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1793 - La commune de Challignac (Charente) en l’an II

dimanche 10 septembre 2017, par Pierre, 495 visites.

Introduction de l’article dans La Révolution française - Revue historique
Challignac, canton et arrondissement de Barbezieux, département de la Charente, est aujourd’hui et était, pendant la Révolution une petite commune d’un peu moins de 800 habitants (NDLR : en 1899, environ 800 hab. ; en 2014, 324 hab.), presque tous agriculteurs, paysans. Le registre des délibérations de sa municipalité, du 21 février 1790 à la fin de thermidor an II, subsiste, et M. Chaussonnaud, professeur au lycée de Nîmes, a bien voulu nous en envoyer les extraits suivants, qui ne sont pas sans intérêt pour l’histoire rurale de la Révolution, et dont nous reproduisons textuellement la forme naïve et incorrecte.

Source : La Révolution française - Revue historique - Tome XXXVI (1899) - p. 549

DOCUMENTS INÉDITS - LA COMMUNE DE CHALLIGNAC (CHARENTE) EN L’AN II

 1° Épuration de l’agent national près de la municipalité, en pluviôse an II.

Aujourd’hui, le dixième jour du mois de pluviôse, au II de la République une et indivisible, les citoyens actifs de la commune de Challignac s’étant assemblés sur la réquisition à eux faite par leur municipalité, dans leur temple de la Raison, à l’effet de passer au scrutin épuratoire l’agent national provisoire, conformément au décret du 14 frimaire dernier, en conséquence l’assemblée s’étant premièrement occupée de la nomination des président, secrétaire et scrutateurs, le tout à la pluralité relative des suffrages, lesquels ont été élus pour le président, Louis Sarrazin, maire ; et pour le secrétaire, Jean Housseau, et les scrutateurs Pierre Jollit, Jean Got et Jean Vignon, qui ont tous accepté : l’Assemblée s’étant de suite consultée pour savoir si elle procéderait à cet épurement par la voix du scrutin en biHet ou si elle ferait par la distinction de fèves et de monjettes, cette observation faite, l’Assemblée a unanimement accueilli l’épuration par fèves et monjettes, parce que, attendu que la majorité des membres ne sachant pas écrire eux-mêmes leurs vœux sur des billets, ils pourraient être trompés, au lieu que par fèves et monjettes, ils seraient sûrs que leur opinion ne serait pas changée. Le président ayant de suite annoncé à l’Assemblée qu’il fallait passer à l’épuration du citoyen Broussaud, agent national provisoire, en observant aux citoyens que ceux qui seraient d’avis que ledit citoyen Broussaud fût renommé a la place d’agent national émettraient leur vœu par une monjette, et que ceux qui seraient dans le cas contraire qu’il ne fût pas renommé, le manifesteraient en mettant une fève. Le citoyen président s’étant ensuite fait apporté une petite boite trouée par dessus pour recevoir le vœu de chaque citoyen, alors le résultat de tous ces vœux ayant été que, sur 131 votants, le citoyen Broussaud, agent national provisoire, en a réuni le nombre de soixante-neuf, ce qui fait la moitié plus quatre, et par conséquent a été proclamé pour agent national de ladite commune de Challignac, lequel dit Broussaud a accepté, et de suite prêté le serment de remplir de son pouvoir les devoirs que la loi lui impose, et a prononcé un discours digne d’un vrai sans-culotte et républicain. Dont et de tout ce que dessus, l’Assemblée en a fait le clos et présent procès-verbal et arrêté que copie d’icelui serait, sans délai, envoyée aux administrateurs du district de Barbezieux.

Eglise de Challignac, jadis Temple de la Raison

 2° Fête de la Raison.

