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1783 - de Rochefort à Cognac & Angoulême : les productions de l’arrière-pays

lundi 7 janvier 2008, par Pierre, 1295 visites.

Un parcours qui remonte le fleuve Charente, et fait découvrir les productions, leurs prix et leurs taxes, au milieu du XVIIIème siècle.

La partie qui concerne Cognac et ses produits est plus particulièrement développée. C’est le début du grand boom économique qui va porter cette région au zénith. Louis XVI en est content : le droit seul de 15 livres 16 sols par barrique d’eau-de-vie lui rapporte par an 426 600 livres !

Source : Encyclopédie Pankoucke - 1783 - Books Google

Le rédacteur en chef de l’Encyclopédie Pankoucke a laissé passer une coquille au sujet de la ville de Charente : il s’agit à l’évidence de Tonnay-Charente, et non de Bourg-Charente, comme cela est écrit dans la note de fin de texte.

 ROCHEFORT

Il ya très peu de commerce dans la ville de Rochefort qui est un port maritime du roi, mais les adjudications que l’on y fait tous les ans à tous ceux qui veulent fournir les agrets, apparaux & vivres nécessaires pour le port & les colonies, ne laissent pas de donner du profit aux entrepreneurs.

 СHARENTE [1]

Le bourg de Charente est situé à une lieue de Rochefort ; il est peu considérable pour le produit de ses vins, qui se consomment la plus grande partie dans son lieu ou aux environs.
C’est dans cet endroit qu’est établi un bureau des fermes, dont la recette des droits des vins, eaux-de-vie & sels se monte tous les ans de huit à neuf cent mille livres, à cause de la grande quantité des vaisseaux étrangers qui viennent continuellement charger lesdites boissons.
L’on compte qu’il s’embarque à Charente, année commune, trente cinq mille bariques d’eau-de-vie, qui proviennent des élections d’Angoulême, Coignac, Saintes & Saint-Jean d’Angély, qui paient les droits de 15 liv 16 sols par barique.
Il se charge dans cet endroit tous les ans, environ 7000 muids de sel ; chaque muid de sel qui se charge pour les provinces voisines de l’Angoumois & Limousin, &c. paie au roi 54 liv de droits
Le sel s’achette actuellement à 10 & 12 liv. le muid.

 AIGRE

Le bourg d’Aigre est situé à 13 lieues de Charente ; son produit est de 5 à 6000 bariques de vin, les blancs se convertissent en eaux-de-vie & les rouges s’envoient dans le Poitou, & ne paient aucuns droits.
Les eaux de vie qui se chargent à Charente роuг l’étranger, paient les droits de 15 L 14 s. par barique de 27 veltes ; celles qui s’envoyent en Picardie & Normandie, paient 13 liv 12 sols : si elles vont par terre à Châtelleraut pour la route de Paris, elles ne paient point de droits, que ceux de remuage ou nouveaux droits, s’il y a de la revente ou mutation de main.

 SAINT-JEAN D’ANGELY

La ville de Saint-Jean d’Angély, qui est distante de six lieues de Rochefort, fait le commerce ci après.
Saint-Jean d’Angely & son élection peut produire, année commune, 80 mille tonneaux de vin.
Lorsque ces vins se chargent pour les pays étrangers, on pour d’autres provinces réputées étrangères, ils paient au bureau des traittes de Charente ou Rochefort, pour tous droits 25 liv 10 sols pour chaque tonneau.
Si ces vins se chargent pour les isles Françoises, sous acquit à caution, ils ne doivent point ces droits.
L’on compte que tous ces vins produisent ordinairement huit mille bariques d’eau de vie de trois bariques de 27 veltes chacune ; lorsqu’elles s’embarquent pour l’étranger, chaque barique de 27 veltes paie au bureau des traittes de Charente, 15 liv 16 s pour le droit de sortie

Il y a dans Saint-Jean d’Angely trois sortes de manufactures, des étamines, des serges & des droguets ou petits draps.
Les étamines valent depuis 25 sols jusqu’à 30 sols l’aune ; les serges, 34 à 35 s. & les petits draps tout de laine, de 30 à 32 s. l’aune.
Lorsque ces marchandises se chargent pour la royaume, elles paient 3 liv du cent pesant, & les 4 s. pour livre : si elles s’envoient dans nos Colonies, elles ne doivent aucuns droits.

