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1848 – La colonie agricole de la Vallade (Rétaud 17) sous surveillance - Archives

vendredi 18 mars 2016, par Pierre, Razine, 265 visites.

Plan général de cette étude Références et bibliographie

L’année 1848 est une année difficile pour la colonie agricole de La Vallade. Dans un contexte politique troublé par la chute du régime de Louis-Philippe, la petite colonie agricole survit difficilement. Le Comte de Luc sollicite de nouveau une aide financière, mais le Préfet a changé et les plaintes enregistrées au cours des années précédentes ont terni la réputation de la colonie. L’administration se montre méfiante. Le ministre de l’Intérieur s’interroge : de Luc aurait-il des arrière-pensées spéculatives ? La surveillance se resserre autour de la Vallade.

Archives de l’année 1848

- 19/08/1848 – Lettre du Ministre de l’Intérieur au Préfet - « Citoyen Préfet,,, » - De Luc a demandé une aide de 3000 f. - « Diverses appréciations m’ont laissé l’impression que le fondateur de la Vallade n’était pas exclusivement dirigé par des vues de bienfaisance, mais qu’il cédait peut-être aussi à des pensées de spéculation. »- J’attends votre avis sur cette demande d’aide, et dites moi si vous laisserez partir les enfants en Algérie. Voir ce document
- 26/08/1848 – Lettre du Préfet au Ministre de l’Intérieur – Je suis nouveau ici et je ne connais pas le cas de cet établissement. Les enfants y sont mieux que chez les « nourriciers » de campagne. - Une inspection a été faite récemment – 72 enfants de 3 à 12 ans – l’habillement et la propreté laissent à désirer – enfants inoccupés et pas formés – Mais l’action de M de Luc doit être encouragée – Avis défavorable pour l’envoi d’enfants en Algérie avant l’âge de 15 – 20 ans. Voir ce document
- 28/11/1848 – Délibération du Conseil Général de la Charente-Inférieure : vote d’une aide de 2000 f pour la Vallade. Voir ce document
- 29/12/1848 – Arrêté préfectoral instituant une commission de surveillance de l’établissement de la Vallade. Voir ce document

 19/08/1848 - Le ministre de l’Intérieur au préfet de la Charente-Inférieure)

Ministère de l’Intérieur Paris, le 19 août 1848
3e division
Administration générale et départementale

2e bureau
Aliénés, enfants trouvés et mendicité Au citoyen Préfet de la Charente inférieure

Réponse à la lettre du

Division-Bureau
Enfants trouvés
Etablissement de la Vallade

Citoyen Préfet, le citoyen de Luc, fondateur de la Vallade, s’est adressé à moi à l’effet d’obtenir en faveur de son établissement et sur les fonds du budget de mon ministère, un secours de 3000 francs.

Avant de statuer sur cette demande, je dois vous faire connaître que les appréciations diverses sur cet établissement dont il a été l’objet de la part des différentes autorités de la Charente inférieure, m’ont laissé une impression que le fondateur de la Vallade n’était pas exclusivement dirigé par des vues de bienfaisance, mais qu’il cédait peut-être aussi à des pensées de spéculation.

Veuillez je vous prie me faire connaître votre opinion sur ce point. Veuillez également, me faire savoir ce que vous pensez de l’organisation même de cet établissement et des frères, de leur ordre indéterminé, par lesquels il est desservi. Veuillez enfin m’informer ; si renonçant aux idées de prudence qui avaient porté votre prédécesseur à s’opposer à un projet semblable de M. de Montigny ; vous êtes disposé à laisser le pétitionnaire libre d’emmener en Algérie les enfants qui lui ont confiés par les hospices dépositaires de votre département.

Salut et Fraternité
Pour le Ministre et par autorisation
Le secrétaire général
Signature

 26/08/1848 - Le préfet de la Charente-Inférieure au ministre de l’Intérieur

Monsieur le ministre de l’intérieur Le 26 août 1848

3ème division
Administration générale départementale

2ème bureau
Aliénés, enfants trouvés et mendicité
Etablissement de La Valade

Monsieur le Ministre

Vous m’informez par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 19 de ce mois, que Mr de Luc, fondateur de l’établissement agricole d’enfants trouvés de la Valade, s’est adressé à vous, à l’effet d’obtenir en faveur de cet établissement et sur les fonds du budget de votre ministère, un secours de 3000 F.

Avant de statuer sur cette demande, vous croyez devoir me faire connaître que les appréciations diverses dont cette institution a été l’objet de la part des différentes autorités de la Charente inférieure, vous ont laissé cette impression que le fondateur de la Valade, n’était pas exclusivement dirigé par des vues bienfaisantes mais qu’il cédait peut-être aussi à des pensées de spéculations. Vous m’avez demandé dès lors de vous fournir mon opinion sur ce point et de vous faire savoir également ce que je pense de l’organisation même de cet établissement et des frères par lesquels il est desservi. A ces renseignements, vous désirez que j’ajoute si renonçant aux idées de prudence qui auraient porté l’un de mes prédécesseurs à s’opposer à un projet semblable de M. de Montigny, je suis disposé à laisser le pétitionnaire libre d’emmener en Algérie, les enfants qui lui on été confiés par les hospices dépositaires.

