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1793 - 1818 - Affaires criminelles en Charente : Une auberge rouge et des chauffeurs à Fléac

jeudi 17 avril 2008, par Razine, 5750 visites.

1793 – 1818 - AFFAIRES CRIMINELLES : UNE AUBERGE ROUGE EN CHARENTE : LES CHAUFFEURS DE L’AUBERGE SAINTE-BARBE PRES D’ANGOULEME

Natif de Saintes, le bandit Dexmier avec sa bande de chauffeurs se livra à toutes sortes de crimes dans les campagnes pendant la tourmente révolutionnaire. L’impuissance de la police locale désorganisée en cette période troublée, les troupes parties au front, vidant les campagnes de leurs forces vives, permirent à ce bandit et ses acolytes d’agir en tout impunité.

Pendant l’Empire la bande continua son œuvre criminelle d’une manière moins éclatante à l’auberge Sainte-Barbe, près d’Angoulême.

Sources : La Charente communale illustrée par Alcide Gauguié publié par la Société des gens de Lettres en 1865 – Sources diverses.

 LE CONTEXTE HISTORIQUE : HISTOIRE DES CHAUFFEURS

Les Chauffeurs ou en argot « brûleurs de pieds » était un terme populaire pour désigner les bandes de criminels qui s’introduisaient la nuit par effraction, généralement dans des endroits retirés à la campagne pour faire avouer aux riches propriétaires où ils cachaient leur magot. Pour obtenir les aveux on brûlait les pieds des malheureux dans la cheminée ou sur les braises. On liait, on garrotait, on violait les femmes sans vergogne pour découvrir les précieuses économies, enfin on incendiait parfois pour ne pas laisser de trace de ces terribles forfaits.

Ces méfaits commencèrent à être évoqués pendant la révolution française. La désorganisation de l’Etat permettait à ces hordes de bandits d’agir sans se faire arrêter. Les forêts couvrant alors une grande partie du territoire offraient un asile sûr à tous ces brigands. Ce phénomène se répandit dans toute la France, jusqu’à la restauration de la monarchie qui se dota alors d’un système policier plus efficace.

Des affaires célèbres sont restées dans la mémoire de nos Provinces. En 1796, sous le Directoire, de redoutables chauffeurs opéraient du côté de Cherves Richemont (16). Au moulin de Prézier la famille Roumagne par exemple, fut victime de ces bandits. Une seule personne parvint à s’échapper : Mr Mesnier qui se jeta dans la rivière de l’Antenne et s’enfuit sur un des chevaux des brigands. Sain et sauf, Mr Mesnier relâcha le cheval dans la nature. C’est en voulant le récupérer que les chauffeurs se firent prendre. Ils furent condamnés à 20 ans de galères.

Au début du XIXe siècle, un autre fait divers défraya la chronique. Les romanciers et cinéastes se sont d’ailleurs emparés du sujet : l’histoire de l’Auberge de Peyrebeille, (encore existante) mais plus connue sous le nom de « l’Auberge rouge ». Une cinquantaine de meurtres y furent perpétrés. Cela se passait dans la commune de Lanarce en Ardèche.

Une dernière épopée sanglante de ce type eut lieu entre 1905 et 1908 à Romans orchestrée par un quatuor meurtrier surnommé « les chauffeurs de la Drôme » parce qu’il reprirent les pratiques des criminels des siècles précédents en torturant, assassinant pour voler 18 victimes. Comme leurs prédécesseurs, la nuit ils tuaient et le jour ils reprenaient leur métier ordinaire préservant ainsi leur anonymat. Cette affaire impulsera la création des « Brigades du Tigre » sous l’égide de Clémenceau. C’est à Valence que trois des assassins paieront leur tribu à la guillotine mettant fin à ces pratiques d’un autre âge.

 L’AFFAIRE DE L’AUBERGE SAINTE-BARBE EN CHARENTE

Non loin de Fléac, sur un chemin pentu qu’on appelle la Côte Sainte-Barbe une croix matérialisait l’emplacement d’une ancienne chapelle. Cet édifice religieux fut vendu en 1793, comme beaucoup au titre des biens nationaux. A l’époque, la chapelle fut transformée en auberge. La taverne allait bientôt devenir le théâtre de crimes longtemps impunis. L’acquéreur était un certain Dexmier originaire de Saintes qui constitua une bande de chauffeurs dont il devint le chef dès la période révolutionnaire. En cette époque troublée qui appelaient tous les enfants de la patrie aux frontières pour repousser l’armée des émigrés et les troupes des pays alliés à leur cause, il fut aisé à Dexmier et ses complices d’agir en toute impunité. Ils attaquaient donc les maisons isolées des environs, soumettant aux tortures du feu les riches propriétaires pour leur extorquer leur argent.

Sous le concordat et le Directoire quand l’ordre commença à se rétablir Dexmier et sa bande renoncèrent à des crimes trop « évidents » qui auraient pu attirer l’attention de la force publique. Ils se bornèrent donc à dévaliser les clients de passage. Si une mauvaise étoile incitaient les voyageurs aisés, à choisir l’auberge de Sainte-Barbe comme halte, leur sort était scellé. Promptement dévalisés, assassinés, le jardin du meurtrier recevait leurs cadavres. Le lieu était alors parfaitement solitaire. Peut-être ces crimes seraient-ils restés impunis si Dexmier et sa bande n’avaient élargi leur champ d’action. Au pied du coteau s’étendait jusqu’à la Charente, une vaste plaine très boisée à cette époque et complètement inhabitée, la vallée des Planes. C’est là que Dexmier et ses complices guettaient les malheureux voyageurs pour les détrousser et les occire, si par fatalité l’un deux s’y aventurait la nuit.

Ces crimes restèrent impunis pendant le Directoire, le Consulat et l’Empire. Enfin sous la restauration on constitua une police intérieure mieux formée et plus en éveil aux faits de criminologie locale. Les crimes des "chauffeurs" étaient moins fréquents mais toujours aussi atroces. Malgré les recherches, la justice en alerte ne trouvaient pas les coupables, c’est presque fortuitement que ces tristes affaires trouvèrent leur dénouement.

Ce fut un matelot de Saint-Simon qui mit la police sur les traces des malfaiteurs. Il partait d’Angoulême pour rejoindre son navire à Rochefort quand un peu avant la montée de Sainte-Barbe, Dexmier et ses sbires lui tombèrent dessus. Mais le marin, plié aux exercices physiques n’était pas prêt à se laisser massacrer sans défense. Il se défendit à coups de pieds et de poings contre ses assaillants armés de couteaux et de bâtons. Il parvint à se défaire des ses agresseurs, en leur laissant la trace de fortes contusions, notamment Dexmier dont un formidable coup de poing du matelot avait écrasé la face. L’assailli revint à Angoulême pour conter sa mésaventure et porter plainte. Sur la foi de son récit on retrouva la trace de Dexmier qui confondu avoua la tentative d’assassinat mais aussi ses crimes antérieurs. Toutefois, il refusa de nommer ses complices et ne voulut jamais chiffrer le nombre exact de ses victimes.

Condamné à mort, le misérable fut exécuté à Saintes en 1818.

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