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1548-1714 – Le livre de comptes d’une famille de marchands de Montboyer (Charente)

vendredi 16 août 2013, par Pierre, 2793 visites.

Plusieurs générations d’une famille aisée de Montboyer, en Charente, les Cholous, tiennent un registre de leurs dépenses et recettes. Ce document fournit des informations variées sur la vie de la famille, sur les salaires payés au personnel et aux artisans locaux, et les prix des produits.

Source : Une paroisse de l’ancienne Saintonge, Montboyer, du XIVe siècle à nos jours - G.-E. Papillaud, instituteur en retraite, officier d’Académie - Poissy - 1899

LE REGISTRE DES CHOLOUS

Commencé un 1548 par François Cholous des Unau propriétaire, fermier des dîmes et marchand, ce registre passe successivement durant plus de deux siècles aux mains de ses descendants. Chaque génération s’y distingue par le genre de son écriture, le libellé de ses notes, et le chiffre des salaires accordés en son temps. Dès les premières pages, ses détenteurs font l’effet de gens très pratiques et depuis déjà longtemps rompus aux affaires. Ils paraissent avoir le monopole de toutes choses. Leur commerce est très étendu et s’applique au blé froment et autres grains, au vin, aux bestiaux de toutes sortes, et surtout au bœufs gras. Ils sont aussi prêteurs d’argent. Malgré les feuilles absentes au commencement du registre, on y lit encore quarante-neuf obliges [1], en faveur dudit François Cholous, pour prêt d’argent et vente à crédit de blé, vin ou autres fournitures. Toutes sont écrites au domicile du vendeur, par les notaires Charles ou Genteaud du bourg de Montboyer assistés de deux témoins. Seules, trois reconnaissances pour vente de bœufs gras, sont de la main d’un sieur Dupuy acquéreur et marchand des environs.

« Montbouïer le XXII may MVLVIII (22 mai 1558).

« Personnellement estably, Pierre Dubreuil, laboureur en la paroisse d’Yviers, confesse debvoyr à François Cholous, marchand au bourg de Montbouïer, la somme de douze livres tournoys à cause de .la vendition et délivrance d’une pipe de bled fin que ledict Dubreuil a acheptée dudict Cholous, avant ces présentes et qu’il payera au jour et feste de Nostre-Dame de septembre prochain venant. Et ce ledict Dubreuilh pour sûreté de la dicte somme et jusqu’à plain payement, oblige tous et chascun de ses biens présents et advenir quelconques, soubmis, recongnus et promis. Faict et passé, jugé et condamné par moy, notaire soubsigné en présence de Jehan Delezinier et de Jehan Chauvin, laboureurs en cette paroisse. Signé Charles notaire royal ».

Sur une autre oblige de la même année, Jehan Mousset de Montbouïer, dit le baron, confesse debvoir à François Cholous cent livres tournois pour vendition et livraison de deux bœufs payables aux festes de carnaval.....etc.

Le XXIV juillet MVLXI Guillem Chaigneaud, hostelier à Bonnes, confesse debvoir à François Cholous vingt et cinq livres tournois pour vendition de six barriques de vin, payables à Nostre Dame d’août.....etc, signé Charles notaire royal.

Par autre oblige du VIII may MVLXII, Jehan Robert, dit Baudin. laboureur à Montbouïer, confesse debvoir à François Cholous du bourg, la somme de deux cent livres tournois, pour vendition et délivrance de quatre bœufs gras, payables à la feste de la Saint-Jehan. Et pour sûreté de la dite somme...... etc., signé Charles notaire royal.

Genteaud, notaire à La Boisse étant de présent en la maison de François Cholous au bourg de Montbouïer, passe le VIII juin MVLXIII une oblige en fabveur dudit Cholous, laquelle est consentie par Guillaume Raffin laboureur à Montbouïer pour solde de tout compte à la suite de diverses livraisons de bled et prêt d’argent. Cette oblige s’élève a trois vingt livres tournois payables à la Sainct-Michel prochainement venant. — Genteaud notaire à La Boisse ;

« Je soubsigné, promets payer à la volonté de maistre François Cholous, la somme de deux cents livres tournois, montant de la vendition et livraison qu’il m’a faicte ce jour 25 novembre 1561, de deux paires de bœufs gras en présence de Mathieu Motard, notaire royal et de Jehan Champagne laboureur au bourg. — Signé Dupuy marchand, Motard notaire royal et Champagne présent.