Il me serait fort difficile, Monsieur le Ministre, de répondre avec une connaissance personnelle à la première partie de votre dépêche : arrivé depuis peu de mois dans le département de la Charente inférieure, je n’ai pu encore me livrer d’une manière bien sérieuse à l’examen de toutes les grandes questions humanitaires qui se rattachent au service des enfants trouvés. La colonie de la Valade n’a donc pu fixer mon attention d’une manière particulière, ce que j’en sais seulement c’est qu’il est incontestable que les enfants de la Patrie y sont mieux que chez la plupart des nourrices ; on ne peut d’ailleurs hésiter à croire qu’ils y sont plus moralement élevés ; mais il est possible, il est même probable que leur éducation est dirigée de telle façon qu’ils ne soient bons à pas grand-chose, quand ils quitteront cette vie commune dans laquelle ils ne voient pas comment on se procure le pain de chaque jour. C’est une grave question que celle qui touche à l’habitude du travail, à la vie active à ce développent spécial de l’intelligence du pauvre qui le rend propre de très bonne heure à subvenir aux besoins de la vie.

Sans doute que l’organisation de cet établissement, la direction laissent encore beaucoup à désirer et réclament des améliorations que l’administration saura provoquer ; mais ce qui est constant, c’est que les enfants y reçoivent une nourriture plus saine, plus abondante et des soins hygiéniques qu’ils ne trouvent pas toujours chez les nourriciers de la campagne, et ce qui vient à l’appui de cette assertion, c’est que la mortalité n’a point encore sévi chez aucun des enfants confiés à la colonie de la Valade.

Monsieur l’inspecteur du service des enfants de la Patrie a visité tout récemment encore cet établissement, et voici dans quels termes il me rend compte de sa visite :

« 2 garçons de 3 à 12 ans, sont en ce moment à l’asile de la Valade. Je les ai visité trois fois cette année, je les ai toujours trouvés en bon état de santé, et les médecins de la maison s’accordent tous à dire que les enfants y sont convenablement sous tous les rapports. Ils ont reconnu avec moi, que la lingerie est trop peu garnie de vêtements ou de linge de rechange, et que malgré les soins des frères et du directeur, la propreté des enfants de 8 à 12 ans a laissé souvent à désirer. La commission administrative de l’hospice de Saintes, appelée à désigner 20 enfants que demandait M.de Luc, a hésité jusqu’à ce jour, à les envoyer rejoindre ceux du même hospice qui sont à Valade, depuis 3 ans, parce que disent les rapports de M. le Maire de Saintes et de la commission administrative : « les ateliers que devait organiser les Directeur n’existent encore qu’à l’état de projet ; parce que l’établissement manque des terres et du matériel nécessaires pour que les élèves soient exercés aux travaux agricoles ; enfin parce que ces enfants peu ou point occupés ne se préparent point à la vie de travail à laquelle ils sont destinés.

Ces observations me paraissent fondées, bien que lors de ma dernière visite, j’ai trouvé deux enfants à l’atelier de menuiserie ; un à travailler avec un serrurier ; deux auprès d’un tailleur et trois ou quatre autres qui s’occupaient à préparer de la laine qui devait être à carder. M. le directeur me fit observer que des enfants de 7 à 12 ans ne pouvaient guère être employés au labourage ; que lorsqu’ils pourraient l’être, ils seraient envoyés par ses soins à la colonie de St Antoine, près de Plassac ; que si les ateliers n’étaient pas en pleine activité et fréquentés par un plus grand nombre d’enfants, cela tenait, d’une part à ce que peu d’entre eux étaient assez âgés pour y être employés avec fruit, et de l’autre, que des affaires graves l’avaient obligé à de fréquentes absences de La Valade ; enfin que le temps des enfants un peu grands était partagé entre les travaux actuels de la maison, du jardin, des bestiaux et les études primaires auxquelles ils se livraient au moins trois heures par jour.

Les explications de M. le directeur m’ont paru satisfaisantes.

De l’ensemble de ces faits, il résulte que la petite colonie de la Valade est une utile et philanthropique création qui ne saurait être trop encouragée et comme elle est l’œuvre généreuse d’un seul homme et qu’elle ne se soutient que par quelques dons particuliers et les subventions annuelles que lui accordent le gouvernement et le département j’estime, Monsieur le Ministre, que la demande qu’il vous a présentée mérite d’être accueillie favorablement.

