Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1199 - 1206 - Eleonor d’Aquitaine et les Rois d’Angleterre accordent des privilèges à la Rochelle

jeudi 15 juillet 2010, par Pierre, 1472 visites.

Les rois d’Angleterre concèdent à la ville de la Rochelle de nombreux privilèges, Eléonor d’Aquitaine lui accorde le statut de commune destiné à assurer sa sécurité. Par la même occasion, elle blanchit l’acquisition douteuse (usurpation ?) de la ville par son père, comte du Poitou. En raison de sa position stratégique, les Anglais on tout intérêt à renforcer les pouvoirs de la ville face au pouvoir du roi de France.

Source : Discours au Roy sur la naissance, ancien estat, progres & accroissement de la Ville de La Rochelle - Paris - 1629 - Google Books

Table du contenu en ce discours.


- [ Introduction ]

- Origine de la Rochelle, son accroissement & anciens Seigneurs qui l’ont possedee.

- Privileges accordez à la ville de la Rochelle par les Rois d Angleterre

- De l’establissement des Maires, Eschevins & Pairs de la Rochelle - Solennité aux funérailles des Maires - Sous quelles règles & loix a été conduite la Commune de la Rochelle en son commencement

- Temps a considerer en la concession des Privileges faite à la Rochelle.

- Privileges accordez aux Rochelois par Louys VIII. Roy de France, lors de la réduction de ladite ville en son obeyssance l’an 1224. & confirmation de ses successeurs jusques a l’an 1372


- Du Traité de Bretigny fait l’an 1360. portant delaissement de la Rochelle aux Anglois, exécuté en 1361

- La Guyenne confisquée sur l’Anglois l’an 1370. La Rochelle reconquise par force sur les Anglois l’an 1372. Privileges accordez à la Rochelle par le Roy Charles V. l’an 1372


- Traité de Surgeres avec les Nobles de Poitou & Xaintonge

- Renouvellement des Privileges par le Roy Louys XI. l’an 1461


- Réfutation du Manifeste de la Rochelle en ce qu’il porte, que le Roy Louys XI. se mit à genoux devant le Maire

- Règne du Roy François, sous lequel les Privileges furent diversement blessez. Le Roy entre en armes dans la ville. Les despouille de tous privilèges, puis les restablit.

- Revocation des Privileges de la Rochelle à cause de l’assemblée tenue en l’an 1620. avec le restablissement d’iceux.

Privileges accordez a la ville de la Rochelle par les Roys d’Angleterre.

Privileges par Henry.

Donc, Henry Duc de Normandie, parvenu à la Couronne d’Angleterre, confirma aux Bourgeois de la Rochelle, les privileges à eux accordez par Guillaume Comte de Poictou, & par le Roy Louys le Jeune : se reservant, & au Comte de Poictou son héritier, la cognoissance des grands crimes que I’on estime seftre celuy de Ieze Majesté, & autres atroces :

Droit de commune, permission de tester

Donne à la ville, droit de commune : Promet aux habitans de disposer par testament de leurs biens : veut que la disposition de celuy qui se sera confessé, & aura testé, soit valable : Et quant à ceux qui prevenus de mort subite, n’auront peu se confesser, ny tester, il remet à la discretion des parens, d’en départir en aumosnes pour l’ame des deffuncts, ainsi qu’ils aviseront.

Henricus Dei gratia, Rex Angliae, & Dux Normaniae & Aquitaniae, Cornes Andegaviae : Archiepiscopo Burdegalensi, Episcopis, Comitibus, Baronibus Justitiariis, vic. & omnibus Ministris & fidelibus suis, totius Pictauiae, Salutem. Sciatis, me concessisse & praesenti charta confirmasse, omnibus Burgensibusmeis, Rochellae, pro fideli servitio suo quod mihi fecerint, omnes illas libertates, & liberas consuetudines, quas Cornes Guillelmus Pictaviae eis concessit, sicut charta Ludovici Regis Franciae, quam nunc habent, testatur : eo retento. Quod si aliquod magnum satisfactum ibi emerserit, vestra quaerela, ad me vel ad Dominum Pictaviae, heredem meum perveniat : quod ego velim audire, vel Dominus Pictaviae, heres meus, & querela coram me vel Domino Pictavensi haerede meo tractetur. Concedo etiam eis, ut communiam, ad defensionem & securitatem villae suae, & rerum suarumt : salus fide mea & honore meo, & Domini Pictavensis haeredis mei, quamdiu eam rationabiliter tractaverint. Praterea concedo eis, & confirmo, hac charta mea, quod quilibet de illis, qui confessus & testatus decesserit, stabilem & ratam suarum rerum habeat divisam, & sicut eam fecerit, firmiter teneatur