« Le bled que François a vendu dudepuis la Sainct-Martin [2] MVLX (1560) le premier lundy, XXX boisseaux — le second XXX — le trois (troisième) prins cheux Jeannot Motard XI boisseaux — le quart, prins cheux nous XXXV boisseaux puis à Fouassier de Bors en deux voïages XX boisseaux — à Jehan Perrin de la Font de Bellon XI boisseaux. — A Jehan Lamaud de Saint-Privat XVI boisseaux — le lundy, veille de Nouel XXXVI boisseaux. Le lundy des roys XXXXI boisseaux ; le lundy après les roys XXXI boisseaux etc...... » (Evidemment les foires et marchés du lundi à Chalais ne sont pas de récente institution).

« Mémoire de ce que j’ay payé en MVLXI (1561).

Au récepveur Pyrault pour la rente de deux années LXV# (75)
A Pierroton Esgreteau, pour Matignon XLV# (45)
A Lezinier pour bailler à Jeannot Bernier LXV# (65)
Au commissaire de la renthe XXVI# (26)
A maistre Mathurin qui m’avait presté XVII# (17)
A monsieur noustre curé pour l’afferme de l’an qui vient LXVII# (67)
Puis pour un décime XXXXII# (42)
Presté à Jehan Motard XXII# (22)
Plus donné à...... pour deux quartiers envoyés à Toulouse LVII# (57)
Plus pour les deux escholiers de Bourdeaulx XXXII# (32)
Plus pour mestives aux journaliers XV# (15)
Plus au fils Dupinte de Courlac pour ung journau de terre XV# (15)
Plus à Marie Vaslin pour les renthes de Courlac XVII# (17)
Plus pour un vedeau (veau) prins advant V# (5)
Plus pour deux journaux de pred de Baudin XXXV# (35)
Plus au gendre de Moreau pour les portes de chez Brigeau XXI# (21)
Plus à Chabosseau quand il s’en alla XX# (20)
A Brillaud pour ung chasgne (chêne) V# (5)
A Guillon Motard pour trois chasgnes XIII# (13)
A François Motard collecteur des tailles XIIII# (14)
Au sellier d’Aubeterre VI# Xs (6 10s)
A André Fraignaud VIII# (8)
A Arnaud mon vaslet X# (10)
A divers. (Sommes détaillées au registre) 433
Total MLXV# 10s (1065# 10s)

Moudures données par mon moulin [3] :
De la Sainct-Jehan au 1er octobre MVILVI (1656) LI boisseaux (51) Plus en octobre, quand ils sont allés à la Dourne................................. XVIII id (18)

En 1618, le registre précité est aux mains de deux héritiers d’une des branches Cholous. L’aîné y déclare qu’il s’est mis d’accord avec son jeune frère pour la pension que ce dernier doit lui payer, et ce, en présence du cousin Jacques Cholous marchand, et il ajoute : « Le 24 août 1619, jour de la Saint-Barthélemy, j’ay mis à part pour noustre nourriture 45 boisseaux de mesture, et avons commencé l’année au dict jour de la Saint-Barthélemy [4] ».

Sur une autre page on lit : « Pour l’année 1618, en laquelle j’ay commencé à payer pour la part qui m’est demeurée, et ce, après la part qu’à mon frère je me suis faict donner la quittance suivante :

Je Jehan Daniaud du Maine Sec, confesse avoir reçu de maître Jacques Cholous advocat au parlement de Bourdeaux, trois mesures do froment, autant avoyne et deux deniers argent pour raison des terres qu’il tient en la prise du Maine Sec, juridiction de La Boisse, en foi de quoi je promets de l’en faire tenir quitte par monsieur et mademoiselle du lieu [5]. Signé Daniaud

Autre note :« le 11 octobre 1621, j’ay preste 21 boisseaux un picotin avoyne à l’Anglade [6] et à mon frère qui l’ont mesurée en présence de Pouget et de Héliot leurs vaslets, et m’ont promis déduire ce que je pourrais debvoir de la dicte avoyne sur les rentes de l’année à la recepte du Chàteau-Jollet, étant fermiers de la dicte rente, et le surplus me le rendra en espèces dans 15 jours ».

« Le dernier de novembre 1621, j’ay reçu de mon frère en espèces le prix de 7 boisseaux et demy d’avoyne à la décharge de l’Anglade qui étaient de surplus de la rente que je devais pour l’année. Et a recognu ledict Anglade avoir gardé le reste pour se couvrir de la rente due cette année ».