Aujourd’hui, le 10 ventôse, l’an II de la République française une et indivisible, nous, maire, officiers municipaux et membres du conseil général de la commune de Challignac, étant assemblés en notre temple de la Raison, avec tous les citoyens et les citoyennes de ladite commune, y convoqués à l’effet de dédier notre dit temple à la Raison, et de nommer ensuite, parmi les citoyennes, une pour représenter la Raison, en conséquence, y avons procédé par scrutin, de manière que la pluralité des suffrages ont été en faveur de la citoyenne Marie Ph. [1], demeurant au village de Chez-Vajot, présente commune, fille sage et tranquille. Le résultat de cette opération lui ayant été présenté, elle l’a accueilli et remercié l’Assemblée par un discours satisfaisant et admirable. Laquelle a ensuite été conduite par ie maire de notre dite commune sur l’autel de la Raison, au bruit des applaudissements et des cris de : Vive la Nation, vive la Convention, vive la Montagne ! La cérémonie ayant été accompagnée des chants, des hymnes patriotiques et républicains, dont le détail nous en avons fait.

 3° Instruction publique.

Aujourd’hui, le 9 Floréal, an II, nous maire, officiers municipaux et membres du conseil général de la commune de Challignac, nous étant assemblés en notre temple de la Raison, à l’effet de vérifier ]e registre, par nous ouvert le trente pluviôse dernier, destiné à inscrire le nom des citoyens et citoyennes qui voudront se vouer à l’instruction publique, conformément à la loi du 29 frimaire dernier, et de mettre en activité, le plus promptement possible, cette loi sublime pour former les jeunes gens aux principes et aux mœurs républicaines ; en conséquence, après vérification faite dudit registre, nous y avons trouvé inscrites les personnes du citoyen Jean Broussaud, agent national, et Jeanne Broussaud [2], les deux de notre dite commune. Le premier ayant déclaré vouloir enseigner les arts de lire, écrire, l’arithmétique, ainsi que tous les principes d’arpentage et quelque peu de géométrie, et ladite Jeanne Broussaud ayant déciaré vouloir enseigner à lire, écrire et les quatre premières règles d’arithmétique, lesquels dits Jean et Jeanne Broussaud ayant en même temps comparu devant nous, munis de chacun leur certificat de civisme rempli des formalités requises par la loi ils nous ont en même temps requis de vouloir bien les accepter pour instituteur et institutrice dans ladite commune de Challignac, ce que nous leur avons octroyé sous les conditions qu’ils se conformeront en tout point à la loi du 29 frimaire dernier,ce qu’ils nous ont promis et juré d’employer tous les moyens qui sont en leur pouvoir et pourront se procurer à la suite à former les élèves qui leur seront confiés aux principes et aux mœurs républicaines, qui sont à jamais les bases de notre bonheur commun.

 4° Salpêtre.

Aujourd’hui 29 germinal, deuxième année républicaine, nous maire, officiers municipaux, notables et membres de ta Société populaire et républicaine de la commune de Challignac, nous étant assemblés dans notre chambre commune à l’effet de prendre des renseignements sur les manières de construire le salpêtre, et d’autant qu’il ne se trouve parmi nous aucun citoyen dans le cas de connaître la terre propre à construire cette arme républicaine, il a été arrêté parmi nous qu’il serait nommé deux sans-culottes, pris dans notre sein, pour se transporter de suite à Barbezieux, afin d’y prendre tous les renseignements nécessaires à cette construction. Et les sans-culottes nommés ont été les citoyens Pierre Buffeteau et Jean Barbot, lesquels, eu bons républicains, ont accepté la commission et promis de s’en acquitter du mieux de leur pouvoir et dans ie plus bref délai.

5 floréai an II. Citoyens maire et officiers municipaux [3], je viens de recevoir le rapport de vos commissaires que vous avez envoyés à Barbezieux pour prendre les renseignements sur la manière de connaître la terre propre à construire ie salpêtre ; il paraît, par ce rapport, que ces commissaires sont à la portée de ce grand travail. C’est en conséquence que vous ayez à vous occuper de suite de mettre en réquisition des citoyens capabtes de former l’atelier, de bêcher la terre et de la conduire à l’endroit que vous désignerez, ainsi que tous les autres objets nécessaires à cette grande opération, soit eu cuves et en barriques. Cet ouvrage est de la plus grande importance, il mérite la plus grande célérité. Et j’aime à me persuader que vous ne négligerez rien de ce qui sera propre à sa construction [4]

