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1844 - 1 - Le Comte de Luc crée la colonie agricole de La Vallade. L’administration enquête - Archives

mardi 7 décembre 2010, par Pierre, 587 visites.

Plan général de cette étude Références et bibliographie

En octobre 1843, le Comte de Luc écrit au Ministre de l’Intérieur pour annoncer son intention de créer la colonie agricole de La Vallade à Rétaud (17). En mars 1844, le Ministre demande des précisions au Préfet de la Charente-Inférieure. Une enquête est lancée. L’établissement a déjà commencé à fonctionner.

Source : AD17 – Cote 3X373 – Transcription par Pierre Collenot

Liste des documents
- 13/03/1844 – Lettre du Ministère de l’Intérieur (Direction départementale et communale - établissements de bienfaisance) au Préfet de la Charente-Inférieure, suite à la lettre du Comte de Luc du 27/10/1843 annonçant son intention de créer la colonie de la Vallade à Rétaud. Le ministère demande un rapport sur de Luc voir ce document
- 16/03/1844 – Lettre du Préfet au sous-préfet de Saintes suite à l’annonce par de Luc de son intention. Demande de renseignements sur de Luc voir ce document
- 22/03/1844 – Réponse du sous-préfet de Saintes à la lettre du Préfet du 16/03. Le sous-préfet raconte son enquête sur les lieux voir ce document
- 25/03/1844 – Lettre du Préfet de la Charente-Inférieure au Ministre de l’Intérieur à propos de la création récente de la colonie de la Vallade – Une sorte de rapport type Renseignements Généraux voir ce document

 13/03/1844 – Ministère de l’Intérieur au Préfet de la Charente-Inférieure

Ministère de l’Intérieur – Direction départementale et communale – 3e section : Etablissements de bienfaisance – 2e bureau : Aliénés, Enfants trouvés et Mendicité

Paris le 13 mars 1844

Monsieur le Préfet,

j’ai reçu, sous la date du 27 octobre dernier, une lettre par laquelle M. Deluc, demeurant à Vallade, près Saintes, expose qu’il est dans l’intention de réunir un certain nombre d’enfants trouvés, à l’effet de les former au service de domestiques de biens ruraux, et qui vient d’acquérir, à cet effet, une vaste habitation, entourée de plusieurs hectares de terre. Ce propriétaire qui déclare agir que dans des vues philanthropiques et désintéressées, me demande une autorisation spéciale pour l’accréditer près des Commissions administratives des hospices.

Avant de donner aucune suite à la demande de M. Deluc, j’ai l’honneur de vous prier de me faire connaître votre avis sur le mérite de cette demande, je vous transmets ci-jointe. Vous voudrez bien, monsieur le Préfet, m’adresser les renseignements et les observations que vous croirez propres à m’éclairer sur la moralité et la position de fortune de l’exposant, un cycle sur les résultats probables de la petite colonie agricole qu’il se proposerait de fonder.

Recevez, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma considération très distinguée.

Pour le ministre et par autorisation, le Sous Secrétaire d’État.

 16/03/1844 – Le Préfet de la Charente-Inférieure au sous-préfet de Saintes

Le 16 mars 1844

Monsieur le sous-Préfet

M. Deluc, demeurant à Vallade, commune de Retaud, vient d’exposer à M. le Ministre de l’Intérieur qu’il est dans l’intention de réunir un certain nombre d’enfants trouvés, à l’effet de les former au service de domestiques de biens ruraux, et que, dans ce but, il a acheté une vaste habitation entourée de plusieurs hectares de terres. Ce propriétaire qui déclare n’agir que dans des vues philanthropiques et désintéressées, demande une autorisation spéciale pour l’accréditer près des commissions administratives des hospices.

Avant de donner aucune suite à la demande de M. Deluc, monsieur le ministre de l’intérieur désire obtenir des renseignements propres à l’éclairer sur la moralité et la position de fortune de l’exposant, ainsi que sur les résultats probables de la petite colonie agricole qu’il se proposerait de fonder.
J’ai l’honneur de vous prier, M. le sous-préfet, de vouloir bien prendre des informations à cet égard, et m’en transmettre le résultat le plus promptement possible, avec votre avis.

 22/03/1844 – Le Sous-préfet de Saintes au Préfet de la Charente-Inférieure

Sous-préfecture de Saintes – 1ère division – Hospices, enfants trouvés

Saintes le 22 mars 1844

Monsieur le préfet,

Pour me conformer au désir que vous m’exprimez dans votre lettre du 16 mars, j’ai pris les renseignements les plus propres à éclairer M. le Ministre de l’intérieur sur la moralité, la position et le succès probable de M. le Comte de Luc, fondateur du nouvel établissement philanthropique de Valade, commune de Rétaud.