Pour asseoir une opinion sur le personnel de cet établissement, dirigé par des frères d’un ordre indéterminé il faudrait que je me misse en rapport avec eux, c’est ce que je me propose de faire, comme de visiter moi-même en détail la colonie de la Valade, mais dès à présent, je suis assez bien renseigné pour chercher à détruire chez vous, Monsieur le Ministre, cette impression que le fondateur de la Valade n’est pas exclusivement mu par des vues de bienfaisance. Ce n’est pas là le caractère qu’il faut attribuer aux sentiments qui animent M. de Luc ; ses pensées une source plus honorable ; c’est dans un véritable but d’humanité, c’est en y consacrant sa fortune, ses veilles, qu’il se dévoue ainsi que les hommes vertueux qui le secondent à l’œuvre morale et charitable qu’il a entreprise.

Quant à lui permettre d’emmener en Algérie les enfants qui lui sont confiés par les hospices dépositaires du département, je me range entièrement à l’avis qu’un de mes prédécesseurs avait exprimé qu’il y aurait pour ces enfants, plus de mauvaise chances que de bonnes à les envoyer dans nos possessions d’Afrique. Je connais assez ce pays que j’ai visité dans le but d’étudier quel système la colonisation agricole lui conviendrait, pour pouvoir vous affirmer qu’une colonie de ces enfants si on les y envoyait avant l’âge de 15 à 20 ans ne saurait y prospérer et deviendrait un embarras pour l’administration mais d’un autre côté je suis convaincu qu’en dirigeant l’éducation de ces enfants dans un sens convenable on pourrait les rendre propres à y être envoyés à l’âge de 16 à 18 ans, ils seraient alors des colons précieux et plus disposés que d’autres à suivre le plan de colonisation qui sera reconnu définitivement comme le meilleur par l’administration.

 28/11/1848 - Délibération du Conseil Général de la Charente-Inférieure

DEPARTEMENT DE LA CHARENTE INFERIEURE

DELIBERATIONS DU CONSEIL GENERAL

2e SESSION DE 1848

Séance du 28 novembre 1848

COLONIE DE SAINT-ANTOINE – ASILE DE VALLADE

(allocation)

Le conseil général alloue, au budget de 1849, une somme de 3 000 francs, destinée à solder les frais d’entretien des quinze enfants trouvés que le département place dans cet établissement de charité.

Il vote aussi une somme de 2 000 francs, à titre de secours pour l’asile de Vallade.

 29/12/1848 - Arrêté du préfet de la Charente-Inférieure + courrier au sous-préfet de Saintes

La Rochelle, le 29 décembre 1848

Le Préfet de la Charente Inférieure

Considérant que l’asile de Note Dame de Valade, commune de Rétaud, arrondissement de Saintes, où sont reçus les jeunes élèves des hospices, est un établissement que l’administration doit protéger et encourager, puisqu’il a pour but d’améliorer le sort des enfants trouvés et abandonnés, en les dirigeant vers le bien et en les préparant par une instruction morale et religieuse, à l’instruction professionnelle qui leur est salutaire.

Considérant que cette protection et cet encouragement ne sauraient être mieux accordés que lorsque l’administration sera en mesure d’avoir sur cet établissement tous les renseignements qui lui permettront d’en apprécier l’utilité d’en suivre les développements : que pour parvenir à ce résultat, la création d’une commission de surveillance près la petite colonie agricole de Valade, devient indispensable.

Considérant que M. de Luc, fondateur de cet établissement, demande lui-même la formation de cette commission, qui sera entre lui et l’administration, un utile intermédiaire.

ARRETE :

Art. 1er - Une commission de surveillance est instituée près de la colonie agricole de Valade ; la principale mission est de renseigner l’administration sur les besoins de cet asile et la Direction à imprimer à un établissement que subventionnent l’Etat et le Département.

Art. 2e - Cette commission est composée ainsi qu’il suit :

M. le sous-préfet de l’arrondissement de Saintes, Président ;
M. le maire de Saintes, vice-président ;
M. Charrier, juge de paix du canton de Saintes (nord)
M. Arnault Edmond, propriétaire 
M. Sarrazin Léon, propriétaire
M. Deaubonneau,propriétaire
M. Poitevin, maire de Rétaud

Art. 3 - Cette commission ainsi constituée s’occupera immédiatement de concert avec M. de Luc, de rédiger un projet de règlement qui déterminera ses obligations et les attributions qui lui seront dévolues.

Ce règlement sera soumis à l’approbation du Préfet.

Art. 4 - Le présent arrêté sera adressé à M. le sous-préfet de Saintes, qui assurera son exécution, et qui est chargé d’en rectifier les dispositions à M. de Luc.

Monsieur le sous-préfet de Saintes

Monsieur le sous-préfet,

Conformément aux propositions contenues dans votre lettre du 26 de ce mois, j’ai nommé par l’arrêté ci-joint, les membres qui doivent composer la commission de surveillance instituée près de la colonie agricole de Valade.

J’ai l’honneur de vous prier de constituer cette commission et de l’inviter à s’entendre avec M. De Luc, pour préparer le projet de règlement qui devra déterminer ses attributions et ses obligations.

Vous aurez soin, Monsieur le sous-préfet d’adresser copie de mes arrêtés à M. de Luc.

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