Il y a dans ladite ville des moulins à poudre, dans lesquels il se fabrique tous les ans environ 150 milliers de poudre ; sçavoir, 80 milliers de poudre à canon, qui se distribuent pour le service du roi ou des autres particuliers armateurs, qui font leurs conditions avec les commissaires généraux des poudres & salpêtres de France ; 60 à 70 milliers de poudre à giboyer, soit pour la fourniture des magasins de la Rochelle, Saint-Jean d’Angély, Limoges, Poitiers, Angoulême, & autres lieux qui en ont besoin & se vend 27 s. la livre en détail, qui est le prix fixé par arrêt du conseil d’état du roi du 19 septembre 1724, qui commet François Pierre de Cayet pour faire exclusivement à tous autres la fabrique & vente des poudres & salpêtres dans tout le royaume, isles de l’Amérique, pays conquis & à conquérir ; ces poudres ne doivent aucun droit, lorsque l’acheteur rapporte un certificat d’un des commissaires desdites poudres.

 BARBESIEUX

Il s’y fait des toiles qui sont presque toutes enlevées par les Anglois & Hollandois, & dont, au défaut de l’étranger, la consommation se fait dans les provinces voisines ; il en vient jusqu’à Paris, & l’on en envoye jusques dans les colonies Françoises.

 XAINTES

La ville de Xaintes & ses environs peuvent produire, année commune, huit mille tonneaux de vins rouges, qui ne se brûlent pas & cinq mille tonneaux de vins blancs, qui rendent quatre mille bariques d’eau de vie ou environ.
Le vin rouge paye 36 s. pour le droit de remuage lorsqu’on le vend : s’il sort de la province, il paye les droits de 25 L 10 s. par tonneau.
L’eau de vie doit pour nouveaux droits de remuage, 24 s. par chaque barique de 27 veltes ; si elle s’envoye à l’étranger, elle paye les droits de la traitte de Charente, qui est de 15 L 16 s. par barique de 27 veltes.

Il se fait à Xaintes par année, environ 2000 pièces de tres-bonnes étamines, qui contiennent chacune de 42 à 43 aunes ; elles se vendent de 28 à 30 sols l’aune : lorsqu’elles sortent pour être envoyées dans les provinces, elles payent 3 L du cent pesant, & les 4 sols pour livre

 СОIGNAС ET SON ELEСТION

La ville de Coignac & son election, est composée dans sept à huit lieues de circuit, de 149 villes, bourgs, paroisses, villages, châtellenies & hameaux ; toutes les terres sont labourables, vignes prés & bois d’un bon rapport. L’on n’a pas jugé à propos, crainte d’ennuyer le lecteur, de rapporter par détail les noms de toutes ces villes, bourgs & paroisses, il suffira pour la satisfaction du public, de sçavoir le grand commence qui se fait chaque année d’eau de vie & de vin dans cette ville & son élection.

Il se recueille, année commune, dans l’election de Coignac, deux cent mille bariques de vin propre à brûler, qui font cinquante mille tonneaux, qui doivent produire 13400 pipes d’eau de vie de trois bariques. Chaque pipe que l’on appelle vulgairement sur le lieu, pièce de trois bariques d’environ 81 veltes, quelquefois plus ou moins, parce qu’il y a des pièces qui contiennent jusqu à 90 veltes ; d’autres 75, 78, 80 & 85 veltes : l’on compte toujours que le produit ordinaire est de plus de quarante mille bariques, qui contiennent chacune 27 veltes d’eau de vie.

Lorsque l’année est abondante, ce produit peut augmenter considérablernent & même doubler cette quantité.
II y a des années que les vins sont foibles : en cе cas il faut six bariques de vin pour en faire une d’eau-de-vie de 27 veltes. Il est rare de faire une barique d’eau de vie avec quatre bariques de vin ; si les vins sont passablement bons, neuf bariques de vin font deux bariques d’eau de vie de 27 veltes.
L’eau-de-vie de Coignac est supérieure & plus estimée que toutes les autres : les étrangers en font charger a Charente chaque année de 24 à 27 mille bariques.
Lorsque les vignes de la rivière de Loire manquent, il s’en voiture de grandes quantités par terre à Châtelleraut pour la route de Paris & même pour la Flandre dans le temps de guerre ; mais dans celui de paix toutes les eaux-de-vie de Coignac & des environs, destinées pour l’étranger, se chargent par mer à Charente sur les vaisseaux de plusieurs nations, ou à fret sur des bâtimens François.