Conditions faites avec les domestiques et autres notes :

« De 12 mars 1620 Jehan Hérier mon domestique a commencé son temps ce jour et finira de même en 1621. Je luy ay promis pour son salaire 15# en argent, 6 aulnes de toile, sçavoir, trois de reparonnes et trois d’étoupes, avec 10 sols pour des galoches ».

Dans les émargements d’argent versé à Hérier, relevé celui-ci :

« 17 août 1620 payé à Bernard de la Ville-Dubois, barbier au bourg, 15 sols pour avoir traité Hérier durant sa maladie ». (Les barbiers de l’époque saignaient en effet, et purgeaient au besoin).

« Le 28 septembre 1622, nous avons loué la Gonde pour nostre chambrière, pour nous servir jusqu’en 1623, à laquelle nous donnons 4 # en argent, 6 aulnes de toile, dont trois de reparonnes et trois d’étoupes, deux aulnes de toile de lin et une livre de laine.

« A la fin de janvier 1625, j’ay faict fagotter à la journée à raison de 2 sols par jour, nostre taillis du bois Lyssandre. Il y a eu la dicte année, sept cents et demi de fagots moins un quinteau. Pour faire les dicts fagots, on a employé 19 journées.

« Le 16 juin 1627, ma jument qui vient de chez Brigeau, a été à un cheval, des écuries de maître Chabot de Saint-Aulaye. Je l’y ay ramenée, car il est fort beau. »

« Le 30e jour de mars 1630, nous avons loué Jehan Richard pour nous servir ung an. A qmensé son temps le même jour et finira de même en 1631. Son salaire est de 4 # 5 sols en argent, six aulnes de toile, deux aulnes de lin et fourni de galoches.

« Au mois d’août, j’ay affermé les noix qui sont provenues de nos noyers ladite année, sçavoir : celles qui sont au champ du parc, celles du cormier, combe de Guyonnet, combe des Poiriers, dessoubs la vigne, et celles de la terre que j’ay acquise de Dumeteau à la combe des poiriers, à Jehan Esgreteau barbier, pour 25 pintes d’huile et ung pain de nougeat. Celles de la terre du pré, pour 14 pintes, à autre Jehan Esgreteau le jeune. Celles des Caillots à Jehan Viaud du village de chez Jehan du Bois en Bellon, moyennant 15 pintes et ung nougeat ; celles de chez Rillat, 2 pintes, à Guilliem Rillat, qu’ils doibvent me délivrer dans le jour de la Toussaint prochaine.

« Le 20 mars 1029, avons donné notre fils Nicolas Cholous [7] à nourrir à la femme de Marsaut, et avons promis de lui donner pour chascun moys, quarante sols argent, une douzaine de fagots, demy douzaine de bûches, et une chopine d’huile. A qmensé son moys ledict jour 20 de mars, et lui ay advancé le moys, et debvront continuer de payer par advance le temps, si longuement qu’elle le gardera.

« Au mois de mars de l’année 1632, j’ay l’aict escarder et filer......livres de laine blanche en trois fois, et 29 livres de noire que j’ay l’aict filer à la quenouille. Les escardeurs ont employé 32 jours, je les ay nourris. Pour la blanche qu’ils ont escardée et filée eux-mêmes, je leur ai donné 2 sols pour chaque livre et pour la noire qu’ils ont escardée seulement, 1 sol, se monte la façon 6 #
Plus nourriture des trois hommes à 10 sols au total 32 jours 16 #
Plus, payé aux femmes pour avoir filé 29 livres de noire à 2 sols 6 deniers 3 # 18 s. 6 d.
Au sargeur, pour la première pièce qu’il a faicte, 29 aulnes à 5 sols 7 # 5 s.
Au même pour une seconde pièce 7 # 5 s.
Plus pour 10 sols de graisse et 2 de farine 0 # 12 s.
Plus pour la faire mailler à 1 sol 6 deniers, 58 aulnes 4 # 7 s.
Total de la dépense 45 # 7 s. 6 d.

« Le 1er febvrier 1633, j’ay loué François Gigon dict Mignard, pour mon service jusqu’à la Sainct-Martin, je luy donne 10 # en argent et 4 aulnes d’étoupes.

Payé pour achapter un pareil de galoches 5 sols.
Pour aller achapter des châtaignes à Villebois 16 s.
Pour frais de saisie et exécution, par Chauvin sergent 15 s. 6 d.
Pour deux quartiers de tailles, impôts de 6 mois 46 s.
Pour un boisseau de méture 26 s.
Pour un boisseau semence de baillarge 16 s.
Pour achapter des galoches 4 s. 6 d.
Pour aller à Chalais achapter un chapeau 9 s.
Pour achapter de la toile 24 s.
Soldé à Gigon 38 s.
Total 200 sols.