 5° Rationnement

25 floréal, 2° année. Citoyens maire et officiers municipaux de Challignac, vous devez à vos commettants toute la justice que vous imposent votre fonction et votre devoir ; vous devez les faire jouir tous collectivement, comme chacun individuellement, de tous les avantages de la société ; vous devez sentir que l’égalité de consommation des subsistances entre les citoyens travaillants est un de vos premiers devoirs. Cependant cette régularité est souvent méconnue, et il arrive assez fréquemment que plusieurs des citoyens qui ont des subsistances au delà de leur consommation, d’après la taxe faite par te citoyen Romme, représentant du peuple, se refusent à livrer du grain à leurs concitoyens, quoique munis de bons en forme de votre commissaire, sous prétexte que ladite taxe n’est pas suffisante pour leur consommation ; cette maxime égoïste ne peut longtemps exister : elle sera sans doute par votre prudence anéantie ; vous montrerez à tous les citoyens qu’ils sont des frères, quelle que soit leur opinion, et que toutes les subsistances qui existent dans la République doivent être communes entre eux, et partagées comme telles. Il faut sans doute que tous les citoyens travaillent. Mais en même temps, il faut qu’ils vivent. Vous avez encore un grand abus à détruire : c’est que tous les citoyens qui ont des subsistances au-dessus de leur consommation sont dans la simplicité de croire qu’ils no doivent subir aucune taxe, et qu’il ne doit y avoir de taxe que pour les citoyens qui les achètent ; voilà sans doute la source d’où vient qu’ils refusent de remplir les bons qui leur sont présentés. Il est encore une juste observation à faire c’est qu’il se trouve, parmi les citoyens, un nombre qui n’ont pas une grande quantité de grains disponibles, et, par ce moyen, ne peuvent pas remplir les bons qui leur sont adressés, quoique leur volonté soit vraiment fraternelle. En conséquence, pour reconnaître la volonté des bons et l’égoïsme des méchants, et pour que tous les citoyens jouissent en même temps des fruits de votre justice et de votre sagesse, je vous propose qu’il soit sans délai fait un tableau de la consommation de chaque famille particulière à compter depuis le jour que les commissaires envoyés par le représentant Romme ont fait le recensement jusqu’au dernier jour de messidor prochain, d’après les propositions de la taxe faite par ledit citoyen Romme, et qu’après ce tableau formé, vous ayez à nommer dans votre sein un nombre suffisant de commissaires pour se transporter chez tous les citoyens de ladite commune, et faire le mesurage de leur consommation et l’excédent être ensuite mis dans des sacs, pesé, cacheté et mis en réquisition pour servir au premier besoin ; nonobstant ils resteront déposés chez eux, dont ils en seront rendus responsables jusqu’à l’enlèvement Cette opération sage et économique étant faite, et d’après le tableau énonciatif de l’excédent formé, il sera facile de connaître la véritable situation de ladite commune et d’adresser directement les bons aux citoyens qui posséderont ces excédents. J’ose bien me persuader, citoyens, que vous ne perdrez pas de vue cette opération économique, et que vous ne négligerez rien pour la mettre le plus tôt possible à exécution [5]


Voir en ligne : La Révolution française - Revue historique - BNF Gallica


[1Les descendants de la famille Ph. habitent encore la commune. Ce sont de petits propriétaires, qui ne se souviennent pas de ce fait. Ils sont estimés de la population.

[2Femme du précédent. C’est Broussaud qui, à cette date, rédigeait les délibérations de la commune.

[3C’est sans doute l’agent national qui parle.

[4Douze personnes, sept barriques, une cuve ont été réquisitionnés. La terre a été conduite dans la grange ci-devant curiale.

[5A la suite d’une délibération, les grains ont été pesés et mesurés. On en a laissé la quantité nécessaire aux possesseurs, à raison d’une livre pour chaque travailleur et d’une demi-livre pour tout citoyen ne travaillant pas et cela jusqu’au 13 messidor prochain.

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