent des surnoms pour se distinguer davantage les uns des autres. Les aînés de cette Maison ont conservé le nom de Maengot pendant deux cent ans : leurs puînés & les filles prenoient celui de Surgeres. Ménage [6] dans son Histoire de Sablé [7], fait mention d’une Inoguen de Fougères, mere de Robert de Vitré fils de Tristan , & sœur de Maingot de Surgeres , qu’il croit être ce Mainguenoïus dont il est parlé dans une Charte de Hamelin Evêque de Rennes, touchant le duel ordonné entre Yves & Mainguenoïus. Le docte Ménage se méprend sans doute , puisqu’à la page 125 il parle encore de Robert de Vitré fils de Tristan, & d’Inoguen de Fougères, sœur de Meun de Fougères. Comment a-t-il pu oublier qu’à la page 123 il avoit fait d’inoguen, une sœur de Maingot.

Dans la liste des Seigneurs Bannerets qui vivoient sous le règne de Philippe-Auguste, intitulée nomina Militum ferentium Bannerias [8], on trouve Simon Meingot. Vers la fin du onzième siecle, & du temps de Guillaume VIII. Duc d’Aquitaine, vivoit Guillaume de Surgeres fils de Maengot. Willelmus de Surgeriis Hugonis Maengo filius [9].

En 1356, le Sire de Surgeres se trouva à la fameuse bataille de Poitiers [10],

En 1371, Jacques de Surgeres paroît à la suite du Duc de Lancastre.

En 1369, Jean de Surgeres, Chevalier, étoit au service de l’Angleterre, sous les ordres du Prince de Galles, Duc d’Aquitaine, & prenoit tant pour lui que pour trois de ses Ecuyers, 40 sols de gages par jour : & Domino Joanni de Surgeriis , cum tribus Armigeris, percipienti per diem XL sol. pro vadiis [11]

La Maison de Maingot se divisa en deux branches. Le chef de la branche aînée étant mort sans enfans avant 1345, Aymar de Clermont qui épousa sa sœur, devint Seigneur de Surgeres. [12]

En 1487 , Jean de Maumont, Chevalier, Seigneur de Tonnai-Boutonne, l’étoit de Surgeres , du chef d’Antoinette de Clermont son épouse. Cette Terre passa successivement dans la Maison de Fonseque-Monterey, & dans celle de la Rochefoucauld-Montendre, par le mariage d’Helene de Surgeres, fille de Charles de Fonseque, avec Isaac de la Rochefoucault, Baron de Montendre. Celui-ci eut pour enfans mâles, Charles de la Rochefoucault, substitué aux nom & armes de Fonseque, & François de la Rochefoucault, Seigneur de Surgeres. Charles-François fils du précédent épousa, le 13 Février 1662, Françoise-Charlotte d’Estissac de la Rochefoucault. Il eut pour fils Charles, marié avec Hélène Chabot, fille de Louis Comte de Jarnac, & François Seigneur de Surgeres, pere d’Alexandre-Nicolas de la Rochefoucault, Marquis de Surgeres, Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur de Chartres & du Pays Chartrain, marié le 18 Juillet 1718 avec Jeanne-Therese Fleuriau de Morville : c’est le même que le célèbre Auteur de la Henriade a placé avec les Héros littéraires, dans le Temple du Goût.

L’Auteur de l’Histoire généalogique de la Maison de Surgeres ne fait aucune mention de Charles de France, qualifié Seigneur de Surgeres dans la Charte où il confirme les privilèges accordés par Philippe IV. du nom, à l’Abbaye de la Grace-Dieu. [13]

Surgères - Modillons de l’église
Dans l’enceinte du château - Photo : P. Collenot

Hélène de Surgeres, une des Filles d’Honneur de la Reine Catherine de Medicis, devint l’objet des chants du fameux Ronsard. Ce Poète si vanté dans son siecle, si oublié dans le nôtre, servile copiste de l’expression des Anciens, dont il n’a pu faire passer l’ame jusqu’à lui, voulut à l’exemple de Catulle, de Tibulle & de Properce, chanter aussi ses amours. Les Poètes François qui l’avoient devancé, lui avoient frayé la route, & cet usage étoit devenu une bienséance de la profession. Ronsard, dit l’Auteur de sa vie [14], « couronna ses œuvres par les vertus, beautés & rares perfections d’Hélène. On rapportera quelques-uns de ses vers, à cause des faits historiques, lesquels sont de notre sujet,

Dessus ma tombe engravez mon soucy
En mémorable écrit.
D’un Vendômois le corps repose icy,
Sous les myrthes l’esprit.
Comme Paris, là-bas faut que je voise,
Non pour l’amour d’une belle Gregoise,
Mais d’une Saintongeoise.
….
Deux Venus en Avril de même Déité,
Naquirent l’une en Cypre, & l’autre en la Saintonge.
La Venus Cyprienne est des Grecs le mensonge,
La Chaste Saintongeoise est une vérité.

De toi, ma belle Grecque, ainçois belle Espagnolle,
Qui tire tes ayeux du sang Ibérien.

Hélène de Surgeres, née dans le Pays d’Aulnis, étoit en quelque sorte Saintongeoise, l’Aulnis ayant été anciennement enclavé dans la Saintonge. Hélène étoit fille de Louis de Clermont & de Roderic de Fonseque, de la Maison de Monterey en Espagne. Elle épousa Philippe de Barbesieres. Ronsard dans une de ses Terres, consacra une fontaine à la mémoire de son Héroïne, « laquelle dit son Commentateur, garde encore aujourd’hui son nom, pour abreuver ceux qui veulent devenir Poètes » Le célèbre Raimond Perault Cardinal, dont-on parlera dans la suite, naquit à Surgeres, au quatorzième siecle.


[1Besly, page 347

[2Cabinet de M. de Clairemb. titr. orig.

[3Besly, pag. 134.

[4Généal. de la Mais. de Surg.

[5G all. Christ. T. 2, pag. 1067.

[6Gén. de la Mais. de Surg.

[7Hist. de Sablé, liv. 4, pag. 123.

[8Duchesne.

[9Monum. Marten. tom. 5 , col. 1151

[10Froissard. p. 176, pag. 373

[11Généal, des Chateig. p. 44.

[12Arch. de Benon

[13Gall. Christ. t. 2, p. 88

[14T. 9, Paris 1604

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