Si vero aliquis illorum, colli fractione, vel submersione, vel aliquo casu, subita morte praeventus fuerit, & spatium confitendi non habuerit, concedo ut secundum rationabilem dispositionem & considerationem parentum & amicorum suorum, res suae distribuantur & Eleemosinae fiant pro anima ipsius. Prohibeo autem, ne quis, super hoc, aliquam eis injuriam, vel violentiam sive molestiam inferre praesumat. Haec autem supradicta, a me, praedictis Burgensibus meis concessa sunt, Richardo filio meo praesente, haerede meo Pictaviae & assensum praebente, & Vuill. Cœnom.Seneschallo, London. Episcopis. Richarde filio Regis : Maur. de Creona, &c.

Richard, Comte de Poictou, fils de Henry, Roy d’Angleterre, confirma en partie le privilege donné par son pere : Mais il ordonna que les biens donnez par testament appartiennent à ceux au profit desquels il en auroit esté disposé : Que les biens de ceux qui seront decedez sans avoir fait testament, appartiennent à leurs parents proches : Ne se reservant que les biens de ceux qui seront decedez sans testament, & sans enfans ou parens. Cette ordonnance est de beaucoup différente de celle de Henry : Marque certaine que ces privileges n’avoient autre fondement que la volonté des Princes.. Davantage, Richard permet aux habitans de la Rochelle, marier avec liberté leurs enfans, sans qu’il les en puisse empecher.

Richardus, Comes Pictavensis, filius Regis Angliae, omnibus Archiepiscopis, Episcopis, Baronibus, Seneschallis, Praepositis, Justitiaris & omnibus Baillivis & fidelibus suis, Salutem.

Noverint universi, quod ego dedi & concessi in perpetuum, omibus hominibus qui manent Rupella, vel etiam qui mansuri sunt in posterum : Quod quicumque ex illis, sive testatus, sive intestatus, id est sive Confessus, sive non, morietur ; omnes res ejus & possessiones integre, & quietem remaneant haeredibus suis & generi suo. Illius autem qui testatus, sive confessus morietur, praecipio, quod testamentum stet juxta ejus divisionem : Nec volo quod aliquis illud violare praesumat. Si ver o quispiam intestatus & sine haerede morietur, ejus possessio nostra erit. Praterea, ipsis concessi, quod si ipsi inter filios, & filias suas, & mulieres viduas matrimonia contrahere voluerint, ego eis nullam inferam violentiam : nec eis quaeram filios suos, vel filias, vel viduas ad maritandum, teste meipso, apud P. &c.

Je ne puis obmettre quelques considerations importantes à la cognoissance de l’Histoire, ignorées ou dissimulees en cet endroit. .

Empechement de tester

Premièrement on recognoist par ces patentes que pour lors la liberté de tester estoit retrenchee aux Rochelois, servitude insuportable, & que, décédants sans testament & sans enfans, leurs biens. appartenoient à leurs Seigneurs : Dureté autrefois commune à l’Angleterre, & à toutes les terres submises au Roy de la grande Bretagne. Outre cet exemple : nous l’apprenons de Matthaeus Paris, en la vie de Richard premier, page 155. où parlant de la reformation de divers reglemens, dont la Province de Normandie estoit incommodée ; il rapporte l’ordonnance de Richard en ces. termes. Si quis subitanea morte, vel aliquo casu praeoccupatusfuerit, ut de rebus suis disponere non possit : distributio bonorum eius Ecclesiastica authoritate fiet. C’est ce qui a donné sujet à un acte de l’an 1202. par lequel vingt Barons de Normandie, declarent au Roy Philippes le Conquérant que les biens de celuy qui meurt sans tester, luy appartiennent, ayant esté trois iours malade devant que mourir. Et le Roy Jean d’Angleterre, dans Matthaeus Paris, page 231. Si quis Baronum vel hominum meorum infirmabitur, sive ipse dabit vel dare dosposuerit pecuniam suam, ita datam esse concedo. Quod si ipse praeventus vel armis, vel infirmitate, pecuniam suam. nec dederit, nec dare disposuerit, vxor sua, sive liberi, aut parentes, aut legitimi homines ejus, pro anima ejus eam dividant, ficut eis melius visum fuerit. Ce qui fut depuis changé en cette forme, comme nous lisons dans le mesme Autheur, page 245, Si aliquis liber homo intestatus decessit, Catalla sua, per manus propinquorum, parentum & amicorum suorum, per visum Ecclesiae distribuantur, salvis unicuique debitis, quae defunctus ei debebat.