II se tient à Coignac tous les samedis de chaque semaine, un marché pour la vente des eaux-de-vie ; tous les marchands & brûleurs s’y assemblent pour faire ce commerce : en 1728 la barique d’eau-de-vie de 27 veltes valoit 80 L dans les magasins du vendeur

Droits que payent les eaux de vie de Coignac

Les nouveaux droits d’une barique d’eau-de-vie de 27 veltes ou de 216 pintes sont de 1 L 1 s.
Le droit de revente est de 14 s.
Si la barique d’eau de vie séjourne plus d’un jour dans le lieu où elle est transportée, 1 L 4 s. 9 d.
Enfin l’eau de vie doit le droit de vente à chaque mutation de main, à moins que celui qui la charge ne prouve qu’elle est faite du vin de son crû, & que ce soit pour son propre compte qu’il l’envoye.
Chaque barique d’eau-de-vie qui se charge à Charente paye au bureau des traittes, 15 L 16 s.

De manière que s’il se charge seulement à Charente chaque année 27 mille bariques d’eau-de-vie de Coignac, le droit seul de 15 L 16 s. par barique produit au roi par année 426 600 L.

L’élection de Coignac produit encore, année commune, 2500 tonneaux de vin de grande, moyenne, & petite borderie ; il s’en recueilloit autrefois une plus grande quantité, mais le grand hiver de 1709, a fait mourir les plus anciennes vignes qui étoient celles qui produisoient le meilleur vin de cette qualité, & depuis ce temps ils ne sont pas aussi bons qu’ils l’étoient auparavant.

C’est dans les paroisses de Richemond, Jauresac & Saint-Laurent qu’on recueille tous les ans environ 800 tonneaux de vin de grande borderie ; lorsqu’ils sont doux & bons, ils se chargent pour Hollande, Angleterre & le nord ; ils se conservent ordinairement à la mer pendant les voyages de long cours ; mais si la douceur leur manque, ils ne sont point potables, & deviennent troubles, brunis & tournés pendant le voyage.

Dans les bonnes & moyennes borderies, on y recueille ordinairement 250 tonneaux de vin ; & dans les petites de 14 à 1500 tonneaux dont la plupart se brûlent pour faire des eaux-de-vie, c’est à dire ceux qui se trouvent de rebut.
Le tonneau de vin de grande borderie tiré au fin revient ordinairement à 200 L
Le tonneau de moyenne borderie à 170
Le tonneau de petite borderie à 140.
Les prix ci-dessus sont à peu près ce que se vendent ces vins, année commune, ; quelquefois dans les grandes vinées ils valent moins & se vendent suivant leur qualité & bonté.

Le vin ne paye que 36 sols par tonneau lors de l’enlèvement, qui sont payés par le vendeur & 20 s. pour le droit de revente, qui se payent par le chargeur. Si le vin séjourne plus d’un jour entier en ville, il paye encore 33 s. par tonneau pour le droit d’inspecteur aux boissons, soit qu’il se charge ou qu’il demeure en magasin ; s’il passe d’une main a une autre, la revente est еnсоге due comme dessus : les traitans multiplient ce droit tant qu’ils peuvent, & l’interprètent à leur avantage. Car il est dit par l’édit qu’il ne doit rien qu’après trois jours de séjour ; mais ils comptent le jour de l’arrivée, celui du lendemain & le jour qu’on le charge ; ce qui se fait quelquefois en moins de quarante heures.

 ANGOULEME

Le seul commerce d’Angoulême se borne à quatre sortes de denrées & marchandises.
Le plus considérable est celui des eaux-de-vie, qui peut aller tous les ans de 5 à 6000 bariques, qui payent les mêmes droits que celles de Coignac.
Le second commerce est celui du papier qui se fabrique dans ladite ville
Le troisième est celui du safran, dont on recueille tous les ans environ 3000 L. ; il s’est vendu autrefois jusqu’à 40 L la livre ; en l’année 1728 il ne valoit que 20 à 25 L. la livre.
Le quatrième, est celui du produit des forges de l’Angoumois & du Perigord.


[1Bourg-Charente

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