Je me suis rendu sur les lieux mêmes, sans y être attendu ; j’ai trouvé l’ancien Château de Valade, appartenant naguère à la famille d’Abzac, transformé en Asile de Notre-Dame de Valade. L’habitation est vaste, située au milieu d’un paysage charmant, sur le bord du chemin de grande communication de Saintes aux Monards, à 8 km de Saintes ; l’intérieur de la maison est fort délabré, mais il est logeable et à peu de frais on l’appropriera parfaitement à sa destination. Les dépendances, d’une étendue approximative de 5 hectares, se compose de jardins, vignes, prés et champs, en état de culture, et de plein rapport, le tout est la propriété de M. le Comte de Luc, qu’il a achetée de ses propres deniers.

Cet homme respectable, tient aux familles les plus considérables du pays ; il est connu par sa piété, sa bienfaisance, et ce sont les vertus modestes qui l’auraient porté à entrer en qualité de frère agriculteur à la Colonie de Saint-Antoine, qu’il a quittée dans le courant de l’automne dernier, pour se mettre à la tête de l’asile de Valade. Sa fortune n’est pas considérable, mais elle est suffisante pour lui permettre beaucoup de bonnes oeuvres, qu’il prétend concentrer à l’avenir dans son établissement.

C’est aux enfans trouvés du sexe masculin, exclusivement, qu’il a l’intention de se dévouer ; il gémissait, m’a-t-il dit, de l’état d’abandon où ces pauvres êtres se sont laissés par la plupart des gens de la campagne, auxquels on les a confiés.

Il espère que des soins paternels, une éducation religieuse et morale, des habitudes laborieuses inculquées dès l’age le plus tendre, pourront amener au bien ceux que l’administration des hospices placera sous sa tutelle. Il les prend aussi tôt qu’ils sortent de nourrice et les gardera, dit-il, jusqu’à 20 ans ; il les formera pour l’Agriculture et les professions qui s’y rapportent.

Quant à présent, il se borne à en recevoir vingt-quatre, dont douze sont déjà depuis quatre mois entre ses mains : deux d’entre eux ont de 8 à 10 ans ; les dix autres sortent à peine du berceau. ; le plus âgé n’a certainement pas trois ans et demi ; ordinairement si chétifs, ils ont tout un air de prospérité qui réjouit le coeur, et confirme la bonne opinion qu’inspire leur vénérable protecteur.

C’est M. le Comte de Luc, lui-même, qui remplace auprès d’eux les parents dont ils sont privés ; c’est lui qui les sort du lit, qui les habille, qui préside à leur repas, à leurs jeux, à leur coucher ; et l’on peut dire que la mère la plus vigilante n’a pas pour sa jeune famille des soins plus attendrissants que lui, pour tout ce qui l’entoure. S’il était permis d’en douter, l’affection que tous les enfants lui témoignent, serait la preuve la plus certaine des efforts qu’il a faits pour l’obtenir.

Il est secondé dans son œuvre par trois jeunes gens qu’il appelle ses frères, et qui paraissent sortir de conditions assez humbles : l’un est chargé de la cuisine, l’autre s’occupe avec lui des enfants, le dernier, fils de l’instituteur de Grezac, leur donnera les premiers enseignemens, quand ils seront capables de les recevoir.

Je me résume, Monsieur le préfet, en disant qu’un homme animé, comme parait l’être M. de Luc, mérite les plus grands encouragemens ; d’abord parce que c’est un homme de bien occupé d’une œuvre véritablement philanthropique ; en second lieu, par ce que la colonie de Valade, spécialement consacrée aux enfants des hospices, ne me paraît pas avoir de modèle dans le département est peut-être en France.

Je ne prétends pas qu’elle ait encor réalisé ce qu’elle promet ; mais avec une bonne direction, et elle l’a, avec de bons conseils, et ils ne manqueront pas à son directeur, elle comblera une lacune que la morale et la charité signalaient depuis longtemps, sans avoir entrepris de la combler, autrement que par des moyens reconnus insuffisans, pour ne pas dire absolument infructueux.

M. le Comte de Luc ne réclame les secours de personne ; il se contente de la faible rétribution que l’administration des hospices accorde aux nourriciers des enfants trouvés pour les indemniser de leurs soins ; sa fortune privée complétera les résultats qu’il est matériellement impossible d’obtenir avec une somme aussi minime que celle qui lui est allouée par chaque enfant. Toute subvention ne sera pas cependant refusée,, qu’il l’obtienne de la charité privée ou de la munificence publique.