« Mémoire des frais et journées que j’ay employées à réparer la maison que j’ay acquise au bourg, de Jacques Jousseaume et de Guillemette Montrignac, son épouse.

Le 8 décembre 1632, j’ai achepté de maistre Jousseaume et de Guillemette Montrignac, sa femme, aujourd’huy propriétaires à La Pioche, tous les biens et droits qu’ils avaient anciennement au dict bourg de Montboyer, consistant en une maison appelée la maison de la Baumarde [8] et autres bastiments ayreaux et domaynes qui en dépendent et qui sont limités et confrontés plus à plain sur mon acte, et qu’ils avaient acquis pour une moitié de Jehan Montrignac, dict La Chaume, dans lesquels biens j’ay faict faire les réparations qui s’ensuivent :

« J’ay faict planchéier la galerie devant la maison et employer six brasses de planche outre celles que Jousseaume avait laissées et payées à deux quarts d’écu la brasse 9 # 12 s.
12 journées de charpentier à 5 sols et 8 sols de nourriture par jour 7 # 15 s.
Pour clous fournis 2 # 2
Plus j’ay faict recouvrir la dicte maison, crépir à la chaux et blanchir aussi le courroir, le haut des portes, l’escalier et la boutique ; 13 boisseaux de chaux à 5 sols, 2 charretées de sable à 10 sols, autant au charroyeur. en total 6 # 13 sols, qui avec les 9 journées de maçon à 13 sols, nourriture comprise. 12 # 10
Plus 200 lattes-feuilles posées jointes, au bout de la galerie où sont les pigeons, à raison de deux quarts d’écu le cent, clous de lattes 1 # 10 4 # 14
Plus 400 de carreaux pour la chambre, 200 de briques pour le fouyer de la chambre basse, 50 grands carreaux au fouyer de la chambre haute et devant les fenestres 4 # 10
Plus 2 journées de maçon et pour le charpentier à la galerie où il y avait une sablière et 2 chevrons cassés, le tout 3 # 9
Plus pour 3 seuillets aux portes principales, 1 jour. 0 # 13
Pour recouvrir le fournion. Journées, lattes, clous et 1,000 tuiles 9 # 15
Pour 3 serrures neufves à la maison et au fournion, agraffes et pose 6 # 10
Pour 6 targettes neufves aux fenestres et 2 varouilles 2 #
Plus pour un châssis neuf dans la chambre haute 6 #
Pour une couchette dans la chambre basse aussi par Jehan le menuisier 4 #
Il a raccommodé le buffet, refait une armoire et deux tirettes 7 # 18
Plus pour 2 serrures au cabinet et à la boutique, targette et varouille 5 # 8
Plus à Abraham Chauvier, maréchal, pour gonds et bandes 2 #
Plus 4 boisseaux de chaux pour le puits, et seuil à une porte 1 #
Plus pour faire maçonner le bas de la galerie, y faire une fenestre en pierre de taille, les portes du puits, de la chambre basse et de la boutique, y faire maçonner l’autre, y faire deux fenestres et changer trois crochettes à la chambre qui entre dans le courroir, en tout 35 journées du maçon Pierre et de son fils Polyte, à 13 sols 18 # 15
Plus 25 journées de Jehan le menuisier aux portes du cabinet de la chambre haute, du puits, du......avec la fenestre de la boutique et le cabinet qui est dans la croisée de la chambre basse du côté de la rue. Le tout à 13 sols, nourriture comprise 14 # 5
Pour deux vitres que j’ay faict mettre à la dicte croisée, par le vitrier de Curac 4 # 10
Plus payé au serrurier pour les portes et fenestre. 13 #
Pour la grange que j’ay faict refaire tout à neuf, avec l’appant qui est entre la grange et le fournion, ouvriers et matériel 150 #
Pour la petite porte de la grange et le portail en bois 27 # 1
Pour la chambre neuve et fournion dessoubs, les planchers, les portes, les fenestres et les journées d’ouvriers 150 #
Plus pour fermer de palins, près de la grange 4 #
Pour renfermer de palins tous les bastiments, faire la briasse, renfermer le petit jardin près de la rue 12 #
Pour fermer aussi le jardin qui est sous les poiriers. 2 #
Plus pour faire dresser le contre-appant qui est proche de la porte de l’écurie, où il y a deux esteIons 25 #
Total 510 # 14 s.