Cet usage ayant continué en Angleterre : il a esté neantmoins remis à la Rochelle, originairement Françoise, peu auparavant submise à l’Anglois, non capable de supporter cette oppression.

En second lieu, je m’étonne que Bodin, grand personnage, parlant du privilege accordé à la Rochelle par Richard, luy donne le titre de Roy d’Angleterre : Il ne l’estoit pas encore : Aussi le privilege est inscrit, Richardus Comes Pictavensis, filius Regis Angliae, &c.

Tiercement, la liberté des Mariages est donnée, par ce privilege aux habitans de la Rochelle, contre l’usage du Royaume d’Angleterre, témoigné, par Matthaeus Paris, in Ioanne, pag. 230

Quartement, sont à remarquer les termes sous lesquels est fermee cette patente Teste meipso ordinaire aux anciens titres d’Angleterre : pour monstrer que l’exécution & fermeté de la concession dependoit du Roy mesme, sans assertion, ou garentie d’aucune autre personne.

En cinquiesme lieu : Je ne puis dissimuler le mécompte notable de celui qui s’entremit en l’année 1625, de toucher les privileges de la Rochel­le, disant avec confidence, que le plus ancien des privileges que les Rochelois puissent monstrer, estant au tresor des Chartres de ladite ville, est le don de communauté fait par Eleonor. Le contraire se void par la vérité de l’Histoire. Guillaume Duc d’Aquitaine, & Louys Roy de France, leur en accordèrent. Henry Roy d’Angleterre cy-dessus, confirme libertates & liberas consuetudines, quas Cornes Guillelmus Pictauiae eis concessit, sicut charta Ludovici Regis Franciae, quam nunc habent testatur. Et cy-apres le Roy Jean Sans-terre confirme omneslibertates & liberas consuetudines, quas Rex Henricus pater noster, & Rex Richardus. frater noster, Regina Eleonor mater nostra, eis concesserunt.

Et comme un erreur attire l’autre : en suite du premier, cet Escrivain fait Jean Sans-terre Roy d’Angleterre, autheur du privilege cy-dessus representé, donné par Richard. Et pour se garentir du blâme, il en a retrenché les qualitez.

Privileges accordez par Eleonor

En l’année 1199. Elêonor Royne mere de Jean, Roy d’Angleterre, donna aux habitans de la Rochelle pour leur conservation le droit de commune & leur conserva leurs anciennes coustumes. Ce privilege de commune n’est pas le premier, mais à mon jugement le plus grand & le plus noble qui ait esté accordé à la Rochelle. C’est le fondement de l’establissement des Maires & du corps de ville, qui a depuis attiré l’anoblissement des personnes, les franchises & exemptions des marchandises, la richesse, avec la célébrité du tra­fic. La patente de Henry d’Angleterre, portoit une mesme concession, communiam ad securitatem & defcnsionem villae suae : Mais l’effect : n’en estoit pas asseuré, comme procédant du mary d’Eleonor, non propriétaire, ains seulement usufruictie. Aussi auparavant l’année 1199. que fut accordée la commune par Eleonor, il n’avoit esté esleu aucun Maire. Ce qui s’apprend du 23. fueil. du livre de la Poterne de la Rochelle,auquel est inseré un extraict des anciens Chartulaires de la ville dressé par M. Jean Merichon Bailly d’Aulnis, l’an 1468. contenant ces mots : En l’an de l’Incarnation de nostre Seigneur 1199. fut premier Maire de la Rochel­le, Sire Robert de Montmiral, lequel fut ensepulturé en l’Église S. Hilaire de Puyliboureau, fondateur d’icelle. Et comme la patente d’Eleonor est notable & rare, l’insertion en sera agréable.