Aussi M. le préfet, ne puis-je trop vous inciter à solliciter de M. le ministre de l’intérieur, une somme quelconque, à titre d’encouragement, pour l’asile de Valade. Son matériel n’est pas encor composé ; des dépenses et l’acquisition sont nécessaires ; la literie surtout, commencée d’une manière très convenable, est loin encor d’être complète ; l’appropriation du local même est urgente. Un secours accordé dans ce double but, mettra M. le Comte de Luc dans le cas d’étendre bientôt à un nombre d’enfants plus considérables, l’admission s’il est obligé de restreindre au chiffre de vingt quatre ; et vous aurez contribué à doter votre département d’une fondation qui peut être sera bientôt prise comme modèle par nos voisins.

Agréez, M. le préfet, l’assurance de mon respect.

L’auditeur au Conseil d’État, sous-préfet.

 25/03/1844 – Le Préfet de la Charente-Inférieure au Ministre de l’Intérieur

Monsieur le ministre,

Pour satisfaire au désir que vous m’avez exprimé dans la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 13 de ce mois, j’ai pris les renseignements les plus propres à éclairer Votre Excellence sur la moralité, la position de fortune et le succès probable de M. le comte de Luc, fondateur de la petite colonie agricole qu’il vient de créer au village de Vallade, commune de Rétaud, arrondissement de Saintes.
Cet homme respectable tient aux familles les plus considérables du pays ; il est connu pour sa piété, sa bienfaisance et ce sont ces vertus modestes qui l’avaient porté à entrer, en qualité de frère agriculteur, à la colonie de Saint-Antoine, qu’il a quittée dans le courant de l’automne dernier, pour se mettre à la tête du nouvel asile qu’il vient de former. Il ne possède pas une très grande fortune, mais elle est suffisante pour lui permettre beaucoup de bonnes œuvres qu’il prétend concentrer à l’avenir dans son établissement de Vallade, qu’il a fondé dans le château de ce nom, et dont les dépendances, qui sont d’une étendue approximative de 15 hectares, se composent de jardins, vignes, prés et champs, en état de culture et de plein rapport.
C’est aux enfants trouvés du sexe masculin, exclusivement, que M. de Luc a l’intention de se dévouer. Il espère que des soins paternels, une éducation religieuse et morale, des habitudes laborieuses inculquées dès l’âge le plus tendre, pourront amener ou bien ceux que l’administration des hospices placera sous sa tutelle. Il les prendra aussitôt qu’ils sortent de nourrice et les gardera jusqu’à 20 ans ; il les formera pour l’agriculture et les professions qui s’y rapportent.
C’est M. le comte de Luc, lui-même, qui remplace auprès de ces enfants les parents dont ils sont privés ; c’est lui qui préside à leur lever, à leur coucher, à leur repas et à leurs jeux, et l’on peut dire que la mère la plus vigilante n’a pas pour sa jeune famille de soins plus touchants.
Il est secondé dans son œuvre par trois jeunes gens qu’il appelle ses frères, et qu’ils paraissent sortir de conditions assez humbles : l’un est chargé de la cuisine, l’autre s’occupe avec lui des enfants, et le dernier, fils de l’instituteur du lieu, leur donnera les premiers enseignements quand ils seront capables de les recevoir.
Je me résume, Monsieur le Ministre, en disant qu’un homme animé, comme paraît l’être M. de Luc, de cet esprit de philanthropie, mérite les plus grands encouragements ; d’abord parce que c’est un homme de bien occupé d’une œuvre véritablement utile ; en second lieu, par ce que la colonie de Vallade, spécialement consacrée aux enfants des hospices, ne me paraît pas avoir de modèle dans le département et peut-être en France.
M. de comte de Luc ne réclame le secours de personne, il se contente de faible rétribution que l’administration des hospices accorde aux nourriciers des enfants trouvés ; sa fortune privée complétera les résultats qu’il est matériellement impossible d’obtenir avec une somme aussi minime que celle qui lui sera allouée pour chaque enfant, qu’il l’obtienne de la charité privée ou de la munificence du gouvernement ; aussi, ne puis-je trop solliciter, votre excellence, pour qu’une somme quelconque soit accordée à titre d’encouragement à l’asile de Vallades : son matériel n’est pas encore composé ; des dépenses d’acquisition sont nécessaires ; la literie surtout commencée de manière très convenable, est loin encore d’être complète ; l’appropriation du local même est urgente. Un secours accordé dans ce double but mettrait M. le comte de Luc dans le cas d’étendre bientôt à un nombre d’enfants plus considérable l’admission qu’il est obligé aujourd’hui de restreindre au chiffre de 24.
Ces considérations me font penser qu’en accordant un secours à M. de Luc, on ne peut donner une destination plus utile aux fonds consacrés à encourager ceux qui se vouent au soulagement des enfants trouvés et abandonnés.
Je prie donc votre excellence de donner au fondateur de la colonie de Vallade un témoignage de sa bienveillance.

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