Sur une autre partie du registre, sont portées par les mêmes, les récoltes de la métairie des Unau, restée longtemps sans doute indivise entre les deux frères. De 1618 à 1642, ces notes sont de la même écriture. Elles semblent d’une main plus jeune, de cette dernière date à 1679. Toutes intéressent par leur diversité le détail des récoltes obtenues, leur prix courant, la constatation des années vimères, et surtout par l’énumération des parcelles de la propriété, qui à peu de chose près, sont encore les mêmes aujourd’hui.

« Nombre des quintaux de bled et grossailles de l’année 1630, récoltés dans la métairie des Unau :

Febves au-delà des prés 2 charretées.
Id. au champ du Cormier. 1 id.
Id. au chêne de Servoles. 1 id.
Avoine à La Chaume 11 quintaux.
Baillage à la pièce des prés 4 id.
Bled de la pièce échangée au cousin Daniel du Bourjadon 42 quintaux.
Au dessoubs dans la terre rouille-dîne 4 id. 1 gerbe.
A La Combe Guyonnet 16 id. 4 id.
A La Chaume 19 id.
Aux Caillots 69 id. 1 id.
Au-delà des prés 46 id.
En total 197 q. 1 gerbe

qui nous ont donné 213 boisseaux de bled, 3 de baillarge, 18 d’avoyne, 50 de febves avec 4 de pois rouges, valant le bled 33 sols le boisseau, la méture 26.

Suivent quelques autres récoltes relevées en bloc sur le registre et à de grands intervalles.

En 1649, récolté aux Unau 260 boisseaux, — en 1659, autre année d’abondance, 252 boisseaux, — en 1676, 273 et quantité de grossailles.

En 1663, grande vimère de grêle et d’inondations ; 107 boisseaux de bled seulement.

En 1677, autre année malheureuse, grande sécheresse ; ni foin, ni paille, 108 boisseaux.

En 1679, il neige tout le mois de febvrier. Les bleds gèlent, 128 boisseaux. Le bled valut cette année-là 66 sols le boisseau, les febves 45, la méture 52.

En 1685, Pierre Cholous le dernier des 10 enfants de Jacques Cholous l’avocat et de Marguerite Verdeau, entré depuis longtemps dans le sacerdoce, était curé de Berneuil. Cette année-là, eut lieu le partage des biens de sa famille, et la métairie de la Messagerie en Montboyer lui échut avec quantité de papiers, parmi lesquels se trouva le vieux registre de la famille où nous avons déjà copieusement puisé.

L’abbé Cholous en souvenir de ses auteurs, crut devoir en continuer l’usage. Il en fit aussi son livre journalier. Nous ne puiserons dans les pages qu’il y a écrites que les notes relatives à Montboyer. Si nous en relevons d’étrangères, c’est qu’elles nous offriront d’utiles enseignements ou des faits d’un intérêt général.

« Estat des revenus de la métairie de la Messagerie à moy appartenans Pierre Cholous, curé de Berneuil.

« 1688. — Nous avons partagé, Michel Festy et moy tous nos grains et revenus de l’année courante. Les semences levées, les rentes, les dîmes, les droits du maréchal et du panseur de bœufs déduits, il s’est trouvé pour chacun de nous : 95 boisseaux et demy froment, 20 boisseaux et demy febves ; pois rouge, demy boisseau, baillarge 5 boisseaux ½, chanvre femelle 60 livres, et 5 livres de laine.

« Le 15 novembre 1688, j’ai arrêté pour mon vaslet Guillaume.....de La Chapelle Grezignac en Périgord, auquel j’ai promis pour ses gages pendant un an, quatre escus et une paire de souliers, sur quoi je lui ai donné deux paires de galoches à 3 sols et demy, six liards de clous et 6 liards pour un couteau. Puis je lui ai fait faire un justaucorps, une paire de chausses (culottes courtes) et une paire de bas, pour lesquelles choses Villeneufve le tailleur a employé 6 aunes du droguet que m’a fait Roulleau et valant 15 sols l’aune, avec une aune de toile reparonne à 9 sols et deux d’étoupe à 8 sols, plus deux douzaines et demie de boutons à 6 liards la douzaine et pour faire ledict habit, Villeneufve a reçu 30 sols et j’ai fourni le fil.

« Le 16 août 1689, j’ai pris chez Desdurand à Barbezieux 9 aulnes et demi de cadix ratiné à 24 sols l’aulne, à payer en octobre.