Alienor Dei gratia humil. Regina Angl. Ducissa Norm. Aquit.& Comitissa Andeg. Archiepis. Episcopis, Comitibus, Baronibus, Sèneschallis, Praepositis, Institiariis, Baillivis,& universis tam futuris, quam praesentib. ad quos litere istae pervenerint, Salutem.

Sciatis, nos concessisse in perpetuum, & praesenti charta confirmasse, dilectis, & fidelibus nostris universis hominibus de Rochella, & corum haeredibus, Communiam juratam apud Rochellam, ut tam nostra, quam sua propria jura, melius defendere possint, & magis integrem custodire, salva & retenta fidelitate nostra & haeredum nostrorum : salvis etiam, & illaesis juribus nostris,& juribus sanctae Ecclesiae. Volumus quoque & statuimus, ut omnes liberae, & usitatae consuetudines villae suae, quas Antecessores eorum & ipsi, sub Antecessorum nostrorum, & noftro dominio hactenus habuerint, eis,& eorum hœredibus, inviolabiliter observentur, & ut ad ipsas manutenendas, & ad jura sua & nostra, & haeredum nostrorum defendenda, vim & posse communiae suae, quando necesse fuerit, contra omnem hominem, salva fidelitate nostra, & salvis juribus nostris, & haeredum nostrorum, & juribus sanctae Ecclesiae, exerceant & opponant. Ut autem ipsi,& eorum haeredes communiam suam in pace tenean, & justas & usitatas consuetudines villae suae manuteneant in perpetuum & conservent ; Nos ad authoritatis perpetuae robur, Chartam istam sigillo nostro fecimus sigillari. Datum apud Niortum, anno Incarnati Verbi 1199, testibus Petro Bertino, tunc Seneschallo Pictavensi : Chalone de Rocheforti : Ogerio Raimundo de Ressa, &c. ( sequuntur nomina testium) & multis aliis, & séellé de cire verte à double queue de soye rouge pendant.

La ville de la Rochelle, comme j’ay dit, n’estoit pas originairement du domaine des Comtes de Guyenne, ny des Rois d’Angleterre : elle avoit apartenu aux Seigneurs de Rochefort & Mauleon : sur eux elle avoit esté usurpee par Guillaume pere d’EIeonor, ensemble le chasteaude Talmond. Le titre cy-dessus inséré, après le Bref pour le restablissement de la parroisse S. Barthélémy en fournit la lumière, Aussi après le decez de Richard Roy d’Angleterre, Raoul de Mauleon se transporte à Londres, se plaint à Eleonor de la détention de ses terres : luy en demande la restitution. Elle luy restitue
Talmond, se reserve la Rochelle ; & en récompense, ou contr’eschange, elle transporte & delaisse au sieurde Mauleon le chasteau & forteresse de Benaon, avec cinq cens livres de revenu.

Alienor Dei gratia Regina Angliae, Ducissa Normaniae & Aquitaniae, Comitissa Andegaviae, Archiepiscopis, Episcopis, Abbatibus, Comitibus, Vicecomitibus, Baronibus, & omnibus fidelibus suis, tam presentibus, quam futuris, totius Aquitaniae, SaIutem.

