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1846 - La colonie agricole de la Vallade se développe avec une fausse note
lundi 17 janvier 2011, par , 758 visites.
Plan général de cette étude | Références et bibliographie |
Au cours de l’année précédente (1845), l’administration avait adressé à plusieurs reprises des remarques au Comte de Luc sur la mauvaise tenue de la colonie agricole de la Vallade, recevant les enfants trouvés ou abandonnés. En 1846, le cas de l’enfant Tabourin, retiré de la colonie pour raisons de santé, soulève de nouvelles questions et révèle les suspicions des hospices du département sur les conditions d’accueil des enfants. Le Préfet, quant à lui, continue de se réjouir d’une institution privée qui ôte à la collectivité, pour un coût modique, une sérieuse épine du pied.
Liste des documents d’archives associés à cet article - 30/06/1846 - Lettre du Préfet de la Charente-Inférieure à M.M. les membres de la commission administrative de l’hospice civil de La Rochelle, et au sous-préfet de Saintes pour inciter les hospices à envoyer de nouveaux enfants à la Vallade (voir ce document) ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
1846 – Une affaire embarrassante : l’enfant Tabourin retiré de la colonie de la Vallade pour défaut de soins.
Dates-clé de 1846 - 16/04 – Attentat contre Louis-Philippe par Lecomte, guillotiné le 8/06 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
La Vallade se développe
- La Vallade - Rétaud 17
- Photo : Pierre Collenot
Pendant le 1er semestre de l’année 1846, l’administration resta silencieuse sur le fonctionnement de l’établissement de la Vallade. Sa capacité d’accueil fut même portée à 60 enfants et Jean de Luc recruta de nouveaux collaborateurs pour les encadrer. (voir lettre du 30/06/1846)
Une commission spéciale fut nommée pour visiter la colonie, subventionnée par l’état et le département. Tout semblait aller bien .
Le sous-préfet de Saintes incita les commissions administratives des hospices de Saintes et de La Rochelle à donner leur aval au placement de nouveaux enfants à la Vallade. (voir lettre du 12/08/1846)
Dans un rapport d’inspection fin 1845, l’inspecteur des enfants trouvés n’avait-il pas écrit : « les enfants ne peuvent être mieux sous tous les rapports que dans l’établissement fondé par M. de Luc ».
Une fausse note : l’affaire de l’enfant Tabourin
Dans ce concert de louanges, l’affaire Jacques Tabourin allait jouer une note discordante. En août 1846, cet enfant retiré de la Vallade arriva à l’hospice civil de La Rochelle dans un état alarmant. Dans son rapport, le médecin indiquait que son état de maigreur et de langueur était occasionné par le manque de soins et la privation d’une nourriture substantielle. De fait, au bout de quelques jours il avait repris des forces. (voir courrier du 26 août 1846).
La Commission administrative de l’hospice civil de La Rochelle demanda au Préfet de diligenter une enquête et d’ordonner des visites fréquentes à la Vallade : « afin de s’assurer que les élèves sont soumis à un régime convenable pour leur tempérament et s’ils reçoivent une nourriture saine et abondante ».
Réalité ou jalousie des hospices envers un établissement privé qui recevait des subventions publiques ? En 1846, ce débat enflammait les esprits, à l’échelle nationale, autour des établissements d’enseignement. Il n’est guère surprenant de le retrouver posé à propos de la maison de la Vallade.
De Luc, fut sommé de s’expliquer et demanda à être visité, se plaignant de préventions à l’encontre de son établissement. (voir lettre du 30/08/1846)
Un rapport d’inspection favorable
Il s’écoula un long mois avant la visite de Payen, Inspecteur des enfants trouvés et abandonnés. Son rapport allait dissiper les craintes de l’administration. L’enfant Tabourin était un cas unique. Tous les autres mangeaient en suffisance, deux médecins venaient de visiter l’asile de la Vallade et ils déclaraient : « le régime auquel sont soumis les enfants, est convenable et satisfaisant en tous points ». Et l’inspecteur proposa une explication psychologique. L’état de langueur ne venait-il pas du fait que l’enfant avait été séparé de sa nourrice ? : Parlant de l’enfant Tabourin, il écrivait « Le séjour de Valade lui déplaisait ; il n’y prenait que peu de nourriture ou celle qu’il prenait ne lui profitait point, parce qu’une peine morale le minait. Il change de lieu, * la peine morale cesse, et les fonctions digestives se rétablissent » (*pour se retrouver à l’hospice civil).
Des propos qui semblent plus étayés sur des impressions que sur des faits précis.
L’inspecteur notera tout de même « Les enfants trouvés ne sont pas là traités comme le sont des enfants des familles aisées ; mais ils le sont beaucoup mieux que chez la plupart des nourriciers des campagnes ». Pourtant, il ajoute que les enfants résidant à la Vallade qui ne venaient pas de chez les nourriciers convenablement vêtus, étaient dans un état digne de pitié ! (voir le rapport du 08/10/1846).
L’affaire allait en rester là.
Les conclusions de l’inspecteur Payen furent les suivantes : « L’attestation du Dr Briand, de notables dignes de foi n’ont pu effacer des préventions fâcheuses et non fondées. Le dévouement et le zèle admirable du Comte de Luc sont des garanties suffisantes pour que l’on puisse être convaincu que les enfants de Vallade n’éprouvent que le mal qu’il est impossible aux hommes de prévenir ou d’empêcher. »
En résumé, il s’agit d’un cas unique à partir duquel on ne doit pas extrapoler.
L’apogée de la Vallade
L’année 1846 marque l’apogée de l’établissement.
Le Préfet de la Charente-Inférieure souligne que les colonies agricoles relèvent uniquement de l’initiative privée. L’administration, a globalement une image positive du fonctionnement de cet établissement qui apporte une solution honorable – toujours considérée comme meilleure que celle des « nourriciers de la campagne » - , pour un coût raisonnable, au difficile problème des enfants trouvés dans le département.
A la question posée par le Ministère de l’intérieur sur l’opportunité d’une subvention à l’établissement de la Vallade (voir le courrier du 28/11/1846), le Préfet de la Charente-Inférieure répondit très favorablement, en se basant sur les observations de l’Inspecteur Payen (voir le courrier du 03/12/1846).
Officiellement, en 1846, tout va bien à la Vallade. L’année suivante va se présenter tout autrement.