« Le 4 octobre j’ai fait payer la note ci-dessus par mon fermier et Villeneufve a achepté pour moy 4 aunes du même cadix et une autre de soye.

« Le 13 mars 1689 Giré m’a preste 4 escus en outre de ce que je lui dois. Le 22 je lui ai cédé 4 boisseaux de froment, mesure de Barbezieux à 24 sols et donné le 2 août un billet de 35 # qui est tout ce que je lui doibs maintenant.

« Le 16 novembre 1690 Bernard Cholous mon neufveu est venu de Saint-Aignan où il a travaillé en qualité de frater [9] chez M. Syr, et le mercredi suivant Villeneufve est venu luy raccomoder ses habits, à quoy faire il a employé deux jours pendant lesquels je l’ai nourri et payé 20 sols.

Je l’ai remis en pention à Chillac chez M. de Lavaure où il a esté norri et instruit par le précepteur, à qui j’ai payé 100 # par an. — J’ai aussi payé a Saintes chez Merlet, diverses choses ».

L’abbé Cholous parle aussi de bien d’autres neveux ou nièces qu’il fait vêtir et chausser à l’occasion. Il fait bon voir de quelles étoffes étaient pour la bourgeoisie les vêtements d’alors, et de quelle chaude doublure on les renforçait.

« Marie Cholous. — Le 3 juin 1089, je luy ay donné trois aulnes de brin. — Le 3 juillet, une livre d’estin pour filer et se faire un manteau. — Le 8 octobre, j’ay payé pour elle au cordonnier de Passirac une carrelure, 10 sols — Le 14 mars 1690 une paire de souliers au même, 4 # — Le lundy 28 juin je luy ay donné 6 aulnes de crespon et pour ce, j’ay payé à Doubleau 6 sols par aulne — Le 22 juillet, Pierre, tailleur à Barbezieux a faict un manteau à la dicte Cholous a quoi il a employé deux jours, pour chacun desquels j’ay payé 6 sols de salaire et la nourriture.

« Saint-Hubert. — Le samedy 21 may 1689, étant à Brossac, j’ay levé un habit pour Saint-Hubert, mon neufveu. J’ay pris du nommé Moisne de Brossac 6 aulnes de droguet fin à 26 sols l’aulne, 8 douzaines de boutons, un quart de soye, et Villeneufve a pris demi once de fil. Ledit Villeneufve avec son garçon a mis trois jours à l’y faire, pendant lesquels je les ay nourris. Plus le jeune Gaberot luy a fait une paire de souliers que j’ay promis de payer.

« Pour doubler l’habit cy-dessus, j’ay fourni deux aulnes trois carts de toile de brin, valant 12 sols l’aulne.

« Le samedy dernier juin 1690, j’ay achepté pour luy faire un habit complet 7 aulnes et demi de chaysne d’estaing à 22 sols l’aulne, 8 douzaines de boutons à 2 sols la douzaine, demy once de soye, une once de fil écru ; et pour doubler tout l’habit, j’ai achepté trois aulnes de toile à Gabriel Morpin, laquelle Villeneufve est allé chercher ».

9 mars 1704. — Dernier compte avec Giré mon fermier. Ce jour, Daniel Giré et moy, avons compté pour ce qu’il a achepté pour moy à Barbezieux et les dîmes qu’il a touchées de mme des Roys. Il m’a donné deux louis neufs de 4 escus et un chaigne, qu’il m’a vendu dans le village de chez Jean de Grange en Condéon. pour ma construction et nous sommes tout à fait quittes.

Signé Giré, Pierre Cholous curé.

« Pierre Sicard, sacristain de Saint-Martial de ville recognade est mon fermier de trois pièces de pré, dont l’une est dans la prairie entre le bourg et chez Sureau, laquelle feu mon frère, curé dudit Saint-Martial, avait acquise de Symon Sureau. L’autre, appelée le pré du Bournat, il l’avait eue en échange avec Me Arnaud Sureau, notaire royal. La troisième, dans le pré barré, qu’il avait acquise de Denys Léger, et pour ce il me doibs donner 6 # par an, ce qui fait pour cinq années 30 #.