Noverit universitas vestra, quod Rodulphus de Maleolon e, post mortem charissimi nostri Regis Richardi, venit ad nos apud Londinum, & requisivit a nobis, ut redderemus ei Talemundo & Rupellam cum pertinentüs, afferens quod ea terra de Talemundo & Rupella, ei jure hereditario contingebant : & hoc paratus fuit probare in praesentia nostra, ejusdem, centumque militum juramento. Et nos qui volumus habere servitium suum, quod nobis vicinum erat, & filio nostro Joanni Castrum de Talemundo cum pertinentes suis ei integre reddimus, & si quid juris ibidem habebamus, sibi & haredibus suis dedimus in perpetuum, & concessimus. Pro Rupella autem,quam sibi de jure pertinere afferebat, dedimus ei in escambium Castrum de Benaon, & quicquid ibidem habebamus, cum pertinentiis, ultra id, quod Hugoni de Thouarcio dederamus : salvis tamen Eleemosinis, quas nos & Antecessores nostri ; ibi, & in terra de Talemundo, donis, religiosis concesseramus : & in Praetoratu de Rupella dedimus ei similiter quingentas libras de moneta ejusdem villae, sibi & haeredibus suis, annuatim percipiendas, Praenominatus vero Rodulphus de MaloIeone, pro scripto escambio : quicquid juris habebat in Rupella, nobis & militibus nostris in perpetuum quittavit & tranvmisit. Et sic supradictus Rodulphus, fecit nobis homagium ligium, jurando super sacrosancto Evangelio, nos & nostram terram, & omnem honore ad nos pertinentem,contra quemcumque viventem etiam morte propria se defensurum ; & ut super hoc de caetero quaestio non possit oriri, munimine sigilli nostri, & sigilli ejusdem Rodulphi de Maloleone, praesentem chartam Chirographo diivisam, fecimus confirmari : testibus his : Aimerico, Vicecomite Thouarcensi : Hugone Vicecomite de Castro Alardi, Guillermo de Crinta merulla : Hugone de Thouarcio : Raimondo de Thouarcio : Petro de Velluira : Geduino & Geduina, & pluribus aliis. Actum publicem, apud Londinum, crastine natalis Domini, ab Incarn. 1199.

Par ce moyen Eleonor purgea le titre vitieux de son pere, lequel s’estoit emparé de la Rochelle : elle en fut faite Dame, & la transmit par son decez au Roy d’Angleterre son fils. Cette vérité est eclaircie & confirmée par une patente sans date, comme il s’en voit plusieurs anciennes ; mais elle doit estre raportee aux Regnes de Philippe Auguste Roy de France, & Jean Roy d’Angleterre.

Philippus, &c. Notum facimus universis praesentibus & futuris, quod hae sunt conventiones inter nos & Savaricum de Maloleone. Quod ipse, infra instans Natale, debet esse homo noster ligius, contra
omnes homines qui possunt vivere & mori, & facere bonum servicium & fidele contra Joannem, Regem Angl. & contra omnes homines qui possunt vivere & mori : & nos juvare fideliter de tota terra sua. Et de hoc dedit nobis plegios Comitem Marchiae, de M.lib. Comitera Ang. de M. lib. Gaufredum de Lezigniaco de M. lib. Hugonem de Bauzai de M.lib. Vvillelmum de Maloleone de ij. M. lib. Nos autem eidem Savarico in conventione habemus ; quod nos ab instanti decolatione S. Ioannis Baptistae, usque ad instans festum S. Martini, ipsum juvabimus de liberatione centum militum, & centum servientium equitum, quorum liberatio erit pro singulis militibus, per diem, vi. solid. parisienses, & pro singulis servientibus, iv. solid. Parisiens.. Et tali modo, quod si nos illuc milites mitteremus, pro singulis militibus caderent vj. solid. per diem de liberatione illa, quamdiu ibi essent. Concedimus etiam
eidem Savarico, quod si Rupetia capi poterit, erit ipsius propria, & ipsam de nobis tenebit. Similiter eidem concedimus Coignac, si capi poterit, & Banaon, cum pertinentiis suis, ita quod ea de nobis teneat. Insuper creantavimus eidem Savarico, quod nec cum Joanne Rege Angl. nec cum Vicecomite Thoarcii, nec cum Hugone de Thoarcio, nec cum Renaudo de Pontibus, sine eodem Savarico, pacem faciemus. Actum apud sanctum Germanum in Loya.

En passant on peut remarquer la miserable condition de la Roine Eleonor, l’une des plus belles de son siecle, dont la vie qui passa jusques à quatre vingts ans, a receu de grandes & deplorables rencontres. Elle fut répudiée par Louys le Jeune, son premier mary : delaissee par Henry d’Angleterre, son second ; enclose & détenue prisonniere pendant quatorze années, jusques en l’an 1178. qu’il deceda, mise en liberté par Richard son fils, lequel depuis fut tué le 6. Avril 1198. d’un coup de flèche devant un chasteau du pays Limosin qu’il assiegea, sur le bruit d’un grand tresor que I’on disoit y estre.

