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1845 - Colonie agricole de la Vallade (17 Rétaud) : de l’euphorie aux premières interrogations
jeudi 16 décembre 2010, par , 475 visites. ,
Plan général de cette étude | Références et bibliographie |
Durant toute l’année 1844, les autorités qui confiaient des enfants trouvés ou abandonnés à la Vallade se montrèrent bienveillantes quant au mode de fonctionnement de la colonie. Ne fallait-il pas encourager le Comte de Luc dans son entreprise puisque l’État ne pouvait assurer seul la gestion de tous ces enfants ? Jusqu’à l’automne, il semble que de Luc n’ait pas été critiqué mais plutôt sollicité pour recevoir davantage d’enfants issus des hospices de Charente Inférieure. En 1845, le discours commence à changer et l’administration après plusieurs inspections commence à se poser des questions.
ANNEE 1845
Ce qui s’est passé en France en 1845
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() 230 journaux se partagent le marché parisien. En France, on compte 750 journaux. |
Liste des documents d’archives associés à cet article - 24/09/1845 - Lettre du Préfet de la Charente-Inférieure aux membres de la commission administrative des hospices de Saintes et de La Rochelle, pour les inciter à envoyer des enfants à La Vallade (voir ce document) ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Le 24 septembre 1845, le Préfet écrivait sa satisfaction à la commission administrative des hospices de Saintes et de La Rochelle, suite à la visite du Président du Conseil Général, Mr Dufaure, à la colonie de la Vallade : « les enfants y trouvent réunis un bien être et une bonne éducation morale et religieuse, bien meilleure que chez les nourriciers ». Aussi, le Préfet encourageait-il l’envoi de 25 enfants de 30 mois à 4 ans. Le 4 novembre, il pouvait annoncer au Comte Jean de Luc, l’attribution de 1000 F de subvention pour l’année 1846 devant servir à améliorer la literie des enfants. Déjà, à l’ouverture de la colonie une visite inopinée avait pointé du doigt les lacunes en matière d’hébergement.
Donc, en cette fin d’année, la surveillance se resserrait. Le 15 novembre, le délégué de l’Inspection des enfants trouvés et abandonnés avec le docteur Briault, rédigeait un compte-rendu adressé au Préfet.
Cette enquête donne des renseignements très intéressants sur l’établissement, le nombre des enfants placés d’après leur lieu d’origine. On peut les suivre du lever au coucher. Élevés, « instruits » par des hommes, les soins laissaient à désirer. On peut lire dans le rapport de l’inspecteur : « L’état de propreté de leur tête, du visage, des pieds et des mains prouve qu’il reçoivent les soins que réclame leur âge ; mais aussi qu’ils ne sont pas donnés par des femmes… la nourriture est celle des habitants des campagnes »( lettre du 15 novembre 1845). De fait, on trouverait aujourd’hui ce régime alimentaire bien frugal et déséquilibré pour des enfants de cet âge. Pourtant, on pourra lire dans un autre rapport d’inspection : « La fraîcheur, l’embonpoint de presque tous les enfants attestent d’un bon état sanitaire » (lettre du 24 novembre 1845). Nous sommes en novembre et seuls les plus petits portaient des bas de laine. Quant à l’instruction prodiguée elle consistait en un peu de lecture, de calcul et des cours de religion. Les plus grands étaient employés à l’atelier de saboterie. Mais que faire des plus petits ! Des enfants de 5 ans gardaient une vache ou une brebis ou s’affairaient à des tâches domestiques. On devine l’état d’abandon, la vacuité des jours alors que des enfants d’un âge aussi tendre auraient dû faire l’objet de soins affectueux et maternels !
Ce constat soulignait toutes les insuffisances mais la conclusion donnée à ce rapport restait encore modérée. Les dysfonctionnements furent attribués à la création récente de cette institution, au manque de moyens financiers. Mais d’autres inspections allaient suivre et le discours commencer à changer. Dans les lits, les draps étaient trop petits pour les recouvrir complètement, ce n’étaient que des drapeaux : « Les commissaires, en effet, ont remarqué avec une juste douleur, que faute de ressources suffisantes, M. Duluc (sic) s’était réduit à la cruelle nécessité de coucher ces malheureux enfants sur des paillasses garnies de paille ou de balle d’avoine qui n’étaient recouvertes que d’un morceau de toille tellement étroit qu’il était entièrement inutile à l’enfant ». (lettre du 20 novembre 1845). Ce problème sera cité de manière récurrente pratiquement à chaque inspection.
Malgré la bonne volonté, la misère physique et morale de ces tout-petits transparaît à la lecture de ces documents.