« Sur quoi il a payé pour moy au sieur du Bois Dunaud [10], mon neufveu, greffier à Chalais 13 # ; à Vallade chapelier chez Geoffroy en Peudry 4 # ; à la Ruffine marchande au bourg de Saint-Laurent de Belzagot 8 # ; à Balay le recouvreur 5 #. Partant il me redoit 3 # dont il a terme jusqu’à la fête de Noël prochain. Ce 19 juillet 1691 »

Suivent plusieurs pages où sont inscrites les pièces de toile faites chaque année au curé de Berneuil par ledit Sicard sacristain.

« Le 24 juin 1700, Pierre Sicard m’a apporté 22 # 14 sols 6 deniers provenant de 48 aunes d’étoupes qu’il a vendues à 10 sols et demy, et dont je lui dois la façon. — Ledit Sicard ne jouit plus à dater de 1705 du pré de Symon Sureau. Le décharger d’autant dans le compte à faire en fin d’année.

Il était d’un usage général dans la région que les curés missent en ferme les divers produits de leurs dîmes. A Berneuil on fit longtemps exception à la règle, et le curé Cholous, malgré son grand âge, levait encore à ses risques et périls les fruits décimaux de sa paroisse.

« Le 26 juillet 1700, mes valets finirent de serrer le foin et commencèrent à couper le blé. On continua le lendemain jusqu’au 7 août, puis on coupa les avoines, baillarges et le reste de grossailles. Cela dura six jours. Le 20, on battit 7 boisseaux de pesilles et garobes. Le 27, 21 boisseaux de febves ; — le 29, 14 boisseaux d’avoine ; — le 30, 26 boisseaux d’orge et de méture.
Le 31 août, on battit du blé, 24 boisseaux.
Le 2 septembre id ,33 id.
Le 3 septembre id ., 34 id.
Le 4 septembre id., 25 id.

« Le 25 juillet 1704, François Richier, mon vaslet, coupa trois gerbes de méture derrière Malifaud, métayer de mon paroissien Augeay, au lieu appelé le Clamard.

« Le 29 juillet et le 1er août, Marie Grandet, ma servante, coupa quelques gerbes de blé chez Gourdeau, et le domestique, du seigle derrière le mestayer de M. Rochefort à Palenard. Le 30, les mestiviers ont achevé de couper le froment. Le lendemain on tira les febves près de la vigne de Rochefort. Il resta encore à Palenard quelques avoines et des grossailles, ainsi qu’à la Duranderie et chez Gourdeau.

« Le 12 may 1706, j’ai accueilly pour mon vaslet mestivier Pierre Martin du village des Bergères, lequel me doibs aider à faucher et. serrer mes foins, couper, battre mes grains, serrer mes pailles, faire mes vendanges, cueillir et amasser mon blé d’Espagne ; et pour ce, je lui donne 5 boisseaux de froment, 4 de grossailles et luy laisserai le temps d’ayder sa femme à couper son blé.

« Le 27 juin 1714 nous avons fauché, et le 29, jour de Saint-Pierre, à 4 heures du soir jusqu’à neuf heures, il est venu une pluie tellement forte qu’elle ressemblait au déluge, et emporta notre foin jusque sur les bords du Lamaury.

« J’ai cette année pour mestiviers : Louis Chadefaud et son fils, Jean Baudet de chez marquis. Jacques Chaillot du Tâtre, Arnaud Bonnet, Gabriel Moreau et Pierre Arnauld. Les charriqueurs seront Jacques Fournier de chez les Roys, et Arnaud de Fontauger. - Les métives commencèrent après la Madeleine et finirent le...... du mois d’août, restèrent le blé d’Espagne et le chanvre.

Si la perception des dîmes par les intermédiaires ou fermiers avait - nous l’avons dit ailleurs - le désavantage de mettre les cultivateurs à la merci de gens souvent très durs, s’autorisant des charges de leur mandat pour pressurer le menu peuple et le mener à la ruine, nous voyons par les notes ci-dessus, que la levée des fruits décimaux par le curé lui-même présentait aussi, bien que dans un ordre tout différent, des inconvénients pour le moins aussi graves.

En effet, bien avant l’ouverture des métives, le curé devait arrêter ses nombreux travailleurs, débattre les prix, fixer les époques, prendre toutes mesures utiles pour la bonne exécution de ses travaux. Et, au jour dit, sa maison d’ordinaire si paisible devenait comme le contre d’une grande exploitation, où il n’y avait plus pour lui-même ni repos ni trêve. Ne voyez-vous pas d’ici le curé de Berneuil donner un matin de l’an 1714, et dès l’aube, le mot d’ordre à tous ses ouvriers, lesquels aussitôt répartis dans les villages à eux désignés, coupent ou arrachent de ci, de là, le treizième sillon laissé debout par les cultivateurs, avec même travail le lendemain et jours suivants, de sorte qu’avec le temps ils durent parcourir toute la paroisse, enlevant chaque soir, à l’aide des charroyeurs gagés par le curé, tous les grains abattus dans le jour. Et puis, ce n’était pas tout, la récolte une fois engrangée, il fallait la battre, nettoyer le grain, et ce n’était pas là, pour le curé, le moins encombrant des travaux de la saison.