En la mesme année 1199. Jean Roy d’Angleterre, successeur de Richard son frere, confirma à la Rochelle le droit de commune, accordé par Henry son pere.

Confirmation de privileges par Jean Roy d’Angleterre

Joannes Dei gratia Rex Angliae, Dominus Hiberniae, Dux Normaniae & Aquit. Comes Andegavensïs, Archiepiscopis, Episcopis, Abbatibus, Comitibus, Baronibus, Justiciariis, Vicecomitibus, ipsis, & omnibus Baillivis suis, Salutem.

Sciatis, nos concessisse, & praesenti Charta confirmasse, dilectis, & fidelibus nostris, Burgensibus de Rupella, quod habeant Communiam, cum omnibus libertatibus, & liberis Consuetudinibus ad communiam pertinentïbus. Concessimus etiam eis & confirmamus, quod ipsi habeant omnes libertates ac liberas consuetudines, quas habuerunt & habere consueverunt tempore bonae memoriae Henrici patrisnostri, vel aliorum Antecessorum nostrorum. Datum per manum H. Cantuariensis Episcopi, Cancellarii nostri apud Calles, octavo die Julii, anno Regni nostri primo. Seellé de cire verte à double queue pendante de soye rouge.

En l’année 1205. au mois d’Avril, le mesme Roy Jean accorde aux habitans de la Rochelle, qu’ils puissent posseder en Poitou les heritages qu’ils y auront acquis.

Joannes Dei gratia Angliae Rex &c. Omnibus Baillivis & fidelibus suis, ad quos praesens charta pervenerit, Salutem.

Sciatis quod concessimus, & praesenti charta confirmamus, pro his hominibus nostris de Rupella, qubd omnis Emptio, quam fecerint rationabiliter, per rectam Emptionem in Pict. quam in pace tenuerint, per unum annum, & unum diem, de caetero stabilis sit & firma : Et praeterea concessimus eisdem probis hominibus de Rupella, qui habitant apud Rupellam, easdem libertates, quas eis per chartam nostram concessimus, alibi per terram nostram Pict.

Datum per manum Joseclis de VVeuill. apud Burdesium, 26. die Aprilis, anno Regni sexto.

Au mois de Septembre de l’année suivante il decharge les habitans de la Rochelle de divers arrérages, dont ils luy estoient redevables : confirme les privileges accordez par Henry, Richard, & Eleonor.

Joannes Dei gratia Angliae, Dominus Hiberniae, Dux Normaniae, &c. Salutem.

Sciatis nos concessisse, dedisse, & praesenti charta confirmasse fidelibus nostris hominibus de Rupella, & haeredibus eorum, Quittanciam de festagiis, & omnibus Tailliagiis & exactionibus, salvis nobis debitis redditibus nostris, de Praepositura eiusdem villae, & exercitibus, & equitationibus nostris, quae nobis debentur. Et praeterea concedimus eis omnes libertates, & liberas consuetudines, quas Rex Henricus pater noster, & Rex Richardus frater noster, Regina Alienor mater nostra, eis concesserunt. Concedimus etiam eis, & confirmamus, omnimodas libertates,& liberas consuetudines, per omnes terras nostras, salva in omnibus libertate civitatis London. Quare volumus, & firmiter praecipimus, quod predicti fideles homines nostri de RupelIa, habeant omnes praedictas quittancias, libertates, & liberas consuetudines, bene & in pace, libere & quietè, intégré & honorificè, sicut praedictum est.

Datum per manum Hug. Archiepiscopi, apud Carendom. 27. die Septembris, anno Regni nostri sexto. Et seellé de cire verte à double queue.

Voila les Privileges donnez à la ville de la Rochelle par les Anglois d’Angleterre, lesquels on peut dire, estre des Conventions ou Traitez. La circonstance des temps fait cognoistre, que ce sont gratifications des Princes. Et de verité, la ville estant en l’une des extremitez du Royaume, il n’y avoit moyen plus prompt pour la peupler & donner de la célébrité au commerce que la concession des Privileges, comme il fut respondu à Alaxandre par cet excellent Architecte, sur le dessein de bastir une grande ville en un lieu éloigné & sterile.

Les autres Privileges accordez par les Rois de France n’ont point d’autre sujet, comme il se verra en la suite.

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