D’ordinaire les battaisons s’ouvraient aussitôt la fin des métives. Alors, par un beau soleil et des jours encore assez longs, on allait vite en besogne, mais que d’entraves le mauvais temps apportait souvent à ces pénibles travaux ! aussi quand arrivait le dernier jour, les ouvriers, en signe de réjouissance, glissaient dans l’aire sous le dernier vergeat [11], une assez forte planche, sur laquelle les fléaux, vivement menés, résonnaient plus que d’habitude, et annonçaient au loin la clôture des travaux. Puis tout cela se terminait par le blé fin, jour de fête et de régalade pour les moissonneurs. Dès le matin, les grains de toutes sortes, portés à l’aire, étaient jetés séparément à la pelle, mis en tas, mesurés au boisseau, et portés dans les greniers du curé qui, défalquant de sa récolte la part revenant à ses journaliers, pouvait enfin connaître son revenu net de l’année.

Mais, avant d’en arriver là, que de soucis et de préoccupations pour le prêtre qui, durant tout l’été, devait souvent faire défaut aux devoirs de son ministère, car ses intérêts continuellement en jeu, l’obligeaient à la plus active surveillance. Heureux encore quand, au milieu de ses courses, il ne rencontrait pas quelque paroissien grincheux lui reprochant de décimer au treizième sillon, alors que le curé voisin se contentait du quatorzième, ou s’opposant carrément à la levée des pois secs, sous prétexte qu’ils auraient du l’être en vert ; parfois même, profitant de la moindre vétille pour entamer avec son curé, de ces regrettables questions d’intérêt, d’où la dignité sacerdotale ne sort jamais sans quelque sérieuse atteinte !

Janvier 1898.


[1Obligations.

[2Notes écrites par le frère de François de sa vieille écriture gothique.

[3Il doit s’agir ici de l’un des trois moulins de la Grant-Font, qui manquent parfois d’eau en automne, quand le cours de la fontaine s’arrête à la suite de trop longues sécheresses. La Tude est presque toujours ravivée en octobre, les premières pluies lui suffisant. Il n’en est pas de même pour la source de la la Grand-Font, qui ne part souvent qu’après les fortes pluies de l’arrière-saison.

[4(2) L’auteur de cette note n’est autre que Jacques Cholous l’avocat, et le jeune frère qui lui paie pension Jehan Cholous du Rompis notaire et procureur dont il sera question ci-après.

[5Il s’agit ici de Charles de Champlong et de sa mère Renée de Barbezière veuve de Anne-Marc de Champlong dont il est question à l’article des seigneurs de La Boisse.

[6Daniaud de l’Anglade fermier des rentes de la paroisse avec Jehan Cholous des Rompis procureur et frère de Jacques.

[7Ce Nicolas est le 7e des 10 enfants de Jacques Cholous l’avocat au parlement marié à Marguerite Verdeau, voir page 209.

[8Il est difficile de trouver exactement où était au bourg cette maison. En 1744, d’après le papier censif de Montboyer (registre couverture jaune), Laulaigne médecin en paie la rente, soit deux chapons et 13 sols, alors que pour son habitation particulière alors baptisée la maison de M. de Courlac (maison Lajeunie), il donne un boisseau de froment, un d’avoine, un chapon et 2 sols 6 deniers. La maison de la Baumarde devait alors se trouver à gauche après les halles en allant à la fontaine. Il y avait là autrefois un pâté de maisons qu’habitèrent les Montrignac. Le dernier des Montrignac, dit Pays qui y demeura, laissa son nom à ce quartier qui s’appela dès lors chez Pays.

[9Bernard devint plus tard un habile chirurgien. A cela rien d’étonnant puisque à 15 ans, avant même d’avoir achevé ses études classiques, il s’était déjà fait la main chez le barbier Syr et savait à cet âge, raser, saigner, purger et clisterium donare.

[10Cholous Bois Dunaud.

[11Terme campagnard, partie de l’airée, battue à chaque reprise dans la longueur de la verge des fléaux.

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